Section III : Réduction de la
pauvreté
Selon le DSRP(2003), Afin de formuler une stratégie
efficace de réduction de la pauvreté, les autorités
camerounaises ont mené deux séries importantes de travaux
complémentaires, qui ont permis d'évaluer l'ampleur de la
pauvreté et d'en identifier les caractéristiques ainsi que les
déterminants. En premier lieu, des analyses quantitatives
fouillées ont été faites à partir des
résultats des deux grandes Enquêtes Camerounaises Auprès
des Ménages (ECAM I, 1996, et ECAM II, 2001). Cette approche
quantitative a été complétée par une
évaluation qualitative de la pauvreté et de ses
déterminants, qui repose sur une série de consultations
participatives auprès des populations menées sur l'ensemble du
territoire national.
I-L'analyse quantitative de la réduction de la
pauvreté au Cameroun
Elle révèle notamment que : Le taux de
pauvreté monétaire au Cameroun demeure encore élevé
à 40,2% de la population en 2001. Bien qu'en régression
significative de 13,1 points par rapport au niveau de 1996, la pauvreté
au Cameroun varie considérablement selon les régions, passant du
simple au double entre des zones urbaines où l'incidence est de 22% en
moyenne et des zones rurales où elle atteint 50%; La pauvreté
touche particulièrement les « exploitants agricoles » (57%),
les « dépendants agricoles informels » (54%) et ceux du
secteur informel et les sans-emplois en zones urbaines (40%). Les
résultats mettent aussi en exergue l'importance de l'éducation et
des services l'infrastructure. Un pauvre sur deux vit dans un ménage
où le chef est sans instruction primaire et l'accès aux services
sociaux de base (éducation, santé, eau, routes) est plus
difficile pour les pauvres comparativement aux non pauvres.
II- L'analyse de la dynamique de la réduction
de la pauvreté
L'analyse de la dynamique de la pauvreté indique que
les gains en termes de réduction de l'incidence de la pauvreté
entre 1996 et 2001 (13,1 points) sont plus le fait de la croissance (11,8
points) que celui de la redistribution (1,8 points). Enfin, l'analyse
quantitative des déterminants confirme l'importance de la zone agro
économique, de l'occupation professionnelle, de l'éducation, de
la disponibilité et de l'accès aux services d'infrastructure dans
la dynamique de la pauvreté.
Les principaux résultats de l'analyse quantitative
sont confortés par les informations tirées des consultations
participatives que les autorités ont mené auprès des
populations. En particulier, les populations camerounaises perçoivent
bien la pauvreté d'abord comme un état de dénuement
matériel caractérisé notamment par : L'insuffisance de
ressources pour satisfaire des besoins essentiels ; L'indisponibilité
des services d'infrastructure ou une grande difficulté d'accès
à ceux-ci, principalement l'eau, les routes, l'énergie
électrique, et aux services sociaux, notamment la santé et
l'éducation. Les populations perçoivent aussi la condition de
pauvreté comme conséquence d'un « dysfonctionnement social
», notamment la dépravation des moeurs, la perte de respect de soi,
de solidarité familiale, les préjugés et attitudes
discriminatoires à l'encontre de certains groupes ethniques ou sociaux.
Enfin, elles associent bien la condition de pauvreté à
l'insécurité, au manque de protection contre les abus, à
l'absence de droits et à l'inaccessibilité aux services
légaux. Les consultations participatives ont aussi permis de recenser
les recommandations des populations concernant les axes stratégiques de
lutte contre la pauvreté. Les populations ont mis l'accent sur
l'importance d'améliorer leurs capacités à
générer des activités économiques afin de se «
prendre en
Charge », d'appuyer les filières agricoles de
production et de faciliter l'insertion des jeunes et des pauvres dans le
circuit économique par des actions ciblées. Elles ont aussi
relevé la nécessité de résoudre les
problèmes d'accès à l'eau, en particulier dans la
région Nord et de l'Extrême -Nord du pays, de développer
les routes pour désenclaver les régions et faciliter la
participation des pauvres aux activités marchandes. Les populations ont
recommandé que les autorités accordent une plus grande attention
et engagent plus de ressources pour améliorer l'éducation et
combattre les maladies contagieuses, en particulier la pandémie du
VIH/SIDA et le paludisme qui compte pour l'essentiel de la morbidité et
de la mortalité au Cameroun.
En somme, le concept de la pauvreté peut être
définit comme une insuffisance de ressources matérielles et
financières, telles la nourriture, l'accès à l'eau
potable, les vêtements, le logement, et des conditions de vie en
général, mais également de ressources humaines intangibles
comme l'accès à l'éducation, l'exercice d'une
activité valorisante, le respect reçu des autres citoyens. En
fait, dans ce chapitre il était question d'éclaircir la notion
de pauvreté et ses manifestations dans la société.
Cette notion de pauvreté peut ne pas être
influencée par la dette extérieure et la croissance
économique. Il sera question pour nous dans le prochain chapitre
d'analyser l'impact de la dette extérieure sur la croissance
économique et sur la réduction de la pauvreté.
L'histoire du développement des pays sous
développés nous renseigne que les pays pauvres dans leurs
majorité en générale et en particulier celle du Cameroun
ont connu l'alourdissement de leurs dettes extérieures dans le temps.
Ceci a eu pour conséquence l'affectation de leurs ressources de plus en
plus importantes au service de la dette or ces ressources leur aideraient
à renforcer la croissance économique et à réduire
significativement la pauvreté. Tout au long de ce chapitre il sera
question d'analyser d'abord l'impact de la dette extérieure sur la
croissance économique puis de la croissance économique sur la
réduction de la pauvreté.
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