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Le Front Farabundo Marti de Libération Nationale au Salvador: 1980- 2009

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par Kacou Elom Jean-Michel ADOBOE
Université de Lomé Togo - Maà®trise en histoire contemporaine 2010
  

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2.4. L'Etat face au FMLN (la répression et la persuasion)

Il est souvent très difficile qu'un Etat traite un mouvement de guérilla ou insurrectionnel d'égal à égal. Et donc de cette manière face à une contestation sociale qui débouche sur une lutte voire une lutte armée révolutionnaire, le pouvoir met en place une politique caractérisée par la répression et parfois par la persuasion. Ce qui envenime la situation et pousse le régime à vraiment discuter avec les contestataires pour trouver une solution à la crise. D'où les négociations qui souvent aboutissent à des cessez-le-feu et puis à de véritables accords de paix. C'est le cas dans de nombreux pays notamment au Salvador.

Cependant la répression est la première réaction de l'Etat qui doit faire face à un mouvement de libération nationale (mouvement populaire, mouvement de guérilla etc.). Elle se caractérise surtout dans une atmosphère politique instable, par des arrestations, des poursuites judiciaires, des opérations de police et de maintien de l'ordre, des opérations militaires pouvant aller parfois jusqu'à une véritable et interminable guerre civile débouchant souvent sur un terrorisme d'Etat. Les exactions et les violences causées par l'armée au Salvador furent importantes et furent dénoncées par des organisations de défense des Droits de l'homme. C'est le cas du massacre d'El Mozote en décembre 1981 à la suite des combats entre l'armée et le FMLN dans le Morazán à la frontière avec le Honduras69(*). L'Etat peut agir seul ou être aidé par les forces de police ou de l'armée, être aidé par des conseillers étrangers ou aidé ouvertement par des mouvements paramilitaires. Tel est encore le cas avec les Escadrons de la mort ou la Main Blanche au Salvador ou au Guatemala où la quarantaine d'organisations qui, en Colombie, combattent la guérilla, plaçant le pays dans un état de véritable anarchie (Gandolfi 1989 : 76). Le soutien de l'armée dans la répression fut inconditionnel.

Il faut par ailleurs souligner qu'il est rare que la répression se poursuive jusqu'à l'épuisement du mouvement révolutionnaire et que le succès des entreprises gouvernementales ne dépend pas nécessairement des moyens mis en oeuvre. L'aide massive apportée à l'armée salvadorienne par les Etats-Unis n'a pas détruit pour autant la guérilla, mais l'a peut-être simplement empêché de remporter une victoire militaire qui était à la portée de sa main en 1982 (Gandolfi 1989 : 77). Ainsi les actions du gouvernement furent véritablement soutenues par des puissances étrangères, qui avaient des intérêts dans le pays : C'est le cas par exemple des Etats-Unis au Salvador et dans d'autres pays de la région.

La victoire de mouvements révolutionnaires d'inspiration marxiste inquiétait beaucoup le gouvernement américain. Celui-ci n'hésita pas à accorder des aides financières et à former les officiers de l'armée pour lutter contre la guérilla. Non seulement les Etats-Unis sont accusés de soutenir des systèmes économiques latifundiaires, mais aussi ils sont associés au maintien des oligarchies et des dictatures au pouvoir (Puyo et Taracena 2007 : 6).

Mis à part la répression Alain Gandolfi distingue aussi la persuasion, qui fut aussi une arme déployée par l'Etat pour faire pression sur la guérilla et l'anéantir. La mise en oeuvre d'actions violentes par une organisation à caractère révolutionnaire est généralement source d'émanation d'un profond malaise qui touche la société. La réponse par la répression violente ne peut à elle seule guérir le malaise. C'est pourquoi l'Etat, souvent quand il a les moyens et s'il le peut préfère utiliser d'autres moyens. Parmi ces moyens : la persuasion. Tout en poursuivant la lutte armée contre un mouvement, l'Etat développe une large action psychologique auprès des populations, dénonçant certaines atrocités commises par les mouvements de libération, leur intransigeance qui rend la guerre interminable, dans le but de détacher d'eux les populations (Gandolfi 1982 : 80).

C'est ainsi qu'au Salvador une vaste campagne médiatique voire auprès des populations fut une aubaine pour discréditer l'image des guérilleros, accusés de communistes, de véritables criminels, de destructeurs de l'ordre de l'Etat ; ceci en vue de désolidariser les populations et d'empêcher la guérilla d'avoir un véritable soutien populaire.

Dans cette optique aussi, l'Etat prévoit dans la lutte contre la guérilla, de mettre en place de séries de reformes qui iront dans l'intérêt commun de tous. Ces programmes de reformes sont susceptibles de battre l'adversaire sur son propre terrain, en coupant court à certaines de ses revendications essentielles, en le privant du soutien de la population, ou éventuellement d'un concours extérieur. Mais à vrai dire ces reformes qu'elles soient économiques ou agraires n'ont pas marché comme cela se doit, étant donné le contexte qui prévalait et les oppositions diverses provenant des milieux conservateurs (l'armée et les riches propriétaires terriens).

Quelque soit la nature du mouvement et la nature de la lutte, il est à noter que les protagonistes ne sont pas seuls à être impliqués. Chacun a ou recherche en plus d'un soutien interne, un autre beaucoup plus externe afin de lui permettre d'assurer sa victoire.

* 69 C'est à l'occasion de cette offensive de l'armée, menée en accord avec les troupes honduriennes, qu'à lieu le massacre du Mozote (Morazán), les 10 et 11 décembre 1981, lors duquel le bataillon Atlacatl de l'armée extermine la population de ce village, faisant plus de 200 victimes civiles. Ce massacre est suivi plusieurs autres dans la zone, le nombre de victimes étant supérieur à 500 (Garibay 2003 : 321).

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