2.3. La partie centrale du
bassin :
Allongée suivant une direction SW-NE, est
occupée par un épais remplissage alluvial plioquaternaire avec en
surface : la Plaine de la M'lèta vers le Sud et la Grande Sebkha d'Oran
vers le Nord.
- La Plaine de la M'lèta a été
recoupée,(fig. 3) durant les deux dernières décennies, par
quelques forages qui on mis en évidence deux à trois niveaux
aquifères superposés: la nappe phréatique des alluvions
quaternaires, la nappe des grès et sables de l'Astien et localement la
nappe des calcaires à algues du Miocène supérieur. De
plus, les données de forage confirment le fort taux d'alluvionnement.
La Grande Sebkha d'Oran d'origine tectonique et est apparue
à la fin du pliocène (Villafranchien) et au début du
quaternaire, époque où dominait dans le Tell Oranais une
topographie en Bassins fermés (les deux anticlinaux du Murdjadjo au Nord
et le Tessala au Sud).
Elle est bordée vers le Nord, entre Bou Tlèlis
et Misserghin, par la Plaine de Bou Yacor et vers le Nord Est par la Plaine du
Figuier. Elle est bordée, vers le Sud, par un bourrelet de collines (les
Coteaux d'El Hamoul) dominant le lac d'une quarantaine de mètres.
Localisée au Sud-Ouest d'Oran, à quelque distance de la zone
urbaine, elle présente une topographie apparemment plane, avec un point
bas à +80 et un point haut à +82 NGA. Inclinée vers
l'Ouest, cette étendue consiste en une dépression dont l'origine
remonterait au début du Quaternaire.
Elle est occupée temporairement par un lac salé
dont la teneur moyenne de la saumure est estimée, par endroit, à
plus de 100 g/l de sels dissous (l'eau de mer en contient de 35 à 37
g/l).
Dans son extrémité occidentale émerge un
îlot (El Djezira) culminant à 136m. Cet îlot constituerait
vraisemblablement une butte témoin de la sédimentation
continentale pliocène.
La formation de la Grande Sebkha d'Oran aurait eu lieu dans
un environnement géologique (cuvette en voie de subsidence),
hydrogéologique (présence d'un niveau aquifère non loin de
la surface du sol) et climatique (climat semi-aride à aride) favorable.
La déflation éolienne a joué, en plus, un
rôle incontestable dans le creusement de la cuvette. En effet, le
phénomène de subsidence entraîne un enfoncement progressif
des sédiments avec cependant le maintien de la surface
piézométrique à ses cotes initiales. Ce qui se traduit
dans le cas d'une sédimentation granoclassée verticalement
(diminution progressive de la taille des grains de la base vers le sommet) par
un ralentissement de la vitesse de percolation des eaux entraînant ainsi
une concentration des sels dissous. Cette concentration des eaux est largement
soutenue aussi par les échanges atmosphériques liés au
phénomène d'évaporation sous l'effet de la
température. Cette situation amènerait, par conséquent, de
nouvelles conditions pédologiques en surface entraînant ainsi une
salinisation des sols. Ces derniers, attaqués par le sel, vont perdre
leur cohésion pour devenir pulvérulents. Etant donné la
finesse de leurs grains, ils seront soulevés du fond de la cuvette par
le vent pour être déplacés dans la direction dominante et
déposés sur la bordure à la faveur d'une quelconque
végétation ou de petits reliefs. Ces dépôts, de
nature argilo-limoneuse, appelés «lunettes»
Figure 45 : Corrélation de la coupe de
l'Oued Tafaraoui et des forages de la plaine de la M'léta (Sud de la
Sebkha)
par les géomorphologues, sont réellement
rencontrés sur la bordure sud de la sebkha. Les
particules solides déplacées vont s'accumuler pour constituer en
l'espace de quelques milliers d'années le bourrelet de collines d'El
Hamoul. Le phénomène de déflation va continuer de soulever
et de déplacer ces particules du sol jusqu'à atteindre la
surface piézométrique de la nappe phréatique, ce qui
expliquerait la topographie apparemment plane de son fond. Ainsi formée,
la sebkha va être alimentée de façon permanente en
produits solubles et insolubles par voie exogène: eaux
atmosphériques précipitées directement sur le lac, eaux de
ruissellement issues du bassin hydrographique, eaux souterraines de la nappe
phréatique déversées latéralement sur les bordures.
Cette alimentation serait renforcée par voie endogène à
travers des remontées per ascensum d'eaux souterraines
profondes, si les conditions géologiques et hydrogéologiques le
permettent. Les charges solubles, constituées principalement de
chlorures et de sodium, y sont précipitées en saison
sèche sous l'effet du phénomène évaporatoire.
La matière insoluble, formée essentiellement
de minéraux argileux arrachés aux reliefs du versant des Tessala,
est transportée par le ruissellement lors des épisodes pluvieux
pour y être décantée. L'accumulation de la matière
(soluble et insoluble) au cours des temps géologiques, va se traduire
par une sédimentation alternée de couches de sel et de vase.
L'épaisseur de ces dépôts, plus importante
sans doute dans la partie axiale de la dépression, serait en rapport
avec la durée de l'existence de la sebkha même.
|