A
u cours de ces quinze dernières années, nous
avons connu plusieurs crises financières et des phénomènes
de contagion, pour en citer quelques-uns, la crise mexicaine en 1994-1995,
celle du Long Term Capital Management (LTCM) en 1998, la bulle des valeurs
technologiques qui a éclaté à partir en 2000 et enfin la
crise financière actuelle qui a été causée par
l'éclatement de la bulle immobilière en 2008.
En effet, Le concept de bulle spéculative est
intégré depuis très longtemps à la théorie
des marchés financiers. La crise des bulbes de tulipe en Hollande, la
spéculation sur la South Sea Company à Londres ou le krach de Law
en France constituent des exemples classiques de cette interprétation
traditionnelle de la notion de bulle. La théorie des bulles
spéculatives se trouve souvent fortement liée à la
théorie de l'efficience des marchés financiers. Cette
dernière est née à la seconde moitié du
vingtième siècle et qui découle de la théorie
financière moderne de l'évaluation des actifs. Mais, et
d'après la définition d'un marché financier efficient,
l'existence des bulles spéculatives sur un marché est une signe
d'inefficience.
Le gouverneur de la banque centrale des Etats de l'Afrique de
l'ouest, Philippe-Henri Dacoury-Tabley1(*), a expliqué que « La
stabilité financière est désormais une des conditions sine
qua non de la conduite d'une politique monétaire efficace.» Le
marché boursier étant extérieur au cadre usuel de la
politique monétaire. Toutefois, les banques centrales ne peuvent s`en
désintéresser d'abord parce qu'elles sont une source
d'information économique importante et ensuite parce que le
marché boursier est un élément essentiel pour la
stabilité financière.
Au vu de l'importance de l'objectif de stabilité
financière considéré et de ses enjeux, il convient de se
demander dans quelle mesure les prix des actifs et leurs évolutions
temporelles sont incorporées dans la formulation des objectifs des
autorités monétaires. Le comportement des autorités
monétaires à l'égard des prix des actifs a, en
réalité, une importance primordiale dans un environnement au sein
duquel les conséquences sur l'activité économique des
variations injustifiées des prix des actifs ont été
reconnues par bien des économistes. Les économistes s'accordent
à reconnaître sur ce point l'existence de quatre canaux : les
effets de richesse, le ratio Q de Tobin, l'accélérateur
financier et le capital bancaire.
Alchian et Klein2(*) sont les premiers qui ont argumenté
l'idée de créer un nouvel indice des prix qui incorpore les prix
des actifs. Durré 3(*) montre que les autorités monétaires ne
doivent pas réagir de la même manière à toutes les
variations des prix des actifs mais L'analyse de la nature des chocs refluant
la variation des prix des actifs est primordiale. Bernanke et Gertler 4(*) contredisent les
résultats de Durré et soutiennent que les banques centrales n'ont
pas besoin de se préoccuper de détecter la nature des chocs mais
d'intégrer automatiquement les prix des actifs dans la fonction de
réaction de la banque centrale.
Un bon nombre d'économistes s'interrogent sur la
façon de réaction de la politique monétaire lorsqu'elle
détecte la présence d'une bulle sur le marché,
c'est-à-dire est ce qu'elle doit agir à l'avance ou bien attendre
après l'éclatement de celle ci. Kent et Lowe 5(*) défendent la
thèse d'une réaction préventive pour éviter des
ruptures dans le système financier et pour ne pas reporter l'action
à un moment où les outils monétaires seraient moins
efficaces (taux proches de zéro au moment où une relance
s'imposerait). En revanche, Bernanke et Gertler 6(*) préfèrent ne pas agir à l'avance,
mais infléchir la politique monétaire quand la bulle a
éclaté. Mais, chacune de ces deux propositions présente
des limites, et c'est pour faire face à ces limites, Palley 7(*) a proposé une autre
manière de réagir face à l'évolution des prix des
actifs, sa proposition revient à exiger que l'ensemble des
intermédiaires financiers garde auprès de la banque centrale des
réserves obligatoires basées sur leurs actifs.
Ce mémoire se propose alors de mener le débat
sur la manière que doit adopter la politique monétaire pour
diminuer les fluctuations des prix des actifs et empêcher
l'émergence des bulles spéculatives. Que peut faire alors la
politique monétaire pour faire face aux bulles
spéculatives ? Quelle est la réponse appropriée par
celle ci en cas d'éclatement de la bulle ? Et qu'en est t-il de
l'efficacité de la réaction de la politique
monétaire ? Pour atteindre ainsi les objectifs escomptés et
répondre à notre problématique, ce travail va être
divisé en trois chapitres.
Le premier chapitre étudiera la théorie des
bulles spéculative, cette théorie se trouve fortement liée
avec la théorie de l'efficience des marchés financiers.
Après avoir présenté les différentes
définitions d'un marché financier efficient, nous allons
démontrer comment la présence des bulles spéculatives sur
un marché présente un signe d'inefficience. Ensuite,
l'étude sera consacrée à la relation entre l'apparition et
l'éclatement des bulles spéculatives et les crises, en
particulier les crises immobilières et nous prenons comme exemple la
crise actuelle des subprimes. Dans une deuxième section, nous allons
examiner le nouvel environnement de la politique monétaire ainsi que ses
nouvelles responsabilités.
Le deuxième chapitre va être divisé en
trois sections : dans une première section, d'abord, nous allons
présenter les différents arguments de la prise en compte des prix
des actifs dans la conduite de la politique monétaire. Ensuite, nous
présenterons un survol de la littérature sur la manière de
prendre en compte les prix des actifs. La deuxième section va mener le
débat sur le chois d'une réaction préventive ou bien une
réaction tardive, ces deux propositions vont être
accompagnés des limites de chacune. La troisième section
présente, d'une part, la proposition de Palley 8(*), et d'autre part, elle
étudie une autre façon de réagir avec le recours à
la politique monétaire non conventionnelle.
Après avoir étudié la relation
théorique entre la politique monétaire et les bulles
spéculatives, le troisième chapitre est consacré à
la validation empirique. Cette étude empirique prendra deux
formes : la première forme consiste à étudier
quelques expériences vécues, à savoir, la bulle japonaise,
la bulle internet et la bulle immobilière. La deuxième forme est
une étude économétrique, selon laquelle nous allons
vérifier la relation entre la politique monétaire et les cours
boursiers.
Bulles spéculatives et mutations de la politique
monétaire
Introduction :
L'aspect le plus poussé de la mondialisation est la
mondialisation des marchés financiers. L'exemple actuel de la crise du
marché immobilier américain, la crise des subprimes, qui a eu des
répercussions sur la plupart des marchés financiers provoquant
une diminution de la consommation des ménages, montre à quel
point les marchés sont reliés ce qui provoque la
généralisation d'une crise. L'histoire des marchés
financiers montre de nombreux exemples de bulles spéculatives et de
krachs financiers, dont la plus importante est celle de 1929 qui a
marqué le début de la grande dépression. Les crises
financières sont caractérisées par des
phénomènes de spéculation et le développement de
bulles spéculatives qui finissent par éclater.
Il est indispensable, si nous souhaitons comprendre le
phénomène des bulles spéculatives, de s'intéresser
à la théorie d'efficience des marchés financiers avant
même de traiter la théorie des bulles spéculatives. De ce
fait, la première section traitera les théories de l'efficience
des marchés financiers dans une première partie, et la
théorie des bulles spéculatives dans une deuxième
partie.
La deuxième section de ce chapitre présente les
différentes mutations qui ont affectée la politique
monétaire après avoir décrit son nouvel environnement
d'exercice, à savoir, la montée de la globalisation et de
l'innovation financière.
Section 1 : la théorie de l'efficience des
marchés financiers et les bulles spéculatives
La théorie des bulles spéculatives est souvent
liée à la notion de l'efficience des marchés financiers.
Que peut être la relation entre l'efficience des marchés
financiers et les bulles spéculatives ? La réponse à
cette question fait l'objet de la première partie de cette section,
alors que dans une première partie, nous allons préciser la
notion des bulles spéculatives en décrivant leur
mécanisme. La troisième partie traitera la relation entre les
bulles spéculatives et particulièrement les bulles
immobilières et les crises bancaires.
I- Théorie de l'efficience des marchés
financiers :
La théorie des marchés financiers est née
au début des années 1960 des travaux des pionniers de la finance
moderne.
C'est à E.Fama qu'on attribue la théorie de
l'efficience suite à l'apparition de ses fameux articles
(« journal of business » en 19659(*) et « journal of
finance » en 197010(*)) sur lesquels on se baserait afin de définir
la notion de l'efficience des marchés financiers.
1/ Définition de l'efficience des marchés
financiers :
La théorie des marchés financiers est une
théorie issue de la notion de marchés purs et parfaits, un
marché financier fonctionne d'une manière parfaite
c'est-à-dire que l'ensemble des informations disponibles est pris
à tout moment pour former le prix des actifs. Telle était la
définition que Fama a donnée en 1965 pour un marché
efficient.
En 1978, Jensen11(*) a proposé une autre définition et selon
laquelle, « un marché est efficient si les prix des actifs
cotés intègrent les informations les concernant de telle
manière qu'un investisseur ne peut, en achetant ou en vendant cet actif,
en tirer un profit supérieur aux coûts de transaction
engendrés par cette action. ». Et à
la lumière des travaux de Fama12(*) et Jensen13(*), Tobin14(*) définit un marché efficient comme
étant un marché dont la valeur intrinsèque d'un titre se
rapproche du prix réel. Ces différentes définitions ont
abouti au fil du temps à trois dimensions d'efficience à savoir,
l'efficience fonctionnelle, le comportement rationnel des acteurs sur le
marché et l'efficience informationnelle.
a) l'efficience fonctionnelle :
La première dimension de l'efficience des
marchés financiers concerne les fonctions proprement économiques
de l'industrie financière. En effet, les marchés financiers
prennent une place de plus en plus dominante dans le système financier.
Leur utilité provient du fait qu'ils facilitent la mutualisation des
risques et leur transfert, comme ils permettent de mobiliser l'épargne
vers les emplois les plus productifs, et ceci grâce à un
système de production et de diffusion de l'information qui répond
aux besoins des offreurs et les demandeurs des actifs financiers. L'efficience
est dite opérationnelle si les intermédiaires recherchent toutes
les possibilités de convergence entre les offreurs et les demandeurs des
actifs financiers. Cette mise en relation doit être effectuée
à moindre coût et avec une rémunération
versée aux intermédiaires.
b) le comportement rationnel des acteurs sur le
marché :
La deuxième dimension d'efficience du marché
financier repose tout d'abord sur la rationalité du comportement des
investisseurs, selon laquelle, un marché d'actifs financiers est
efficient si le prix des actifs reflète les espérances de revenus
futurs auxquels ils donnent droit, conformément aux principes
d'évaluation.
On dit que les marchés financiers sont efficients dans
la mesure où les prix des actifs cotés sont uniquement le reflet
des anticipations qu'ont les investisseurs de leurs revenus futurs. En effet,
les investisseurs sont supposés non seulement connaître les vrais
modèles de détermination des prix mais aussi capables de faire
les meilleures estimations des valeurs intrinsèques des actions. De
plus, leur rationalité financière les conduit à chercher
à maximiser leurs gains en bourse. Ils ont donc intérêt
à anticiper correctement la valeur fondamentale de l'action. D'ou la
nécessité d'avoir un stock d'information suffisamment important
pour analyser rationnellement les tendances des cours pour atteindre la
situation optimale souhaitée.
c) L'efficience informationnelle
Le concept d'efficience des marchés financiers couvre
plusieurs définitions mais le pilier de la finance moderne repose sur la
dimension informationnelle. La première définition formelle de
l'efficience informationnelle des marchés financiers est celle
proposé par Fama15(*) où l'atomicité des agents fait en sorte
qu'aucun d'entre eux ne puisse seul influer sur le prix du marché et
où le prix du marché agrège l'ensemble des comportements
des individus reflète ainsi, à chaque instant, toute
l'information pertinente et disponible. Au cours de la même année,
Samuelson a donné un apport substantiel qui consiste à montrer
que les prix de marché ne se contentent pas de fluctuer autour de leur
valeur fondamentale.
En 2005, Christian Walter propose une troisième
manière de comprendre l'efficience informationnelle des marchés
:
« Si les cours reflètent bien l'information
disponible sur le marché, alors toute politique de gestion d'actifs
reposant sur un traitement de cette information ne pourrait produire de
performance supérieure à celle d'un indice de marché
contenant par définition l'information retraitée par les
gérants ».16(*)
D'après ces trois définitions, la notion
d'efficience suppose un marché idéal, c'est à dire un
marché boursier sur lequel le prix des actifs permet de prendre les
bonnes décisions d'allocation des ressources car le prix des titres
reflète à un moment donné, en moyenne, correctement toutes
les informations disponibles, que ce soit sur des événements
passés ou futurs. Ainsi, on peut dire que sur un tel marché toute
prévision dégage un profit nul (d'après Jensen17(*)).
En 1970, Fama a défini trois formes de l'efficience des
marchés financiers à partir du type d'information
considéré à savoir, la forme faible, la forme semi-forte
et la forme forte de l'efficience des marchés financiers.
· La forme faible :
Dans un marché efficient de forme faible, les cours des
titres reflètent tout ce qu'on pourrait déduire de leur
historique. L'observation des cours et des volumes de transactions
passées ne serait d'aucune utilité pour obtenir des taux de
rentabilité supérieurs à un niveau de risque plus
élevé. L'analyse technique est alors non significative. Donc, il
n'est pas possible de tirer profit des informations passées pour
prévoir l'évolution future du prix, parce que tous les agents
disposent du même stock des informations.
· La forme semi-forte :
Dans un marché de forme semi-forte, les cours
boursiers réagissent instantanément à l'annonce
d'information dès que celles-ci deviennent publiques. Ces informations
peuvent être des informations macroéconomiques et
financières, affectant l'ensemble des valeurs ou celles propres à
une entreprise, par exemple annonce de chiffres d'affaires, de
bénéfices, dividendes...., Un investisseur sera meilleur que les
autres s'il dispose des informations privées non détenues par le
publique. Donc, dans un tel marché, seul les détenteurs des
informations privées qui peuvent réaliser un gain sur ce
marché, car en se basant uniquement sur l'information publique,
détenue par tout le monde, les agents vont réaliser des profits
égaux.
· La forme forte :
Enfin, un marché sera efficient de forme forte si
toutes les informations privées sont reflétées dans les
cours. Ainsi, il n'est pas possible de tirer profit même des informations
privées concernant un actif financier pour prévoir
l'évolution future de son prix, car elles sont déjà
intégrées dans les prix. Sous cette forme, la rationalité
des investisseurs affirme que l'analyse de l'information disponible n'enrichit
personne. Donc, un marché fortement efficient rend tous les
spéculateurs égaux en matière d'information privée
et d'anticipation.
2/ Les principaux biais de la théorie de
l'efficience :
Des auteurs, tels que Rozeff et Kinney18(*), Ariel19(*)et French20(*), ont soulevé un certain
nombre d'aspects du comportement des prix des actions en bourse qui semblent
être incompatibles avec l'hypothèse d'efficience. Ces anomalies
sont: les effets saisonniers, anomalies liés à la taille de la
firme et principalement les bulles spéculatives. Ces effets peuvent
constituer une opposition flagrante avec la théorie de l'efficience des
marchés financiers.
a) les effets saisonniers :
Les effets saisonniers sont au nombre de quatre: l'effet
janvier, l'effet lundi, l'effet changement de mois et l'effet jours
fériés.
En 1976, Rozeff et Kinney21(*) ont mis en évidence le fait qu'entre
décembre et janvier, les cours boursiers sont soumis à des
mouvements anormaux. En effet, les rentabilités des actions seraient
plus faibles que les rentabilités moyennes lors des derniers jours de
décembre à cause des considérations fiscales et du
réaménagement du portefeuille.
Démontrés par Ariel22(*), les cours boursiers ont des
rentabilités positives durant la première partie du mois et d'une
rentabilité nulle durant la seconde.
French23(*) a mis en évidence que lors d'une annonce
d'information, le marché a tendance à surréagir à
cette information durant les premières heures qui suivent sa
déclaration. De fait, les firmes auraient tendance à ne
délivrer les mauvaises informations que le vendredi après la
clôture du marché pour que les investisseurs aient du temps pour
digérer cette information tandis que les bonnes informations sont
délivrées dans la semaine. Fields24(*) et Ariel25(*) ont démontré que les
rentabilités sont plus élevées le jour qui
précède un jour férié
b) anomalies liés à la taille de la
firme :
L'effet Taille, mis en évidence par Banz26(*) en 1981, on trouve cette
anomalie plus traitée par les praticiens que par les théoriciens.
De nombreuses observations ont démontré une performance
supérieure réalisée par les titres ayant la capitalisation
boursière la plus faible. Cet effet taille peut s'expliquer de
différentes façons. Une capitalisation boursière faible
signifie le plus souvent des risques plus élevés pour
l'investisseur. Plus une entreprise est de petite taille, plus ses chances de
défaillances sont élevées. Plus un titre est
risqué, plus la rentabilité exigée par les actionnaires
est élevée.
c) les bulles spéculatives :
Une bulle spéculative peut se définir comme
étant l'écart qui existe entre le prix de marché d'un
actif financier et le prix qui serait justifié au regard de ses
véritables déterminants, appelé aussi la valeur
fondamentale. Par exemple, dans le cas d'une entreprise dont la capitalisation
boursière est estimée par le marché à cent millions
de dinars, une bulle spéculative apparaît si, sans raison
spécifique, la capitalisation boursière de la firme
s'élève brusquement à cent cinquante millions puis,
quelque temps plus tard, et toujours sans raison apparente, rejoint son niveau
d'origine. C'est pourquoi les bulles spéculatives sont totalement
contraires à l'hypothèse d'efficience des marchés qui dit
que le prix de l'action doit être égal aux revenus futurs
générés par une firme, et donc à la valeur
fondamentale. L'existence d'une divergence durable entre le prix d'un titre et
sa valeur est donc bien le signe d'une certaine inefficience des
marchés.
L'efficience des marchés financiers apparaît
à la fois comme un mythe et un objectif. Les marchés ont tendance
à tendre vers l'efficience sans jamais l'atteindre totalement. Plus
généralement, ils ne sont pas efficients au sens de Fama, mais le
restent au sens de Jensen. Notre étude s'articule essentiellement sur la
théorie des bulles spéculatives vue son importance dans la
théorie financière et monétaire.
II- Les bulles spéculatives :
1/ définition :
D'après Coudert et Verhille27(*), une bulle spéculative
est « Un écart important et persistant du prix d'un actif par
rapport à sa valeur fondamentale » comme l'indique le
schéma suivant :
Source : M. Landau
et Mme. Duquerroy, «Théorie et réalité des
crises financières », Conférence Théorie et
réalité des crises financières,octobre 2009
Les bulles spéculatives peuvent être des bulles
financières ou des bulles immobilières.
a) les bulles financières :
Une bulle financière est un mouvement de hausse du prix
des actions sans avoir une relation avec l'état de l'économie
réelle. Elle peut être encouragée par une forte baisse des
taux de crédits permettant un endettement élevé des
ménages et une forte consommation.
b) les bulles immobilières
Une bulle immobilière est une bulle spéculative
qui apparaît à l'échelle locale d'une région, voire
sur l'ensemble du territoire d'un marché immobilier. Elle est
caractérisée par une hausse rapide de la valeur des biens
immobiliers.
c) bref historique des principales bulles
spéculatives :
Les bulles spéculatives ont été
nombreuses dans l'histoire. Leur histoire peut être en grande partie
liée par l'histoire des crises monétaires et financières.
En voici quelques exemples :
· La tulipomanie de 1637 : c'est
l'augmentation démesurée, suivie par l'effondrement des cours de
l'oignon de tulipe dans le nord des Provinces-Unies (actuellement hollande) au
milieu du XVIIe siècle.
· La bulle immobilière de
1926 : La prospérité américaine et
l'agréable climat de la Floride engendre une multitude des nouveaux
riches sur les biens immobiliers. L'envolée des cours atteint rapidement
un rythme insoutenable. Au cours de douze mois (1924-1925), les prix ont
quadruplé. Un slogan de l'époque résume l'ambiance qui
régnait, « tout le monde est soit investisseur soit agent
immobilier ».
· Le krach d'octobre 1929 : Le
krach de 1929 est consécutif à une bulle spéculative, dont
la genèse est débutée en 1927. La bulle est
amplifiée par le nouveau système d'achat à crédit
d'actions, qui depuis 1926 est permis à Wall Street. Les investisseurs
peuvent ainsi acheter des titres avec une couverture de seulement 10 %. Le taux
d'emprunt dépend du taux d'intérêt à court terme.
· La bulle immobilière japonaise des
années 1990 : tout au long des années 1970 et 1980, la
réussite économique du Japon trouble le monde. Au Japon, les
cours boursiers grimpent sans cesse. Par ailleurs, les prix de l'immobilier,
notamment à Tokyo, atteignent des niveaux historiques.
· La bulle internet des années
2000 : À partir de la fin des années 1990, venue des
Etats-Unis, une maladie qui s'empare des bourses pour tout ce qui concerne les
titres liés au secteur de la nouvelle économie.
· la bulle immobilière
2008 : développée en une décennie depuis le
milieu des années 1990 jusqu'au milieu des années 2000 dans la
plupart des régions urbanisées occidentales, nourrie notamment
par la faiblesse des taux d'intérêts des banques centrales
décidée pour stimuler artificiellement l'économie
après l'éclatement de la bulle internet et les attentats du 11
septembre 2001.
2/ le mécanisme des
bulles spéculatives :
La formation des bulles spéculatives passe par cinq
phases comme suit :
- Première phase : des
spéculateurs à court terme qui recherchent de hauts rendements,
ou des investisseurs exigeant une trop importante prime de risque, poussent la
valeur d'une action à un niveau insoutenable.
- Seconde phase : les gens qui suivent les
tendances sur les marchés achètent, parce que les rendements ont
été très élevés récemment; et par
suite ils poussent la surévaluation à un niveau encore plus
élevé, sur une si longue période.
- Troisième phase : des
économistes très intelligents, étonnés par la
durée de la surévaluation, croient que finalement, la
surévaluation est peut-être cette fois vouée à durer
éternellement et être soutenable. C'est la phrase la plus
dangereuse.
- Quatrième phase : Les gens sur les
marchés financiers continuent d'anticiper des hausses, encouragés
par les théories sur la "nouvelle économie", qui justifient les
rendements extrêmement élevés connus au cours de la
période récente. Les cours restent donc suspendues au dessus de
son niveau normal encore plus longtemps.
- Cinquième phase : les acheteurs
enthousiastes et les suiveurs de tendance finissent par se tarir;
l'effondrement en résulte.
3/ les bulles rationnelles/ les bulles
irrationnelles :
Après avoir présenté la définition
des bulles spéculatives et leur formation, il est intéressant
d'expliquer le concept de « bulles rationnelles ».
En effet, ces théories se sont montrées
insuffisantes et de nouvelles théories sont apparues prenant en compte
alors le comportement des agents économiques à travers des
phénomènes de contagion et de mimétisme, à partir
du concept de « bulles irrationnelles ».
a) La théorie des bulles rationnelles
Des bulles peuvent apparaître sur les marchés
financiers même si les agents ont un comportement rationnel. Ces bulles
se forment alors en raison de l'indétermination des prix, qui peut
résulter des anticipations rationnelles. En effet, le prix d'un actif
dépend des anticipations que forment les opérateurs sur son
niveau futur. Pour comprendre intuitivement le phénomène de bulle
rationnelle, on peut considérer que les opérateurs sont
disposés à acheter un actif à un prix supérieur
à sa valeur fondamentale dès lors qu'ils s'attendent à
pouvoir le revendre plus cher dans le futur. Leur demande alimente alors la
montée des cours. Même si les opérateurs de marché
avaient conscience de son existence, la bulle ne serait pas
nécessairement un obstacle à leur demande dans la mesure
où leur horizon temporel est plus court que le délai dans lequel
ils prévoient son éclatement. Mais, les opérateurs n'ont
généralement pas conscience de l'existence des bulles,
puisqu'elles dépendent du prix fondamental de l'actif qui,
lui-même, contient des anticipations, par nature non observables.
b) La théorie des bulles
irrationnelles
La théorie des bulles irrationnelles
rejette l'hypothèse de rationalité dans les
anticipations des investisseurs et remet en cause la notion de symétrie
de l'information.
