UNIVERSITE TOULOUSE II LE MIRAIL
L'AIDE PERSONNALISEE EN
ECOLE PRIMAIRE : QUELLE
UTILITE POUR LES ELEVES?
UNIVERSITE
DE TOULOUSE
LE isiodloop
MEMOIRE DE MASTER I DE SCIENCES DE
L'EDUCATION.
Present& par Lionel Mayorgas. Directeur de memoire :
Monsieur Frederic Yvon.
TABLE DES MATIERES
· Remerciements 3
· Introduction 4
· CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE 8
I) Visions enseignantes sur une nouvelle circulaire 8
I.1) Revue des lois fondatrices du système scolaire
actuel 9
I.1) 1. L'élève au coeur du dispositif 10
I.1) 2. Les évolutions pour les enseignants 11
I.1) 3. L'aide personnalisée 13
I.2) Des préconisations ministérielles pour
réussir à mener l'aide
personnalisée 14
I.3) Une mise en relation des informations recueillies 16
· CHAPITRE II : CADRE D'ANALYSE 17
II.1) Politiques éducatives et conséquences sur le
métier d'enseignant 18
II.2) L'appréciation des politiques par les acteurs de
terrain 20
II.3) Un échec annoncé ? 24
· CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE EMPLOYÉE 26
III.1) Démarche de recherche 26
III.1) 1. Présentation du panel 27
III.1) 1.1. Les enseignants de l'école cible 27
III.1) 1. 2. L'établissement cible 27
III.1) 1. 3. Les établissements du point de vue
directionnel 28
III.1) 2. Choix de l'entretien semi-dirigé 29
III.1) 3. Méthode d'observation afférente 30
III.2) Présentation des questions choisies 31
III.2) 1. Les caractéristiques enseignantes 31
III.2) 2. L'organisation de l'enseignant dans ce dispositif
32
III.2) 3. L'adhésion des enseignants 33
III.2) 4. Evaluer le dispositif de l'aide personnalisée.
Ce que pensent les
enseignants 34
III.2) 5. Un point sur les questions 35
III.3) Traitement des données 36
· CHAPITRE IV : ANALYSE DES DONNEES DES DISCOURS
ENSEIGNANTS 37
IV.1) 1.Données communes 37
IV.1) 2. L'adhésion des enseignants 39
IV.1) 3. L'évaluation du dispositif 40
IV.1) 4. Pensées enseignantes en relation avec le
dispositif 41
IV.2) UNE ANALYSE DES FONCTIONS DE DIRECTION 42
IV.2) 1. L'échantillon 42
IV.2) 2. Les modalités d'organisation 42
IV.2) 3. Le rôle de leader dans son établissement,
les missions spécifiques 44
IV.2) 4. Quelques revendications 45
IV.3) Ouverture vers une discussion 45
· CHAPITRE V : CHAPITRE V : QUELLE PORTEE DES RESULTATS ET
DES 46 CHANGEMENTS SUR L'IMPLANTATION EN SITUATION D'EDUCATION
V.1) L'application des politiques par les acteurs de terrain
46
V.2) Politique éducatives et conséquences sur le
métier d'enseignant 47
V.3) Articulation des données 49
· Conclusion 50
· Rappel des points importants 51
· Limites du mémoire 52
· Lien vers le mémoire de deuxième
année 52
Références bibliographiques 53
Annexes 60
REMERCIEMENTS
Je tenais en premier lieu à remercier mon directeur de
mémoire, Frédéric Yvon, qui a toujours su se montrer
disponible et à l'écoute en me guidant tout au long de mon
travail de recherche.
Mes pensées vont ensuite vers les personnels
enseignants de l'école que j'ai pu interroger. Devant le devoir de
réserve, je ne les citerai pas. Ils m'ont accueilli parmi eux, comme
à chaque fois, et je ne l'oublierai jamais.
Merci à tous les autres professeurs ayant
contribué à la rédaction de ce mémoire. Un grand
merci à tous ceux qui m'ont soutenu et m'ont poussé à
aller de l'avant. Une dédicace spéciale pour ma femme Nora.
Une petite ligne ne saurait être superflue pour mon ami
Guilhem, guide précieux.
Un merci pour toutes les personnes ayant contribué
à la rédaction de ce mémoire, elles se
reconnaîtront.
Une marque d'attention très particulière pour
Marie-Sylvie, amie très chère.
Et un grand bravo à ma mère qui m'a toujours
soutenu et à mon père.
EN INTRODUCTION
Ce mémoire a pour objectif de recueillir,
auprès d'un panel d'enseignants, des informations sur le dispositif de
l'aide personnalisée (Circulaire N°2008-082 du 5-6-2008 parue dans
le Bulletin Officiel (BO) N°25 du 19 juin 2008). Il s'agit d'un dispositif
récent qui peut être perçu comme un palliatif à la
suppression des RASED1. Cependant, aucune évaluation n'a
été réalisée à notre connaissance. Cette
réforme issue d'une réflexion « venue d'en haut »,
pourrait être ressentie comme « de trop » ou inutile.
Cependant tous les établissements étant
concernés et non uniquement ceux dits « prioritaires », le
nombre d'enseignants participant est en très grande hausse par rapport
aux autres dispositifs (ici, il est d'ailleurs demandé à tous d'y
prendre part). Quant au nombre d'élèves, il est actuellement
impossible de proposer une évaluation chiffrée du nombre de
bénéficiaires, du fait que chaque établissement, en accord
avec sa hiérarchie, dépose un projet de fonctionnement pour
l'aide personnalisée. Ce projet peut choisir d'inclure une petite
minorité d'élèves en très grande difficulté
ou bien une plus grande proportion d'enfants qui ont des retards moindres au
niveau des apprentissages.
Nous pouvons dès lors nous questionner sur le fait de
la pertinence de ce dispositif, les professeurs des écoles devant dans
un premier temps, évaluer leurs élèves en fonction de
critères objectifs (en CE1 avec les résultats de
l'évaluation nationale par exemple), mais également subjectifs
(« Qui vais-je envoyer en aide ? », « Selon quels
critères ? »). Nous aborderons, à notre niveau, les
critères de sélection des élèves amenés
à participer au dispositif (sur notre établissement
ciblé).
Après avoir travaillé dans de multiples
CLAE2, j'ai pu constater que certaines collectivités
proposaient une aide aux devoirs, voire une étude surveillée
obligatoire. Non partisan de ce genre « d'activités »
extra-scolaires, je me suis penché sur une réforme qui est
encadrée par des enseignants et non de simples animateurs qui ne sont
pas formés pour aider les enfants et leur expliquer de façon
personnalisée.
1 RASED : Réseau d'Aide
Spécialisée pour les Elèves en Difficulté.
2 CLAE : Centre de Loisir Associé à
l'Ecole
Lors de mes stages en « situation » en école
primaire (élémentaire et maternelle), j'ai pu voir à quel
point le travail de l'enseignant était éreintant. Les
élèves demandent beaucoup de conseils et d'attention de la part
du professeur qui ne peut pas approfondir les compétences du programme
aussi qualitativement que souhaité. L'aide personnalisée offre un
moment de travail en petit groupe qui semblerait intéressant pour les
élèves nécessitant plus d'attention.
Notre travail de recherche va nous amener à
étudier comment, par une réflexion partagée ou non des
professeurs, l'adaptation de la circulaire peut être conçue et
mise en place dans les établissements. Plusieurs critères sont
à prendre en compte pour ces personnels : les horaires scolaires, la
contrainte de journées longues, les demandes des parents, le manque de
temps, le choix des matières, les objectifs vers lesquels l'aide doit
tendre, la liste est loin d'être exhaustive.
Chaque enseignant ayant sa méthode propre, il sera
intéressant de mettre en exergue certains éléments
corrélatifs ou différentiels de l'appropriation du dispositif
instauré dans leur école. Cela ne pourra se faire qu'après
une analyse issue des réponses aux entretiens que le chercheur va mener
auprès d'un panel de professeurs d'un même établissement.
Lessard va nous éclairer sur les actions enseignantes et le changement
du métier. De plus, un éclairage à partir de discours de
directeurs d'écoles différentes pourra être mené en
lien avec les travaux de J. Spillane. Ce cadre théorique nous permettra
d'analyser au mieux les réponses obtenues.
Bien que le panel ne nous permette pas de
généraliser nos résultats, une tendance assez nette
pourrait être relevée. Avec l'apport de la littérature
afférente nous verrons si adhésion amène motivation et
investissement. Ce mémoire ne se veut donc pas exhaustif du point de vue
des thèmes abordés et du panel choisi. Cependant, l'objectif
restera le même : définir ce que pensent les enseignants de l'aide
personnalisée et comment ils la mettent en oeuvre pour obtenir des
résultats auprès de leurs élèves.
Le mémoire de Master II sera une suite logique du
travail entamé cette année tant du point de vue de la
généralisation des résultats que des paramètres
évoqués auparavant, tels les critères de sélection
des élèves pour l'entrée dans le processus.
Dans un premier chapitre, après avoir
présenté un historique des lois fondatrices du système
éducatif français avec des exemples précis nous permettant
d'apprécier l'évolution de paramètres pouvant être
mis en relation avec notre dispositif cible, nous présenterons le
Bulletin Officiel (BO) N°25 du 19 juin 2008 qui acte l'adoption
gouvernementale de l'aide personnalisée. De nombreuses informations sont
données par le ministère pour appliquer au mieux cette circulaire
N°2008-082 du 5-6-2008. Ces documents servent de points de repère
aux enseignants qui pourront ensuite donner cours à leur libre
interprétation, nous en ferons une analyse concise.
Le cadre d'analyse sera présenté dans le
deuxième chapitre. L'auteur de référence de ce
mémoire, James Spillane qui grâce à ses travaux sur la
cognition (« individuelle », « située », «
des représentations »), et le rôle
prépondérant de leader (recevoir, diffuser, piloter), va
permettre l'analyse de cette nouvelle réforme («sensemaking
») et la capacité à la faire appliquer et comprendre
(« importance du rôle des instances intermédiaires dans
l'activité de faire-sens »).
Les travaux de Claude Lessard, autre auteur du cadre
théorique, nous apporteront un éclairage sur l'accumulation,
l'adaptation, l'aptitude et l'attitude des enseignants à faire face
à de nouvelles réformes, nous permettant une analyse de points
clés de notre circulaire.
Pour faciliter la lecture des données
récoltées auprès des professeurs, il sera expliqué
la méthodologie retenue pour le recueil de celles-ci. L'entretien
clinique semi directif ayant été préféré au
questionnaire pour des raisons qualitatives : le chercheur a une relation
directe avec le sujet de son étude, il noue plus facilement contact et
les réponses sont plus précises. La conversation amène
l'enseignant à répondre spontanément, et à faire
une introspection sur le travail fourni pour étayer les contenus
dispensés lors des créneaux d'aide personnalisée et la
façon dont il les dispense. Le questionnaire aurait permis de toucher un
plus grand nombre d'enseignants, mais un effet de « halo » aurait
été limitatif.
Le choix des questions (de relance, ou sur les points
incontournables de la recherche) sera justifié par des apports
théoriques.
L'étape suivante concernera la présentation des
données recueillies. Les réponses seront codées et mises
en relation les unes par rapport aux autres afin d'obtenir des tendances de
résultats. Nous nous attacherons ensuite à discuter ces
résultats en lien avec les apports théoriques du cadre
général d'analyse.
Il est à noter que les travaux de Spillane et de
Lessard ne pourront se suffire à eux-mêmes et que des points de
vue, venant d'autres auteurs, enrichiront le débat grâce aux
résultats de leurs recherches menées jusqu'alors. Ces avis
précieux nous permettront d'enrichir la discussion tout en restant dans
le cadre défini plus haut.
Les limites de cette recherche seront abordées afin
d'être réduites lors des prochains travaux. Une conclusion sera
proposée ouvrant sur de nouvelles perspectives de recherche à
partir de ce premier mémoire.
CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE
I) Visions enseignantes sur une nouvelle circulaire
Mots clés : évolution, mise en oeuvre,
méthodes, lois, débats, apprentissages
L'évolution des lois dans le domaine de l'enseignement
du premier degré dans notre pays date de plusieurs décennies
(grandes réformes : Lois Haby (1975), Savary (1984), Jospin
(1989), Fillon (2005)), et donne des indicateurs quant à la
tendance politique et éducative du moment. Ces lois sont
proposées le plus souvent après un travail en commissions.
Celles-ci sont demandées par la personne référente du
ministère en réunissant des intervenants compétents. Par
exemple, en ce qui concerne la "Loi Fillon", le socle commun de
référence a été proposé par le haut conseil
de l'Éducation (membres définis pas l'Article L.
230-1).
Ces réformes sont préparées et
votées pour tenter de faciliter l'apprentissage des élèves
souvent sans concertation préalable avec les professeurs. Cela peut donc
représenter un problème car ils sont les acteurs de terrain qui
interviennent auprès des élèves. Le corps enseignant se
retrouve devant une série de mesures législatives, servant de
justification à des tentatives d'amélioration de la
qualité des acquisitions des connaissances des élèves
(Schizzerotto & Barone, 2006).
Dernièrement, la circulaire relative à
l'organisation du temps d'enseignement scolaire et de l'aide
personnalisée dans le premier degré a été
votée3. Cette aide personnalisée est conçue
pour apporter aux élèves les plus en difficulté un soutien
ponctuel ou à plus long terme sur des notions ou des contenus qu'ils
n'ont pas entièrement acquis en classe.
En concernant les trois cycles d'apprentissages4
sa portée est grande et concerne tous les instituteurs. Sa
nouveauté réside dans le fait qu'elle s'applique à tous
les établissements publics et non pas seulement aux
établissements de ZEP5, la "discrimination positive" n'est
donc plus d'actualité.
Les enseignants vont devoir s'approprier cette circulaire pour
l'adapter au contexte de leur établissement. Le problème est
qu'ils n'ont pas été formés pour cela. Des objectifs
à mettre en
3 Circulaire N°2008-082 du 5 Juin 2008, parution
dans le BO n°25 du 19 Juin 2008
4 Cycle 1 : Petite, Moyenne et Grande section de
maternelle.
