Analyse comparative du choc du capitalisme sur les économies des usa, de la France, du japon, de l'Australie et de la RDC de 1990 à 2008( Télécharger le fichier original )par Hervé KASANGANA KAPU Université libre de Kinshasa - Licence 2008 |
II.3. L'ANALYSE DU CAPITALISME AU JAPONLe Japon, en japonais Nihon « pays du Soleil Levant », pays d'Asie orientale situé au large de la Russie et de la Corée, formé de quatre îles principales orientées selon un arc nord-est - sud-ouest (Hokkaido, Honshu, Shikoku, Kyushu) et d'une multitude d'îlots. Sa capitale est Tokyo, située sur Honshu. Nous présentons les faits structurels au Japon et analysons son cadre macroéconomique avec des indicateurs retenus. II.3.1. PRESENTATION DES FAITSLe Japon constitue la deuxième puissance économique mondiale après les États-Unis jusqu'en 2007. Son produit intérieur brut (PIB) s'élevait en 2003 à 4 300,9 milliards de dollars. Le pays se plaçait au 8e rang mondial pour son PIB par habitant. Il a connu à partir de la fin des années 1990 une période de déflation dont il est sorti au milieu des années 2000. Le taux de chômage, après avoir dépassé le seuil de 5% en 2001, est ainsi redescendu à 4,7% en 2004(54(*)). L'économie japonaise est loin de sortir de la crise structurelle, malgré l'amélioration de quelques indices économiques qu'elle a connue depuis la fin de l'année 2002. Une bonne conjoncture au cours des années 2003-2004 ne peut pas occulter les déséquilibres macro-économiques qu'elle n'arrive toujours pas à redresser(55(*)). D'abord, elle est encore dans un état « déflationniste », puisque la spirale en baisse des prix à la consommation et des salaires nominaux continue encore à alimenter une déflation. Ensuite, la contraction des prêts bancaires n'a pas été stoppée, en dépit d'une politique monétaire extrêmement accommodante (le taux de base est proche de zéro depuis cinq ans). En d'autres termes, le réveil récent des investissements en équipement tarde à relancer le moteur de croissance intérieure. Par conséquent, le taux de chômage aux environs de 5 %, reste encore élevé, par rapport à sa tendance historique. Enfin, la politique budgétaire de relance continue à produire un déficit représentant près de 8% du PIB en 2003. Ainsi, les dettes publiques rapportées au PIB dépassent le seuil de 160 %. Ces divers déséquilibres reflètent, de façon éloquente, les nombreux handicaps que le capitalisme japonais a accumulés durant les années 90 : Il s'agit au premier chef des créances douteuses qui pèsent non seulement sur le fonctionnement normal du système bancaire mais aussi paralysent des secteurs entiers comme l'immobilier, les bâtiments et travaux publics, la grande distribution etc. Une partie de mauvaises dettes cumulées aussi bien dans les banques que dans certaines de grandes firmes sont en voie de résorption, mais cela ne semble pas encore suffisant, car les prix des actifs (immobiliers notamment) continuent à baisser. La technocratie d'Etat au Japon persiste à recourir à la politique de relance keynésienne basée sur les travaux publics, ce qui a pour effet de multiplier l'investissement improductif, de déformer l'aménagement du territoire au détriment des villes. De même, paralysée face à la mondialisation, la technocratie d'Etat a perdu tout son moyen de propulser les nouvelles politiques industrielles. En s'agrippant à ses prérogatives, elle a même renforcé une série de réglementations administratives sur les activités économiques et ainsi freiné la création de nouvelles activités. Avec cet ensemble de constats pessimistes, la décennie 90 (entre 1993 et 2003) est fréquemment qualifiée de décennie « perdue ». Tout s'est alors passé comme si le capitalisme japonais, porté jusque là par sa dynamique industrielle exceptionnelle, tombait dans une trappe qui l'immobilisait. Malgré des nombreux handicaps qui résultent de sa crise structurelle durant la décennie 90 (1993-2003), le capitalisme japonais continue à connaître sa mutation en profondeur. Il y a des signes de son renouveau, c'est-à-dire, l'émergence de nouveaux acteurs, leurs nouvelles pratiques et comportements, en bref le phénomène de création institutionnelle dans trois domaines : les réformes en matière de firmes et travail ; le système de recherche ; son