3. LA CRITIQUE DE LA COURBE DE PHILLIPS
3.1 La vision des monétaristes
Selon l'argument avancé par Friedman-Phelps (1968), on
peut concevoir une courbe de Phillips à condition que les travailleurs
s'attendent à un autre salaire réel que celui anticipé par
les entrepreneurs, c'est-à-dire les anticipations des travailleurs
à l'égard du niveau général des prix sont
différentes de celles des entrepreneurs. Dans ce cas, on suppose
généralement que les entrepreneurs ont des anticipations de prix
plus justes et plus correctes puisque ce sont eux qui les fixent.
L'interprétation de la courbe de Phillips par Friedman
et Phelps parvient donc à un résultat différent de
l'interprétation faite par Lipsey. Dans ce dernier cas, nous obtenons le
fondement théorique d'une seule courbe de Phillips qui n'est pourtant
pas cohérente puisque les agents économiques effectuent leurs
calculs sur la base du salaire nominal. Dans le premier cas, nous obtenons
plusieurs courbes de Phillips (c'est-à-dire une relation de Phillips
instable), mais qui, par contre, sont cohérentes avec la théorie
économique puisque les agents économiques orientent leurs plans
selon des variables réelles - à savoir le taux de salaire
réel anticipé.
De ce fait, la (les) courbe (s) de Phillips selon la version de
Friedman - Phelps4 s'écrit (s'écrivent) :
dp dt
1dw 1
wdt
f
U ,
p
(8)
( )
U
a
W = +
Ð f
où
Où le terme de gauche représente le taux de
variation soit des salaires, soit des prix.
La relation (8) représente ce qu'il convient d'appeler
dans la littérature macroéconomique la courbe de Phillips
augmentée des anticipations d'inflation. Cette formulation a deux
principales implications :
· Première implication : La relation entre le
taux de variation du salaire et le taux de chômage n'est pas stable
à court terme. Cette relation dépend en effet de la formation des
anticipations et pourrait correspondre à une famille de courbes «
paramétrées » par des niveaux différents de
l'inflation anticipée Ða t .
· Deuxième implication : A long terme, la position
d'équilibre de la courbe de _
Phillips correspond à celle où U U
=
|
. Cela signifie qu'il n'existe pas de choix
|
|
possible entre la hausse des salaires (ou l'inflation) et le
chômage. Le taux de
_
chômage serait égal au taux de chômage
naturel5, soit U U
= et la courbe de
Phillips serait verticale.
4 M. Friedman « Prix et théorie économique
», Economica., (1983).
5 Selon Friedman, Le taux de chômage naturel est «
le taux qui découlerait du système Walrasien des équations
d'équilibre général si y étaient
intégrées les caractéristiques structurelles effectives
des marchés des biens et du travail, y compris les imperfections de
marché, la variable aléatoire des offres et des demandes, le
coût de collecte de l'information sur les emplois vacants, les
coûts de mobilité, etc. ».
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