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Les structures de pré collecte des ordures ménagères à  Abidjan: cas du groupe NS de la Riviera

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par Travail de groupe - Sociologie
Université de Bouaké - Côte d'Ivoire - Licence 2009
  

Disponible en mode multipage

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SOMMAIRE

SIGLES ET ACRONYMES.............................................................................2

REMERCIEMENTS.....................................................................................3

INTRODUCTION GENERALE.........................................................................4

A- CADRE THEORIQUE...............................................................................6

B- CADRE METHODOLOGIQUE.................................................................19

PREMIERE PARTIE : CONDITIONS D'EMERGENCE DE L'ASSOCIATION DE PRE COLLECTE DES ORDURES MENAGERERES « NTAMON SERVICES .....31

CHAPITRE I : STRUCTURES DE PRE COLLECTE DE LA COMMUNE COCODY.....32

CHAPITRE II : CONDITIONS D'EMERGENCE DE « NTAMON SERVICES»...........34

DEUXIEME PARTIE : LOGIQUES D'INTERVENTION DE L'ASSOCIATION DE PRE COLLECTE DES « NTAMON SERVICES ».............................................39

CHAPITRE I : LA LOGIQUE DU PROFIT........................................................40

CHAPITRE II : LES AUTRES LOGIQUES D'INTERVENTION

DE L'ASSOCIATION « NTAMON SERVICES » ..............................45

TROISIEME PARTIE : LES STRATEGIES DE L'ASSOCIATION DE PRE COLLECTE  « NTAMON SERVICES »...........................................................49

CHAPITRE I : LE MARKETING SOCIAL........................................................50

CHAPITRE II : LES MOYENS HUMAINS ET MATERIELS..................................53

CONCLUSION GENERALE...........................................................................57

BIBLIOGRAPHIE.......................................................................................59

TABLE DES MATIERES...............................................................................62

ANNEXES................................................................................................68

SIGLES ET ACRONYMES

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ANASUR : Agence National de la Salubrité Urbaine

CMAE : Conférence des Ministres Africains pour l'Environnement

P-O : Par Ordre

CTSEC : Cooperative des Techniciens de Surface et des éboueurs de Cocody

CO-IVESPRO : Cooperative Ivoirienne des Professionnels de l'Environnement et la Salubrité

CITES-CI : Cooperative Ivoirienne des Techniciens de l'Environnement et de la Salubrité de Cocody

UPRESCO : Union des Pré collecteurs de l'Environnement et de la Salubrité de Cocody

COTESCO : Coopérative des Techniciens de l'environnement pour la Salibrité de Cocody

SICOGI : Société Ivoirienne de Construction et de Gestion immobilière

N-S : Ntamon Services

REMERCIEMENTS

La réalisation du présent mémoire n'aurait été possible sans l'éternel Dieu, source de vie et de savoir.Par devoir de reconnaissance, nous lui rendons grâce.

Des personnes aussi bien physiques ont contribué à l'édification de ce travail.

Remercions à cet effet tous nos maîtres, les enseignants qui malgré les difficiles conditions nous dispensent le meilleur d'eux-mêmes.

Nous tenons à témoigner notre reconnaissance au Docteur KOUAME Séverin, notre responsable de niveau.

Notre gratitude va de façon spéciale au Docteur DOUDOU Dimi Théodore pour sa disponibilité, ses conseils et son adhésion à notre requête de le choisir comme directeur de mémoire.

A la famille KOUASSI, dont le domicile a servi de cadre de travail à notre groupe, et qui a mis à notre disposition l'outil informatique, nous disons merci.

A tous nos camarades de niveau et du département de Sociologie. Nous disons merci de leur amitié et de leur soutien inestimable.

Enfin, à toutes les braves personnes rencontrées sur le terrain et qui ont voulu se preter à nos questions, nous temoignons notre gratitude.

INTRODUCTION GENERALE

La santé de l'homme, le maintien de l'écosystème et du climat sont intimement liés à la préservation de l'environnement. Pour cela les questions environnementales font l'objet depuis quatre décennies de réflexions réunissant décideurs politiques, autorités publiques et autres experts sur les grandes places notamment à Stockholm en Suède, à Rio de Janeiro au Brésil, à Maputo au Mozambique (FABIENNE et al, 2002) et au Danemark ( www.actu-environnement.com).

La déclaration de Stockholm en 1972, a placé les questions environnementales au rang des préoccupations internationales et marque le lien qui existe entre la croissance économique, la pollution de l'environnement mondial (air, eau, le sol....) et le bien être des peuples dans le monde entier.

La conférence de Copenhague qui s'est tenue du 07 au 18 Décembre 2009 au Danemark est la 15e « conférence des parties » de la convention cadre des nations unies sur le changement climatique. Celle-ci a abouti à un accord visant à réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à celles de 1990 ( www.actu-environnement.com).

En Afrique, des centaines de millions d'habitants dépendent directement ou indirectement des biens environnementaux. Les gouvernements africains reconnaissent ce fait et ont mis en place des mesures pour sauvegarder l'environnement, notamment l'adoption fondamentale du plan d'action de Lagos en 1980. Celui-ci proposait des mesures concrètes pour incorporer les considérations environnementales à la planification du développement. Les chefs d'Etats africains ont crée la Conférence des Ministres Africains de l'Environnement (CMAE) en 1985. Elle vise à renforcer la coopération régionale en matière de solutions politiques pour l'environnement et d'activités techniques et scientifiques pour minimiser la dégradation et donner un intérêt tout particulier aux biens et services environnementaux, qui sont essentiels pour réaliser un développement durable (AEO, 2006).

Cependant, le marasme économique dû au choc pétrolier des années 1980 a plongé les jeunes Etats de l'Afrique subsaharienne dans une situation catastrophique ayant des répercussions négatives sur le milieu naturel : c'est le début de la crise environnementale (BAYILI, 2002).

Les grandes métropoles n'arrivent plus à assainir les villes et la gestion des déchets devient un véritable problème pour les autorités. Abidjan, capitale économique ivoirienne, ne fait pas exception à la règle puisse qu'elle ne débarrasse qu'entre 30 et 40 % des déchets qu'elle produit (YAOTREE, 2009).

Face à une telle situation, un groupe d'acteurs intervenant dans l'informel va se signaler dans les quartiers d'Abidjan. Leurs activités vont se concentrer dans les périphéries au départ, puis vont s'étendre dans les quartiers résidentiels en procédant par une collecte « porte à porte » des ordures ménagères. C'est au vu de ce constat que nous avons jugé opportun de mener une recherche sur les nouveaux acteurs volontaires qui se sont investis la mission d'assainir les quartiers de la ville d'Abidjan. Nous cherchons donc à savoir les logiques d'intervention de ces structures de pré collecte et les stratégies qu'elles mobilisent dans l'enlèvement des ordures ménagères singulièrement au sein de la cité presse « syninfo » de la Riviera Palmeraie, sise dans la commune de Cocody

A-CADRE THEORIQUE

I-JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME

Quatre raisons ont guidé le choix de ce thème : une motivation personnelle, une motivation objective, une motivation scientifique et une motivation académique.

1) MOTIVATION PERSONNELLE

En tant que citoyens nous remarquons que l'insalubrité crée d'énormes désagréments à la population urbaine. Celle-ci est exposée aux odeurs nauséabondes, aux maladies comme la fièvre typhoïde et la diarrhée. Pire, nous cohabitons avec les ordures dans nos quartiers, sur nos lieux de travail, dans les espaces de divertisement au grand dame des autorités compétentes. C'est ainsi que confrontés aux désagréments causés par les déchets, nous avons trouvé opportun de mener une investigation sur la gestion des ordures à Abidjan.

Mais, nous avons fait le choix d'axer notre recherche sur les acteurs non conventionnels qui s'emploient quotidiennement à débarrasser nos cités de leurs ordures.

2) MOTIVATION OBJECTIVE

A l'origine, la collecte porte à porte des ordures ménagères se pratiquait dans les périphéries et dans les zones populaires. Les voies dans ces quartiers étant impraticables et ne pouvant permettre la circulation aisée des camions de ramassage des ordures. Mais, curieusement dans la commune de cocody spécialement à la Rivera Palmeraie ou les voies et ruelles sont carrossables, la pré collecte informelle des ordures ménagères est aussi très développé.

3) MOTIVATION SCIENTIFIQUE

La gestion des déchets constitue un défi majeur pour les grands centres urbains, puisque le taux de couverture de collecte des déchets solides ménagers en Afrique au sud du Sahara atteint, rarement les 50% de ses déchets (NYASSOGBO, 2005). Par exemple, Abidjan ne débarrasse qu'entre 30 et 40% (YAOTREE, 2009). On note un dysfonctionnement dû à l'inadéquation du cadre législatif et réglementaire et au dépérissement des financements (ATTAHI, 2002). Cette situation entraîne la collecte partielle des ordures, par conséquent favorise une situation d'insalubrité.

BAHILI (2002), va plus loin en évoquant la cause des crises environnementales. Il soutient que la crise économique de 1980 a eu un impact négatif sur les services étatiques. Tous les services ont vu leurs dotations réduites du fait de la baisse des prévisions budgétaires. Ainsi, on assiste à une dégradation de l'environnement. HARSH (2001), de renchérir pour affirmer que l'austérité budgétaire qu'ont entraîné les programmes d'ajustement structurel a empêché les autorités municipales de maintenir et de financer les services de base comme les routes, l'eau, l'électricité et le ramassage des ordures.

Pour remédier à cette situation d'insalubrité urbaine, l'on assiste à partir des années 1990, à l'émergence d'associations qui pour pallier à l'incapacité de l'Etat face à ses dépenses dites de souveraineté, essayent d'intervenir dans les secteurs communautaires tels que la gestion des déchets en créant au passage quelques emplois. L'on observe en terme réel sur le terrain à l'émergence de nouveaux acteurs pour faire face aux besoins de la population en matière de service (TINI, 2003).

C'est l'entrée en scène d'un nouveau type d'acteur à un moment donné dans la chaîne de la gestion des ordures ménagères urbaines qui a suscité notre attention pour ce thème d'étude. Qu'est ce qui fonde l'entrée en scène de ce nouveau type d'acteur, dans la chaîne de la gestion des ordures ménagères et les stratégies mises en place pour l'enlèvement ? 

4) MOTIVATION ACADEMIQUE

L'élaboration d'un mémoire de recherche s'impose comme une exigence académique en licence de sociologie. Après l'acquisition de connaissances théoriques à travers des cours magistraux, l'aubaine est accordée aux étudiants de faire une étude pratique aux fins d'appliquer les théories jusque là acquises. MAUSS (1971), dit à cet effet que « la théorie aura pour rôle de pousser à la recherche dans un but de vérification ». En effet, appliquer la connaissance scientifique aux faits et phénomènes sociaux en vue de ressortir une vérité objective est l'ultime but de ce travail de recherche.

II-DEFINITION DES CONCEPTS

La définition des concepts est un préalable à toute recherche.

 Durkheim indique que «  le savant doit d'abord définir des choses dont il traite afin que l'on sache bien de quoi il est question »  (in GRAWITZ, 1993).

Il s'agira de définir les concepts de :

- structures de pré collecte

- logiques d'intervention

-stratégies

- ordures ménagères

Structure de pré collecte

La structure s'entend comme une organisation. Elle se définit selon le dictionnaire de sociologie comme ...ensembles humains ordonnés et hiérarchisés en vue d'assurer la coopération et la coordination de leurs membres pour des buts donnés (BOUDON, 1997). Dans le même ordre d'idées le LAROUSSE dictionnaire de français définit l'organisation comme une association qui se propose des buts déterminés.

