1.2.1.2. INTERÊT DE L'ETUDE
La perception apparemment « gratuite » des
ressources naturelles amène les populations à adopter des
comportements assimilables à leur gaspillage sans penser aux
conséquences néfastes susceptibles d'en découler. Ce qui
nécessite un changement de comportement devant contribuer au
développement humain durable.
Pour y parvenir, les normes aussi bien nationales
qu'internationales imposent, dans le cadre de l'élaboration des projets,
la réalisation d'étude d'impact environnemental en vue de la
préservation des ressources naturelles bénéfiques pour les
générations aussi bien présentes que futures.
Dans les pays sous-développés, en vue d'assurer
la viabilité du facteur de production « terre », il est
nécessaire d'adopter des comportements qui engendrent les effets
bénéfiques sur l'environnement et réduisent les effets
néfastes afin de garantir son utilisation durable.
L'atteinte de cet objectif passe par une prise de conscience
des différents acteurs à travers des réflexions
susceptibles d'aboutir à la mise en oeuvre de mécanismes et
politiques permettant de
rentabiliser la gestion des ressources naturelles surtout celles
des aires protégées au profit des populations riveraines capables
de s'investir dans d'autres secteurs économiques.
C'est ce à quoi nous tenterons de répondre à
travers la présente étude.
1.2.1.3. REVUE DE LITTERATURE
Cette revue de littérature porte sur les notions
essentielles qu'aborde la présente étude à travers une
synthèse des résultats des différentes réflexions
menées dans ce domaine. Il s'agit de :
? la notion de la gestion des aires protégées comme
outil de protection et de conservation de
l'environnement mais aussi de développement
économique ;
? la décentralisation état des lieux et
perspectives au Bénin ;
? la notion de développement local.
1.2.1.3.1. La gestion des aires protégées :
un outil de protection et de conservation de l'environnement mais aussi de
développement économique
Beaucoup d'études ont montré le danger que court
l'humanité toute entière si rien n'est fait quant à la
protection de l'environnement d'où la nécessité de mettre
en place des outils appropriés pour garantir un cadre de vie
agréable aussi bien pour les générations présentes
que futures.
Pour y parvenir, l'un des moyens est la conservation qui
constitue un outil important en ce sens que l'importance de
l'intérêt à elle accordé se manifeste par le nombre
de plus en plus grandissant des Organisations Non Gouvernementales (ONG)
locales et d'autres structures dont l'influence sur les politiques nationales
de conservation s'est souvent avérée positive.
Les aires protégées d'Afrique avec leurs faunes
et flores sauvages sont des produits à haute valeur commerciale. Ces
ressources renouvelables sont une source de revenus à travers les
activités touristiques et commerciales puis la production des biens de
consommation et d'autres produits utiles aux communautés rurales.
Cependant, précise MENGUE-MEDOU << la protection
de plusieurs aires protégées est compromise à cause
principalement de l'augmentation de la population ». La croissance
démographique impacte directement l'environnement, en raison des besoins
vitaux à satisfaire. Aussi ajoute-t-elle, << plusieurs autres
facteurs menacent la gestion des aires protégées, notamment le
manque de ressources financières pour assurer leur conservation à
long terme ».
Selon certaines études, les mécanismes de
création des aires protégées ne sont pas exempts de
problèmes en raison des critères de choix des zones. De nombreux
aires protégées ont été désignées
comme telles sur la base de critères non liés à leur
importance pour la diversité biologique, mais plutôt en vertu de
leur intérêt touristique, récréatif, historique ou
culturel ou simplement parce que les terres qui les composent ne
présentent guère d'intérêt pour d'autres
utilisations.
Or, la taille, la forme et l'emplacement de nombreuses aires
protégées n'offrent pas les conditions les plus adaptées
à la conservation d'où leur vulnérabilité à
des influences négatives telles que la chasse illicite et les
empiétements de l'agriculture, etc.
La création des aires protégées a souvent
conduit à l'expropriation de populations vivant sur ces territoires.
Cette situation engendre beaucoup d'incompréhension, de révolte
et de comportements prédateurs liés à un très fort
sentiment de confiscation de la ressource. SOURNIA (1990) indique que «
Les espaces protégées ont ainsi fait l'objet de multiples
convoitises de la part des braconniers, des défricheurs, voire des
mouvements rebelles et des forces armées ».
Les aires protégées demeurent aux yeux des
villageois les seules bonnes terres pour le développement de leurs
activités agricoles et les considèrent comme la seule solution
à leurs besoins fonciers. On note donc une certaine privation des
peuples qui ne cherchent qu'à survivre par la satisfaction de leurs
besoins quotidiens.
