C) RESULTATS INTRA UNION EUROPEENNE
Le commerce intra Union Européenne est
responsable pour beaucoup dans les résultats généraux de
la France et de l'Allemagne. L'Allemagne réalise 60% de son
bénéfice en Europe, et la France 87% de son déficit. Les
deux pays ne ciblent toutes fois pas les mêmes partenaires commerciaux :
l'Allemagne est plutôt moins diversifiée et s'adresse aux pays les
plus développés de l'OCDE, la France, elle, a des partenaires
beaucoup plus diversifiés.
Comme on l'a vu précédemment, les deux
pays perdent leur puissance relative dans le commerce mondial. Mais
étant donné les proportions de leur commerce au sein de l'Europe,
il ne faut pas plus conclure d'une entrée réussie dans la
mondialisation par l'Allemagne et manquée par la France mais
plutôt se centrer sur les données du marché Européen
qui traduisent beaucoup plus l'adaptabilité, ou non, de ces deux pays.
Quoi qu'il en soit, l'Allemagne progresse en Europe quand la France perd du
terrain :
Comme le montre le solde des balances courantes de la
France et de l'Allemagne, le déficit frangais en Union Européenne
est chronique depuis 2000 et n'est plus compensé tout ou partie par les
gains générés par le commerce avec les pays hors UE depuis
2008, année durant laquelle cette tranche du commerce a également
tourné au déficit. En revanche, l'Allemagne voit ses
résultats commerciaux intra et extra européens s'améliorer
sur une longue période et atteindre des bénéfices records
sur les cinq dernières années.
D) RESULTATS BILATERAUX
A cette échelle d'analyse, l'écart est
criant entre les deux pays. La France est le pays avec lequel l'Allemagne
réalise le plus de bénéfices et a l'inverse, l'Allemagne
est pour la France le second pays après la Chine avec lequel elle
enregistre les plus importants déficits.
Les exportations allemandes vers la France progressent
régulièrement et a hauteur de l'évolution du PIB frangais.
Au final donc le taux de pénétration des produits allemands en
France stagne, malgré une augmentation en valeur de 34% entre 2000 et
2007. En revanche une fois de plus, les statistiques frangaises sont assez
ternes : les exportations vers l'Allemagne n'ont augmenté que de 2% (en
valeur) entre l'année 2004 et l'année 2007, ce qui est une
progression inférieure a la croissance de la consommation en Allemagne :
cette dernière augmente de 1,6% en volume par an. En clair, les produits
frangais diminuent en pénétration sur le marché Allemand
(volume et valeur) alors que les produits Allemands augmentent en volume sur le
marché frangais.
Les chiffres généraux sont donc
largement en faveur de l'Allemagne. Au détail des regroupements
industriels « Biens d'investissements », « Biens de
consommations durables » « Biens de consommation non durables »
« Biens intermédiaires », les résultats sont plus
hétérogènes mais restent globalement négatifs pour
la France. En effet, sur ces quatre familles de biens, seules deux sont
positives ou nulles : « Biens d'investissements » et les « Biens
de consommation non durables ».
Les échanges France/Allemagne vus de la
France ~
Les échanges par regroupements
industriels
3) Le rôle des PME dans l'économie
nationale
Les PME en France représentent 70% des emplois
et 100%(*) de la création d'emploi. En Allemagne, 1,8 Millions d'emplois
ont été créés en 2010, exclusivement par des PME,
alors que le secteur public et les grosses entreprises ont plutôt
réduit leurs effectifs. Etant donné l'importance de leur poids,
commun, dans l'économie, il est fondamental de consacrer une partie sur
leurs résultats.
(*) La création des emplois en France est
100% imputables aux PME même si leur modèle de croissance en
France, et dans une moindre mesure en Europe, est d'être
intégrées in fine a des grands groupes. Les grands groupes, en
leur nom propre, détruisent des emplois, les PME en
crééent. Le rattachement des PME aux grands groupes est une
condition de plus en plus fondamentale a leur développement, en 1999,
35% des effectifs de PME étaient rattachés a un grand groupe, en
2004 60%.
