5. CONCLUSION GENERALE
5.1. Reprise
Au terme de ce pèlerinage effectué dans la
pensée politique de John Locke, surtout en ce qui concerne le droit
de résistance, il nous a été donné de
comprendre comment il fonde la société politique. Celle-ci est
née d'une situation de manque dans l'état de nature. Les hommes
se sont rassemblés en société politique pour
remédier aux insatisfactions et aux manques de l'état de nature.
Ils ont donc choisi un juge commun pour régler les différends
entre eux et ont élu un groupe de personnes chargé
d'élaborer des lois qui puissent régir la nouvelle
société ainsi constituée. Ces lois, inspirées de la
loi de nature, en sont l'actualisation voire la perfection. Elaborées et
promulguées, les lois sont à respecter par tous les membres de la
société sans exception.
Il y a une nette répartition des tâches dans la
société politique. Elle a à sa tête trois pouvoirs
différents : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et
le pouvoir fédératif. Composé des représentants du
peuple et considéré comme étant le pouvoir suprême
de l'Etat, le pouvoir législatif a pour rôle d'élaborer des
lois. Le pouvoir exécutif, pour sa part, gouverne l'Etat et se charge
d'assurer la mise en pratique des lois. Le pouvoir législatif quant
à lui, gère les relations avec les autres Etats.
Ayant remis la direction de la société entre les
mains des individus dignes de confiance choisis par le peuple, John Locke
précise jusqu'où leur pouvoir s'étend. Il donne les
limites au-delà desquelles ne peut s'étendre leur pouvoir. Les
dirigeants sont appelés à être au service de leurs peuples
et à répondre aux exigences de leur fonction en tenant compte
d'un certain nombre de restrictions qui s'y rapportent. C'est afin de garantir
la justice sociale, la paix, la protection des personnes et de leurs biens.
Cependant, malgré toutes ces restrictions, John Locke
n'a pas été aussi naïf pour ne pas prévoir la
possibilité d'une dégénérescence du pouvoir en
absolutisme et en totalitarisme. C'est la raison pour laquelle il consacre le
dernier chapitre de son Second Traité du Gouvernement Civil à la
dissolution des gouvernements. Là, il explique longuement comment les
gouvernements peuvent être dissous s'ils ne répondent plus aux
aspirations du peuple. En dernière ressort, c'est le peuple qui juge du
maintient ou de la dissolution d'un gouvernement. Ceci explique l'importance
qu'accorde John Locke au droit de résistance que nous avons eu
à analyser dans le troisième chapitre de notre travail.
Toutefois, par ses écrits, John Locke interpelle aussi
notre temps. Irrésistiblement, nous avons été conduit
à considérer la résistance civile aujourd'hui dans le
quatrième chapitre de notre travail. Nous nous sommes autorisés
d'appeler aujourd'hui désobéissance civile, à la
suite de Thoreau. Notre souci d'appliquer la pensée de John Locke aux
situations actuelles ne découle certes pas d'un glissement forcé,
mais plutôt d'une attention particulière accordée au cours
même de l'histoire. John Locke nous aide à considérer
aujourd'hui ce qu'il a étudié en son temps ; il nous renvoie
à notre époque. C'est à nous d'étudier l'histoire
afin de voir l'évolution des problèmes et la manière sont
les hommes s'y sont pris pour apporter des solutions. C'est parce qu'il est
à constater, aujourd'hui encore, que les libertés sont toujours
menacées, les régimes totalitaires et absolus subsistent...C'est
ainsi que la pensée de John Locke sur la résistance
retentit comme une sonnée jusqu'ici actuelle. Seulement, cette
pensée doit être considérée et
considérée afin de voir la forme de résistance qui
convient à notre temps et aux situations diverses d'abus de pouvoir.
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