Analyse comparative du choc du capitalisme sur les économies des usa, de la France, du japon, de l'Australie et de la RDC de 1990 à 2008( Télécharger le fichier original )par Hervé KASANGANA KAPU Université libre de Kinshasa - Licence 2008 |
ABREVIATIONS$ AUSTR : Dollar Australien $ US : Dollar Américain € : Euro (Monnaie des pays membres de l'Union Européenne) ASSE : Analyse des Systèmes et Structures Economiques BCC : Banque Centrale du Congo BCE : Banque Centrale Européenne DSCRP : Document des Stratégies pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté DTS : Droits des Tirages Spéciaux (Unité monétaire du FMI) EUROSTAT : Institut des Statistiques économiques de la zone Europe FASEG : Faculté des Sciences Economiques et de Gestion FED : Banque Centrale des Etats-Unis FF : Franc Français FMI : Fonds Monétaire International GMC : General Motors Company L1 : Première Licence L2 : Deuxième Licence NAIRU : Non Accelerating Inflation of Rate Unemployment: C'est le taux d'inflation qui est compatible avec le taux de chômage naturel NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication OCDE : Organisation pour la Coopération et le Développement Economique ONU : Organisation des Nations Unies OPEP : Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole OST : Organisation Scientifique du Travail PDG : Président Délégué Général PEG : Programme Economique du Gouvernement PIB : Produit Intérieur Brut PIR : Programme intérimaire Renforcé PNB : Produit National Brut PPA : Parité du Pouvoir d'Achat PPTE : Pays Pauvres Très Endettés PS : Parti socialiste en France R/D : Recherche et Développement RDC : République Démocratique du Congo SFI : Statistiques Financières Internationales UNIKIN : Université de Kinshasa URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques USA : Etats-Unis d'Amérique YEN : Unité monétaire du Japon INTRODUCTION1. PROBLEMATIQUELe marasme auquel le capitalisme actuel est confronté ne laisse pas les observateurs et les chercheurs en sciences sociales indifférents. L'exigence d'accumulation illimitée du capital par les moyens formellement pacifiques(1(*)) et la possibilité de faire fructifier son capital par l'investissement ou le placement ne s'avèrent pas toujours de réaliser des profits. Les marchés financiers qui avaient atteints la bulle grâce aux profits surélevés des entreprises se trouvent en récession du jour au jour et leurs indices ne cessent d'afficher le rouge de Juillet 2007 à Juin 2009. En outre, la mondialisation qui est l'intégration plus étroite des économies des pays de la planète(2(*)) a ramifiée la crise du marché de l'immobilier américain dans les pays satellites. Les pays européens ont connu des tendances à la baisse du niveau de leurs activités économiques orchestrées par la perte des valeurs boursières dans les marchés financiers internationaux. La récession de l'économie occidentale n'a pas épargné les pays de l'Afrique subsaharienne qui sont les principaux fournisseurs des matières premières des pays occidentaux, de connaitre une baisse drastique de leurs exportations et la chute des cours de leurs produits miniers notamment le cas de la République Démocratique du Congo. Or, l'argument d'Adam Smith dans son traité de 1776, « les recherches sur la nature et les causes de la Richesse des Nations », que le marché mène à l'efficacité économique comme si une main invisible le guidait(3(*)) est remis en cause du fait de l'invisibilité de cette fameuse main et de la rupture d'une autorégulation telle que prêchaient les classiques. En effet, la réalisation de l'intérêt particulier n'arrive plus à satisfaire l'intérêt général, la bulle financière a surenrichi les détenteurs des capitaux au détriment de la classe moyenne et des autres petites communautés aux Etats-Unis et dans les pays capitalistes. La mondialisation n'est observable jusqu'ici qu'au niveau des inégalités qu'elle ne cesse d'accroître dans le monde. Par