Avant de commencer l'analyse et la comparaison du
tissus des PME en France et en Allemagne, il faut préciser que la
définition de ces entreprises n'est pas la même dans ces deux
pays.
En France : La catégorie des petites et
moyennes entreprises (PME) est constituée des entreprises qui occupent
moins de 250 personnes, et qui ont un chiffre d'affaires annuel
inférieur a 50 millions d'euros ou un total de bilan n'excédant
pas 43 millions d'euros.
En Allemagne : La catégorie des petites et
moyennes entreprises (PME) est constituée des entreprises de 500
employés au plus et un chiffre d'affaires annuel de 50 millions d'euros
maximum. Elles totalisent 40 % du Produit Intérieur Brut (PIB) et
emploient 70 % de la population.
Il est commun de dire que le tissu des PME en France
est moins important en volume qu'en Allemagne. Cependant, leur poids moins
important dans l'économie nationale ne résulte pas de leur
quantité plus faible, mais de leur développement moins important.
Il existe plus de PME en France qu'en Allemagne (en 2007, 261 000
contre 202 000) mais elles sont plus petites : 14
employes et un Chiffre d'Affaires de 3,8Mo d'€ en France pour 35 employes
et un Chiffre d'Affaires moyen de €9,3Mo en Allemagne.
|
|
France
|
|
|
Allemagne
|
|
1999
|
|
2007
|
|
1999
|
|
2007
|
Nombre d'entreprises
|
252
|
476
|
260
|
928
|
236
|
282
|
202
|
377
|
CA moyen (millions d'Euros)
|
2,9
|
|
3,8
|
|
5,9
|
|
9,3
|
|
Nombre de salaries moyen
|
15
|
|
14
|
|
32
|
|
35
|
|
Nombre de salariés dans les entreprises en
2007
70,0% 60,0% 50,0% 40,0% 30,0% 20,0%
10,0%
0,0%
90,0%
80,0%
84,1%
60,5%
1,3%
France Allemagne
5,1% 7,8% 2,8% 8,4%
0,8%
7,2%
2,1%
1 à 9 10 à 19 20 à 49 50 à 249 Plus
de 250
Concernant leur part dans les exportations frangaises,
malgre leur poids en volume dans l'economie frangaise, elle reste relativement
faible. En nombre d'entreprises, TPE et PME ensemble representent 89% des
entreprises exportatrices, mais seulement 39% en Chiffre d'Affaires (en
excluant les entreprises etrangeres).
22
De plus, le développement international des PME
est freiné par leur taille et leur capacité a innover.
Généralement, elles n'exportent que vers un ou deux pays, voisin
de la France et dans 30% des cas, elles ne conservent pas leur marché
plus d'un an. Les PME frangaises, contrairement aux PME allemandes, ne
s'établissent pas sur un marché mais fonctionnent beaucoup par
contrat « one shot ».
FINANCEMENT, EXPORTATIONS ET CROISSANCE
L'une des variables qui explique le faible
développement général des PME en France est l'accès
au financement. Historiquement et culturellement les créateurs
d'entreprise en France ont recours a l'apport personnel et a l'emprunt
bancaire. Cette attitude vient de plusieurs facteurs. Tout d'abord un blocage
psychologique face au marché des capitaux, et une forte volonté
de secret et d'indépendance quant a l'activité de son entreprise.
La Dynamique de croissance rapide est donc mise plutôt au second plan
lors d'une création d'entreprise. Ensuite, une grande habitude
d'intervention de l'état est également a l'origine de cette
fermeture au marché des capitaux, OSEO par exemple reste l'un des
organismes principaux au financement des PME. Enfin la culture du risque en
général, mais financier en particulier même pour un fort
rendement n'est pas aussi développé qu'aux Etats-Unis par
exemple.
Le problème des PME frangaises n'est donc pas
la survie, qui est supérieure a la moyenne de l'OCDE, mais le
développement. Et l'un des leviers de développement mis en avant
régulièrement est l'export et le gain de nouveaux marchés.
Jean Francois Copé incite les PME frangaises a imiter les PME allemandes
sur trois leviers : l'innovation, l'investissement, et l'export.
