2.3.4. L'extension spatiale d'Agbonou
L'extension d'Agbonou se comprend mieux à travers
l'aspect physique d'Atakpamé. En effet, les hauteurs constituées
de blocs quartzitiques qui entourent la ville ont longtemps confiné la
population dans la cuvette originellement occupée par les Woudou, les
Blakpa, les Djama et les Gnagna. Ces quatre groupes forment ainsi le premier
noyau urbain. Depuis le début de la colonisation, seule l'administration
coloniale a osé s'attaquer aux pentes rocheuses qui surplombent la
ville. Toutefois, les années d'occupation française furent celles
de l'agrandissement de la ville avec surtout la création de plusieurs
quartiers parmi lesquels nous pouvons citer : Lom-Nava (1925), Zongo-kotokoli
(1930), Doulassamé et Nyékonakpoè (1949)..., (Gadewa M.,
1998), comme le montre la carte suivante :
Source : GADEWA Mawéna
La ville d'Atakpamé englobait alors durant
l'époque coloniale le vieux noyau implanté dans la cuvette, la
forêt classée et les quartiers récents accrochés aux
flancs des collines donnant une structure linéaire à la ville.
Dans les années 80, ne pouvant plus s'étendre au-delà des
hauteurs atteintes, la structure linéaire de
la commune s'est arrêtée, d'où la
colonisation d'Agbonou et ses environs. Né au XIXe
siècle, le village d'Agbonou à l'origine couvrait une superficie
très réduite d'environ quelques hectares et la vie urbaine
s'organisait autour de la gare ferroviaire puis après autour du
marché durant la période coloniale. Le faubourg était
délimité par la rivière Eké à l'ouest, par
le marché d'Agbonou à l'est, au nord par les terrains de la
collectivité Dokou et au sud par les terres de la collectivité
Sossavi jusqu'en 1960.
Aujourd'hui, le quartier progresse particulièrement
vers le nord, le long de la route N°1. Les deux autres fronts d'extension
sont la route de Nangbéto à l'est, et celle de Lomé vers
le sud. Sur la route de Nangbéto, les localités comme
Koèroma, Kamina, sont atteintes par le front d'urbanisation. Du
côté sud, Agbonou a déjà absorbé Talo et tend
vers Avétè.
Cette extension spatiale est particulièrement
importante et a pris une allure rapide depuis 1970. Plusieurs facteurs
concourent à l'explication de cette extension prévisible mais
brutale : les contraintes topographiques de la ville, le lotissement et la
déviation de la route N°1. D'abord les contraintes topographiques
sont une des raisons fondamentale et pour cause : ne pouvant plus
s'étendre au-delà des hauteurs atteintes, les Atakpaméens
après une longue hésitation, qui trouve son origine dans
l'histoire de la cité, ont enfin décidé de coloniser
Agbonou. Ensuite le lotissement dans ce quartier par le nouveau chef
intronisé en avril 1974, feu Olou AHANOU Koffi, a permis aux
collectivités propriétaires de terres dont Ahanou, Sossavi, Doku,
Assoumana... de commencer par vendre les terres. Alléchés par la
modicité des prix de lots proposés et la perspective de pouvoir
s'offrir enfin une maison à soi, bien spacieuse avec si possible toutes
sortes de commodités, les acheteurs venus de toutes les couches
socio-professionnelles ont commencé par affluer dans ce quartier qui
n'était qu'un faubourg.
Bon nombre des terrains vendus furent clôturés
par les nouveaux propriétaires qui, la plupart en tout cas, attendirent
l'installation des premiers équipements de base pour s'y installer. La
déviation de la route N°1, enfin, vient les délivrer de
leurs attentes.
L'infrastructure la plus structurante qui va enclencher
véritablement la conquête d'Agbonou fut la route N°1. Cette
route bitumée a été tracée à Agbonou dans
les années 1970. Il y avait une voie non bitumée qu'on utilisait
dans le temps. Elle passait dans le centre-ville. Les véhicules
suivaient l'itinéraire Lomé-Agbonou-Atakpamé, et sortait
à Gbékon via la route de l'ENS (Ecole Normale Supérieure)
pour aller au nord. Cette route nouvellement tracée va renouveler
l'importance du faubourg et raviver la dynamique commerciale. Depuis ce temps,
le quartier s'étend avec l'arrivé des migrants. Occupant juste
l'espace de la gare, Agbonou franchit la colline, absorbe les champs vers le
sud et prend le nom d'Agbonou-Kpotamé. Il s'étend vers l'est
jusqu'à Koèroma. Du côté nord, le long de la
RN°1, il se dilate sur les collines d'OMI KOSSI donnant tour à tour
Agbonou-CEET et Agbonou-Campement vers le nord-est (voir carte N°4).
Carte N°4
Cette carte montre de façon claire l'extension de la yille
depuis l'époque allemande. On constate que la yille s'est étendue
rien que du côté est à cause de
la plaine de Kamina, accessible d'accès. De nos jours
Agbonou est le plus vaste quartier d'Atakpamé. A titre d'exemple, Il
fait 40% des superficies urbanisées soit 152 ha sur 377 ha en 1997 pour
la ville (DRSCN-PL). Il faut aussi remarquer que la ville se détache de
son noyau primitif pour venir s'étendre vers
Agbonou et ses périphéries. L'attrait de la route
nationale N°1 et l'accessibilitéqu'offre la plaine du
Mono sont sûrement les vraies raisons de cette dynamique
spatiale tournée vers cette banlieue qui n'est pour autant
pas isolée du centreville, en témoigne les nombreuses et
multiples relations qui les lient.
|