Cycle 2 : Grande section de maternelle, CP, CE1 (la grande
section est à cheval sur les deux cycles). Cycle 3 : CE2, CM1, CM2
5 Zone d'Education Prioritaire
oeuvre vont être définis, ceux-ci correspondant
à une interprétation de la circulaire qui sera amenée
à résoudre des problèmes locaux propres à chaque
établissement ou à chaque classe. Les équipes
pédagogiques devront donc s'entendre sur les méthodes à
utiliser. En effet, l'enseignant de l'élève participant au
dispositif ne sera pas obligatoirement le même que celui qui va l'aider
individuellement. Ce choix appartient naturellement à chaque
école et nous verrons comment celles-ci s'approprient la circulaire
(varier la taille des groupes, les jours de la semaine, les moments dans la
journée, les professeurs...).
Ce dispositif nouveau suscite plusieurs interrogations quant
aux pratiques enseignantes : les professeurs le sont-ils toujours ou bien
deviennent-ils des enseignants "particuliers" ? Comment appliquer cette
circulaire récente sur laquelle peu d'études se sont
penchées ? Ce conflit serait-il générateur
d'apprentissages ou bien plutôt un frein à ceux de
l'élève ? Comment arriver à construire de nouvelles
entrées pédagogiques pour les enfants ? Comment gérer les
deux heures en moins pour le "groupe classe" ?
L'étude que nous allons mener va nous permettre
d'appréhender au mieux les discours sur le métier d'enseignant
grâce au témoignage des professeurs d'une école
entière. Elle va s'attacher à mettre en exergue les conditions
d'application de l'aide personnalisée chez chacun d'entre eux.
Nous tenterons de répondre, après avoir
analysé l'organisation de l'aide personnalisée chez des
enseignants et leur adhésion au BO à la question suivante : "en
quoi cette réforme peutêtre utile aux élèves
?"
I.1) Revue des lois fondatrices du système scolaire
actuel.
Cette revue des lois depuis plusieurs années, montre
que le paysage du monde de l'enseignement a connu (et connaît encore) de
nombreuses modifications. L'évolution des lois, est donc une des
caractéristiques importantes dans le domaine de l'éducation,
chaque gouvernement étant confronté à des problèmes
récurrents ou naissant. Une obligation de résultats étant
attendue de la part des parents, mais aussi des élèves
("être un bon élève"), la Loi dite
"Jospin"6détermine pour la première fois un chiffrage
de réussite. Le système éducatif doit amener 80 % d'une
classe d'âge au niveau du baccalauréat. C'est dans cette optique
que la
6 Loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 parue au JORF
du 14 juillet 1989 page 8860
circulaire sur l'aide personnalisée trouve sa place :
aider les élèves en difficulté, et ce, par une autre
entrée didactique que celle utilisée en classe.
L'élève au "centre du système scolaire"
va ainsi bénéficier dans sa scolarité de plusieurs
changements pédagogiques que les professeurs devront appliquer.
Cependant, il est bon de se demander selon quel point de vue est située
cette transition. Au niveau des élèves ? Ou au niveau des
enseignants ? Ceux-là doivent remettre en question leur style
d'enseignement pour l'adapter à leur classe mais aussi à la loi.
Nous allons voir qu'avec une multiplication des lois, il devient difficile de
trouver une méthode efficace et généralisable.
I.1) 1. L'élève au coeur du
dispositif.
Jules Ferry, de par les premières lois concernant le
système scolaire va engager un changement dans les mentalités des
français. "L'école", en devenant obligatoire (1882)7,
est perçue comme une possibilité pour tous les
élèves de recevoir le même enseignement. Le principe de
gratuité s'appliquant également aux matériels scolaires,
renforce le fait que l'Etat a décidé de former les
générations futures. Toutes les classes socioprofessionnelles
peuvent y avoir accès (1881)8.
Voyant que des apprentissages plus longs et complets seraient
plus profitables, Jules Ferry instaure l'instruction obligatoire (et non
l'enseignement obligatoire), ce qui veut dire que les parents qui le souhaitent
peuvent faire la classe à leurs enfants ou engager un enseignant
privé. Nous pouvons déjà extrapoler en parlant de certains
élèves mieux encadrés. L'âge de sortie du
système scolaire passe de 13 à 16 ans (18829). La loi
"Haby" confirme cet âge minimum pour quitter le système scolaire
(197510).
Cette Loi "Habby" va introduire la notion
d'élèves en difficulté (Article 7). C'est la
première fois que certains élèves sont ciblés et
qu'ils vont être considérés comme en difficulté. La
nécessité d'un repérage le plus précoce possible de
ces enfants est ainsi introduite. Le problème étant qu'il n'y a
aucune obligation de création d'école maternelle dans les
communes (Article 3) ce qui aurait permis un meilleur repérage.
Déjà, des écarts peuvent apparaître
entre les élèves bénéficiant des maternelles et
ceux qui n'y ont "pas droit". En effet, comme le préconise la "Loi
Jospin", malheureusement postérieure,
7 loi du 28 mars 1882 parue au JO 29-03-1882 p.
1697-1699
8 Loi du 16 juin 1881 parue au Journal Officiel du 17
Juin 1881
9 Loi n° 11 696 du 28 Mars 1882 parue au JO le 29
Mars 1882
10 Article 1, Loi n°75-620 du 11 juillet 1975, parue au
JORF du 12 juillet 1975 page 7180
un accueil en maternelle à partir de 3 ans (et de 2
ans pour les élèves des ZEP) permet aux élèves
d'avoir de meilleurs résultats scolaires par la suite. Cet article 3
détaille les objectifs pédagogiques, et les compétences
attendues d'un élève en fin d'école primaire. Ici
l'élève est au coeur du système éducatif, les
mesures lui sont dédiées.
La Loi dite Jospin11 structure les bases du
système éducatif actuel avec l'organisation des
compétences en trois cycles. Les 36 semaines de cours sont
instaurées, il est tenu ici compte des rythmes chronobiologiques de
l'enfant. La répartition des programmes est plus adaptée aux
profils des élèves qui peuvent apprendre "à leur rythme"
dans leur cycle d'enseignement. L'épée de Damoclès de la
peur d'un redoublement annuel n'était pas productive et stressait les
élèves. Ceci est donc révolu.
Ces cycles concernent les enseignants de 3 niveaux de classe,
ils peuvent ainsi échanger les informations sur l'évolution des
compétences acquises ou non par les élèves. Des programmes
d'aide de toute sorte vont alors éclore sans véritable lien pour
la majorité des enfants. Le RASED, amené à
disparaître, est le seul dispositif plébiscité par les
enseignants, pour une aide très spécialisée et
individualisée avec des collègues formés
spécifiquement.
Des efforts sont faits dans ce sens pour les
élèves issus en particulier de quartiers prioritaires ou
sensibles. Plus l'enfant est mis en relation avec les pairs et avec un milieu
éducatif, plus il aura de facilités plus tard dans sa
scolarité. Des ateliers en petits groupes de niveau sont très
efficaces.
C'est l'époque où l'on donne plus aux
établissements en difficulté. Plus d'argent. Plus de
possibilités matérielles. Moins d'élèves dans les
classes.
Cela n'a pas forcément été la solution.
I.1) 2. Les évolutions pour les enseignants.
Le métier d'enseignant a évolué tout au
long de ces années12, les instituteurs (catégorie B de
la fonction publique d'Etat) deviennent des professeurs (catégorie A
de la fonction publique d'Etat). Leurs compétences et leur statut
sont reconnus auprès de la population et des autres
11 Loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 parue au
JORF du 14 juillet 1989 page 8860
12 Loi d'orientation sur l'éducation
n°89-486 du 10 juillet 1989
fonctionnaires. Cela a été possible grâce
à la création des IUFM13 en date du 1er Septembre
1990. La fin des écoles normales amène les législateurs
à augmenter le niveau de recrutement des enseignants qui passent le
CRPE14 (de baccalauréat à bac +3). La liaison entre
IUFM et université implique un choix politique fort dans la formation de
ces fonctionnaires. Les contenus sont plus étoffés, dans
l'article 18 de la "Loi Savary"15, il est stipulé que
"Les établissements d'enseignement supérieur ont la
responsabilité de la formation initiale et continue de tous les
maîtres de l'éducation nationale ".
Le rôle des IUFM ne va cesser de croître au fur
et à mesure des années, avec la formation initiale (2°
année pour les candidats admissibles) et continue. Les contenus des
programmes enseignés aux enfants sont semblables entre les
établissements publics et les établissements privés sous
contrat. Les élèves ont donc en théorie les mêmes
contenus.
La Loi dite "Fillon"16 modifie le code de
l'éducation. Les changements dans la conception et la formation des IUFM
nous concernent en premier lieu (Articles 85 et 86). Ceux-ci sont
désormais rattachés à une université et les
législateurs tentent d'améliorer la formation pour la rendre plus
proche du milieu professionnel dans lequel se trouvera le stagiaire.
Le rapport d'activité ministériel 2005 - 2007
précise bien que les IUFM et les universités vont travailler dans
l'objectif de former au mieux les futurs enseignants : "Tel est le sens de
la réforme des instituts universitaires de formation des maîtres
(IUFM). Entièrement repensée sur la base d'un nouveau cahier des
charges et d'une intégration des IUFM dans les universités, la
formation des enseignants sera dorénavant plus pratique et
tournée vers l'exercice de leur métier" (Ministère de
l'éducation nationale. 2007).
Le fait que les enseignants soient, à présent,
recrutés à bac +5 , ne va pas modifier notre analyse car tous les
professeurs interviewés ont au moins 10 ans d'ancienneté.
Tous ces changements de loi sont actés sans
concertation préalable avec les enseignants. Ils vont pourtant peser sur
l'évolution du métier de professeur des écoles. Nous
pourrions nous demander si ces changements sont politiques ou
pédagogiques.
Quoi qu'il en soit, la multiplication des réformes est
de plus en plus lourde à gérer pour les enseignants.
Hargreaves et Goodson (2006), mettent en évidence certains
phénomènes de
13 IUFM : Institut Universitaire de Formation des
Maitres.
14 Concours de Recrutement des Professeurs des
Ecoles.
15 Ordonnance 2000-549 2000-06-15 art. 7 JORF 22
juin 2000
16 Loi n° 2005-380 du 23 avril 2005, parue au
JORF n°96 du 24 avril 2005 page 7166
résistance liés au simple passage du temps. La
circulaire instaurant l'aide personnalisée deviendrait-elle une
composante de cette exaspération enseignante ? Bien que récente,
elle n'a pas été constituée avec une concertation
enseignante, mais a été imposée aux professeurs. Il faudra
donc, si une usure des enseignants est constatée, en déterminer
les causes de façon plus claire.
I.1.3. L'aide personnalisée
Cette revue des lois, montre que le paysage du monde de
l'enseignement a connu (et connaît encore) de nombreuses modifications.
Ces modifications, nous l'avons vu peuvent être politiques, mais nous
limiterons notre étude au volet technique et pédagogique qui est
plus important à nos yeux.
En allant dans le sens des élèves, les
différents gouvernements semblent avoir essayé de résoudre
les problèmes existant plutôt que d'innover et de présenter
des réformes avant gardistes pour lutter contre l'échec scolaire.
Même s'il est clair que nous ne pouvons que difficilement prévenir
les difficultés des élèves, il est possible de chercher
à les anticiper et à les réduire. Dans ce but, la
circulaire étudiée peut être vue comme une suite
donnée par les deux comptes rendus du ministère (2003 et 2004)
abordant déjà une "aide individualisée" qui
préconise des apprentissages devant être personnalisés.
Mais ces deux documents ne vont pas plus loin en ce qui concerne les
modalités éventuelles d'application ou de conception d'outils
pédagogiques pour les enseignants. Il y est demandé une recherche
de la "maîtrise des connaissances, des compétences et des
règles de comportement indispensables pour toute la vie" .
Notre travail sur l'aide personnalisée entre dans cette
démarche de changement et d'innovation. La circulaire n'a pas
été remise en cause officiellement depuis son application lors de
la rentrée scolaire en 2008. Les enseignants doivent donc s'adapter et
utiliser de nouvelles ressources pour faire réussir les
élèves conformément aux textes de loi. Dans l'attente
d'une évaluation formelle des autorités compétentes, nous
verrons les outils utilisés pour évaluer les élèves
ciblés. De par ce travail, nous apprécierons leur pertinence et
nous étudierons le rapport "pédagogie nouvelle" /
"bénéfices pour les élèves".
I.2) Des préconisations ministérielles pour
réussir à mener l'aide personnalisée.
Pour faire le lien avec ce qui a été vu
auparavant, nous partons d'un constat : le Ministère de
l'éducation nationale n'a pas mis en oeuvre une politique de formation
pour les enseignants portant sur la réforme de l'aide
personnalisée. Pour faciliter leur appropriation, peu de documents sur
les moyens de repérer les élèves en difficulté sont
disponibles. Enseigner lors de l'aide personnalisée est différent
qu'enseigner en « groupe classe ».17
Nous ne pouvons donc que déplorer le manque de ces
documents qui s'appuient avant tout sur les compétences
pré-supposées des enseignants. Ces derniers ont une
expérience plus ou moins longue dans le métier, avec des publics
différents et sur des niveaux de classe divers. Certains s'adaptent au
mieux pour apporter un « petit quelque chose » aux
élèves, et leur donner un regard nouveau sur des apprentissages
qui sont en cours d'acquisition.
Avant un résumé voulu le plus proche possible
de ces documents, voici une citation de Jean Houssaye qui nous pousse à
réfléchir : "L'innovation pédagogique, à
l'échelle de l'institution, est un échec ; elle ne produit pas
d'effets positifs pour une raison majeure : elle n'est pas mise en oeuvre et
l'immobilisme des acteurs est patent. Et pourtant le coeur de l'école
est touché, tant par rapport aux savoirs que par rapport aux
comportements". Nous y reviendrons dans une autre partie. (Houssaye Jean.
2011. Pédagogie, le constat : le changement ne se fait pas.
Carrefours de l'éducation 2011/4, HS N°2. Résumé
du livre sur le site du cairn :
http://www.cairn.info/resume.php?id
article=cdle hs02 0109.