Shleifer et Summers 28(*) ont effectué des expériences
psychologiques afin de mieux comprendre le caractère irrationnel des
comportements. Leurs résultats montrent que la plupart des personnes ont
tendance à ne pas utiliser les informations dont elles disposent pour
répondre aux questions qui leur sont posées, mais plutôt
à se faire confiance aux réponses données par les autres.
Le mimétisme comme le comportement moutonnier seraient en fait des
traits caractéristiques du comportement humain. Il n'est donc pas
étonnant de retrouver ce type de conduite sur les marchés
financiers.
III- Les bulles immobilières : origine des crises
bancaires
Une bulle spéculative peut porter sur des actifs
réels (logements, terrains...) ou financiers (actions...).
L'éclatement de la bulle se manifeste par une chute continue, souvent
brutale, de ces prix.
Dans le cas de la bulle immobilière, elle s'accompagne
d'une chute, logique, de la construction de logements. Comment les bulles
immobilières donnent-elles naissances aux crises bancaires ?
1/ Du crédit aux crises bancaires :
L'endettement est une modalité commode pour
réaliser des projets sans disposer des moyens financiers
nécessaires. Il alimente ainsi la croissance, l'investissement ou la
consommation. Il peut pallier l'insuffisance de revenus. Il peut aussi soutenir
la spéculation. Tous les débiteurs ont succombé, par choix
ou par nécessité, aux offres d'endettement faciles. Dans
plusieurs pays, acheter à crédit la totalité d'un bien
immobilier pour le revendre avec profit quelques mois ou années plus
tard est devenu une pratique courante.
Une spéculation à la hausse des prix des
immobiliers, qui en attirant des investisseurs toujours plus nombreux les
incite à s'endetter dans l'espoir d'une revente ultérieure avec
plus-value est la cause de la formation d'une bulle immobilière.
Le développement du crédit bancaire et
l'accroissement de la masse monétaire vont nourrir, grâce à
des taux d'intérêt faibles, la phase d'expansion de la bulle.
C'est ainsi que le niveau d'endettement moyen des ménages vont
augmenter. L'histoire économique montre que la chute rapide des prix
résulte d'événements inattendus. La baisse est alors
d'autant plus forte et rapide que le choc est significatif et inattendu et que
la bulle est importante. Il est donc impossible de prévoir un tel
éclatement.
2/ Exemple : la crise des subprimes 2008
Les prêts subprimes étaient des prêts
immobiliers consentis par les banques et les organismes de crédit
hypothécaire à des ménages à faibles revenus aux
Etats-Unis. La plupart des prêts subprimes étaient à taux
d'intérêt révisable : faible au début, la charge de
remboursement supportée par l'emprunteur augmentait très vite
considérablement au point de représenter la presque
totalité des revenus de la famille.
Les risques de défaut de remboursement
n'étaient pas alors considérés comme un problème
par les banques, car la hausse continue des prix de l'immobilier constituait
pour elles une garantie avec la vente du bien. La bulle immobilière
avait en effet constitué une nouvelle occasion de placements lucratifs
pour les capitaux disponibles après la crise de la « Nouvelle
économie » de 2001.
Cette politique a brutalement montré ses limites en
2007. Le ralentissement de l'économie américaine a suscité
une multiplication des saisies immobilières. Dans l'incapacité de
rembourser leurs échéances, les emprunteurs ont vu leurs maisons
saisies. On estime en 2010 à 3 millions le nombre de familles
jetées à la rue aux Etats-Unis. Le nombre de biens mis en vente a
généré à son tour une explosion de l'offre
provoquant une baisse des prix de l'immobilier, et un éclatement de la
bulle en juillet, qui s'est conjugué à la hausse des taux
d'intérêt par la Réserve fédérale des
Etats-Unis (FED). L'insolvabilité des débiteurs s'est traduite
alors par la faillite des organismes de crédit hypothécaire qui
avaient consenti ces prêts. On a donc assisté à un
effondrement du marché interbancaire: les banques ont cessé de se
prêter les unes aux autres, et à une crise de liquidité des
banques.
Section 2 : les mutations de la politique
monétaire
Après avoir présenté la théorie de
l'efficience des marchés financiers et des bulles spéculatives,
il est intéressant maintenant de s'occuper de la politique
monétaire. En effet, dans un premier temps, nous allons étudier
l'environnement d'exercice de la politique monétaire en décrivons
les perturbations qui ont affectés le cadre d'exercice de celle-ci. Les
mutations de la politique monétaire et ses nouvelles
responsabilités feront l'objet de la deuxième partie de cette
section.
I- Le nouvel environnement de la politique
monétaire
La politique monétaire est probablement l'instrument de
la politique économique qui a le plus changé depuis la fin du
XXème siècle à cause de la montée en puissance de
deux phénomènes, à savoir la globalisation
financière et l'innovation financière. L'étude de ces deux
phénomènes est dans ce qui suit.
1/ le concept de la globalisation financière
a- définition
La globalisation financière est la mise en place d'un
marché unifié des capitaux au niveau mondial. Cela signifie que
les entreprises multinationales, industrielles ou financières peuvent
emprunter ou placer des capitaux sans limites où elles le souhaitent et
quand elles le souhaitent, en utilisant tous les instruments financiers
existants
b- manifestations
· La croissance excessive de la finance
internationale
Dans le passé, la fonction du système financier
international était d'assurer le financement du commerce mondial et des
balances des paiements. Or, les flux financiers internationaux ont connu
récemment une progression violente, sans commune mesure avec les besoins
de l'économie mondiale.
La finance internationale se développe aujourd'hui
selon sa propre logique qui n'a plus qu'un rapport indirect avec le financement
des échanges et des investissements dans l'économie mondiale.
L'essentiel des opérations financières consiste dans des
mouvements de va-et-vient permanents entre les monnaies et les
différents instruments financiers
· Prédominance des mouvements de capitaux
spéculatifs
Cette croissance vertigineuse de la finance internationale
correspond à un changement systémique, au sens où la
nature même du système financier international s'est
transformée, celui-ci étant désormais dominé par la
spéculation.
Aujourd'hui, une grande partie des transactions
financières est directement animée par des anticipations sur
l'évolution future des cours. Mais dire que les marchés sont
devenus foncièrement spéculatifs, c'est également en
souligner deux autres aspects. D'une part, les acteurs qui raisonnent à
très court terme sur ces marchés sont aujourd'hui
prédominants. La myopie croissante de toutes les catégories
d'opérateurs est exactement soulignée. D'autre part, les
opérateurs ont tendance à s'abstraire de la réalité
des fondamentaux au profit de la recherche d'une opinion quant à la
tendance du marché.
Cette dérive spéculative intervient car les
marchés sont devenus plus volatils et les investisseurs manquent de
points de repères pour ancrer leurs anticipations.
· Le rôle des marchés
dérivés
Les produits dérivés (futures, options de
change, options de taux, swaps) sont devenus l'une des armes les plus efficaces
de la spéculation. La fonction première de ces instruments est
d'offrir une couverture contre les risques de taux d'intérêt et de
taux de change, c'est à dire contre une variation adverse
anticipée d'actifs dits "sous-jacents" tels que les actions et les
devises.
c- Les origines de la globalisation
financière
· Décloisonnement des
marchés : La condition nécessaire de la
globalisation financière a été non seulement celle de
l'ouverture des marchés nationaux, mais aussi à
l'intérieur de ceux-ci, de l'éclatement des compartiments
antérieurs : marché monétaire, marché financier,
marché de changes et marché à terme.
· Déréglementation :
Les autorités monétaires des principaux pays
développés ont réduit les réglementations
nationales de manière à faciliter la circulation internationale
des capitaux. La déréglementation est née aux Etats-Unis
et ensuite a propagé sur les autres marchés.
· Désintermédiation :
Dans le cadre de la désintermédiation, les capitaux
disponibles sont directement orientés par les marchés vers les
agents ayant des besoins de financement, les transactions s'effectuant sous la
forme de titres allant du très court terme au long terme.
2/ la théorie des innovations
financières
L'innovation financière peut être perçue
comme un procédé par lequel les banques ou les
intermédiaires financiers cherchent à augmenter leurs profits,
réduisent les risques liés à l'intermédiation
financière, contournent les contraintes imposées par les
autorités financières en matière de prêts, et
affrontent la concurrence des autres intermédiaires financiers.
a- La théorie :
D'après Gowland, l'innovation peut se définir
comme «l'introduction d'un nouveau produit sur le marché ou la
production d'un produit existant, mais d'une nouvelle
manière».29(*) Cette définition peut s'appliquer aux
établissements financiers comme aux entreprises industrielles. Mais la
grande différence entre ces deux types d'entreprises réside dans
la manière dont l'économie industrielle appréhende le
rôle de la technologie. Dans les entreprises industrielles,
l'introduction d'une nouvelle technologie est clairement perçue comme
une innovation. Dans les établissements financiers, au contraire, le
rôle de la technologie n'est pas vraiment clair, car les changements que
l'on doit apporter à la méthode de production pour introduire un
nouveau produit ne sont pas énormes : les prêts, par exemple, sont
toujours les mêmes avant et après l'innovation.
· Les innovations financières comme
contournement de la réglementation : L'idée selon
laquelle la réglementation imposée par les autorités
monétaires est le moteur de l'innovation trouve son origine chez
Kane30(*). En mettant
l'accent sur la notion de " dialectique de la réglementation ",
Kane fonde son approche sur la dynamique de l'action du législateur et
les réponses des établissements financiers, dans un
système non stationnaire décrit à l'aide de la
séquence.
· De Silber à Lancaster :
Aujourd'hui, l'approche dominante de la théorie de l'innovation
financière est celle de la théorie de la contrainte
développée notamment par Silber31(*). Cette théorie indique que les
intermédiaires financiers innovent pour contourner les contraintes
réglementaires. Ainsi, un processus de
dérégulation-rerégulation se déclencherait à
travers les innovations financières. Mais, en 1983, Silber32(*) considère que cette
seule explication des innovations financières s'avère
limitée. En effet, il constate à partir de l'étude des
nouveaux produits financiers entre 1952 et 1982, que divers
éléments dont la combinaison permet d'expliquer la
création de nouveaux produits.
· l'approche
Lancastérienne : (Lancaster33(*)), cette approche
s'avère judicieuse pour l'analyse des services et produits financiers.
On peut ainsi penser qu'une grande majorité des innovations
financières résultent des changements dans la combinaison des
caractéristiques des services financiers. Ces changements sont mis en
oeuvre par les institutions pour une meilleure adaptation à la demande
exprimée par les épargnants et les investisseurs. Donc, cette
approche Lancastérienne en termes de caractéristiques des
produits offre aux institutions financières une grande marge de
manoeuvre dans la conception et l'adaptation des produits et services
financiers aux besoins de la clientèle qui ne cessent d'évoluer,
surtout au cours de ces dernières années. Donc, l'innovation
financière peut-être appréhendée comme une arme
stratégique utilisée par les banques pour maintenir ou gagner des
parts de marché.
b- Nature des innovations :
Deux types d'innovations apparaissent avoir des effets
différenciés, les innovations de dépassement, souvent
qualifiées de radicales, et les innovations de rattrapage, souvent
qualifiées d'incrémentales. Les premières déplacent
la frontière des connaissances techniques (innovation de
procédé) ou élargissent la gamme des produits et des
services offerts (innovation de produit). Dans l'enquête Innovation,
elles correspondent à l'introduction sur le marché d'une «
première de procédé technologique » ou d'un «
produit nouveau à la fois pour l'entreprise qui l'a introduit et pour le
marché ».
Les innovations de rattrapage concernent l'introduction dans
l'entreprise d'équipements et de composants nouveaux que l'entreprise
n'aurait pas mis au point elle-même ou encore des améliorations de
produits existants par ailleurs sur le marché.
IV- Les nouvelles responsabilités de la politique
monétaire
Comme on a vu précédemment, la politique
monétaire s'exerce dans un cadre économique et financier de plus
en plus complexe en présence de la globalisation et de l'innovation
financière.
Dans ce nouvel environnement, la politique monétaire a
subi de différents changements dont les principales consistent à
la sauvegarde de la stabilité financière et la surveillance de
l'évolution des prix des actifs.
1/ la stabilité financière :
nouvelle urgence pour les banques centrales
Le concept de la stabilité financière est
lié à la mondialisation. La stabilité financière
peut se définir comme une situation dans laquelle le fonctionnement des
différentes composantes du système financier s'effectue de
manière saine. Autres la stabilité monétaire, les banques
centrales sont appelés à sauvegarder la stabilité
financière du pays à cause de ce mouvement de globalisation et
d'innovations financières. Le maintien de la stabilité
financière par la banque centrale s'exprime par des moyens variés
dans deux domaines primordiaux, à savoir la régulation et le
contrôle bancaire d'une part et la sécurité des
systèmes de paiement d'autre part.
a) la régulation et le contrôle
bancaire :
Dans le domaine de la régulation et du contrôle
bancaire, le contrôle bancaire doit être exercé par un
organisme indépendant. Or, l'indépendance des banques centrales
vis-à-vis de tous les intérêts est
généralement incontestable. Mais leur légitimité
provient également de leur connaissance en continu du système
bancaire et de leur expertise dans ce domaine. Les formes d'engagement d'une
banque centrale dans le contrôle bancaire peuvent être
variées. Si, dans de nombreux pays, elle exerce directement cette
tâche, dans d'autres pays la supervision peut être destinée
à un organisme indépendant ou partagée par la banque
centrale avec d'autres entités. Mais, quelles que soient les
modalités, il est absolument indispensable que la banque centrale soit
fortement impliquée dans le contrôle bancaire, directement ou par
des liens avec l'organisme en charge de ce contrôle à qui elle
fournit des données et dont elle conforte les analyses. Cet engagement
est l'un des axes incontournables de la stabilité financière.
Cela ne signifie pas qu'il constitue une garantie permanente et absolue contre
tout risque de mauvaise gestion ou de défaillance, mais que l'on ne peut
se passer de l'apport de la banque centrale, en particulier de sa connaissance
intime du fonctionnement des banques.
Par ailleurs, dans la mesure où la banque centrale,
seule fournisseuse de monnaie centrale, est par nature le prêteur en
dernier ressort potentiel, il n'est pas envisageable qu'elle soit
éloignée du suivi de la gestion d'établissements dont elle
peut être amenée à renflouer la liquidité.
b) la sécurité des systèmes de
paiement :
Les banques centrales ont également une
responsabilité majeure dans la conception, la régulation et la
surveillance des systèmes de paiement puisque le noyau central de ces
derniers est le vecteur des interventions sur le marché. La
responsabilité en matière de contrôle bancaire implique
donc une connaissance actualisée des situations individuelles des
institutions financières, celles-ci contribuant à renforcer
l'efficacité de la surveillance des systèmes de paiement. Les
deux missions sont intimement liées et se renforcent l'une l'autre. Les
responsabilités des banques centrales vis-à-vis des
marchés sont plus diversifiées. Celles-ci ont des
responsabilités directes sur le marché monétaire et les
marchés de taux, et indirectes sur les marchés d'actions. D'une
façon générale, elles disposent d'une connaissance du
fonctionnement global de l'ensemble des marchés que peu d'organismes
possèdent, puisque celle-ci est inhérente à leur mission.
Les différents segments des marchés sont des terrains sur
lesquels se transmettent les signaux et les effets de la politique
monétaire. Les banques centrales sont donc obligées, de par leur
mission en matière de stabilité des prix, d'avoir une
connaissance très large et intime du fonctionnement des marchés,
même si leur responsabilité de régulateur est très
inégale selon les compartiments de ces marchés. Enfin, un dernier
facteur incontestable de légitimité du rôle des banques
centrales dans la stabilité financière tient en ce qu'elles sont
le seul fournisseur ultime de monnaie centrale, ce qui leur donne une
responsabilité de premier plan dans la gestion des crises
financières et in fine pour jouer éventuellement le rôle de
prêteur en dernier ressort.
2/ la surveillance de l'évolution des prix des
actifs
La responsabilité de la politique monétaire de
surveiller l'évolution des prix des actifs peut s'expliquer par les
raisons suivants :
· Tout d'abord, on a fait valoir que les prix d'actifs
incorporaient des informations utiles sur la conjoncture à venir, ou du
moins sur son anticipation par les agents économiques. En particulier,
la structure par terme des taux d'intérêt, l'écart entre
taux longs et taux courts, révèle logiquement les
prévisions d'inflation à des horizons plus ou moins
éloignés.
· Un deuxième argument consiste à affirmer
que les banques centrales doivent stabiliser les prix d'actifs parce que c'est
là un objectif socialement souhaitable. Les autorités
monétaires devraient chercher à limiter la volatilité de
ces prix, comme elles cherchent à réduire celle des prix des
biens et services. Ce n'est pas qu'elles devraient réagir aux uns pour
stabiliser les autres, c'est que le lissage des prix d'actifs est un objectif
en lui-même.
· Enfin, la stabilité des marchés des
capitaux est devenue une nécessité à cause de
l'environnement internationale perturbé, à savoir la
montée de la globalisation financière.
3/ autres mutations de la politique
monétaire
Outre la surveillance des prix des actifs et la sauvegarde de
la sauvegarde de la stabilité financière, la politique
monétaire est affectée par d'autres changements : le
développement des instruments de marché et la modification des
canaux de transmission.
a) la modification des canaux de transmission
Jusqu'au milieu des années 1980, la banque centrale
peut facilement agir sur les arbitrages de portefeuille en faisant varier les
taux d'intérêt. Ainsi, une hausse des taux diminue la
détention d'encaisses liquides des agents et donc leur capacité
de dépenses. La demande diminue ainsi que les éventuelles
tensions inflationnistes. Le développement des marchés de
capitaux a réduit l'efficacité de ces canaux traditionnels. Dans
un contexte concurrentiel, la transmission de la politique monétaire au
coût du crédit n'est plus aussi automatique, les entreprises
pouvant se financer directement sur les marchés financiers.
La contrainte de liquidité pesant sur les
ménages s'est également desserrée. Le développement
des marchés financiers augmente la liquidité des titres, les
arbitrages entre monnaie et titres sont plus immédiats, de sorte que les
agents ont moins besoin de détenir des encaisses préalablement
à toute dépense. Dans le même temps, les bilans des agents
non financiers, ceux-ci détenant davantage de titres, sont devenus plus
sensibles aux variations des taux d'intérêt ou indirectement
à travers les effets de richesse. La variation des taux
d'intérêt modifie le cours des titres et donc la richesse
potentielle des agents qui les détiennent, ce qui peut avoir un impact
sur leur comportement de dépense. Le canal des taux
d'intérêt passe ainsi aujourd'hui en grande partie par les
marchés financiers. Une partie de l'action de la banque centrale sera de
convaincre les marchés de l'efficacité et de la durée de
son action, seul moyen de modifier les anticipations d'inflation. Les effets
d'annonce et de signal deviennent aussi importants que
l'action elle-même.
b) le développement des instruments de
marché
Les instruments à la disposition des autorités
monétaires ont vu leur nombre se réduire fortement dans ce nouvel
environnement financier.
Les instruments de contrôle direct, de nature
réglementaire, tels que l'encadrement du crédit ou le
contrôle des mouvements de capitaux ont peu à peu disparu, perdant
de leur efficacité dans un monde de plus en plus
déréglementé et concurrentiel. Les banques, seules
soumises à ces contraintes puisque ce sont elles qui créent de la
monnaie, sont pénalisées par rapport aux autres institutions
financières, mais également par rapport au financement direct, ou
par rapport aux établissements étrangers non soumis à de
telles contraintes. L'efficacité de ces instruments est en outre
réduite avec le développement des marchés financiers,
source de désintermédiation.
Enfin, ces instruments sont source d'inefficience puisqu'ils
limitent la concurrence, figent les parts de marché et pénalisent
les établissements les plus dynamiques. Ce sont ces mêmes raisons
qui expliquent le déclin de l'utilisation des réserves
obligatoires. Par ce mécanisme, la banque centrale oblige les banques
à maintenir un pourcentage de leurs actifs les plus liquides en
réserve à la banque centrale, ce qui augmente leur besoin e
refinancement et freine la création monétaire. Cependant, ces
réserves obligatoires ont un coût pour les banques, ce qui les
pénalise par rapport leurs concurrents. On constate pour ces raisons un
déclin de l'usage de cet instrument depuis le milieu des années
1980.
Aujourd'hui, la politique monétaire repose quasi
exclusivement sur l'instrument du taux de refinancement. Les anciennes
procédures, assez rigides, où la banque centrale décidait
du montant et du taux de son refinancement, telles que les procédures de
réescompte, ont peu à peu laissé place à des
procédures dites de marché. Les autorités
monétaires interviennent désormais directement sur le
marché monétaire, laissant les banques exprimer leurs besoins et
leurs offres de taux. Finalement, le refinancements' effectue à taux
variables, reflétant l'état du marché.
Conclusion :
Les marchés ont tendance à tendre vers
l'efficience sans jamais l'atteindre totalement. Les spécialistes ont
toutefois mis en évidence un certain nombre de biais par rapport
à l'hypothèse d'efficience. En effet, rendre un
marché plus efficient, c'est diminuer les risques
systémiques des bulles spéculatives.
Ce chapitre a essayé de démontrer que les
évolutions structurelles de l'environnement financier au cours des
dernières années, telles que la multitude des innovations, ont
modifié la nature de le rôle des banques centrales dans la
transmission de la politique monétaire à l'économie
réelle.
Vue les effets tragiques de l'existence des bulles
spéculatives dans une économie donnée, la politique
monétaire se trouve obligée de prendre en compte
l'évolution des prix des actifs.
Le deuxième chapitre traite la manière de la
prise en compte des prix des actifs dans la conduite de la politique
monétaire ainsi que la façon de réagir en cas de
présence d'une bulle spéculative.
REACTION DE LA POLITIQUE MONETAIRE FACE AUX
Bulles spéculatives
Introduction :
Depuis une dizaine d'années, un bon nombre
d'économistes s'interroge sur le comportement que doit adopter la banque
centrale afin de limiter les fluctuations des prix des actifs, qui exercent des
effets tant sur l'activité réelle que sur l'économie dans
son ensemble.
Ce chapitre considère différents postulats
théoriques sur les instruments et la politique monétaire que la
banque centrale doit appliquer afin d'atteindre ses objectifs. Afin de limiter
les effets néfastes d'une augmentation marquée des prix des
actifs réels ou financiers, et eu égard à leur
caractère inflationniste, nous appuyons l'idée d'une intervention
de l'autorité monétaire sur la sphère financière.
À cet effet, ce chapitre discute des propositions de l'intervention de
la politique monétaire en considérant les avantages et les
inconvénients de chacune d'entre elles.
Ainsi, La première section de ce chapitre expose les
arguments qui justifieraient une intervention de la banque centrale dans le but
de contribuer à freiner les déséquilibres sur les
marchés financiers et d'expliquer comment la politique monétaire
peut-elle prendre en compte les prix des actifs. La deuxième section
présente un survol de la théorie économique de ces
dernières années, en ce qui concerne la réaction de la
banque centrale par rapport aux variations des prix des actifs et explique les
réactions préventives et réactives de la politique
monétaire et les avantages et inconvénients de chacune des
propositions formulées à cet égard. Le système des
réserves obligatoires, proposé par Palley, et l'achat d'actifs
risqués par la banque centrale occupent la troisième section.
Section1 : la prise en compte des prix des
actifs
I) prix des actifs : une réalité que les
banques centrales ne sauraient ignorer
1/ prix des actifs et stabilité
macroéconomique:
La formation et l'éclatement des bulles
spéculatives ont des conséquences inévitables sur
l'activité réelle. Ils influent sur celle-ci à travers
différents canaux de transmission. La littérature met l'accent
sur quatre canaux par lesquels, les variations des prix des actifs affectent la
demande globale et l'inflation, à savoir, le ratio Q de Tobin, les
effets de richesse, l'accélérateur financier et le capital
bancaire.
a- canal de Q de Tobin :
Le ratio Q de Tobin met en exergue une relation entre
les dépenses d'investissement et la valeur boursière d'une
entreprise. Selon cette approche, l'entrepreneur a avantage à investir
une unité additionnelle de capital si la valeur boursière des
actions de son entreprise augmente plus que le coût d'acquisition de
cette unité de capital.