D'une manière générale, les structures de pré collecte sont les premiers intervenants auprès des ménages pour le ramassage des déchets. Les structures de pré collecte exercent pour la plus part dans l'informel et sont liées par un contrat aux ménages.

Ainsi, l'expression structure de pré collecte désigne une organisation, une association, un groupe d'individus qui de manière coordonnée fait la collecte porte à porte des ordures ménagères.

Logique d'intervention

Le Robert, dictionnaire de la langue française définit la logique comme ce qui est conforme au bon sens, qui est cohérent. C'est ce qui est conforme au mode de raisonnement de quelqu'un, aux principes qui guident son action, son comportement.

Dans le contexte de la presente étude, la logique d'intervention signifie les motivations qui sous tendent l'implication des pré collecteurs dans l'assainissement du cadre urbain.

Stratégies

D'après le Larousse du collège (2004), les stratégies sont un art de coordonner des actions, de manoeuvrer habilement pour atteindre un but.

Par ailleurs selon le précis de sociologie, « la stratégie consiste à préserver sa liberté d'action. L'analyse stratégique considère que chaque acteur est a mesure de le faire dans les systèmes ou il évolue. Il suffit de contrôler une zone d'incertitude même minime, afin d'acquérir du pouvoir et de s'efforcer de faire valoir ses propres enjeux » (MORIN, 2007)

Il s'agit donc ici des procédés que utilisent les pré collecteurs pour fidéliser la clientèle et préserver l'activité de l'association NTAMON SERVICES.

Ce sont, selon (TINI, 2003) le marketing social, les moyens humain et matériel (SANE, 2002), l'organisation du temps (NYASSOGBO, 2005).

Ordures ménagères

Selon le dictionnaire de l'environnement ( www.dictionnaire-environnement.com/ordure-ménagère-om.ID57.html), ce groupe de mots désigne les déchets issus de l'activité domestique des ménages.

Les ordures ménagères font partie des déchets solides issus de différentes activités des villes. Mais, leur particularité réside dans le fait qu'elles proviennent spécialement des domiciles (ménages).

Les ordures exposées dans les poubelles devant des cours font l'objet de collecte de la part des structures chargées de l'enlèvement porte à porte.

Au regard de la définition des concepts ainsi faite, il ressort que notre étude s'intéresse aux motivations qui sous tendent l'implication des pré collecteurs, puis les procédés qu'ils utilisent pour fidéliser la clientèle et préserver leur activité. D'où la question : « Quels sont les fondements de l'intervention de l'association «NTAMON SERVICES» et les stratégies mises en place pour fidéliser la clientèle et préserver son activité?»

III-REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE

«  Le jeune ethnographe qui part sur le terrain doit savoir ce qu'il sait

déjà, afin d'amener à la surface ce qu'on ne sait pas encore » (MAUSS, 1971).

Ceci nous invite à consulter les études qui ont été menées en relation avec le thème de recherche afin d'être situés sur se qui a été déjà fait.

La documentation passée en revue porte sur des ouvrages qui traitent d'une part des causes et conséquences de l'insalubrité et d'autre part des logiques d'intervention puis des stratégies des prés collecteurs.

1. LES CAUSES DE L'INSALUBRITE

Pour un besoin de clarté, nous scindons les causes en deux parties essentielles notamment les causes lointaines et les causes immédiates.

1a- Les causes lointaines

Le manque de financement des structures de collecte d'ordures dans la capitale économique. Abidjan, constitue le premier facteur de l'insalubrité. Selon le constat qu'a fait NAKA, (1998), la crise économique des années 1980 a durablement affecté les Etats du tiers monde au point que tous les secteurs d'activité ont connu un immobilisme.

BAYILI(2002) indique que la chute vertigineuse des cours des matières premières entraîne une réduction drastique des ressources financières et des prévisions budgétaires. Le service de collecte des déchets voit ses dotations réduites et n'est plus capable d'assurer totalement son rôle d'assainissement. Cette situation entraîne la réduction des services de collecte de déchets et du coup une crise environnementale.

ATTAHI (2002), en faisant une évaluation de la gestion des déchets à Abidjan affirme qu'en plus de l'implication des autorités nationales qui rendent inopérationnelles et inefficaces les mesures de gestion, le cadre législatif et réglementaire est devenu périmé et le régime de financement est obsolète, donc ne permet plus de couvrir les coûts des activités d'assainissement de la ville. HARSCH (2001), de poursuivre que l'austérité budgétaire qu'ont entraînée les programmes d'ajustement structurel, a empêché les autorités municipales de maintenir et de financer suffisamment les services de base, comme les routes, le ramassage des ordures.

TRAORE (2009), martèle qu'également en côte d'ivoire les sociétés commises pour la collecte des ordures ménagères passent plusieurs mois sans être payées.D'où l'impossibilité pour elles d'assurer régulièrement l'enlèvement des ordures.

1b- les causes immédiates

Parallèlement au manque de financement adéquat, l'insalubrité est aussi liée à l'urbanisation rapide et désordonnée. Selon YAOTREE (2009), les déchets solides résultent inéluctablement de l'urbanisation galopante et incontrôlée des villes Africaines. En Côte d'Ivoire, la grande métropole d'Abidjan concentre à elle seule les 45% de la population urbaine ivoirienne. Et cette urbanisation incontrôlée n'est pas sans effet sur l'environnement ce qui accentue et la problématique des déchets. Abidjan produit comme les autres métropoles de l'Afrique subsaharienne, des déchets dont elle se débarrasse non sans difficulté. Par exemple, avec 3796677 habitants en 2006 ( www.commune.com), Abidjan produit entre 2.500 à 3.000 tonnes/jours d'ordures ménagères soit environ 75.000 tonnes/mois. Alors que c'est 30.000 tonnes/mois qui sont enlevées par les structures d'assainissement (in fraternité matin du 29 janvier2009).

2-LES CONSEQUENCES DE L'ENVIRONNEMENT INSALUBRE

L'insalubrité dans les villes africaines à Abidjan a des conséquences des populations et sur l'environnement.

2a-impact sanitaire de la mauvaise gestion des déchets solides.

Selon ROUSSEL laby, rapportant les données de l'OMS, environ un quart des maladies affectant l'humanité sont attribuables à l'exposition prolongée de la pollution environnementale, avec en première ligne les enfants. Les maladies liées aux problèmes environnementaux font plus de 4,7 millions de décès annuellement. Et les pays en voie de développement comme la Côte D'ivoire sont beaucoup victimes. DONGO (2008), mentionne que d'après l'OMS près de la moitié des citadins d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine sont atteints d'une ou plusieurs maladies associées à un appauvrissement en eau ou à un assainissement inadéquat.Toujours selon l'OMS citée par YAOTREE (octobre 2009), plus de 80% des maladies sont liées à l'insalubrité de l'environnement. Les amas d'ordures non collectés et les dépôts sauvages sont à l'origine de la diffusion des maladies comme la malaria, la tuberculose, la jaunisse, les affections intestinales et respiratoires. La présence des ordures ménagères dans la rue, les caniveaux et les espaces verts, au-delà des nuisances qu'elle crée, représente un danger pour les enfants et parfois les adultes. Les maladies et les épidémies telles que la rage, la fièvre typhoïde, la peste et la diarrhée sont liées à l'insalubrité. En outre, pour SIMOS et CANTOREGGI (2008), un ramassage irrégulier des déchets ménagers favorise la prolifération des maladies, de parasites et agents pathogènes.

2b- impact de l'insalubrité sur l'environnement

YAOTREE (octobre 2009) relève que les lixiviats qui sortent des tas d'ordures en décomposition sont chargés d'éléments chimiques et bactériologiques pouvant polluer le sol et les eaux souterraines. Les milieux récepteurs sont aussi affectés. En présence d'un climat humide, les décharges ne sont pas stables, et il y a risque d'impact sur les nappes souterraines. La pollution de l'environnement a un effet néfaste sur l'écosystème (air, sol, eau).

3-LOGIQUES D'INTERVENTION

Saisissant l'échec du monopole public, certaines organisations populaires vont s'investir dans l'assainissement du cadre urbain pour compenser l'effritement des services parapublics et privés (NDIAYE, 2005).

Plusieurs logiques ont guidé ces organisations dans cette activité:

a- une logique économique et commerciale

BAYILI (2000), affirme que les structures de pré collecte sont dominées par une logique commerciale et de recherche de profit. En effet, les pré collecteurs interviennent essentiellement chez les usagers qui peuvent s'acquitter d'une redevance.

Ainsi, l'activité de pré collecte va consister pour les jeunes prestataires de service un cadre d'insertion socio-économique et d'amélioration de la qualité de vie (NDIAYE, 2005).

Par ailleurs, SIMOS et CANTOREGGI (2008), soutiennent que l'activité de pré collecte /collecte et traitement des déchets est une source directe de revenus pour les personnes qui la pratiquent.

NYASSOGBO (2005), n'en dit pas le contraire. Il confirme qu'en suivant le niveau social du ménage et le standing de la maison desservie, les tarifs mensuels vont de 1000 à 2000Frs CFA pour les habitants à étages et les villas, à 500f pour les ménages modestes. ORI (1993), informe qu'il existe deux modes de renumérations selon le type d'association. Quant il s'agit d'un groupement formel, un contrat de rétribution est conclu avec la municipalité. Le second cas concerne les associations informelles et repose sur les contributions directes des ménages abonnés aux prestataires.

b- une logique de se soustraire du chômage

La pratique de l'activité de pré collecte permet d'offrir des opportunités d'emploi pour certaines catégories de populations, font remarquer SIMOS et CANTOREGGI (2008).

ORI(1993), soutient quant à lui que ce sont le désir qui anime les jeunes de sortir du chômage, l'interminable attente d'un hypothétique emploi dans le secteur formel et au désoeuvrement auquel ils(jeunes) sont condamnés dans les villes,qui ont entraîné la mise en place des structures de pré collecte d'ordures .Cette initiative va se manifester à travers les jeunes issus des couches populaires les plus défavorisées au sein desquelles la crise sévit avec un maximum de sévérité :

Ce sont les jeunes travailleurs en proie au chômage, jeunes diplômés sans emploi, jeunes déscolarisés prématurément jetés à la rue et désoeuvrés, jeunes ruraux piégés par le mirage de la ville.

c- une logique de se construire une identité sociale

ORI (1993), soutient qu'il est indéniable que, par leur implication sur le terrain, les jeunes prés collecteurs conquièrent de nouveaux espaces d'inscription sociale et identitaire:

Poussés à saisir les opportunités qui s'offrent à eux, ils empruntent les chemins d'une sanction sociale positive qui, tout en achevant de construire leur statut et identité, détermine leur pouvoir.

En plus toujours selon l'auteur, à partir des initiatives qui les mènent à agir dans et sur la ville, les jeunes accèdent à une échelle de valorisation statutaire, identitaire et d'intégration sociale.

Egalement, malgré la précarité de ces emplois, les prestataires ont renforcé leur signification sociale (NDIAYE, 2005).

4-STRATEGIES

Plusieurs stratégies ont été adoptées par les services de pré collecte pour atteindre les objectifs qu'ils se sont fixés.

a- un système technique de collecte

Un « système technique » de collecte est la combinaison de moyens humains et matériels mis en oeuvre pour la collecte des ordures. En effet, les moyens matériels servant a la pré collecte sont de taille modeste, et se résument à des charrettes à deux ou trois roues à traction humaine, des brouettes, des pelles, des râteaux, des gants, des cache-nez et quelques rares fois une tenue (SANE, 2002).

