B. Le projet Matrix, le privé au contrôle du
privé
A la suite de nombreuses bavures commises en Irak par des
employés de SMP, le commandement de la Coalition prend la lourde
décision de créer un organe de surveillance des SMP
opérant sur le théâtre irakien. Contre toute attente, la
direction de cet organe est confiée à une autre
société de sécurité privée, la firme
britannique Aegis. De part le nombre de contrats que la
société honore sur le sol irakien, Aegis se positionne
comme la société leader en Irak. Ce nouveau statut lui
confère alors une autorité suprême. A sa
supériorité sur le marché s'ajoute à présent
sa supériorité morale.
68 AVANT Deborah D, The Market for Force, The consequences
of Privatizing Security, Cambridge, Cambridge University Press, 2001.
«320 Help Wanted MILITARY PERSONNEL. Seeking candidates with military
and/or law enforcement experience. Experience in any branch of Special Forces
is particulary welcome. Individuals must be able to work and live in a hostile
field environment for extended periods of time. Salary :
competitive»
Le projet Matrix est ainsi mis sur pied en mai 2004. Une base
de données recensant la totalité des incidents est
créée. Toutefois, l'inscription au Reconstruction Operation
Center repose sur le volontariat des sociétés. Il ne s'agit
que d'une base de données statistique, sans grand intérêt
pour le commandement américain. Sa seule utilité réside
dans le fait de calmer les autorités irakiennes.
Nous pouvons toutefois nous étonner que cet organe de
contrôle n'ait pas été confié à une
autorité morale relevant de la sphère public. Il aurait
été aisé de confier ce rôle à une commission
sénatoriale ou un groupe d'observateurs de l'ONU.
Cette volonté de l'Etat de déléguer cette
compétence au privé démontre clairement la situation
d'asservissement à la filière entrepreuneuriale.
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