En général, les classements des aires
protégées ne tiennent pas, souvent, compte du partage rationnel
entre espace à protéger et l'espace cultivable nécessaire
pour une population en expansion, ce qui induit des manques à gagner.
Pourtant, les politiques de conservation sont censées être non
seulement des actions de protection physique du territoire mais elles devraient
aussi tendre à améliorer les conditions naturelles favorables
à la survie des populations locales. Malheureusement, la mise en place
des aires protégées n'est pas précédée et
suivie de mesures d'accompagnement telles que l'amélioration des terres
cultivables, l'évaluation des besoins des populations,
l'évaluation de leurs modes alimentaires....., qui devraient permettre
aux aires protégées de jouer pleinement leur rôle, qui est,
à la fois, écologique, économique et social. C'est ce qui
amène Badiane et al. (1996), cité par MENGUE-MEDOU, à
affirmer que « les arrêtés de classement mettent l'accent sur
la protection des terres comme seule et unique finalité ». Ainsi,
au lieu d'être un moteur du développement économique des
régions qui sont rurales à plus de
90%, les aires protégées sont devenues, <<
des garde-manger entourés par la faim » (Sournia, 1990).
En dehors des problèmes d'installation engendrés
aux populations, par la création des aires protégées dans
une zone, on note que lorsqu'elles ne sont pas exclues des zones
classées, ces populations sont confrontées à de multiples
autres problèmes liés à l'augmentation des troupeaux
d'animaux dans ces réserves, troupeaux qui ne sont pas
contrôlés par les administrations locales. Ainsi, les villageois
se plaignent régulièrement de la destruction de leurs cultures
agricoles par les éléphants, les phacochères et les
singes, qu'ils n'ont même pas le droit de chasser. Parfois, cela appelle
des réactions de la part des villageois qui répondent à
ces attaques par l'organisation de façon clandestine des battues dans le
but de s'approvisionner en protéines animale et pour réduire
l'impact des animaux sur leurs plantations. Pour MENGUE-MEDOU << Des
populations victimes des expropriations se manifestent par des coupes
anarchiques de bois, des défrichements illicites, une
réinstallation illégale des villages jadis déplacés
et la destruction massive de la faune sauvage ».
Ce genre de destruction délibérée par les
villageois des ressources naturelles au sein des aires protégées
illustre qu'il existe dans les pays africains un conflit entre les programmes
de conservation initiés par les Etats et les besoins de la population
locale. Ce qui met en danger les aires protégées.
Un autre aspect de l'hostilité des populations à
l'égard des parcs nationaux et des aires protégées est la
revendication visant la réduction ou même l'élimination des
aires protégées, afin de libérer des terres pour leurs
besoins. Selon MENGUE-MEDOU, ces revendications suivent deux grandes
orientations à savoir :
? le déclassement pur et simple des aires
protégées, attitude qui traduit un rejet catégorique de
l'existence du domaine réservé ;
? et une tendance plus modérée qui reste
favorable à l'existence des zones protégées, tout en
laissant les populations continuer à exercer leur droit d'usage des
terres.
Puis elle conclut que << la conservation des aires
protégées est compromise non seulement dans les zones à
forte densité de la population mais aussi lorsque la surveillance n'est
pas accrue ».
Le financement des aires protégées est
assuré par des apports gouvernementaux, de bailleurs de fonds et des
recettes propres découlant des activités touristiques. Un grand
nombre de gouvernements estiment que les zones protégées doivent
couvrir leurs propres charges. Certaines
d'entre elles sont hautement rentables et rapportent des
recettes élevées grâce au tourisme. D'une façon plus
générale, les zones protégées jouent un rôle
économique important.
Ainsi, en Afrique, il existe une grande disparité entre
les budgets alloués, par chaque pays, pour la gestion des aires
protégées, ce qui reflète l'importance que les
gouvernements accordent à ce secteur. Le manque chronique de ressources
financières pour couvrir le coût des mesures requises pour la
conservation représente un des principaux facteurs qui limitent
l'efficacité de la conservation de la biodiversité dans la
plupart de ces pays. La nécessité d'améliorer le
financement national des aires protégées et d'obtenir des sources
de financements extérieurs fait l'objet de débat et de
réflexion permanents et mêmes d'initiatives novatrices de la part
des responsables chargés de les gérer.
Outre le problème de sous financement, les organismes
gouvernementaux sont fortement handicapés par leur fréquente
incapacité à conserver les fonds collectés dans les aires
protégées. Leur manque d'autonomie financière limite
souvent les initiatives visant à établir des liens avec le
secteur privé. Une modification des structures institutionnelles
pourrait être un autre moyen d'apporter des changements importants aux
modes de financement et de gestion des aires protégées car il est
nécessaire de pouvoir compter sur un soutien systématique et
constant pour assurer la conservation de façon efficace et durable, dans
un cadre institutionnel approprié.
Au Bénin, le cadre institutionnel des aires
protégées indique que leur gestion ne se fait pas de
manière autonome. Elle est souvent associée avec une structure
dominante comme les Ministères de l'Agriculture, de l'Elevage et de la
Pêche ou de l'Environnement et de la Protection de la Nature. Seuls
quelques pays ont des structures indépendantes qui gèrent les
aires protégées. Ainsi, les structures qui gèrent les
aires protégées sont associées avec les services
forestiers dont l'administration varie à l'intérieur du pays d'un
gouvernement à l'autre. Il peut arriver que la gestion des aires
protégées soit sous la supervision de plusieurs
départements ministériels, ce qui complique davantage leur
administration et crée des problèmes supplémentaires.
Dans certains pays surtout anglophones, il existe des
incitations pour le secteur privé à posséder leurs propres
aires protégées, c'est le cas en Afrique du Sud. Pour ce qui
concerne les capacités humaines à gérer les aires
protégées, les écoles formant des spécialistes dans
le domaine de la gestion des réserves de faune sont insuffisantes en
Afrique malgré les énormes atouts dont regorgent ses aires
protégées.
Les aires protégées, lorsqu'elles fonctionnent
correctement, remplissent trois rôles principaux à savoir :
n la conservation in situ de la diversité des
écosystèmes et des paysages naturels et semi naturels ;
n la création de zones de démonstration
écologiquement durables des terres et des ressources ;
n et la fourniture d'un appui logistique à la recherche,
au suivi, à l'enseignement et à la formation en matière de
conservation et de durabilité.
Ces fonctions sont liées grâce à un
système de zonage consistant à définir :
n une ou plusieurs zones centrales, où l'ingérence
humaine est minimale ;
n une zone concentrique qui sert de tampon et accueille
davantage d'activités humaines, comme la recherche, l'éducation
à l'environnement et la formation, ainsi que des activités de
tourisme et de loisirs ;
n et une zone de transition située vers
l'extérieur sert de lien avec le reste de la région dans laquelle
se trouve la réserve et permet de promouvoir notamment des
activités de développement, par exemple la recherche
expérimentale, les établissements humains et l'agriculture.
Pour rendre plus efficace la gestion des aires
protégées, il est essentiel que la qualité de cette
gestion soit encore plus importante que leur étendue,
c'est-à-dire que quelque soit la taille la gestion doit être
rigoureuse en vu de son efficacité.
Diverses publications font état des menaces qui
pèsent sur les aires protégées du fait des
problèmes concernant leur gestion. Il est établi une liste des
menaces et des facteurs qui compromettent fortement l'efficacité de la
gestion des aires protégées à savoir : le manque de fonds
; la pénurie du personnel qualifié ; la faiblesse
institutionnelle ; l'absence d'appui politique ; la faiblesse du cadre
juridique et de l'application de la réglementation ; l'insuffisance de
la communication avec les résidents locaux et de leur participation
à la planification de la gestion ; le manque de coordination entre les
organisations participant à cette gestion ; l'absence de plans
d'utilisation des sols de portée générale et la
délimitation inadéquate des zones à protéger.
Contrairement au mode de gestion caractérisée,
autrefois, par le monopole du gouvernement central en matière de
contrôle à travers le protectionnisme, l'exclusion des populations
locales, et fréquemment, l'interdiction des utilisations
traditionnelles de la faune et de la flore, il est mis en
oeuvre de nouvelles approches fondées sur l'implication
des populations, donc la gestion participative.
La reconnaissance de l'importance de faire en sorte que les
populations rurales vivant dans les aires protégées ou à
proximité de celles-ci se sentent directement concernées par la
biodiversité s'est manifestée à travers les projets
intégrés de développement et de conservation dont le
CENAGREF au Bénin.
L'Etat reconnaît le droit aux populations locales de
s'organiser pour assurer progressivement des responsabilités dans la
gestion des ressources naturelles. Dans les localités où il
existe déjà des structures organisées, la nouvelle
politique recommande leur renforcement. La création de structures
organisées dans les localités où il n'en existe plus
permet de disposer d'un cadre de concertation pour élaborer les plans
d'aménagement et d'exploitation rationnelle des ressources
naturelles.