Quant aux moyens humains, le nombre varie selon le type d'organisation.ORI (1993), relève que les groupements informels sont constitués de 4 à 6 personnes. Et NYASSOGBO (2005), d'argumenter que puisque ces structures sont de taille réduite, une charrette est le plus souvent tirée par 2 à 3 jeunes.

Quant aux organisations formelles qui se présentent comme des entités relativement structurées, elles se composent d'une direction bien hiérarchisée avec la définition de pôles de responsabilité individuelle et collective. Nous avons les animateurs, les collecteurs de redevance et les charretiers (SIMOS et CANTOREGGI, 2008).

b-la périodicité

Pour le bon déroulement des activités de collecte sur le terrain, un emploi du temps est établi de concert avec les ménages bénéficiaires des prestations.

NYASSOGBO (2005), raconte que le passage a généralement lieu deux fois par semaine auprès de chaque abonné, suivant un calendrier élaboré de commun accord par les deux parties, le prestataire de service et le bénéficiaire.

Quant a la distribution des factures, elle à lieu à partir du 25 du mois. La collecte de la redevance se fait à partir du 30 du mois jusqu'au 15 du mois prochain (SIMOS et CANTOREGGI, 2008).

c- Le marketing social

Les prestataires de service font un véritable marketing social auprès des populations pour favoriser leur abonnement au service de pré collecte et leur paiement de la redevance directe (TINI, 2003).

Pour sa part, BAYILI (2000), soutient que le prix est toujours négocié en fonction du volume des déchets.

Les pré collecteurs passent dans les ménages pour les convaincre de la nécessité de prendre un abonnement pour la collecte des ordures qu'ils génèrent. L'animation consiste en une discussion avec les femmes en indiquant le lien qui existe entre les maladies liées à l'eau et l'assainissement. Les structures de pré collecte prennent le nom et le numéro du ménage qui désire s'abonner (SIMOS et CANTOREGGI, 2008).

L'abonné au service a devant l'entrée de sa maison, une petite plaque très discrète accolée au portail, portant le sigle de l'association (NYASSOGBO, 2005).

Ce sigle matérialise l'adhésion des ménages au projet et permet à l'équipe de charretiers de la zone de s'y référer pour assurer le service (SIMOS et CANTOREGGI, 2008).

Les documents consultés nous ont permis de comprendre que les structures sont guidées soit par une logique commerciale ou de recherche de profit, soit par une logique de se soustraire du chômage ou par une logique de se construire une identité sociale. En ce qui concerne les stratégies, nous avons le marketing social, les moyens humains et matériels, la périodicité. Dans notre recherche avec l'association « NTAMON SERVICES », nous verrons s'il s'agit des mêmes logiques qui guident les pré collecteurs et s'il s'agit aussi des mêmes stratégies.

IV-PROBLEMATIQUE

Munis de charrettes, fourches, de tenues bigarrées et de gants, les jeunes précollecteurs sillonnent la cité Presse « syninfo » de la riviera palmeraie, sise dans la commune de Cocody. Ils font la collecte des ordures ménagères alors que les structures étatiques interviennent également dans le quartier.

Qu'est ce qui pousse ces jeunes à intervenir dans la collecte des ordures ménagères, malgré l'existence des structures étatiques ? Et étant dans ce métier, qu'est-ce qui les pousse à demeurer dans cette activité ?

Selon un leader rencontré lors de notre enquête exploratoire, les camions de ramassage se font rares dans le quartier. Par conséquent, les tas d'ordures restent entassés devant les domiciles, pourrissent sur place et dégagent des odeurs très nauséabondes mettant en péril la santé des populations. C'est donc pour venir en aide aux populations sinistrées que ces jeunes se seraientt investis dans cette activité.

Mais l'argument évoqué ici est-il la raison fondamentale qui les pousse à agir ? N'y a-t-il pas d'autres motivations? Cela d'autant plus qu'ils proposent leurs services aux riverains en échange d'une rétribution.

Sont-ils marqués par une logique sociale ou environnementale comme le laisse entendre les propos de ce leader? Ou sont-ils dominés par une logique de recherche de profit ?

Notons qu'en dehors de l'association « N'TAMON SERVICES », il existe plusieurs autres structures de pré collecte dans le quartier. Pour maintenir sa clientèle, l'association « N'TAMON SERVICES » procède à un certain nombre d'actions.

Pendant notre exploration, nous les avons vus échanger gentiment avec des femmes de ménages.Cela n'est-il pas une façon de fidéliser la clientèle?

Les prés collecteurs membres de l'association « N'TAMON SERVICES » reçoivent-ils des formations en marketing social? Agissent-ils sur la périodicité ou sur les prix ?

En un mot, quelles sont les stratégies de l'association « N'TAMON SERVICES » pour fidéliser sa clientèle et pour préserver son activité ?

V-HYPOTHESES DE RECHERCHE

L'hypothèse est un énoncé affirmatif déclarant formellement les relations prévues entre deux variables ou plus. C'est une supposition ou une prédiction, fondée sur la logique de la problématique et des objectifs de recherche définis. Dans le cadre de notre étude, nous avons une hypothèse principale appuyée par des hypothèses spécifiques.

Hypothèse principale

L'inefficacité du système étatique de pré collecte conduit à l'émergence de structures non conventionnelles ayant comme point de mire la recherche de profit et mobilisant des stratégies visant la préservation de leur activité.

Hypothèses spécifiques

1: La structure de pré collecte « N'TAMON SERVICES» de la cité Presse s'est constituée en réponse à l'impuissance des structures étatiques.

2: Les membres de l'association «N'TAMON SERVICES» sont dominés par une logique commerciale et de recherche de profit.

3:L'association « N'TAMON SERVICES» agit sur le marketing social et sur les moyens humains et matériels pour fidéliser la clientèle et préserver son activité.

VI-OBJECTIFS DE L'ETUDE

Les objectifs expriment l'intention générale du chercheur ou le but de la recherche et spécifient les opérations ou actes que le chercheur devra poser pour atteindre les résultats escomptés. Ici, les objectifs visés sont les suivants:

Objectif général

Dégager les logiques qui guident l'intervention de l'association « N'TAMON SERVICES » et les stratégies que cette structure de précollecte a mises en place pour fidéliser la clientèle et préserver son activité.

Objectifsspécifiques

1 : Relever les conditions d'émergence de l'association «  N'TAMON SERVICES » dans l'activité de précollecte.

2: Cerner les logiques qui sous tendent l'intervention quotidienne de l'association « N'TAMON SERVICES » dans le quartier de la riviera palmeraie, cité presse.

3 : Identifier les stratégies mises en place par la structure de précollecte « N'TAMON SERVICES » pour fidéliser la clientèle et préserver son activité.

B-CADRE METHODOLOGIQUE

I- DELIMITATION DU CHAMP DE L'ETUDE

I-1) CHAMP GEOGRAPHIQUE

Cocody (voir carte) fait partie des dix communes qui composent la ville d'Abidjan. Cette commune fut créée à la faveur de la loi 80-1180 du 17 octobre 1980 relative à l'organisation municipale.

Sur le plan géographique, la commune de Cocody est située dans le nord de la ville d'Abidjan. Elle a une superficie de 132 km² soit 20,8% du territoire abidjanais. Au sud, Cocody est bordée par la lagune Ebrié, au nord par la localité d'Abobo, Plateau et Adjamé placées à l'ouest et on retrouve Bingerville sur sa côte Est.

La commune de Cocody est célèbre par ses résidences de haut standing, la présence massive de représentations diplomatiques, des hôtels de renommée internationale comme Hôtel Ivoire et le Golf Hôtel. Avec une population de 251741 habitants selon le RGPH 1998, elle comprend 4 villages, 21 quartiers notamment la riviera palmeraie située dans la partie Est de la commune vers Bingerville et le village d'Akouédo. L'étude porte sur l'association «N'TAMON SERVICES» de la riviera palmeraie, cité Presse « Syninfo ».

I-2) CHAMP SOCIOLOGIQUE

La population cible de notre étude est constituée de trois catégories d'acteurs :

-Les Précollecteurs membres de l'association N'TAMON SERVICES

- Les ménages, principaux générateurs des déchets ; au sein desquels nous interrogerons les femmes ou les filles de ménage.

Notre choix s'est porté sur ces deux entités parce que ce sont elles qui s'occupent de la gestion des ordures ménagères au quotidien dans le foyer.

-Les informateurs clés (structures étatiques, service technique de la Mairie de Cocody, ANASUR....)

II-ETAPES DE LA RECHERCHE

1-LA PRÉ ENQUÊTE

La pré enquête s'est deroulée sur la periode allant du 1er 7 Avril 2010.

Elle est la phase qui a précédé l'enquête proprement dit. La pré-enquête nous a été indispensable dans la quête des données objectives pour consolider notre problématique et nos hypothèses. Ainsi, après quelques recherches en bibliothèque, nous avons exploré le terrain, phase durant laquelle nous avons rencontré quelques précollecteurs et des informateurs clés.

2-L'ENQUÊTE PROPREMENT DITE

L'enqête sur le terrain a duré 38 jours. Elle a débuté le 20 Août et a pris fin le 27 Septembre 2010.

Le guide d'entretien a constitué notre principal outil de collecte de données de terrain. Nous avons réalisé des entretiens notamment avec les pré collecteurs, les ménages et les personnes ressources ou informateurs clés. Nous nous servi également d'une grilled'observation directe pour collecter certaines informations liées aux pratiques des précollecteurs en activités.

3-PRECISION DU TYPE D'ETUDE

En sociologie, il existe deux grands ordres d'étude: l'approche quantitative et l'approche qualitative.

En ce qui concerne notre étude, elle est d'ordre qualitatif précisément de type ethnographique.

4-LES METHODES DE RECHERCHE

En recherche sociologique, on dispose d'un ensemble de méthodes pour étudier les phénomènes et les faits sociaux. Dans cette présente étude qualitative, nous retenons deux méthodes notamment l'entretien et l'observation directe.

4-a-L'entretien

« C'est un procédé d'investigation scientifique utilisant le processus de communication verbale pour recueillir des informations en relation avec le but fixé » (GRAWITZ, 1986).

L'entretien se caractérise, en effet, par un contact direct entre le chercheur et ses interlocuteurs. Il s'instaure un véritable échange au cours duquel l'interlocuteur s'exprime à partir des questions qui lui sont posées. Au cours d'un entretien, le chercheur peut éliminer les secteurs de questions qui ne génèrent pas beaucoup d'informations utiles et ajouter ceux qui sont prometteurs en fonction de l'objectif visé.

Cette méthode nous a permis de recueillir des informations sur les motivations de l'intervention de l'Association «NTAMON SERVICES » dans la pré collecte des ordures ménagères et sur les stratégies qu'elle mobilise.

Il existe plusieurs variantes d'entretien. Nous avons retenu dans notre cas :

- le focus group

- l'entretien approfondi

- l'entretien structuré

- l'entretien semi structuré

Le focus group

Le focus group est une technique d'entretien de groupe, « groupe d'expression », qui permet de collecter des informations sur un sujet ciblé. Cette technique permet d'évaluer des besoins, des attentes, des satisfactions ou de mieux comprendre des opinions, des motivations ou des comportements. Elle sert à tester ou à faire émerger de nouvelles idées inattendues pour le chercheur.

Le focus group a été réalisé avec les précollecteurs membres de l'association « NTAMON SERVICES ».

-L'entretien approfondi

C'est une technique d'entretien qui est employée au cours des entrevues avec des participants, qui ont un vécu ou une expérience personnelle, qui contribut à améliorer la connaissance sur des aspects de la recherche entreprise.

