Texte :
Peut-on enseigner l'entrepreneuriat ?
« L'esprit d'entreprise n'est pas une qualité
innée, mais une discipline d'esprit et d'action qui peut être
l'apanage de beaucoup pour peu qu'on les y forme et les renforce
».
(Michel Santi)
L'entrepreneuriat est un nouveau concept pédagogique,
qui n'est ni une discipline académique comme aux Etats-Unis, ni une
matière, mais une attitude (entre et prendre, saisir) consistant
à promouvoir sous différentes formes, notamment dans
l'enseignement, la démarche de création d'entreprise. Le concept
d'entrepreneuriat ne consiste pas seulement à créer sa propre
entreprise, mais à créer son propre emploi.
On ne s'improvise pas créateur d'entreprise, mais
peut-on apprendre à entreprendre ? Formation et entrepreneuriat sont
deux notions qui se combinent depuis assez peu de temps. L' «
entrepreneurship » est né dans les
universités américaines dans les années soixante. «
Dans les années 70, nos meilleurs étudiants s'orientaient vers
l'industrie et dans les années 80 vers la finance ; dans les
années 90, ils créent leur entreprise ». En France, le
nombre de formations supérieures à la création
d'entreprises a été multiplié par dix en quatre ans, (Le
Monde du 18 mai 1999) et « tout le monde s'accorde à faire des
entrepreneurs un enjeu fondamental » (Le journal du CNRS, 1988) car «
l'entrepreneur est le pivot de tout le mécanisme
économique » (C.Gide).
Pourtant l'entrepreneuriat a été longtemps
considéré comme non enseignable car ne pouvant relever d'une
démarche optimisée et reproductible à l'infini. Selon
C. Schmitt, 2003, membre de l'Equipe de recherche sur les processus innovants
de l'Institut national polytechnique de Lorraine, les premières
formations ont vu le jour à la fin des années 80 notamment au
sein d'écoles de commerce et sa généralisation au
système éducatif supérieur n'a guère plus d'une
dizaine d'années.
Deux réalités se sont construites autour d'une
finalité : la création d'entreprise. Dans ce cas, création
d'entreprise et entrepreneuriat sont synonymes. On parlera volontiers de
formation à l'entrepreneuriat. Ce type de formation est envisagé
avant tout comme la sommation de différents thèmes (aspects
juridiques, techniques, organisationnels, financiers...). Face aux limites de
cette première orientation, des formations se sont construites autour du
raisonnement suivant : l'entrepreneuriat peut être
considéré comme un processus finalisé qui se
caractérise par sa complexité ce qui implique d'envisager
différemment la façon de former. La formation et ses
différents aspects (sensibiliser, informer, accompagner) est l'une des
incitations majeure à l'entrepreneuriat.
[...] Innover et entreprendre sont deux activités
à forte valeur ajoutée, intimement liées. A. D'Iribarne,
1989, présente trois niveaux de compétences : « Les
compétences d'imitation permettant de reproduire à l'identique
des actions sans en comprendre les principes. Les compétences de
transposition, permettant, partant d'une situation donnée, de faire face
à des situations proches, en raisonnant par analogie. Les
compétences d'innovation, permettant de faire face à un
problème nouveau, donc avec une solution inconnue, en puisant dans un
patrimoine de connaissances et en recomposant à partir d'elles les
éléments nécessaires à la solution. L'individu doit
donc concevoir, rechercher et créer ». Une formation
entrepreneuriale n'aboutit pas nécessairement à des
créations effectives, mais vise à encourager des attitudes
d'autonomie, de réactivité, de capacités à traduire
des idées en projets, de travailler en équipe ou en
réseau, de développement de soi, autant de qualités
recherchées par les employeurs.
Francis. DANVERS
8ème Biennale de l'Éducation et de la
Formation.
Texte publié par l'Institut National de la Recherche
Pédagogique (INRP), 2006. Questions :
· Situer le texte
· Donner le sens des mots en gras.
· Expliquer le sens des phrases soulignées.
· Établir le plan détaillé du
texte.