3.4. Un environnement de pauvretéDans cette
partie, nous allons décrire le cadre de vie des citadins de case,
c'est-à-dire
l'habitat en question, sa localisation, son équipement,
son degré de confort afin de faire ressortir les conditions
extrêmement difficiles dans lesquelles vivent ces citadins.
3.4.1. Un habitat précaire
Les cases représentent l'habitat dominant des personnes
enquêtées. Elles représentent 92% de notre
échantillon, le reste est constitué de hangars. Ce type d'habitat
se caractérise par leur précarité et le fait qu'il soit
très inflammable. En effet, les cases sont construites avec des murs en
secco, c'est à dire d'une natte épaisse constitué par des
touffes d'herbes entrelacés. Leurs diamètres varient de trois(3)
à (4) mètres comme on le voit sur la photo 2 ci dessous.
Photo 2. Habitat précaire au quartier Plateau (Source
notre enquête)
Le toit, conique, est constitué par une carcasse
recouverte de chaume et souvent de plastique noire pour pallier l'infiltration
des eaux de pluie. Les occupants des ces cases font face, durant toute
l'année, à des contraintes climatiques à cause de la
nature de leur habitat. Aussi, chaque saison vient avec ses contraintes
spécifiques. D'abord, pendant la
saison des pluies, ces citadins sont à la merci des
averses violentes. En effet, le caractère précaire de leur
habitat ne les protège pas contre les fortes précipitations. Ils
sont alors contraints de se retrouver avec les femmes, enfants et bagages dans
des camps ou sites de sinistrés. Ensuite, pendant la saison froide, ils
doivent aussi lutter contre le froid. Cela a d'énormes
conséquences notamment sur la santé des enfants qui sont des
personnes très vulnérables. De ce fait, ils sont souvent
obligés d'allumer le feu dans ces cases avec tout ce que cela comporte
comme risque d'incendie. Enfin, pendant la longue saison sèche, ces
citadins doivent lutter contre les contraintes de l' harmattan. Ces cases,
étant pour l'essentiel, situées à la
périphérie, elles cohabitent souvent avec de déchets qui,
une fois transportés par le vent, provoquent des maladies. Aussi, ce
vent engendre des incendies occasionnant souvent des morts d'homme et
d'énormes dégâts matériels. A ces contraintes,
s'ajoutent les difficultés quotidiennes de la vie, c'est-à-dire,
assurer et satisfaire les besoins alimentaires du ménage.
3.4.2. Un habitat largement situé à la
périphérie
Bien que notre étude n'ait pas concerné tous les
quartiers de la ville de Niamey, nous pouvons néanmoins tenter de
localiser ce type d'habitat à l'échelle de la ville de Niamey. De
manière générale, du fait des vagues de
déguerpissement ayant touché les occupants des cases et la
nouvelle dynamique urbaine; il n'existe pas à Niamey de quartiers
spécifiques de cases. Néanmoins, on les retrouve sur des grands
secteurs de la ville notamment au centre, squattant des voies publiques,
à côté des murs des écoles et sur des parcelles non
encore mises en valeur. Ceci, dans beaucoup de quartiers, y compris
résidentiels où ces cases contrastent souvent avec les immeubles
bien bâtis de la ville.
En outre, on retrouve les cases dans les
périphéries de la ville sur des parcelles non viabilisées
ou en instance de construction. La dynamique urbaine ayant réduit les
possibilités de squatter au centre, les citadins occupant les cases se
sont repliés sur les périphéries en suivant le tissu
urbain comme sur la figure 2.
40
Figure 2
: Carte de localisation des ménages
enquêtés
Selon le site, on les retrouve avec trois types de
clôtures qui révèlent d'importantes
Il s'agit:
informations sur les occupants de la
parcelle.
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Secco
Dur
Absence de cloture
NB.Ct
Figure 3: Type de clôture des cases
(source notre enquête)
- des parcelles clôturées en dur.
Ce type de clôture représente 29 % de notre
échantillon. Il est fréquent au centre ville sur
des parcelles en instance de mise en valeur ou des parcelles gelées.
Dans ce cas, le plus souvent, l'occupant est un parent ou une connaissance du
propriétaire de la parcelle qui lui confie l'entretien de la parcelle en
attendant une éventuelle mise en valeur. Il arrive aussi que l'occupant
n'ait aucun lien avec le propriétaire. C'est notamment le cas où
le citadin est un squatter que le nouvel acquéreur de la parcelle trouve
sur place et recrute comme gardien pendant la construction du mur ou de la
maison.
- Des parcelles clôturées en secco, elles
représentent 34% de notre échantillon. Les clôtures en
secco sont souvent l'apanage des squatters qui, conscients de la
précarité de l'occupation, utilisent des seccos ou du bois pour
cacher l'intimité de leurs familles. On les retrouve dans les grandes
artères de la ville et à la périphérie. Elle est
aussi l'apanage d'une faible proportion de ménages propriétaires
de leurs parcelles mais qui n'ont pas les moyens de les mettre en valeur.
Enfin, on retrouve ce type de clôture pour les cas de
personnes qui occupent des parcelles d'un parent ou d'une connaissance.
~ Des parcelles sans clôture, elles représentent
37% de notre échantillon. Elle est l'apanage des squatters occupant les
rues, les devantures des édifices publics. A ce niveau, la
proximité de l'espace squatté et la précarité de
l'occupation ne permettent pas d'ériger une clôture comme on le
voit sur la photo 3. Ces espaces, occupés par les cases traduisent une
marginalisation spatiale. Car même les cases situées au centre
vivent dans des situations précaires. Les occupants sont surtout
exposés à des déguerpissements selon l'humeur des
autorités communales. En outre, leur localisation à la
périphérie est le symbole même de marginalisation spatiale.
En effet, cette localisation traduit les contraintes d'accès au logement
au centre ville. Au delà de leur localisation, analysons à
présent les équipements de ces habitats.
Photo 3. Habitat de case sans clôture (Source notre
enquête)
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