L'entretien approfondi a été réalisé avec le leader de l'association « NTAMON SERVICES ».

-L'entretien structuré

C'est une technique d'entretien qui expose tous les participants d'un échantillon aux mêmes questions. Au cours d'un entretien structuré, les questions suivent un ordre et un énoncé précis.

L'entretien structuré a été réalisé avec les filles et femmes de ménage.

-L'entretien semi structuré

C'est une technique d'entretien qui permet d'obtenir les points de vue, les réflexions et les observations de personnes qui ont une connaissance particulière, un statut particulier ou qui disposent des informations auxquelles l'enquêteur ne peut avoir accès par d'autres moyens.

L'entretien semi structuré a été réalisé avec les informateurs clés

4-b-L'observation directe

La technique repose sur une observation visuelle qui se fait sur le terrain. L'information recherchée est directement disponible. Elle concerne les comportements au moment où ils se produisent. La grille d'observation est destinée à l'observateur lui-même, non à l'interlocuteur. Les données recueillies sont fonction des objectifs de la recherche.

Une fois sur le terrain, il s'est agi d'observer, de mémoriser et de noter les comportements et conduites des précollecteurs membres de l'association « NTAMON SERVICES » afin d'identifier les stratégies qu'ils utilisent pour fidéliser la clientèle et préserver leur activité.

5-TECHNIQUES DE COLLECTE DE DONNEES

Les techniques ou les instruments sont des procédés opératoires définis, transmissibles, susceptibles d'être appliqués à nouveau dans les mêmes conditions, adaptés au genre de problème et du phénomène en cause (N'DA, 2006).

Puisque nous avons recours aux méthodes qualitatives qui n'exigent pas de données chiffrées, nos instruments de collecte se résument en :

*Un guide thématique de focus groupe adressés aux précollecteurs de «  NTAMON SERVICES » en vue de connaître :

- leurs motivations à s'insérer dans l'activité de pré collecte

- les raisons qui les poussent à se maintenir dans l'activité de précollecte

- les stratégies pour fidéliser la clientèle

- leurs avis sur l'efficacité des prestations

- le mode d'entrée dans le métier

*Un guide d'entretien approfondi adressé au leader de l'association « NTAMON SERVIVES » pour savoir :

- le contexte de la création de cette association de précollecte

- les fondements profonds qui sous tendent l'intervention de « NTAMON SERVICES »

- les stratégies pour fidéliser la clientèle

- les stratégies pour se maintenir dans l'activité malgré la concurrence

- le type d'ordures concerné par la précollecte

*Un guide d'entretien semi structuré adressé aux informateurs clés pour savoir :

- le contexte de l'entrée des préscollecteurs informels dans la chaîne de la gestion des ordures ménagères

- l'efficacité de l'intervention des préscollecteurs informels

- la relation des structures étatiques avec les associations informelles de précollecte

- le financement de la pré collecte des déchets

*Un guide d'entretien structuré adressé aux femmes et filles de ménage qui a permis de connaître:

- leur opinion sur les motivations des précollecteurs de l'association « NTAMON SERVICES »

- leur avis sur la prestation des précollecteurs

- leurs contributions en termes de coût aux prestations des prés collecteurs

- les raisons qui les fidélisent à l'association de pré collecte « NTAMON SERVICES »

*Une grille d'observation qui a permis de savoir :

- les moyens humains et matériels utilisés par l'association de précollecte « NTAMON SERVICES »

- le type de relations ménages- précollecteurs

- la contribution des ménages

6-ECHANTILLONNAGE

« L'échantillonnage, c'est regarder attentivement une partie d'une chose afin d'en apprendre plus sur la chose dans son entier » (FEURSTEIN et al, 1998).

Notre échantillon est caractérisé essentiellement par :

-la technique de l'échantillonnage

-la taille de l'échantillonnage

6-a- la technique de l'échantillonnage

Dans le cadre de cette étude, nous avons recouru à l'échantillonnage ciblé qui correspond aux études de type qualitatif. Cette technique emploie des échantillons restreints où un nombre de personnes relativement petit sont étudiés en profondeur dans leur contexte de vie.

6-b- la taille de l'échantillon

Quant à la taille de notre échantillon, elle concerne le nombre de personnes interrogées au cours de l'investigation. Nous avons échangé avec :

-6 précollecteurs de l'association « NTAMON SERVICES » avec qui un entretien de groupe (focus group) a été réalisé. Il s'agit des membres de l'association  qui couvrent la cité Presse « Syninfo ».

-1 leader de l'association « NTAMON SERVICES » a une interview en profondeur.

-10 femmes ou filles de ménages de la cité presse « syninfo » sous la forme d'entretiens individuels (semi structuré).

- 4 informateurs clés de structures étatiques (Sous directeur chargé de l'environnement et du cadre de vie du service technique de la mairie de cocody, le Chef de service salubrité et hygiène de la mairie de cocody, le directeur de l'ANASUR (P.O le chargé de communication de l'ANASUR), le directeur de la salubrité et du cadre de vie du ministère de la ville et de la salubrité urbaine).

Soit un total de 21 enquêtés.

7-LE DEPOUILLEMENT

Il s'est agit de la retranscription des données issues des interviews et des notes d'observations. Avant de commencer l'analyse, la première étape fait l'inventaire des informations recueillies et les met en forme par écrit. La retranscription organise le matériel d'enquête sous un format directement accessible à l'analyse. Plutôt que de traiter directement des enregistrements ou des prises de notes, il est préférable de les mettre à plat par écrit pour en faciliter la lecture et en avoir une trace fidèle (ANDREANI ,2003).

Le dépouillement a suivi les étapes suivantes :

- une lecture de l'ensemble des transcriptions des entretiens

- le repérage des mots et expressions clés

- la classification des discours en fonction des niveaux explicatifs de la problématique.

8-METHODES ET THEORIES D'ANALYSE

«  La méthode est constituée d'opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie » (GRAWITZ, 1986).

Ceci nous invite à rassembler les méthodes et les théories indispensables à la saisie objective de la réalité, du phénomène objet d'étude. Ainsi, nous avons recouru à la méthode compréhensive de MAX WEBER et à l'analyse stratégique de MICHEL CROSIER, à l'analyse de contenu et à la théorie de la décision pour expliquer puis comprendre les données recueillies.

1-La méthode compréhensive

C'est une méthode d'analyse sociologique initiée MAX WEBER par opposition à la méthode explicative longtemps explorée dans l'étude des faits. Elle se démarque de celle de DURKHEIM par sa perspective micro. En effet, la méthode compréhensive descend aux acteurs sociaux pour chercher à comprendre les motivations réelles de leurs actions plutôt que de chercher à les expliquer sans comprendre au préalable. WEBER souligne que la méthode compréhensive est une méthode de travail et d'analyse, s'attachant à déterminer les mobiles conscients et inconscients des actions individuelles. Toute action que l'homme pose est rationnelle par rapport à une fin qui consiste à se fixer un but et se donner les moyens à sa réussite.

Ainsi, dans le cadre de notre étude, cette méthode a permis de comprendre les logiques des acteurs sociaux (précollecteurs) puis les moyens mobilisés pour parvenir à leur fin.

2-L'analyse stratégique

Elle suppose que l'individu ou le groupe social dispose de techniques mises en oeuvre pour atteindre son ou ses objectifs. Cependant, son environnement (espace urbain et ordures ménagères) lui impose des contraintes.

Par contre, le groupe a des choix et il est à mesure d'influencer son environnement. Cette stratégie résulte d'une interaction du groupe avec son environnement.

Retenons avec CROSIER et FRIEDBERG dans l'ouvrage L'acteur et le système que la démarche stratégique rejette toute idée de déterminisme structurel ou social. Selon eux, il n'y a pas de systèmes sociaux entièrement réglés ou contrôlés. Les acteurs individuels ou collectifs qui les composent ne peuvent jamais être réduits à des fonctions abstraites et désincarnées. Ce sont des acteurs à part entière qui, à l'intérieur des contraintes souvent très lourdes que leur impose le système, disposent d'une marge de liberté qu'ils utilisent de façon stratégique dans leur interaction avec les autres.

Ainsi, cette méthode nous a permis de montrer les facteurs qui déterminent le critère de choix des techniques de collecte des ordures ménagères à la riviera palmeraie. Elle a mis par conséquent en exergue les stratégies utilisées pour la fidélisation de la clientèle et le maintien de l'activité de l'association sur le terrain.

3-L'analyse de contenu

L'analyse de contenu est la plus connue de l'analyse des données qualitatives et la méthode la plus répandue pour étudier les interviews ou les observations qualitatives (ANDREANI, 2003). Elle consiste à retranscrire les données qualitatives, à se donner une grille d'analyse, à coder les informations recueillies et à les traiter. L'analyse décrit le matériel d'enquête et en étudie la signification. Elle est la méthode qui cherche à rendre compte de ce qu'ont dit les interviewés de la façon la plus objective possible et la fiable possible.

4-La théorie de la décision

La théorie de la décision fait une part belle à l'acteur par rapport à la structure sociale. La décision est présentée comme le résultat de la juxtaposition ou de la composition d'un ensemble d'actions, c'est-à-dire de comportements quotidiens orientés vers la recherche d'une fin. Ainsi, la théorie de la décision postule que les acteurs tiennent compte de l'environnement « certain » (prévisible)  plus ou moins « risqué » ou totalement « incertain » (imprévisible). En d'autres termes, le milieu social est pour l'acteur un point de référence à partir duquel il s'efforce de mesurer les avantages, les désavantages ou les risques de sa décision.

9- DIFFICULTÉS RENCONTRES ET LIMITES DE LA RECHERCHE

9a-Difficultés rencontrées

Dans le cadre de notre étude, les difficultés auxquelles nous avons été confrontés se situent à deux niveaux:

Les difficultés économiques et les difficultés liées à l'enquête de terrain.

Les contraintes économiques

Les moyens ont énormément fait défaut dans le processus conduisant à l'élaboration définitive de l'étude. Il s'agit du manque de moyens pour l'impression des documents, pour effectuer les recherches et pour les diverses dépenses liées au mémoire.

Les contraintes liées à l'enquête de terrain

Notre principale difficulté a été sur le terrain de l'enquête. Dans un premier temps, nous avons été contraints à changer de site (cité) devant servir à l'investigation. L'enquête devait s'effectuer au départ à la cité sicogi. Elle n'a pu se faire car les précollecteurs concernés par notre étude ont interrompu leurs activités sur ce site. Ce qui nous a conduits à mener notre enquête à la cité presse, Syninfo. En outre, les pré collecteurs ont été très réticents à nous fournir les informations dans le délai prévu. Selon eux, les informations allaient exploitées autrement. L'autre difficulté est le non respect des différents rendez-vous par les informateurs clés.

9b-Les limites de la recherche

Pour nos premiers pas dans la recherche, notre champ d'étude a été circonscrit dans un petit espace et sur un petit nombre de personnes à interroger. Par ailleurs, nous avons usé des techniques et de méthodes dont nous n'avons pas encore la pleine maîtrise.

PREMIERE PARTIE

LES CONDITIONS D'EMERGENCE DE L'ASSOCIATION DE PRECOLLECTE DES ORDURES« NTAMON SERVICES »

PREMIERE PARTIE : LES CONDITIONS D'EMERGENCE DE L'ASSOCIATION DE PRECOLLECTE «  NTAMON SERVICES »

Dans un souci de clarté, nous verrons en premier lieu la structure coopérative de Précollecte de la commune de Cocody à laquelle est intégrée l'association « NTAMON SERVICES », avant de traiter des préoccupations liées à ses conditions d'émergence.