Une politique monétaire souple contribue à
rendre les obligations à rendement fixe moins attractives que les
actions et par conséquent, les prix évoluent à la
hausse.
Selon Mishkin34(*), l'augmentation des prix des actions augmente la
valeur boursière de l'entreprise et induit cette dernière
à investir davantage. De telle manière, les fluctuations des prix
des actifs ont des conséquences directes sur les dépenses
d'investissement de la part des firmes. La présence d'une bulle
persistante comporte des effets déséquilibrants pour
l'activité économique car elle donne le signal aux entreprises de
s'engager dans des dépenses d'investissement, sachant que celles-ci sont
susceptibles de rapporter des rendements futurs positifs. Or, au moment de la
diminution des cours boursiers, c'est à dire lors de l'éclatement
de la bulle, les entreprises enregistrent un excès de stock de capital
par rapport au niveau jugé optimal. Le surplus du stock de capital fixe
qui en découle conduit les entreprises à resserrer les futures
dépenses d'investissement. Cela induit un ralentissement du taux de
croissance du revenu national.
b- les effets de richesse :
Le principe des effets de richesse se base sur le
modèle du cycle de vie de Modigliani 35(*) et sur l'hypothèse du revenu permanent
émise par Friedman36(*). Selon leurs postulats, une augmentation des prix des
actifs financiers et/ou des actifs réels engendre une variation
haussière de la valeur du patrimoine des agents, ce qui amène les
ménages à accroître leurs dépenses de consommation
et à diminuer leur propension moyenne à épargner. Les
ménages vont s'engager dans des dépenses de consommation d'autant
plus importantes que leur capacité à emprunter a augmenté,
en raison d'une augmentation de leur richesse nette servant de garantie
à l'institution financière qui octroie le prêt.
Démontré par Goodhart et Hofmann37(*), les prix dans le secteur
immobilier peuvent être d'utiles indicateurs des pressions de la demande
globale dans l'économie sachant qu'il existe une forte
corrélation entre le cycle immobilier et le cycle économique pour
la plupart des pays de l'OCDE.
Une hausse des taux d'intérêt à long terme
suite à un resserrement de la politique tend à entraîner
une baisse de la valeur des actifs et du patrimoine des ménages. Face
à cette perte de richesse, l'épargne est appelée à
augmenter dans le secteur des ménages et la consommation à
reculer. La croissance des actifs des ménages renforcera de façon
significative l'effet de richesse sous l'effet notamment de la flambée
récente des marchés boursiers,. Plus simplement, une augmentation
donnée en pourcentage de la valeur du patrimoine a un effet plus
important sur la consommation lorsque la part du patrimoine augmente par
rapport à celle du revenu.
c- l'accélérateur financier :
Le mécanisme de l'accélérateur financier
entre en jeu lorsqu'on parle des imperfections du marché du
crédit. Ce dernier est supposé imparfait dans le cas de la
présence de coûts de transaction et l'asymétrie de
l'information induisent l'exigence de collatéraux de la part des
intermédiaires financiers. En effet, l'existence d'imperfections sur le
marché du crédit conduit à deux évidences.
Premièrement, les prêteurs obligent les firmes
à financer une partie de leurs projets d'investissement par des fonds
propres, afin d'éviter si possible le risque de crédit.
Deuxièmement, la partie des projets d'investissement financée par
emprunt est caractérisée par un coût de financement plus
élevé que le coût de l'autofinancement. De ce fait, le taux
d'intérêt de l'emprunt sera d'autant plus élevé que
le risque spécifique associé à l'entreprise et son niveau
d'endettement est important.
La variation des cours boursiers, qui peut être due
parmi d'autres possibilités à un changement de politique
monétaire, aura des répercussions directes sur la valeur
actualisée de la richesse nette des firmes. Le montant du crédit
qui dépend proportionnellement de la richesse nette des entreprises
évoluera dans le même sens que celle-ci.
Lorsque le crédit est facilement octroyé, les
entreprises s'engagent dans des projets d'investissement dont le niveau de
risque et de rendement sont peu élevés. Au contraire, en
période de restriction du crédit, les entreprises seront
incitées à s'engager dans des projets d'investissement plus
risqués, afin d'obtenir des profits plus élevés. Cela
accroît leur risque d'insolvabilité, augmente
l'impossibilité à obtenir de nouveaux crédits et induit
une diminution des projets d'investissement censés se réaliser,
autant d'enchaînements qui aggravent la situation économique d'un
pays.
d- le capital bancaire :
Les travaux de recherche récents ont mis l'accent sur
un quatrième canal, qui est constitué par le crédit
bancaire, par lequel les banques contribuent à intensifier les chocs
financiers.
Chaque banque est tenue de posséder une quantité
suffisante de fonds propres dont le seuil est fixé par le
législateur. Une asymétrie d'information existe entre les banques
et les investisseurs, les banques imposent à leurs clients des taux
d'intérêt supérieurs à ceux qui seraient
appliqués en situation d'information parfaite.
Mésonnier38(*) et Naouar 39(*) ont démontré que ces taux
d'intérêt seront évidement supérieurs à ceux
que les banques elles-mêmes doivent verser à leurs
créanciers.
De telle manière, lorsque les prix des actifs
augmentent ou lorsqu'une politique monétaire plus expansive contribue
à leur augmentation, la valeur du capital des banques augmente, de
façon à ce que celles-ci puissent emprunter et prêter
davantage. À l'inverse, un effondrement des prix des actifs diminue les
fonds propres des banques.
Les travaux de Mishkin, Levieuge40(*) et Mésonnier expliquent
que l'amplification du choc sera d'autant plus forte que les banques
détiennent peu de capitaux propres et que le bilan des entreprises et
des ménages est fragilisé. D'ailleurs, dans un tel contexte
économique, les investisseurs ne sont pas tentés d'investir, ce
qui empire davantage la situation économique
2/ les prix des actifs comme indicateurs
économiques :
Les variables financières sont
généralement associées aux anticipations
économiques.
La théorie financière enseigne que le prix d'un
actif est déterminé par la somme actualisée des flux de
revenus attendus : tout actif financier est donc porteur d'information.
Les prix ont tendance à intégrer rapidement
toutes les informations pertinentes pour l'évaluation de leur valeur
fondamentale. Les utiliser comme indicateurs avancés de la croissance et
de l'inflation permet de détecter un certain nombre de chocs plus
rapidement qu'en utilisant les services des instituts de statistiques qui ne
sauraient analyser en temps réels les effets de tous les chocs. Leur
utilité en tant qu'indicateur avancé dépend toutefois du
fonctionnement efficient des marchés financiers. Des mouvements
erratiques du prix des actions ou la présence d'une bulle
spéculative peuvent perturber leur fiabilité en tant
qu'indicateurs.
Les liens entre les prix des actifs et l'inflation
dépendent de la nature des chocs. Certains économistes
soutiennent que la prise en compte des prix d'actifs apporte un faible avantage
sur le plan informationnel. Pour d'autres, les prix d'actifs ont une valeur en
tant qu'indicateur même si leurs résultats paraissent
médiocres au niveau prévisionnel. Une forte volatilité sur
les prix d'actifs peut handicaper leur efficacité pour refléter
l'activité économique. Mais, une difficulté apparaît
quant à l'utilisation des prix des actifs comme indicateurs.
En effet, la politique monétaire, en agissant sur le
taux d'intérêt de court terme, elle peut entraîner des
variations des taux d'intérêts de différentes
échéances et transmet ses effets à d'autres compartiments
du marché financier. En agissant sur les conditions de financement de
l'économie, elle peut influencer les perspectives de
bénéfices des entreprises à court terme et l'inflation
présente ou future. Elle modifie également les
rémunérations relatives des devises et modifie les courants des
mouvements des capitaux internationaux.
II- comment la politique monétaire prend-elle en
compte les prix des actifs ? :
L'utilité d'une prise en compte plus directe des prix
d'actifs dans la détermination de la politique monétaire reste
une question débattue. Il est possible d'imaginer trois grandes
manières de lier politique monétaire et prix d'actifs : la
première consiste en la création d'un indice des prix qui
incorporerait les prix d'actifs, la deuxième manière consiste en
la nécessité de la réaction de la politique
monétaire en fonction de la nature des chocs et enfin, la
troisième repose sur L'intégration des prix des actifs dans la
fonction de réaction des banques centrales.
1/ La création d'un nouvel indice des prix qui
incorpore les prix des actifs
L'idée d'intégrer les prix d'actifs dans
l'indice de référence des banques centrales peut trouver
plusieurs justifications théoriques assez différentes les unes
des autres.
Cette idée a tout d'abord pour point de départ
un argument d'Alchian et Klein 41(*) qui font remarquer que la banque centrale devrait en
théorie stabiliser la valeur d'un panier de bien. L'indice des prix
devrait alors mesurer le coût de la consommation sur un cycle de vie.
Pour être cohérent avec cette définition, l'indice des prix
devrait alors tenir compte du prix des actifs comme indicateurs du coût
de la consommation future.
Néanmoins, certains économistes tels que Vickers
contestent le bien fondé de cette idée en faisant valoir qu'une
hausse des prix d'actifs n'est pas forcément synonyme d'inflation dans
le futur. De plus dans ce nouvel indice, le poids des actifs devrait être
tel que cette modification n'apparaît pas comme très raisonnable
puisqu'elle introduirait beaucoup de volatilité et donc de bruit dans
l'indice, ce qui induirait in fine une plus grande volatilité du taux
d'intérêt. Cependant, il existe une deuxième manière
de plaider pour la création d'un indice plus large incluant des prix
d'actifs.
En effet, comme la majeure partie du crédit est
utilisée en vue d'acquérir des actifs patrimoniaux, le taux
d'intérêt réel pertinent pour l'emprunteur est bien souvent
la différence entre le taux nominal et le taux de croissance
anticipé des actifs patrimoniaux. Dans cette optique, la création
d'un nouvel indice permet de prendre en compte l'importance des fluctuations de
prix d'actifs dans la détermination de la conjoncture
macroéconomique tout en conférant à la politique
monétaire un caractère très prospectif.
En dépit de ces avantages, cette idée n'est
toutefois pas retenue par les banquiers centraux car de nombreux
problèmes surgissent tant théoriques que pratiques. En
théorie, la modification de l'indice des prix implique un changement
complet d'objectif pour la politique monétaire puisque cette
dernière serait amener à limiter la hausse de prix d'actifs, or
cette hausse de prix n'est pas génératrice de perte de pouvoir
d'achat comme peut l'être l'inflation. En outre, d'un point de vue
pratique, les statistiques qui concernent les prix d'actifs n'ont pas la
même qualité et la même fréquence que les
statistiques qui portent sur les prix des biens de consommation, ce qui rend
encore plus difficile la mise en application de cette idée. Pour
remédier en partie à ces difficultés, il est possible
d'envisager d'autres formes de prise en compte des prix d'actifs dans la
détermination de la politique monétaire.
2/ La réaction des autorités
monétaires en fonction de la nature des chocs
Étant donné que l'idée de la construction
d'un nouvel indice des prix qui incorpore les prix des actifs financiers et des
actifs réels a été rapidement abandonnée, certains
auteurs suggèrent, à l'instar de Goodhart et Hofmann42(*), d'introduire les prix des
actifs dans la fonction de réaction des banques centrales.
Néanmoins, ces auteurs refusent le principe que la banque centrale
devrait réagir de manière automatique aux variations des prix des
actifs.
Les autorités monétaires doivent, par contre,
analyser les causes de ces variations, suivant qu'elles soient imputables
à des facteurs de l'offre ou à des facteurs de la demande. Ce
point a été exposé de manière plus constructive
dans le travail de Durré 43(*).
Durré montre que les autorités monétaires
ne doivent pas réagir de la même manière à toutes
les variations des prix des actifs. L'analyse de la nature des chocs
afférant à la variation des prix des actifs est primordiale.
a) Cas d'un choc de demande positif
En cas de chocs de demande positifs, la demande globale
augmente, induisant par là des pressions à la hausse du niveau
des prix. La banque centrale intervient par l'augmentation du taux
d'intérêt nominal, afin de minimiser l'écart du taux
d'inflation par rapport à sa cible.
L'augmentation du taux d'intérêt conduit à
une diminution des prix des actifs qui, à son tour, induit une
diminution de la demande globale par l'intermédiaire des effets de
richesse. Or, cette augmentation du taux d'intérêt
renchérit le coût du capital et déprime les dépenses
d'investissement. Ainsi, la réaction de la banque centrale aux chocs
positifs de demande devra être plus faible lorsque celle-ci vise la
stabilité financière que dans le cas de l'objectif traditionnel
de la stabilité des prix mesurée à l'aide de l'indice des
prix à la consommation, grâce au rôle
rééquilibrant joué par les prix des actifs. Il convient de
préciser que la variation du taux d'intérêt directeur sera
d'autant plus faible que la sensibilité de la demande globale à
la variation des prix des actifs est forte (donc lorsque les effets de richesse
sont importants).
b) Cas d'un choc d'offre
En cas de chocs d'offre, les autorités
monétaires sont tenues de détecter la nature de ce choc.
Lors d'un choc technologique, les banques centrales ne
devraient généralement pas intervenir.
Un choc technologique contribue à augmenter les
capacités de production. Or, les prix des actifs connaîtront de
fortes tendances haussières grâce à une augmentation
permanente des dividendes futurs anticipés. D'un côté, la
demande globale augmente comme réponse à l'augmentation des prix
des actifs via un effet de richesse. De l'autre côté, le niveau de
production de long terme augmente grâce aux progrès
technologiques. Lorsque la banque centrale vise son objectif traditionnel, elle
peut réagir aux chocs positifs de l'offre par une baisse des taux
d'intérêt dans le but de relancer la demande globale. Or, dans un
modèle de ciblage de l'inflation avec des effets de richesse
(règle de Taylor augmentée d'une cible pour la variation des prix
des actifs), la banque centrale ne doit pas toujours intervenir en situation de
choc technologique car, cette fois-ci, la demande globale arrive à
égaliser l'offre globale grâce à l'impact positif de
l'augmentation des prix des actifs sur le niveau de la demande globale. En
effet, le degré d'intervention de la banque centrale dépendra de
la sensibilité de la demande globale à la variation des prix des
actifs.
En situation de choc technologique, la variation du taux
d'intérêt sera d'autant plus faible que les effets de richesse
sont forts et viceversa. Selon les calculs de Durré, à partir
d'une élasticité de la demande globale par rapport aux prix des
actifs de 0,7 (ce qui signifie qu'une augmentation de 10 pour cent des prix des
actifs induit une augmentation de 7 pour cent de la demande globale),
l'intervention de la banque centrale n'est plus nécessaire. Cet exemple
met en exergue le rôle rééquilibrant des prix des actifs.
Il convient toutefois d'ajouter une précision dans le cas où la
banque centrale est confrontée à un choc d'offre. Lorsque
l'élasticité de la demande globale par rapport aux prix des
actifs est faible, la banque centrale doit faire un arbitrage entre la
stabilisation de l'activité économique et celle des prix des
actifs. La diminution des taux d'intérêt, outre la relance de la
demande globale, induit une volatilité plus forte des prix des actifs.
c) Cas d'un choc financier positif
Si l'on considère maintenant le cas où le
marché des actifs est affecté par un choc financier positif,
l'augmentation de la prime de risque va diminuer les prix des actifs. La
diminution des prix des actifs va, pour sa part, influencer négativement
la demande globale. Tout en maintenant la production inchangée, toute
pression à la baisse de la demande globale peut affecter
négativement les prix des biens et services. Afin d'éviter la
baisse des prix, la banque centrale réagit par une diminution du taux
d'intérêt directeur, ce qui aura pour corollaire une augmentation
de la demande globale. Plus la sensibilité de la demande globale
à la variation des prix des actifs est forte, plus forte sera la
variation du taux d'intérêt par la banque centrale suite à
un choc financier. En effet, les autorités monétaires devront non
seulement contrecarrer les fluctuations de l'activité économique,
mais aussi celles des prix des actifs. La réponse de la banque centrale
à un choc financier sera plus forte lorsque celle-ci aura pour objectif
la stabilité financière que dans le cas contraire. Cela
s'explique par le fait qu'un choc financier (tout comme un choc technologique)
affecte directement les prix des actifs. Avec un objectif de stabilité
financière, les autorités monétaires doivent réagir
à la diminution des prix des actifs d'un côté et à
la diminution de la demande globale de l'autre côté.
3/ la prise en compte des prix des actifs via les
règles de la politique monétaire
L'idée d'introduire les prix des actifs via les
règles de la politique monétaire a pour point de départ
les travaux de Lecinq et Tordjman44(*). Ces auteurs considèrent que l'objectif de la
politique monétaire reste la stabilité. Mais, ils ont
intégré dans la règle de la politique monétaire un
terme qui va capter l'évolution des prix d'actifs.
Les mêmes auteurs ont développés cette
règle sous trois types : le premier type représente le taux
d'intérêt nominal en fonction de l'écart de l'inflation
à la cible, l'output-gap et le niveau des prix d'actifs. Dans le
deuxième cas, le taux d'intérêt nominal est en fonction de
l'écart de l'inflation à la cible, l'output-gap et le taux de
croissance de l'indice des prix des actifs. Enfin, dans une troisième
forme, les auteurs ont intérêt à exprimer le taux
d'intérêt nominal en fonction de l'écart de l'inflation
à la cible, l'output-gap et l'écart vis-à-vis d'une
valeur de référence qui commande l'impact des prix d'actifs sur
le taux d'intérêt.
Lecinq et Tordjman soulignent que la mise en oeuvre d'une de
ces règles a pour avantage de rendre les réactions de politique
monétaire plus systématiques par rapport aux évolutions
des prix d'actifs, ce qui limiterait l'aléa moral.
Ces auteurs préconisent que la dernière
règle est la plus difficile à mettre en oeuvre puisqu'il convient
d'identifier le niveau adapté de la valeur de référence.
En outre, elle présente l'avantage de ne pas impliquer une dérive
permanente du taux d'intérêt nominal puisque l'écart
vis-à-vis de la valeur de référence peut être
centré en moyenne. C'est pour cette raison que l'introduction d'un
nouveau terme sous cette forme dans la règle a été
testée par Bernanke et Gertler 45(*)puis par Cecchetti et alii.
Les travaux de Bernanke et Gertler ont testé la
capacité de différentes règles de politique
monétaire à stabiliser l'inflation et l'output-gap en
présence d'une bulle. Ils ont testé quatre sortes de
règles, selon que la politique monétaire réagit de
façon agressive ou accommodante à l'inflation anticipée et
selon que la règle inclut ou pas une réaction aux prix des
actifs.
Cecchetti et alii ont contesté ces résultats,
ils concluent que la règle optimale intègre toujours le prix des
actifs comme déterminant à des degrés divers en fonction
du paramètre d'aversion pour la variance de l'inflation.
Section2 : l'action de la politique
monétaire doit-elle être préventive ou
tardive ? :
I- Principes d'une politique monétaire
préventive :
Goodfriend46(*) s'est inspiré du modèle de Kent et Lowe
47(*) pour établir
son scénario. Ceux-ci défendent l'obstination des banques
centrales à crever une bulle. Ils légitiment à cette fin
l'utilisation préventive de la politique monétaire au regard du
coût relativement faible d'une hausse précoce du taux
d'intérêt comparé à celui d'un krach tardif. Dans ce
qui suit, nous allons présenter la manière d'une intervention
préventive accompagnée par les arguments qui justifient une telle
réaction et en fin nous présentons les limites d'une politique
monétaire préventive.
1- Comment la politique monétaire
réagit-elle préventivement ?
a) Une politique monétaire contra cyclique :
La banque centrale agit sur le système financier et
influence les comportements des agents économiques par le biais du taux
d'intérêt. Avec l'interpénétration des
marchés au sein d'une économie, la banque centrale agit sur le
taux des titres à long terme sur les différents marchés de
capitaux. Il s'agit du canal le plus classique de la théorie
économique, et il présente une caractéristique importante,
à savoir le fait qu'il met l'accent sur le taux d'intérêt
réel plutôt que nominal.
De ce fait, les dépenses se trouvent
influencées, ce qui constitue un mécanisme important indiquant la
façon dont la politique monétaire est susceptible de stimuler
l'économie.
La politique du taux d'intérêt se
répercute sur le comportement des agents économiques. Son action
ne vise pas tout simplement la création monétaire par les
banques, mais le niveau de la demande de la monnaie.
Dans ce contexte, Lecinq 48(*) a développé un modèle qui permet
de définir la réaction de la politique monétaire en cas de
bulles. La conclusion générale de ce modèle est qu'en
période de bulles, la banque centrale agit en relevant son taux
d'intérêt ce qui augmenterait la probabilité de
l'éclatement de la bulle. Lecinq justifie une telle action par le fait
que si l'actif en question est une valeur mobilière, une hausse du taux
d'intérêt rend les placements obligatoires plus attractifs, ce qui
réduit la demande des actions. Dans le cas d'un actif immobilier,
l'augmentation du coût du crédit réduit la
probabilité de la spéculation.
b) Coopération entre autorités monétaires
et autorités prudentielles
Kent et Lowe49(*) affirment que la politique monétaire peut
être utilisée comme un outil de pré souscription de faire
éclater une bulle des prix des actifs. Dans leur modèle,
l'éclatement au début de la bulle met en avant une baisse de la
production, mais les effets sur la production et l'inflation sont plus petits
que si la bulle est autorisée à poursuivre et éclate en
fin de compte quand il est plus grand.
La même littérature est globalement positive sur
l'utilisation de la réglementation prudentielle de répondre aux
bulles:
· Borio et al suggèrent que l'un des avantages
de l'utilisation de la réglementation prudentielle de répondre
aux bulles des prix des actifs est que les coûts de mauvais choix
politiques de réglementation sont susceptibles d'être plus petit
que le coût monétaire. Ils font également valoir que les
effets des changements de politique de réglementation soient plus
prévisibles.
· Bordo et Jeanne 50(*) suggèrent l'exigence de fonds propres et sur
la base d'assurance dépôts à risque devraient être
utilisés pour tenir compte des pertes en capital d'une chute soudaine
des prix des actifs, bien que leur argument en faveur de règlement (et
la politique fiscale) est davantage basée sur la démonstration de
l'inefficacité de la politique monétaire, que sur la
démonstration de l'efficacité de la réglementation.
2- une politique monétaire
préventive : nécessaire pour éviter
l'instabilité financière
Borio et Lowe51(*) soutiennent que l'instabilité des prix
d'actifs peut entraîner l'instabilité financière et
monétaire par l'intermédiaire du système bancaire. Dans un
contexte de faible inflation, la pression de demandes excédentaires
risque de se manifester d'abord dans les prix d'actifs et dans les
agrégats de crédits bancaires.
Le gonflement des prix d'actifs et celui des crédits
sont généralement comparables : La hausse des prix des actifs
accroît la valeur des hypothèques, en affectant la demande de
crédits, et la valeur du portefeuille des actifs détenus en
propre par les institutions financières, en affectant l'offre de
crédits, les grands mouvements des prix des actifs peuvent créer
des déséquilibres financiers majeurs qui ont des coûts
difficilement mesurables mais substantiels pour l'économie.
Pour les partisans de la prévention,
l'instabilité financière correspond à une situation de
déséquilibre et cela a nécessairement des coûts en
termes d'ajustement pour l'économie. En réagissant aux prix des
actifs dans sa conduite normale de politique monétaire, la banque
centrale peut aussi bien réduire la probabilité de formation de
bulles des prix des actifs que le risque de cycles d'investissement
(expansion/récession). Elle parvient ainsi à mieux lisser la
trajectoire de l'inflation. La politique monétaire doit réagir
même quand les prix des différents actifs s'engagent dans des
mouvements divergents ou lorsque la bulle est due aux influences des
marchés financiers extérieurs. Dans ce cas, on doit bien
diagnostiquer la situation car la réaction aux prix des actifs
dépend des facteurs fondamentaux des changements. Face à la
hausse de la productivité, aux désalignements normaux ou aux
bulles, les réponses doivent être très
différentes.
En effet, si les augmentations des prix des actifs ne sont pas
fondées sur les principes fondamentaux, une correction des prix est
inévitable. Lorsque la correction se produit, il peut être
très coûteux si au cours de la période de hausse des prix,
les institutions financières ont accordé des crédits pour
l'achat de biens ou actifs acceptés en garantie de prêts. Dans de
tels cas, la baisse des prix des actifs peut conduire à des pertes
importantes dans les institutions financières et peut compromettre la
stabilité du système financier. Cela peut entraîner une
période prolongée de croissance inférieure au potentiel.
