3.1.4. Sur le plan juridique :
Pour la majorité des victimes, les agresseurs ne sont
pas connus. Les autres disent qu'il n'y a pas des cliniques juridiques dans
les milieux sinon elles peuvent porter plainte. Pour les autres elles sont
limitées économiquement pour poursuivre le dossier auprès
des juges. D'autres femmes ont peur de représailles et d'autres n'ont
pas le temps à comparaître au tribunal.
Face à cette situation, les interrogées
souhaitent que le gouvernement prenne ses responsabilités en se qui
concerne la sécurité de la population. Elles souhaitent que les
rebelles rwandais rentrent chez eux et que les guerres prennent fin. Certaines
femmes souhaitent que les militaires quittent leurs milieux. Le besoin
d'être réhabilitées par la justice a été
exprimé par quelques unes par le fait qu'elles souhaitent que les
agresseurs soient arrêtés.
3.1.5. Sur le plan économique :
Avant les guerres la majorité des femmes
interrogées vivaient de l'agriculture quoiqu'il y ait celles là
qui vivaient de l'élevage, de la couture, du brassage et vente de
boisson alcoolisé, du restaurant, de panachage d'huile de palme et du
petit commerce. De ces activités, c'est le petit commerce donnait
beaucoup plus de revenus. La moyenne des revenus variait entre 10 et 24
dollars américains par semaine. L'agriculture quoique principale
activité, apportait une moyenne hebdomadaire qui variait entre 8 et 15
dollars.
Pendant les conflits armés, les femmes
interviewées avaient perdu beaucoup de biens de valeurs tels que
maisons, objets ménagers, élevage, champs, outils de travail,
fonds de commerce.
Après la guerre l'agriculture reste toujours
l'activité principale. Le nombre de celles-là qui pratiquent le
petit commerce a sensiblement diminué tandis que le brassage et la vente
de boisson alcoolisée locale a sensiblement augmenté. Certaines
femmes ne peuvent plus exercer les activités génératrices
de revenu après viol parce qu'elles n'ont plus de force à cause
des faiblesses physiques. Les autres sont des déplacées de leurs
milieux et vivent au dépend des familles d'accueil abandonnant ainsi
leurs champs. La situation économique a baissée : le revenu
moyen hebdomadaire grâce au petit commerce a diminué de
l'intervalle entre 10$ et 24$ à l'intervalle de 5$ et 12$. Le brassage
et vente de boisson alcoolisée locale est devenu une activité qui
fait entrer beaucoup plus de revenus. La moyenne hebdomadaire varie entre 6$
à 12$.
La majorité des femmes ont 4 à 7 personnes en
leur charge. Certaines d'autres ont au-delà de 7 personnes et le reste
dépendent de leurs familles, amis ou connaissances. Celles qui ont des
personnes à leur charge éprouvent des difficultés surtout
pour les soins médicaux, même si la nourriture, la scolarisation,
le vêtement sont aussi cités comme difficultés pour
subvenir aux besoins des personnes à leur charge.
La majorité des femmes ont un capital
économique de moins de 10$. Il y en a celles qui ont 80$ quoique
très minoritaires.
Jusque là la culture d'épargne ne domine pas la
mentalité des femmes interviewées. La majorité
n'épargne pas parce qu'elles pensent n'avoir rien pour épargner.
Les autres ont peur d'épargner dans une des coopératives car
elles ont gardé mauvais souvenir des tontines, les autres ont peur de
la dévaluation, les autres disent qu'il n'y avait pas de
coopérative dans leurs milieux. Quoique très minoritaire,
quelques femmes gardent un peu d'argent dans une caissette dans leurs maisons
pour subvenir aux frais scolaires de leurs enfants.
Le besoin de l'assistance économique se fait sentir
par les conséquences physiques, sociales, juridiques et même
économiques. La majorité de nos interviewées souhaitent
être économiquement indépendant pour répondre
à plusieurs de ces besoins.
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