CHAPITRE I : LES STRUCTURES DE PRE COLLECTE DE COCODY

I-HISTORIQUE DE L'AVENEMENT DES STRUCTURES DE PRECOLLECTE A COCODY

L'avènement des structures de Précollecte dans la ville d'Abidjan remonte aux années 1991-1992, une période où la gestion des ordures ménagères constituait un véritable problème pour les pouvoirs publics et par conséquent pour les sociétés sélectionnées pour la collecte, selon Monsieur ASSOUKOI Achille, sous-directeur de l'environnement et du cadre de vie de la Mairie de Cocody.

Mais pour le responsable de la communication de l'ANASUR c'est après que l'Etat ait confié la gestion de la salubrité aux municipalités qu'est apparu le phénomène de la pré collecte.

1-LA CRÉATION DES STRUCTURES DE PRÉCOLLECTE DE COCODY

La création des structures de pré collecte de Cocody n'a pas été un mouvement d'ensemble. Ce n'est pas de manière concertée qu'elles ont commencé à exercer.

C'est de manière isolée et sur des initiatives parfois individuelles, que les jeunes dans les quartiers précaire de la commune ont commencé à aider les ménages à évacuer leurs ordures. Cela, parce que les camions de ramassage d'ordures n'avaient pas accès aux quartiers ayant des voies impraticables. C'est en cela que Monsieur A., sous directeur Alertes et Nuisances du Ministère de la ville a pu dire :

« Au départ, les associations de précollecte existaient dans les quartiers précaires. Parce que les camions de ramassage ne pouvaient pas circuler dans ces quartiers à cause du mauvais état des voies ».

 2-LA FUSION DES STRUCTURES DE PRÉCOLLECTE EN COOPÉRATIVES

Selon les informations recueillies au sein de la sous direction de l'environnement de la Mairie de Cocody, la fusion des groupuscules isolés au départ en coopérative fut l'oeuvre de l'actuelle équipe dirigeante de la mairie de cocody, conduite par M.DIAGOU Gaumont Jean-Baptiste. C'est en effet en 2001 dès son élection qu'il fit la recommandation aux précollecteurs exerçant sur son territoire de se fédérer en structure coopérative pour leur reconnaissance légale. C'est suite à cette demande que s'est constituée la première coopérative, CTSEC. Viendront ensuite les autres à partir de l'an 2004 notamment la CO-IVESPRO, CITES-CI, UPRESCO et la COTESCO dernière structure en date à laquelle appartient l'association « NTAMON SERVICES ».

II-PRESENTATION DE L'ASSOCIATION DE PRECOLLECTE « NTAMON SERVICES »

1-LA CRÉATION DE L'ASSOCIATION « NTAMON SERVICES »

L'association « NTAMON SERVICES », est une structure de précollecte des ordures ménagères. Elle est sous la couverture de la structure Coopérative COTESCO. Elle a été créée en 1998 à la Riviera-Palmeraie par Monsieur EDDY Ntamon Eric, leader actuel de la structure.

2-LES DOMAINES D'INTERVENTION DE L'ASSOCIATION »NTAMON  SERVICES»

«NTAMON SERVICES » a crée pour rendre salubre les quartiers de la riviera palmeraie sise dans la commune de cocody. Son domaine d'intervention principal est la Pré collecte des ordures ménagères auprès des ménages. Mais dans son expansion au fil du temps, « NTAMON SERVICES » a revu ses ambitions à la hausse. Car en plus de son objectif premier, elle exerce dans les prestations de services et dans l'assainissement (curage de canivaux, nettoyage de maison...).

3- LES ZONES D'INTERVENTION DE L'ASSOCIATION «NTAMON SERVICES »

« NTAMON SERVICES » exerce ses activités dans une aire géographique très large à la Riviera-Palmeraie. Elle assure la précollecte les ordures notamment dans les cités SICOGI, LOGIVOIRE, GUIRAUD puis à la cité presse « Syninfo » qui constitue notre zone d'étude.

CHAPITREII : LES CONDITIONS D'EMERGENCE DE L'ASSOCIATION « NTAMON SERVICES »

I-LA DEFFAILLANCE DES STRUCTURES ETATIQUES

1-UNE DÉFAILLANCE CARACTÉRISÉE PAR L'INCONSTANCE DES STRUCTURES ÉTATIQUES

Selon le sous-directeur de l'environnement et du cadre de vie de la mairie de Cocody, l'intervention des associations de pré collecte des ordures ménagères dans les quartiers de la ville d'Abidjan est due à une diminution importante de l'intervention des structures étatiques commises à cette tâche depuis les années 1991-1992. Il affirme que : « C'est depuis les années 1991-1992 que les précollecteurs ont fait leur entrée dans la gestion des ordures ménagères suite à la défaillance des structures étatiques d'alors accréditées pour cette tâche ».

Cela dit, on note donc que l'émergence de l'association de précollecte est due à la quasi absence des structures étatiques dans la gestion des ordures ménagères. C'est-à-dire que les entreprises devant assurer la collecte des ordures ménagères n'intervenaient pratiquement plus dans les quartiers de la ville d'Abidjan.

Dans le même ordre d'idée, le leader de l'association « N'TAMON SERVICES » nous révèle ceci : « En 1998, ayant remarqué une irrégularité des camions de ramassage des ordures ménagères dans la quartier, j'ai saisi cette opportunité pour me créer un boulot et pour me faire du sou ». Il continue ses propos en disant que : « Les ordures restaient là et il n'y avait personne pour les ramasser. Les habitants du quartier avaient besoin d'aide. Alors nous avons donc saisi cette opportunité ».

A travers ces propos ce pré collecteur révèle ici les conditions qui ont contribué à la création de cette association. Il évoque principalement la défaillance des structures étatiques. Toujours dans le même sens, une habitante du quartier dit également ceci : «C'est l'irrégularité et même l'absence totale des camions de ramassage des entreprises accréditées qui poussent le jeunes à faire la Pré collecte. Parce que il est arrivé un moment où on ne les voyait plus et ces jeunes-là vraiment nous ont beaucoup aidé »

2-UNE DÉFAILLANCE LIÉE AU MANQUE DE FINANCEMENT

Selon le directeur du service communication de l'Agence Nationale de la salubrité Urbaine (ANASUR), la crise que connaît le domaine de la gestion des ordures ménagères est due à un problème de financement. Il explique cela par le fait que l'Etat ne paie pas convenablement les entreprises chargées de la collecte des ordures ménagères. A ce propos, il affirme ceci : « La principale raison qui explique la crise environnementale qu'on note dans la ville d'Abidjan est due en grande partie à un problème de financement. En effet, l'Etat n'honore pas ses engagements vis-à-vis des entreprises chargées de la collecte des ordures ménagères. Ce qui les amènent à rentrer en grève à tout moment ou parfois même à marquer des arrêts de travail »

Le directeur du département des alertes et nuisances et du cadre de vie au ministère de la ville et des sports, affirme dans le même sens que : « Le problème des ordures ménagères dans la ville d'Abidjan est dû au problème de financement. L'Etat est pratiquement seul à financer ce domaine. Or cela fait plusieurs années que l'Etat traverse une situation de crise économique ». Selon lui, cette situation de crise environnementale est due à la crise économique qui frappe depuis plusieurs années maintenant notre pays. L'Etat n'ayant plus les moyens financiers n'arrive pas à honorer ses engagements vis-à-vis des entreprises chargées de la collecte des ordures.

II- LE PROBLEME DE L'EMPLOI

La Côte d'Ivoire, dans les années 90 a été confrontée à de sérieux problèmes notamment celui du chômage. Ce qui a d'ailleurs amené les jeunes ivoiriens à s'intégrer dans d'autres secteurs d'activité. Celui de la collecte des ordures ménagères par exemple.

1-LE PROBLÈME DE L'EMPLOI DÛ À LA CRISE ÉCONOMIQUE

La crise économique des années 90 aura été l'un des grands facteurs du chômage dans le pays. A partir de cette époque, beaucoup de jeunes ont commencé à prendre au sérieux certains métiers que l'on avait tendance à sous estimer. Cette crise a vu le foisonnement de nombreux pré collecteurs faisant la pré collecte de porte en porte pour survivre et subvenir à leurs besoins. C'est en effet ce que souligne le chef des précollecteurs de l'association « NTAMON SERVICES »

Lorsqu'il affirme que : « C'est parce qu'il n'y avait pas de travail et que le chômage battait son plein, donc l'irrégularité des camions de ramassage a inspiré cette. Ça été pour nous une opportunité à saisir ».

En 2003, la situation s'est beaucoup empirée avec les déplacés de guerre, la fermeture d'entreprises laissant plusieurs au chômage, etc. Le manque de travail devient alors très crucial. Pour donc faire face à ce problème, les jeunes se sont tournés vers le ramassage des ordures ménagères.

Ce fait est illustré par les propos suivant de précollecteur : « En 2003, avec la guerre, lorsque je suis arrivé chez mon grand frère, c'est cette activité qu'il pratiquait pour subvenir à nos besoins. Comme je ne faisais rien, j'ai décidé de l'aidé ».

Dans le même sens que, l'ingénieur du Génie Sanitaire du Ministère de la ville a pu dire : « Le constat des structures informelles de précollecte des ordures ménagères remonte à 2002-2003. C'est donc la guerre, par conséquent» la crise sociale et économique favorisant la misère, la pauvreté qui a suscité la création de ces groupuscules exerçant dans la pré collecte ».

 De ce qui précède, nous notons que la crise économique a permis à beaucoup de jeunes ivoiriens de se retrouver précollecteurs dû au fait du manque d'emploi.

2-LES AUTRES CAUSES

Nous ne saurions évoquer les différents facteurs qui ont favorisé l'émergence de l'association « NTAMON SERVICES » sans mentionner l'exode rural. En effet, une fois dans la capitale, les jeunes sont confrontés à des difficultés auxquelles ils ne s'attendaient pas. Livrés à eux mêmes, les plus courageux s'adonnent à de petites activités pour se prendre en charge. C'est justement dans ce contexte que le leader de l'association « NTAMON SERVICES »  dit : « Moi c'est après l'arrêt des études en classe de 5e que je suis venu à Abidjan pour me débrouiller.

N'ayant trouvé pas de travail, je me suis lancé dans dans le ramassage des ordures ménagères .C'était précisément en 1998 »

CONCLUSION PARTIELLE

En definitive, notons que les associations de précollecte existaient au depart dans les quartiers précaires. Ceux-ci étant inaccessibles aux camions de ramassage du fait de leurs voies impratiquables. Mais le phénomène des associations de précollecte va s'étendre aux autres quartiers de la ville d'Abidjan à partir des années 1991-1992. Et ce, à la suite de la defaillance des structures étatiques intervenant dans la gestion des ordures ménagères.

L'hypothèse selon laquelle les conditions d'émergence de l'association « NTAMON SERVICES » sont dues à l'impuissance des structures étatiques est prouvée.

Par ailleurs, il importe de souligner que d'autres facteurs ont comtribué au foisonnement de ces structures informelles, à savoir le chômage des jeunes et surtout la crise militaro-politique qu'a connu le pays.

DEUXIEME PARTIE

LES LOGIQUES D'INTERVENTION DE L'ASSOCIATION DE PRECOLLECTE « NTAMON SERVICES »

DEUXIEME PARTIE : LES LOGIQUES D'INTERVENTION

DE L'ASSOCIATION DE PRECOLLECTE « N'TAMON SERVICES »

CHAPITRE I : LA LOGIQUE DE RECHERCHE DE PROFIT.

La logique de recherche de profit semble évidente. Mais demandons si les informations collectées disent effectivement cela.

