II -7-9) Traitements de protection et de
réparation :
Il n'existe pas, à l'heure actuelle, de traitement
qui assure la réparation définitive d'un ouvrage atteint
d'alcali-réaction : les procédés existants ne font que
prolonger la durée de vie du service. Ces traitements interviennent
à deux niveaux: chimique et mécanique.
Au niveau chimique, partant du principe que le
déroulement de l'alcali-réaction exige simultanément {eau
+ alcalins + silice soluble}, on peut soit assécher le béton soit
inhiber la réaction alcali-silice.
Au plan mécanique, on contrecarre l'effet des
contraintes résultant de l'expansion: on opère alors soit par
libération de ces contraintes soit en s'y opposant par des renforcements
variés.
II -7-9.1) Assèchement du
béton :
On dispose de plusieurs techniques pour réduire les
venues d'eau dans le béton.
- Injection des fissures
Par injection d'un produit scellant, on peut obturer les
fissures et réduire ainsi la pénétration, à
condition que ce produit soit suffisamment souple pour suivre
l'élargissement de la fissure avec le temps : on emploie souvent des
résines époxydiques. Ce genre de traitement n'a qu'une
efficacité très réduite car il n'empêche pas l'eau
de pénétrer par les espaces interfissuraux et il ne freine pas le
développement de la fissuration superficielle.
- Application de revêtements
superficiels
Lorsqu'il s'agit d'une simple application de peinture,
donc de faible épaisseur (<300ou400ìm), le film n'est pas
totalement imperméable à l'eau et il est perméable
à la vapeur d'eau : le résultat est donc médiocre.
Par contre, l'application d'un revêtement plus
épais (quelques millimètres), généralement sous la
forme d'une membrane en matière plastique, est une pratique qui
réduit considérablement la pénétration de l'eau
dans le béton. L'efficacité du film protecteur est
évidemment abaissée lorsqu'il est déchiré,
situation à envisager au cours de son vieillissement. Cette technique a
été fréquemment mise en oeuvre et a montré son
aptitude à prolonger la durée de service des ouvrages.
-Imprégnation par des agents
hydrophobes
Plusieurs expérimentations en laboratoire et des
retours de mesures in situ montreraient qu'on peut fortement diminuer
l'humidité relative dans un béton et ralentir le gonflement
consécutif à l'alcali-réaction par imprégnation au
moyen d'une solution hydrophobe : produits essentiellement à base de
silanes.
II -7-9.2) Imprégnation par des agents
chimiques inhibiteurs :
Des sels de lithium pouvaient contrer les effets de
l'alcali-réaction : LiNO3 est le plus sûr d'emploi.
Néanmoins, comme la pénétration du lithium dans le
béton est faible (au mieux 5 cm), ce genre de traitement présente
essentiellement un intérêt pour des ouvrages tels que des
bétons de revêtement routier.
Dès lors que le degré de fissuration du
béton est le facteur essentiel qui commande la profondeur de
pénétration du lithium, il se pose la question suivante :
à quel moment faut-il traiter un ouvrage dont la fissuration progresse
avec le temps?
Figure II -42:
Schématisation des évolutions comparées de la
dégradation
et de la résistance à la
pénétration de lithium .D'après [42]
Si le traitement est appliqué trop tôt, il
est inefficace car non pénétrant : trop tard implique que les
dégâts sont irréversibles donc incurables.
Thomas et Stokes [42]
résument la situation sur la figure ci-dessus et suggèrent
que l'optimum correspond à une expansion de l'ordre de
1.10-3.
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