4) La place de l'industrie
Aujourd'hui, l'activité industrielle correspond a
26% du PIB en Allemagne, contre 13% en France, deux fois mois en valeur
relative.
L'Allemagne est structurellement plus tournée
vers l'industrie (stabilisation), la France vers les services (déclin
relatif de l'industrie), mais les services restent prédominants pour les
deux pays.
La part des services dans le PIB frangais est
supérieure de presque 10% (9,2%) a celle des services en Allemagne.
Parallèlement, en termes de valeur ajoutée, la part de
l'industrie Allemande dans le PIB est deux fois plus importante qu'en France et
atteint plus de 25,5% contre 13,6% pour la France. Attention cependant, le
déclin de l'industrie frangaise n'est que relatif : la production
industrielle frangaise augmente toujours (+3% entre 2005 et 2008). Il en est de
même en Allemagne (+ 17% sur la même période). Ainsi, dire
que << La France se vide de son sang industriel » est trompeur.
Seulement les emplois industriels diminuent, pas l'activité.
Il est également important de souligner que le
contexte économique mondial oblige a ne pas restreindre l'analyse a
l'échelle du pays. Si l'industrie en France est souvent montrée
du doigt, l'industrie frangaise dans le monde montre un tout autre visage. En
2006, 60% du Chiffre d'Affaires du CAC40 non financier est
réalisé a l'étranger, contre 35% pour le DAX30 (indice
financier allemand) non financier.
Il faut souligner l'importance de l'industrie dans les
exportations frangaises, puisque les grands groupes industriels
représentent un gain de plus de 7Mds d'€uro pour
l'aéronautique et la chimie, 5Mds d'€uro pour l'industrie
alimentaire, 4 Mds d'€uro pour l'industrie pharmaceutique, ou encore 2 Mds
d'€uro pour les produits agricoles ou sylvicoles Parallèlement, la
France est en net déficit pour les industries
énergétiques, du bois, du matériel électronique, du
textile ou encore de la métallurgie, ou de l'automobile.
Pour l'Allemagne, comme dans l'ensemble des pays
industrialisés, le poids de la production industrielle dans la valeur
ajoutée brute a également baissé. En 1970, l'industrie
y pesait 36,5 %, contre 48,3 % pour les services. En 2007, ce ratio
est
passé a 23,9 % de la valeur brute, et 69 % pour
les services. Cependant, une analyse statistique de l'évolution
récente de la valeur ajoutée des différents secteurs de
l'économie allemande entre 1991 et 2006 laisse apparaitre une image
contrastée. Les secteurs qui perdent le plus de poids dans
l'économie sont l'extraction de produits miniers et la construction. Les
dernières mines de charbon ferment leurs portes les unes apres les
autres sous la pression de prix mondiaux beaucoup plus bas que les prix
allemands (les fermetures sont remises en question avec la sortie du
nucléaire), fortement subventionnés. La construction a enfin fini
par corriger les exces des années 1990 -- ce secteur a atteint son point
culminant en 1995 avec un index a 115,89 -- stoppant sa chute en 2006-2007,
avec un index passant de 77,79 a 79,37. En regardant l'évolution entre
2000 et 2006, on constate que l'industrie consolide ses positions face a un
secteur des services qui croft maintenant plus lentement. Si cette tendance se
confirmait, la these de la désindustrialisation, conséquence
inéluctable de la mondialisation, devrait être repensée.
Ainsi les Conseillers du commerce extérieur de la France écrivent
dans un rapport de 2008 : « AprEs une période d'intense exploration
des pays d'Europe centrale et orientale, on assiste a de moindres
délocalisations de l'industrie allemande, malgré des salaires
beaucoup plus élevés. G
L'industrie frangaise est largement handicapée
par la faiblesse de ses taux de marge, qui est l'un des marqueurs de la perte
de compétitivité et qui pèse dans son exportation. Ce
problème de taux de marge vient de plusieurs facteurs qui seront
étudiés en partie 2 comme l'adaptation a la division
internationale du travail, la qualité réelle et pergue des
produits ou les politiques de prix.
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