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Analyse comparative du choc du capitalisme sur les économies des usa, de la France, du japon, de l'Australie et de la RDC de 1990 à  2008

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par Hervé KASANGANA KAPU
Université libre de Kinshasa - Licence 2008
  

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I.7. LES POLITIQUES CONTRE LES CHOCS DU CAPITALISME

En 1936, la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, de John Maynard Keynes, consiste dans la démonstration selon laquelle il est possible pour un gouvernement d'utiliser divers instruments, dont la politique monétaire et budgétaire, afin de réguler les cycles de « prospérité et de faillite » propres au capitalisme. Selon Keynes, le gouvernement, lorsqu'il est confronté à une période de dépression, doit augmenter ses dépenses, même aux dépens de l'équilibre budgétaire, afin de compenser l'insuffisance des dépenses privées. Ce processus doit être inversé si une vague de prospérité engendre des phénomènes de spéculation et une « surchauffe » de l'économie favorable à l'inflation. Après la Seconde Guerre mondiale, la combinaison des politiques keynésiennes et des mécanismes traditionnels du capitalisme a fonctionné de manière satisfaisante, au moins pendant une trentaine d'années. L'emprise de la finance a aussi était rendue possible par la grande croissance des trente glorieuses, durant cette période, la finance était au service de l'économie(36(*)). Les pays capitalistes, y compris ceux qui ont compté parmi les vaincus de la Seconde Guerre mondiale, à l'instar de l'Allemagne et du Japon, ont bénéficié d'une croissance presque ininterrompue, de faibles taux d'inflation et de niveaux de vie en constante progression, en particulier sous l'influence d'une montée en puissance de la protection sociale.

Cependant, dès la fin des années soixante, l'inflation s'est installée de manière durable dans tous les pays, et le chômage s'est imposé progressivement comme un phénomène frappant une proportion très importante de la population. Cette situation a ouvert la voie à une remise en cause de la pertinence des théories keynésiennes, alors que les transferts financiers liés à l'État-providence ont continué de croître.

D'où la naissance du monétarisme, doctrine économique d'inspiration néoclassique, marquée par la personnalité de Milton Friedman. Ce courant monétariste s'est développé en réaction aux politiques économiques d'inspiration keynésienne, impuissantes à résoudre la crise que connaissent les pays industrialisés depuis les années soixante-dix.

L'augmentation de la dépense publique qui caractérise tout processus de relance keynésien ne peut, aux yeux des monétaristes, accroître la demande globale et, par conséquent, le revenu, contrairement à ce qu'enseigne l'auteur de la Théorie générale. Elle ne saurait engendrer au mieux qu'un effet d'éviction, l'État diminuant, par l'impôt, l'emprunt ou l'inflation, la part de la dépense privée pour mieux augmenter la sienne. C'est ainsi que les monétaristes condamnent l'héritage de Keynes, dont la réflexion théorique ne permet pas d'expliquer la situation que vivent les pays industrialisés, qui ont connu, plus particulièrement dans les années 1970-1980, à la fois un fort taux de chômage et une forte inflation, coexistence de deux maux qui oppose un sérieux démenti à la Théorie générale ainsi qu'à la courbe de Phillips.

Milton Friedman, prix Nobel d'économie en 1976 et maître de l'école de Chicago, accorde une prépondérance aux phénomènes monétaires pour expliquer les chocs qui ont comme causes de perturbations de l'équilibre et de la croissance économique. À ce premier credo s'ajoute une foi inébranlable dans les vertus des mécanismes de marché, toute politique interventionniste étant, par nature, déstabilisante et inefficace en raison des effets d'éviction précités. Le monétarisme est donc un courant fondamentalement libéral.

Selon Friedman, la meilleure chose à faire est tout simplement d'empêcher le gouvernement de tirer sur la planche à billets, de laisser la monnaie saine sortir des mines d'or et de confier le crédit aux mains d'honnêtes citoyens habitués à traiter librement entre eux de leurs affaires(37(*)).

Il existe en effet des lois naturelles qui permettent de concilier l'intérêt personnel et le bien-être général : ces lois sont celles du marché, régi par les principes de la concurrence pure et parfaite. La formule « laissez-faire, laissez-passer », du physiocrate Vincent de Gournay, résume cette première formulation du libéralisme en matière économique.

Ces idées sont reprises par les économistes classiques britanniques de la fin du 18ème siècle et du début du 19ème : dans la Richesse des nations, publiée en 1776, Adam Smith évoque une « main invisible du marché » qui, grâce aux prix, assure la coordination des intérêts individuels et conduit à un résultat profitable pour tous, sans qu'en aucun moment un acteur quelconque ait eu à sa charge la responsabilité de l'intérêt général. Le marché assure ainsi bien-être et résolution des conflits. Dans ce cadre, l'intervention de l'État doit être réduite au maximum. Pour Smith, l'État doit être défini comme un « État gendarme », un État minimal, qui a pour seule fonction de veiller au respect des conditions de concurrence pure et parfaite, de permettre l'exercice de la liberté individuelle et, le cas échéant, de pallier les rares défaillances du marché. Au XIXe siècle, David Ricardo, Malthus, John Stuart Mill, en Grande-Bretagne, Jean-Baptiste Say, en France, prolongent la réflexion d'Adam Smith et font des années 1820-1914 l'âge d'or du libéralisme économique.

Considéré comme le fils spirituel d'Adam Smith, Milton Friedman dit que toute augmentation de la quantité de monnaie en circulation crée, dans un premier temps, un supplément de dépense qui engendre une hausse du niveau des prix, « dont les agents économiques tardent à prendre conscience ». Cette augmentation de la dépense entraîne un surcroît de demande qui engendre à son tour une hausse de l'embauche pour satisfaire cette demande excédentaire ; le mécanisme décrit par la courbe de Phillips envisage de la même façon le troc d'une baisse du chômage contre une hausse des prix.

La spécificité de l'argumentation de Friedman tient à « l'illusion monétaire » dont ont été victimes les détenteurs de revenus ; constatant l'augmentation des prix, leurs revendications de retour au pouvoir d'achat antérieur passent par une augmentation des rémunérations qui grèvent le coût réel de production des entreprises contraintes de comprimer le volume d'emplois ; l'emploi n'a donc pas véritablement augmenté, tandis que l'inflation s'est parallèlement accrue. Ainsi, l'inflation a bien sa source dans une manipulation monétaire engagée au nom de la relance de l'activité et dont le résultat est exactement inverse aux effets recherchés, c'est pourquoi les pouvoirs publics sont invités à mener des politiques monétaires dites restrictives, visant à contenir toute expansion de la quantité de monnaie en circulation dans l'économie.

En fin, Le monétarisme a été, en quelque sorte, victime de son succès en ce sens qu'il a acquis le statut de dogme constitutif d'une pensée unique aujourd'hui combattue(38(*)). Les critiques qui dénoncent « l'obsession monétaire » sont en effet nombreuses et stigmatisent une politique qui est parvenue à maîtriser l'inflation, mais qui reste impuissante à régler le problème du chômage, devenu aujourd'hui la première source de déséquilibre des économies occidentales.

* 36 (_) M. AGLIETTA et L. BERREBBI, Désordres dans le capitalisme mondial, Paris, Odile, 2007, p.63.

* 37 (_) L. SILK, Après Keynes: 5 Grands économistes, Paris, Organisation, 1978, p.92.

* 38 (_) Encarta 2008, « les limites du monétarisme »

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