Section 2 : les mutations de la politique
monétaire
Après avoir présenté la théorie de
l'efficience des marchés financiers et des bulles spéculatives,
il est intéressant maintenant de s'occuper de la politique
monétaire. En effet, dans un premier temps, nous allons étudier
l'environnement d'exercice de la politique monétaire en décrivons
les perturbations qui ont affectés le cadre d'exercice de celle-ci. Les
mutations de la politique monétaire et ses nouvelles
responsabilités feront l'objet de la deuxième partie de cette
section.
I- Le nouvel environnement de la politique
monétaire
La politique monétaire est probablement l'instrument de
la politique économique qui a le plus changé depuis la fin du
XXème siècle à cause de la montée en puissance de
deux phénomènes, à savoir la globalisation
financière et l'innovation financière. L'étude de ces deux
phénomènes est dans ce qui suit.
1/ le concept de la globalisation financière
a- définition
La globalisation financière est la mise en place d'un
marché unifié des capitaux au niveau mondial. Cela signifie que
les entreprises multinationales, industrielles ou financières peuvent
emprunter ou placer des capitaux sans limites où elles le souhaitent et
quand elles le souhaitent, en utilisant tous les instruments financiers
existants
b- manifestations
· La croissance excessive de la finance
internationale
Dans le passé, la fonction du système financier
international était d'assurer le financement du commerce mondial et des
balances des paiements. Or, les flux financiers internationaux ont connu
récemment une progression violente, sans commune mesure avec les besoins
de l'économie mondiale.
La finance internationale se développe aujourd'hui
selon sa propre logique qui n'a plus qu'un rapport indirect avec le financement
des échanges et des investissements dans l'économie mondiale.
L'essentiel des opérations financières consiste dans des
mouvements de va-et-vient permanents entre les monnaies et les
différents instruments financiers
· Prédominance des mouvements de capitaux
spéculatifs
Cette croissance vertigineuse de la finance internationale
correspond à un changement systémique, au sens où la
nature même du système financier international s'est
transformée, celui-ci étant désormais dominé par la
spéculation.
Aujourd'hui, une grande partie des transactions
financières est directement animée par des anticipations sur
l'évolution future des cours. Mais dire que les marchés sont
devenus foncièrement spéculatifs, c'est également en
souligner deux autres aspects. D'une part, les acteurs qui raisonnent à
très court terme sur ces marchés sont aujourd'hui
prédominants. La myopie croissante de toutes les catégories
d'opérateurs est exactement soulignée. D'autre part, les
opérateurs ont tendance à s'abstraire de la réalité
des fondamentaux au profit de la recherche d'une opinion quant à la
tendance du marché.
Cette dérive spéculative intervient car les
marchés sont devenus plus volatils et les investisseurs manquent de
points de repères pour ancrer leurs anticipations.
· Le rôle des marchés
dérivés
Les produits dérivés (futures, options de
change, options de taux, swaps) sont devenus l'une des armes les plus efficaces
de la spéculation. La fonction première de ces instruments est
d'offrir une couverture contre les risques de taux d'intérêt et de
taux de change, c'est à dire contre une variation adverse
anticipée d'actifs dits "sous-jacents" tels que les actions et les
devises.
c- Les origines de la globalisation
financière
· Décloisonnement des
marchés : La condition nécessaire de la
globalisation financière a été non seulement celle de
l'ouverture des marchés nationaux, mais aussi à
l'intérieur de ceux-ci, de l'éclatement des compartiments
antérieurs : marché monétaire, marché financier,
marché de changes et marché à terme.
· Déréglementation :
Les autorités monétaires des principaux pays
développés ont réduit les réglementations
nationales de manière à faciliter la circulation internationale
des capitaux. La déréglementation est née aux Etats-Unis
et ensuite a propagé sur les autres marchés.
· Désintermédiation :
Dans le cadre de la désintermédiation, les capitaux
disponibles sont directement orientés par les marchés vers les
agents ayant des besoins de financement, les transactions s'effectuant sous la
forme de titres allant du très court terme au long terme.
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