L'explosion urbaine est un évènement majeur de
l'histoire contemporaine. Par sa rapidité et son ampleur, elle risque de
remettre en question les efforts du développement de l'humanité.
Cette explosion n'est pas sans conséquence sur les conditions de vie de
la population mondiale; à cet effet la pauvreté augmente de plus
en plus en milieu urbain avec la prolifération de quartiers
précaires surtout à la périphérie des villes. Cette
précarisation fait que les habitants de ces lieux éprouvent des
difficultés pour satisfaire leurs besoins fondamentaux de base
(accès à la santé, à l'eau potable, à
l'éducation, à l'électricité, etc.). Cette
inquiétude invite l'opinion internationale à prendre des mesures
pour contourner les éventuelles conséquences de ce boum
démographique urbain. Ainsi, l'accès à l'eau potable
constitue une priorité pour de nombreux Etats.
En effet, la situation alarmante de l'eau au plan mondial,
amène à parler de «crise de l'eau»
Elle se caractérise par:
> une inégale répartition du patrimoine
hydraulique,
> un rythme de prélèvement de la ressource plus
élevé par rapport à son renouvellement,
> une surexploitation des ressources dans certaines
régions du monde,
un manque d'eau observé ces dernières
années dans certaines localités.
> Cette situation a des conséquences très
graves selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avec par exemple
un mort toutes les 30 secondes.
> Malgré la pollution, le tarissement progressif
des nappes phréatiques et la salinisation qui en résulte, voire
même les changements climatiques annoncés, il faut savoir que la
ressource globale en eau ne va pas tellement diminuer. Le risque est
d'être confronté à une explosion de la demande, notamment
sous l'effet de la pression démographique. Si la demande en eau devient
forte, la
tentation sera grande de garder pour soi toute l'eau, voire, de
s'emparer de celle du voisin, le cas échéant par les
armes.17
En plus, les villes d'Afrique sub-sahariennes en
général et en particulier celles du Sénégal sont
marquées par un contexte de croissance démographique
accélérée, elles connaissent un processus intense
d'urbanisation. En 1960, les villes sub-sahariennes comptaient moins de 20% de
la population de la sous-région. Aujourd'hui, elles représentent
plus de 30% de cette population et en 2025 elles abriteront plus de 50% des
habitants18
Par conséquent, cette concentration humaine a
favorisé une concentration des activités
socio-économiques, une migration interne des campagnes vers les villes.
Cette concentration humaine a entraîné une demande accrue en
services sociaux de base (santé, éducation, approvisionnement en
eau potable, énergie); ce qui fait qu'elle dépasse de loin
l'offre.
De plus, les politiques d'équipements et
d'infrastructures n'accompagnent pas le rythme d'accroissement des villes. Ce
phénomène ne concerne pas seulement les pôles politiques et
économiques. La croissance des villes du Tiers-monde surtout est
dés fois liée à d'autres considérations d'ordre
social mais également religieux. Et certains pays musulmans connaissent
différemment ce problème; à titre d'exemple le
Nigéria, l'Arabie Saoudite (la Mecque), le Sénégal
(Touba).
Ainsi Touba ville sainte où l'accroissement urbain se
fait à grande vitesse. D'où les nombreux problèmes
urbains. En effet, partant de l'explosion urbaine, courbes
démographiques, pollution industrielle, consommation non
maîtrisée, sont autant de facteurs qui entravent les politiques
publiques. Dans cette ville, en d'hors des considérations politiques et
économiques d'autres convergent à savoir celles d'ordre social
mais également religieux.
Malgré ses 21 forages, Touba qui est la
deuxième ville du Sénégal voit sa population tripler pour
atteindre 3 millions de pèlerins à l'occasion du Grand Magal
mérite une réflexion profonde.
17 Gestion intégrée des Ressources en
eaux, Par M. Coly A.