Un travail local a été demandé aux
équipes pédagogiques afin de recenser ou d'appréhender les
difficultés des élèves de chaque classe de
l'établissement. Chaque école est pilotée
différemment en fonction de l'adhésion de ses enseignants ou de
son directeur. Nous en étudierons trois différentes. Cependant
c'est dans une unique école élémentaire que nous
analyserons les façons d'enseigner de plusieurs professeurs avec
à priori les mêmes choix pédagogiques au vu des temps de
réunion et du contexte établissement. Nous ne nous attendrons pas
aux mêmes discours étant donné que chaque personne a son
avis et ses méthodes pédagogiques, cependant une cohérence
devrait se détacher.
Le travail en petits groupes, espace de mise en confiance de
l'enfant par l'enseignant est la base de la circulaire. Il est
demandé aux professeurs de développer les deux matières
17 Nous appelerons "groupe classe", le cours en
classe entière
principales que sont les mathématiques et le
français. Les objectifs éducatifs doivent être
définis auparavant et en relation avec ce qui est vu en classe. En
revanche, les différences pédagogiques sont cruciales : les
compétences travaillées en cours, doivent être atteintes
d'une « autre façon », car l'élève n'y
est pas arrivé en groupe classe. Par le fait que l'enseignant soit
« pour eux » (aspect affectif), et que le contenu soit
différent, il y aura un entretien de la motivation des enfants (jeux,
lotos, concours, cartes, informatique...).
Adaptée au contexte de l'établissement, l'aide
personnalisée nécessite une mutualisation de moyens pour que les
élèves qui participent puissent avoir une meilleure
qualité d'enseignement. Nous pouvons logiquement penser que plus les
enseignants travaillent en groupe, plus grande est l'émulation et plus
grande sera l'envie d'aider ces élèves. Des objectifs communs
peuvent être envisagés pour plus de facilité (mais a t-on
tous la même définition de facilité...A méditer
!).
Conformément au Bulletin Officiel (BO), aucun type de
difficulté rencontrée par des élèves ne saurait
être refusé, le niveau « en classe » n'étant pas
rédhibitoire comme critère de base. Prenons l'exemple du langage
en maternelle, chaque enfant peut très bien approfondir des notions
selon son niveau qui va ainsi évoluer tout au long de l'année en
relation avec de nouveaux objectifs.
L'enseignant devra être vigilant afin de repérer
le plus finement possible les élèves dont les besoins sont
avérés. Il est bien précisé que les
élèves peuvent rester le temps que le maître ou la
maîtresse trouve suffisant. La durée des « cycles » et
des « séances » sont à l'appréciation des
enseignants, le respect des deux heures pour l'aide personnalisée est
cependant impératif. Les deux « domaines prioritaires »
ciblés sont le français et les mathématiques. Pour chaque
cycle des objectifs sont donnés à titre informatif et
exécutoire, toujours en lien avec le cycle ou la classe
supérieure. Même si le principal critère est scolaire, les
enseignants pourront « ouvrir le dispositif » aux
élèves qui ont des difficultés pour s'exprimer et parler
en groupe classe, aux élèves plus timides ou à ceux qui
ont besoin d'être encadrés plus personnellement.
La durée demandée aux enseignants, nous l'avons
vu, est de 2 heures par semaine tout au plus pour chaque élève
rentrant dans le dispositif. L'élève peut n'être
présent que pour l'heure de mathématique et non pour celle de
français et inversement. Il serait d'après les textes,
préférable de privilégier plusieurs séances
brèves qu'une ou deux séances d'une heure. Plus les
élèves seront jeunes plus les séances seront brèves
et effectuées sur 3 à 4 séances par semaine
pour « sécuriser l'enfant » (30-45
minutes en maternelle par exemple). Toute cette organisation doit être
mise en lien avec les horaires de l'école, ceux du CLAE, et les rythmes
chrono-biologiques. Travaux de l'INSERM en 2001. ("Rythmes de l'enfant ; de
l'horloge biologique aux rythmes scolaires").
En ce qui concerne le déroulement de la séance,
il est abordé le style d'enseignement préconisé de
façon à "développer l'autonomie et favoriser l'initiative
des élèves". Quelques exemples sont donnés pour "aider
l'élève à progresser dans le domaine du français",
notamment pour la classe des CE1 (fin du cycle 2).
Il semble utile de se demander si, lors de cette
première rentrée, les écoles avaient toutes les
informations et si les équipes enseignantes avaient pu préparer
cette réforme dans les meilleures conditions.
Le seul "guide pratique pour l'aide
personnalisée" avec le sigle du MEN nous semble un peu léger
pour une première implantation d'un dispositif nouveau. Il apporte un
éclairage novateur en abordant des rubriques comme la "relation
d'apprentissage enseignant-élève en petit groupe" ou
"l'approche des contenus disciplinaires dans le cadre de l'aide
personnalisée". De plus, il est uniquement issu d'un travail du
département du Cher, donc officiellement pas du ministère ni de
notre académie.
I.3) Une mise en relation des informations
recueillies.
Grâce à la revue des lois
présentée ici, nous avons démontré un changement
fréquent des préconisations faites aux enseignants durant des
années. Ces changements, auxquels les professeurs adhérent (ou
pas) sont obligatoires car venant du ministère. Il est donc
établi que les personnels doivent être en renouvellement constant
quant aux compétences et aux savoirs qu'ils véhiculent.
De rares documents de travail et préconisations du
ministère sont à la disposition des enseignants, mais nous
pouvons nous demander s'ils sont connus des acteurs (la majorité d'entre
eux connaissent les grandes lignes des réformes, mais peu font des
recherches approfondies). Nous en revenons ici à la mise en place du
dispositif de l'aide personnalisée et à une éventuelle
évaluation qu'aucun gouvernement n'a demandé.
La rencontre et les entretiens avec les enseignants d'une
école possédant des parcours différents, vont nous
permettre d'analyser des avis sur des mises en situation concrètes et
non par rapport à un corpus de textes. Il est à noter que ces
avis, loin de constituer une recommandation ou une préconisation, vont
nous permettre d'analyser les discours des professeurs à la
lumière d'éléments théoriques.
La qualité de la récolte des données
(voir chapitre sur la méthodologie) ainsi que de leur exploitation est
primordiale, en effet, nous n'avons pas ici de questionnaire (quantitatif),
mais des discours (qualitatifs). Il appartient au chercheur de
sélectionner les éléments pertinents des discours sans
écarter ceux qui ne rentreraient pas dans la problématique
initiale. Chaque enseignant est aussi une personne avec ses choix, ses
goûts, et ses pensées idéologiques, il nous appartient donc
de trier ou de prendre appui sur des éléments théoriques
pour faire émerger des idées qui, de prime abord, ne pouvaient
être exploitées.
Encore une fois, nous précisons que nous
procédons à une analyse qualitative, seuls les paramètres
les plus significatifs pourront être pris en compte. Le panel
n'étant pas assez important, nous rejeterons la
généralisation de nos résultats.
Nous nous appuyerons également sur le travail
mené dans ce premier chapitre pour répondre à la question
de notre problématique : "en quoi la réforme de l'aide
personnalisée est utile pour les élèves ?".
II) CADRE D'ANALYSE
Comme indiqué dans l'introduction de ce
mémoire, nous allons nous servir des cadres théoriques d'analyse
de James Spillane et de Claude Lessard. Les citations de James Spillane en
français sont issues, pour la plupart, du livre de Claude Lessard.
Les différents ouvrages desquels sont tirées les
multiples références se trouveront en bibliographie, ne seront
ici cités que les auteurs et leurs années de publication.
II. 1) Politiques éducatives et
conséquences sur le métier d'enseignant.
Pour Lessard, le travail enseignant et sa dépossession
sont au coeur du système de compréhension et d'adaptation du
rôle du professeur.
Ces changements demandés constamment aux enseignants
sont-ils bénéfiques et efficaces ? Par quelle voie seront-ils les
mieux acceptés ? Comment les enseignants voient-ils ces modifications
dans la préconisation (pour ne pas dire obligation) de leur travail ?
Les professeurs des écoles se sentent la cible des
politiques qui pour les plus récentes circulaires ou lois, ne les ont
pas consultés. Cela entraîne un sentiment de rejet de ces
prescriptions car n'ayant pas été associés, ils vivent mal
ces injonctions. "Or, on constate que les politiques, dans plusieurs
secteurs institutionnels, si bien pensées soient-elles, «
attérissent » mal sur le terrain des pratiques et qu'elles y
perdent beaucoup de leur sens et par là de leurs effets
recherchés." (Lessard 2008. DOI : 10.3917/cdle.025.0155.
p.3).
Selon Lessard (ibid. p. 14) il existe un sentiment de
"dépossession du métier". Pour lui :
"Les politiques dont les effets apparaissent au total
négatifs ne sont pas le fait des enseignants en exercice. Ils sont le
fruit des instances politiques en rupture avec une vision providentialiste de
l'État, proches des intérêts économiques dominants
qu'elles servent et d'acteurs externes à l'école voulant
accroître leur pouvoir sur l'école".
Il rajoute que "Le récit des réformes,
celui de leur mise en oeuvre et de leurs résultats, est souvent celui
d'espoirs déçus, voire de désillusions profondes, à
tel point qu'un sentiment de scepticisme, voire de cynisme est fort
répandu dans les milieux institutionnels ayant subi des réformes
ou des cascades de réformes. (op. cit. p. 4).
Dès lors, l'Etat doit se montrer prudent. Quelle
légitimité et quel impact auront ces réformes sur les
enseignants ? Se sentant dépossédés de leur travail,
ceux-ci pourraient se tourner vers des formes de résistances passives
alimentées par l'absence de concertation ou par une application de la
loi totalement disproportionnée. Dans l'importante recherche "Change
Over Time", de Hargreaves et Goodson (2006), il est montré
justement que "les enseignants réagissent mal à l'aspect
cumulatif et récurrent des réformes" (op. cit. p.
23).
Lessard insiste sur trois points qui dégradent les
conditions de travail des enseignants. (2009, pp 7-8) :
«L'intensification du travail enseignant»,
«L'élargissement du travail et l'obligation
faite aux enseignants d'étendre leur champ
d'activité»,
«La dépossession du métier
».
Le plus difficile pour les professeurs est d'arriver à
extraire les points de loi permettant d'adapter leur travail et de le rendre
plus efficace. De cette manière, ils s'approprient les changements et
peuvent ainsi travailler de façon plus personnalisée pour leurs
élèves. Pour Lessard (op. cit. p. 4), il existe un
« travail d'interprétation de la politique et de son contenu
par les acteurs, une confrontation entre les états de système
désirés et les contraintes objectives ».
Cependant, « Que savons-nous de l'implantation des
politiques, de son déroulement, des facteurs de réussite comme de
ses obstacles, des problèmes encourus et de leur résolution, des
logiques et des jeux d'acteurs, etc. ?" (Lessard. 2008. p. 3).
L'auteur aborde ici une base de questionnement que nous
allons reprendre dans la rédaction de ce mémoire : quelle
évaluation peut-être faite de l'aide personnalisée ? Quels
domaines pourraient être évalués ? Quels avis enseignants
seraient pertinents à analyser ?
"Mais qu'advient-il de ces politiques et de ces
réformes ? Comment sont-elles reçues par le personnel scolaire,
et au premier chef, par les enseignants ? » (op. cit. p.
2).
En ce qui nous concerne, il n'y a pas d'évaluation
formelle (à notre connaissance) de cette circulaire instaurant l'aide
personnalisée, les enseignants peuvent se demander à juste titre
si elle porte ses fruits, si leur travail pour tendre vers ce qui est
demandé officiellement (les élèves « qui
rencontrent des difficultés d'apprentissage » (cf. BO), est
bien adapté au public réellement pris en charge.
La disparition programmée des RASED, le fait de
maintenir un élève dans un cycle, la fréquence et la
quantité d'heures disponibles pour chaque élève
permettent-ils de remplir ce rôle de départ attribué
à l'aide personnalisée ? Les différentes entrées
dans les apprentissages peuvent-elles contribuer à une réussite ?
Le nombre parfois trop important d'élèves qui devrait
bénéficier de ce dispositif, le rend t-il
déjà « dépassé » ? Le fait de n'avoir que
peu de temps de préparation est-il préjudiciable et en quoi ?
Les enseignants se retrouvent démunis face à ce
dispositif, ce qui peut les conduire à l'adapter de façon parfois
antinomique à ce qui était préconisé au
départ. Il y a une perte de sens de l'objectif initial et une
réappropriation par l'enseignant ou l'équipe pédagogique
entière vers les objectifs qu'ils se fixeraient et non vers les
objectifs voulus par le ministère. Dès lors, quel est
l'intérêt ? Les élèves sont-ils aidés ? Ou
sont-ils des « victimes du système » ?
Lessard (op. cit. p. 23) s'appuie sur des travaux
existants pour décrire des mouvements possibles d'opinion et d'action
des enseignants dans les mesures décidées par le
législateur : « Il y a donc, constatent des historiens
chevronnés (Tyack et Cuban (1994)), des cycles, des vagues, des
montées en puissance du changement, puis des périodes de remise
en question, de ressac, de désintérêt et d'abandon des
idées et des pratiques nouvelles ».
Autant de questions qui seront soulevées lors des
entretiens avec les enseignants dans leur vécu d'agissant et dans la
mise en place adaptée (ou non) de ce dispositif.
La transition entre nos deux auteurs pourrait être
illustrée par cette citation de Lessard (op. cit. p. 10) :
"Il ne suffit pas de changer les enseignants un à un, ou
l'enseignement des matières une à la fois ; ce sont les
établissements en tant qu'unités structurelles qu'il faut faire
évoluer, et cela exige un travail d'encadrement du palier
intermédiaire, et donc sa propre transformation".
II.2) L'appréciation des politiques par les
acteurs de terrain.
Spillane, Reiser et Reimer (2002) ont entrepris de
développer un cadre théorique ("cognitive framework")
à partir de la définition :
"La cognition individuelle [qui] renvoie
à l'interprétation individuelle des acteurs d'une nouvelle
politique, influencée par leurs connaissances antérieures, leurs
croyances, et expériences personnelles". (op. Cit. 2008.
p. 17).
Il est ici question de l'appréciation des politiques
par les personnels enseignants. Cette interprétation se fera en relation
avec leur vécu de personne et de professeur. C'est à partir de
cette idée que Spillane va introduire la notion de « cognition
située ». Pour lui, « Il existe un processus social
ou collectif de « sensemaking » où les acteurs co-construisent
le sens des politiques lors de communications formelles ou informelles ».