Le lien entre prix des actifs et la stabilité du système
financier introduit une importante asymétrie dans l'effet des prix des
actifs sur l'inflation.
Même si la hausse des prix des actifs peut contribuer
à accroître les biens et l'inflation des prix des services,
l'effet est en général, relativement faible. En revanche, la
résorption des prix des bulles d'actifs peut causer des problèmes
pour le système financier, et ont un effet significatif de
déflation.
3- Limites d'une réaction préventive de
la politique monétaire
Il ressort de cette analyse qu'une banque centrale doit
augmenter ses taux pour accroître ses chances de crever une bulle dans
les plus brefs délais si les mouvements de prix d'actifs ont un impact
macroéconomique significatif.
Mais cette contribution comporte des limites plus
contrariantes. D'abord, la difficulté de la détection des bulles
ensuite, le fait que la cible des taux d'intérêt est très
incertaine. Et enfin le risque que l'instrument du taux d'intérêt
touche tous les secteurs de l'économie.
a) Problème du diagnostic des bulles
La première idée est que l'incapacité des
économistes à identifier la présence de
mésalignements financiers constitue une objection récurrente
à l'opposé des cibles de prix d'actifs. Duisenberg a
déclaré en octobre 1999: « In our view, asset prices are
important indicators for the conduct of monetary policy, but they should not be
seen as an objective in themselves [...] The Eurosystem does not know better
than the market how these factors will evolve in the future and therefore what
level of asset prices is appropriate ».
La deuxième idée revient au fait d'aborder la
bulle sous l'angle de l'éclatement revient à éviter la
question de la reconnaissance de sa formation par des critères
objectifs. Dans le débat théorique il est souvent avancé
que les bulles ne peuvent pas exister parce qu'il n'y a pas d'autre valeur
fondamentale que celle du marché, elle-même
déterminée par le niveau d'équilibre des anticipations.
L'argument est parfaitement valable, s'agissant d'un titre donné. La
seule valeur intrinsèque d'aujourd'hui est celle qui sera
justifiée a posteriori par l'obtention du rendement attendu par
l'acquéreur, qu'il s'agisse du gain en capital procuré par la
revente au cours du lendemain pour le « day
trader » d'une combinaison des revenus encaissés et du
produit de la revente pour l'investisseur à moyen terme, ou uniquement
des dividendes perçus pour l`investisseur à très long
terme.
Dans cette optique, la valeur d'équilibre
instantané est effectivement celle sur laquelle s'accordent les
différents intervenants, compte tenu des informations dont ils disposent
et de leurs attentes respectives.
D'après Issing 52(*), toute tentative destinée à crever une
bulle s'avère être hasardeuse et donc potentiellement
déstabilisante. Si la banque centrale échoue dans son diagnostic,
elle prend alors le risque de se décrédibiliser. Sans compter
qu'en cas de préemption de bulle financière, l'inflexion des
anticipations ne peut être obtenue qu'au prix d'une très forte
rigueur monétaire, pratique que le lissage des taux
d'intérêt ne permet pas dans le très court terme, argument
démontré par Okina et Shiratsuka 53(*).
Pour autant, certains économistes parmi lesquelles
Cecchetti, Genberg, Lipsky et Wadhwani54(*) et Cecchetti, Genberg et Wadhwani 55(*) soulignent que l'incertitude
est le lot quotidien des banquiers centraux, qu'il s'agisse de contrôler
l'inflation, la masse monétaire ou les prix d'actifs. En particulier,
ces auteurs reconnaissent qu'estimer la vraie valeur des cours boursiers est
une activité complexe, mais pas plus que la détermination du PIB
potentiel ou du NAIRU (le taux de chômage en dessous duquel il ne faut
pas descendre)
L'ignorance des banques centrales concernant la valeur
d'équilibre des prix d'actifs ne constituerait pas une raison suffisante
pour ne pas les intégrer dans les règles monétaires.
Pourtant, les expérimentations théoriques indiquent que les
erreurs de jugement peuvent être lourdes de conséquences.
b) Limites relatifs à l'utilisation des taux
d'intérêts comme canal de transmission :
Mishkin56(*) conclue que dans la plupart des cas, la politique
monétaire ne doit pas réagir face aux prix des actifs
eux-mêmes, mais plutôt à l'évolution des perspectives
de l'inflation et de la demande globale qui résultent des mouvements de
prix des actifs. Il convient donc d'éviter certaines mesures, telles que
celles qui tentent de « crever » une bulle.
Ce point de vue est motivé par trois raisons
essentielles :
Premièrement, même si les bulles peuvent
être identifiées, l'influence des taux d'intérêt est
très incertaine. Bien que plusieurs modèles théoriques
considèrent qu'un relèvement des taux puisse freiner le
renchérissement des prix des actifs, il peut se révéler
incapable de limiter la bulle, car les opérateurs qui achètent
les actifs touchés par la bulle attendent ces rendements
élevés. D'après d'autres recherches et exemples
historiques, le relèvement des taux d'intérêt peut
provoquer l'éclatement d'une bulle avec des conséquences encore
plus graves pour l'économie. En d'autres termes, les bulles sont des
phénomènes qui s'écartent de la tendance normale, et il
n'est pas réaliste de penser que les instruments de politique
monétaire habituels seront efficaces en présence de ces
conditions atypiques. Nous ne connaissons donc pas bien les effets des
interventions des autorités monétaires sur les bulles des prix
des actifs.
Deuxièmement, il existe de multiples prix d'actifs et
il se peut qu'à un moment donné, une bulle ne se forme que sur
une fraction de ces actifs. Les mesures de politique monétaire
constituent dans ce cas un instrument insuffisamment précis : elles
influent sur les prix des actifs en général, et non pas seulement
sur ceux concernés par une bulle.
Troisièmement, même si les prix d'actifs et la
conjoncture évoluent dans le même sens, il existe très
probablement une contradiction entre l'objectif de régulation
macroéconomique (la stabilisation des prix et de l'activité
économique) et celui de stabilisation financière. Et s'il est de
bon ton d'affirmer que l'un et l'autre se concilient et se confortent à
long terme, il se trouve que dans les faits et à court terme la
politique monétaire ne peut les satisfaire simultanément.
II- Principes d'une action tardive
Vue les limites d'une action préventive, les banques
centrales n'ont pas tenté de prévenir mais simplement de
neutraliser les conséquences des bulles. Une action ex post sera
suffisante pour absorber l'impact réel du dégonflement de la
bulle. Les modalités et les avantages d'un tel comportement
méritent d'être expliqués.
1- La stabilité macroéconomique :
une condition suffisante assurée par les cibles d'inflation
La stabilité monétaire est une condition
nécessaire et suffisante pour garantir la stabilité
financière. Cette dernière serait ainsi une conséquence
heureuse de la mise en oeuvre d'une stratégie de ciblage d'inflation,
qui consiste à ne réagir qu'aux chocs ayant un impact durable sur
la stabilité des prix à moyen terme.
Selon Bernanke et Gertler 57(*), une stratégie de cible d'inflation stricte
présente de nombreux avantages (comparée à une
stratégie avec cible de prix d'actifs), dont celui de garantir la
stabilité financière, corollaire de la stabilité
macroéconomique.
La plupart des travaux évoqués jusqu'ici
soulignent les qualités stabilisatrices des cibles d'inflation strictes
(comparativement aux stratégies de cible de prix d'actifs). D'abord,
elles sont simples à mettre en oeuvre. Ensuite, cette simplicité
facilite la compréhension du processus décisionnel des
autorités. Comme toute réaction aux prix d'actifs doit être
conditionnelle à la nature des chocs, une règle monétaire
les excluant a le mérite d'être plus claire: les taux directeurs
augmentent (diminuent) systématiquement lorsque l'inflation
anticipée se trouve au-dessus (en-dessous) de sa cible. Enfin, selon
Bernanke et Gertler, une cible d'inflation sans référence directe
aux prix d'actifs est plus que toute autre règle capable d'assurer la
stabilité macroéconomique, condition suffisante pour immuniser
l'économie contre les chocs financiers. On dénote plusieurs
avantages à contrôler l'inflation a partir d'une valeur cible ou
d'une fourchette cible.
Premièrement, le ciblage d'inflation permet d'atteindre
un niveau faible et stable d'inflation. Ceci donne la possibilité aux
banques centrales d'apporter la meilleure contribution en leur pouvoir, compte
tenu du fait que l'inflation est la seule variable macroéconomique sur
laquelle la politique monétaire a un effet direct et durable.
Deuxièmement, le ciblage d'inflation permet
d'éviter les couts élèves relies a l'incertitude de
l'inflation et aux inefficiences associées aux distorsions de
l'information véhiculée par les prix relatifs. Les
résultats d'études portant sur plusieurs pays suggèrent
que les pays dont les taux d'inflation sont élevés ont
également plus tendance à avoir des taux d'inflation volatils.
Troisièmement, un ciblage d'inflation reposant sur une valeur ou une
fourchette pertinente peut Permettre d'atténuer les fluctuations de la
production et de l'emploi, ainsi que d'accroitre le niveau de production
soutenable.
2- Vers une politique monétaire
asymétrique
Eu égard aux difficultés que peuvent rencontrer
les banques centrales lorsqu'elles doivent intervenir au moment de la naissance
d'une bulle pour amortir son impact, nous pourrions nous demander si une
réaction asymétrique, mais systématique, de la part de la
banque centrale serait justifiable.
Un tel comportement des autorités monétaires a
été qualifié de «benign neglect» dans
la littérature économique. La banque centrale adopte alors le
rôle de prêteur en dernier ressort.
Il s'agit de réduire le taux d'intérêt
directeur à la suite d'une baisse des cours boursiers, afin de limiter
les pertes des agents et d'éviter que l'économie entre dans une
phase de récession. L'argument qui justifie un tel comportement
réside dans l'affirmation selon laquelle une éventuelle injection
de liquidités, qui est nécessaire lors d'une instabilité
financière, sera de très courte durée et par
conséquent ne risque pas de se heurter aux objectifs
macroéconomiques de la politique monétaire, qui porte sur le
moyen-long terme.
Bordo et Jeanne 58(*) présentent l'idée selon laquelle la
stabilité financière peut être assurée en cas de
récession financière sans qu'elle engendre des sacrifices en
termes d'objectifs de politique monétaire (inflation et output)
grâce à un comportement de «benign neglect» de la part
des autorités monétaires. Ce comportement est correct seulement
lorsque les agents anticipent une crise économique future et, dès
lors, sont peu optimistes quant à l'évolution future de
l'activité économique. De telle manière, les cours
boursiers ne vont pas augmenter beaucoup dans la phase ascendante du cycle.
Ainsi, durant la phase descendante du cycle, la diminution des cours boursiers
ne sera pas très forte et, par conséquent, son impact sur
l'activité économique ne sera pas d'une grande ampleur
Bordo et Jeanne59(*) soulignent que, face aux mouvements des prix
d'actifs, les banques centrales peuvent mener une politique monétaire
réactive, caractérisée par l'observation passive des
évolutions financières. Face à une bulle, elle implique un
resserrement des conditions monétaires si et seulement si
l'appréciation des prix d'actifs entraîne une augmentation des
prix et/ou de l'activité. Par suite, elle prescrit un assouplissement de
la politique monétaire une fois l'effondrement des prix d'actifs
constaté, lorsque les risques de crises bancaires et financières
sont manifestes.
Cette stratégie correspond d'ailleurs à la
pratique défendue par A. Greenspan « Nothing short of a
sharp increase in short-term rates that engenders a significant economic
retrenchment is sufficient to check a nascent bubble. The notion that
well-timed incremental tightening could have been calibrated to prevent the
late 1990s bubble is almost surely an illusion. Instead, we [...] need to focus
on policies to mitigate the fallout when it occurs and, hopefully, ease the
transmission to the next expansion»60(*)
3- les problèmes d'une réaction
réactive :
a) une bulle en nourrit une autre : exemple de la bulle
internet
Dans la recherche des responsables dans la crise
financière déclenchée en 2007, la politique
monétaire de la réserve fédérale américaine
est souvent pointée.
Depuis 2000 on peut identifier plusieurs tendances quant
à la politique monétaire menée par la FED :
· Les taux directeurs ont diminué progressivement
en 2001 (de 6.5% à 1.75%). En effet, après l'éclatement de
la bulle internet et les attentats du 11 septembre 2001, la FED a mené
une politique monétaire accommodante en décidant une diminution
progressive de son taux directeur.
· Entre 2002 et mi 2004, les taux directeurs ont
enregistré une diminution lente (de 1.75% à 1%) ce qui a
provoqué l'accord d'un grand nombre de prêt et une bulle
immobilière a pu se former.
· En mi 2004 à mi 2006, les taux directeurs ont
remonté progressivement (de 1% à 5.25%) et cette période a
coïncidé avec une période de croissance soutenue, au cours
de laquelle la FED a accru le coût de l'argent.
· De mi 2006 à mi 2007 il ya eu une certaine
stabilité du taux directeur (5.25%) et la crise des subprimes se
profile, prélude à une chute des taux directeurs.
· La période entre mi 2007 et la fin 2008 a
enregistré une diminution du taux directeur
(De 5.25% à 0-0.25 %).
Comme cela a été noté plus haut,
l'assouplissement de la politique monétaire à partir de la
mi-septembre 2001 ne correspond pas véritablement à une
modification de l'orientation. De nombreuses études convergent vers
l'idée que, dès le premier semestre de l'année 2001, la
politique monétaire a pu être qualifiée d'accommodante.
Cette affirmation est le résultat de la comparaison
entre le taux des fonds fédéraux effectivement fixé par la
Réserve fédérale et la valeur de ce taux telle qu'elle est
suggérée par la « règle de Taylor »
b) Le risque d'aléa moral
Trichet 61(*), voit qu'une intervention systématique et
asymétrique de la banque centrale risque de provoquer des comportements
déstabilisateurs chez les investisseurs, à cause de l'aléa
moral qu'elle fait naître. Sachant que la banque centrale adoptera des
politiques monétaires accommodantes systématiquement après
tout effondrement des cours boursiers, les investisseurs seront tentés
de s'engager dans des projets encore plus risqués et à rendement
élevé. Ainsi, nous pourrions reprocher aux autorités
monétaires d'avoir contribué à la création d'une
bulle spéculative.
D'autre part, si la banque centrale manque d'intervenir face
à l'émergence d'une bulle pour une raison aussi simple que celle
d'une mauvaise appréciation de la situation, elle peut donner au
marché un signal trompeur, qui n'aurait pour conséquence que
d'alimenter la bulle. Les agents pensent que la situation économique et
financière est saine, alors qu'elle ne l'est pas, et s'engagent dans des
projets encore plus risqués. En résumé, le manque de
clairvoyance de la part des autorités monétaires aggrave le
problème d'aléa moral.
Section 3 : autres pistes d'action de la politique
monétaire
I- le système de réserve obligatoire
Pour pallier ce grand nombre de difficultés
traités dans la section 2, la proposition de Palley 62(*) nous semble pertinente.
L'auteur propose un système de réserves obligatoires
basées sur les actifs (ROBA) immobiliers et financiers figurant
dans les bilans de l'ensemble des intermédiaires financiers. Dans cette
partie, nous allons tout d'abord présenter les avantages d'une telle
réaction de la banque centrale, ensuite nous allons présenter le
principe du système de réserve obligatoire et enfin
l'étude s'articulera sur les inconvénients du système
ROBA.
1- Principes et avantages du système
ROBA :
Cette partie plaide pour l'élaboration d'un nouveau
système de régulation financière fondé sur la base
des réserves obligatoires d'actifs (ROBA). Un tel système
représente un changement en matière de réglementation
loin de la préoccupation traditionnelle avec le passif des bilans des
intermédiaires. ROBA présente à la fois des avantages
macroéconomique significatif et microéconomique. Mais avant de
citer les avantages d'une telle réaction, il est nécessaire de
présenter son principe.
a) Fonctionnement du système ROBA
Palley63(*) a proposé un nouveau cadre
réglementaire reposant sur l'actif des réserves obligatoires
(ROBA) qui peut améliorer et affiner le contrôle monétaire
dans ce nouvel environnement institutionnel. Les intermédiaires
financiers seraient tenus de détenir des réserves contre les
différents types d'actifs, l'obligation de réserve étant
réglable à la discrétion de l'autorité
monétaire. Ces réserves se composent des dettes de la banque
centrale, mais leur définition pourrait également être
élargie pour inclure des obligations d'État.
Les intermédiaires financiers détiennent des
actifs en contrepartie des prêts qu'ils octroient ou par de simples
opérations d'achat de titres. L'objectif d'un système ROBA
consiste à attribuer aux autorités monétaires le droit
d'imposer un ratio de réserves sur chaque type d'actifs détenus
par les intermédiaires financiers, ainsi que sur les types de
crédit que les banques accordent. Le montant de réserves requis
sera déposé sans intérêt auprès de la banque
centrale. Le ratio de réserves peut varier en fonction de plusieurs
critères tels que le niveau du risque supporté par un actif, la
demande attachée à cet actif et ainsi de suite. L'augmentation du
ratio de réserves sur une catégorie spécifique d'actifs
rend ces derniers relativement moins profitables par rapport à d'autres
catégories d'actifs. Par conséquent, les intermédiaires
financiers vont réduire la détention de ce type d'actifs dont le
rendement marginal a diminué, pour la remplacer avec d'autres actifs qui
sont devenus relativement plus rentables.
Dans ce contexte, Myftari et Rossi64(*) ont illustré cette
approche par les deux exemples suivants :
Ils ont Supposé que la banque centrale
européenne (BCE) a détecté l'existence d'une bulle
immobilière à Paris. Dans ce cas, elle donnera l'ordre à
la banque de France d'exiger que les banques aient en dépôt chez
elles un montant supérieur de réserves non
rémunérées en fonction du montant de crédit
immobilier. De telle manière, les banques françaises doivent
avoir plus d'un euro en réserve à leur banque centrale pour
octroyer un euro de crédit sur le marché immobilier local. Pour
cette raison, elles vont augmenter le taux d'intérêt qui
rémunère les crédits immobiliers, ce qui réduira la
demande pour les actifs immobiliers et freinera l'augmentation des prix dans
ces marchés. Les déséquilibres sur les marchés
immobiliers parisiens seraient atténués, sans que la BCE ait
à augmenter les taux d'intérêt directeurs pour l'ensemble
de la zone euro.
Pour donner un autre exemple, Myftari et Rossi ont
supposé que dans un pays donné l'on observe une forte tendance de
la part des investisseurs (spéculateurs) à demander des
prêts spéculatifs de court terme. Si l'on fait augmenter le ratio
de réserves obligatoires sur les prêts de court terme, les
coûts de l'emprunt pour ce type d'opérations augmentent, ce qui
permet de freiner, si pas d'éviter, les investissements
spéculatifs de court terme.
b) Avantages du système de réserves obligatoires
sur les actifs :
Un système ROBA permet de remédier aux
difficultés qui ont été exposées. Le système
ROBA permet, avant tout, la préservation d'une stabilité
financière accrue, de par la diminution du risque associé aux
différentes catégories d'actifs. De là, il en
découle une plus grande stabilité économique, étant
donné que la variation des dépenses d'investissement et de
consommation sera contrecarrée. Enfin, la stabilité
monétaire résulterait du fait que la banque centrale n'est plus
tenue à manipuler les taux d'intérêt pour maîtriser
la variation des prix des actifs. Cela permet aux banques centrales de lutter
contre les instabilités sectorielles sans plus perturber
l'économie entière. La banque centrale garderait l'instrument des
taux d'intérêt dans le seul but d'assurer la stabilité des
prix des biens et des services, et bénéficierait d'un nouvel
instrument pour garantir la stabilité financière. De telle
manière, l'efficacité de la politique monétaire serait
accrue pour deux raisons. Premièrement, les autorités
monétaires pourraient ainsi influencer l'offre de crédit.
Deuxièmement, le rôle de la banque centrale dans le marché
interbancaire augmenterait, grâce à une extension de la demande de
réserves en monnaie de banque centrale.
Un autre avantage de ce système réside dans le
fait que celui-ci agit en tant que stabilisateur automatique. Lorsque les prix
des actifs augmentent, le système ROBA génère une
restriction monétaire automatique à travers l'accumulation de
réserves que les institutions financières doivent déposer
à la banque centrale. Inversement, en période de réduction
des prix des actifs, la diminution du ratio de réserves permet de
libérer les dépôts préexistants, approvisionnant les
établissements financiers en liquidité dans une phase où
ceux-ci en ont le plus besoin.
L'application d'un tel système libère
l'autorité monétaire de la lourde tâche de la
détection au préalable de l'émergence d'une bulle, dans le
cas où celle-ci serait tenue d'agir de manière préventive
à travers l'augmentation des taux d'intérêt. La banque
centrale doit détecter la création des bulles
spéculatives, mais la variation du ratio de réserves est un
instrument beaucoup moins contraignant et moins conséquent que la
manipulation des taux d'intérêt. Les inconvénients relatifs
à une variation des taux d'intérêt dans le but d'amortir
l'impact d'une bulle spéculative seraient ainsi écartés.
Parmi ces inconvénients, nous pouvons mentionner les effets
néfastes d'une telle politique sur les dépenses d'investissement
et de consommation des agents économiques, ainsi que la diminution de la
liquidité en circulation dans le pays, tant d'éléments qui
amplifient la situation de détresse qui heurte le pays. Nous pouvons
également citer à cet égard l'incertitude quant à
l'impact d'une augmentation du taux d'intérêt directeur sur les
cours boursiers. L'addition d'un système ROBA aux instruments des
banques centrales leur permettrait d'atteindre leurs objectifs traditionnels,
outre l'objectif de stabilité financière, tout en gardant un
degré élevé de transparence, réputation,
responsabilité et crédibilité face au public.
2- Les inconvénients du système
ROBA :
Cette approche est très intéressante eu
égard aux avantages qu'elle comporte. Néanmoins, une telle
proposition repose sur un grand nombre d'hypothèses qu'il reste à
vérifier en pratique.
Premièrement, la variation du ratio des réserves
requis doit se déterminer à partir d'une règle
précise, simple, claire et facilement
compréhensible par tous les agents économiques. Qui plus est,
l'évaluation des prix des actifs pose un grand problème
d'estimation et comporte un grand degré de subjectivité.
Les critères qu'il faut considérer lorsqu'on
essaie d'apprécier si un actif est sous- ou surévalué
dépendent du type d'actif, du secteur de l'industrie concerné et
ainsi de suite. Cela revient à dire qu'il faudrait considérer des
critères différents selon qu'on analyse. L'évolution d'un
actif financier du secteur de la métallurgie ou du secteur de la
biochimie, par exemple
Un autre problème apparaît par ailleurs.
Certaines firmes sont actives dans plusieurs secteurs en même temps.
Lorsque le cours de leurs actions est surévalué, le
système ROBA pénalise l'entreprise toute entière, quel que
soit le secteur qui a déclenché l'augmentation du prix de ses
actions. En outre, le degré avec lequel il faut modifier le ratio de
réserves afin d'escompter l'effet souhaité sur le prix d'un actif
spécifique n'est pas connu par avance. Cet effet sera en fonction de
l'élasticité de la demande de l'actif en question par rapport au
taux d'intérêt qui affecte cet actif. À cela s'ajoutent les
comportements stratégiques des banques secondaires. Afin de garder la
demande de crédit intacte, les banques secondaires pourraient maintenir
des taux d'intérêt inchangés en période de boom
économique car elles anticipent des rendements quasi certains,
même si cela se fait au prix d'une diminution de leur marge
bénéficiaire. Dans ce cas, les banques jouent plutôt sur la
quantité que sur la qualité des prêts. Par ailleurs, les
types de comportement, ainsi que le degré de rationalité,
d'information et d'aversion au risque des agents économiques intervenant
sur les marchés financiers sont des éléments
influençant l'évolution des cours boursiers. Les banques
centrales devraient mettre davantage l'accent sur la transparence et la
clarté de leurs politiques monétaires. Elles devraient divulguer
continuellement au public l'information relative à la situation
boursière et les mesures qu'elles vont prendre pour atteindre leurs
objectifs. La période à partir de laquelle l'application de leurs
politiques sera exercée devrait aussi être annoncée et
respectée.
