1.2. CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE ET METHODOLOGIE DE
RECHERCHE
1.2.1. CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
1.2.1.1. Problématique
Depuis l'avènement du renouveau démocratique (en
février 1990), le Bénin s'est engagé dans un régime
politique qui a touché les domaines de la vie sociale et
économique. Depuis lors, des notions telles que le libéralisme
économique, la décentralisation, la déconcentration, le
développement économique local, le développement humain
durable, font partie des discours et débats entre différents
acteurs sociaux, économiques et politiques.
En effet, le libéralisme économique
amorcé par le Bénin n'a pas modifié, jusqu'à
présent, les fondamentaux de son économie qui reste tributaire,
dans une large proportion, du secteur agricole. Ce secteur emploie 75% des
actifs, réalise 80% des recettes d'exportation et contribue pour 38% au
Produit Intérieur Brut (PIB) juste derrière le secteur tertiaire
pour 49% du PIB mais loin devant le secteur secondaire pour 13% du PIB, (INSAE,
2007). Ainsi, les différentes stratégies de développement
définies ces dernières années placent le secteur agricole
au coeur de la croissance économique et du développement
socio-économique, et partant de la réduction de la
pauvreté.
Or, comme l'économie de la majorité des pays en
développement, l'économie béninoise repose essentiellement
sur l'exploitation et la valorisation économique de ses ressources
naturelles, principalement les sols, les forêts, l'eau, la faune et la
flore. Cette situation est renforcée par des facteurs tels que : la
pression démographique, les mauvaises pratiques de gestion et
d'exploitation des ressources naturelles, l'absence ou l'inefficacité
des outils de planification et de gestion et l'existence de conflits quant
à la possession et l'utilisation de ces ressources qui constituent des
menaces sérieuses pour le milieu naturel dans son ensemble et, en
conséquence, pour les populations qui en dépendent.
Dans le contexte de la décentralisation, c'est au niveau
local c'est-à-dire dans les communes, les villages que se vivent les
lourds défis posés par le développement du levier
économique qu'est le secteur agricole, par la gouvernance à
l'écoute des citoyens et par l'implantation de services et
infrastructures à la disposition de tous. Le
développement économique au niveau de chacune de ces
communautés de base offre une voie privilégiée pour une
variété de stratégies et d'initiatives porteuses et
durables.
Mais il reste conditionné par l'existence de
potentialités et de capacités des différents acteurs
locaux à cerner les opportunités disponibles et à
définir des stratégies efficaces de mise en oeuvre. Ainsi, les
processus de développement économique au niveau local peuvent
difficilement être laissés à des mécanismes
spontanés de croissance. Ils doivent être soutenus par certains
éléments de base comme : l'orientation vers les productions qui
valorisent les potentialités locales ; la création des conditions
d'accès au financement ; l'amélioration des qualifications du
marché du travail et la génération d'un système
d'infrastructure de soutien.
Si l'agriculture est un utilisateur important de ressources en
sol et en eau, il lui est indispensable de préserver la quantité
et la qualité de ces ressources afin de rester viable. Cette utilisation
est d'autant plus accrue dans le contexte d'intensification agricole qui
implique l'utilisation, à grande échelle, d'intrants agricoles et
de superficies exploitables.
En effet, il convient de souligner qu'il subsiste une relation
fondamentalement paradoxale entre le développement agricole et la
préservation de l'environnement car il est difficile de concilier ces
deux contraintes majeures renforcées par la pression
démographique qui engendre davantage de bouches à nourrir dont
les besoins ne se limitent pas seulement à l'alimentation. D'où
la nécessité d'une croissance économique fondée, en
milieu rural, sur le secteur primaire tributaire d'un patrimoine foncier
disponible et sécurisé.
Selon BEHANZIN (2007), << au plan foncier, le
Bénin dispose des ressources en terres importantes pour son agriculture.
Cet avantage en dotation naturelle à l'échelle du pays cache
cependant beaucoup de disparités qui sont relevés entre les
départements et à l'intérieur de ceuxci. Dans les
départements du Nord il existe encore d'énormes
potentialités en terre à l'exception de certaines communes de
l'Atacora et de la Donga où le seuil critique de charge
agrodémographique des terres est dépassé ».