Ici, Spillane explique en quoi le contexte va influencer les
méthodes d'enseignement des professeurs. Nous l'avons vu, le contexte de
notre établissement étant identique pour chaque professeur, les
méthodes seront au coeur de notre analyse. Chacun va définir ses
priorités en fonction de ce qu'il pense être juste ou
pertinent.
Spillane (2000, 2002) a trouvé, par exemple, que la
variation dans la mise en oeuvre de normes nationales découle en partie
de « la variation dans la façon dont les dirigeants du district
[ont] d'interpréter et transmettre ensuite ces normes pour le
personnel scolaire, qui les ont ensuite réinterprétées en
fonction de leur propre contexte et des cadres de référence
». Chaque établissement est chargé d'appliquer la
circulaire de l'aide personnalisée en fonction du contexte local et des
apprentissages jugés les plus pertinents à développer.
Cela fait partie des prérogatives des enseignants, les décisions
prises devant être en rapport avec les préconisations et les
ordonnances du ministère représenté par les inspecteurs de
l'éducation nationale et l'inspecteur d'académie
(IEN18 et IA19).
L'intérêt principal de l'approche mise en avant
par Spillane, Reiset et Reimer (2002), est d'insister sur l'incontournable
besoin des acteurs de faire sens des politiques qui leur sont
présentées. Ces réformes doivent se faire unanimement sur
le territoire et de façon claire. Cependant, les auteurs vont mettre en
avant une « Difficulté de concilier le besoin de
spécificité et le besoin de généralité d'une
politique » (Lessard 2008. p 18). En effet, une politique doit
être générale pour ne pas être réduite
à des prescriptions techniques mais doit également être
spécifique pour éviter le « flou artistique ».
Elle doit affecter le système global des pratiques. Cette question va
nous permettre de débattre sur la problématique de l'application
du BO initiant l'aide personnalisée.
Comme vu dans ce mémoire, les acteurs, quand ils sont
consultés adhérent mieux aux différentes lois. Spillane
va dans ce sens et montre comment la compréhension d'une
réforme
18 IEN : Inspecteur de l'Education Nationale
19 IA : Inspecteur d'Académie
par les agents qui la vivent se construit. Pour lui, l'acteur
est le centre du système. (1998, 2000, 2002).
Le niveau intermédiaire évoqué par cet
auteur dans l'acceptation des réformes serait représenté
par le directeur, il continue dans ses préconisations autour du travail
du directeur qui doit amener des techniques pédagogiques pour aider ses
collègues. (1998) « Les leaders seront dès lors à
même de produire une sorte d'« accessibilité cognitive »
de la réforme pour l'ensemble des acteurs concernés, permettant
alors une application plus souple et flexible, mais aussi plus riche de sens et
plus ouverte au développement autonome d'activités pertinentes.
».(Lessard. 2008. p. 19).
D'où l'importance de se demander encore ici si le seul
chef d'établissement est capable de réaliser cela. Est-il leader
d'office de par son statut ? Est-il reconnu pour ses qualités de
retranscription et de mise en application des lois et circulaires ? D'autres
enseignants caractérisé, selon Tochon (1993) d'« experts
», peuvent-ils être mieux à même de piloter ce
dispositif ? De plus, peut-on parler d'expertise dans un processus qui n'est en
vigueur que depuis 2008 ?
Spillane en 2002 nous donne une définition qui met en
lien ses travaux avec ceux de Lessard : « La cognition située
» : les enseignants sont « Influencés par le contexte
spécifique dans lequel ils se trouvent ». « Il existe un
processus social ou collectif de « sensemaking » où les
acteurs co-construisent le sens des politiques lors de communications formelles
ou informelles ». Ici, Spillane explique en quoi le contexte va
influencer les méthodes d'enseignement des professeurs. Nous en revenons
toujours au contexte local qui va jouer un rôle
prépondérant. Pour réussir une implantation, Spillane
(2000) recommande de démarrer l'implantation d'une réforme par le
"sensemaking" des leaders dans les districts et dans les
écoles, pour ensuite étendre correctement la réforme
à l'ensemble des acteurs.
« Le rôle des représentations
[qui] renvoie au rôle des stimuli politiques dans le processus
de faire sens, et principalement au rôle des représentations
extérieures ». (Lessard 2008. p. 18).
Pour aller plus loin dans l'analyse, Spillane (2000, 2002),
nous apprend que les facteurs locaux doivent être pris en compte pour
que le modèle nouveau puisse bel et bien se construire selon un
contexte et un cadre de référence. Les acteurs doivent s'emparer
de ces
facteurs et de ce contexte pour améliorer leur
travail. Les enseignants ont une responsabilité en milieu scolaire et
ils doivent pouvoir repérer et orienter les élèves en
difficulté vers des spécialistes (orthophonistes, instituts
spécialisés).
L'intérêt principal de l'approche mise en avant
par Spillane, Reiset et Reimer (2002) est d'insister sur l'incontournable
besoin des acteurs de faire sens des politiques qui leur sont
présentées. Ces réformes doivent se faire unanimement sur
le territoire et de façon claire. Cependant, les auteurs vont mettre en
avant une « Difficulté de concilier le besoin de
spécificité et le besoin de généralité d'une
politique » (Lessard 2008. p 18). En effet, une politique doit
être générale pour ne pas être réduite
à des prescriptions techniques mais doit également être
spécifique pour éviter le « flou artistique ».
Elle doit affecter le système global des pratiques. Cette question va
nous permettre de débattre sur la problématique de l'application
du BO initiant l'aide personnalisée.
Le travail en coopération entre enseignants nous
paraît ici intéressant de façon à confronter
plusieurs points de vue afin d'arriver à un but commun : implanter de
façon pérenne le dispositif de l'aide personnalisée dans
l'établissement.
En 2004, Spillane nous parlait déjà de
"distributed leadership" (leadership partagé), qui permet un effet
positif pour les équipes enseignantes.
Cependant, un leader, qu'il soit directeur ou non, permet,
selon lui une amélioration du sens du dispositif : « Les
leaders seront dès lors à même de produire une sorte
d'« accessibilité cognitive » de la réforme pour
l'ensemble des acteurs concernés, permettant alors une application plus
souple et flexible, mais aussi plus riche de sens et plus ouverte au
développement autonome d'activités pertinentes. ».
(Lessard. 2008. p. 19).
Spillane (2000, 2002) dans cet ouvrage nous explique la mise
en oeuvre des normes nationales adaptées au contexte local. Les acteurs
vont s'emparer de ce qu'ils jugent pertinent pour ensuite
réinterpréter la loi en lien avec les difficultés qui
peuvent être rencontrées dans leur établissement. "has
found, for example, that variation in the implementation of state standards
derives in part from variation in the way that district leaders interpret and
then convey those standards to school personnel, who then reinterpret them
based on their own context and frames of reference".
(Jennifer A O'Day. (2006). Complexity, accountability, and
school improvement. p. 6). Spillane (2004) nous fait aussi part des changements
internes à la suite de changements externes (une école face au
ministère en l'occurrence).
En France, les deux matières de base que sont le
français et les mathématiques occupent une place
prépondérante dans les apprentissages (cf le socle commun sur
le site du ministère). Il est juste de se demander si les
équipes enseignantes prennent la décision de n'améliorer
"que" les compétences des élèves en français et en
mathématiques, et cela quelque soit le niveau de classe, ou s'ils font
progresser les enfants sur d'autres aspects. Nous pouvons aussi nous
questionner sur le fait qu'une amélioration du "métier
d'élève" (Perrenoud 1994) puisse amener une progression dans
d'autres composantes d'enseignement.
Pour aller plus loin dans l'analyse, Spillane (2000, 2002)
nous apprend que les facteurs locaux doivent être pris en compte pour que
le modèle nouveau puisse bel et bien se construire selon un contexte et
un cadre de référence. Les acteurs doivent s'emparer de ces
facteurs et de ce contexte pour améliorer leur travail. Les enseignants
ont une responsabilité en milieu scolaire et ils doivent pouvoir
repérer et orienter les élèves en difficulté vers
des spécialistes comme par exemple le RASED, qui, même s'il est
amené à disparaître, est bel et bien encore existant lors
de la rédaction de ce mémoire.
II.3) Un échec annoncé ?
Jean Houssaye affirme que "L'innovation
pédagogique, à l'échelle de l'institution, est un
échec ; elle ne produit pas d'effets positifs pour une raison majeure :
elle n'est pas mise en oeuvre et l'immobilisme des acteurs est patent. Et
pourtant le coeur de l'école est touché, tant par rapport aux
savoirs que par rapport aux comportements" (page 13).
L'évocation de cette citation nous interpelle sur
plusieurs points. Tout d'abord, le fait que pour Houssaye l'échec de
l'innovation pédagogique soit à l'échelle de
l'institution. Cela voudrait donc dire que le BO sur l'aide
personnalisée, en étant mené de cette manière
serait un échec de plus. Cependant, l'auteur laisse entrevoir le fait
qu'un travail et une innovation à l'échelle réduite de
l'école peuvent réussir si, et seulement si, les enseignants
adhérent au projet en se sentant concernés, cela permettant de
mener à bien des projets novateurs.
L'autre cause d'échec serait selon lui, l'immobilisme
enseignant. Ceci sera débattu lors du chapitre IV.
Gallucci (2002) quant à elle, suggère qu'un
avis neuf d'enseignant novice permettrait un apport nouveau. Cette affirmation
est à nuancer, étant donné que dans le cadre de notre
étude, tous les professeurs sont passés par le même point
en même temps : installer une réforme nouvelle dans leur
établissement sans avoir été formés à cet
effet. Il sera intéressant de se pencher sur la difficulté
éventuelle de l'implantation de cette nouvelle politique (Lessard
2008).
Leithwood et al. (1999) ont construit un cadre
d'analyse suggérant que la variation du succès est fonction de
trois ensembles de facteurs : La volonté / motivation des acteurs, la
capacité (individuelle et collective) de ces acteurs et la situation
(contexte / infrastructure). (Lessard Claude et al. 2008. p. 8).
Ceci est d'autant plus important que les enfants, dans notre
système scolaire actuel sont en difficulté au niveau des savoirs
(cf évaluations des CE1, site du ministère), mais aussi
du point de vue comportemental (Leonova Tamara, Lise Lagacé...)
ou méthodologique (discours enseignants).
Spillane rejoint ce point de vue en stipulant que le
directeur d'école doit être le moteur de ce changement pour
l'expliquer aux autres enseignants. En France, cependant, comme nous l'avons
vu, le directeur n'est pas un responsable hiérarchique, et il donnera
son avis ou des idées, dont un ou plusieurs autres enseignants
s'empareront pour construire un travail novateur. Il sera bon de savoir si le
responsable de l'établissement est capable ou non d'animer ce dispositif
et dans quelle mesure il pèse sur le travail de ses collègues.
Spillane avec Thompson (1997) est arrivé à
démontrer que les moyens seuls ne suffisaient pas à mettre en
oeuvre ces dispositifs nouveaux. Il est dès lors pertinent de voir dans
quelles conditions peuvent être capitalisés tous les savoirs des
enseignants sur des dispositifs relatifs à des nouvelles pratiques. En
sont-ils capables ? En ont-ils simplement l'envie ?
Ces questions sont capitales si l'on cherche à
analyser et évaluer une circulaire ou une loi. Des indicateurs objectifs
sont à définir afin que l'analyse des résultats et leur
discussion fassent date dans le développement de ces pratiques.
Nous pouvons conclure cette partie par un petit rappel du
travail de ces auteurs :
Spillane : est plus centré sur le leadership et le
rôle du directeur, du leader. Il a montré que le directeur avait
un impact sur le travail des enseignants. Il doit être présent
pour animer et coordonner le système selon les caractéristiques
locales. Nous l'avons choisi ici parce qu'au fil de ses ouvrages, nous pouvons
remarquer des nuances dans son discours : le leader n'est pas obligatoirement
le directeur. Cela est adapté au modèle français où
le directeur n'est pas un supérieur hiérarchique et a donc des
prérogatives « limitées ».
Lessard : est plus centré sur le métier
d'enseignant et son évolution. Pour lui, la dépossession du
métier, les changements de préconisations du ministère,
les demandes des législateurs, le manque d'information, sont au coeur de
nombreux dysfonctionnements du système éducatif français.
Comme nous pouvons le souligner : sans évaluation, pas de
progrès, pas de réajustements.
CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE
EMPLOYÉE.
III.1) Démarche de recherche
Pour mener à bien notre travail de recherche, nous
allons nous appuyer sur des entretiens semi-dirigés. L'objectif
étant pour nous d'analyser des discours d'enseignants d'une même
école, donc un nombre réduit. Cet aspect volontaire va nous
amener à un traitement qualitatif des données. Celles-ci sont
rentrées directement dans un ordinateur sans aucune modification de la
part du chercheur. Il les triera ensuite pour obtenir un corpus qu'il classera
et qu'il pourra exploiter pour confronter celui-ci aux concepts
théoriques.
Pour débuter, nous allons présenter le panel
enseignant, ainsi que les grands traits des écoles puis les
différentes méthodes utilisées.
III.1) 1. Présentation du panel
III.1) 1.1. Les enseignants de l'école
cible
Onze enseignants volontaires dans une école
élémentaire de la classe de CP au CM2 composeront ce panel (2
classes par niveau). Il est précisé que le directeur, qui
effectue un mi-temps en face à face pédagogique, ne verra son
avis intégré dans l'étude qu'en sa seule qualité
d'enseignant, et que sa remplaçante parlera des moments où elle
interagit avec les élèves (c'est-à-dire durant la
décharge administrative du directeur).
Les enseignants connaissent en majorité le chercheur et
ils n'ont aucun à priori négatif ni sur lui ni sur son objet
d'étude, ce qui s'avère intéressant au moment de poser des
questions personnelles ou engagées. Les sujets savent qu'ils peuvent
parler en toute confiance. L'entretien est anonyme, seul le chercheur
connaîtra les réponses des professeurs.
III.1) 1. 2. L'établissement cible
L'établissement n'est ni en ZEP, ni en ZUS. Il
accueille majoritairement des élèves d'origine caucasienne.
