SECTION 2. METHODES
D'EVALUATION DES INTERVENTIONS
L'inscription des projets dans la stratégie de
l'organisme et de satisfaction des bénéficiaires constitue une
question centrale et d'autant plus complexe qu'elle comporte de multiples
dimensions, à la fois financières (allocation de ressources),
humaines (prise de décision, jeu des différents acteurs, poids
des représentations) et techniques... Comment s'assurer que les projets
correspondent bien à la stratégie de l'organisme et au besoin des
bénéficiaires ? Comment organiser la concurrence ou la
complémentarité entre projets ou programmes au sein de
l'organisme ? Sur quels critères fonder le choix des projets ou
programmes à retenir ou à abandonner ? A quelles méthodes
et outils recourir pour piloter les choix ?
Le souci de répondre à toutes ces questions
amenés les concepteurs des projets et programmes de procéder
d'abord par l'analyse financière et économique des projets. A cet
effet, l'analyse économique donne naissances aux différentes
méthodes d'évaluation, notamment : · Analyse de
cout, analyse des effets, analyse cout-efficacité, analyse cout
utilité, analyse cout bénéfice. Finalement le
ministère de la coopération française au
développement résume toutes ces méthodes en deux
principales méthodes : « méthode des effets
et méthodes des prix de références »
Les différentes méthodes d'évaluation que
nous présentons dans ce travail, s'applique généralement
au moment de l'évaluation « ex-ante ». Son
utilisation en ce moment est pour permettre aux concepteurs de retenir
« un bon projet » ou encore pour faire «
un bon choix du projet ou programme d'investissement ayant pour but le
développement »t.
2.1. Méthodes
d'évaluation financière
Les analyses financières et économiques prennent
des perspectives ou points de vue différent(e)s. L'analyse
financière implique l'examen des activités et des flux de
ressources des agents principaux ou groupes d'entités
séparément. L'analyse économique quant à elle,
examine l'impact sur la collectivité (l'économie) dans son
ensemble.
L'analyse financière permet la quantification des
intérêts des agents principaux, la vérification de la
solvabilité et de la viabilité à plus long terme du
projet, et aide à concevoir les mécanismes de recouvrement des
coûts envisageables. Elle prépare le terrain pour l'analyse
économique, une fois que les cash-flows des agents ont été
consolidés dans un seul cash-flow.
2.1.1. Méthodologie de l'évaluation
financière
Dans ce point nous précisons les étapes
importantes, puis nous examinons quelques problèmes particuliers.
A. Les grandes phases de travail
L'évaluation financière d'un projet se
décompose en trois grandes phases de travail:
l'étude avant financement;
l'étude du financement et de la trésorerie;
la présentation des résultats et des
stratégies de réalisation.
La séparation des deux premières s'explique par
la nécessité d'envisager au départ le projet sous l'angle
de la création de richesses au sens de la comptabilité nationale
(cf. infra). Le financement introduit une finalité nouvelle
indispensable à la réalisation du projet, la recherche des fonds,
mais aussi une autre mesure des résultats. La troisième phase est
destinée à mettre en valeur les différents
résultats et les stratégies mises en oeuvre pour assurer la
réussite du projet. Différents points de vue pourront être
présentés tant au niveau des agents (les apporteurs de capitaux,
les utilisateurs, les fournisseurs...) que des spécialités
impliquées (technique, juridique, sociale...).
A.1. L'étude avant financement
Les phases de référence sont celles des
études préalables et de la préfaisabilité. Le point
central, qui n'est pas forcément principal, est le calcul de la
rentabilité avant financement (pour des projets directement productifs).
L'indicateur le plus sophistiqué utilisé (aujourd'hui
banalisé) est le taux interne de rentabilité (TIR). Le TIR permet
de juger de l'acceptabilité financière des hypothèses ou
variantes du projet, soit en raison de seuils prédéfinis (normes
ou contraintes), soit par simple nécessité (viabilité
financière). Plusieurs allers et retours sont ainsi nécessaires
entre éléments de données ou d'hypothèses et
tableaux de résultats.
Les documents (détaillés par années)
à élaborer seront:
les comptes prévisionnels d'investissements;
le tableau des amortissements;
les comptes prévisionnels de résultat
(analytique et de comptabilité générale);
les besoins en fonds de roulement;
le tableau de calcul du TIR.
Un certain nombre d'études complémentaires
seront nécessaires dans la mesure où cette phase peut se
réaliser dans le cadre d'une étude sommaire ou
détaillée. A partir d'une étude sommaire, il faudra
compléter l'évaluation dans les domaines insuffisamment
traités comme la montée en production ou le BFR. L'inflation et
la fiscalité devront normalement être complètement
intégrées à la fin de cette phase (voir problèmes
transversaux).
