Chapitre I. Cadre théorique et
Méthodologique
Introduction
Ce chapitre est divisé en deux parties : le cadre
théorique et la méthodologie. La première est
composé d'une problématique, les hypothèses de recherche,
elle expose également les objectifs assignés à la
présente étude. La seconde partie fait l'état de la
connaissance
sur la thématique ainsi que la méthodologie
adoptée pour mener le travail. 1.1
Problématique
La forte croissance urbaine est un des faits marquants du
continent africain. Le dernier quart du 20eme siècle a
coïncidé avec une forte extension spatiale des villes telles que
Kinshasa (en RDC) et Lagos (au Nigeria), qui grignotent jusqu'à
800ha/an.2
Au cours de cette période, l'Afrique a amorcé
son développement urbain, de façon spectaculaire. En effet, le
taux d'urbanisation en Afrique est passé de 5% à 6% en 1950
à 39% en 2011. La population urbaine africaine a été donc
multipliée par plus de 11 dans l'intervalle d'un demi-siècle
entre 1950 à 2011, une progression que les autres continents ont mis des
siècles à accomplir.
Malgré la tendance générale à
l'urbanisation que connaît l'Afrique, le niveau d'urbanisation n'est pas
uniforme car il varie selon les régions. Ainsi, en 2011, l'Afrique du
Nord avait un taux d'urbanisation de 65% contre 35% pour l'Afrique
subsaharienne. De ce fait, le fait urbain est bien plus marqué en
Afrique du Nord qu'au sud du continent.3 Cependant, depuis le
début des années 1970, l'Afrique sub-saharienne est celle
où l'urbanisation augmente le plus rapidement, soit 5% en moyenne par
an, par comparaison aux autres régions4. Toutefois, une
nuance doit être faite à ce niveau entre les pays côtiers et
ceux de l'intérieur du continent. Ainsi, les premiers connaissent un
développement urbain plus rapide que les seconds en raison de la
situation géographique qui leur offre un certain avantage. En effet,
l'économie de plantation et des mines permet à la côte
d'accueillir plus de migrants en provenance de l'intérieur du
continent.
Par conséquent, malgré les contrastes dans le
niveau d'urbanisation, la tendance générale à
l'échelle de l'Afrique sub-saharienne est à la formation de
villes millionnaires. De ce
2PDME, 2006_cglua cité par jeune Afrique N 2551
du 29 novembre au 5decembre 2009 pp 68 3Fiche de donnée sur
la population mondiale 2010
4 Op cité 1
18
fait, Il faut s'attendre dans les années à venir
à une concentration des populations dans les centres urbains en
particulier les villes capitales et cela dans tous les pays .5
Le Niger n'est pas resté en marge de ce
phénomène du 20ème siècle. En effet, au cours des
dernières décennies, les villes nigériennes ont connu une
expansion assez rapide. Ainsi, la population urbaine nigérienne qui
représentait 15% de la population totale en 1988 passa en 2012 à
21,7%6.
Au Niger, le fait remarquable de l'urbanisation est
l'ascension fulgurante de la ville de Niamey. Ainsi, ville coloniale, Niamey
comptait 242.873 habitants au premier recensement de 1977. Elle est
passée à 398.625habitants en 1988 pour atteindre 707 951
habitants au dernier recensement de 2001. En 2012, l'Institut National de la
Statistique estime la population de Niamey à 1.388.682
habitants.7 Cette croissance démographique a permis à
la ville d'abriter plus de 40% de la population citadine du pays contre 1/3 en
19608. Aujourd'hui, elle est la seule ville du pays ayant atteint le
million d'habitants. Au même moment, la ville connait une extension
spatiale rapide due à la prédominance des constructions
horizontales et à la concentration des populations dans la ville
(Abdoulaye 2005)...C'est ainsi que le territoire de la communauté
urbaine de Niamey est passé de 4.848 ha en 1988 à environ 11.000
ha en 2003 selon (Issaka 2003). Elle passa à 19 000 ha en 2012.
(Abdoulaye Adamou 2012)
En outre, s'agissant de la croissance naturelle, le Niger a un
taux d'accroissement naturel de 3,3%. Ce taux, qui est l'un des plus
élevé au monde implique un doublement de la population du pays
tous les 20 ans ; ce qui n'est pas sans conséquences sur la population
urbaine. Quant aux migrations, c'est surtout l'exode rural qui contribue
à grossir les villes nigériennes. En effet, ce
phénomène a pris de l'ampleur surtout avec les crises
répétitives que connaît le monde rural. Le milieu rural
nigérien souffre de plusieurs maux dont entre autres des crises
alimentaires (famines répétitives, sécheresses, manque de
terres cultivables), et sur le plan socio économique (la baisse de
revenus, la dégradation des relations sociales). Ces crises accentuent
le départ massif des populations vers les centres
5 Op cité 2
6 Institut national de la statistique (I N S)
Population du Niger 2012
7 Idem
8 Idem
20
urbains à la recherche d'un mieux être, car pour les
ruraux la ville renferme plus d'opportunités que leurs lieux de
départ.
