4-LES OBSTACLES A L'ENTREE DES NOUVEAUX
ENTREPRENEURS
Les candidats entrepreneurs doivent faire face à des
obstacles considérables, surtout s'ils s'écartent des
modèles classiques. Leur comportement peut s'expliquer dans une large
mesure par 1'existence de ces obstacles a leur entrée en activité
et par les stratégies qu'ils mettent en oeuvre pour les surmonter.
Le manque de fortune personnelle limite considérablement
1'activité entrepreneuriale et les intéresses doivent souvent
faire preuve d'une très grande ingéniosité pour pallier ce
handicap. Nous reviendrons plus en détail dans le chapitre III sur les
problèmes de financement et leurs solutions.
L'aspect financier n'est qu'une des raisons qui poussent les
nouveaux entrepreneurs à chercher à établir des contacts
et à rassembler ou diffuser des informations. La famille mise a part,
les clubs et associations figurent au premier rang des institutions a but non
lucratif qui permettent ces contacts, mais 1'accès peut dans bien des
cas être conditionne par le versement de cotisations
élevées ou la détention de certains litres universitaires
ou qualifications professionnelles, ou être réservé aux
hommes, pénalisant ainsi les personnes défavorisées sur le
plan social.
Les obstacles a 1'entrée ne tiennent pas seulement aux
antécédents et au caractère de 1'entrepreneur, mais aussi
a des éléments de 1'environnement social et économique
comme, par exemple, un régime fiscal favorable, 1'ouverture des marches
publics aux petites entreprises et aux entreprises nouvellement
créées, la lourdeur relative des formalités
administratives requises pour faire enregistrer une nouvelle affaire. II faut
aussi compter avec les entreprises en place qui - bien qu'elles-mêmes ne
souhaitent ou ne puissent pas, au moment considéré, exploiter ces
débouches avec un rendement correct - sont souvent en mesure
d'empêcher les autres de le faire. Si elles souhaitent exclure ces rivaux
potentiels, ce peut être soit pour protéger leur position
actuelle, soit simplement pour se réserver la possibilité
d'exploiter elles-mêmes les débouches en question a une date
ultérieure, lorsqu'ils seront plus rentables.
Comme 1'explique Edith Penrose dans son ouvrage, The Theory of
the Growth of the Firm, paru en 1959, mais qui reste très pertinent, ce
pouvoir d'exclusion peut reposer sur la maitrise licite (ou illicite) de la
technologie ou des matières premières nécessaires, ou
encore sur la possibilité d'engager une « guerre des prix», ou
sur divers types de relations avec les distributeurs. Elle qualifie ces
restrictions a 1'entrée d'«artificielles», par opposition aux
difficultés liées au volume des capitaux nécessaires, aux
handicaps dont souffrent habituellement les petites entreprises sur le plan des
couts et des marches, a l'attachement des consommateurs a certaines marques
(attachement entretenu par une publicité couteuse), aux performances
supérieures des producteurs en place et autres facteurs analogues.
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