intégration en Asie. Le capitalisme contemporain japonais est entré dans une phase de maturité, après cinq ans de chaos fondateur, sa montée fulgurante sur la scène mondiale durant quarante-cinq ans et les dix dernières années de récessions (56(*)). La croissance économique exceptionnellement longue, puis la brutalité de la déflation ainsi que la mondialisation de l'économie, ont totalement modifié les contextes à la fois sociétaux - propres au Japon - et internationaux dans lesquels il s'insère. Toutefois avec ses problèmes : dettes publiques colossales, vieillissement de la population et perte de confiance, le Japon reste relativement riche et égalitaire (il est l'un des pays les moins inégalitaires, en terme de distribution des revenus des ménages, parmi les grandes démocraties occidentales). L'économie japonaise possède encore quelques atouts : sa société continue à créer de nouveaux acteurs, c'est-à-dire reproduire son potentiel d'innovation institutionnelle. En 1997, le Japon a offert de contribuer pour 100 milliards de dollars à la création d'un Fonds Monétaire Asiatique qui financerait les mesures de stimulation requises. Mais le Trésor des USA a fait tout ce qu'il a pu pour étouffer l'idée et le FMI s'est joint à lui pour une raison claire: s'il est un chaud partisan de la concurrence sur les marchés, lui-même ne veut pas avoir de concurrent, et c'est justement ce qu'aurait été le Fonds Monétaire Asiatique(57(*)) . La crise asiatique était d'abord et avant tout une crise du système financier : il fallait traiter le problème. Une large littérature reconnaît maintenant que l'innovation fondée sur la découverte scientifique est le moteur essentiel pour la croissance économique. Dans ce domaine, le Japon a longtemps été qualifié « d'imitateur » des technologies ou de «free rider- passager clandestin » dans le domaine de la science. Selon cette interprétation, le capitalisme japonais a pu réaliser une rapide croissance économique, grâce à l'importation massive des technologies étrangères et par l'acquisition - quasiment gratuite - des savoirs scientifiques nés ailleurs sans pour autant investir lui-même dans la science. En cette matière, nous pouvons constater deux transformations récentes qui renvoient pour la première au renversement de tendance dans le domaine des échanges technologiques (export/import des propriétés intellectuelles) et pour la seconde à l'émergence d'une nouvelle infrastructure cognitive. Le capitalisme japonais continue, même dans un contexte conjoncturel difficile, à renforcer sa position technologique, grâce à l'effort constant du secteur privé. En effet, l'investissement consenti à la recherche et développement (R/D) stagne durant les années 90, mais demeure relativement élevé par rapport aux autres pays (3 % du PIB)(58(*)). Si les Etats-Unis restent encore qualitativement la destination essentielle des flux économiques à partir du Japon, la zone Asie ne cesse cependant d'augmenter en importance depuis une vingtaine d'année. Outre sa dimension symbolique, cet événement a une traduction concrète : la croissance économique du Japon est conditionnée en partie par les échanges commerciaux avec la Chine. Repenser ses stratégies asiatiques (et globales) à partir de la Chine devient l'un des éléments décisifs, pour la globalisation de ses capitaux. Ce retour - historique - vers la Chine a, par ailleurs, deux aspects. D'une part, le marché chinois (consommation intérieure) croît rapidement et représente un débouché non-négligeable pour les produits japonais (ainsi que pour les produits européens), au fur et à mesure qu'une classe moyenne émerge. D'autre part, les sociétés japonaises investissent massivement dans la construction d'usines ou d'ateliers, ce qui est présenté comme phénomène de « délocalisation » et interprété comme « désindustrialisation » du Japon(59(*)). * 54 (_) ENCARTA 2008, « l'économie du Japon » * 55 (_) H. NOHARA, Le Capitalisme Japonais en voie de reconfiguration, Bruxelles, Mondes en développement, n°129, 2005, pp. 107-124. * 56 (_) H. NOHARA, op.cit, pp.107-124. * 57 (_) J.E. STIGLITZ, La grande désillusion, Paris, Fayard, 2002, p.153. * 58 (_) H. NOHARA, op.cit, p.115. * 59 (_) H. NOHARA, op.cit, p.119. |
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