Quelques familles de gens du voyage sont également inscrites à
l'école. Ils sont parfaitement intégrés.
L'établissement compte 10 classes, pour 250
élèves. La disparité du nombre d'enfants par classe est
assez forte (de 21 à 30 par exemple). 6 classes sont au rez de
chaussée et 4 au premier étage. Nous avons également
choisi cette école car il y a un certain nombre d'enfants en
difficultés scolaires, plus ou moins lourdes, cela nous permettra
d'étudier au mieux notre circulaire.
L'école compte également une BCD (rez de
chaussée) et une salle d'informatique (l'accès à
l'étage peut se faire de deux côtés). La cour de
récréation est assez grande, les cours d'EPS peuvent y avoir
lieu. Une salle d'arts plastiques est également disponible pour les
enseignants et le CLAE. Celui-ci fonctionne dès que le temps scolaire se
termine. Le lien entre le CLAE et les enseignants pourrait être meilleur
au niveau pédagogique. Il fonctionne matin, midi et soir.
L'établissement ne comporte que des enseignants
expérimentés (10 ans d'activité au moins), ce qui est
dû au fait que nous sommes près de Toulouse et que le nombre de
points pour s'y rapprocher doit être élevé. La
majorité des enseignants sont donc présents depuis plusieurs
années.
Une salle des maîtres, proche du bureau du directeur et
de la BCD (dans "l'entre-étage") est accessible à tous les
enseignants. Les élèves n'y vont pas, à moins d'avoir
reçu une consigne de la part de leur professeur. La cantine est
accessible quand le personnel technique est présent.
Le choix de l'établissement s'est donc
réalisé selon quelques critères :
· La facilité d'accès à chaque lieu de
travail,
· La stabilité de l'équipe enseignante,
· L'ancienneté des enseignants (ils
étaient déjà tous là lors de la mise en application
de la circulaire en 2008 et ont donc vu l'évolution dans le contexte
école),
· La neutralité de l'école par rapport
à la difficulté sociale des élèves,
· Le fait qu'il y ait des élèves en grande ou
trop grande difficulté, va nous permettre d'étudier au mieux le
dispositif de l'aide personnalisée.
III.1) 1. 3. Les établissements du point de vue
directionnel
Le premier, nous venons de le décrire, en ce qui
concerne les deux autres, nous préciserons que :
Dans l'établissement maternel, il y a 7 classes pour
210 élèves (!). Les conditions de travail y sont difficiles et
même si l'établissement est situé en zone prioritaire, il
accueille essentiellement des enfants d'un quartier dit "favorisé". Les
locaux sont exigus, l'école est ancienne et les parois fines. Les ATSEMS
ne sont pas toutes à la hauteur des demandes enseignantes malgré
leur connaissance des enfants. La directrice est âgée de 42 ans et
elle a 19 ans d'ancienneté en tant qu'enseignante et 10 ans en tant que
directrice d'école. Elle est passée par l'IUFM et aime coordonner
le dispositif de l'aide personnalisée, cependant, elle voit tellement le
métier se dégrader qu'elle souhaiterait une décharge
complète par lassitude de la maternelle.
Dans l'établissement mixte, il y a une directrice (F.)
qui malgré ses 13 ans d'expérience, et ses 39 ans, vient
d'être nommée il y a deux ans. Son école compte 226 enfants
dont 11 en maternelle. Elle s'occupe quand elle n'est pas
déchargée, des toutes petites sections / petites sections (2/3
ans ). Il y a 4 classes en maternelle et 5 en élémentaire
(comparons le rapport entre le nombre d'enseignants et le nombre d'enfants...).
Elle a été formée deux ans à l'IUFM et son
école se situe dans une petite ville très calme. Elle n'a pas de
problème quant au dispositif de l'aide personnalisée car tous les
enseignants sont très motivés. Petite anecdote "nous avons un
tas de documents officiels qui arrivent, il est dur de s'y plonger, regarde,
par exemple celui là qui traite de .... ah ben de l'aide
personnalisée !"
III.1) 2. Choix de l'entretien semi-dirigé.
Le chercheur mène la conversation, mais l'enseignant
peut choisir de parler de points qui lui tiennent à coeur, de se diriger
vers une autre problématique, d'évoquer des champs d'action qui
« ne semblent » pas avoir un lien direct avec l'objet d'étude.
Nous ne devons pas l'interrompre car le sujet de discussion est
intéressant pour une des deux parties. (Il est possible d'apprendre
beaucoup d'une personne en la laissant s'exprimer librement sur un sujet de
manière anecdotique, grâce aux techniques de la psychologie, de la
psychiatrie ou de la psychanalyse).
Pour Labov et Fanshel : « l'interviewer prévoit
quelques questions à poser en guise de point de repère ».
( De Ketele, J.-M. & Roegiers, X. (1996, 4e édition 2009).
De Ketele nous donne une méthode à suivre pour
mener ces entretiens :
Une rédaction des questions par thème avec un
pré-test pour améliorer le questionnaire avec une
rédaction d'une introduction et d'une conclusion sont
prônées.
Pour Leplat, il est « nécessaire de faire des
choix en fonction de la nature de l'étude, de ses objectifs, du type de
travail, des moyens disponibles ».
Il est nécessaire qu'en ayant opté pour un
entretien semi-directif, nous devions «
Toujours garder en tête que la grille d'entretien doit
être utilisée de manière souple. Elle peut être
adaptée au besoin, selon les questions auxquelles on cherche à
répondre, le type d'informateur, etc. » (dans De Ketele op.
cit.).
Pour Labov et Fanshel "l'interview est un speech-event dans
lequel une personne A extrait une information d'une personne B." (Kakai
2008).
Pour faire le lien avec le point suivant, nous emprunterons
à De Ketele la phrase : "Observer est un processus incluant
l'attention volontaire et l'intelligence, orienté par un objectif
terminal ou organisateur et dirigé sur un objet pour en recueillir des
informations».
III.1) 3. Méthode d'observation
afférente
L'observation permet de recueillir des informations sur les
comportements non-verbaux des sujets, en effet, des gestes, des moments de
silence, de recherche d'arguments, des souffles de désabusement, sont
autant d'indices que le chercheur doit prendre en compte :
«Observer est un processus incluant l'attention
volontaire et l'intelligence, orienté par un objectif terminal ou
organisateur et dirigé sur un objet pour en recueillir des
informations» (De Ketele ibid.).
Nous allons emprunter à cet auteur quelques
éléments types qui seront utilisés et visibles dans le
cadre de l'étude que nous menons :
· Réponses spontanées,
· Réponses plus riches et nuancées,
· Réponses plus personnelles que lors d'un
questionnaire,
· Possibilité d'explorer le ressenti, les
sentiments, les impressions, les opinions, les attitudes,
· L'enquête peut porter sur des sujets plus
délicats et personnels.
Il est impératif, afin de sélectionner des
informations les plus justes possible de faire des choix, en fonction de
l'étude menée et de ses objectifs. Leplat établit le lien
entre cette méthodologie en associant le type de travail,
c'est-à-dire la méthode choisie, et les moyens disponibles (temps
de recherche, disponibilité des sujets, récupération de
questionnaires, etc.) (2000). La qualité des informations
dépendra de la qualité du recueil de celles-ci.
Pour conclure, nous pouvons dire que le chercheur doit
être attentif à tous les détails de préparation et
d'exécution de la tâche :
· Écouter attentivement, avoir une attitude
empathique,
· Paraphraser,
· Résumer le contenu en changeant de chapitre ou de
thème de questions,
· Laisser l'enseignant parler de choses qui lui tiennent
à coeur.
Les items n'en seront que mieux sélectionnés afin
d'être mis en corrélation pour répondre, ou non, à
la problématique.
III.2) Présentation des questions choisies
III.2) 1. Les caractéristiques enseignantes
Le chercheur va lancer la conversation avec des questions
brèves qui lui donneront un premier aperçu des quelques
caractéristiques du maître.
Ces questions rapides vont lui permettre de glaner des
informations qu'il pourra exploiter immédiatement dans la conversation
et ainsi orienter la discussion avec ces premiers éléments. De
plus, cela pourra influencer des questions de relance, le fait de leur faire
expliciter ces informations permettant une mise en confiance entre les deux
parties.
Les premières questions vont nous servir à
situer les professeurs par rapport à leur parcours professionnel et
familial. Outre le fait qu'elles nous permettent d'établir un
échantillonnage de la population, elles vont nous aider à
déterminer l'ancienneté du groupe et à obtenir des
éléments d'analyse pour les questions futures.
En effet, selon leur "usure" (terme d'un des
enseignants), ils auront une implication différente dans l'application
de la circulaire (répétition et empilement de lois,
"inutilité", etc.).
Les diplômes obtenus sont un indicateur du parcours
personnel du professeur.
Le système de formation dont ils ont
bénéficié nous renseigne sur les contenus avec lesquels
ils ont été formés (pour voir l'évolution des IUFM,
se reporter aux liens internet en annexe).
Pour finir cette partie, une description des horaires
scolaires sera demandée. Non seulement ceux du temps en groupe classe,
mais aussi ceux des créneaux réservés pour l'aide
personnalisée. En effet, les horaires, et les jours de travail
définis par le BO sont modifiables sur dérogation de l'IEN pour
un établissement donné.
Tous les enseignants respectent les mêmes horaires,
mais cette question leur permettra de donner leur avis sur la pertinence des
choix adoptés en concertation en début d'année. En effet,
le BO précise deux points importants :
· "Sur proposition du conseil d'école
transmis par l'IEN et après avis de la commune, l'inspecteur
d'académie-DSDEN peut modifier la répartition des 24 heures
d'enseignement obligatoire dans la semaine, en les répartissant sur neuf
demijournées du lundi au vendredi »,
· "Aménagement de la journée scolaire :
L'inspecteur d'académie-DSDEN fixe les heures d'entrée et de
sortie des écoles dans le cadre du règlement type
départemental prévu à l'article R. 411-5 du code de
l'éducation. En application de l'article L. 521-3 du code de
l'éducation, le maire peut modifier les heures d'entrée et de
sortie en raison de circonstances locales ».
III.2) 2. L'organisation de l'enseignant dans ce
dispositif
La disposition choisie pendant l'aide personnalisée
par l'enseignant dans sa classe (ou dans un autre lieu comme la salle
informatique par exemple), est en corrélation avec l'adhésion de
l'enseignant. De plus, elle est à mettre en rapport avec le projet de
l'école ( quand il en existe un).
Ces questions d'organisation nous renseignent sur la
manière dont l'enseignant applique le BO ce qui a une influence sur les
acquis des élèves.
Nous allons étudier les paramètres sur lesquels
l'enseignant peut agir : il est ici question de savoir comment les
élèves entrent dans le processus (selon leurs types de
difficultés, selon les compétences qui leur manquent, selon
l'aide dont ils ont besoin...).
· Le nombre donne une indication sur la possibilité
d'individualisation réelle : l'enseignant n'agira pas de la même
façon avec 2 ou 6 élèves.
· Le temps passé dans le processus va nous
permettre de créer des liens entre le projet de l'école, les
difficultés des élèves, et le temps que l'enseignant juge
nécessaire pour les résoudre. Nous pouvons apparenter cela
à une description de leurs choix pédagogiques (L'enfant participe
t-il aux deux matières visées que sont le français et les
mathématiques ou seulement à une seule ? Et pour quelle raison ?
etc.)
· La façon dont les élèves
entrent dans le dispositif : ils peuvent être sélectionnés
seulement par un manque de résultats, mais aussi suite à une
perte de confiance ou un décrochage dû à des
problèmes extra scolaires. Ces quelques exemples donnés le seront
en cas de relance, mais les enseignants donneront leur avis d'eux mêmes
sans difficulté.
· Le fait de savoir si plusieurs professeurs travaillent
ensemble va être un autre indicateur sur la façon dont les
enseignants organisent l'aide dans leur école et entre eux afin d'en
faire profiter les élèves.
· Les autres problèmes d'organisation sont en lien
avec les horaires scolaires, les réticences des parents, les
problèmes de salles, le ménage du personnel technique...
III.2) 3. L'adhésion des enseignants
Les questions sont hétéroclites avec des
réponses libres. Celles présentées dans le questionnaire
le sont à titre indicatif pour remémorer au chercheur les points
pouvant être importants.
La citation du BO "À compter de la rentrée
2008, le temps scolaire des élèves de l'école primaire est
organisé comme suit : 24 heures d'enseignement par semaine pour tous les
élèves, ceux qui rencontrent des difficultés
d'apprentissage pouvant bénéficier, en outre, de deux heures
d'aide personnalisée", va permettre d'avoir un avis enseignant sur
un point précis et objectif du texte de loi. Le chercheur n'invente pas,
il cite. L'enseignant n'a pas à inventer une réponse, il donne
son opinion librement. Il peut faire passer un message idéologique, mais
la question étant basée sur cette citation objective, le
chercheur devra coder ces réponses objectivement !
Dans ce domaine, portant sur l'adhésion et la
participation à l'aide personnalisée, il est posé des
questions étant mises en relation les réponses
précédentes. Les enseignants auront peutêtre
déjà abordé cette "réponse" au préalable.
Nous voulons vérifier ici si le maître est "hostile" ou pas
à la nouvelle réforme. Il a une obligation d'application due
à son statut de fonctionnaire, mais dépasse t-il cette obligation
? Se surpasse t-il ? La pertinence de la question va nous aider à savoir
si cet enseignant est "engagé" dans la réforme ou s'il ne fait
juste que la "subir".
Le travail en petit groupe : les professeurs ont toujours
été demandeurs d'une réduction du nombre
d'élèves en classe et de groupes de travail en
décloisonnement par exemple. Ici nous allons voir comment ils
maîtrisent réellement la technique qui est la base de l'aide
personnalisée. Pour cela, nous les questionnerons sur les
activités qu'ils mènent lors de ce moment
privilégié. Font-ils plus de jeux ? Plus d'exercices ?
L'agencement de la classe est-il identique ? Autant de questions qui nous
apporteront des informations sur le contenu de l'enseignement durant l'aide
personnalisée.
La dernière question du "champ adhésion" est,
elle, particulièrement et totalement subjective. Les professeurs sont
invités en tout anonymat, à poser un regard sur les pratiques de
leurs collègues. Ceci renforcera le chercheur dans son
appréciation globale sur l'envie qu'ont les enseignants de s'approprier
cette circulaire.
