CONCLUSION GENERALE.
Il ressort de notre travail que les droits des enfants
infectés ou affectés par le VIH/SIDA ne sont pas suffisamment
protégés. Alors que le Burundi se trouve parmi les pays les plus
touchés au monde et que les enfants se trouvent dans la catégorie
des personnes les plus affectées par cette pandémie.
En effet, le VIH/SIDA aggrave la situation déjà
précaire des enfants du Burundi dans la mesure où il les tue et
tue leurs parents, aggrave leurs problèmes de santé et que de
nombreuses violations de leurs droits sont liées à cette
pandémie.
En outre, le VIH/SIDA est venu bouleverser les
mécanismes juridiques et sociaux de protection existant.
En effet, les mécanismes de protection
institués par le CPF sont organisés soit autours des parents,
soit autours de la famille ce qui fait qu'ils sont impuissants à faire
face à la situation engendrée par le VIH/SIDA dans la mesure
où cette pandémie tue les parents et a dépassé le
seul cadre de la famille pour devenir un problème de
société.
D'un autre côté, les dispositions relatives
à la protection des droits de l'homme se trouvant dans différents
textes de lois sont impuissantes à faire face à cette
« épidémie de discrimination » et de
violation des droits les plus pertinents dans ce contexte qui sont dans le
sillage de la pandémie du SIDA.
Enfin, la situation de guerre que nous traversons et
d'extrême pauvreté dans laquelle sont plongées beaucoup de
familles et communautés touchées par le VIH/SIDA a mis à
rude épreuve le système traditionnel de protection des
vulnérables comme les orphelins et les veuves qui prévalait dans
la société burundaise.
Cependant, beaucoup de choses sont entrain d'être
réalisées au Burundi. De même, la communauté
internationale s'est beaucoup investie dans le domaine de la lutte contre la
pandémie du SIDA et la réduction de son impact sur la population
en général et sur les enfants en particulier.
C'est ainsi que l'accès aux ARV et aux soins
médicaux de qualité devient de plus en plus une
réalité pour beaucoup de personnes, même si le chemin
à parcourir avant que tout enfant infecté par le VIH ait
accès à un traitement approprié reste très long.
Mais, il y a une grave lacune à souligner parmi les
réalisations : les acteurs dans la lutte contre le SIDA ont fait
passer au second plan la mise sur pied d'une législation qui
protège les droits des personnes vivant avec le VIH/SIDA et leurs
familles alors que l'élaboration d'une telle législation se
trouve au niveau des urgences.
En effet, les personnes touchées par la maladie du
SIDA, y compris les enfants ne sont pas protégées efficacement
contre la discrimination liée à cette pandémie. De plus
les protections du droit à la santé, du droit à
l'éducation,..., la protection contre la spoliation des biens des
enfants et contre les mauvais traitements sont inadaptées aux exigence
d'une protection efficace des droits des enfants dans le contexte du
VIH/SIDA.
C'est ainsi que dans ce travail, nous avons émis des
propositions allant dans le sens d'une part d'adapter les dispositions
existantes en matières de protection des droits des individus en
général et des droits des enfants en particulier à cette
situation déjà catastrophique engendrée par le VIH/SIDA et
d'autre part d'élaborer une législation portant protection des
droits des personnes touchées par le VIH.
De même, nous avons suggéré
d'étendre les protections de remplacement du CPF aux communautés
afin de donner à ces dernières des moyens juridiques de
défendre les orphelins et les enfants autrement affectés par
cette pandémie en cas d'absence ou de défaillance de la famille.
Cette réorganisation des mécanismes de protection sera
renforcée par le rôle déterminant du juge dans ces
institutions de remplacement et la décentralisation du
Département de la Protection Sociale sur tout le territoire nationale
afin de faire le suivi et le contrôle de ces mécanismes de
protection de remplacement.
Par ailleurs, tout au long de ce travail nous avons
souligné la nécessité de porter une attention
particulière à la réalisation des droits des enfants les
plus pertinents dans le contexte du VIH/SIDA comme le droit à la
santé, le droit à l'éducation, etc. A cet égard
nous avons recommandé de tenir compte de la situation de double
vulnérabilité dans laquelle se trouvent ces enfants d'abord en
tant que personnes vivant avec le VIH/SIDA mais également en tant
qu'orphelins ou enfants de parents vivant avec le VIH/SIDA pour donner
priorité à leur protection.
En outre, comme les droits des enfants sont souvent
liés à ceux des adultes, nous avons recommandé de
protéger les droits des parents. C'est dans ce cadre que nous avons
proposé la protection du droit au travail des personnes vivant avec le
VIH/SIDA et la législation sur les successions afin d'enlever ce domaine
à l'empire de la coutume burundaise qui refuse de traiter la fille sur
le même pied d'égalité que le garçon en ce qui
concerne l'héritage et le droit à la propriété.
Enfin, nous avons abouti à l'évidence qu'il
faut promulguer une loi spécifique à la protection des droits des
personnes vivant avec le VIH/SIDA, avec une partie consacrée à la
protection des droits des enfants touchés par cette terrible
pandémie.
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