1.2.1.3.2. La décentralisation : état des
lieux et perspectives au Bénin
Comme le définit le dictionnaire Larousse (2008), la
décentralisation est « un système d'organisation de
structures administratives de l'Etat qui accorde des pouvoirs de
décision et de gestion à des organisations autonomes
régionaux ou locaux (collectivités locales, établissements
publics) ».
La loi N°97-028 du 15 janvier 1999 portant organisation
de l'administration territoriale de la République du Bénin
stipule en son article premier que : « l'administration territoriale de la
République est assurée par les autorités et services
déconcentrés de l'Etat et par les collectivités
territoriales décentralisées dans le cadre défini par la
loi ; les circonscriptions administratives sont les départements ; il
est créé une collectivité décentralisée
qu'est la commune. D'autres collectivités décentralisées
peuvent être créées par la loi. ». La
décentralisation engendre une nouvelle forme de gestion publique et la
transformation des citoyens en acteurs de leur propre développement.
Les acteurs clés dans la décentralisation sont :
l'Etat, les collectivités territoriales, la société
civile, les partenaires techniques et financiers. Selon ACACHA (2009) « il
faudrait connaître certaines propriétés telles que : le
statut, la territorialité, la structure organisationnelle, le
financement, la mission, les fonctions exercées, les objectifs
poursuivis, le processus décisionnel afin de localiser chaque acteur au
bon endroit ».
Les enjeux liés aux actions des acteurs sont :
- la satisfaction des besoins fondamentaux des populations ;
- l'amélioration et la préparation d'un
environnement propice à l'épanouissement des populations
présentes et de leur descendance ;
- la participation des populations à la gestion des
affaires locales et à l'élaboration et la mise
en oeuvre du programme de développement communal ;
- la participation des populations à
l'aménagement et à la gestion durable de l'espace et des
ressources naturelles communales de façon équitable
et la mobilisation des ressources.
Au Bénin, les capacités humaines des acteurs locaux
sont caractérisées par leur faiblesse. Plusieurs contraintes
objectives limitent l'impact des actions entreprises en leur faveur à
savoir :
- Capacités d'acquisition limitée ;
- Hétérogénéité des niveaux de
formation ;
- Dispersion géographique ;
- Manque de suivi et même de politique de renforcement des
capacités.
Le personnel des collectivités territoriales est peu
nombreux et les conditions actuelles qui le régissent ne contribuent pas
à sa motivation. Ce qui constitue un frein au décollage de bon
nombre de communes.
L'exercice de la tutelle met en exergue les relations
nécessaires entre les collectivités territoriales et le pouvoir
central. L'Etat continue d'assurer sur l'ensemble du territoire ses fonctions
de souveraineté.
Le transfert des compétences et des ressources consacre
le principe de la gestion par les collectivités
décentralisées des affaires qui leur sont dévolues par la
loi. Mais il n'existe toujours pas un cadre exhaustif permettant de
préciser l'ensemble des compétences et moyens
transférés, les conditions de ces transferts ou encore les
nouvelles collaborations qui doivent s'établir entre les
collectivités et les services de l'Etat.
Toutefois, ce transfert de compétences peine à
prendre corps en raison du manque de volonté politique qui se
matérialise à travers l'état des lieux sur la
déconcentration au Bénin. Notons que, dans le contexte de la
réforme de l'administration territoriale en cours au Bénin, la
déconcentration apparaît comme le corollaire incontournable de la
décentralisation en raison de l'expertise dont ont besoin les communes
pour leur développement.
L'efficacité des élus locaux dépendra du
degré de déconcentration de l'administration étatique. Il
est souhaitable que les moyens soient mis à disposition pour
l'accompagnement des communes, gage d'un véritable développement
à la base. La déconcentration passe par la réalisation des
mutations nécessaires par l'administration centrale afin d'être
plus proche des populations à la base.
Le cadre retenu pour le découpage territorial
crée des situations de conflit qui bloquent l'initiative des communes,
avec un impact direct notamment sur le degré d'adhésion aux
décisions communales ainsi que la mobilisation des recettes fiscales.
La lenteur ou l'absence de transfert des ressources et des
biens de l'Etat aux collectivités territoriales constitue un obstacle
majeur à la mise en oeuvre de la décentralisation.
1.2.1.3.3. Le développement local
Couramment, on confond croissance et développement. Or,
ce ne sont pas des synonymes. Le développement implique accroissement de
bien-être et changement dans la structure économique et sociale.
