Le malaise dans l'oeuvre de Ken Bugul: cas de "la folie et la mort " et "de l'autre côté du regard "( Télécharger le fichier original )par Kouessi Jacques Richard CODJO Université d'Abomey- Calavi Bénin - Maà®trise ès- lettres modernes 2004 |
C- La religion et les déviations sexuelles.La religion peut apparaître comme une source de malaise lorsque certaines de ses pratiques entraînent des désagréments ou que certains de ses dirigeants ont des comportements immoraux. C'est ainsi que, si la mendicité se trouve être institutionnalisée dans la religion musulmane et qu'un prêtre de l'église catholique viole une fille musulmane, cela crée un malaise. De la même façon, certaines pratiques sexuelles n'étant pas encore acceptées dans la société africaine posent problème. 1- La mendicité institutionnalisée.Dans De l'autre côté du regard, le narrateur promène son regard sur les activités qui se déroulent aux alentours des mosquées. Et c'est là qu'il découvre que la mendicité est bien organisée en ces lieux. D'abord, le nombre des mendiants est très élevé du fait que la devanture d'une mosquée est préparée pour les recevoir : « Ces individus que mon frère regardait, devaient faire leurs prières quotidiennes. Ils faisaient certainement la sieste devant la mosquée. Sûrement ils prenaient leurs bains là aussi, peut-être derrière la mosquée. On dirait même qu'ils y prenaient leurs repas. Il y avait de la vaisselle et des ustensiles tout autour d'eux. Certains ustensiles étaient couverts, d'autres étaient posés les uns contre les autres. Les devantures des mosquées étaient devenues le domicile des sans domicile »94(*). Ces habitants d'un autre genre étaient là pour accueillir les dons des pécheurs, conformément à ce qui était conseillé dans la religion. Eux vivaient de ces dons pour permettre aux pécheurs d'obtenir d'auprès de Dieu la rémission de leurs péchés. C'est cette mentalité qui a engendré et continue d'entretenir le phénomène de la mendicité autour des mosquées. Et le phénomène a pris une telle ampleur que les mendiants ont senti le besoin de s'organiser pour mieux gérer la pléthore de vivres qu'ils accueillent, comme le décrit le narrateur : « Ces individus devant les mosquées étaient constitués en comités. Ils étaient organisés avec l'aval d'un dignitaire de la mosquée. Si ce n'était sous la supervision de ce même dignitaire. Il y avait des comités de réception. Des comités de tri. Des comités de stockage. Des comités de partage. Des comités de vente. Des comités de consommation. »95(*). Cette organisation est d'autant plus nécessaire que les dons sont répartis sur des jours spécifiques. Des jours sont prévus pour recevoir des billets de banque, des pièces de monnaie et des vivres. Mais la mendicité crée des problèmes sociaux puisque, dans l'entendement populaire, il suffit d'aller jeter quelques billets de banque devant une mosquée pour voir ses fautes les plus graves s'envoler comme de la poussière. Par ailleurs, pour beaucoup de personnes bien portantes, il apparaît désormais plus rentable d'aller s'asseoir devant une mosquée et de recevoir les dons de gens en quête de repentance que d'aller chercher un travail dont la rémunération ne vient qu'à la fin du mois. Cette pratique de la mendicité révèle un malaise socioculturel généré par la religion parce qu'elle a fait naître une race de parasites. La religion est également source de malaise dans La folie et la mort. * 94 Idem, p.211 * 95 Idem, p.213 |
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