Il faut noter que, cette croissance démographique et
spatiale pose d'énormes problèmes à la ville ; notamment
celui du logement. En effet, l'expansion spatiale de Niamey contraste avec la
capacité de la ville à offrir un logement décent aux
citadins. Il en résulte une distorsion entre la production de logement
et la demande. Cela s'explique en partie par le coût élevé
des parcelles qui sont inaccessibles à une grande partie de citadins. En
fait, la parcelle qui constitue la première étape de la
production d'un logement a vu son prix grimper de 30.000FCA en 1960 à
60.000 en 1975 et à plus de 600.000FCFA, de nos jours (Issaka 2004),
soit 20 fois plus cher qu'il y a 50 ans. A cela s'ajoute la lourdeur de la
procédure officielle de lotissement. Il faut (Motcho 1991) compter 6
à 12 mois entre la demande officielle et la vente du terrain.
Parallèlement, les structures étatiques
spécialisées dans la production immobilière n'ont pas
survécu à la crise économique des années 90.
Même avant cela, la Caisse de prêt aux collectivités
territoriales(CPCT), la Société Nigérienne d'urbanisme et
de construction immobilière (SONUCI) et le crédit du Niger se
caractérisent par une inefficience prouvée et un faible impact
sur la production de l'habitat. En effet, le peu de logements qu'elles arrivent
à produire ne sont pas accessibles à la grande majorité
des citadins du fait des normes qu'elles imposent ; d'où l'exclusion de
la majorité des citadins du circuit officiel de la production
foncière et immobilière.
Par ailleurs, face à cette marginalisation dont les
citadins sont victimes, certains se réfèrent aux
propriétaires coutumiers pour avoir une portion d'espace pour
bâtir un abri. A ce niveau la procédure est très simple. Il
suffit de s'entendre avec le propriétaire et de procéder à
l'occupation de l'espace. En outre, d'autres citadins et néo citadins
procèdent à l'occupation des rues ou autres réserves
foncières sans l'autorisation de l'Etat. Ce type d'appropriation a
commencé dans les années 70, suite à l'afflux massif des
populations rurales vers Niamey, consécutif aux différentes
famines. Ces migrants sans logements, procèdent à l'occupation
anarchique de ces espaces. Le phénomène a pris de l'ampleur au
début des années 1980 suite à la crise économique
et à l'application du programme d'ajustement structurel (PAS) qui ont
mis au chômage de nombreux citadins. Ces derniers, vont aussi occuper ces
espaces pour échapper au coût élevé du loyer.
Ainsi, les caractères extralégaux de ces
appropriations font de ces milieux, des espaces d'occupation spontanée.
Ici, l'insécurité foncière est le dénominateur
commun de tous les habitants. Conscients de ce fait, ils ne construisent que
des cases. Selon Motcho/1991.
les cases de ce type appelées aussi paillotes, ne
comportent pas de fenêtre, mais seulement une porte étroite et
basse faite de tôle ondulée aplatie, souvent les cases sont
entourées de tiges de mil (Pennisetum amricanum) qui sert à
cacher l'intimité des habitants». Un tel choix est
motivé par son coût qui est compatible avec leur revenu mais aussi
du fait qu'il convient mieux à des ménages qui souffrent d'une
grande instabilité résidentielle. En effet, ces habitants font
quotidiennement l'objet de déguerpissement de la part de la
municipalité. Ils sont donc obligés de déplacer leurs
résidences d'un endroit à un autre. On assiste de ce fait,
à une mobilité intra-urbaine de ses ménages à
l'intérieur de la ville de Niamey. Face à l'extrême
précarité de logement de ce milieu, ces questions de recherche
suivantes nous viennent à l'esprit:
> Ces processus de marginalisation sont ils volontaires ou
contraints ?
> Quelles sont les causes de la mobilité intra urbaine
des habitants de case ?
> Quels sont les parcours résidentiels des
ménages vivant dans les zones d'habitat en case ? > Cette
mobilité résidentielle aboutit-elle à la production d'une
catégorie résidentielle spécifique ?
> Y-a- t- il une reproduction socio spatiale de la
précarité en milieu urbain?
Pour répondre à ces questions nous formulons les
hypothèses suivantes :
1.1.1 Les hypothèses
> La marginalisation des citadins occupant les cases est
contrainte.
> L'instabilité résidentielle des citadins
occupant les cases aboutit à la production d'une catégorie
résidentielle spécifique mais ne s'accompagne pas d'une
reproduction socio- spatiale de la précarité en milieu urbain.
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