Remarque : Il faut effectivement bien
distinguer:
les variantes techniques (procédés techniques ou
capacité à installer en fonction de la dimension du marché
à affronter) sur lesquelles il faudra effectuer un choix en principe
irréversible, celui de l'investissement à réaliser
à un moment donné;
les hypothèses de simulation, effectuées dans le
cadre des différentes variantes et destinées à tester leur
viabilité ainsi qu'à mettre en oeuvre des stratégies de
réalisation.
A.2. L'étude du financement
Les phases de référence seront celles des
études complémentaires (sources de financement), de
préfaisabilité. Le calcul de rentabilité reste
l'élément de référence (pour des projets
directement productifs). Mais d'une part, nous changeons d'optique, car c'est
la rentabilité des capitaux propres qui est recherchée. D'autre
part, nous introduisons une nouvelle préoccupation qui est
l'équilibre financier.
Le résultat recherché est l'obtention du
meilleur financement (ou montage financier), compte tenu des finalités
précédemment décrites et des différentes
contraintes (normes et usages). Cet aspect de l'évaluation a pris de
l'ampleur ces dernières années, avec notamment la prise de
conscience du fait que le montage financier peut mieux faire vendre un projet,
que son coût global. Nous pourrons alors parler d'ingénierie ou de
marketing financier.
Les documents et informations nécessaires à la
réalisation de cette phase sont:
les investissements;
le besoin en fonds de roulement;
la marge brute d'autofinancement (tirée du compte de
résultat);
les différentes sources de financement (subventions,
emprunts, augmentation de capital...).
Le document de travail de référence est un
tableau de financement provisoire permettant de déterminer en cascade,
au fur et à mesure, les différentes solutions, à partir
des besoins calculés, année par année. Nous verrons
comment la programmation linéaire peut nous être d'un certain
secours.
Remarque : des études
complémentaires vont aussi intervenir.
Jusqu'au dernier moment, la situation du financement peut
être améliorée par des montages plus affinés,
notamment par une meilleure étude des relations du projet avec ses
clients et ses fournisseurs. Par ailleurs, l'étude de sensibilité
précédemment entreprise peut être poursuivie dans son
aspect financement:
calcul du risque financier;
dépendances vis-à-vis des sources de
financement.
A.3. La présentation des résultats
Dans cette phase, il faudra d'abord reprendre presque tous les
documents comptables précédents qui sont des documents de travail
pour leur donner un caractère plus définitif. Ainsi nous
intégrerons les données du financement au compte de
résultat. Le tableau de financement lui-même sera repris à
partir de la nouvelle marge brute d'autofinancement. Des comptes nouveaux sont
établis, par exemple le bilan. Les principaux ratios de performance
seront calculés (version simplifiée et adaptée des
principaux indicateurs d'analyse financière 1) et comparés
à ceux du secteur ou de la concurrence.
Une étude complémentaire est entreprise, celle
de l'analyse mensuelle de l'activité qui débouchera notamment sur
la trésorerie à court terme au moins pour la première
année d'exécution du projet qui est généralement
spécifique (importance des investissements, démarrage des
emprunts...). Il se peut que cette étude remette en cause des
données antérieures (nouvelles charges financières par
exemple). Dans ce cas, nous aurons avantage à commencer cette
étude complémentaire le plus tôt possible. L'analyse des
risques est présentée globalement, c'est-à-dire à
partir des éléments avant et après financement. Il
importera à ce stade de regrouper et de pondérer les
différents risques encourus par le projet. Les risques sont
identifiés par une approche très large touchant tous les «
éléments » qui sont en relation avec le projet, par un
processus d'internalisation (impact sur les objectifs du projet). Ils ne sont
donc pas tous d'origine financière, même si leur impact est de
nature financière. Par ailleurs, cet impact n'est pas toujours
mesurable. Par exemple, la personnalité du dirigeant est à
l'évidence un élément qui conditionne la réussite
du projet.
Cette analyse devra permettre la détermination des
stratégies de réalisation du projet et éventuellement
aider aux différents choix qui devront être effectués. Elle
pourra déboucher sur la mise en place d'un tableau de bord
spécifique facilitant les suivis de gestion.
En conclusion, il est possible de considérer trois
approches dans l'élaboration évaluation.
De la confrontation entre les deux premières approches,
naissent à la fois le niveau de risque et les stratégies de
réalisation. Les stratégies élaborées sont alors
testées sur le plan de leur réalisation financière
effective. Nous sommes donc en présence d'un processus d'optimisation
réalisé en deux phases (avant et après financement).
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