Une autre difficulté dans l'application d'un
système ROBA réside dans le fait que les autorités de
surveillance financière devraient en tout temps connaître l'actif
des bilans des institutions financières. Cela demande un degré de
transparence qui, à l'heure actuelle, n'est pas assuré. En effet,
les hedge funds représentent les institutions les plus actives dans les
investissements spéculatifs, alors que la rareté des
données sur leurs bilans et leurs activités est frappante. Somme
toute, la mise en oeuvre d'un tel système de réserves
obligatoires demande un effort juridique et administratif considérable,
ainsi qu'une meilleure collaboration entre les autorités
monétaires et les autorités de surveillance financière sur
le plan international. Afin d'écarter toute possibilité
d'évasion juridictionnelle, l'application d'un système ROBA doit
notamment s'étendre à l'ensemble des pays et doit concerner tous
les intermédiaires financiers.
II- Achat des actifs risqués par la banque centrale
Si le canal du crédit bancaire ne peut plus être
utilisé, la solution pour les Banques Centrales peut consister à
acheter directement des actifs sans passer par la liquidité bancaire. Il
s'agit alors de politiques vraiment non conventionnelles.
Les avantages des politiques monétaires non
conventionnelles consistent à retrouver un canal de transmission de la
politique monétaire quand le canal traditionnel ne fonctionne plus et de
contrôler l'usage de la liquidité au lieu de l'injecter au hasard,
donc de réduire le risque de bulles ultérieures.
1/ Politique monétaire quantitative et politique
monétaire non conventionnelle
On confond parfois ces deux notions. La politique
monétaire quantitative consiste à ce que la Banque Centrale ait
un objectif de croissance de la base monétaire (de la liquidité,
de la monnaie de Banque Centrale). Ceci a été le cas pendant la
crise bancaire au Japon.
L'objectif de la politique quantitative est d'être
sûr que les banques ne manquent pas de liquidités, ou d'essayer de
diriger vers le haut les anticipations d'inflation pour éviter une
situation déflationniste.
La politique non conventionnelle est d'une nature
différente. Elle consiste à ce que la Banque Centrale change de
canal de transmission de la politique monétaire : au lieu d'injecter des
liquidités dans les bilans des banques, elle injecte des
liquidités dans les bilans des non banques (des entreprises par
exemple). Ceci peut prendre la forme d'achats de titres émis par des non
banques. Ce type de politique est maintenant utilisé aux Etats-Unis par
la Réserve Fédérale.
Le second intérêt des politiques
monétaires non conventionnelles est qu'elles permettent aux banques
centrales de contrôler l'usage de la liquidité : la
liquidité est créée contre l'achat d'actifs qui servent au
financement du secteur privé, et non jetée au hasard dans
l'économie, ce qui évite normalement qu'elle finance des bulles
spéculatives de prix d'actifs comme dans le passé. Elles
pourraient aussi être utilisées pour faire monter les prix
d'autres classes d'actifs (actions, obligations d'entreprises) et
générer ainsi des effets de richesse positifs. Ces politiques
vraiment non conventionnelles ont l'avantage de toucher l'économie par
d'autres canaux que le crédit bancaire.
Dans le passé récent, ce type d'intervention a
été réalisé avec succès par la banque
centrale de Hong-Kong. Le 14 août 1998, la Hong Kong Monetary Authority
(HKMA) a acheté un montant d'actions estimé à 400 millions
USD, soit une hausse de 8,5% de la bourse le jour même, et cette
politique s'est poursuivie pour un montant total d'achats de près de 17
milliards USD. La revente de ces actions, de la fin 1999 à 2002, a 19
milliards USD de profits aux autorités monétaires de
Hong-Kong.
2/ risques associés à des achats d'actifs
par la banque centrale
Les politiques monétaires non conventionnelles ont
l'inconvénient de mettre des actifs risqués sur le bilan de la
banque centrale, d'où un risque grave de perte de confiance dans la
monnaie. A côté de ce risque, l'achat d'actifs risqués par
les banques centrales peut provoquer les risques suivants :
· risque d'aléa de moralité : Si les
investisseurs savent que la banque centrale sera acheteuse lorsque les cours
baissent, ils accepteront une prise de risque beaucoup plus grande puisque la
banque centrale donne, de fait, une garantie de cours. Ceci a été
évoqué dans les années quatre-vingt-dix pour le
Système fédéral de réserve, pour un comportement
différent, puisqu'on disait qu'elle baisserait nécessairement les
taux d'intérêt en cas de recul boursier ;
· risque d'asymétrie : Il ne faudrait pas que
la banque centrale soit uniquement acheteuse d'actifs quand leurs prix sont
trop bas, et non vendeuse d'actifs quand leurs prix sont trop hauts. La lutte
contre les bulles accompagne celle contre la déflation ;
· risque de perturbation des cours : Si la banque
centrale ne sait pas mesurer le prix normal d'un actif financier, elle va
intervenir et faire bouger ce prix alors qu'il est voisin du prix fondamental ;
elle va ainsi perturber inutilement les marchés.
· un risque lié de perte, pour la banque centrale,
si elle achète des actifs, par erreur, à un prix encore
supérieur au prix fondamental.
Les risques évoqués ci-dessus existent. Les
achats d'actions ou d'immobilier peuvent faire apparaître un aléa
de moralité, et font aussi courir le danger de mauvaise estimation des
cours fondamentaux. Ces méthodes, dites non orthodoxes, ne doivent pas
être utilisées de manière continue ; mais, en cas de crise,
elles sont utiles pour éviter des faillites bancaires, une dynamique
déflationniste, une crise de solvabilité des emprunteurs, une
volatilité importante des prix d'actifs.
Conclusion :
L'inclusion de la stabilité financière parmi les
objectifs d'une banque centrale est justifiée par la forte liaison qui
existe entre la stabilité financière et la stabilité
monétaire et macroéconomique. Et quand on parle de
stabilité financière, on parle des bulles spéculatives. Ce
chapitre a présenté un survol de la littérature qui
présente des propositions de réaction de la politique
monétaire pour faire face aux bulles spéculatives.
Parmi les propositions développées dans ce
chapitre, nous apprécions celles de Cecchetti et al et Palley. La
proposition de Cecchetti et al se distingue par sa simplicité de mise en
application alors que la proposition de Palley est une solution qui a le
mérite d'éviter les critiques adressées à la
proposition de Cecchetti et al.
Nous pouvons conclure que les prix d'actifs boursiers ne
peuvent servir d'objectif direct pour les politiques monétaires. Mais,
une prise en compte précoce dans les critères de
référence paraît recommandée en cas de croissance
rapide du crédit, en particulier si le système financier
présente des signes de vulnérabilité. Donc, une bonne
interaction entre autorités monétaires et autorités
prudentielles est nécessaire dans tous les cas
EFFET DE LA POLITIQUE MONETAIRE SUR LES BULLES
SPECULATIVES : ETUDE EMPIRIQUE
Introduction :
Les deux chapitres précédents ont traité
la relation entre la politique monétaire et les bulles
spéculatives de point de vue théorique en se basant sur une
théorie abondante. Mais cette étude à elle seule n'est pas
suffisante, il faut la vérifier empiriquement.
Ce chapitre est divisé en deux section : la
première est consacrée à l'étude de quelques
expériences vécues, à savoir l'expérience japonaise
de la fin des années 1990 ; l'expérience des Etats-Unis avec
la bulle internet au début des années 2000 ; et enfin la
dernière bulle immobilière née aux Etats-Unis en 2007.
Pour étudier la réaction de la politique monétaire aux
différentes bulles spéculatives (japonaise, internet et
immobilière), il est nécessaire de caractériser
l'économie au cours la période de la bulle. C'est pour ça
que la première section étudiera les caractéristiques des
économies au cours de la période des bulles, ensuite il convient
de présenter la réaction des banques centrales pour faire face a
ces bulles tout en admettons la pertinence de leurs réaction
monétaire.
L'objet de la deuxième section consiste à
essayer de comprendre dans quelle mesure l'évolution des taux
d'intérêt nominaux peuvent avoir un impact sur celle des cours des
actions en s'appuyant sur les résultats d'une étude empirique
portant sur la bourse de Paris et celle de New York. Notre section se divise en
trois partie : la première partie explique la méthodologie
suivie et présente les données, la deuxième partie est
consacré à la présentation des résultats
économétriques alors que son analyse fait l'objet de la
troisième partie.
Section 1 : Etude de quelques
expériences
I- L'expérience japonaise de la fin des
années 1980
Depuis la seconde moitié des années 1980,
l'économie japonaise a connu l'émergence, l'expansion, et
l'éclatement d'une bulle spéculative, caractérisée
par une hausse rapide des prix des actifs, la surchauffe de l'activité
économique et l'expansion de la masse monétaire et du
crédit. Cette partie décrit les caractéristiques de la
bulle japonaise d'une part, et d'autre part elle analyse la réaction de
la politique monétaire à cette époque en présentant
les critiques de cette réaction.
1- Les caractéristiques de la bulle japonaise
Les avis divergent quant au moment où la bulle
japonaise a commencé à éclater. Les cours des actions en
termes de Nikkei 225 ont atteint un sommet à la fin de 1989, tandis que
les prix des terres ont atteint un sommet autour de 1990. En outre,
l'année sur le taux de croissance l'année de la masse
monétaire (M2+ CD) a plafonné en avril et mai 1990, et
l'économie a atteint un sommet en Février 1991 selon l'Agence de
planification économique (APE).
a) augmentation substantielle des prix des
actifs :
La première caractéristique de la période
de la bulle était l'augmentation substantielle et rapide des prix des
actifs. En fait, les prix des actifs ont commencé à augmenter en
1983, et il était vers 1986, lorsque la hausse a commencé
à accélérer rapidement. Parmi les prix des actifs, ce qui
expose la hausse la plus rapide au départ, étaient les cours des
actions.
Le graphique 1 montre que la vitesse de la hausse du Nikkei
225 a commencé à accélérer en 1986 et l'indice
atteint un sommet de 38,915 à la fin de 1989, soit 3,1 fois plus
élevé que le niveau au moment de l'Accord du Plaza (annexe 1) en
Septembre 1985 (12,598 ). Ensuite, les cours ont chuté brutalement
à 14 309 en août 1992, soit plus de 60 % en
deçà du sommet. La hausse des prix des terres qui a suivi les
cours boursiers avec un décalage dans le temps, la propagation de Tokyo
à de grandes villes comme Osaka et Nagoya, puis à d'autres villes
(graphique 2).
Graphique 1 : évolution de l'indice
NIKKEI 225 entre 1970 et 2006
Source : www. finance.yahoo.com
L'indice de prix des terres urbaines a atteint un pic en
Septembre 1990, près de quatre fois plus élevé que le
niveau en Septembre 1985. Les prix des terrains ont été en baisse
par la suite et en 1999 étaient inférieur environ 20 % à
celui de Septembre 1985, et presque inférieur de 80 % au sommet atteint
en Septembre 1990.
Graphique 2 : évolution des prix des
terres
Source: Japan Real Estate Institute, Urban Land Price
Index
b) la surchauffe de l'activité économique
:
La deuxième caractéristique de la période
de la bulle était la surchauffe de l'activité économique.
Selon l'APE, l'économie a atteint un bas en Novembre 1986 et ensuite
élargi pour quatre ans et trois mois jusqu'à Février 1991,
il a ensuite ralenti jusqu'à Octobre 1993. L'expansion économique
au cours de la période de la bulle est la deuxième plus longue
après l'expansion de la fin des années 1960 appelé
« Boom Izanagi »65(*). Le PIB réel et la production industrielle ont
augmenté au taux annuel moyen respectivement de 5,5 % et 7,2 %, Le
moteur principal derrière telle expansion économique a
été l'investissement des entreprises, qui ont continué
à être près de 20 % du PIB, un niveau comparable à
celle des années 1960.
En outre, il ya eu une augmentation importante des
dépenses en biens de consommation durables de la part du secteur des
ménages (graphique 5)
Graphique 3 : dépenses
réelles des ménages
Source : Economic Planning Agency, Annual Report on
National Accounts
En revanche, lors de la récession après
l'éclatement de la bulle, le ralentissement du développement
économique a duré 32 mois (de Février 1991 à
Octobre 1993), la seconde plus longue suite au ralentissement après le
second choc pétrolier (de Février 1980 à Février
1983). La croissance annuelle moyenne du PIB réel au cours de cette
période n'était que de 0,8 % et la production industrielle a
baissé de 5,2 % par an.
c) Augmentation de la masse monétaire et du
crédit
La troisième caractéristique de la
période de la bulle a été l'expansion considérable
de l'offre de l'argent et du crédit. La croissance de la masse
monétaire (M2 + CD) a quelque peu ralenti en 1986, (le taux de
croissance le plus faible était de 8,3 % en Octobre-Décembre
1986), mais il a graduellement accélérée par la suite et
plus de 10 % en Avril-Juin 1987 (graphique 4). La croissance du crédit a
été plus visible que celle de la masse monétaire.
Graphique 4 : agrégats
monétaires et crédits
Source: Bank of Japan,
Financial and Economic Statistics Monthly.
2- Réaction des autorités
monétaires japonaises face à la bulle
En examinant la relation entre l'émergence de la bulle
et la politique monétaire, il est utile de diviser la période de
la bulle de la seconde moitié des années 1980 et au début
des années 1990 en trois sous-périodes.
La première sous-période de l'Accord du Plaza
en Septembre 1985 à partir du printemps 1987, période pendant
laquelle l'assouplissement monétaire a été promu à
contrer la récession provoquée par l'appréciation rapide
du yen après l'Accord du Plaza.
La seconde sous-période de l'été 1987 au
printemps 1989. Alors que la Banque du Japon a demandé une date
appropriée pour resserrer la politique monétaire au cours de
cette sous-période, il n'était pas facile de passer à un
resserrement monétaire, ce qui se traduit dans le taux officiel
d'escompte, puis plus bas étant maintenue pendant une période
prolongée. Et à partir du printemps 1989, la Banque du Japon a
finalement inversé sa direction politique de resserrement
monétaire.
Et finalement la troisième sous-période est
qualifiée par une politique monétaire quantitative à
partir de 2001 pour combattre la déflation.
a) Processus d'assouplissement
monétaire :
Afin de contrer la récession provoquée par
l'appréciation rapide du yen après l'Accord du Plaza en
Septembre 1985, la Banque du Japon a abaissé le taux officiel d'escompte
à cinq reprises pour un total de 2,5 points de pourcentage entre Janvier
1986 et Février 1987 comme l'indique le tableau 1.
Tableau 1 : réduction du taux officiel
d'escompte
DATE
|
TAUX D'ESCOMPTE
|
NOTES
|
30/01/1986
|
5% 4.5%
|
|
10/03/1986
|
4.5% 4%
|
La date d'annonce est le même que pour la
réduction du taux officiel d'escompte par la FRB et Bundesbank.
|
21/04/1986
|
4% 3.5%
|
La date d'effet est le même que pour la réduction
du taux officiel d'escompte par la FED
|
01/10/1986
|
3.5% 3%
|
Une annonce conjointe sur la stabilité des taux de
change par le ministre des Finances et le secrétaire au Trésor
Miyazawa Baker a été publié lors de la réduction de
la Banque du Japon de taux d'escompte officiel a été mis en
vigueur.
|
23/02/1987
|
3% 2.5%
|
Les accords du Louvre ont été convenus à
la date de l'annonce de la réduction de la Banque du Japon de taux
d'escompte officiel.
|
Source: Okina,
Shirakawa et Shiratsuka, The Asset Price Bubble and Monetary Policy: Japan's
Experience in the Late 1980s and the Lessons, MONETARY AND ECONOMIC STUDIES
(SPECIAL EDITION)/FEBRUARY 2001,p419
Le taux d'escompte de 2,5 %, le plus bas, a continué
pendant environ deux ans et trois mois à compter de Février 1987
à mai 1989. Il y avait trois éléments
interdépendants de la politique monétaire au cours de cette
période. Premièrement, le fait que la politique monétaire
été fortement influencée par le cadre de coordination des
politiques internationales exposées dans l'Accord du Plaza. En effet,
Parmi les cinq réductions du taux officiel d'escompte après
janvier 1986, seuls les premiers ont été à l'inspiration
de la BOJ, la deuxième à la cinquième étant
fortement influencées par le cadre de coordination des politiques
internationales.
Le deuxième élément est que l'accent a
été accordé à la garantie de la stabilité du
taux de change, notamment la prévention de l'appréciation du yen
dans la conduite de la politique monétaire. La troisième
caractéristique est liée au dessus de deux. La politique
monétaire a été influencée par l'ordre du jour de
la politique économique de l'époque. Déclarations faites
par le président du conseil de politique ont été explicite
sur ce point jusqu'à ce que la réduction du taux d'actualisation
tiers.
b) D'un resserrement monétaire à la
politique de taux zéro
La Banque du Japon avait déjà exprimé son
inquiétude sur l'augmentation massive de la masse monétaire et
la hausse rapide des prix des actifs à l'été 1986. Elle
veut augmenter les taux d'intérêt dès que possible, ou du
moins d'éviter une situation dans laquelle la conduite de la politique
monétaire serait limitée. Le tableau 2 présente la mise
en oeuvre de la politique monétaire pendant cette période.
Tableau 2 : la politique monétaire pendant
la période de la bulle
DATE
|
ACTIONS
|
Fin août 1987
|
l'encouragement des taux du marché monétaire
à augmenter
|
19 octobre 1987
|
Lundi noir (krach boursier de New York)
|
20 octobre 1987
|
Facilité dans l'orientation des opérations du
marché monétaire
|
13 janvier 1988
|
annonce conjointe Américano-japonais (Reagan et
Takeshita)
|
Juillet-septembre 1988
|
changement graduel dans l'attitude des opérations du
marché monétaire de la direction de serrage (taux de CD ont
augmenté de 0,7 point de pourcentage par rapport à son dernier en
bas)
|
Novembre 1988
|
Introduction d'un nouveau cadre des opérations du
marché monétaire
|
01 Avril 1989
|
Introduction de la taxe à la consommation
|
30 mai 1989
|
Augmentation du taux d'escompte officiel (2,5 pour cent ? 3,25
pour cent, la date effective: le 31 mai)
|
Source: Okina,
Shirakawa et Shiratsuka, The Asset Price Bubble and Monetary Policy: Japan's
Experience in the Late 1980s and the Lessons, MONETARY AND ECONOMIC STUDIES
(SPECIAL EDITION)/FEBRUARY 2001,p422
La Banque du Japon a pris la première étape
concrète pour changer sa position assouplissement monétaire
à la fin du mois d'août 1987, elle a commencé à
orienter les taux d'intérêt du marché à un niveau
supérieur.
En conséquence, le marché à court terme a
progressivement augmenté les taux après le 19 Septembre,
immédiatement avant le lundi noir aux Etats-Unis, le taux du
marché sur les CD nouvellement émises de trois mois a
été 4,920 %, soit 0,84 point de pourcentage supérieur au
niveau de la fin du mois d'août. Les taux d'intérêt à
long terme ont également augmenté de près de trois points
de pourcentage par rapport à leurs niveau le plus bas.
Et c'est en mai 1989, un mois après l'introduction de
la taxe à la consommation, que le taux officiel d'escompte a
été enfin relevé de 2,5 % à 3,25 % (tableau 3).
Tableau 3 : augmentation du taux officielle
d'escomte
DATE
|
TAUX D'ESCOMPTE
|
NOTE
|
31 mai 1989
|
2.5%-3.25%
|
La Banque du Japon a appelé à des banques
commerciales à une "gestion plus rigoureuse de leurs prêts en
termes de quantité et de qualité" dans les lignes directrices de
l'orientation «fenêtre» pour la période de Juin à
Septembre.
|
11 octobre 1989
|
3.25%-3.75%
|
|
25 décembre 1989
|
3.75%-4.25%
|
|
20 mars 1990
|
4.25%-5.25%
|
Le ministère des Finances a publié une instruction
sur la limitation des crédits bancaires immobiliers.
|
20 août 1990
|
5.25%-6%
|
l'invasion du Koweït (le soi-disant crise du Golfe)
|
Source: Okina,
Shirakawa et Shiratsuka, The Asset Price Bubble and Monetary Policy: Japan's
Experience in the Late 1980s and the Lessons, MONETARY AND ECONOMIC STUDIES
(SPECIAL EDITION)/FEBRUARY 2001,p425
L'économie japonaise a progressé avec rigueur,
même après le relèvement du taux officiel d'escompte. Par
conséquent, il a été relevé de nouveau en Octobre
et Décembre 1989, de 0,5 point de pourcentage à chaque fois, puis
deux fois plus en Mars et en août 1990. Les deux hausses en 1990 ont
été relativement importantes, d'un point de pourcentage en Mars
et de 0,75 point de pourcentage en août.
A partir de juillet 1991, la politique monétaire a
été assouplie, le taux d'escompte étant progressivement
ramené de 6% en 1991 à 1% en 1995 et face au risque de
défaut bancaire, la BOJ a, en 1995, changer de cible pour le taux
directeur et l'a abaissé à 0.5%. Pour combattre la
déflation et relancer l'activité économique, la BOJ a
ensuite mis en place une politique de taux d'intérêt zéro
ou ZIRP (zero interest rate policy), presque sans interruption de mars 1999
à 2006 comme l'indique le graphique 5.
Graphique 5 : assouplissement de la
politique monétaire puis politique de taux zéro en
1999
Source : Datastream
c) Adoption d'une politique monétaire
quantitative
Parallèlement à la politique de taux
zéro, la Banque du Japon a mené, d'avril 2001 à mars 2006,
une politique dite « quantitative », ou « d'assouplissement
quantitatif », consistant en l'injection massive de liquidités.
Cette politique, souvent qualifiée d' « ultra accommodante »
ou de « non orthodoxe », n'avait pas été
pratiquée par d'autres banques centrales avant la banque du Japon. La
pratique d'une politique monétaire quantitative est jugé efficace
après la persistance de la déflation.
Comme le montre le graphique 6, l'objectif fixé est de
près de 5 trillions de yen pour prévenir tout risque de crise de
liquidité. L'objectif de la BOJ est d'être sûr que les
banques ne manquent pas de liquidités, ou d'essayer de diriger vers le
haut les anticipations d'inflation pour éviter une situation
déflationniste. En mars 2006, la politique quantitative a
été abandonnée et la BOJ a jugé le risque de
déflation écarté, son objectif est à nouveau le
taux au jour le jour.
Graphique 6 : base monétaire
japonaise
Source Datastream
3- la crise bancaire : une limite à
l'efficience de la politique monétaire
Bernanke et Gertler (1999)66(*) ont réalisé une simulation en utilisant
des données pour le japon et ont calculé le taux
d'intérêt expost qui aurait compensé les effets de
stimulation de la bulle des prix des actifs (graphique 7).
Graphique 7 : simulation de Bernanke et
Gertler
Source : Bernanke et Gertler (1999)
Selon leurs calculs, si le taux d'intérêt cible
avait été relevé de près de 4 % à 8 % en
1988, l'émergence de la bulle aurait pu être évitée.
Même sans cette simulation détaillée, il ya de nombreuses
discussions, qui soutiennent que l'émergence de la bulle aurait pu
être évitée si la politique monétaire a
été suffisamment serré.
En effet, et selon Guichard67(*), ce n'est qu'une fois que les prix ont
commencé à s'accélérer que la politique
monétaire a été resserrée vigoureusement entre 1989
et 1991. Les taux d'intérêt à court terme augmentent alors
de 5 points en deux ans. Ce resserrement était motivé par une
volonté de casser la bulle mais ce resserrement a provoqué un
effet de ciseaux sur les marges d'intermédiation bancaire.
Guichard 68(*) voit que si la Banque du Japon avait suivi une
règle de politique monétaire, et en particulier une règle
monétariste de croissance prédéterminée de l'offre
de monnaie, elle aurait resserré plus tôt la politique
monétaire et aurait ainsi évité, ou au moins
limité, l'instabilité financière. La croissance de la base
monétaire s'accélère en effet à plus de 10 % en
1987, taux qui n'avait pas été atteint depuis le second choc
pétrolier.
