Chapitre 6 : LA MUTATION ET L'ENRACINEMENT DU
FMLN
A partir de janvier 1992, les Accords de paix mettent fin
à douze ans de guerre civile et exposent un certain nombre mesures pour
l'instauration de la paix et sa garantie. Parmi ces mesures, il est
prévu que le mouvement de guérilla du FMLN démobilise ses
forces combattantes et intègre l'atmosphère politique en tant que
parti politique. De ce fait, en quoi la mutation du FMLN de guérilla en
parti politique a contribué à son enracinement, à sa prise
du pouvoir et à la démocratisation du Salvador ?
C'est à cette question que nous essayerons d'apporter
des éléments de réponses.
1. La mutation du FMLN
La guérilla salvadorienne du FMLN a
négocié avec le gouvernement en place la fin d'un conflit
armé et sa transformation en parti politique, ceci dans le cadre d'une
reforme des institutions politiques permettant une pratique plus
démocratique. La métamorphose ou la mutation devait suivre une
logique donnée qui s'inscrit dans un processus temporaire qui y va de la
signature des Accords de paix à la première participation
à des élections libres et transparentes.
Mais à l'issue des Accords de paix qui stipulaient une
transformation de la guérilla en parti politique une fois sa
démobilisation et sa démilitarisation achevée ; il
faut noter que l'ex-guérilla va rencontrer des difficultés en ce
qui concerne sa composition, difficultés qui aboutiront à des
scissions internes.
1.1. La transformation de guérilla en parti
politique
Après les Accords de paix signés au Mexique le
16 janvier 1992, le FMLN conformément à ces mêmes Accords,
a progressivement enclenché son processus de transformation de son
statut de mouvement de guérilla pendant la guerre civile à un
statut de parti politique. La création du nouveau parti est
conditionnée à l'effectivité de la démobilisation
de ses forces combattantes et à la remise de ses dernières armes.
C'est en Août 1993 que la guérilla remet ses
dernières armes, ce qui permet au FMLN de devenir un parti politique et
de tenir sa première convention nationale en tant que tel le mois
suivant (Garibay 2003 : 489). Juste après la fin de la guerre
civile, le nouveau parti politique en constitution a gardé toujours la
dénomination de l'ex-guérilla (FMLN). Le choix de ce nom a
été débattu et a reposé sur des
considérations historiques. En effet ce sont chacune des cinq
composantes du FMLN qui ont fait la lutte armée, mais c'est aussi au nom
du Frente (FMLN) qu'ils sont allés aux négociations et
que la paix a été signée.
Le choix de ce nom, et plus tard de la dissolution des
composantes du FMLN (ERP, PRTC, FPL, RN, PCS), témoigne de cette
volonté de combiner la mémoire des années de la lutte et
le rappel de l'obtention de la paix par la négociation. Le nouveau parti
politique en constitution devra s'organiser sur de nouvelles bases. C'est ainsi
que la campagne pour les élections de 1994 accélèrent le
mode d'organisation du nouveau parti issu de l'ex-guérilla. La
Comandancia general disparaît, remplacée par le poste de
Coordinador general, dont le premier titulaire n'est nommé
qu'après les élections. Quatorze délégués,
nommés par l'organisation majoritaire dans chaque département du
pays, viennent s'ajouter au Consejo Nacional (Garibay 2003 :
459).
Cependant, le nouveau parti politique en constitution devait
très rapidement faire face à des séries de crises dont
celles qui entraîneront des scissions dues aux désaccords sur le
plan idéologique et politique en son sein. Ces désaccords se
solderont par le départ de quelques membres et des dirigeants de l'ERP
à l'instar du commandante Joaquín Villalobos et des
dirigeants de la RN peu après les élections législatives
de 1994.
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