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Politique monétaire et bulles spéculatives

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par Nesrine Ressaissi
Faculté des sciences économiques et de gestion de Tunis - Mastère 2010
  

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V- analyse des résultats :

Nos estimations de la relation taux d'intérêt-cours des indices boursiers français et américain ne permettent pas de conclure à une liaison de cause à effet sur la longue période considérée. Toutefois, nos résultats laissent apparaître un pouvoir explicatif que de 6.18 % du modèle VAR liant l'évolution du dow jones à celles des taux d'intérêt à 3 mois, de 7.22% entre l'évolution du dow jones et les taux d'intérêt à 10 ans. Mais les résultats paraissent un peut concluante pour la bourse de paris. Les statistiques de Student ont des valeurs significatives (au seuil de 5 %) pour les deux variables explicatives. Certes, le R2 n'est pas très élevé, mais il mérite tout de même d'être souligné. Ces premiers résultats laissent à penser, au moins à long terme, que la part des anticipations dans l'évolution des déterminants du prix des actions serait prépondérante par rapport à la variable fondamentale supposée par la littérature, à savoir le taux d'intérêt.

Bien que l'influence des taux d'intérêt à long terme dans le cas des deux indices boursiers (CAC 40 et Dow Jones ) soit supérieure à celle des taux à court terme, elle n'est pas statistiquement significative, pendant la première sous-période (janvier 1995-mars 2000). Les taux à 10 ans n'expliquent que 14.95 % de l'évolution du dow jones mais on trouve qu'il est un peu élevé dans le cas du cac40. En effet, le taux à 10 ans explique 55.49% de l'évolution du cac40 et le taux à 3 mois explique 52.29% de l'évolution de ce dernier.

En effet, entre janvier 1995 et mars 2000, les marchés des pays développé ont été stimulés par le développement rapide des nouvelles technologies. Aglietta et Rebérioux, soulignent que la deuxième moitié des années quarte vingt dix a été marquée par l'idée selon laquelle les cours boursiers joueraient un rôle capital dans les régulations des systèmes économiques, ce qui explique que les taux d'intérêt sont largement dominés par les comportements d'anticipation des opérateurs pendant cette période. Les marchés financiers mondiaux, qui sont plus intégrés, facilitent les fortes variations des prix des actifs financiers comme l'indique l'évolution parallèle entre le CAC 40 et le Dow Jones entre janvier 1995 et avril 2010. Dans cet univers complexe, les responsables des stratégies monétaires intègrent, depuis l'avènement de la bulle Internet en 2000, la dimension stabilité des marchés financiers dans leurs décisions. Certes, la hausse des taux à long terme permet de se protéger contre l'inflation. Cependant, le lien taux d'intérêt et valeur des actifs financiers des emprunteurs acquière une forme plus subtile en transitant par le canal du crédit bancaire.

La période allant d'avril 2000 à mai 2004 est caractérisée par l'éclatement de la bulle financière en 2000, l'estimation de la relation entre les taux d'intérêt et les deux indices boursiers (CAC 40 et Dow Jones) n'est pas significative économétriquement. Cela étant, les taux d'intérêt à 3 mois contribuent pour la moitié à l'explication de l'évolution du CAC 40 (R2 = 52.29 %). Ce n'est pas le cas pour le Dow Jones où cette relation est totalement insignifiante (R² = 3%). Soulignions que lors des phases de violence des marchés financiers, les autorités monétaires renforcent le canal de la monnaie via les taux d'intérêt soit à des fins de stabilité conjoncturelle, soit au service de la stabilité des prix des biens et des actifs financiers. En effet, le relèvement des taux par la banque centrale, suite à l'augmentation des volumes de crédit et du prix des actifs financiers, à l'adresse des marchés peut être un signal pour prévenir de l'apparition de poussées spéculatives. Ce fut le cas lors du relèvement des taux par la Fed (de 4.5 % à 6.5 %) entre janvier 1999 et mai 2000. En cas de crise financière, la banque centrale peut accroître les liquidités et assouplir son taux d'intérêt directeur. L'exemple typique est celui de la baisse historique du taux d'escompte entre 2001 et 2003, décidée par la Fed, après la crise de 2000. Autre exemple, fin 2002, les taux d'intérêt américains avaient atteint leur plus bas niveau (1.25 %) durant les quarante années précédentes. En 2004, ils sont redescendus jusqu'à 1 %.

En période d'instabilité financière les banques centrales ont recours aux taux d'intérêt pour essayer de réguler les marchés. Ainsi, après la chute des bourses durant les premières années 2000, la Fed a commencé dès juin 2004 un relèvement progressif de son taux directeur. D'où l'intérêt d'observer la relation taux d'intérêt indices boursiers. Dans le cas du CAC 40, le taux à 3 mois a un pouvoir explicatif relativement limité mais pas totalement négligeable (R2 = 55.97 %) sachant que les valeurs de Student des deux variables explicatives sont faiblement inférieures à leurs valeurs critiques. Quant au modèle VAR(4) du Dow Jones en fonction des taux à 10 ans, le R2 est limité mais plus important que les périodes précédentes (13.63 %) et la valeur de Student est faiblement inférieure à sa valeur critique. Au cours de cette période et après la baisse brutale des bourses en 2000, la Fed a entamé un cycle de hausse des taux à partir de juin 2004 pour encourager les agents économiques à épargner afin de reconstituer la richesse perdue par la baisse du prix des actifs financiers. Ce relèvement des taux (de 1 % à 4,25 % en décembre 2005) est certes graduel mais systématique.

La période allant de janvier 2008 à avril 2010 est caractérisée par la formation et l'éclatement de la bulle financière en septembre 2008, l'estimation de la relation entre les taux d'intérêt et les deux indices boursiers (CAC 40 et Dow Jones) est plus significative économétriquement. Cela étant, les taux d'intérêt à 3 mois contribuent pour plus que la moitié à l'explication de l'évolution du CAC 40 (R2 = 60.86 %) et pour la moitié à l'explication de l'évolution du dow jones (R²=50.67%). L'éclatement de la bulle immobilière a conduit à une baisse des taux d'intérêt à long terme, malgré le resserrement (que certains jugent tardif) de la politique monétaire américaine. Cette baisse a été renforcée par une réduction globale des emprunts émis par les États, des politiques de contrôle des déficits publics se mettant graduellement en place, notamment en Europe

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