I-OPINION DES PRECOLLECTEURS

Selon les précollecteurs de l'association «NTAMON SERVICES«, ils interviennent certes pour rendre le quartier propre, mais il n'en demeure pas moins que la raison fondamentale pour laquelle ils interviennent dans la pré collecte des ordures ménagères c'est la recherche de gain financier. En effet, à la question de savoir que recherchez-vous à travers cette activité ? L'un des précollecteurs répond ceci : « C'est pour gagner de l'argent et quelque part nous voulons aussi rendre le quartier propre ». Selon lui, par leur action ils participent à l'assainissement du quartier. Mais la raison fondamentale de leur action c'est l'argent.

Cela est perceptible aussi à travers les propos de N. cet autre précollecteur qui nous dit ceci : « Ce travail que nous faisons, vous-même vous avez que ce n'est pas à nous de le faire. Mais si nous faisons ça c'est à cause des gens qui habitent dans quartier là. Mais nous leur demandons de payer 1500 frs par mois et par ménage ».

Il apparaît clairement que les pré collecteurs de « NTAMON SERVICES » n'interviennent pas gratuitement. Mais ils offrent leurs services en échange de l'argent qu'ils reçoivent des ménages.

L'association «NTAMON SERVICES« est composée aussi de jeunes scolarisés qui y travaillent, y viennent surtout pendant les vacances. A cet effet, l'un des précollecteurs révèle que : « J'avais le niveau terminal et je n'avais pas l'argent pour payer ma scolarité. Je me suis lancé dans cette activité dans le but de trouver de l'argent pour payer ma scolarité. Et depuis ce temps là, je viens travailler ici pendant les vacances »

Cette activité est pour lui une activité de vacance qui lui permet de gagner de quoi assurer sa scolarité. On comprend que cette activité constitue pour lui une importante source de revenus.

II- OPINION DES MENAGES

Selon les ménages enquêtés, la dimension économique semble de toute évidence, être le leitmotiv des précollecteurs de l'association «NTAMON SERVICES« En effet, les femmes ont mentionnés que pour qu'un ménage ait part à leurs prestations, il lui faut, tout d'abord, procéder à un abonnement qui s'élève à hauteur de 5000 frs CFA. Mais, il faut également que le ménage en question accepte de leur verser une redevance chaque fin de mois. La redevance est fixée à 1500 frs. Une nouvelle dans le quartier nous explique ceci : « Nous venons d'arriver dans le quartier des jeunes précollecteurs sont venus nous voir et nous ont dit qu'ils exercent dans le quartier. Si nous voulons adhérer à leurs services il nous faudra faire un abonnement qui s'élève à 5000 frs. Ensuite chaque fin du mois nous devons leur payer 1500 frs ». Il faut aussi noter que le paiement de la redevance est obligatoire.

Certains ménages ne semblent pas accorder trop de crédit à l'association «NTAMON SERVICES«. Une habitante du quartier affirme ceci : « Ils ne sont pas réguliers, chez moi, ils attendent parfois la fin du mois pour venir ramasser pour pouvoir encaisser l'argent ». Selon les propos de cette résidente du quartier l'association «NTAMON SERVICES« est plus préoccupé par l'argent que par l'assainissement du quartier. Etant donné qu'ils ne respectent pas les jours de passage pour l'enlèvement des ordures. On comprend donc à travers les propos de cette riveraine que ces précollecteurs sont dans une certaine mesure préoccupés par leurs revenus que par l'assainissement du cadre de vie des populations.

III-OPINION DES INFORRMPATEURS CLES

1-L'AVIS DE LA MAIRIE DE COCODY

Selon le chef de service de la salubrité et de l'hygiène au service technique de la mairie de Cocody, les associations de précollecte n'ont aucun pouvoir d'intervention dans la gestion des ordures ménagères. Cependant, elles sont reconnues par la mairie de Cocody, et ont même été insérées par celle-ci. En effet, il nous révèle que : «  les structures de pré collecte n'ont aucun mandat ·pour exercer, elles travaillent dans l'informel. Mais elles ont été insérées par la mairie. Aujourd'hui, on ne peut pas empêcher les structures de pré collecte d'intervenir, parce que lorsque les entreprises chargées de collecter les ordures ménagères ne travaillent pas parce qu'elles ne sont pas payées, ces jeunes gens prennent aussitôt la relève ». Pour lui, bien qu'exerçant dans l'informel, les structures de Pré collecte s'avèrent utiles. Quant à la question de savoir quelles sont les logiques qui guident l'action des pré collecteurs, le Sous directeur des services Techniques de la mairie de Cocody répond ceci : « Les pré collecteurs ne sont pas des philanthropes, ni des bénévoles, ils sont là à cause de l'argent » Selon lui, la principale raison qui pousse les pré collecteurs à intervenir est sans aucun doute l'argent. Parce que le travail qu'ils font n'est pas gratuit.

Aussi poursuit-il en disant : « Les entreprises chargées de la collecte des ordures ménagères paient les précollecteurs à hauteur de 700 frs / tonne. La pesée se fait à la décharge d'Akouédo. Mais, ceux-ci gagnent plus d'argent auprès des ménages ». On comprend donc avec lui que les précollecteurs perçoivent plus d'argent avec les ménages que lorsqu'i s'agit des entreprises.

2-L'AVIS DU MINISTÈRE DE LA VILLE ET DES SPORTS

L'avis du ministère de la ville et de sports n'est pas différent en ce qui concerne la logique de recherche du profit des précollecteurs. Pour ce Ministère, c'est bel et bien l'argent qui intéresse ces acteurs de la Pré collecte, parce qu'ils n'ont aucun droit d'exister ni d'intervention dans ce domaine.

Le sous-directeur des nuisances et du cadre de vie au Ministère de la ville et des sports nous dit ceci : « Notre Ministère n'a aucun rapport avec les associations de précollecte. Elles existent de fait. Aujourd'hui on les retrouve dans presque tous les quartiers de la ville d'Abidjan. Et rien qu'à regarder leur façon de travailler, on comprend qu'ils sont intéressés uniquement par l'argent qu'ils perçoivent non seulement des ménages mais parfois des entreprises chargées de la précollecte. Parce qu'au lieu de convoyer les ordures qu'ils collectent vers les centres de groupage, ils vont les déverser dans les ravins et parfois non loin même des quartiers où ils vont faire la précollecte ».Avec lui, nous comprenons que les précollecteurs n'ont parfois aucun respect des conditions hygiéniques. Leur souci est d'enlever les ordures au devant des domiciles, mais au lieu de les conduire vers les bacs, ils vont les déverser dans les herbes à proximité des quartiers mettant encore en danger la santé des populations. De cette façon nous comprenons que ces associations de Précollecte semblent plus préoccupées par leurs revenus que par l'assainissement des quartiers.

CHAPITRE II: LES AUTRES LOGIQUES D'INTERVENTION DE L'ASSOCIATION « N'TAMON SERVICES »

Deux autres logiques hors mis celle du profit ont été découvertes : la logique de se soustraire du chômage et la logique environnementale.

I-LA LOGIQUE DE SE SOUSTRAIRE DU CHOMAGE

Il s'agit ici de montrer comment l'activité de Pré collecte des ordures ménagères a permis l'identification sociale de certains pré collecteurs tout tant leur offrant un emploi et une autonomie financière.

1- LA RECHERCHE D'UNE AUTONOMIE FINANCIÈRE

Le focus group effectué avec les pré collecteurs nous a permis de faire ressortir la recherche de l'autonomie financière, comme une logique qui guide l'action des pré collecteurs de N'tamon Services. La dépendance financière d'une personne est la conséquence directe du manque d'activité rémunératrice, d'où l'état de chômage.

Vouloir quitter le statut de chômeur c'est avant tout vouloir avoir son autonomie financière pour gagner en dignité et fierté. La décision prise par les jeunes de « NTAMON SERVICES » d'exercer l'activité de précollecte des ordures ménagères, leur a permis de quitter le statut de chômeur tout en restant digne et stable financièrement. A la question, «Pourquoi pratiquez-vous cette activité ? E., un précollecteur répond en ces termes : « C'est pour ne plus dépendre de mes parents et puis aider les gens quoi ».

2-LA QUÊTE D'UNE IDENTITÉ SOCIALE

L'analyse du contenu des données collectées au cours des entretiens montre que la plupart des précollecteurs ont en eux la volonté de se faire valoir, ou encore montrer leur bravoure à travers l'activité qu'ils mènent c'est-à-dire la pré collecte des ordures ménagères.

La démonstration de la bravoure et la recherche de l'identité sociale est élucidé par M., un pré collecteur à travers ces dires : « Comme je ne faisais rien, mes parents me traitaient de fainéant et de paresseux. Pour montrer mon courage j'ai décidé de travailler avec le vieux père de N'tamon Services ».

II-LA LOGIQUE ENVIRONNEMENTALE

Il s'agit ici des actes posés en vue de l'assainissement du cadre de vie et de la prévention contre les maladies dues aux ordures ménagères

1-LA LOGIQUE D'ASSAINIR LA CITÉ

Le voeu d'assainir le cadre de vie est aussi l'une des motivations qui guident les précollecteurs de « NTAMON SERVICES » ; dans leurs activités. Ils font l'effort tant bien que mal de débarrasser les ménages de leurs ordures même si souvent ceux-ci ont des arriérés de paiement. Une habitante nouvellement installée dans la cité témoigne en disant :

« Quand ils sont venus nous demander de nous abonner avec eux ils ont dit que le ménage qui était là avant notre arrivée leur devait trois mois d'arriérés », E, mère de famille.

L'analyse du contenu de ces dires atteste et montre que les précollecteurs ont le désir d'assainir la cité. Ils sont certes guidés par la logique du profit mais ils le sont aussi par la volonté d'assainir le cadre de vie.

Une autre enquêtée atteste de cette logique en ces termes : « En voyant sale la cite, les jeunes veulent nous aider à assainir le cadre », D, fille de ménage.

2-LA LOGIQUE HUMANITAIRE

L'analyse des données de nos différents entretiens et l'observation directe, nous montrent qu'en débarrassant quotidiennement les ménages de leurs ordures, les précollecteurs les aident à éviter les maladies dues à l'exposition aux ordures ménagères. Ils mènent ainsi une action humanitaire.

Il faut indiquer que cet acte est qualifié d'humanitaire parce que les précollecteurs aident les ménages alors qu'ils sont eux-mêmes exposés aux maladies ; car ils travaillent sans aucune protection.

L'observation directe, nous a permis de voir des précollecteurs travailler sans gants et sans cache nez. Ils sont aussi vêtus de vêtements usés et sales et portent des chaussures de fortune. Cette négligence au niveau des matériels de travail ou encore la précarité de leurs matériels montre que les précollecteurs sont exposés aux maladies.

Les précollecteurs ne sont pas sensés ignorer les risques et les maladies auxquelles ils sont exposés. Ils le font cependant dans le but d'aider un temps soit peu les ménages. Des ménages témoignent de ce fait. A la question  `'quelle est selon vous la raison qui pousse les jeunes à intervenir dans la pré collecte des ordures ménagères dans votre cité ?'' Mme A., une femme de ménage répond ceci : « Je pense que c'est pour nous aider à nous débarrasser de nos ordure ». D, une autre, aborde dans le même sens argumente que : « En voyant sale la cité, les jeunes veulent nous aider à assainir la cité ».

L'opinion des ménages est confirmée par les précollecteurs eux-mêmes. A la question, `'pourquoi pratiquez-vous cette activité ?'' Un précollecteur répond : « C'est pour aider les gens aussi pour avoir de l'argent »,A.