18 Ba M., 2007, l'accès à l'eau potable
en milieu rural : Etude géographique de l'aire de desserte du forage de
Diamagadio dans la communauté rurale de Nganda, Mémoire de
Maitrise, UCAD/ FLSH/
De plus, tous les projets qui ont été
initiés dont la mise en oeuvre se heurte à certains
problèmes, l'équipement et la viabilisation pose une
équation; surtout que les fortes concentrations constatées
périodiquement à Touba (Grand Magal, Gamou).19
Les pouvoirs publics et locaux ont entrepris de vastes
programmes (Projet de Travaux de densification et Extension de Réseau
d'Eau Potable au niveau des quartiers de la ville de Touba) pour faire sortir
de Touba de ce goulot d'étranglement de l'eau. Mais pour le moment en
dehors des problèmes de gestion de l'existant des réalités
sociales et les pesanteurs religieuses jouent un rôle important sur les
comportements et attitudes des individus. Ainsi, la gestion de l'environnement
sur le plan de l'hygiène et de l'assainissement pose problème
dans cette ville.
En plus, au niveau de Touba au delà des questions
foncières viennent s'ajouter la desserte des infrastructures
(électrification, santé,) due à la taille de la ville.
À ces problèmes infrastructurels vient se greffer la question de
l'eau. Perçue comme une "zone franche", les populations sont
réfractaires à tout paiement de l'eau. D'une population de
130.000 habitants en 1977, Touba compte de nos jours, plus de 1 million
d'âmes20. Ce qui génère des problèmes
liés à son urbanisation, à son assainissement et à
l'approvisionnement en eau potable des populations. La gratuité de l'eau
a été une donnée constante. Avec le développement
fulgurant de la localité, la distribution de l'eau ne peut plus
être assurée de manière correcte par des forages. Des
centaines de millions FCFA sont dépensés annuellement par la
haute hiérarchie mouride pour la maintenance de ces forages. Une
commission (le Comité d'Initiative pour l'Eau de Touba) a
été créée en 2007 par Serigne Saliou pour
réfléchir sur le comment faire payer l'eau aux résidents
de la cité de Bamba. A l'époque, Serigne Saliou n'avait pas
manqué de souligner la nécessaire mutation que devait subir la
ville sainte : " Touba devra désormais être gérée
autrement". Ce qui suppose une plus grande implication des pouvoirs publics.
Serigne Bara de son côté, est en train d'opérer une
révolution silencieuse. Cette concentration urbaine et les nombreux
rassemblements humains surtout le Grand Magal font que la question de l'eau
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http://www.htcom.sn/IMG/article
PDF article1809.pdf
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http://www.htcom.sn/IMG/article
PDF article1809.pdf
demeure toujours une équation. Cette
problématique est plus visible dans les zones
périphériques où la pauvreté est très
fréquente.
En définitive, les problèmes liés
à la gestion de l'eau à Touba sont multiples et ses
conséquences sur la vie quotidienne des populations ne cessent de
s'aggraver. Cependant ces problèmes impliquent plusieurs facteurs dont
les plus saillants sont:
> L'insuffisance de moyens matériels du dispositif de
gestion de l'eau;
> La vétusté de certains équipements
hydrauliques (forages, conduites, chate d'eau) ;
> Les interventions clandestines et non réglementaires
sur le réseau AEP;
> Le problème de prise de conscience des usagers de
l'eau pour une gestion rationnelle(le gaspillage) ;
> Usages multiples de l'eau par les gros consommateurs
(boulangeries ; stations services; usines de glace)
> L'absence de réseaux d'assainissement et d'adduction
d'eau conçu dans un programme global et cohérent de planification
urbaine;
> La non maîtrise ou le non contrôle de
l'extension de la ville; > Le statut hybride de la CR
C'est dans cette perspective que nous abordons la
thématique de l'eau à Touba en nous interrogeant sur les
impacts sociaux de la gestion de l'eau sur la population dans les quartiers
périphériques de Touba?