Conclusion
Nous pouvons à présent conclure notre travail de
recherche relatif à l'impact de la privatisation sur la
souveraineté de l'Etat.
La première partie de notre raisonnement contribue
à apporter une définition des champs de compétences des
sociétés militaires privées. La typologie
réalisée permet d'évaluer le risque encouru par l'Etat
à sous-traiter tel ou tel champ d'expertise. Les sociétés
de sécurité privées se sont transformées en de
véritables viviers de compétences qui peuvent, dans une certaine
mesure, se substituer aux forces régulières. Cette
première partie fait également état de l'offre
générale proposée par les SMP. Elle permet de saisir le
rôle majeur des sociétés de type n°5. Les
sociétés de consultance telles que Xe sont au coeur de
la polémique soulevée par le débat sur la privatisation de
la sécurité. En outre, cette partie a démontré
qu'il n'existe aucune SMP française aujourd'hui capable de rivaliser
avec les géants anglo-saxons. Cette lacune française contribue
à alimenter le scepticisme des dirigeants français à
l'égard de la privatisation.
La deuxième partie nous a permis d'aborder le point
important du règlement des questions d'éthiques, d'emploi et de
remise en cause de la souveraineté de l'Etat et de l'utilité des
armées nationales. Ces questions essentielles ne pourront être
réglées par le droit uniquement. Le cadre juridique des
entreprises militaires privées doit s'accompagner d'une réflexion
politique aboutie, tant sur le plan interne, qu'au niveau des instances
internationales. Cette réflexion politique doit permettre de
redéfinir le rôle de l'Etat et des acteurs privés dans
l'utilisation de la force armée. Les outils théoriques des
Relations Internationales ont permis de définir le caractère
inéluctable de la norme de privatisation de la sécurité.
Sur les théâtres actuels, le travail conjoint des militaires et
des salariés en arme du civil tend à prouver qu'une part
importante de la Sécurité incombe désormais aux acteurs
non étatiques, tels que les firmes privées de
sécurité.
Au terme de cette étude, il paraît peu probable
que les Etats se dirigent vers une renationalisation de la violence. La
première puissance mondiale est trop largement impliquée dans le
phénomène de privatisation pour qu'il semble possible de faire
marche arrière. Pourtant, des régulations sont encore
envisageables. Il convient de les mettre en place au plus
vite. A défaut, les intérêts privés
prendront inéluctablement le pas sur la chose publique et le retrait de
l'Etat sera consommé.
La France ne semble pas encore disposée à se
saisir activement de la question de la privatisation. Si le pays participe
résolument à la plupart des grands engagements militaires de
cette décennie, il convient de souligner qu'il n'est pas encore
décidé à pénétrer le marché
privé de la guerre. La France reste attachée à
l'idée que la force armée doit demeurer du seul ressort de
l'Etat. Toutefois, le pays ne ferme pas complètement la porte aux SMP
puisque l'état français commence à externaliser des
tâches périphériques, comme le soutien logistique.
In fine, les firmes militaires sont devenues des acteurs avec
lesquels les armées professionnelles doivent compter. Concurrence ou
coopération : quels que soient les rapports qui s'établissent,
ils doivent être clarifiés au travers d'une réglementation
nationale, européenne et internationale. L'enjeu final de l'entente
entre les deux entités civile et privée n'est pas sans
conséquence puisqu'il s'agit de l'efficacité
opérationnelle de l'action militaire et de la crédibilité
politique des Etats engagés dans les conflits et la gestion des crises
régionales et internationales.
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