Les conclusions de McCallum69(*) et Ueda70(*) sont mitigées : Selon le premier,
l'adoption d'une règle de croissance de la base monétaire aurait
permis une plus grande stabilité du revenu nominal au cours des
années quatre-vingts. Le second montre quant à lui qu'une
règle stricte de base monétaire aurait juste permis
d'atténuer la volatilité des prix d'actifs et de
l'activité.
II- L'expérience des Etats-Unis : la bulle des
valeurs technologiques
La bulle Internet est une bulle spéculative, qui a
affecté les « valeurs technologiques », c'est-à-dire
celles des secteurs liés à l'informatique et aux
télécommunications, sur les marchés boursiers à la
fin des années 1990. Son apogée a eu lieu en mars 2000, et sa
chute s'est étalée sur 2 ans. Cette partie étudiera
l'évolution des prix des actifs, leurs incidences sur la demande
agrégée et enfin la réaction des autorités
monétaire face à la bulle internet.
1- Evolution des prix des actifs à la fin des
années 1990 :
La diffusion rapide de la téléphonie mobile
(GSM) et le développement de l'Internet à partir de la seconde
moitié des années quatre-vingt-dix ont été à
l'origine de la formation d'une vaste bulle financière se traduisant par
la soudaine surévaluation sur les marchés boursiers.
Le graphique 8 montre que, de 1994 à 2001, la part du
chiffre d'affaires des services de télécommunications dans la
valeur ajoutée totale a progressé de 1,1 point en France et en
Allemagne, de 1,3 point en Italie, de 1,6 point en Finlande et de 1,9 point au
Royaume-Uni.
Graphique 8 : revenus des services de
télécommunication
Source : www.Strategis.gc.ca
Les actifs sont des biens durables ou des créances qui
font partie des patrimoines et dont l'évaluation dépend largement
d'attentes quant à leur rendement futur. Les prix des actifs qui ont le
plus d'importance dans le processus de transmission de la politique
monétaire sont les cours des actions et les prix de l'immobilier.
Graphique 9 : évolution des principaux
indices boursiers
Source :
Quentin Wibaut, POLITIQUE MONÉTAIRE ET PRIX DES ACTIFS: LE CAS
DES Etats-Unis, banque nationale de Belgique, WORKING PAPER No.11 - AOUT
2000,p2
D'après le graphique 9, on constate que Les cours des
actions aux Etats-Unis ont progressé à un rythme
particulièrement soutenu à partir de la fin de 1994. Or, de
décembre 1996 à janvier 2000, l'indice S&P500 des valeurs
cotées à Wall Street a encore été multiplié
par deux. Cette envolée contraste avec la stagnation de la bourse au
Japon. La hausse de l'indice S&P500 était un peu plus
prononcée que celle des cours en Europe.
La hausse des cours des actions aux Etats-Unis n'est pas
homogène, comme le montre le graphique 10 qui permet de voir une
décomposition sectorielle des valeurs cotées à Wall
Street. Depuis 1998, les valeurs technologiques sont en forte hausse. Elles ont
expliqué la plus grande partie de la hausse du Dow Jones en 1999 et ont
continué à augmenter au cours des deux premiers mois de 2000,
contrairement aux autres actions.
Graphique 10 : Contribution des secteurs
d'activité à la croissance de l'indice Dow Jones des actions
cotées à Wall Street
Sources: Dow Jones Indexes et calculs de la
BCE
En revanche, jusqu'en 1998, on n'a pas observé
d'inflation préoccupante des prix de l'immobilier aux Etats-Unis. C'est
pourquoi le marché de l'immobilier ne sera pas évoqué dans
cette étude. Ce marché est très différent de celui
des actions.
2- Incidence de l'évolution des prix des actifs
sur la demande agrégée
Selon la théorie économique, deux composantes de
la demande agrégée sont susceptibles d'être
influencés par les prix des actifs: l'investissement et la consommation.
En ce qui concerne l'investissement, nous nous limiterons à celui des
sociétés, en omettant l'investissement en logement des
ménages.
a) Effet sur l'investissement :
La première section a analysé l'effet de
l'évolution des prix des actifs sur l'investissement à partir du
ratio Q Tobin. Dans le cas où les investisseurs estiment que la
rentabilité du capital augmentera, ce ratio dépasse 1, comme
c'était le cas à la fin des années 1990 aux Etats-Unis.
Graphique 11 : Évolutions historiques du Q
de Tobin aux États-Unis
Source : www. Wikipedia.fr
La courbe de l'évolution de Q de Tobin a une tendance
baissière à la fin des années quatre-vingts, alors qu'il a
atteint un sommet de 1.8 en 2000. Un Q de Tobin important ou supérieur
à 1 signifie que l'entreprise en question a intérêt
à augmenter son stock de capital fixe (donc à investir), car
l'augmentation de la valeur boursière sera supérieure au montant
investi. Cette hausse du ratio Q est justifiée par la hausse des cours
boursiers au cours de cette période.
Graphique 12 : variation de l'indice S&P500 et
part des investissements dans le PIB aux Etats-Unis
Source :
Quentin Wibaut, POLITIQUE MONÉTAIRE ET PRIX DES ACTIFS: LE CAS
DES Etats-Unis, banque nationale de Belgique, WORKING PAPER No.11 - AOUT
2000,p30
Une comparaison, faite par le BRI, de la part des
investissements dans le PIB et du taux de croissance des prix des actions
indique une légère corrélation entre ces deux variables
(graphique 12).
b) Effet sur la consommation :
L'analyse de l'effet de la richesse sur la consommation des
ménages remonte à la théorie du cycle de vie
développée par Modigliani (1963). Selon cette théorie, les
ménages cherchent à lisser leur consommation sur l'ensemble de
leur cycle de vie. Parce que leurs revenus courants ne correspondent pas
nécessairement à leur niveau de consommation "lissée", ils
doivent épargner à certains moments et désépargner
à d'autres. Ceci rend nécessaire la constitution d'un stock de
richesse. Une augmentation des prix des actifs va permettre aux ménages
de constituer plus rapidement le stock de richesse qu'ils jugent
nécessaire au maintien de leur niveau de consommation. Leur taux
d'épargne courant pourra baisser et leurs dépenses augmenter.
L'augmentation du stock de richesse donne lieu à une augmentation de la
consommation répartie sur tout l'horizon de vie du ménage. Ainsi,
la consommation courante augmente légèrement et l'épargne
courante diminue légèrement puisqu'il n'est plus
nécessaire d'épargner autant pour constituer le stock de
richesse.
Graphique 13 : taux d'épargne des
ménages aux États-Unis
Source :
Quentin Wibaut, POLITIQUE MONÉTAIRE ET PRIX DES ACTIFS: LE CAS
DES Etats-Unis, banque nationale de Belgique, WORKING PAPER No.11 - AOUT
2000,p33
Comme on le voit au graphique 13, le taux d'épargne a
enregistré deux périodes de baisse prolongée depuis le
début des années soixante-dix. La première commence en
1983 pour s'achever au dernier trimestre de 1987 au moment du krach boursier;
la seconde période de baisse commence début 1992 jusqu'à
1999.
Le graphique 14 permet de constater une forte
corrélation du taux d'épargne (représenté par son
complément, la propension à consommer 1-s) et du prix réel
des actions.
Graphique 14 : indice S&P500 et propension
à consommer des ménages aux Etats-Unis
Source :
Quentin Wibaut, POLITIQUE MONÉTAIRE ET PRIX DES ACTIFS: LE CAS
DES Etats-Unis, banque nationale de Belgique, WORKING PAPER No.11 - AOUT
2000,p35
3- La politique de la Réserve
fédérale vis-à-vis des cours des actions:
La Réserve fédérale peut influencer
l'évolution des cours des actions essentiellement parce que les taux
d'intérêt à très court terme sur lesquels elle a
prise (taux des "Fed Funds" ou fonds fédéraux, qui est le taux
des prêts interbancaires au jour le jour et qui constitue la "cible
opérationnelle" de la Réserve fédérale) exercent le
plus souvent un effet d'entraînement sur les taux d'intérêt
à long terme, qui servent à l'actualisation des dividendes futurs
attendus et influencent donc le cours des actions. Le graphique 15 compare
l'évolution du taux des Fed Funds et du taux à 10 ans. Les taux
à court terme pourraient aussi avoir un effet plus direct sur les
comportements spéculatifs à court terme. Mais les variations de
taux à court terme nécessaires pour exercer à coup
sûr une incidence sur les cours des actions sont grandes.
En fait, la Réserve fédérale ne conduit
pas sa politique de taux d'intérêt en fonction des cours des
actions, mais ne les néglige pas complètement pour autant. Les
taux d'intérêt sont fixés essentiellement en fonction de
l'inflation et de l'écart de production estimé, qui
reflète les pressions inflationnistes à venir et dont la
minimisation constitue aussi un objectif. Les cours des actions ne sont pris en
considération que comme un des multiples éléments
influençant l'activité et les prix.
Graphique 15 : taux d'intérêt
à court et à long terme aux Etats-Unis
Source :
Quentin Wibaut, POLITIQUE MONÉTAIRE ET PRIX DES ACTIFS: LE CAS
DES Etats-Unis, banque nationale de Belgique, WORKING PAPER No.11 - AOUT
2000,p52
L'objectif majeur de la politique monétaire
américaine a été d'assurer la stabilité du
système financier et d'ignorer les enchaînements vicieux menant
à la déflation, en évitant notamment qu'un rationnement du
crédit ne se combine au dégonflement des valeurs
boursières. La baisse des Fed funds de 6 % à 1,75 % en
2001, puis à 1 % (graphique 15), alors que l'instabilité
financière était à son point principal durant l'automne
2002, a cherché à répondre à cette
problématique. La politique monétaire américaine a ainsi
permis d'absorber un choc de grande ampleur, en évitant des faillites
bancaires et une véritable récession.
III- Cas de la bulle immobilière :
1/ évolution du prix de l'immobilier :
Aux États-Unis, il existe deux grandes familles
d'indices nationaux du prix des logements, les indices FHFA et les indices
S&P/Case-Shiller.
· Les indices FHFA (qui ont pris la
suite des indices OFHEO et Freddie Mac, calculés sur un champ et selon
une méthodologie très proches) couvrent les achats de maisons
individuelles financés par un prêt réglementé
inférieur à un certain plafond qui est fixé par le
Congrès et dépend de la zone géographique et de la taille
de la famille. La proportion des achats de logements financés par ces
prêts est très faible dans les États les plus chers, qui
sont donc sous-représentés dans l'échantillon. D'où
un biais : lorsque le prix des logements augmente plus rapidement que le
plafond des prêts pris en compte, l'indice sous-estime la hausse des prix
; inversement, il sous-estime la baisse lorsque le prix des logements diminue
plus rapidement que ce plafond. D'une manière générale,
cet indice sous-estime la volatilité des prix dans le temps.
· Les indices S&P/Case-Shiller quant
à eux couvrent tous les achats de maisons, mais uniquement dans
certaines zones géographiques, les plus urbanisées. L'indice
S&P/Case-Shiller dit « national » ne couvre ainsi que 70% du parc
en valeur (et donc moins en nombre de logements, puisque le prix moyen des
logements est plus faible dans les zones non couvertes, qui sont les zones
rurales). Il existe également des indices S&P/Case-Shiller locaux,
ainsi que deux indices relatifs aux 10 et 20 plus grandes
agglomérations. Pendant la période de hausse 2000-2006.
L'indice a augmenté en moyenne annuelle
:
- de 107% sur les 10 principales
agglomérations,
-de 91% sur les 20 principales
agglomérations,
-et de 80% sur les 70% (en valeur) du parc couverts
par l'indice dit « national ».
On peut donc penser qu'un indice de ce type couvrant la
totalité du parc aurait augmenté de moins que 80% : l'indice dit
« national » surestime probablement la volatilité du prix des
logements dans le temps. Par ailleurs, les indices S&P/Case-Shiller
pondèrent chaque transaction par son montant, alors que les indices FHFA
accordent la même pondération à chaque transaction ; les
premiers indices accordent donc un poids plus élevé que les
seconds aux zones chères ; les prix y étant vraisemblablement
plus volatils, cela augmente la volatilité des indices
S&P/Case-Shiller par rapport aux indices FHFA.
Graphique 17 : évolution des indices
immobiliers aux Etats-Unis
Source : CGEDD d'après INSEE, bases de
données notariales, indices Notaires-INSEE
désaisonnalisés, Duon, Toutain et Villa (CEPII).
Comme on peut le constater d'après le graphique 17,
cette évolution du prix des logements apparaît très
différente selon l'indice considéré. Pour les analyses sur
longue période, les économistes utilisent l'indice FHFA parce
qu'il permet de remonter plus loin dans le temps, mais cet indice sous-estime
la hauteur de la croissance du prix des logements rapporté au revenu par
ménage observée en 2006 aux États-Unis.
Autre que l'augmentation des indices immobiliers, les cours
boursiers ont aussi évolué au cours de cette période. Le
tableau 4 présente l'évolution des principaux indices boursiers
au cours de l'année 2007.
Tableau 4 : évolution des principaux
indices boursiers en 2007
PLACE
|
INDICE
|
31/12/2006
|
31/12/2007
|
VARIATION EN %
|
Paris
|
CAC 40
|
5.541 ,8
|
5.614,1
|
1.3
|
Francfort
|
DAX 30
|
6.596,9
|
8.067,3
|
22.3
|
Londres
|
FTSE 100
|
6.220,8
|
6.456,9
|
3.8
|
New York
|
DOW JONES
|
12.463,2
|
13.264,8
|
6.4
|
New York
|
NASDAQ
|
2.415,3
|
2.652,3
|
9.8
|
Tokyo
|
NIKKEI 225
|
17.225,8
|
15.307,8
|
-11.1
|
Source : BCT, rapport annuel 2007
Comme le présente le tableau 4, les principaux indices
boursiers ont évolué rapidement au cours de l'année 2007
alors que le NIKKEI 225 côté à la bourse de Tokyo a
chuté de 11.1%.
Après une année d'effondrement des cours boursiers,
l'année 2008 a été marquée par la chute des indices
boursiers (tableau 5).
Tableau 5 : évolution des principaux
indices boursiers en 2008
PLACE
|
INDICE
|
31/12/2006
|
31/12/2007
|
VARIATION EN %
|
Paris
|
CAC 40
|
5.541 ,8
|
3.218
|
-42,7
|
Francfort
|
DAX 30
|
6.596,9
|
4.810,2
|
-40,4
|
Londres
|
FTSE 100
|
6.220,8
|
4.434,2
|
-31,3
|
New York
|
DOW JONES
|
12.463,2
|
8.776,4
|
-33,8
|
New York
|
NASDAQ
|
2.415,3
|
1.577
|
-40,5
|
Tokyo
|
NIKKEI 225
|
17.225,8
|
8.859,6
|
-42,1
|
Source : BCT, rapport annuel 2008
Toutes les bourses mondiales ont accusé des pertes
historiques en 2008. Aux Etats-Unis, Wall
Street a vécu sa pire année depuis 1931, avec un
Dow Jones en chute de 34%. Les bourses européennes ont perdu entre 31%
(Londres) et 50% (Amsterdam, Bruxelles, Milan) de leurs valeurs.
2/ Réaction des autorités
monétaires
Dès août 2007, les tensions observées sur
le marché interbancaire ont conduit la Fed et la BCE à
infléchir leur politique monétaire : l'Eurosystème a
fourni pendant quelques jours des liquidités en quantités
illimitées au jour le jour, avant d'allonger la durée des
opérations de refinancement. La Fed a, pour sa part, étendu de un
à trente jours la maturité maximale de sa facilité
d'emprunt permanente. Le montant total de refinancements accordés aux
banques par l'Eurosystème a dépassé les 960 milliards
d'euros contre 450 milliards avant l'éclatement de la bulle. À la
fin de l'année 2007, les banques centrales ont renforcé leur
coopération comme cela avait été le cas en septembre 2001.
Ainsi, en décembre 2007, la Fed, la BCE et la Banque nationale suisse
ont pris des mesures permettant notamment un financement à un mois en
dollars.
L'agitation financière causée par la faillite de
Lehman Brothers à l'automne 2008 a par la suite induit un changement de
règle monétaire avec des actions sans précédent
tant par leur ampleur que par leur diversité et le recours aux mesures
non conventionnelles étant devenu inévitable. Afin d'assurer la
liquidité du marché interbancaire et de permettre à chaque
établissement bancaire de se refinancer, les banques centrales ont
ajusté leur politique de taux d'intérêt et d'intervention
sur les marchés suivant quatre modalités :
· En premier lieu, les banques centrales ont choisi de
baisser sensiblement leurs taux directeurs, la baisse la plus importante ayant
été enregistrée aux États-Unis, où la cible
du taux directeur a été ramenée à une cible
comprise entre 0 et 0,25 % en décembre 2008 contre 5,25 % en août
2007. De la même manière, la Banque centrale européenne a
fait le choix, en mai 2009, d'abaisser son taux de refinancement à
niveau sans précédent de 1 %.
· En deuxième lieu, les banques centrales ont
décidé d'allonger graduellement la maturité des
facilités de financement jusqu'à douze mois. Les modalités
techniques d'adjudication ont également été
profondément modifiées en octobre 2008 au sein de la zone euro :
les banques ont désormais accès en quantité
illimitée à taux fixe aux prêts de l'Eurosystème, y
compris pour des opérations de refinancement à plus long terme
qui peuvent aller jusqu'à six mois.
· En troisième lieu, les banques centrales ont
graduellement élargi la gamme des contreparties et des
collatéraux éligibles en contrepartie des financements
auprès des banques centrales. Le potentiel de collatéral
mobilisable en contrepartie des financements auprès des banques
centrales était ainsi estimé, fin octobre 2008, à 1 700
milliards d'euros, alors que le montant ne dépassait pas 200 milliards
d'euros à la fin du mois de septembre 2008.
· En quatrième lieu, la coopération
internationale a été renforcée, en particulier par des
accords de swaps permettant, par exemple, aux banques européennes de
bénéficier de refinancements en dollars et en francs suisses pour
des durées pouvant aller jusqu'à 84 jours. Preuve de ce
renforcement de la coopération internationale, certaines baisses de taux
ont été réalisées de manière
concertée. Ainsi, le 8 octobre 2008, un assouplissement des conditions
monétaires a été décidé au niveau mondial,
la Banque du Canada, la Banque d'Angleterre, la Banque centrale
européenne, la Fed, la Banque de Suède et la Banque nationale
suisse ayant baissé le même jour leurs taux directeurs.
Au fur et à mesure que la crise bancaire et
financière s'est aggravée, toutes « les grandes banques
centrales ont mis en oeuvre des mesures non conventionnelles dans le cadre
d'une politique d'assouplissement quantitatif du crédit, ayant pour
objectif de neutraliser directement le durcissement des conditions du
crédit au secteur non bancaire et d'assouplir les conditions de
financement. Cette politique d'assouplissement quantitatif a consisté,
d'une part, à octroyer des fonds aux entreprises, en vue
d'améliorer la liquidité et de réduire les primes de
risque sur certains segments ciblés, et, d'autre part, à
réaliser des achats fermes de titres du secteur public, afin influencer
plus généralement les rendements de référence. En
effet, en janvier 2009, elle s'est ainsi engagée, à racheter
d'ici la fin de l'année jusqu'à 1 450 milliards de dollars de
titres adossés à des créances immobilières et des
créances émises par les agences de refinancement
hypothécaire.
3/ Pertinence de la politique
monétaire :
Au cours d'une conférence à l'institut
français de Prague, Pascal Salin71(*) dit que « la cause profonde,
majeure de cette crise actuelle vient de l'instabilité de la politique
monétaire, aux Etats-Unis ».
En effet, après l'éclatement de la
bulle internet en 2000 qui a provoqué une légère
récession, les autorités monétaires se sont lancées
dans une politique de bas taux d'intérêt pour stimuler
l'investissement et de création monétaire considérable. Le
taux d'intérêt de la banque centrale américaine est
passé ainsi de 6,5% en 2000, à 1% en 2003, ce qui est une baisse
absolument fantastique et qui n'a rien à voir avec ce que l'on pourrait
imaginer du fonctionnement normal d'un marché. Et ensuite ce taux
d'intérêt est remonté peu à peu jusqu'à
atteindre 4,5% en 2006. Donc il y a eu toute une période de bas taux
d'intérêt pendant laquelle les banques ont pu se procurer toutes
les liquidités nécessaires, le monde était submergé
de liquidités, et ils se sont lancés dans des opérations
d'endettement excessif, financer n'importe quoi. Avec un faible taux
d'intérêt, financer même des projets dont la
rentabilité n'est pas très importante. C'est la politique
monétaire qui a faussé le marché. Dans un discours
prononcé devant l'American Economic Association à Atlanta, Ben
Bernanke a mis l'accent sur la nécessité de renforcer la
régulation financière, laissant entendre qu'il y aurait peu de
changements à court terme dans la politique monétaire de la
banque centrale vue que les taux bas ne sont pas responsables de la bulle
immobilière qui a éclaté en 2008. La Fed est souvent
accusée d'avoir alimenté la bulle immobilière avec des
taux d'intérêt extrêmement bas ayant encouragé les
ménages à s'endetter, parfois bien au-delà de leurs moyens
financiers. De fait, après l'éclatement de la bulle internet et
les attentats du 11 septembre, le président de la Fed, Alan Greenspan, a
largement baissé les taux afin de relancer l'économie. Cela a
contribué à couvrir le marché de liquidités qui
sont venues alimenter la bulle immobilière. Mais pour Bernanke, non
seulement la réduction des taux était nécessaire, mais
surtout, elle n'était pas responsable de la bulle, puisque le
problème résidait en fait dans le manque de régulation,
alors que les établissements financiers ont pris de gros risques en
accordant des contrats hypothécaires non conventionnels à des
clients qui n'avaient pas les moyens de les rembourser, les autorités
ont été trop lentes pour identifier et encadrer ces risques.
L'argument ne convainc pas tous les économistes. David Beckworth
suggère notamment que c'est justement cet excès de
liquidités combiné à la faible rémunération
du dollar qui a incité les investisseurs à chercher des produits
financiers à rendements plus intéressants, comme ces titres
hypothécaires "exotiques".
Section 2 : vérification empirique de la
relation entre politique monétaire et cours boursiers
La récurrence, depuis environ trois décennies
des bulles financières et des krachs, a poussé les responsables
des politiques monétaires des économies développées
à intégrer la stabilité financière dans leurs
stratégies. L'arme de taux d'intérêt est utilisée
notamment pour essayer de limiter les fluctuations brutales et l'inflation du
prix des actifs financiers. Les taux ont tendance à baisser durant les
périodes qui précèdent le krach et à se relever
après l'avènement de celui-ci. C'est ce qui explique
l'intérêt d'estimer la relation entre la politique
monétaire et les cours boursiers.
L'objet de cette section consiste à essayer de
comprendre dans quelle mesure l'évolution des taux
d'intérêt nominaux peut avoir un impact sur celle des cours des
actions en s'appuyant sur les résultats d'une étude empirique
portant sur les bourses de New York et de Paris.
I- Méthodologie et données
Nous nous interrogeons dans cette section sur l'impact des
taux d'intérêt sur le cours des actions. Notre étude
concerne la bourse de New York et de Paris pour trois raisons :
· Le Dow Jones et le CAC 40 sont parmi les principaux
cours boursiers
· L'apparition des bulles spéculatives aux USA
· La disponibilité des données
Afin de mener notre analyse, nous retenons les variables
suivantes :
Le dow jones (DJ)
|
Le treasury bill à 3 mois (tbill)
|
Le treasury bond à 10 ans (tbond)
|
Le cac 40(cac)
|
L'euribor à 3 mois (eur)
|
L'OAT à 10 ans (oat)
|
L'estimation des paramètres du modèle de la
représentation VAR a été faite à l'aide du logiciel
EVIEWS. Cette estimation était faite à travers plusieurs tests et
dans un ordre bien déterminé.
1) Test de racine unitaire : Test
d'Augmented Dicky- fuller (ADF) pour l'investigation des
propriétés stockastiques des séries
considérées dans le modèle en analysant leur ordre
d'intégration.
2) Test de cointégration de
Johansen afin de détecter les relations de
cointégration existantes entre les variables du modèle. En cas
d'absence de relation de cointégration, on passe à estimer le
modèle VAR, sinon on se trouve dans l'obligation de déterminer un
modèle autorégressif à correction d'erreur (VECM).
