Conclusion partielle
En définitive, il ressort que ce sont les contraintes
financières et les difficultés d'accès au logement qui
contraignent certains citadins à occuper les cases. Dans ce type
d'habitat ils subissent au quotidien des contraintes liées à la
nature de leur habitat, et de la vie quotidienne pour assurer leur survie. En
outre, même pour se soulager ils sont contraints de parcourir de longue
distance. Leur « vie » à Niamey est donc parsemée de
contraintes.
L'analyse de leur cadre de vie montre un environnement
insalubre où les équipements sont quasi absents. Aussi, il faut
ajouter l'exclusion sociale qui est la leur. En effet, ces citadins qu'ils
soient au centre ou à la périphérie ne
bénéficient d'aucun avantage lié à la ville. Ils
sont d'ailleurs des rejetés de la ville qui exercent des
activités subalternes nécessaires au fonctionnement de la ville.
Quelles sont les causes de l'instabilité résidentielle de
ménage occupant les cases ? Cette instabilité
résidentielle aboutie- t-elle à l'émergence d'une
catégorie résidentielle spécifique? Quels sont les
parcours résidentiels et matrimoniaux de ces citadins ? la
réponse à ses questions fera l' objet du prochain chapitre.
Chapitre IV : Une mobilité résidentielle
marquée
La mobilité est la redistribution des populations dans
l'espace. Elle permet de retracer le parcours résidentiel des citadins.
Ainsi, dans le cadre de cette étude nous analysons les différents
changements de logements des ménages occupant les cases. L'objectif
poursuivie est de retracer la trajectoire résidentielle des personnes
interrogées et ceci, dans le but de vérifier notre
deuxième hypothèse de recherche.
Pour y parvenir nous analyserons successivement la
mobilité intra urbaine de ces ménages à deux
échelles :
_ Premièrement, à l'échelle de la ville,
l'analyse va s'intéresser aux différents changements de quartier
qui impliquent des changements de résidence. C'est donc une
mobilité inter quartier. De ce fait, << la porte d'entrée
>> est le changement de quartier qui traduit aussi celui du logement.
_ Deuxièmement, à l'échelle du quartier.
A ce niveau, l'analyse intra urbaine se fera à l'intérieur du
quartier. Elle concerne les différents changements de logement à
l'intérieur d'un même quartier.
Cette démarche nous permet de mesurer le degré de
mobilité résidentielle à ces deux niveaux.
4.1. Une mobilité complexe
Il ressort de notre étude une mobilité
résidentielle assez complexe des personnes interrogées. Celle-ci
obéit à des logiques assez diverses. Mais, malgré cette
diversité, elle répond pour l' essentiel à 3 logiques :
_ Une mobilité centrifuge : du centre à la
périphérie ;
_ De la périphérie suivant le front urbain ;
_ Une mobilité centripète : de la
périphérie au centre.
4.1.1. Une mobilité centrifuge
On appelle mobilité centrifuge, le déplacement
des citadins du centre vers la périphérie. Ce type de
mobilité est très fréquent chez les personnes
interrogées. En effet, elle est pour l'essentiel l'apanage des
néo citadins qui à leur première arrivée en ville,
sont le plus souvent hébergés par des parents ou des
connaissances du village dans les quartiers centraux tels que Kalley, Maourey,
Lacouroussou, Terminus.
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A partir de ces quartiers centraux, les citadins
s'intègrent peu à peu dans la ville par leurs activités.
Au fur et à mesure qu'ils arrivent à avoir une autonomie
économique, ces derniers quittent ce premier logement pour un autre. De
ce fait, ils prennent le plus souvent des logements dans les quartiers
péri-urbains. C'est la deuxième étape du parcours
résidentiel.
A partir de ce quartier péri urbain une double
situation peut intervenir dans la vie de ces néo citadins. En effet,
soit par des opérations de déguerpissement ou de mise en valeur
de l'espace occupé ; le citadin se retrouve à la
périphérie pour avoir de l'espace squatté. Ceci, soit par
incapacité financière, ils sont contraints de chercher des
espaces à squatter ou loger gratuitement. Dans de tels cas, ils
s'orientent vers la périphérie. Ce qui conduit à une
troisième étape dans le parcours résidentiel.
Mais, faut il aussi noter que cette mobilité centrifuge
peut être l'apanage des natifs de Niamey. En effet, leur cas se
particularise par une longue stabilité résidentielle dans les
quartiers centraux, puis quelques années de location dans la zone
péri urbaine, le squattage ou le logement gratuit à la
périphérie suite à une détérioration des
conditions de vie.
Encadré 1 : exemple de mobilité
résidentielle centrifuge à travers la trajectoire
résidentielle de monsieur I à l'intérieur de la ville de
Niamey.
Monsieur I (50ans) est né en 1962 à
Tchamé (Dosso). Il arriva à Niamey en 1973. Il se fait
héberger par des parents au quartier maison économique dans des
logements en banco. Il y résida pendant 7 ans tout en exerçant le
travail de garçon de maison. Il changea de logement suite à
l'accession d'emploi de gardien à la SNV. Il prend alors en location un
logement en dur au quartier Nouveau marché. Il quitte ce logement
après avoir perdu son travail et s'installa à Dan Gao où
il loue une maison en banco. Dans ce quartier il accède de nouveau
à un emploi de gardien au stade Général Seyni
Kountché. Il exerça ce travail pendant 3 ans avant de le perdre
ce qui le contraint à quitter Dan Gao pour Route Filingué
où il construit sa case. C'est dans ce quartier que nous l'avons
trouvé à notre passage.
Banco
Dur
Semi dur
Case
Zone péri urbaine
Zone péri urbaine
Centre ville
Périphérie
Nouveau marché
Maison économique
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Figure 4: Exemple de mobilité résidentielle
centrifuge à travers la trajectoire résidentielle de monsieur I
à l'intérieur de la ville de Niamey.
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