Les propos des ménages et des précollecteurs montrent que les précollecteurs sont aussi guidés par une logique humanitaire celle d'aider les ménages à vivre dans des conditions hygiéniques acceptables.

CONCLUSION PARTIELLE

En définitive nous retenons que l'association « NTAMON SERVICES » offre ses services aux ménages qui peuvent s'acquiter d'une redevance. Il ressort donc clairement que cette association est guidée par la recherche de profit.

L'hypothèse selon laquelle l'association « NTAMON SERVICES »est guidée par une logique de recherche de profit est justifiée.

Mais au-delà de la logique de recherche de profit, il convient également de noter que ces jeunes exercent cette activité dans le but de se soustraire du chômage. Ils se montrent particulièrement courageux et volontaires dans le developpement des activités de proximité.

TROISIEME PARTIE

LES STRATEGIES DE L'ASSOCIATION DE PRECOLLECTE « NTAMON SERVICES »

TROISIEME PARTIE : LES STRATEGIES DE L'ASSOCIATION DE PRECOLLECTE   « NTAMON SERVICES »

Des stratégies ont été adoptées par l'association de précollecte « NTAMON SERVICES » pour fidéliser sa clientèle et préserver ses activités dans la cité Presse de la Riviera-Palmeraie. Ces stratégies ont été articulées autour de deux axes majeurs : le marketing social d'une part et d'autre part, les moyens humains et matériels.

CHAPITRE I : LE MARKETING SOCIAL

Le marketing social a été adopté comme stratégie pour convaincre les ménages de la nécessité d'un abonnement à leur service, mais surtout pour l'adhésion d'un grand nombre de ménages aux services l'association « Ntamon services». Il est basé sur les relations sociales et sur la tarification.

I-LES RELATIONS SOCIALES « NTAMON SERVICES »/ MENAGES

L'association « NTAMON SERVICES » a instauré un bon climat social avec les ménages. Le pratiquant, l'association de précollecte démontre à ses clients, que même si elle a une visée économique, elle n'occulte en aucun cas les valeurs morales. A travers ces valeurs, l'association a pu séduire et convaincre les ménages. Il s'agit de la courtoisie et du dialogue.

1-LA COURTOISIE COMME PRINCIPE DE COLLABORATION

Dans sa conquête du marché, l'association « NTAMON SERVICES » a mis un accent particulier sur la courtoisie. C'est sans doute ce qui a motivé le leader de l'association, a soutenir que :

« J'ai toujours dit à mes petits fils d'être polis, courtois et de respecter les clients ». Et les femmes de ménage ont approuvé ce caractère de ces jeunes précollecteurs.

Une mère de famille de la cité Presse confirme ce fait : « Ils sont très polis », Dame A.

Partant de ces propos, nous pouvons soutenir que la courtoisie en faveur des femmes a été déterminante pour le choix qu'elles ont opéré pour les précollecteurs de « NTAMON SERVICES ».

2-LE DIALOGUE COMME MOYEN DE RÈGLEMENT DU CONTENTIEUX

Pour favoriser le plein épanouissement du cadre relationnel, l'association « NTAMON SERVICES »a inscrit le dialogue au nombre de ses pratiques quotidiennes avec les ménages. Répondant à une préoccupation sur l'attitude adoptée en cas de difficulté, N un pré collecteur membre du groupe répond :

« Lorsque nous avons des problèmes avec les femmes, nous cherchons toujours à trouver un terrain d'entente avec les femmes »

En nous appuyant sur ces informations, il ressort qu'il règne un, climat de paix entre les femmes et les précollecteurs.

A part ceux déjà mentionnés, n'ya-t-il pas d'autres avantages stratégiques que l'association « NTAMON SERVICES » accorde à sa clientèle ?

II-LA TARIFICATION

L'autre stratégie concerne le prix pratiqué. Elle va constituer un véritable attrait pour l'association « NTAMON SERVICES ». La tarification est basée sur la redevance bon marché à la portée de tous les types de ménages et sur la redevance avec possibilité de règlement en tranches.

1-LA REDEVANCE BON MARCHÉ

La stratégie de la contribution bon marché ou à moindre coût pratiquée par l'association « NTAMON SERVICES » a attiré l'attention de plusieurs ménages. Certaines femmes témoignent que la redevance qu'elles payent est minime par rapport aux services que les jeunes fournissent. C'est ainsi dame B soutient que :

« 1500 F/mois est peu par rapport au travail qu'ils abattent ». Une femme va plus loin pour dire que les précollecteurs mettent en péril leur vie pour les ménages, leurs contributions. Elle argumente en ces termes :

« Les 1500 F/mois sont peu car ils mettent leur vie en danger ».

En jugeant donc insignifiant la redevance mensuelle, les femmes ne font que signifier leur adhésion au tarif pratiqué.

2-LA REDEVANCE À RÈGLEMENT SOUPLE

L'association« NTAMON SERVICES » accorde la possibilité aux ménages d'un règlement par tranches. Le leader du groupe dit ceci : « Je leur accorde des facilités dans le payement ». Cela sous-entend que les ménages payent à leur gré et selon les moyens dont ils disposent au moment de l'encaissement. Cette faveur que les précollecteurs accordent aux ménages saluée par une mère de famille. « On peut payer un peu un peu pour finir de payer l'argent là » Madame Z...

Avec ces stratégies, on peut noter que l'association « NTAMON SERVICES » a gagné le coeur des femmes. Ce faisant, son activité se préserve dans la cité.

CHAPITRE II : LES MOYENS HUMAINS ET MATERIELS

Pour atteindre ses objectifs, l'association de précollecte « NTAMON SERVICES » a misé sur la qualité de la main-d'oeuvre et s'est dotée de matériels adéquats.

I-LES ATOUTS HUMAINS

Pour l'accomplissement de ses activités et pour la confiance de ses partenaires (les ménages), le groupe « NTAMON SERVICES » s'est entouré d'homme compétents, expérimentés et soucieux de la régularité.

1-UN PERSONNEL EXPÉRIMENTÉ ET COURAGEUX

Le personnel courageux constituant l'association « NTAMON.SERVICES » fait d'elle une structure de précollecte de référence dans le quartier de la cité Presse. Le courage est l'un des attributs des précollecteurs. C'est dans cette perspective que le leader du groupe, donnant son avis sur les dispositions à prendre en cas de difficulté, répond que : « On s'arme de courage et de détermination pour les problèmes ».

Sur la même préoccupation N un autre précollecteur a abordé dans le même sens. Il argumente que « On attrape notre coeur, je veux dire qu'on accepte de souffrir. On est tout de même des braves ».

2-UN PERSONNEL RÉGULIER

Les précollecteurs de l'association « NTAMON SERVICES» accordent assez d'intérêt au travail qu'ils exercent mais aussi aux femmes qui bénéficient de leur prestation. Comment l'association « NTAMON SERVICES » fidélisera-t-elle les ménages alors qu'il existe dans la même cité d'autres structures ? N un pré collecteur répond que : « Nous (pré collecteurs) avons donné des jours de passage aux ménages donc nous mettons l'accent sur la régularité ». Un autre poursuit pour signifier qu'ils sont fortement respectueux du temps, des horaires de passage élaborés de concert avec les ménages: « On fait toujours l'effort d'être réguliers même si les sites desservis sont éloignés »,B.

Stratégiquement, si l'association met l'accent sur le respect des horaires, c'est en vue de fidéliser les ménages, soucieux d'un environnement toujours propre. Les ménages qui sont les principaux bénéficiaires témoignent aussi de la régularité du personnel de « NTAMON SERVICES ». Une dame de ménages affirme : « Ici, les ordures sont enlevées plus vite par rapport ou on était avant vers la mosquée »,K.

II-LES MOYENS MATERIELS

Les moyens matériels concernent l'aspect technique, la performance du matériel dont se sert l'association « NTAMON SERVICES » pour mener ses activités. Il s'agit notamment de l'engin roulant, mobile, incontournable pour la précollecte, des râteaux et des autres accessoires de travail.

1-LA CHARRETTE À TRACTION HUMAINE

La charrette (voir photo) est le principal outil de travail de l'association « NTAMON SERVICES ». Grâce à cet engin, le groupe arrive à sillonner toute la cité Presse pour le respect des engagements vis-à-vis des ménages. Pour son bon maintien, les précollecteurs en prennent soin régulièrement. Le leader du groupe soutient que lorsqu'une difficulté survient dans le groupe et lorsque cette difficulté est liée à la défaillance des charrettes, il prend la peine de les réparer. Le leader de l'association fait l'affirmation suivante : « Quand la difficulté est liée à nos matériels, on répare ça et ça marche »

De l'observation directe faite sur le terrain, nous avons vu des charrettes bien protégées, encadrées à l'aide des contres plaqués de part et d'autre. Les charrettes sont équipées de roues qui permettent la circulation facile d'un point à un autre.

Les précollecteurs de NTAMON SERVICES  à la decharge

2-LES AUTRES OUTILS

Il s'agit des fourches, des râteaux dont les précollecteurs de l'association « NTAMON SERVICES » se munissent pour accomplir leur activité.

Pendant notre enquête, nous avons fait le constat de la présence de râteaux que les précollecteurs emploient pour ramasser les restes d'ordures dans les espaces à ordures devant les domiciles.

Ces endroits sont rendus propres.

CONCLUSION PARTIELLE

A travers ces stratégies, l'association de précollecte des ordures ménagères « NTAMON SERVICES » a atteint son objectif qui est de maintenir ses activités sur le terrain et de préserver sa clientèle. Grâce à ses stratégies construites autour du marketing social et sur les atouts humains et matériels, l'association « NTAMON SERVICES » a pu convaincre les ménages de la nécessité d'un abonnement à son service tout en leur offrant des prestations de qualité fondées sur la régularité dans la collecte des ordures.

Notre hypothèse selon laquelle l'association « NTAMON SERVICES » agit sur le marketing social et les moyens humains et matériels pour fidéliser sa clientèle et préserver son activité, est donc vérifiée.

CONCLUSION GENERALE

Au terme de notre étude, il est important de noter que dégager les logiques d'intervention et les stratégies de l'association « N'TAMON SERVICES » a constitué la véritable problématique dont les recherches de solution ont conduit à la réalisation de ce présent mémoire.

Pour atteindre cette phase finale, plusieurs étapes ont été observées aux nombres desquelles l'élaboration d'hypothèses. Nous les avons formulées en trois:

- La structure de pré collecte « NTAMON SERVICES » de la cité presse s'est constituée en réponse à l'impuissance des structures étatiques,

- Les pré collecteurs de « NTAMON SERVICES » sont dominés par la recherche de profit,

- L'association « NTAMON SERVICE » agit sur le marketing social et sur les moyens humains et matériels .

Nous avons cherché à confirmer ces suppositions ou à les infirmer

Dune part, il ressort que l'avènement des structures informelles dans le maillon de la gestion des ordures ménagères urbaines remonte à une époque où l'Etat avait montré ses limites. En effet, le pouvoir central n'était plus a même d'assurer convenablement le financement pour le ramassage des ordures ménagères dans la ville d'Abidjan. S'ajoute à cela, le manque d'expertise ou même l'incompétence des sociétés d'alors commises par l'Etat pour le ramassage des déchets en général.

Quant aux raisons profondes qui constituent la réelle source de motivation des pré collecteurs, l'étude a confirmé le fait que les jeunes pré collecteurs sont animés par la recherche de l'argent qu'ils perçoivent en échange des services qu'ils rendent aux ménages

. A vrai dire, en s'inscrivant pleinement dans cette activité, les jeunes, désoeuvrés pour la plupart font de la précollecte une véritable source de revenu. Le profit s'inscrit en ligne de mire dans leur volonté de servir la population en quête d'un environnement où il fait bon vivre.