3) Estimation du modèle VAR
4) Test de causalité de Granger
: afin de voir l'effet de causalité des taux
d'intérêt sur les cours boursiers
5) Les fonctions de réponse
impulsionnelles : La fonction de réponse impulsion est une
fonction dynamique permettant de voir la propagation du choc dans le temps,
c'est-à-dire le temps nécessaire pour observer l'effet du choc
dans la période contemporaine.
6) Estimation de la décomposition de la
variance: l'erreur anticipée de la décomposition de
la variance renvoie à la proportion de la succession des mouvements due
au propre choc ou contre choc d'une autre variable.
Les modèles VAR comportent trois avantages : en premier
ils permettent d'expliquer une variable par rapport à ses retards et en
fonction de l'information contenue dans d'autres variables pertinentes ce qui
soulève des problèmes de cointégration, en second on
dispose d'un espace d'information très large et enfin, cette
méthode est assez simple à mettre en oeuvre et comprend des
procédures d'estimation et des tests.
Les données sont mensuelles et couvrent la
période allant de 1995 à 2010, nous avons dû calculer la
moyenne mensuelle pour la série OAT qui est disponible à partir
d'avril 1996.
Ces données proviennent des sites suivants :
· www.yahoo.fr : pour les
historiques des indices CAC40 et le dow Jones
·
www.euribor-rates.eu : pour la série Euribor 3 mois
· www.ustreas.gov : pour
la série du treasury bond
·
www.rachatducredit.com : pour la série OAT 10 ans
· www.newyorkfed.org :
pour la série treasury bill
Aussi, afin de tenir compte des différents
événements boursiers et des changements dans les politiques
monétaires en vigueur, nous avons distingué, en plus de la longue
période, quatre sous périodes :
· la première correspond à la hausse de la
bourse de janvier 1995 jusqu'à l'éclatement de la bulle Internet
en mars 2000 ;
· ensuite, nous nous sommes intéressés
à la période avril 2000-mai 2004 caractérisée par
une politique monétaire stable et accommodante.
· la troisième sous période correspond au
relèvement graduel des taux par la Fed en juin 2004 jusqu'au
décembre 2007
· Et enfin nous nous intéressons à la
période allant de janvier 2008 à mai 2010
caractérisé par l'éclatement de la bulle
immobilière.
IV- Présentation des résultats :
1/ étude de la stationnarité
Une série chronologique stationnaire signifie
que la distribution des variables ne varie pas dans le temps.
En effet la source du non stationnarité est souvent la présence
de racine unitaire et pour tester la présence de cette racine unitaire,
on applique le test de Dickey-Fuller après avoir s'assurer que la
série n'est pas parfaitement autocorrélée.
Figure 1 : évolution des variables
du modèle
D'après ces figures, on remarque que les cours
boursiers (cac40 et le dow Jones) ont une tendance haussière durant la
période 1999-2000 puis ils enregistrent une tendance baissière de
2000 à 2002 et par la suite ils ont tendance à augmenter entre
2003 et 2007 et ils baissent de nouveau depuis 2007.
En ce qui concerne l'évolution des taux
d'intérêt, on remarque que l'évolution du treasury bond et
l'OAT est presque stable alors que le treasury bill enregistrent une tendance
baissière très remarquable en 2000 et l'euribor évolue
vers la hausse entre 2000 et 2001 et une baisse en 2002. Ce qui laisse à
penser que les séries cac40, dj, euribor et le treasury bill sont non
stationnaires.
Les corrélogrammes en annexe 2 montrent que les
autocorrélations sont tous différentes de zéro. Pour
toutes les séries, la première autocorrélation partielle
est très significativement différente de zéro. Cette
structure est celle d'une série non stationnaire. Nous allons
vérifier à l'aide du tes ADF que ces séries sont non
stationnaires
Les résultats du test de présence de racine
unitaire pour les différentes séries réalisé sous
eviews sont présentés dans le tableau 6, le nombre de retard est
choisi automatiquement selon le critère d'Akaike.
Tableau 6 : résultats du test
ADF
DOW JONES
|
TREASURY BOND
|
TREASURY BILL
|
ADF test statistic: 0.662284
|
ADF test statistic: -1.301021
|
ADF test statistic: -1.84
|
Valeurs critiques:
1% : -2.57
5% : -1.94
10% :- 1.61
|
Valeurs critiques:
1% : -2.57
5% : -1.94
10% :- 1.61
|
Valeurs critiques:
1% : -2.57
5% : -1.94
10% :- 1.61
|
CAC40
|
EURIBOR3
|
OAT10
|
ADF test statistic: 0.077225
|
ADF test statistic: -1.76
|
ADF test statistic: -1.78
|
Valeurs critiques:
1% : -2.57
5% : -1.94
10% :- 1.61
|
Valeurs critiques:
1% : -2.57
5% : -1.94
10% :- 1.61
|
Valeurs critiques:
1% : -2.57
5% : -1.94
10% :- 1.61
|
Le tableau 6 indique que tous les valeurs empiriques (ADF test
statistic) des séries traités sont supérieurs aux trois
valeurs critiques à 1,5 et 10% alors on accepte l'hypothèse H0 de
présence d'une racine unitaire est par suite on confirme que les
séries dow jones, treasury bond, treasury bill, cac40, euribor et oat
sont des séries non stationnaires.
Pour que nos séries soit stationnaires il faut les
différencier en différence première et ensuite appliquer
de nouveau le test ADF.
Les résultats du test ADF appliqué à la
différence première des différentes séries sont
présentés dans le tableau 7.
Tableau 7 : test ADF appliqué
à la première différence
DIFFÉRENCE PREMIÈRE DU DOW
JONES
|
DIFFÉRENCE PREMIÈRE DU TREASURY
BOND
|
DIFFÉRENCE PREMIÈRE DU TREASURY
BILL
|
ADF test statistic: -12.47992
|
ADF test statistic: -12.93643
|
ADF test statistic: -8.415150
|
Valeurs critiques:
1% : -2.57
5% : -1.94
10% :- 1.61
|
Valeurs critiques:
1% : -2.57
5% : -1.94
10% :- 1.61
|
Valeurs critiques:
1% : -2.57
5% : -1.94
10% :- 1.61
|
DIFFÉRENCE PREMIÈRE DU CAC40
|
DIFFÉRENCE PREMIÈRE DE
L'EURIBOR
|
DIFFÉRENCE PREMIÈRE DE L'OAT
|
ADF test statistic: -11.94501
|
ADF test statistic: -10.70318
|
ADF test statistic: -10.55239
|
Valeurs critiques:
1% : -2.57
5% : -1.94
10% :- 1.61
|
Valeurs critiques:
1% : -2.57
5% : -1.94
10% :- 1.61
|
Valeurs critiques:
1% : -2.57
5% : -1.94
10% :- 1.61
|
D'après le tableau 7, on peut conclure que nos
séries sont tous stationnaires en différence première
puisque la statistique du test ADF est largement inférieure aux valeurs
critiques au seuil de 1,5 et 10%. Et ainsi toutes les séries sont
intégrées d'ordre 1.
L'égalité des ordres d'intégration
conduit à effectuer un test de cointégration pour savoir si l'on
doit utiliser une modélisation VAR ou bien VECM.
2/ tests de cointégration
La recherche du nombre de relations de cointégration a
été faite selon l'approche de Johansen. Le test a
été effectué avec la spécification 3)
c'est-à-dire, modèle avec constante et sans tendance. Les tests
sont effectués avec un retard de 1. Les résultats sont
présentés en annexe3.
Le test de la trace indique la présence d'une relation
de cointégration à 5 % entre le cac et l'OAT, et entre le CAC et
l'euribor, l'absence de relations de cointégration entre le dow jones et
le treasury bond et le treasury bill.
La représentation VAR n'est plus valide pour la bourse
de paris, un modèle à correction d'erreur est utilisé
(VECM). Par contre on utilise la modélisation VAR pour la bourse de New
York.
3/ estimation du VAR :
Après avoir stationnariser les variables, nous
construisons un modèle VAR. La première étape consiste
à déterminer l'ordre `p' du processus VAR à retenir. A
cette fin, nous avons estimé divers processus VAR pour des ordres de
retards `p' allant de 1 à 4.
Le critère Akaike nous conduit à retenir un
processus VAR(4). Nous estimons tout d'abord la relation entre le dow jones et
le treasury bond et ensuite, nous estimons la relation entre le dow jones et le
treasury bill sur toute la période et sur les quatre sous
périodes.
Les résultats d'estimation de la relation entre le dow
Jones et le treasury bond sont présentés dans l'annexe 4, celle
entre le dow Jones et le treasury bill sont présenté dans
l'annexe 5.
L'observation de nos résultats d'estimation VAR montre
le treasury bill dépend du dow jones durant la longue période
allant de 1995 à 2010 et durant les sous périodes, puisque les
coefficients sont significatifs, alors que le dow jones ne dépend que de
son passé car les coefficients ne sont pas significatifs.
Ce qui nous intéresse en fait dans cette estimation du
modèle VAR(4) c'est d'exprimer le Dow Jones en fonction des taux
d'intérêt à court et à long terme. Les
résultats indiquent que le dow jones dépend négativement
de son passé. Le dow jones dépend négativement du treasury
bill retardé d'une période au cours de la période allant
de 1995 à 2010 et de tout les sous périodes. Le R²
étant très faible pour la relation entre le dow jones et le
treasury bill.
La relation entre le dow jones et le treasury bond
apparaît être plus significatives, le dow jones dépend
négativement du taux du treasury bond retardé d'une, deux, trois
et qutre période tout au long de la période entre 1995 et 2010.
Ces résultats peuvent être mieux expliqués à l'aide
des fonctions de réponses impultionnelles et la décomposition de
la variance.
a) Analyse de la causalité
Nous nous proposons d'illustrer la notion de causalité au
sens de Granger en procédant à un test de non causalité.
Les résultats obtenus, pour un nombre de retards p égal à
1, sont donnés dans le tableau 8.
Tableau 8 : test de non causalité au
sens de Granger
|
|
|
|
|
|
|
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
|
|
|
|
|
|
|
|
DTBond does not Granger Cause DDJ
|
182
|
0.24622
|
0.62036
|
DDJ does not Granger Cause DTbond
|
6.45185
|
0.01193
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
|
|
|
|
|
|
|
|
DTbill does not Granger Cause DDJ
|
182
|
0.69556
|
0.40539
|
DDJ does not Granger Cause DTbill
|
0.63895
|
0.42515
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D'après les résultats du test de
causalité de granger, on remarque que seul le treasury bond cause le dow
Jones puisque la probabilité est supérieure au statistique de
Fisher donc on rejette l'hypothèse nulle d'absence de causalité
entre le dow Jones et le treasury bond. Alors que l'hypothèse nulle est
acceptée pour le cas du treasury bill.
b) Réponses impulsionnelles et décomposition
de la variance :
Dans cette partie, nous présenterons les
différents résultats du modèle VAR spécifié
dans les parties précédentes. Nous nous intéresserons
essentiellement aux fonctions de réponse aux chocs et aux
décompositions de la variance des erreurs de prévisions. Ces deux
instruments permettent de synthétiser l'essentielle de l'information
contenue dans la dynamique du système VAR estimé. Les
décompositions de la variance nous indiqueront l'importance relative de
chaque choc dans l'explication des fluctuations du dow Jones. Quant aux
fonctions de réactions aux chocs, elles nous permettront de mettre en
évidence la nature des effets des différents chocs sur les
variables. Les figures suivantes retracent les fonctions de réponse
impulsionnelles.
Figure 2 : réponse impultionnelle pour le
VAR(4)
On constate un profil traditionnel des fonctions de
réponse impulsionnelles : le choc sur D(tbill) se répercute sur
D(DJ) en s'amortissant. Un choc sur le treasury bill a un effet positif sur le
dow Jones sur les 10 périodes observées, On remarque qu'en cas
d'une hausse du taux du treasury bill, la réaction du dow Jones face
à ce choc commence dès le mois suivant pour donner une
réponse claire vers le cinquième mois. Elle s'annule au
sixième mois pour revenir rapidement à son niveau normal. Par
contre Un choc sur le treasury bond a un effet négatif sur le dow
Jones, l'effet s'annule vers le sixième mois.
Cette étude, basée sur les fonctions de
réponse impulsionnelles, peut être complétée par une
analyse de la décomposition de la variance de l'erreur de
prévision. L'objectif est de calculer la contribution de chacune des
innovations à la variance de l'erreur. De façon
générale, on écrit la variance de l'erreur de
prévision à un horizon de 1 à 10 en fonction de la
variance de l'erreur attribuée à chacune des variables. On
effectue ensuite le rapport entre chacune de ces variances et la variance
totale pour obtenir son poids relatif en pourcentage. Les résultats
relatifs à l'étude de la décomposition de la variance sont
reportés dans le tableau 9.
Tableau 9 : Décomposition de la
variance de l'erreur de prévision pour le VAR(4)
PERIOD
|
S.E.
|
DDJ
|
DTBILL
|
PERIOD
|
S.E.
|
DDJ
|
DTBOND
|
1
|
424.3680
|
100.0000
|
0.000000
|
1
|
423.8370
|
100.0000
|
0.000000
|
2
|
425.5572
|
99.89251
|
0.107486
|
2
|
425.5812
|
99.62387
|
0.376127
|
3
|
425.6125
|
99.86744
|
0.132565
|
3
|
425.6036
|
99.61978
|
0.380219
|
4
|
425.6245
|
99.86322
|
0.136778
|
4
|
425.6039
|
99.61973
|
0.380273
|
5
|
425.6266
|
99.86256
|
0.137442
|
5
|
425.6039
|
99.61973
|
0.380274
|
6
|
425.6269
|
99.86246
|
0.137545
|
6
|
425.6039
|
99.61973
|
0.380274
|
7
|
425.6269
|
99.86244
|
0.137561
|
7
|
425.6039
|
99.61973
|
0.380274
|
8
|
425.6269
|
99.86244
|
0.137563
|
8
|
425.6039
|
99.61973
|
0.380274
|
9
|
425.6269
|
99.86244
|
0.137563
|
9
|
425.6039
|
99.61973
|
0.380274
|
10
|
425.6269
|
99.86244
|
0.137563
|
10
|
425.6039
|
99.61973
|
0.380274
|
Period
|
S.E.
|
DDJ
|
DTBILL
|
Period
|
S.E.
|
DDJ
|
DTBOND
|
1
|
0.186994
|
1.049176
|
98.95082
|
1
|
0.154102
|
0.304991
|
99.69501
|
2
|
0.206751
|
5.273116
|
94.72688
|
2
|
0.154529
|
0.684448
|
99.31555
|
3
|
0.209975
|
6.048864
|
93.95114
|
3
|
0.154534
|
0.688662
|
99.31134
|
4
|
0.210482
|
6.174559
|
93.82544
|
4
|
0.154534
|
0.688717
|
99.31128
|
5
|
0.210561
|
6.194244
|
93.80576
|
5
|
0.154534
|
0.688718
|
99.31128
|
6
|
0.210573
|
6.197298
|
93.80270
|
6
|
0.154534
|
0.688718
|
99.31128
|
7
|
0.210575
|
6.197770
|
93.80223
|
7
|
0.154534
|
0.688718
|
99.31128
|
8
|
0.210575
|
6.197843
|
93.80216
|
8
|
0.154534
|
0.688718
|
99.31128
|
9
|
0.210575
|
6.197854
|
93.80215
|
9
|
0.154534
|
0.688718
|
99.31128
|
10
|
0.210575
|
6.197856
|
93.80214
|
10
|
0.154534
|
0.688718
|
99.31128
|
La variance de l'erreur de prévision de D(DJ) est due
pour 99.86% à ses propres innovations, pour 0.13% à celles de
D(Dtbill). En ce qui concerne la relation entre le dow jones et le treasury
bond, La variance de l'erreur de prévision de D(DJ) est due pour 6.19%
à ses propres innovations, pour 93.80% à celles de D(Dtbond).
Donc, le treasury bill a une influence non négligeable sur le dow jones
américain.
4/ estimation du VECM
La première étape consiste à
déterminer l'ordre `p' du processus VECM à retenir. A cette fin,
nous avons estimé divers processus VECM pour des ordres de retards `p'
allant de 1 à 4.
Le critère Akaike nous conduit à retenir un
processus VECM(3). Les résultats de l'estimation comprennent
l'estimation du vecteur de cointégration, c'est à dire la
relation de long terme, et l'estimation des coefficients des équations
d'ajustement ou de court terme. Ces résultats sont
présentés en Annexe 6 et 7.
a) Relation de long terme :
PÉRIODES
|
EQUATIONS
|
1995-2010
|
Cac40 = -824.5527 *(eur3) - 43.958
(149.990)
[-5.49738]
|
1995-2000
|
Cac40 = -674.4780*(eur3) - 122.1557
(159.083)
[-4.23978]
|
2000-2004
|
Cac40 = -342.254*(eur3) +40.13441
(254.936)
[-1.3425]
|
2004-2007
|
Cac40 = -53.90427*(eur3) -43.17856
(351.813)
[-0.15322]
|
2008-2010
|
Cac40 = 899.43*(eur3) + 188.4390
(374.013)
[-2.40481]
|
PÉRIODES
|
EQUATIONS
|
1995-2010
|
Cac40 = -3816.313 *(oat10) - 84.4319
(644.886)
[-5.91781]
|
1995-2000
|
Cac40 = -426.4651*(oat10) - 106.4855
(240.268)
[-1.77495]
|
2000-2004
|
Cac40 = 5264.394*(eur3) +201.9482
(1390.64)
[3.78558]
|
2004-2007
|
Cac40 = -523.0062*(eur3) -45.93883
(202.200)
[-2.58632]
|
2008-2010
|
Cac40 = 7136.296*(eur3) + 267.0343
(2541.58)
[2.80782]
|
(.)= écart-type
[.]= t-student
Les coefficients relatifs aux taux d'intérêt sont
significatifs au seuil de 5 % dans la relation de long terme au cours de la
période entre 1995 et 2010. Le coefficient de l'euribor a un coefficient
négatif et significatif, il vaut -824.5527, la même chose pour
l'OAT dont le coefficient vaut -3816.313. Ainsi, sur le long terme, une
augmentation du cac40 de 1 point a eu en moyenne pour effet une baisse du taux
de l'euribor et de l'OAT.
b) Relation de court terme :
CointEq1 désigne le vecteur associé à la
relation de cointégration contenant des coefficients des termes à
correction d'erreur. Ses coefficients dans l'estimation traduisent les forces
de rappel vers l'équilibre de long terme. Le coefficient de force de
rappel relatif aux taux d'intérêt (euribor et OAT) est positif.
La dynamique de court terme montre que le cac40 est
influencé par les taux d'intérêt avec des coefficients
négatif et significatifs. Cette dynamique de court terme est
confirmée par les tests de causalité au sens de Granger.
c) Analyse de la causalité
|
|
|
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
|
|
|
|
|
|
|
|
DEURIBOR does not Granger Cause DCAC
|
182
|
0.33900
|
0.56114
|
DCAC does not Granger Cause DEURIBOR
|
0.73164
|
0.39349
|
|
|
|
|
|
|
|
|
DOAT does not Granger Cause DCAC
|
167
|
0.03473
|
0.85239
|
DCAC does not Granger Cause DOAT
|
6.09997
|
0.01454
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D'après les statistiques de Fischer, on peut rejeter
l'hypothèse nulle d'absence de causalité entre, d'une part,
l'euribor et le cac40 et d'autre part, entre l'oat et le cac40.
On retient alors que l'euribor cause le cac40 et l'oat cause
aussi le cac40. L'inverse n'est pas juste, c'est-à-dire que le cac40 ne
cause ni l'euribor ni l'oat.
d) Analyse des chocs :
Les résultats des chocs sont présentés
par la figure 3. Un choc sur l'euribor a un effet positif sur le cac40 sur les
10 périodes observées. L'effet reste quasiment invariant
après deux périodes, il suit une tendance horizontale. L'effet
d'un choc sur l'OAT ne suit pas la même tendance. L'effet de l'OAT est
négatif sur le cac40 sur les 10 périodes.
Figure 3 : réponses impulsionnelles du VECM
(3)
Pour compléter cette analyse, le tableau 10
présente la décomposition de la variance de l'erreur de
prévision à un horizon de 10 périodes.
Tableau 10 : Décomposition de la
variance de l'erreur de prévision pour le VECM(3)
Variance Decomposition of DCAC:
|
Variance Decomposition of DCAC:
|
Period
|
S.E.
|
DCAC
|
DEUR
|
Period
|
S.E.
|
DCAC
|
DOAT
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
243.3270
|
100.0000
|
0.000000
|
1
|
258.3243
|
100.0000
|
0.000000
|
2
|
250.4005
|
99.48330
|
0.516703
|
2
|
269.1041
|
99.76085
|
0.239153
|
3
|
258.2935
|
97.24877
|
2.751225
|
3
|
279.4730
|
99.75707
|
0.242933
|
4
|
270.1869
|
96.61197
|
3.388030
|
4
|
299.2636
|
99.77498
|
0.225017
|
5
|
285.6544
|
95.66927
|
4.330734
|
5
|
327.6735
|
99.49519
|
0.504808
|
6
|
295.2111
|
94.73647
|
5.263529
|
6
|
342.1504
|
99.44981
|
0.550193
|
7
|
305.1871
|
93.88815
|
6.111852
|
7
|
356.2263
|
99.48429
|
0.515712
|
8
|
315.4941
|
93.26129
|
6.738706
|
8
|
372.9340
|
99.49118
|
0.508824
|
9
|
325.5671
|
92.66538
|
7.334615
|
9
|
389.4378
|
99.44379
|
0.556206
|
10
|
334.8936
|
92.12074
|
7.879264
|
10
|
403.2416
|
99.43577
|
0.564227
|
Variance Decomposition of DEUR:
|
Variance Decomposition of DOAT:
|
Period
|
S.E.
|
DCAC
|
DEUR
|
Period
|
S.E.
|
DCAC
|
DOAT
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
0.200985
|
1.360279
|
98.63972
|
1
|
0.161559
|
0.340634
|
99.65937
|
2
|
0.217673
|
3.655581
|
96.34442
|
2
|
0.166261
|
3.635086
|
96.36491
|
3
|
0.235007
|
10.77923
|
89.22077
|
3
|
0.172674
|
10.39169
|
89.60831
|
4
|
0.252008
|
19.56101
|
80.43899
|
4
|
0.173966
|
11.57975
|
88.42025
|
5
|
0.271849
|
28.43768
|
71.56232
|
5
|
0.175408
|
12.43868
|
87.56132
|
6
|
0.287376
|
34.01349
|
65.98651
|
6
|
0.178348
|
15.29822
|
84.70178
|
7
|
0.302778
|
38.78365
|
61.21635
|
7
|
0.181386
|
18.05032
|
81.94968
|
8
|
0.317678
|
42.86631
|
57.13369
|
8
|
0.183098
|
19.57309
|
80.42691
|
9
|
0.332058
|
46.28407
|
53.71593
|
9
|
0.184919
|
21.14906
|
78.85094
|
10
|
0.345571
|
49.09671
|
50.90329
|
10
|
0.187297
|
23.12570
|
76.87430
|
La variance de l'erreur de prévision de D(Dcac40) est
due pour 92.12% à ses propres innovations, pour 7.87% à celles de
D(Deur). En ce qui concerne la relation entre le cac40 et l'OAT, La variance de
l'erreur de prévision de D(Dcac40) est due pour 49.09% à ses
propres innovations, pour 50.90% à celles de D(Doat). Donc, l'euribor et
l'OAT ont une influence non négligeable sur le CAC40.
V- analyse des résultats :
Nos estimations de la relation taux
d'intérêt-cours des indices boursiers français et
américain ne permettent pas de conclure à une liaison de cause
à effet sur la longue période considérée.
Toutefois, nos résultats laissent apparaître un pouvoir explicatif
que de 6.18 % du modèle VAR liant l'évolution du dow jones
à celles des taux d'intérêt à 3 mois, de 7.22% entre
l'évolution du dow jones et les taux d'intérêt à 10
ans. Mais les résultats paraissent un peut concluante pour la bourse de
paris. Les statistiques de Student ont des valeurs significatives (au seuil de
5 %) pour les deux variables explicatives. Certes, le R2 n'est pas
très élevé, mais il mérite tout de même
d'être souligné. Ces premiers résultats laissent à
penser, au moins à long terme, que la part des anticipations dans
l'évolution des déterminants du prix des actions serait
prépondérante par rapport à la variable fondamentale
supposée par la littérature, à savoir le taux
d'intérêt.