Il engage une société sous tous ses aspects. La croissance est
une notion plus simple. Elle se réfère à un accroissement
des activités de production de biens et services mais n'implique pas
nécessairement des changements dans la structure, ni n'engage une
société sous tous ses aspects.
Le concept de développement contiendrait donc
l'idée de croissance. Ainsi, la notion de développement englobe
une multitude de composantes économiques, sociales et politiques et doit
tenir compte des valeurs et attitudes d'une population.
Le développement local est un processus de prise en
charge du développement par la société, donc par les
hommes et les femmes qui y vivent d'où le rôle d'acteur de
développement. Pour DEJARDIN et al. (1998), << le
développement local n'est pas un processus de fermeture sur soi, mais
plutôt une manière de tirer avantage de ses possibilités
pour façonner sa réalité ». Il est par essence
endogène.
Selon DEJARDIN et al. (1998), << le développement
économique n'est pas un phénomène spatialement
homogène ». Des différenciations apparaissent, qu'elles
soient internationales ou qu'elles résultent de comparaisons entre
entités territoriales plus restreintes.
C'est ce qui amène COURLET et al. (1998) à
affirmer que <<un modèle de
développement endogène est basé sur l'utilisation des
ressources locales, la capacité de contrôle au niveau local
du processus d'accumulation, le contrôle de
l'innovation, la capacité de réaction aux pressions
extérieures et la capacité d'introduire des formes
spécifiques de régulation sociale au niveau local favorisant les
éléments précédents».
Ainsi, le développement local se rapporte à des
actions territoriales conscientes qui influencent l'émergence
d'activités économiques. L'expansion économique du
territoire s'en ressent ; contrairement au développement exogène
où, le territoire concerné est considéré comme
passif. Un territoire doit chercher à transformer les
caractéristiques qui sont les siennes et à créer un
certain nombre d'avantages qui lui sont spécifiques. Cette
démarche volontaire est susceptible de renforcer l'attractivité
du territoire. Les acteurs politiques et socio-économiques du territoire
s'engagent alors dans un processus de développement qui prend en comptes
leurs spécificités.
Le développement local se caractérise à
travers des éléments ci-après :
n il n'y a pas de modèle unique de développement
local;
n le développement local comporte une dimension
territoriale;
n le développement local s'appuie sur une force
endogène;
n le développement local fait appel à une
volonté de concertation et la mise en place de mécanismes de
partenariat et de réseaux ;
n il intègre des dimensions sociales aussi bien
qu'économiques ;
n il implique aussi une stratégie participative et une
responsabilisation des citoyens envers la collectivité.
Pour mieux comprendre le concept de développement local,
il faut introduire quelques notions nouvelles telles que : communauté
locale, autorités locales et sa dimension humaine.
La communauté locale est un regroupement
organisé sur un territoire naturellement et historiquement
constitué. Elle est composée de valeurs, de personnes,
d'institutions, d'entreprises, d'activités et de ressources. Ce
territoire forme une zone à l'intérieur de laquelle la
majorité des travailleurs peuvent changer d'emplois sans avoir à
déménager ; ce que d'aucuns appellent « une zone d'emplois
», COURLET et al. (1998). On peut affiner la définition en y
ajoutant un critère de « cohérence économique et
sociale », COURLET et al. (1998). La communauté locale est capable
de générer ses propres objectifs ou projets et de se
définir par rapport au cadre régional, au cadre national et aux
autres communautés.
Le niveau local est caractérisé par la
présence d'autorités locales. Ce sont des pouvoirs
politiques responsables devant la population ; des pouvoirs qui bien
qu'encadrés par des niveaux politiques
supérieurs peuvent lever des taxes et initier ainsi des
actions originales au niveau des communautés locales. C'est une
caractéristique intéressante qui peut se transformer en
véritable levier de développement. Un autre aspect important du
niveau local est la dimension humaine de son organisation, de ses initiatives
et de ses actions. Pour DEJARDIN et al. « Le niveau local est
l'environnement immédiat dans lequel la plupart des entreprises et en
particulier les petites se créent et se développent, trouvent des
services et des ressources, dont dépend leur dynamisme et dans lequel
elles se raccordent à des réseaux d'échange d'information
et de relations techniques ou commerciales ».
Le développement économique local est celui qui
émerge des initiatives et du dynamisme des communautés locales.
Il valorise aussi des pratiques très imaginatives, les ressources
humaines, financières et matérielles locales et, il suscite des
comportements novateurs axés sur la prise en charge, la
créativité et l'esprit d'entreprise.
|