contre, BOLTANSKI et CHIAPELLO estiment que nous vivons aujourd'hui une situation inversée par rapport à celle de la fin des années 60 et du début des années 70. A cette époque, le capitalisme subissait une baisse de croissance et de rentabilité liée au moins selon les analyses régulationnistes, à un ralentissement des gains de productivité associé à une hausse continue des salaires réels se poursuivant au même rythme qu'auparavant. De 1984 à 1994, le PIB en Francs Français constants de 1994 a augmenté de 23,3%, les cotisations sociales se sont accrues dans les mêmes proportions de plus de 24,3%, mais les salaires nets plus de 9,5%. Pendant les mêmes dix années, les revenus de la propriété (loyers, dividendes, plus values réalisées) augmentaient de 61,1% et les profits non distribués de 179,9%, l'évolution à la baisse du taux d'imposition des sociétés (passage de 50% à 42% en 1988 puis à 34% en 1992 avec néanmoins une remontée à 41,1% en 1997), ainsi que la stagnation des taux des cotisations sociales patronales depuis 1987, montrent que la France offre au début des années 90 des taux de rendement du capital en forte hausse par rapport au début des années 80(4(*)). Cependant qu'aux Etats-Unis, à cette même époque STIGLITZ dénonce la crise des caisses d'épargne de 1988 à 1989 qui eut un impact profond sur l'économie américaine. Au lendemain de cette crise, l'administration BUSH imposa des nouvelles réglementations bancaires restrictives, lesquelles réglementations réduisirent les prêts des banques, le flux de capitaux se tarît et l'économie américaine s'assécha aussi. En Janvier 1993, le chômage se situait à 7,3% et le PIB de ce premier trimestre était en régression de -0,1%. Aggravé par la récession, le déficit budgétaire avait gonflé jusqu'à représenter 4,7% du PIB en 1992 contre 2,8% en 1989(5(*)). De ce qui précède, nous constatons qu'en France durant le début des années 1990, l'économie était bien gérée par opposition à l'économie américaine qui régressait et le capitalisme mondial entendu comme la possibilité de faire fructifier son capital par l'investissement ou le placement économique se portait bien en France qu'aux Etats-Unis d'Amérique. En ce qui nous concerne, nous devons savoir que l'économie congolaise réalisait des bonnes performances de 1967 à 1974. Depuis 1975, l'économie congolaise s'est engagée dans un processus de récession, lequel processus s'est renforcé au fil des années et a donné lieu à une dépression économique dans les années 90. En 2001, les autorités congolaises s'intéressent -tant bien que mal- à stabiliser l'économie et à relancer l'appareil productif. Nous décelons l'évolution de notre économie dans 5 sous périodes: 1. La première sous période, qualifiée des années de croissance, va de 1967 à 1974. Cette expansion économique survenue au lendemain de la réforme monétaire réussie de 1967, était liée essentiellement au bon comportement des cours du cuivre, jadis principal produit générateur de recettes en devises. 2. La deuxième sous période qui court de 1975 à 1979, a inauguré les années des taux de croissance négatifs. Cette évolution était tributaire, d'une part du retournement de la conjoncture internationale (baisse drastique des cours des produits d'exportation et hausse du prix du pétrole) et d'autre part, de la chute du taux d'investissement provoquée par les mesures de zaïrianisation et de radicalisation. 3. La troisième sous période qui va de 1980 à 1988, a été marquée par une reprise temporaire de l'activité économique, à la faveur des mesures préconisées dans le cadre des programmes d'ajustement structurel conclus avec le FMI et la Banque Mondiale. 4. La quatrième sous période de 1990 à 2000, qualifiée des années de forte dépression, a marqué le retour très prononcé des taux de croissance négatifs favorisés par la conjonction des facteurs suivants : l'effondrement de la Gécamines, les pillages de 1991 et 1993, les retombées de la réforme monétaire manquée de 1993, l'instabilité politique consécutive au processus de démocratisation et les conséquences fâcheuses des conflits armés survenus en 1996 et 1998. 