A traversdes contacts de terrain et de l'observation des précollecteurs en activité, il est apparu aussi claire que l'association « NTAMON SERVICES » a mis en place une véritable stratégie. Les précollecteurs communiquent souvent aisément avec les ménages tout en leur proposant des services à des prix en deçà des prestations. Composée de jeunes pleins de courage et de détermination, l'association maintient son activité dans la cité.

A la fin de cette étude aussi importante sur ce phénomène urbai,nous notons que les pré collecteurs même informels constituent en n'en point douter des partenaires incontournables pour les pouvoirs publics, pour réussir l'assainissement de l'environnement urbain dans son ensemble. Aussi insuffler une dynamique dans ce secteur dit non conventionnel par un regain d'intérêt des autorités serait souhaitable.

BIBLIOGRAPHIE

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*REY, A., 2008, Le robert micro dictionnaire de la langue française, paris, robert

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE..............................................................................1

SIGLES ET ACRONYMES.............................................................2

REMERCIEMENTS.......................................................................3

INTRODUCTION..........................................................................4

CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

CADRE THEORIQUE....................................................................6

Justification du choix du thème..............................................6

Motivation personnelle....................................................................6

Motivation objective........................................................................6

Motivation scientifique.....................................................................6

Motivation académique.............................................................7

Définition des concepts.........................................................8

Structure de pré collecte....................................................................8

Logique d'intervention.......................................................................8

Stratégies..............................................................................................9

Ordures ménagères...........................................................................9

III- REVUE CRITIQUE DE LA LITTÉRATURE.................10

1- Les causes de l'insalubrité.................................................10

1-a- les causes lointaines..................................................10

1-b- les causes immédiates.................................................11

2- Les conséquences de l'environnement insalubre ...................11

2-a- Impact sanitaire de la mauvaise gestion des dechets solides........................................................................................11

2-b- Impact de l'insalubrité sur l'environnement..................12

3- Logiques d'intervention...................................................12

3-a- Une logique économique et commerciale.......................12

3-b- une logique de se soustraire du chômage......................13

3-c- Une logique de se construire une identitité sociale ........13

4- Stractégies ....................................................................14

4-a- Un système technique de collecte.................................14

4-b- La périodicité ..........................................................15

4-c- Le marketing social...................................................15

IV-PROBLÉMATIQUE......................................................................16

V- HYPOTHÈSES DE RECHERCHE...............................................17

VI- OBJECTIFS DE RECHERCHE...................................................18

B-CADRE METHODOLOGIQUE...................................................19

I- DELIMITATION DU CHAMP DE L'ETUDE............................. 19

1- Champ géographique....................................................................19

2- Champ sociologique.............................................................21

II- ETAPE DE LA RECHERCE ................................................ ...21

1- La pré enquête ...........................................................................21

2- L'enquête proprement dite...........................................................21

3- Précision du type d'étude..............................................................22

4- Les méthodes de recherches.........................................................22

4-a- l'entretien ..........................................................................22

4-b- l'observation directe ............................................................23

5- Les techniques de collecte de données.............................................24

6- Echantillonnage..........................................................................25

6-a- La technique de l'echentillonnage ...........................................26

6-b- La taille de l'echantillon........................................................26

7- Dépouillement............................................................................26

8- Méthodes et théorie d'analyse........................................................27

8-a- La méthode compréhensive.....................................................27

8-b-L'analyse stratégique .............................................................28

8-c- L'analyse de contenu............................................................29

8-d- La théorie de la décision........................................................29

9- Difficultés rencontrées et limite de la recherche.................................29

9-a-Difficultés rencontrées ...........................................................29

9-b- Les limite de la recherche.......................................................30

PREMIERE PARTIE : CONDITIONS D'EMERGENCE DE L'ASSOCIATION DE PRE COLLECTE DES ORDURES MENAGERERES « NTAMON SERVICES ».........................................................................................31

CHAPITRE I : STRUCTURES DE PRE COLLECTE DE COCODY..........32

I-HISTORIQUE DE L'AVENEMENT DES STRUCTURES

DE PRE COLLECTE A COCODY.................................................32

I-1 : La création des structures de pré collecte de cocody.............................32

I-2 : La fusion des structures de pré collecte en coopérative........................33

II : LA PRESENTATION DE L'ASSOCIATION

DE PRE COLLECTE NTAMON SERVICES......................................33

II-1 : La création de l'association « NTAMON SERVICES ».........................33

II-2 : Les domaines d'intervention de l'association «  NTAMON SERVICE............................................................................................34

II-3 : Les zones d'intervention de l'association « NTAMON SERVICES ».......................................................................................34

CHAPITRE II : CONDITIONS D'EMERGENCE DE L'ASSOCIATION « NTAMON SERVICES »..............................................................34

I-LA DEFAILLANCE DES STRUCTURES ETATIQUES.......................34

I-1 : Une défaillance caractérisée par l'inconstance des structures étatiques...34

I-2 : Une défaillance liée au manque de financement..................................35

II-LE PROBLEME DE L'EMPLOI...................................................36

I-1 : Le problème de l'emploi dû à la crise économique...............................36

I-2 : Les autres causes .........................................................................37

CONCLUSION PARTIELLE.........................................................38

DEUXIEME PARTIE : LOGIQUES D'INTERVENTIO DE L'ASSOCIATION DE PRE COLLECTE  NTAMON SERVICES ».......................................................................................39

CHAPITRE I : LA LOGIQUE DE RECHERCHE DE PROFIT................40

I : L'OPINION DES PRE COLLECTEURS ....................................40

II : L'OPINION DES MENAGES...................................................41

III : L'OPINION DES INFORMATEURS CLES...............................42

III-1 :L'avis de la mairie de cocody.........................................................42

III-2 :L'avis du Ministère de la ville et des sports......................................43

CHAPITRE II : LES AUTRES LOGIQUES D'INTERVENTION

DE L'ASSOCIATION « NTAMON SERVICES ».............................45

I : LA LOGIQUE DE SE SOUSTRAIRE DU CHOMAGE...................45

I-1 : La recherche d'une autonomie financière.........................................45

I-2 : La quête d'une identité sociale.......................................................45.

II : LA LOGIQUE ENVIRONNEMENTALE...................................46

II-1 :La logique d'assainir la cité............................................................46

II-2 : La logique humanitaire.................................................................47

CONCLUSION PARTIEL......................................................................48

TROISIEME PARTIE : LES STRATEGIES DE L'ASSOCIATION DE PRE COLLECTE  « NTAMON SERVICES »..................................................49

CHAPITRE I : LE MARKETING SOCIAL.........................................50

I : LES RELATIONS SOCIALES

 « NTAMON SERVICES »/MENAGES »..........................................50

I-1:La courtoisie comme principe de collaboration....................................51

I-2 : Le dialogue comme règlement de contentieux.....................................51

II : LA TARIFICATION.............................................................52

II-1 : La redevance bon marché.............................................................52

II-2 : La redevance à règlement souple....................................................52

CHAPITRE II : LES MOYENS HUMAINS ET MATERIELS..................53

I: LES ATOUTS HUMAINS................................................................53

I-1:Un personnel expérimenté et courageux.............................................53

I-2 :Un personnel régulier......................................................................54

II : LES MOYENS MATERIELLES ..............................................54

II-1:La charrette comme engin de collecte...............................................54

II-2 :Les autres outils de pré collecte.......................................................56

CONCLUSION PARTIELLE.........................................................56

CONCLUSION GENERALE........................................................57

BIBLIOGRAPHIE.......................................................................59

TABLE DES MATIERES.............................................................62

ANNEXES...............................................................................68

ANNEXES

Guide thématique de focus groupe visant les précollecteurs de «  NTAMON SERVICES »:

A* Mode d'entrée dans le métier

A1- Pouvez-vous nous dire comment le groupe « NTAMON SERCICES » est entré dans le métier de précollecteur des ordures ménagères ?

A2- Quelles sont les conditions qui ont contribuées à la formation du groupe dans ce quartier ?

B*Motivations dans l'activité de précollecte

B1- Pourquoi pratiquez vous cette activité ?

B2- Que recherchez-vous à travers cette activité ?

C* Motivations à se maintenir dans l'activité de précollecte

C1- Quelles sont les raisons pour lesquelles vous restez attaché à cette activité ?

- Pourquoi n'optez-vous pas pour une autre activité ?

D* Stratégies de fidélisation de la clientèle

D1- Comment faites vous pour fidéliser votre clientèle ?

D2- Quelles difficultés rencontrez vous dans votre volonté de satisfaire vos clientèle

E* Avis sur l'efficacité des prestations

E1-Que pensez vous du niveau de satisfaction des ménages de votre prestation ?

E2- sur les 100% des ordures produits, quel pourcentage estimez-vous pouvoir enlever ?

E3- comment faites vous pour surmonter les difficultés et les obstacles qui se présentent?

Guide d'entretien approfondi adressé au leader de l'association « NTAMON SERVICES »

A*Contexte de la création de l'association de précollecte «NTAMON SERVICES » 

A1- A partir de quel moment avez-vous décidez de créer l'association « N'tamon Service » ?

2- Pour quelles raisons avez-vous décidé de créer cette association ?

*B- Fondements de l'intervention de « NTAMON SERVICES »

B1- Que recherchez-vous réellement en intervenant dans le précollecte des ordures ménagères au sein de quartier ?

C*Stratégies pour fidélisation de la clientèle

C1- Comment faites vous sinon que faites vous pour fidéliser la clientèle ?

- Qu'avez-vous de particulier que les autres groupes n'ont pas ?

C3- En cas de difficultés ou de problème avec un ménage que faites-vous?

C4-Quelles formations bénéficient vos membres en tant agent de « NTAMON SERVICES

D* Motivations à se maintenir dans l'activité de précollecte

D1- Pourquoi restez-vous attachez à cette activité ?

Guide d'entretien semi structuré adressé aux informateurs clés:

- Contexte de l'entrée des prés collecteurs informels dans la chaîne de la gestion des ordures ménagères

- Opinion sur l'efficacité de l'intervention des précollecteurs informels

- Relation des structures étatiques avec les associations informelles de pré collecte

- Financement de la collecte des ordures ménagères

Guide d'entretien structuré adressé aux femmes ou filles de ménage:

A*Opinion sur les motivations des précollecteurs de l'association « NTAMON SERVICES »

A1- Selon vous quelles sont les raisons qui poussent les jeunes à intervenir dans la précollecte des ordures ménagères dans votre cité ?

A2- Quel est de votre point de vue la raison principale ?

B* Avis sur la prestation des prés collecteurs

B1- Que pensez vous de la qualité de la prestation des précollecteurs des ordures ménagères ?

B2- Que pensez vous de la fréquence d'enlèvement des ordures ménagères par ces jeunes ?

C*Opinions sur la contribution financière

C1- Quelle est la nature de votre contribution en échange des prestations de l'association « N'TAMON SERVICES » ?

- Que pensez vous de cette contribution (montant, horaire d'encaissement, délai de paiement, méthode d'encaissement)

D*Raisons de fidélisation à l'association de précollecte «NTAMON  SERVICES »

D1-pourquoi avez-vous opté pour le choix de l'association « N'tamon Service » ?

D2- Quelle comparaison faites vous entre « NTAMON SERVICES » et les autres associations de ramassage d'ordure qui interviennent dans le quartier ?  

Grille d'observation directe

1-Les moyens humains de l'association

2-Les moyens matériels de l'association

3-Relation ménages /pré collecteurs

4-Contribution des ménages






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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille