I. Problématique de l'entrepreneuriat.
La naissance d'une démarche entrepreneuriale dans les
pays en développement trouve son explication dans la
problématique de la crise de l'emploi salarié et d'un contexte de
grande pauvreté. Elle participe des stratégies
développées par les populations pour faire face à la
conjoncture économique et sociale difficile.
Il renvoie à des situations
hétérogènes qu'il est presque illusoire de lui trouver une
définition consensuelle qui puisse fédérer les conceptions
de chacun. Néanmoins, il est possible d'identifier des grandes approches
conceptuelles pour mieux cerner le phénomène complexe qu'est
l'entrepreneuriat dans sa globalité.
1. Définitions selon les auteurs et les courants
de pensée.
La connaissance actuelle que nous avons du concept
d'entrepreneuriat, nous la devons aux travaux de l'économiste allemand
Schumpeter.
A. L'entrepreneur Schumpetérien.
Pour ce dernier un « entrepreneur est une personne
qui veut et qui est capable de transformer une idée ou une invention en
une innovation réussie. » Il conduit une « destruction
créatrice » dans la mesure où de nouveaux produits et
business models arrivent et remplacent les anciens. Cette destruction
créatrice est à l'origine du dynamisme industriel et de la
croissance à long terme.
L'effet de l'entrepreneuriat sur la croissance, résulte
ici, pour Schumpeter, des qualités intrinsèques que
possède l'entrepreneur, plus précisément de sa propension
à innover. Il distingue cinq cas : (1) l'introduction d'un nouveau bien
ou d'un bien de meilleure qualité, (2) l'introduction d'une nouvelle
méthode productive ou commerciale, (3) l'ouverture d'un nouveau
marché, (4) la conquête de nouvelles sources de matières
premières ou de biens intermédiaires, (5) la réalisation
de nouvelles organisations industrielles.
Par l'innovation, l'entrepreneur schumpetérien recherche
la création de nouvelles opportunités de profit. Celles-ci
peuvent découler d'accroissements de productivité. Dans
ce cas, la relation avec la croissance économique
apparaît assez clairement. Plus encore, la situation de
déséquilibre créée par l'entrepreneur peut
être une situation propice à de nouvelles innovations, à de
nouvelles opportunités de profit. Alors, plus d'entrepreneurs signifie
plus de croissance... Et plus d'entrepreneurs. Les phénomènes
s'entretiennent mutuellement6.
Par ailleurs, dans une revue récente et
détaillée de la littérature, Wennekers et Thurik (1999)
font une distinction pragmatique du concept d'entrepreneuriat afin de mieux
appréhender son impact sur la croissance. Bien que formulées
à des fins opérationnelles (d'estimations empiriques) et non
théoriques, leurs « distinctions pragmatiques » sont utiles
à l'analyse.
Ainsi, ces auteurs croisent les définitions des
qualités entrepreneuriales et managériales avec
les situations professionnelles d'indépendant et de
salariés. Voir tableau ci-dessous.
Tableau 1 : Types d'entrepreneurs
Indépendant
|
|
Salarié
|
Entrepreneurial
|
Entrepreneurs schumpetériens
|
Intrapreneurs
|
Managérial
|
Propriétaires-managers
|
Managers exécutifs
|
Source: Wennekers et Thurik (1999, p. 47).
Les qualités entrepreneuriales sont celles
correspondant à « la capacité et la volonté
manifestes d'individus, de par eux-mêmes, en équipe, en dedans ou
en dehors d'organisations existantes, de percevoir et de créer de
nouvelles opportunités économiques (nouveaux produits, nouvelles
méthodes de production, nouveaux plans d'organisation et nouvelles
combinaisons produit-marché) et d'introduire leurs idées sur le
marché, en confrontation avec l'incertitude et d'autres obstacles, en
décidant de la localisation, de la forme et de l'usage des ressources et
des institutions ». Les qualités managériales, quant
à elles, se traduisent en termes de capacité d'organisation et de
coordination (Wennekers et Thurik, 1999, pp. 46-48).
6 Source, Marcus DEJARDIN, entrepreneuriat et
croissance, une conjonction évidemment favorable? pp.1-2
Parmi les quatre situations ainsi définies, trois
correspondent à un type d'entrepreneur : l'entrepreneur
schumpetérien, l'intrapreneur et le propriétaire-manager.
Ensemble, entrepreneurs schumpetériens et intrapreneurs contribuent
à alimenter le processus de destruction créatrice
(Schumpeter, 1942). Bien que les propriétaires managers jouent un
rôle important dans l'économie en matière de production et
de commerce et peuvent se révéler être des entrepreneurs au
sens défini plus haut, leurs activités sont
généralement plus proches de la routine. Ainsi, « la
catégorie inclut-elle de nombreux franchisés,
commerçants-détaillants et personnes exerçant une
profession libérale », et ceux-ci représentent
fréquemment une grande majorité des indépendants
(Wennekers et Thurik, 1999, p. 48).
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