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Le Front Farabundo Marti de Libération Nationale au Salvador: 1980- 2009

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par Kacou Elom Jean-Michel ADOBOE
Université de Lomé Togo - Maà®trise en histoire contemporaine 2010
  

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1.2. Les crises internes au sein du FMLN et les approches de solution

Le FMLN n'a jamais été homogène. Ce fut un regroupement de groupes ou organisations politiques plus ou moins ayant différentes conceptions sur le plan idéologique ; mais qui en vertu de la lutte contre les inégalités sociales et pour la libération nationale, se sont mis ensemble pour unir leurs forces et atteindre des objectifs communs. Mais lors des négociations qui menèrent aux Accords de paix de 1992 mettant fin à la guerre civile, vont surgir des divisions au sein de l'ex-guérilla. Lors de ces négociations, les divisions internes se font jour ouvertement au sein de l'ancienne guérilla, certains cherchant à faire prévaloir les textes des Accords de paix dans leur version originelle, d'autres privilégiant une renégociation concertée de certaines modalités pour éviter d'éventuelles réactions de l'armée ou des secteurs les plus durs de la droite (Garibay 2003 : 454). Mais à cette occasion, les divisions conduisent la direction de l'ERP à rechercher des soutiens à sa position auprès de ses adversaires d'hier contre leurs propres anciens camarades d'armes, pour des raisons qui tiennent compte à la fois d'analyses politiques sur la situation et d'intérêts institutionnels bien compris (Garibay 2003 : 454).

La fracture opposait en effet d'une part l'ERP et la RN, et de l'autre les trois autres organisations FPL, PCS, et PRTC. Joaquin Villalobos justifie le fait qu'il soit sorti du FMLN peu après 1994 du fait des divergences d'idées sur les Accords, du fait qu'il soit mal compris et accusé de traître.

En effet, le commandante Villalobos suite à quelques échecs dans les négociations entre le Commandement général du FMLN et le Président du Salvador, s'engagea dans des réunions informelles dans la résidence d'Iqbal Riza93(*) pour signer un accord avec le Président Cristiani au nom de l'ERP94(*) face à la crise engendrée par l'échec des négociations entre M. Cristiani et le Commandement général du FMLN. De ce fait, cet accord ne fut pas bien vu par le Commandement général du FMLN et Joaquin Villalobos fut accusé par celui-ci de traître pour avoir signé seul un accord avec le Président Cristiani. Mais pourquoi le commandante de l'ERP a-t-il signé un accord avec le président Cristiani ?

Le discours de l'ERP, et en particulier Joaquín Villalobos, mêle à cette occasion une volonté de concertation et de modération dans les discussions avec le gouvernement et l'armée, et un intérêt à voir le commandement de son organisation amnistiée rapidement. Il savait en effet que les actions de la guérilla sur lesquelles la Commission de vérité portait ses enquêtes étaient essentiellement les assassinats des maires dans les zones de conflits, plus d'autres d'actions isolées (assassinats de personnalités de la vie politique salvadorienne, d'anciens membres du FMLN déserteurs, des responsables d'ONGs, attentat de la Zona Rosa contre les marines, séquestration de Inès Duarte95(*), exécution des officiers survivants de l'hélicoptère de l'armée nord-américaine). L'exécution des maires était la seule action sur laquelle la Commission pouvait faire porter la responsabilité sur l'ensemble du commandement de l'organisation incriminée, dans ce cas l'ERP. Celle-ci dans un geste de transparence, reconnut sa responsabilité à la Commission de Vérité (Garibay 2003 : 454).

La scission au sein du FMLN va entraîner la faction dissidente à aller se constituer en parti politique. Cette faction dissidente du FMLN ira fonder « une nouvelle organisation politique, le Partido Demócrata, d'orientation sociale-démocrate, qui va se situer dans une ligne politique de gauche réformiste » (Garibay 2003 : 473).

D'une manière générale, la scission produit des effets relativement forts. Elle n'a pas réussi à rallier un nombre important de membres et de dirigeants de l'ex - mouvement de guérilla ; quand même elle a porté un coup dur à la consolidation du nouveau parti. En effet, très rapidement la scission échoue à rallier au-delà des dirigeants des organisations dissidentes. Si la quasi-totalité des anciens combattants et de cadres moyens reste au FMLN, la scission contribue néanmoins à accroître la faiblesse du FMLN.

Confronté à une situation délicate à la fin de 1994 due aux tensions internes et la scission, le FMLN va quand même parvenir à se stabiliser et à se consolider sur la scène politique. La deuxième Convention du parti, en décembre 1994 acte le départ des dirigeants de l'ERP et de la RN et décide d'importantes reformes d'organisation interne (Garibay 2003 : 476). Compte tenu du problème posé par la scission et pour éviter que de pareils se reproduisent, on va opter pour la dissolution des organisations composants le FMLN. L'auto-dissolution de ses différentes composantes (essentiellement les FPL, le PCS et le PRTC96(*), auxquelles viennent s'ajouter les tendances composées par les militants de l'ERP et de la RN qui n'ont pas accompagné leurs dirigeants dans la scission et se sont regroupés dans la Tendencia Democrática) est décidée dans le but de transformer le FMLN d'un « parti de partis » en un parti qui reconnaît certes la possibilité d'expressions des tendances internes mais où l'adhésion ne repose plus sur l'appartenance initiale à l'une ou l'autre de ses composantes, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles adhésions et de nouveaux axes de clivages internes (Garibay 2003 : 476).

Ainsi donc les différentes organisations regroupées au sein du FMLN perdent leur autonomie et se fondent dans un parti unique afin de mieux s'insérer dans le paysage politique. Par ailleurs il faut noter qu'il y eut une autre scission au sein du parti, scission sur laquelle nous reviendrons plus loin.

* 93 Chef de la mission des observateurs de l'Onu (Onusal) (Villalobos 1999 : 144).

* 94 Pour en savoir plus sur l'accord signé entre Joaquin Villalobos et le Président Cristiani et sur cet épisode de la scission intervenue, voir Villalobos J. (1999) : « Ni vainqueurs ni vaincus : la paix au Salvador », in Critique internationale n°5- Automne 1999, pp. 145-146.

* 95 Fille du président Napoléon Duarte enlevée par la guérilla en septembre et octobre 1985. Le 24 octobre 1985, Inès Duarte est libérée en échange de 22 prisonniers politiques et 96 guérilleros blessés (Lemoine 1988 : 138).

* 96 Le PRTC s'autodissout le 30 juillet, le PCS le 5 août, les FPL le 9 décembre 1995 (Garibay 2003 : 476).

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