Cette situation est renforcée, dans la commune de
Tanguiéta, par l'existence de l'aire protégée
réduisant, du coup, le facteur de production primordial qu'est la terre
pour, non seulement, les activités agricoles, mais aussi, de
pâturage pour les éleveurs. Cet état de chose engendre des
conflits réguliers entre agriculteurs et éleveurs dont la
cohabitation s'avère complexe du fait des pratiques peu conciliantes.
Or, << accompli dans le seul but du profit, l'élevage est
destructeur
pour l'homme et son environnement ; mais accompli avec passion
et sensibilité, il fournit des aliments de haute valeur nutritive et
contribue à maintenir l'équilibre naturel » (BRUSCHWEILER et
al., 2007)
La demande alimentaire croissante en vue de répondre
aux questions de la sécurité alimentaire et aux besoins
d'exportation favorisés par les changements technologiques et
économiques ont pour conséquence l'intensification de
l'activité agricole occasionnant l'exploitation de terres
écologiquement fragiles, d'où les effets dommageables sur
l'environnement.
L'insuffisance ou la non disponibilité du facteur
<< terre » constitue, d'une part, une source
d'insécurité alimentaire du fait du niveau faible de la
productivité agricole et, d'autre part, réduit le niveau de
revenus des ménages agricoles, en l'absence des revenus extra-agricoles
susceptibles d'induire le développement économique du milieu.
Ainsi, il se pose une question du bien-être des
populations et donc du développement économique local. Selon
BRUSCHWEILER et al. (2007), << la faim est un phénomène
essentiellement rural qui touche les petits exploitants ou les paysans sans
terre en situation politique ou géographique précaire, dont
l`accès à des ressources productives est limité ou qui ne
possèdent pas les connaissances et les moyens nécessaires pour
utiliser les ressources disponibles ».
La volonté de l'Etat béninois de
développer son économie est clairement affichée à
travers les grands objectifs assignés au secteur agricole dans la Lettre
de la Déclaration de Politique de Développement Rural (1991),
réaffirmés dans la Table Ronde du Secteur Rural de 1995 et repris
dans la Déclaration de Politique de Développement Rural qui
constituent la contribution aux objectifs nationaux.
Mais à quel prix ? On note, de plus en plus, une forte
agression des producteurs agricoles sur leur environnement immédiat
à la quête de grandes superficies cultivables renforcée par
le souci d'accroître leur productivité à travers l'usage
des engrais et des pesticides qui ne sont pas sans impact sur cet
environnement. Ce comportement s'observe même dans les zones
qualifiées d'aires protégées par l'Etat dans le contexte
de responsabilisation des acteurs à la base.
C'est ce qui justifie le choix de notre thème
intitulé : Contribution de la gestion des réserves de
Biosphère au développement économique local : Cas de la
Réserve de Biosphère de la Pendjari.
Il s'agira d'identifier les véritables interrelations
qui existent entre le développement des activités
économiques majoritairement agricoles, moteur du développement
économique local et la sauvegarde des ressources naturelles du Parc.
Au vu de tout ce qui précède, il convient de
souligner que des difficultés se posent quant à la gestion des
ressources naturelles et le développement du secteur agricole qui
constitue la clé de voûte de l'économie aussi bien locale
que nationale. Dès lors il y a lieu de s'interroger.
1. Est-il possible de développer les activités
agricoles dans la zone tout en préservant de façon optimale les
ressources naturelles de la RBP ?
2. Quels sont les avantages et les inconvénients
engendrés par l'existence et la gestion de la RBP ?
3. Comment les différents acteurs conçoivent-ils
la gestion de la RBP et quels sont leurs degrés d'implication et leurs
rôles ?
4. Quelles sont les solutions alternatives mises en oeuvre et
envisageables, au profit des populations riveraines, pour pallier au manque
à gagner qu'occasionnerait la restriction induite par l'existence de la
RBP ?
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