2.2.2. La seconde phase de la mutation (1939-1945)
Elle commence avec le début de la seconde guerre
mondiale. Elle a duré 8 ans. Elle se caractérise par un
ralentissement des investissements en matière d'urbanisation. Mais cela
n'entrave en rien l'évolution démographique de la ville. Mais le
fait le plus important qu'il faut souligner durant cette période c'est
la réapparition dans la ville de Niamey des cases qui furent interdites
de construction en 1935. Ces cases, loin de refléter un mode de vie ou
la culture d'une communauté quelconque sont tout simplement le symbole
de la précarité résidentielle dans une ville en extension.
Aussi, à partir de cette période les cases ne seront plus
l'apanage d'une seule communauté. . Elles sont surtout le refuge des
vagues de migrants que la ville accueille et qui sont en mal
d'intégration urbaine. Ces migrants, incapables de construire en
matériaux définitifs profitent du laxisme de l'administration
coloniale pour construire en case dans une ville où jusqu'à ces
dates, les parcelles étaient distribuées gratuitement. Ces
citadins constituent donc le reflet de la misère et de la
précarité urbaine. De même, les cases traduisent les
difficultés qu'une frange importante des citadins a pour accéder
à un logement décent.
Ces difficultés s'accentueront au fur et à
mesure que les ruraux chassés par un milieu hostile abandonnent leur
terroir pour la ville. Ils contribuent par là même à la
croissance démographique de la ville et au développement des
foyers de pauvreté en milieu urbain. Dès 1955, Niamey avec ses 12
000 habitants est le premier centre urbain de la colonie. Ce qui lui a permis
d'être érigé en commune de plein exercice en 1957. Cette
consécration met fin à la tradition de distribution gratuite de
parcelles. Désormais, les parcelles seront vendues aux citadins
désirant en acquérir. Son prix est fixé à
4000f/600m2 en 1958. Ce qui est une avancée significative dans la
valorisation du foncier urbain. Les propriétaires terriens et la
municipalité vont profiter de cette nouvelle situation pour se faire de
l'argent par la vente de parcelles. Elle affectera très peu le quotidien
des citadins démunis vivant dans les cases. Ceci, est dû d'une
part, au caractère très récent de la valorisation du
foncier et d'autre part au faible intérêt que les
32
populations accordent à cette époque à
l'accumulation foncière tant l'espace est vaste et facile à
acquérir.
Cette situation évoluera très vite à
l'accession du pays à l'indépendance. Désormais, la
spéculation foncière sera au coeur des activités
économiques. Une concurrence rude se développe entre les
propriétaires coutumiers et la municipalité dans le lotissement
et la vente de terrain. Comme on le voit sur la figure n° 1 ci-dessous. Ce
qui portera un coup dur aux habitants des cases qui jusque là
bénéficiaient des largesses des propriétaires coutumiers.
Ces citadins démunis qui continuent de peupler la ville de Niamey seront
obligés de développer plusieurs stratégies pour
répondre à la nouvelle situation.
Figure 1 : Extension de la ville de Niamey
|