Bien que l'influence des taux
d'intérêt à long terme dans le cas des deux indices
boursiers (CAC 40 et Dow Jones ) soit supérieure à celle des taux
à court terme, elle n'est pas statistiquement significative, pendant la
première sous-période (janvier 1995-mars 2000). Les taux à
10 ans n'expliquent que 14.95 % de l'évolution du dow jones mais on
trouve qu'il est un peu élevé dans le cas du cac40. En effet, le
taux à 10 ans explique 55.49% de l'évolution du cac40 et le taux
à 3 mois explique 52.29% de l'évolution de ce dernier.
En effet, entre janvier 1995 et mars 2000, les marchés
des pays développé ont été stimulés par le
développement rapide des nouvelles technologies. Aglietta et
Rebérioux, soulignent que la deuxième moitié des
années quarte vingt dix a été marquée par
l'idée selon laquelle les cours boursiers joueraient un rôle
capital dans les régulations des systèmes économiques, ce
qui explique que les taux d'intérêt sont largement dominés
par les comportements d'anticipation des opérateurs pendant cette
période. Les marchés financiers mondiaux, qui sont plus
intégrés, facilitent les fortes variations des prix des actifs
financiers comme l'indique l'évolution parallèle entre le CAC 40
et le Dow Jones entre janvier 1995 et avril 2010. Dans cet univers complexe,
les responsables des stratégies monétaires intègrent,
depuis l'avènement de la bulle Internet en 2000, la dimension
stabilité des marchés financiers dans leurs décisions.
Certes, la hausse des taux à long terme permet de se protéger
contre l'inflation. Cependant, le lien taux d'intérêt et valeur
des actifs financiers des emprunteurs acquière une forme plus subtile en
transitant par le canal du crédit bancaire.
La période allant d'avril 2000 à mai
2004 est caractérisée par l'éclatement de la
bulle financière en 2000, l'estimation de la relation entre les taux
d'intérêt et les deux indices boursiers (CAC 40 et Dow Jones)
n'est pas significative économétriquement. Cela étant, les
taux d'intérêt à 3 mois contribuent pour la moitié
à l'explication de l'évolution du CAC 40 (R2 = 52.29
%). Ce n'est pas le cas pour le Dow Jones où cette relation est
totalement insignifiante (R² = 3%). Soulignions que lors des phases de
violence des marchés financiers, les autorités
monétaires renforcent le canal de la monnaie via les taux
d'intérêt soit à des fins de stabilité
conjoncturelle, soit au service de la stabilité des prix des biens et
des actifs financiers. En effet, le relèvement des taux par la banque
centrale, suite à l'augmentation des volumes de crédit et du prix
des actifs financiers, à l'adresse des marchés peut être un
signal pour prévenir de l'apparition de poussées
spéculatives. Ce fut le cas lors du relèvement des taux par la
Fed (de 4.5 % à 6.5 %) entre janvier 1999 et mai 2000. En cas de crise
financière, la banque centrale peut accroître les
liquidités et assouplir son taux d'intérêt directeur.
L'exemple typique est celui de la baisse historique du taux d'escompte entre
2001 et 2003, décidée par la Fed, après la crise de 2000.
Autre exemple, fin 2002, les taux d'intérêt américains
avaient atteint leur plus bas niveau (1.25 %) durant les quarante années
précédentes. En 2004, ils sont redescendus jusqu'à 1 %.
En période d'instabilité financière les
banques centrales ont recours aux taux d'intérêt pour essayer de
réguler les marchés. Ainsi, après la chute des bourses
durant les premières années 2000, la Fed a commencé
dès juin 2004 un relèvement progressif de son
taux directeur. D'où l'intérêt d'observer la relation taux
d'intérêt indices boursiers. Dans le cas du CAC 40, le taux
à 3 mois a un pouvoir explicatif relativement limité mais pas
totalement négligeable (R2 = 55.97 %) sachant que les valeurs
de Student des deux variables explicatives sont faiblement inférieures
à leurs valeurs critiques. Quant au modèle VAR(4) du Dow Jones en
fonction des taux à 10 ans, le R2 est limité mais plus
important que les périodes précédentes (13.63 %) et la
valeur de Student est faiblement inférieure à sa valeur critique.
Au cours de cette période et après la baisse brutale des bourses
en 2000, la Fed a entamé un cycle de hausse des taux à partir de
juin 2004 pour encourager les agents économiques à
épargner afin de reconstituer la richesse perdue par la baisse du prix
des actifs financiers. Ce relèvement des taux (de 1 % à 4,25 % en
décembre 2005) est certes graduel mais systématique.
La période allant de janvier 2008 à
avril 2010 est caractérisée par la formation et
l'éclatement de la bulle financière en septembre 2008,
l'estimation de la relation entre les taux d'intérêt et les deux
indices boursiers (CAC 40 et Dow Jones) est plus significative
économétriquement. Cela étant, les taux
d'intérêt à 3 mois contribuent pour plus que la
moitié à l'explication de l'évolution du CAC 40
(R2 = 60.86 %) et pour la moitié à l'explication de
l'évolution du dow jones (R²=50.67%). L'éclatement de la
bulle immobilière a conduit à une baisse des taux
d'intérêt à long terme, malgré le resserrement (que
certains jugent tardif) de la politique monétaire américaine.
Cette baisse a été renforcée par une réduction
globale des emprunts émis par les États, des politiques de
contrôle des déficits publics se mettant graduellement en place,
notamment en Europe
Conclusion :
Dans ce chapitre, nous avons étudié le cas de
quelques bulles spéculatives vécues. On peut conclure alors que
la manière de réagir à l'émergence et
l'éclatement des bulles spéculatives est vouée à
l'échec pour les cas étudiés à cause de
l'apparition des crises, que se soit bancaires ou bien financières.
Il ressort de notre étude économétrique
sur la Bourse de Paris que les taux d'intérêt nominaux impactent
le cours du CAC 40. En effet, les résultats du test de causalité
de Granger montrent que l'Euribor 3 mois et l'OAT 10 ans causent le CAC40. A
titre de comparaison avec le Dow Jones, cette causalité n'apparaît
positive qu'avec le Treasury bond 10 ans. Cependant, nos estimations de ces
fonctions sur une période relativement longue (de janvier 1995 à
avril 2010) ne permettent pas de valider l'hypothèse d'une relation de
détermination entre les taux d'intérêt et l'indice boursier
parisien. Et encore moins dans le cas du Dow Jones américain.
Il convient tout de même de souligner l'existence d'un
pouvoir explicatif non négligeable de mai 2002 à juin
2005, c'est-à-dire pendant la période de l'après le
krach de 2000.
Il faut souligner néanmoins que, tout en laissant
apparaître une certaine influence des taux sur le cours des actions, les
résultats de notre étude ne sont concluants, dans le meilleur des
cas, que pour 60 %. Ils ne peuvent par conséquent accréditer la
thèse d'une valeur intrinsèque des actions défendue par la
théorie de la valeur fondamentale.
D
ans le contexte de dérèglementation et
d'accès plus généralisé aux marchés des
actifs, les marchés financiers occupent une place de plus en plus
importante dans le financement de l'économie.
Les prix des actifs sont devenus, par conséquent, une
préoccupation majeure pour la politique monétaire, de part non
seulement leur rôle en tant qu'indicateurs et mécanismes de
transmission de la politique monétaire, mais aussi en raison des
périodes d'incertitudes qui ont caractérisé leurs
marchés et qui se sont soldés par l'émergence des bulles
spéculatives. Ces dernières ne sont pas sans conséquence
sur la stabilité financière.
S'il existe un consensus sur l'importance des prix des actifs,
en tant qu'indicateurs de la politique monétaire, il n'en est pas de
même en ce qui concerne les mesures à prendre par la politique
monétaire afin de faire face aux bulles spéculatives, puisque ces
mesures font l'objet encore de plusieurs débats.
En effet, dans la plupart des pays, il n'y a pas de
réaction significative de la politique monétaire aux prix
d'actifs (prix de l'immobilier ou cours boursiers). On avance un certain nombre
d'explications de cette situation : absence de contrôlabilité des
prix d'actifs, difficulté de définition de niveaux de prix
d'actifs normaux.
Ce mémoire a présenté un survol de la
littérature qui considère ce débat et a analysé la
pertinence et la faiblesse des propositions formulées à cet
égard. La complexité du problème traité est
énorme. Cela explique la grande difficulté à
dégager une solution optimale. Parmi les propositions
développées, nous apprécions celles de Cecchetti et al,
Bernanke et Gertler et Palley. La proposition de Cecchetti et al se distingue
par sa simplicité de mise en application, mais elle se confronte aux
difficultés relatives à la détection préventive des
bulles spéculatives, aux éléments déclencheurs de
ces bulles, ainsi qu'aux incertitudes des répercussions de la politique
monétaire sur le système financier. La critique principale qui
nous amène à rejeter cette proposition porte sur le
caractère non souhaitable d'une politique monétaire qui
pénaliserait l'économie toute entière afin de pallier des
déséquilibres émergeant dans des secteurs
spécifiques. à cet égard, Bernanke et Gertler
prévoient une réaction après l'éclatement de la
bulle.
En conclusion, choisir entre ces deux approches revient
à se demander si une récession, associée à
l'éclatement d`une bulle spéculative, génère une
perte de croissance plus grande qu'une récession sans bulle
spéculative marquée. La réponse est liée à
la solidité du système financier: perte de croissance plus grande
si le système financier est déstabilisé, ce qui est plus
souvent le cas en présence d'une bulle spéculative
La proposition de Palley est une solution qui a le
mérite d'éviter ces critiques. L'application d'un système
ROBA amène un grand nombre d'avantages tant sur le plan
macroéconomique que sur le plan microéconomique.
Néanmoins, sa mise en application requiert une restructuration profonde
de la réglementation financière et du cadre légal qui
concerne la sphère financière, ainsi qu'un degré de
coopération élevé entre les autorités
monétaires et les institutions préposées à la
surveillance financière dans les pays.
Pour savoir si la politique monétaire peut vraiment
influencer les prix des actifs, on a adopté une étude
économétrique à cet égard. Les résultats
entre la politique monétaire et les cours boursiers ne sont pas
très concluantes.
En effet, pour comprendre les changements, en fonction des
perspectives sur l'avenir, dans les comportements des intervenants en bourse,
il est nécessaire de mobiliser les analyses proposées par les
sciences sociales comme la psychologie et la sociologie humaine.
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· Okina, Shirakawa, Shiratsruka (2000) :
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· Palley.T (2000) : «
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· Palley.T (2004) : «
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· Patat.J-P (2000) : « la
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· Ripert.M-P (2008) : «
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· Schinasi.G (2004) : « un nouveau
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économiques, n°2.856, pp 19-23, juillet 2004
· Selody.J et Wilkins.S (2004) :
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· Shleifer.A et Summers.H (1990) :
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economic perspectives, vol 4, n°2, pp19-33
· Trichet.J-C (2002) : « les
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· Ueda.K (1996) : « japanese
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mars 1996
· Walter.C (2005) : «
l'efficacité informationnelle des marchés», les cahiers
JP morgane, n°5, octobre 2005
· Les rapports de la BCT de 2007 et 2008
TABLE DES MATERES
Introduction
générale....................................................................................1
Chapitre 1 : bulles spéculatives et mutation de la
politique monétaire............................5
Introduction ..............................................................................................6
Section 1 : la théorie de l'efficience des
marchés financiers et les bulles spéculatives.........6
I- Théorie de l'efficience des marchés
financiers...............................................7
1- Définition de l'efficience des marchés
financiers.......................................7
a) l'efficience
fonctionnelle...............................................................7
b) le comportement rationnel des acteurs sur le
marché...............................8
c) L'efficience
informationnelle..........................................................8
2- Les principaux biais de la théorie de
l'efficience......................................10
a) les effets
saisonniers....................................................................10
b) anomalies liés à la taille de la
firme..................................................11
c) les bulles
spéculatives..................................................................11
II- Les bulles
spéculatives.........................................................................12
1-
Définition....................................................................................12
a) les bulles
financières....................................................................13
b) les bulles
immobilières.................................................................13
c) bref historique des principales bulles
spéculatives.................................13
2- le mécanisme des
bulles spéculatives....................................................14
3- Les bulles rationnelles/ les bulles
irrationnelles.........................................14
a) La théorie des bulles
rationnelles......................................................15
b) La théorie des bulles
irrationnelles.....................................................15
III- Les bulles immobilières : origine des crises
bancaires....................................16
1- du crédit aux crises
bancaires..............................................................16
2- Exemple : la crise des subprimes
2008..................................................16
Section 2 : les mutations de la politique
monétaire................................................17
I- Le nouvel environnement de la politique
monétaire....................................17
1- le concept de la globalisation
financière.................................................18
e-
Définition..............................................................................18
f-
Manifestations.........................................................................18
g- Les origines de la globalisation
financière.........................................19
2- la théorie des innovations
financières.....................................................19
c- La
théorie..............................................................................20
d- Nature des
innovations...............................................................21
II- Les nouvelles responsabilités de la politique
monétaire...................................21
1- la stabilité financière :
nouvelle urgence pour les banques centrales.................22
a) la régulation et le contrôle
bancaire ................................................22
b) la sécurité des
systèmes de paiement...............................................23
2- la surveillance de l'évolution des prix
des actifs.......................................24
3- autres mutations de la politique
monétaire.............................................24
a) la modification des canaux de
transmission................................. 24
b) le développement des instruments de
marché................................25
Chapitre II : réaction de la politique
monétaire face aux bulles spéculatives.................27
Introduction............................................................................................28
Section1 : la prise en compte des prix des
actifs...................................................28
I- prix des actifs : une réalité que les
banques centrales ne sauraient ignorer...........28
1- prix des actifs et stabilité
macroéconomique........................................28
a) effet sur
l'investissement............................................................29
b) effet de
richesse..................................................................... 29
c) effet sur le
crédit.......................................................................30
2- les prix des actifs : porteurs d'une information
importante pour la banque
centrale.....................................................................................31
a) Prix des obligations et courbe des
taux.............................................31
b) les prix des actifs comme indicateur
économique.................................32
II- comment la politique monétaire prend-elle en
compte les prix des actifs ?.......................33
1- La création d'un nouvel indice des prix qui
incorpore les prix des actifs.................33
2- La réaction des autorités monétaires en
fonction de la nature des chocs..................34
d) Cas d'un choc de demande
positif............................................................35
e) Cas d'un choc
d'offre...........................................................................35
f) Cas d'un choc financier
positif................................................................36
3- L'intégration des prix des actifs dans la fonction de
réaction des banques centrales....37
Section2 : l'action de la politique monétaire
doit-elle être préventive ou tardive ?.................38
I- Principes d'une politique monétaire
préventive............................................38
1- Comment la politique monétaire réagit-elle
préventivement ?..............................
c) Une politique monétaire contra
cyclique.......................................38
d) Coopération entre autorités monétaires et
autorités prudentielles...........39
2- une politique monétaire préventive :
nécessaire pour éviter l'instabilité
financière...................................................................................40
3- Limites d'une réaction préventive de la
politique monétaire........................41
a) Problème du diagnostic des
bulles..............................................41
b) Limites de la stabilisation financière par les taux
d'intérêt..................43
c) autres limites de la politique monétaire
préventive...........................44
II- Principes d'une action
tardive.................................................................45
1- La stabilité macroéconomique : une
condition suffisante assurée par les cibles
d'inflation........................................................................................45
2- Vers une politique monétaire
asymétrique...................................................46
3- les problèmes d'une réaction
réactive.........................................................47
a) une bulle en nourrit une autre : exemple de la bulle
internet................47
b) Le risque d'aléa
moral.............................................................48
Section 3 : autres pistes d'action de la politique
monétaire.........................................49
I- le système de réserve
obligatoire.............................................................49
1- Principes et avantages du système
ROBA..................................................49
c) Fonctionnement du système
ROBA.................................................50
d) Avantages du système de réserves obligatoire sur
les actifs.....................51
2- Les inconvénients du système
ROBA.......................................................52
II- Achat des actifs risqués par la banque
centrale.............................................54
1- Politique monétaire quantitative et politique
monétaire non
conventionnelle...............................................................................54
2- risques associés à des achats d'actifs par
la banque centrale...........................55
Chapitre III : effet de la politique monétaire sur
les bulles spéculatives : étude empirique....57
Introduction...............................................................................................58
Section 1 : Etude de quelques
expériences............................................................58
I- L'expérience japonaise de la fin des années
1980..........................................58
1- Les caractéristiques de la bulle
japonaise...................................................59
d) augmentation substantielle des prix des
actifs...............................................59
e) la surchauffe de l'activité
économique........................................................60
f) Augmentation de la masse monétaire et du
crédit...........................................61
2-Réaction des autorités
monétaires face à la bulle
japonaise................................62
d) Processus d'assouplissement
monétaire.......................................................63
e) D'un resserrement monétaire à la politique de
taux zéro..................................64
f) Adoption d'une politique monétaire
quantitative..........................................66
3- la crise bancaire : une limite à l'efficience
de la politique monétaire..................67
II- L'expérience des Etats-Unis : la bulle des
valeurs technologiques.......................68
1- Evolution des prix des actifs à la fin des
années 1990 .....................................69
2- Incidence de l'évolution des prix des actifs sur la
demande agrégée.....................71
c) Effet sur
l'investissement.......................................................................71
d) Effet sur la
consommation......................................................................72
3- Pertinence du choix de la politique
monétaire................................................74
III- Cas de la bulle
immobilière....................................................................76
1- évolution du prix de
l'immobilier...............................................................76
2- réaction des autorités
monétaires...............................................................78
a) Un assouplissement massif de la politique
monétaire.....................................78
b) Le recours aux mesures non
conventionnelles.............................................80
c) Pertinence de la politique
monétaire.........................................................80
Section 2 : vérification empirique de la relation
entre politique monétaire et cours
boursiers ..................................................................................................81
I- Méthodologie et
données......................................................................82
II- Présentation des
résultats......................................................................84
1-étude de la
stationnarité......................................................................84
2- tests de
cointégration........................................................................86
3-estimation du
VAR............................................................................87
a) Analyse de la
causalité.................................................................87
b) Réponses impulsionnelles et décomposition de la
variance......................88
4- estimation du
VECM........................................................................90
e) Relation de long
terme.................................................................91
f) Relation de court
terme................................................................92
g) Analyse de la
causalité................................................................92
h) Réponses impulsionnelles et décomposition de la
variance.....................92
III- analyse des
résultats...........................................................................95.
Conclusion
générale....................................................................................98
Bibliographie
Table des matières
Annexes
* 1 PHILIPPE-HENRI
DACOURY-TABLEY, « RÔLE DES BANQUES CENTRALES DANS LA REGULATION
ET LA STABILITE DU SYSTEME FINANCIER », SYMPOSIUM DE
L'ASSOCIATION DES BANQUES CENTRALES AFRICAINES POUR L'ANNEE 2010
* 2 Alchian A. e B. Klein
(1973), On a correct measure of inflation, in «Journal of
Money,Credit and Banking», 5 febbraio, pp.173-191.
* 3 Durré, A. (2001)
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loss function?» Université Catholique de Louvain IRES Discussion
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* 4Bernanke B., et M. GERTLER, 1999 :
Monetary Policy and Asset Price Volatility, in « New Challenges
for Monetary Policy », Federal Reserve Bank of Kansas City, Jackson
Hole.
* 5 KENT C., et P. LOWE, 1997 :
« Asset Price Bubbles and Monetary Policy », Reserve Bank of
Australia Research Discussion Paper
* 6 ibid
* 7 Palley, T. (2004)
«Asset-based reserve requirements: reasserting domestic monetary control
in an era of financial innovation and instability», Review of
Political Economy, Vol. 16, No. 1, pp. 43-58.
* 8 ibid
* 9 Fama E.F, [1965], "The
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* 10 Fama Eugene, «
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* 11 Jensen, Michael C., 1978.
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* 12 ibid
* 13 ibid
* 14 Tobin, J. (1984), «On
the Efficiency of the Financial System», iloyds Bank Review,
(juillet).
* 15 ibid
* 16 Walter Christian (2005),
« L'efficacité informationnelle des marchés ; Le noyau de
l'évaluation par le marché » Les cahiers JPMorganc
Numéro 5 - octobre 2005
* 17 ibid
* 18 Rozeff, M.S. and Kinney,
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* 20 French, Journal of
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* 21 ibid
* 22 ibid
* 23 ibid
* 24 Fields, M. J. (1934).
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* 25 ibid
* 26 Banz, R. 1981. The
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* 27 Coudert V., Verhille F.,
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* 28 Shleifer Andrei et
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* 29 GOWLAND D. (1991),
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* 32 Silber.W.L [1983]: " The
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* 33 Lancaster.K,1966,a new
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* 34 Mishkin, F. (2001)
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* 35 Modigliani, F. (1971),
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* 36 Friedman, M. (1957), A
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* 37 Goodhart, C.A.E. et B.
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* 38 Mésonier. J-S
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* 39 Naouar .A
(2006):»à la recherché des determinants du comportement du
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université Paris X-Nanterre, miméo
* 40 Levieuge.G (2005):
«politique monétaire et prix d'actifs», revue de
l'observatoire Français des conjonctures economiques, n°93,pp
317-355
* 41 ibid
* 42 ibid
* 43 ibid
* 44 Lecinq et tordjman (2002):
«déréglements des prix d'actifs: la repose doit-elle
être monétaire ou prudentielle, automatique ou
discrétionnaire ? », LEO, mai 2002
* 45 ibid
* 46 GOODFRIEND M., 2003 :
« Interest Rate Policy Should not React Directly to Asset Prices
», in W.HUNTER and G. KAUFMAN and M. POMERLEANO ed., « Asset
Prices Bubbles: The Implications for Monetary, Regulatory, and International
Policies », MIT Press, chapter 31, pp. 445-457.
* 47 ibid
* 48 Lecinq F. (2001) : «
La politique monétaire en cas de bulle, un modèle », mimeo,
Université d'Orléans
* 49 ibid
* 50 Bordo, M. et O. Jeanne
(2002b) «Monetary policy and asset prices: does `benign neglect' make
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* 51 BORIO C., et P. LOWE, 2002
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* 52 Issing O., 1998a,
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* 53 OKINA K., et S.
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POMERLEANO, eds, « Asset Price Bubbles : The Implications for Monetary,
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* 54 CECCHETTI S., H. GENBERG,
J. LIPSKY, et S. WADHWANI, 2000b : Asset Prices and Central Bank
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* 55 CECCHETTI S., H. GENBERG,
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« Asset Prices Bubbles: The
Implications for Monetary, Regulatory, and International Policies
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* 56Mishkin, (2008). "Monetary
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* 57 BERNANKE B., et M. GERTLER
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* 58 BORDO M., et O. JEANNE,
2002 : « Boom-Busts in Asset Prices, Economic Instability, and Monetary
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* 59 ibid
* 60 Extrait d'un discours
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Kansas City, Jackson Hole, Wyoming (2002).
* 61 Trichet J.-C. [2002],
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Asset Price Bubbles -Implications for Monetary, Regulatory and International
Policies » organisée par la Banque de réserve
fédérale de Chicago les 22-24 avril, Chicago,
Illinois,États-Unis
* 62 Palley, T. (2000)
«Stabilizing finance: the case for asset based reserve requirements»,
Financial Markets and Society Series, Financial Markets Center,
Philomont, VA
* 63 ibid
* 64
* 65 Le Boom Izanagi est le nom
donné à la période de forte croissance économique
continue qui a eu lieu entre novembre 1965 et juillet 1970 au Japon
* 66 ibid
* 67 Guichard, 1996. "La crise
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* 68 Guichard,1998. "La
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research center
* 69 McCallum B. (1993)
"Specification and analysis of a monetary policy rule in Japan", BOJ
Monetary and Economic Studies, vol. 11, n° 2, novembre, pp. 1-46
* 70 Ueda K. (1996) "Japanese
monetary policy rules or discretion" IMES Discussion paper 96-E-16,
mars.
* 71 Pascal Salin :
économiste, spécialiste des finances publiques, et ancien
président de la société du Mont Pèlerin - une
société qui rassemble économistes, hommes politiques et
intellectuels pour la promotion du marché libre et dont est membre le
Président tchèque Václav Klaus
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