V- analyse des résultats :
Nos estimations de la relation taux
d'intérêt-cours des indices boursiers français et
américain ne permettent pas de conclure à une liaison de cause
à effet sur la longue période considérée.
Toutefois, nos résultats laissent apparaître un pouvoir explicatif
que de 6.18 % du modèle VAR liant l'évolution du dow jones
à celles des taux d'intérêt à 3 mois, de 7.22% entre
l'évolution du dow jones et les taux d'intérêt à 10
ans. Mais les résultats paraissent un peut concluante pour la bourse de
paris. Les statistiques de Student ont des valeurs significatives (au seuil de
5 %) pour les deux variables explicatives. Certes, le R2 n'est pas
très élevé, mais il mérite tout de même
d'être souligné. Ces premiers résultats laissent à
penser, au moins à long terme, que la part des anticipations dans
l'évolution des déterminants du prix des actions serait
prépondérante par rapport à la variable fondamentale
supposée par la littérature, à savoir le taux
d'intérêt.
Bien que l'influence des taux
d'intérêt à long terme dans le cas des deux indices
boursiers (CAC 40 et Dow Jones ) soit supérieure à celle des taux
à court terme, elle n'est pas statistiquement significative, pendant la
première sous-période (janvier 1995-mars 2000). Les taux à
10 ans n'expliquent que 14.95 % de l'évolution du dow jones mais on
trouve qu'il est un peu élevé dans le cas du cac40. En effet, le
taux à 10 ans explique 55.49% de l'évolution du cac40 et le taux
à 3 mois explique 52.29% de l'évolution de ce dernier.
En effet, entre janvier 1995 et mars 2000, les marchés
des pays développé ont été stimulés par le
développement rapide des nouvelles technologies. Aglietta et
Rebérioux, soulignent que la deuxième moitié des
années quarte vingt dix a été marquée par
l'idée selon laquelle les cours boursiers joueraient un rôle
capital dans les régulations des systèmes économiques, ce
qui explique que les taux d'intérêt sont largement dominés
par les comportements d'anticipation des opérateurs pendant cette
période. Les marchés financiers mondiaux, qui sont plus
intégrés, facilitent les fortes variations des prix des actifs
financiers comme l'indique l'évolution parallèle entre le CAC 40
et le Dow Jones entre janvier 1995 et avril 2010. Dans cet univers complexe,
les responsables des stratégies monétaires intègrent,
depuis l'avènement de la bulle Internet en 2000, la dimension
stabilité des marchés financiers dans leurs décisions.
Certes, la hausse des taux à long terme permet de se protéger
contre l'inflation. Cependant, le lien taux d'intérêt et valeur
des actifs financiers des emprunteurs acquière une forme plus subtile en
transitant par le canal du crédit bancaire.
La période allant d'avril 2000 à mai
2004 est caractérisée par l'éclatement de la
bulle financière en 2000, l'estimation de la relation entre les taux
d'intérêt et les deux indices boursiers (CAC 40 et Dow Jones)
n'est pas significative économétriquement. Cela étant, les
taux d'intérêt à 3 mois contribuent pour la moitié
à l'explication de l'évolution du CAC 40 (R2 = 52.29
%). Ce n'est pas le cas pour le Dow Jones où cette relation est
totalement insignifiante (R² = 3%). Soulignions que lors des phases de
violence des marchés financiers, les autorités
monétaires renforcent le canal de la monnaie via les taux
d'intérêt soit à des fins de stabilité
conjoncturelle, soit au service de la stabilité des prix des biens et
des actifs financiers. En effet, le relèvement des taux par la banque
centrale, suite à l'augmentation des volumes de crédit et du prix
des actifs financiers, à l'adresse des marchés peut être un
signal pour prévenir de l'apparition de poussées
spéculatives. Ce fut le cas lors du relèvement des taux par la
Fed (de 4.5 % à 6.5 %) entre janvier 1999 et mai 2000. En cas de crise
financière, la banque centrale peut accroître les
liquidités et assouplir son taux d'intérêt directeur.
L'exemple typique est celui de la baisse historique du taux d'escompte entre
2001 et 2003, décidée par la Fed, après la crise de 2000.
Autre exemple, fin 2002, les taux d'intérêt américains
avaient atteint leur plus bas niveau (1.25 %) durant les quarante années
précédentes. En 2004, ils sont redescendus jusqu'à 1 %.
En période d'instabilité financière les
banques centrales ont recours aux taux d'intérêt pour essayer de
réguler les marchés. Ainsi, après la chute des bourses
durant les premières années 2000, la Fed a commencé
dès juin 2004 un relèvement progressif de son
taux directeur. D'où l'intérêt d'observer la relation taux
d'intérêt indices boursiers. Dans le cas du CAC 40, le taux
à 3 mois a un pouvoir explicatif relativement limité mais pas
totalement négligeable (R2 = 55.97 %) sachant que les valeurs
de Student des deux variables explicatives sont faiblement inférieures
à leurs valeurs critiques. Quant au modèle VAR(4) du Dow Jones en
fonction des taux à 10 ans, le R2 est limité mais plus
important que les périodes précédentes (13.63 %) et la
valeur de Student est faiblement inférieure à sa valeur critique.
Au cours de cette période et après la baisse brutale des bourses
en 2000, la Fed a entamé un cycle de hausse des taux à partir de
juin 2004 pour encourager les agents économiques à
épargner afin de reconstituer la richesse perdue par la baisse du prix
des actifs financiers. Ce relèvement des taux (de 1 % à 4,25 % en
décembre 2005) est certes graduel mais systématique.
La période allant de janvier 2008 à
avril 2010 est caractérisée par la formation et
l'éclatement de la bulle financière en septembre 2008,
l'estimation de la relation entre les taux d'intérêt et les deux
indices boursiers (CAC 40 et Dow Jones) est plus significative
économétriquement. Cela étant, les taux
d'intérêt à 3 mois contribuent pour plus que la
moitié à l'explication de l'évolution du CAC 40
(R2 = 60.86 %) et pour la moitié à l'explication de
l'évolution du dow jones (R²=50.67%). L'éclatement de la
bulle immobilière a conduit à une baisse des taux
d'intérêt à long terme, malgré le resserrement (que
certains jugent tardif) de la politique monétaire américaine.
Cette baisse a été renforcée par une réduction
globale des emprunts émis par les États, des politiques de
contrôle des déficits publics se mettant graduellement en place,
notamment en Europe
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