4.3.2. Le droit de résistance en Afrique
Dans nos pays d'Afrique, il y a eu et il y a encore des
résistances qu'opposent des populations à des lois injustes et
arbitraires des gouvernants. Ces résistances se sont manifestées
par des grèves, par des marches de protestation non-violentes, parfois
même violentes, des journées ville morte, etc. Face à la
tyrannie qui s'est manifestée sous toutes les formes et
défiées par de multiples violations, les populations ont compris
qu'il fallait quelques fois manifester contre ces violations.
On a entendu s'élever des voix des opprimés,
réagissant contre les dictatures, manifestant leur mécontentement
et leur indignation face aux abus de pouvoir. Ayant compris les
véritables causes des crises et de leurs misères, les peuples
d'Afrique ont eu à revendiquer d'une manière ou d'une autre leurs
droits.
Quoi qu'il en soit, la désobéissance civile
n'est pas suffisamment pratiquée en Afrique. Affamé, et par ce
fait même éloigné de l'espace du pouvoir politique par les
stratèges de la logique politique, le peuple coopère aussi
à la violence des persécuteurs et des oppresseurs. Bien
qu'affamé jusqu'à en mourir, il est envahi par la peur d'exposer
sa vie dans une manifestation publique, même non-violente, pour
conquérir sa liberté et regagner toute sa dignité.
Malgré sa misère et sa pauvreté qui ne font que
s'aggraver, il s'enferme dans la résignation, dans la passivité
et dans une religiosité totalement devenue un opium. A cet effet un
exemple éloquent est celui des Congolais du Congo Démocratique.
Est-ce par ignorance que notre peuple meurt ?
Sans vouloir minimiser la responsabilité des
oppresseurs, nous appelons les victimes à prendre conscience de leur
responsabilité. A savoir, « la violence du persécuteur et
la
104 Jacques SEMELIN, Pour sortir de la violence, Paris,
Les Editions ouvrières, 1983, p. 101.
coopération, active ou passive, volontaire ou
forcée, des victimes sont les deux composantes irréductibles
d'une situation de domination 106». Cette analyse n'est pas
nouvelle, parce que de son temps déjà, Etienne de la
Boétie interpellait sur ce fait dans son Discours de la servitude
volontaire. Il importe donc de réveiller toutes ces consciences qui
dorment afin qu'elles ne participent pas à leur propre destruction. Ce
travail revient entre autre à l'opposition politique. Elle a pour
tâche de dénoncer les abus et le mensonge qui minent la
société politique.
L'affirmation du droit d'opposition est un fruit de la
doctrine libérale dont la paternité est entre autre
attribuée à John Locke. C'est une idée moderne. Presque
toutes les démocraties de notre temps s'en réclament. Ce sont
plutôt des régimes rétrogrades et totalitaires qui
récusent ce droit. Il est aussi communément dit que le droit
d'opposition est un héritage idéologique de la révolution
française puisque la déclaration des droits de l'homme et du
citoyen est la première charte des libertés
politiques107. Aujourd'hui, ce droit paraît aller de soi,
surtout dans les pays occidentaux. Ce n'est pourtant pas le cas dans nos pays
d'Afrique.
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