5. La cinquième sous période qui a commencée en 2001, marque le retour de la croissance économique favorisée par la mise en oeuvre successivement du programme intérimaire renforcé (PIR) et du programme économique du gouvernement (PEG)(6(*)). De la même manière que les Etats-Unis, la France et la RDC ont connu les chocs pendant cette période, la récurrence des crises financières dérive elle aussi des contradictions et des déséquilibres inhérents à l'accumulation qu'impulse ce système économique.(7(*)) L'Asie n'est pas épargnée par le choc du capitalisme car en 1997, elle s'est retrouvée dans la crise et l'Australie par effet de contagion sera analysée pour voir comment elle a réagi à la crise asiatique. En réalité, nous retiendrons qu'il y a toujours eu plusieurs types de capitalisme. Le capitalisme américain est différent du capitalisme japonais et de l'européen, le succès relatif du premier modèle par rapport aux autres a renforcé la conviction qu'il était bon pour le monde entier et non pas seulement pour les Etats-Unis.(8(*)) Ce retour en grâce du concept de capitalisme tient fondamentalement à l'ampleur des changements structurels intervenus depuis la fin des années 80. D'autant plus que l'effondrement de l'Union Soviétique qui se présente d'abord comme une victoire du capitalisme sur le socialisme et de la démocratie sur les régimes totalitaires. Les années 1990 témoignent d'un retour d'intérêt de la part des diverses sciences sociales pour les analyses et théorisations en terme de capitalisme.(9(*)) En effet, le processus de constitution des économies nationales en interaction à travers le système international a fini par dégager des formes contrastées de capitalisme entendu non plus comme un système idéal mais comme une formation sociale, politique et économique. Les recherches institutionnalistes et régulationnistes menées par B. AMABLE et R. BOYER ont mis à jour au moins 4 formes de capitalisme : celui de marché financier aux USA, à forte impulsion étatique en France, social-démocrate en Suède et mésocorporatiste au Japon(10(*)). Alors, la question de notre recherche réside dans le fait que le capitalisme actuel connait des mutations aussi pertinentes dans les expansions tout comme en récession. Les politiques économiques sont-elles les mêmes pendant les chocs dans les économies retenues? STIGLITZ dit que la leçon générale souvent oubliée lorsqu'on se trouve en plein marasme est de savoir que toute récession prend fin un jour. Certes, la politique économique a un impact : elle peut abréger ou prolonger la crise, l'adoucir ou l'aggraver. Mais ces fluctuations caractérisent le capitalisme depuis sa naissance : toute expansion se termine par une chute et toute récession est suivie d'une reprise.(11(*)) La science étant le raffinement de notre pensée quotidienne(12(*)) comme stipule A. EINSTEIN, nous allons cheminer notre pensée sur base de ce qui précède. * 1 (_) L. BOLTANSKI et E. CHIAPELLO, le Nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard, 1999, p.37. * 2 (_) J.E. STIGLITZ, Quand le capitalisme perd la tête, Paris, Fayard, 2005, p.10. * 3 (_) Idem, p.47. * 4 (_) L. BOLTANSKI et E. CHIAPELLO, op.cit, pp.19-21. * 5 (_) J. STIGLITZ, op.cit, pp.76-77. * 6 (_) K. KABUYA et M. TSHIUNZA, la crise économique de la RDC : 1967 à 2OO6, in NSHUE MBO, Macroéconomie, Kinshasa, EDUPC, 2007, p.167. * 7 (_) S.MESURE et P. SAVIDAN, le dictionnaire des sciences humaines, Paris, PUF, 2006, p.115. * 8 (_)J.E. STIGLITZ, op.cit, p.339. * 9 (_) S. MESURE et P. SAVIDAN, op.cit, p.115. * 10 (_) Idem, p.116. * 11 (_) J.E. STIGLITZ, op.cit, p.88. * 12 (_) A. EINSTEIN, in N. MANKIW, Principes de l'économie, Paris, Economica, 1998, p.28. |
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