2.2. Mutation socio-urbaine
2.2.1. La première phase de la mutation
Le village de Niamey situé au bord du fleuve Niger a
connu de profonds changements socio urbains à partir du 20ème
siècle. Ces changements sont liés à la présence et
à l'occupation coloniale. En effet, jusqu'à l'arrivée du
colonisateur, le village était installé le long du fleuve, sa
population était estimée à 600 habitants en 1901. Quant
à l'habitat, il était de type rural représenté par
des cases symboles de la culture Zarma- Songhay. Mais avec l'occupation
coloniale qui se traduit par la création d'un poste militaire sur le
plateau au détriment de la vallée qui accueillait jusqu'alors les
populations ; c'est toute la dynamique d'occupation du sol qui est ainsi
bouleversée. Niamey entame de ce fait, l'une des premières phases
de sa mutation socio urbaine. Elle se traduit par une extension spatiale
considérable et un changement dans l'habitat. Ainsi, contrairement aux
populations qui ont leur habitat traditionnel, le colonisateur choisit de
construire en matériaux définitifs sur le plateau contrastant
ainsi avec les cases installées le long du fleuve. Elle ouvre par
là même, une nouvelle page de l'architecture urbaine du village.
Celle-ci va s'accentuer avec la forte pression démographique née
d'un croit naturel important et des vagues de migration en direction de la
ville. Dès 1910 Niamey abrite plus de 3000 âmes. On assiste de ce
fait, à une extension spatiale considérable de la ville. D'une
part, le long du fleuve domaine de l'habitat de case et d' autre part sur le
plateau avec des maisons en matériaux définitifs. Ceci, traduit
un début d'urbanisation du village.
Mais la grande mutation n`intervient qu'à partir de
1926 .Elle fait suite à l'acte de 1924 par lequel le gouverneur
général de l'AOF Jules Brevié transfert la capitale de la
colonie du Niger de Zinder à Niamey même si son application
n'interviendra qu'à partir de 1926. Il sera accompagné
d'énormes investissements dans les infrastructures nécessaires au
fonctionnement de l'administration coloniale. On peut retenir à ce
niveau la construction de l'hôtel du gouvernement, le premier pavillon
hospitalier, le logement du quartier résidentiel, les réseaux
d'adduction d'eau et d'électricité. L'objectif ultime de ces
efforts financiers était de « bâtir entièrement une
ville nouvelle et en faire une capitale incontestée tant au plan
intérieur que régional, telle était la
préoccupation essentielle du moment » (SIDIKOU 1980). Ces objectifs
seront consolidés jusqu'en 1935, année de la grande rupture. En
effet, au cours de cette année un grand incendie ravage les six
quartiers en case installés le long du fleuve. L'administration
coloniale
somme les populations de quitter la zone du fleuve pour
s'installer sur le plateau avec obligation de construire en matériaux
définitifs. Les cases furent alors interdites de construction à
Niamey, ce qui est une grande avancée dans l'architecture urbaine de la
ville. Elle a d'ailleurs nécessité la mise en oeuvre d'un plan
d'urbanisme dès 1937. C'est sur ce plan qu'est bâtie la forme
actuelle de la ville.
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