3.1.3. Sur le plan social :
Après viol, dans leurs familles comme dans leur
entourage, les femmes sont victimes des souffrances de tous genres : elles
sont rejetées, méprisées, marginalisées,
abandonnées à leur propre sort.
Quelques unes d'entres elles ont d'enfants issus du viol qui,
de leur côté, augmentent leur souffrance : la majorité
des victimes aiment ces enfants malgré elles et sont rares celles qui
les aiment de tout leur coeur. Il y a celles qui ont honte d'eux et les autres
sont tout le temps en colère envers eux. Certaines d'entre elles sont
arrivées même à abandonner ces enfants. Quelques uns de
ces enfants sont acceptés par l'entourage, mais les autres subissent
des maltraitances de tout genre de part des maris de leurs mères. Les
belles-mères, les parents et les frères de leurs mères,
même leurs demi-frères les déconsidèrent.
La majorité des femmes interviewées ont un
faible niveau d'éducation : la majorité a un niveau
d'éducation primaire, qui ne leur permet pas de bien lire et
écrire. Un faible pourcentage représente celles-là qui ont
un diplôme de niveau secondaire mais le reste est totalement
analphabète. La majorité des femmes ont abandonné
l'école suite à la culture du milieu qui considère avec
moins de valeur l'éducation des filles mais donne plus de valeur au
ménage. Certaines filles ont abandonné les études suite
aux grossesses précoces, d'autres ne pouvaient pas continuer les
études à cause de l'irresponsabilité ou de la
pauvreté des parents. Cependant il y avait aussi des filles qui ont
abandonné l'école puisqu'elles étaient violées en
publique et/ou prises en esclavage sexuel.
Pour toutes les femmes interrogées, les voisins
connaissent qu'elles étaient violées. Pour la majorité,
c'est puisque le viol était publique. Pour les autres la nouvelle
était connue quand il y avait disputes dans les ménages et que
les femmes étaient abandonnées ou rejetées. Quoique
minoritaires les autres cas étaient connus lors des transferts
médical loin du village et lors de distributions de vivres qui se
faisaient en publique.
Chaque fois que les membres de la communauté
connaissent que les femmes sont violées, ils ont peur d'elles car ils se
disent qu'elles ont le virus du SIDA. Les autres pensent qu'elles sont devenues
des porte-malheurs et qu'elles méritent d'être
éloignées de leur milieu. Il y en a qui les regardent avec
curiosité comme si elles étaient devenues des nouvelles
créatures malheureuses. Ces femmes souffrent du fait qu'elles sont
doigtées à leur passage. Cette situation les affecte davantage
car elle avait réduit à néant leurs capital. La
majorité ne peut plus appartenir à des groupes de femmes ou
à des associations, elles pensent qu'elles sont sales par rapport aux
autres, ainsi elles ne trouvent pas l'importance à se joindre aux
autres. Les autres ne peuvent pas se joindre aux groupes des autres femmes par
ce que leur maris ne les autorisent pas. Certaines d'entre elles qui peuvent
appartenir aux groupes de femmes se disent qu'il n'y a pas des telles
organisations dans leurs milieux. Par contre il y a des femmes qui disent
carrément qu'elles n'ont pas confiance aux chefs de groupes ceux-ci sont
accusés de détournement.
L'enquête a montré que la majorité des
femmes ne connaissent pas les Droits Humains et celles qui les connaissent
pensent que les Droits ne sont pas respectés : elles vivent
toujours des guerres et elles sont toujours violées. Suite à
cette situation, certaines femmes souhaitent avoir un endroit de refuge loin de
leur milieu, pour les autres, que les familles soient sensibilisées.
L'analphabétisme gêne certaines femmes car elles souhaitent
rentrer au banc de l'école pour améliorer leur connaissance et
plus tard gagner leur vie. Le besoin crée par les enfants issus du viol
est exprimé par le fait que certaines femmes souhaitent que le
gouvernement prenne en charge ces enfants tandis que la majorité
souhaite avoir leurs propres moyens pour subvenir en charge ces enfants. Les
autres insistent que les familles soient sensibilisées pour qu'elles
comprennent la situation dans laquelle elles se trouvent.
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