III.2) 4. Evaluer le dispositif de l'aide
personnalisée. Ce que pensent les enseignants.
Nous allons ici poser des questions au professeur sur
l'évaluation qu'il fait du dispositif. Les réponses deviennent
plus libres, le chercheur, empathique, invite à développer les
réponses. Pour débuter : le comportement face au travail. C'est
une des missions parallèles au dispositif. Le comportement des
élèves est-il différent en aide personnalisée ?
Est-il transposable en classe ? L'élève est-il plus volontaire ?
Moins timide ? Plus concentré ? A t-il une meilleure
compréhension des consignes ? N'y a t-il aucune amélioration ?
Les enseignants auront une grande latitude pour s'exprimer sur
le sujet.
Ensuite : nous ciblons la question sur le français et
les mathématiques, matières du socle scolaire qui sont
respectées dans l'établissement "témoin". La question est
articulée avec la précédente, mais ici plus en relation
avec les "résultats" scolaires.
Le BO nous dit : "Cette expérimentation, qui sera
ciblée sur les aides personnalisées en français et en
mathématiques, fera l'objet, comme les autres dispositifs, d'une
évaluation au terme de l'année 2008-2009 dans les
départements où elle aura été pratiquée
».
Nous chercherons donc à savoir si une évaluation
est réellement possible par des enseignants lambda à qui incombe
logiquement cette tâche.
Dans la continuité, une définition de Perrenoud
sur le métier d'élève sera proposée à chaque
enseignant, suivie d'une reformulation du chercheur. Cette question est
posée dans un cadre théorique par un chercheur reconnu et
largement publié et qui a énoncé cette citation
après avoir étudié le métier d'élève
dans sa globalité.
Qu'en pensent les enseignants au regard du groupe qu'ils ont
devant eux pendant l'aide personnalisée ? Arrivent-ils à
améliorer le comportement de l'élève ?
Nous nous retrouvons par choix, dans une thématique
proche de la question sur le comportement face au travail. Nous cherchons ici
à savoir si l'élève comprend qui il doit être et ce
qu'il doit faire.
Comment voyez vous votre rôle ? Nous posons une
question de ressenti, mais aussi d'évaluation de son activité.
L'enseignant doit faire ici acte d'introspection sur sa pratique et son action
en rapport avec ses compétences. Il va devoir se définir : est-il
un acteur à part entière ? Un pion que bouge le ministère
? Un innovateur et un initiateur de propositions ?
La dernière question qui sera posée est une
évaluation générale, permettant de répondre
à la problématique de ce mémoire "l'aide
personnalisée est-elle efficace auprès des élèves
?". Ici tous les points que souhaite aborder l'enseignant seront
traités. Par ses réponses, il aura déjà
défini en toute logique l'efficacité ou non du dispositif. Il
répétera peut être ce qu'il a déjà dit, mais
cette dernière question est prévue pour que le sujet puisse
préciser certains points de son discours et de sa pensée.
Une rubrique "débat" permettra à l'enseignant de
développer une idée, de donner son avis de façon plus
personnelle, plus militante peut être ?
La revue de ces idées sera intéressante pour le
mémoire de seconde année de Master.
III.2) 5. Un point sur les questions
Nous avons pu voir que notre entretien semi-dirigé
suivait une certaine trame, qu'il y avait des questions de relance et des
questions que nous qualifierons de libres et d'approfondissement.
Une grande latitude a été laissée
à l'enseignant, les réponses possibles sont donc données
à titre indicatif pouvant ainsi être proposées à
l'enseignant quand celui-ci ne sait pas quoi répondre ou qu'il
hésite et "ne trouve pas ses mots".
Ces questions doivent être posées de
façon la plus précise possible, il est entendu que le chercheur
ne va pas interrompre l'enseignant durant son discours. Il pourra par contre
l'aider à reformuler ou à développer une idée.
Ces réponses permettent aussi au chercheur d'encoder avec
plus de facilité le questionnaire. L'empathie envers son interlocuteur
est indispensable afin de garder un certain intérêt dans la
conversation avec le sujet.
III.3) Traitement des données.
Le traitement des données ne se fera pas avec des
logiciels comme ALCESTE par exemple. Ici, les données seront
notées, intégralement par le chercheur sur un ordinateur
portable, comme dit par ailleurs.
Pour chaque item, des éléments des discours
enseignants seront confrontés. Ainsi, une tendance émergera dans
chaque question :
· Soit les enseignants sont tous d'accord (le contexte de
l'école, le fait que tous sont obligés de suivre la
réforme...),
· Soit il y a des discours différents (les bienfaits
de l'aide personnalisée, l'adhésion au dispositif...),
· Soit les discours se recoupent au niveau de certaines
questions (le but des enseignants durant l'aide avec une remise en confiance
des élèves...).
Les données, souvent écrites au cours de la
discussion, seront classées selon les items du questionnaire qui sera
joint au mémoire. Les éléments seront recoupés par
la suite pour obtenir un "discours enseignant" autour des questions
clés. Des tendances de réponses seront ainsi obtenues (exemple :
6 enseignants sur 11 veulent "plus de moyens").
Le fait de poser des questions proches ou redondantes (mais
formulées autrement), va également permettre de recouper des
informations et d'arriver à obtenir des réponses multiples (4
enseignants adhérent totalement, 3 moyennement, mais 4 ne se sentent pas
concernés).
Les données seront ici qualitatives et non
quantitatives. Nous privilégierons la qualité du discours avec
des éléments très précis plutôt que de
regrouper vaguement les réponses permettant de les encoder. Même
si cette façon de traiter les informations est plus délicate et
demande d'autres compétences que celle du traitement des questionnaires,
elle permet de retracer ou d'extraire des informations qui seraient
passées outre lors d'un simple questionnaire. Le fait d'avoir le sujet
face au chercheur permet également à celui-ci de rebondir sur des
propos qui peuvent paraître insignifiants au départ, mais qui sont
en réalité importants si l'on cherche à les approfondir.
Le chercheur voit si le sujet cherche à émettre une idée
qui n'est pas "dans le questionnaire" et il va l'encourager à
poursuivre.
Toutes ces informations ont été
regroupées dans une rubrique débat, de laquelle ont
été extraites des idées, des pistes de réflexion
sur ce qui pourrait être intéressant pour un objet de recherche de
Master II.
CHAPITRE IV : ANALYSE DES DONNEES DES DISCOURS
ENSEIGNANTS
IV.1) 1. Données communes
Ils ou elles ont 44 ans de moyenne d'âge
(écart-type : 6,79) et 18 ans d'ancienneté en moyenne
(écart type : 7,47).
Il y a deux classes pour chaque niveau dans l'école (2
CP, 2 CE1, etc.).
Même si le niveau d'étude est majoritairement
à bac +3, il est disparate, on note quelques enseignants à bac +4
ou 5. En ce qui concerne la formation, l'IUFM, au vu de l'âge des
enseignants, est majoritaire du point de vue de la formation (73 %).
Il n'y a pas eu de projet commun dans l'école, chaque
enseignant nous l'a dit. Les horaires du soir étant
plébiscités pour mettre en place la circulaire en question (vote
en conseil des maîtres). Même si un tiers des enseignants a
signalé que cela ne convenait pas aux enfants, les deux heures de
soutien se font de 16 heures à 17 heures les lundis et jeudis, ces
heures remplaçant les heures de cours habituelles (9h - 12h / 14h -
17h).
Les matières choisies dans l'établissement sont
celles demandées par le BO (Français et Mathématiques),
les enseignants ont très généralement 4 à 5
élèves par séance. Ceci est à nuancer car cela
dépend du niveau de classe ou du style de l'enseignant (parfois 2 ou 3
élèves seulement).
Dans cette école, les périodes d'interaction
durent de "vacances à vacances" ; pour la majorité des
enseignants, cela est insuffisant et les élèves "doivent" revenir
sur certaines périodes. (M.S. : "on a toujours les mêmes
enfants qui ont les mêmes problèmes").
La présence de l'élève dans le dispositif
de l'aide personnalisée, est due à plusieurs facteurs :
· Le manque de confiance (en lui, en classe, timide,
timoré, ne prenant pas la parole),
· Les élèves éprouvant une
difficulté passagère (sur une compétence vue en classe ou
sur une notion précise),
· Les élèves pour lesquels les enseignants
doivent avoir des arguments pour leur maintien en niveau de classe
("redoublement"), ceux-ci doivent avoir été pris en aide au cours
de l'année sinon le directeur doit refuser le maintien,
· Les élèves en difficulté
"légère ou moyenne" (évaluable ou non par les
professeurs). Les deux principales causes de maintien dans l'effectif sont les
deux derniers facteurs.
Les enseignants maîtrisant tous le travail en petit
groupe quand ils n'ont que quelques élèves, ils vont, par des
moyens ludiques (repérés dans chaque discours) essayer
d'atteindre les objectifs qu'ils se sont fixés. Jeux de l'oie, jeux de
cartes, informatique, concours de calculs... ont la part belle dans le moment
de travail avec les élèves. Sans s'éloigner des notions
que les adultes veulent faire acquérir aux enfants, le jeu leur permet
de détourner les apprentissages classiques qui peuvent bloquer les
élèves.
Dans cette école, les enseignants, par manque de temps
de préparation (un nombre d'heures réduite par rapport à
la réforme de 2008, de 10 heures à 6 heures), ont choisi de ne
prendre que les élèves de "leur" classe.
Cependant, pour les classes de CP, les deux enseignantes
doivent inculquer le "travail d'élève" (Perrenoud), elles
travaillent donc en même temps les notions du programme pour pouvoir
aider leurs élèves. Contrairement à leurs
collègues, elles prennent les élèves des 2 classes selon
les objectifs à atteindre. Apprendre avec une autre maîtresse est
jugé préférable par ces enseignantes. Pour les autres
professeurs, chacun garde "ses" élèves en donnant comme
principal argument le fait qu'il sait quels sont ceux en
difficulté et quels sont ceux qui doivent être suivis au niveau
des critères d'entrée dans le dispositif.
A noter que des gênes dues à l'emplacement des
classes sont récurrentes pour certains enseignants et enfants (bruit
dans la cour attenante au mur vitré de la classe, voir ses camarades
jouer, etc.). Le personnel technique venant pour le nettoyage a
été également mentionné.
IV. 2) 2. L'adhésion des enseignants :
Il est clair que les enseignants (ils l'ont fait remarquer),
de par leur statut de fonctionnaire, doivent respecter les directives du
ministère. Ils ont tous appliqué le dispositif de l'aide
personnalisée par obligation. Malgré tout, la moitié
d'entre eux a pu croire en un dispositif novateur ou continue de croire en une
efficacité possible, même si elle est limitée.
Entre eux, ils parlent de temps en temps de ce dispositif,
face au chercheur seuls 3 enseignants (sur 11) pensent que les collègues
s'y investissent, alors que dans les conversations, cet avis ne semble pas
transparaître.
Nous ne pouvons occulter les nombreuses remarques
argumentées (nous ne sommes pas là pour émettre des
jugements), de la part des professeurs qui décrient le fait d'avoir
enlevé 2 heures à tous les élèves alors que les
programmes se sont alourdis (art plastique, EPS, histoire de l'art...). Ils
n'ont, selon leurs dires, pas le temps de boucler leur programme. Cela est ici
évoqué car représentant un frein pour l'adhésion
des enseignants.
Chacun, dans sa classe, essaie de trouver des moyens de
"récupérer" ces deux heures (enlever la piscine en CP, proposer
des fiches à trous aux élèves en polycopié au lieu
de leur faire écrire toutes les phrases, continuer à suivre
à la lettre les durées d'enseignement, etc.)
Les niveaux de classe concernés déplorent la
disparition des RASED alors que les autres niveaux déplorent le fait de
n'y être déjà plus associés.
(L. : "C'est une absurdité d'enlever les RASED, les
enseignants n'étaient déjà pas très nombreux pour
les élèves en grande difficulté").
Pour résumer, les enseignants sont contre ces deux
heures en moins pour le groupe classe, même en essayant d'y
remédier. Ils nous confient que les élèves avec du
potentiel ne sont pas
touchés, tandis que les élèves en trop
grande difficulté ne le sont pas non plus car l'aide dont ils ont besoin
relève de la compétence d'enseignants spécialisés.
Seuls les élèves "moyens" y gagneraient.
Ils sont tous d'accord sur le fait que les
élèves en difficulté légère
bénéficient d'effets positifs, mais une partie seulement des
enseignants adhère au BO car "il ne résout pas les
problèmes pathologiques" et qu'il "fait disparaître deux
heures de cours en groupe classe".
IV. 2) 3. L'évaluation du dispositif :
A l'unanimité des enseignants pouvant
l'évaluer, (Nous ne prendrons pas en compte l'avis des deux
maîtresses de CP car la maturation peut être due à d'autres
facteurs), il y a une amélioration "globale" du comportement face au
travail, soit de tous, soit de l'ensemble du groupe pris en aide
personnalisée.
Quand on analyse les matières étudiées,
on peut remarquer que les résultats sont plus nuancés et que les
avis sont divisés entre un apprentissage plus ou moins prégnant
et une stagnation. Il est ici difficile pour les enseignants de donner un avis
précis, ils ont plutôt un ressenti, ils n'évaluent pas les
performances des élèves durant le dispositif de l'aide
personnalisée (ce n'est pas le but demandé). Ils ont un retour
difficilement observable de leur action pendant l'aide sur le travail
demandé en classe.
Par rapport à l'amélioration du métier
d'élève, celui-ci est mis en activité par l'enseignant.
Plus ou moins volontairement, par les dispositifs mis en place par leur
professeur, les enfants vont être amenés à avoir plus
d'interactions avec leurs camarades (parfois transposable en classe, but
recherché et qui est dans l'ensemble atteint). Avec le maître
l'enfant a une vision différente de celui-ci, il se l'approprie, cet
aspect est également apprécié et recherché par les
enseignants qui voient en cela une forme de motivation (pour eux notamment
!).
Leur vision du dispositif le confirme : ils sont là
pour aider à apprendre et agir sur la confiance. Ces deux
critères sont cumulés avec des apprentissages ludiques, qui sont
détournés pour arriver à assimiler des savoirs
scolaires.
Sur l'efficacité de l'aide, les avis sont plus que
partagés ! Nous pouvons faire ressortir le fait que globalement,
l'efficacité peut être obtenue grâce à un maintien
dans le dispositif. Le
problème relevé est que ces élèves
là, sont en permanence à l'aide, et ceci parfois depuis des
années pour certains. Il y a t-il donc une utilité ?
Pour les élèves en grande difficulté,
l'aide personnalisée n'amène aucune progression, et les
enseignants décident de ne les prendre que sur une période,
préférant garder une place pour un élève à
qui le dispositif permettrait de progresser.
On peut se permettre, à l'aide du discours
d'enseignant, de se poser la question de la pertinence de ce dispositif :
est-il nécessaire de garder ces élèves là aussi
longtemps dans le processus ? Peut-on faire une "rotation" dans les
élèves pris en charge ? Comment améliorer le travail
d'enfants qui avaient déjà du mal avec un volume horaire de 26
heures par semaine et qui n'en n'ont plus que 24 ? Pourquoi les
élèves en grande difficulté ne sont plus pris en aide
personnalisée ?
Toutes ces questions seront approfondies dans d'autres projets
de recherche.
IV. 2) 4. Pensées enseignantes en relation avec le
dispositif :
Nous avons ici décidé de retranscrire, parmi les
nombreuses idées, quelques points pertinents qu'il sera
intéressant de développer dans le futur.
Des programmes trop chargés sont à
déplorer par les enseignants : "on ne peut pas faire en 24 heures,
ce qu'on faisait en 26". (ensemble du corpus enseignant) ("J'ai du faire sauter
les séances de piscine, ça prenait trop de temps et ce n'est pas
obligatoire") (M.).
"Je suis toujours en train de regarder ma montre"
(L.).
Il y a une attente de préconisations : "On ne sait
plus ce qu'on doit faire, on ne nous a pas formé pour ça, on
manque de référentiels" (P.).
Une idée qui serait utile pour les enfants et les
enseignants a été émise : Pourquoi ne pas "ajouter"
aux horaires initiaux les 2 heures d'aide ? (M.).
Une mise en commun nationale, ou du moins par
académie, des horaires de l'aide personnalisée en fonction des
rythmes chronobiologiques des enfants serait à étudier. "S'il
y a une modification à apporter, elle devrait-être identique pour
tous les enfants au niveau des rythmes chronobiologiques, alors pourquoi dans
la même circonscription 4 écoles en ont des différents?"
(M.S.).
Une autre proposition intéressante serait d'avoir un
enseignant surnuméraire dans l'établissement pour faire de l'aide
personnalisée ? "L'enseignant pourrait prendre en charge des petits
groupes de travail et ainsi soulager les professeurs qui ont trop d'enfants
dans les classes" (M.).
Nous allons ici lister 4 "actions enseignantes" qui nous ont
semblé pertinentes dans le cadre de notre recherche :
Un objectif enseignant : M.S. : "il faut que nous arrivions
à ne pas mettre encore plus ces petits enfants en difficulté, il
faut qu'ils puissent réussir quelque part, même si c'est
peu".
Une réussite enseignante : I. : "Quand cet
élève m'a dit "j'ai compris que je peux réussir", je me
suis dit que j'avais fait mon travail".
Une attitude enseignante : M.H. : "Moi qui suis très
dynamique, je prends et surtout je donne du plaisir".
Une technique enseignante : V. " je tiens des fiches pour
chaque enfant et je note ce qui est fait avec eux en vue d'un maintien, ce que
je ne souhaite pas".
IV. 2) Une analyse des fonctions de direction
IV. 2) 1. L'échantillon
Cette analyse se fera sur un échantillon de 3 directeurs
qui officient en maternelle, en élémentaire, ou bien les deux
simultanément.
L'ancienneté est un prérecquis ici pour être
directeur, mais, comme les autres enseignants, l'IUFM représente leur
parcours de formation initiale avec au minimum une licence.
Leurs établissements représentent entre 200 et 250
enfants (entre 7 et 10 classes).
IV. 2) 2. Les modalités d'organisation.
Si l'on peut voir que les horaires en fin de journées
se retrouvent dans deux établissements, l'école maternelle unique
a vu placé le temps d'aide pendant la pause méridienne pour ne
pas alourdir les journées de cours. La directrice aurait
préféré du 2 x 45 minutes ou 4 x 45 minutes, car le temps
de mise en place pour les élèves représente une grande
partie temporelle
de l'aide personnalisée. Elle est actuellement sur un
horaire de 4 x 30 minutes.
"C'est dur de gérer ce temps trop court, on ne peut
rien faire, et ça n'est pas productif. S."
Pour chaque directeur/trice, les périodes d'aide
personnalisée ont été actées de vacances à
vacances, leur travail premier a été de faire accepter aux
parents l'idée que leurs enfants puissent être pris en aide.
Dans l'école mixte, il y a une première
période de discussion entre enseignants sur les objectifs à
définir entre chaque période, ce qui n'est plus le cas dans
l'école "mixte"20 (comme durant les premières
années) où il n'y en a qu'une au début de l'année.
Dans l'école maternelle, il y a une concertation de maîtres qui se
fait à la demande (informellement souvent).
Quant aux choix des matières, il est
déterminé par les directeurs et leurs équipes. Cependant
chaque style managérial du directeur va entraîner une
liberté plus ou moins grande des choix pédagogiques de chaque
professeur (directeur compris).
A noter que dans l'école élémentaire,
les enseignants ont choisi de garder leurs élèves durant le temps
du dispositif, ce n'est pas le cas dans les deux autres écoles où
les directrices pensent qu'il est bon que les élèves puissent
avoir une autre approche pédagogique avec un autre enseignant. C'est
bien entendu plus difficile à mettre en place en
élémentaire. Cependant, la directrice mixte appuie ses choix
didactiques sur les points que les élèves en
élémentaire n'ont plus l'occasion de faire en groupe classe
(exposés, recherches en groupes, décisions après avis de
tous...).
En ce qui concerne la participation des élèves,
nous pouvons noter une volonté de cette directrice de faire passer tous
les élèves en aide personnalisée pour combler un peu le
manque des 2 heures de programme perdues ("Il n'y a pas marqué que
seuls les élèves en difficulté peuvent en profiter ?"
F.). De plus, chacun peut ainsi profiter d'un travail en petit groupe.
Elle l'avait proposé avant d'être directrice, lors d'un moment de
concertation car le dispositif lui paraissait intéressant à
l'époque, et elle, très motivée.
Les deux autres directeurs respectent le fait que l'aide doit
se faire pour "les élèves en difficulté", avec une prise
de conscience que pour les élèves en grande difficulté,
cela est moins utile.
20 L'école maternelle sera appelée :
maternelle
L'école avec la maternelle et l'élémentaire
sera appelée mixte
L'école élémentaire sera appelée
école élémentaire ou "école témoin" ou
"école que nous étudions"
IV. 2) 3. Le rôle de leader dans son
établissement, les missions spécifiques.
Toutes les petites contraintes de la direction sont
nombreuses, accentuées quand les directeurs sont en interaction avec
leurs élèves : il y a du bruit, ceci est un élément
qui revient. Des problèmes d'absences d'enseignants sont aussi
évoqués, le téléphone de l'école qui sonne,
il y a une perte de temps de travail de directeur et de ses tâches...
Ceci semblerait varier selon l'adhésion du directeur à l'aide.
(sur un panel aussi peu important, nous ne tirerons aucune conclusion valable,
uniquement des pistes de réflexion).
Dans l'école mixte, grâce à l'ambiance,
l'orientation du système de l'aide personnalisée semble plus
active. Comme noté auprès d'un enseignant y officiant,
"l'ambiance est bonne et les collègues cherchent à ce que
l'aide soit efficace, mais c'est je pense que c'est plus difficile en
élémentaire", (G.).
En ce qui concerne cette adhésion, nous allons essayer de
cerner les moyens mis en place par les directeurs pour motiver, entretenir ou
remotiver les équipes pédagogiques.
Ils sont comme leurs collègues, ils participent
à l'aide personnalisée par obligation. Habitués au travail
en petit groupe, ils savent ce que cela peut représenter comme
contraintes. Selon les écoles, les enseignants ont une opinion qui va du
"mécontentement" au "dégoût".
Peut-on y voir ici un "effet directeur" ? Un effet
école (Claire Lapointe) ? Nous n'avons pas voulu analyser ces
critères. Il apparaît d'après leurs discours respectifs,
qu'un directeur motivé entraîne la motivation de ses
confrères.
Dès lors : nous nous posons la question afférente
"est ce au directeur de faire appliquer l'aide ? " ou "doit-il juste être
un animateur de dispositif ? ".
Je vais mettre cette dernière phrase en relation avec
leur investissement dans l'école. Même s'ils ne voient aucun
intérêt pour l'aide personnalisée (voire une
hostilité), ils vont devoir coordonner le dispositif auprès de
plusieurs "instances" :
· Le ministère : le directeur est l'interlocuteur de
l'IEN, il peut négocier, proposer, orienter la politique de son
école.
· Les autres enseignants : le directeur aide les autres
enseignants dans leurs projets, les soutient ou alors il leur laisse une
grande latitude (styles de management différents).
· Le CLAE : interlocuteur avec les acteurs des pauses
méridiennes et du soir, il coordonne les listes de présence des
enfants, etc.
IV. 2) 4. Quelques revendications.
S'ils s'entendent sur le fait que le dispositif de l'aide
personnalisée est inaproprié, ils s'entendent aussi sur des
points comme la perte du RASED, les programmes trop chargés, le manque
de motivation des enseignants.
Les directeurs ont des avis proches de ceux des autres
enseignants, mais ils ont en plus les tâches administratives, et il
apparaît dès lors qu'ayant des prérogatives locales (IEN,
IA), ils ne peuvent changer ni adapter la loi dans leur établissement,
ce qui est frustrant.
Nous ne nous lancerons pas sur l'étude de ce point,
mais nous nous attacherons à démontrer un éventuel lien
entre un "directeur, enseignant multifonction" et un collègue qui cumule
déjà pas mal de rôles !
("Maintenant que c'est une nouvelle inspectrice, on a plus
les mêmes rapports, on est moins entendu(e)s"). (S).
IV. 3) Ouverture vers une discussion.
Nous avons pu analyser, à partir de plusieurs dizaines
de pages d'entretien, de grandes tendances dans les discours enseignants. Ces
tendances sont dues aux représentations enseignantes et au rapport
qu'ils ont à leur métier. Si certains croient toujours en leur
vocation, d'autres pensent exercer un métier différent au fur et
à mesure des années. Ce qui leur est demandé est en
perpétuel changement, ils ne savent plus trop sur "quel pied danser".
Des différences sont également apparues dans les approches et les
discours au niveau du dispositif de l'aide personnalisée. Chacun a un
avis qui lui est personnel avec des méthodes et des courants de
pensées et d'action qui leurs sont propres.
Le fait de n'avoir étudié qu'une petite partie
de la réglementation (une seule circulaire) ne dément pas ce qui
a été dit plus haut. Il met même en exergue cela. En effet,
si les enseignants divergent sur un "point de loi", qu'en serait-il si une
analyse plus vaste devait être menée ?
Pour en revenir à notre étude, nous allons nous
appuyer sur Lessard et Spillane pour répondre aux questions que nous
nous sommes posées depuis le début de ce mémoire. Quels
changements ? Pourquoi ? Par quels niveaux de classe ? Ont-ils
été voulus ? Comment sont-il appliqués ? Sont-ils
pertinents ?
Mais surtout : sont ils utiles pour les élèves
?
CHAPITRE V : QUELLE PORTEE DES RESULTATS ET DES
CHANGEMENTS SUR L'IMPLANTATION EN SITUATION D'EDUCATION ?
V. 1) L'application des politiques par les acteurs de
terrain.
Le relatif intérêt pour l'action des chefs
d'établissement, se fait sentir dès que l'on doit aborder une
nouvelle réforme. Dans ce dispositif de l'aide personnalisée,
hormis la limite due au fait que nous n'ayons que l'avis de trois directeurs,
nous avons vu grâce aux cadres théoriques que le leader n'est pas
forcément le directeur.
L'émulation qu'il va réussir à
créer permettra d'obtenir une ambiance propice au travail de groupe dans
les écoles respectives. Spillane insiste là-dessus. De plus,
comme nous avons pu le voir, l'animation de la circulaire ne dépend pas
forcément du seul directeur. Un enseignant motivé ou qui se sent
compétent peut prendre le relais et impulser une dynamique. Comme
l'avait préconisé le bulletin officiel, chaque
établissement est chargé d'appliquer la circulaire de l'aide
personnalisée en fonction du contexte local et des apprentissages
jugés les plus pertinents à développer. Ceci est
impossible à faire seul, les enseignants doivent donc se concerter, ici
nous ne rejoignons pas Spillane qui pense que les directeurs auraient comme un
rôle de « chef d'école » et, de ce fait, une plus grande
légitimité dans l'exercice de leurs fonctions.
De plus, le contexte mérite une analyse que les
professeurs n'ont pas le temps de faire, les heures de concertation
n'étant pas assez nombreuses.
Lessard et Spillane parlent de cognition située, les
enseignants sont « Influencés par le contexte spécifique
dans lequel ils se trouvent ». Cela rejoint ce que nous venons de
dire.
Les leaders devraient travailler en groupe afin d'amener une
meilleure « dynamique » (si nous
nous référons aux cadres théoriques).
Cependant, cela ne peut être fait en France, le directeur est un
enseignant comme les autres, il a juste un rôle administratif plus
important.
Les enseignants étant « Influencés par le
contexte spécifique dans lequel ils se trouvent », il est donc
important qu'ils se sentent soutenus, ou à défaut,
écoutés.
Ceci nous conduit à l'idée émise que la
nomination d'un enseignant surnuméraire dans chaque école
pourrait être un dispositif pertinent pour plusieurs raisons :
· Le travail en petits groupes serait possible,
· Les classes seraient moins surchargées,
· Ces enseignants là seraient plus
spécialisés quant aux problèmes spécifiques de
certains élèves,
· Cela pourrait combler la perte des RASED.
Nous avons pu voir que les acteurs de terrain, dans la
majorité des cas n'étaient plus intéressés par une
réforme supplémentaire qui ne les satisfont pas. Encore une fois,
les « ordres viennent d'en haut », et même s'il est
préconisé de faire agir des intermédiaires pour faciliter
l'implantation de la loi, il est aussi avancé par Spillane de tester
dans certains établissements la réforme en question. Hors,
à notre connaissance, tous les établissements ont du s'organiser
en même temps sans aucune directive, le législateur s'appuyant sur
un travail (hypothétique ?) des directeurs qui remplaceraient dans bien
des cas des intermédiaires dans l'appropriation des changements.
L'amélioration du travail des élèves se
ferait sur des points spécifiques et adaptés au contexte local
défini par les équipes pédagogiques.
Le directeur quand il n'est pas en mesure d'effectuer son
travail d'animateur du dispositif pourrait être aidé par les IEN
(Inspecteurs de l'Éducation Nationale) afin de réaliser ce
travail d'instance intermédiaire. Éloignés du terrain, ne
pouvant être actifs partout et ayant d'autres missions, ceux-ci ne
peuvent être en capacité de réaliser cette tâche et
les responsables d'établissements sont dès lors livrés
à eux mêmes.
L' équipe d'enseignants doit être solidaire et
efficace car il est évident que pour nous ce travail ne peut et ne doit
pas se faire à partir d'une seule personne, même animée de
bonnes volontés. Les législateurs ne prennent pas en compte les
revendications enseignantes (cela ressort de nombreux entretiens), nous verrons
que cela entraîne des dysfonctionnements.
V.2) Politiques éducatives et
conséquences sur le métier d'enseignant.
Pour LESSARD, changer les matières, (voire les
enseignants !) ne suffirait pas à faire admettre une loi. Comme l'avait
avancé Spillane, il faut des paliers intermédiaires pour que les
enseignants puissent mener à bien une transformation de leurs
pratiques.
La « dépossession du métier
», ainsi que « l'intensification du travail enseignant
» sont apparues évidentes dans les discours enseignants de
notre étude. Ils se voient de plus en plus comme de simples personnes
interchangeables ou facilement malléables que comme de vrais acteurs de
terrain. Cette dépossession a un effet désastreux, une rupture
entre le législateur et les acteurs de terrain étant de plus en
plus flagrante.
Nous avons effectué une revue des lois depuis plusieurs
années, avec comme objectif de souligner que les enseignants devaient
perpétuellement changer de façon de travailler. Lessard nous dit
: « Le récit des réformes, celui de leur mise en oeuvre
et de leurs résultats, est souvent celui d'espoirs déçus,
voire de désillusions profondes, à tel point qu'un sentiment de
scepticisme, voire de cynisme est fort répandu dans les milieux
institutionnels ayant subi des réformes ou des cascades de
réformes ».
Cette citation est révélatrice d'un malaise
enseignant, l'Etat ne propose pas, il impose, et ceci de tous temps. Des
équipes de « spécialistes » sont chargées
d'établir des programmes ou des recommandations, mais ceci bien loin du
terrain et des difficultés que peuvent éprouver les professeurs
dans leur quotidien.
Les enseignants interrogés dans cette étude sont
parfois désabusés parce que chaque année ce sont les
mêmes enfants qu'ils retrouvent en aide personnalisée. Dans
certains discours nous pouvons même entendre que « d'un jour
à l'autre tout est oublié ». Les professeurs sont donc
septiques quant aux bienfaits de ce dispositif. Un sentiment réel de
manque de temps en groupe classe vient renforcer cette idée.
L'obligation faite aux enseignants « d'étendre
leur champ d'activité » les rend hostiles quant à la perte
des 2 heures de travail hebdomadaire avec tous les élèves
réunis. Il y a de ce fait un décalage entre le « travail
d'interprétation de la politique » et les «
contraintes objectives ».
V.3) Articulation des données
Il apparaît dès lors intéressant
d'instaurer un système d'aide pour les élèves en
difficulté en plus des 26 heures de classe. Certaines communes le font
avec des animateurs, loin de dénigrer ceux-ci (certains ont des
diplômes universitaires), ces dispositifs ne sont pas aussi efficaces que
le travail qui pourrait être accompli avec un enseignant ayant quelques
élèves.
Les 26 heures de classe permettraient ainsi de boucler plus
facilement les programmes qui ont été surchargés en 2008,
en même temps que l'instauration du BO concernant l'aide
personnalisée, qui au lieu de donner plus de temps au groupe classe,
impose une perte de ces 2 heures...
Ce qui nous intéresse ici, pour répondre au
mieux à notre problématique serait de connaître les
modalités d'évaluation du système. Certains enseignants
l'ont bien dit, « cela ne sert à rien ». Pour
d'autres en revanche, l'aide personnalisée est efficace et les
résultats des élèves sont consignés dans des fiches
techniques. Pour tous, nous avons un point de vue commun concernant les
élèves pouvant progresser : « les élèves
en difficulté légère ». Les « cas
pathologiques » ou « les élèves étant
suivis par ailleurs » ne sont pas prioritaires ou ne peuvent
être aidés que par des enseignants spécialisés.
La dépossession du métier d'enseignant est
expliquée par Lessard de façon intéressante : «on
constate que les politiques, dans plusieurs secteurs institutionnels, si bien
pensées soientelles, « atterrissent » mal sur le terrain des
pratiques et qu'elles y perdent beaucoup de leur sens et par là de leurs
effets recherchés. » (2008, année de la création
du dispositif).
Nous mettrons en relation cette citation avec ce qui a
été dit auparavant, notamment le fait que « la base »,
c'est à dire les enseignants, ne sont pas consultés et «
subissent » des réformes qui sont, dans la plupart des cas,
vécues comme inadaptées. Certains enseignants, dans leurs
discours se sont clairement montrés hostiles envers la circulaire, et ce
depuis le début. Leurs collègues, un peu plus
expérimentés, après avoir observé les effets du
dispositif pour se faire une opinion, sont en règle
générale, plus partagés par le fait d'avoir perdu 2 heures
pour créer l'aide personnalisée.
Il est maintenant approprié de se pencher plus en
détail sur la problématique de ce mémoire : «
Est-ce que ce dispositif est bénéfique pour les
élèves ? ».
Si nous reprenons les différents points de
questionnement du mémoire, nous pouvons affirmer que :
Les moments de travail en aide, ne sont pas les mêmes
qu'en groupe classe, tous les enseignants ont insisté sur ce point. Des
supports plus ludiques, plus attractifs sont conçus par leurs
maîtres ou maîtresses, et ce, même si ces derniers sont
mécontents du dispositif. Les enseignants aménagent leur classe
de façon à créer de meilleures conditions de travail pour
leurs élèves.
Le manque de coordination entre les enseignants, par absence
de temps de concertation est préjudiciable. Par contre, ils ont tous
créé des supports originaux (jeux de carte, jeux de l'oie,
loto...) pour rendre ce moment ludique. Pour la plupart des enfants, il y a une
envie de participer qui se retrouve plus tard en groupe classe.
Les deux heures « perdues » sont une
aberration pour la plupart d'entre eux. Malgré tout, étant
fonctionnaires, les professeurs sont « obligés » de respecter
les consignes venues « d'en haut » (cela ressort dans tous les
entretiens).
Le fait de ne pas avoir été consulté est
dommageable, et ce, pour toutes les catégories de classe des enseignants
interrogés.
La pertinence du dispositif est à remettre en cause
étant donné que ce sont toujours les mêmes enfants qui sont
amenés à y participer. Les enseignants ont ensuite une marge de
manoeuvre pédagogique qui est propre au métier. On ne peut donc
pas dire que l'enseignant des CE1 ou CE2 (par exemple) n'est pas assez actif,
puisque certains élèves sont chaque année les mêmes
à être concernés par le dispositif, dixit les enseignants
de l'école.
Chaque enseignant garde ses élèves dans le
dispositif. Nous pourrions émettre une réserve dans le sens
où une méthode d'enseignement nouvelle pourrait être
efficace pour l'enfant. Cependant, pour éviter les conflits
socio-cognitifs, et pour être plus efficace quant à la
réponse aux difficultés de leurs élèves, chaque
professeur garde son public, de façon à voir une
amélioration possible dans le groupe classe. Ceci étant moins
vrai en maternelle, les échanges entre les maîtres sont plus
fréquents et apportent une vision différente à
l'enfant.
Les résultats attendus par le législateur ne sont
clairement pas atteints. Pour quelques professeurs, dans les deux
matières que sont le français et les mathématiques, il n'y
a qu'une
très faible part des élèves qui comprend les
notions reprises le soir avec le professeur.
Le point positif, évoqué également par le
ministère est de redonner confiance à l'enfant. Ici avec nos
enseignants-sujets, c'est un objectif non négligeable, voir le but le
plus important pour eux. Ils obtiennent des résultats convaincants et
visibles en groupe classe.
Aucune évaluation n'a été faite, les
professeurs se sentent un peu perdus (« Est ce que je fais ce qu'il
faudrait ? P.). « Je garde ces élèves en aide pour justifier
d'un maintien dans le niveau de classe ». (MH, V, MS.).
CONCLUSION
Après tous les points que nous avons abordés,
nous pouvons, à l'aide des travaux de Spillane et de Lessard, affirmer
que le dispositif de l'aide personnalisée est négatif pour
l'ensemble d'un groupe classe. En effet, hormis l'attrait pédagogique de
prendre des enfants en difficulté pour leur apporter une aide
ponctuelle, la progression dans les matières visées est plus que
contestable, de par le fait qu'elle puisse être due à d'autres
facteurs.
Les enfants présents en aide individualisée
progressent dans leur rôle de métier d'élève : ils
sont mis en activité pendant ce temps en petit groupe, et ils arrivent,
en général, à transférer ce niveau de participation
en classe entière.
Enlever 2 heures au reste de la classe, ne change par grand
chose pour les élèves des deux extrêmes : les meilleurs
s'en « sortiront toujours » et les plus en difficulté
« ne progresseront pas en aide ». L'alourdissement des
programmes en 2008 ajouté à cette suppression horaire
amène parfois certains enseignants à faire des choix dans les
matières du programme. Ceci est préjudiciable aux
élèves, et le fait que cette réforme ait été
votée sans aucune concertation avec les enseignants est encore plus
dommage et la rend encore moins « attrayante ».
Le manque d'évaluation des enfants est flagrant.
Même si, chaque enseignant dans son niveau de classe, chaque
année, arrive approximativement à juger de la qualité de
son travail, ils ne sont pas collectivement aidés par les instances
« intermédiaires » que représentent les
inspecteurs de l'éducation nationale. Les directeurs, du fait de leur
statut ambigu ne peuvent imposer, mais uniquement proposer et animer le
dispositif, cela représentant une contrainte pour chaque acteur à
son niveau respectif.
Les limites du mémoire sont nombreuses.
Même si l'expérience est reproductible facilement
(vu qu'elle ne concerne qu'une école et sa dynamique, suivi de trois
directeurs de trois écoles différentes), nous ne pouvons
clairement pas extrapoler les résultats obtenus : les limites de
l'étude sont en premier lieu numéraires, le panel n'est pas assez
grand pour généraliser une conclusion.
Pour Leplat, il y a d'autres limites : "les gens
interrogés peuvent être plus ou moins capables d'exprimer des
traits de leur activité ou de celle des autres, ou ils n'ont pas envie
de le faire et travestissent plus ou moins ces traits. Les données de
l'entretien seraient donc suspectes comme ne réfléchissant pas
fidèlement la "réalité"" (2000).
Leplat. Référence internet :
http://tecfa.unige.ch/tecfa/maltt/cosys-1/textes/Leplat.J.pdf
Voici des limites qui sont écartées par le fait
que les individus interrogés n'ont aucune raison de se conformer
à autrui ni donc de travestir les données. Nous rappelons que les
enseignants sont volontaires et vont donner leur avis de la meilleure des
façons pour faciliter la recherche. Les témoignages, plus
personnels seront donc plus riches et plus authentiques.
Malgré le fait que nous ayons des résultats
probants quant à la participation « obligatoire » des
enseignants ou le fait qu'ils choisissent de développer les
compétences de remise en confiance (100 % des enseignants
développent ce point), nous n'avons qu'un échantillon de 11
enseignants.
Le mémoire de Master II s'attachera à
généraliser ces résultats selon plusieurs variables :
écoles en ZEP, en ZUS (Zone Urbaine Sensible), en milieu rural, avec des
enseignants plus jeunes ou plus expérimentés, mais surtout un
nombre plus important de professeurs. D'autres auteurs seront mobilisés
afin d'avoir un champ de recherche plus riche. (On peut penser à Jacques
Leplat et ses travaux sur l'ergonomie notamment).
Les méthodes des enseignants durant l'aide
personnalisée seront identifiées de façon plus
précise. Nous serons amenés à observer l'enseignant dans
sa classe pendant une ou plusieurs séances.
Ces recherches nous permettront de préconiser des
méthodes et des cadres d'action qui pourront, nous l'espérons,
servir de base de données pour les enseignants, aussi bien
débutants que curieux d'approfondir leurs connaissances.
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Learning.
ANNEXES
Annexe 1 : Groupe d'élèves en aide
personnalisée (photographie). Classe de CM1.
Annexe 2 : CIRCULAIRE N°2008-082 du 5-6-2008 relative
à l'organisation du temps d'enseignement scolaire et de l'aide
personnalisée dans le premier degré (3 pages).
Annexe 3 : Guide pour l'entretien semi dirigé (4
pages).
Annexe 4 : Principes d'organisation de l'aide
personnalisée. Elèves concernés (Ministère de
l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative.
Février 2011. (1 page).
Annexe 5 : Principes d'organisation de l'aide
personnalisée. Supports de travail (Ministère de
l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative.
Février 2011. (1 page).
Annexe 6 : Document de suivi d'aide personnalisée en
maternelle. Académie de Versaille. (1 page).
Annexe 7 : L'estime de soi à la base de la motivation
scolaire. Atelier animé par Maryse Giroux et Nathalie Vezeau (4
pages).
Annexe 8 : Dossier de presse de l'INSERM, Avril 2001. Rythmes de
l'enfant de l'horloge biologique aux rythmes scolaires (6 pages).
Annexes 9 : Travail au tableau, aide personnalisée, classe
de CM1.
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