WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La visualisation des informations

( Télécharger le fichier original )
par Christel Morvan
CNA- cefag - master 2 management multimédia option art numérique 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II Le langage et l'image

Les possibilités d'internet et des plateformes numériques ont modifié la nature même du flux de l'information. De nouvelles modalités sont apparues, et de nouveaux besoins de la part de l'utilisateur. Mais pour l'instant, nos outils pour naviguer au sein du flux de l'information ne prennent pas en compte ce changement de paradigme. Hors, « la nature et la configuration des message dépendent des appareils qui le transmettent »37. Autrement dit, si nous n'adaptons pas nos outils pour mieux nous repérer et mieux représenter l'information, alors celle-ci risque de baisser en pertinence et en accessibilité. Internet nous offre de nouvelles possibilités, mais nous devons nous y adapter pour exploiter au maximum les potentialités de transmission que ce média nous offre. Car une multitude d'informations ne sert à rien si on ne peut les assimiler.

Mais alors, comment transmettre de l'information?

36 Le MEMEX est un ordinateur analogique théorique décrit par le scientifique Vannevar Bush dans l'article As We May Think publié en 1945 dans la revue The Atlantic Monthly. Il est a posé les fondations de l'hypertexte à l'origine du World Wide Web.

37 Le canal de la communication est constitué d'une triple dépendance : il dépend du stimuli, et donc du support qui va permettre la transmission du message, des caractéristiques de l'appareil qui les a émis, et de ses caractéristiques. La nature et les caractéristiques d'un message dépendent donc de ces appareils transmetteurs. Cf. Précis de sémiotique générale, de Jean-Marie Klinkerberg, 1997.

II - 1 Les mécanismes du langage

Pour cerner ce qui est nécessaire à une bonne transmission de l'information, revenons à l'origine de la transmission : le langage. Le langage est un outil pour transmettre un message, une information. Il permet de véhiculer le message d'une personne à une autre. Pour bien restituer l'information, la maîtrise du langage est donc nécessaire.

Généralités

Le langage est quelque chose qui nous semble naturel et inné, il nous sert à communiquer des messages, informations, idées. Mais bien que celuici semble être une chose intuitive, les mécanismes qui la composent sont nombreux et complexes, régis par des règles encrés en nous de manière inconsciente.

Si le mot « langage » nous renvoie d'emblée au langage verbal, n'oublions pas qu'il existe un nombre incalculable de langages. Citons par exemple le langage écrit, le langage visuel, gestuel. Mais aussi d'autres types de langages, comme le langage des fleurs, le langage des pictogrammes, celui des vêtements, le langage architectural... Dés qu'il y a communication, il y a langage.

On peut donc aussi parler de langages machine, puisqu'elles communiquent entre elles.

Comprendre le fonctionnement du langage est nécessaire pour savoir de quelle manière bien communiquer une information, savoir sur quels éléments porter une attention plus particulière, maîtriser ceux capables de lui nuire et de l'avantager.

En schématisant les mécanismes de la communication, on peut distinguer six grand facteurs qui le constituent :

1. L'émetteur, instance théorique,

2. et le destinataire, sont les deux facteurs sur lesquels se base la communication.

3. Le message est l'idée qui doit être transmise, ou communiquée, de l'émetteur au destinataire.

4. Le contexte qui donne un sens au message.

5. Le code, qui doit être commun à l'émetteur et au récepteur. La langue par exemple est un code.

6. Et enfin le canal, par où transite l'information.

Illustration 5: Réadaptation du schéma de la communication de Jakobson

Mais si ce schéma38 résume bien en mettant en valeur les divers éléments en présence, la nature et les relations entre ces divers instances sont loin d'être uniques et singulières.

L'émetteur, instance théorique39, peut être une personne ou une chose, c'est ce qui est à l'origine de la transmission, et donc, ce qui véhicule un message. Le message est émis de manière involontaire par l'objet, mais cela peut aussi être le cas d'une personne : on peut par exemple transmettre son stress.

De plus, un message peut être transmis par plusieurs émetteurs en même temps, le cas d'un journal est flagrant : le message véhiculé par un article provient du journaliste, du rédacteur, du maquettiste, etc... L'émetteur n'est donc pas forcément une entité simple, mais peut être la réunion de plusieurs entités.

Le message est aussi influencé par l'émetteur : par exemple le crédit accordé à un auteur aura une influence sur la véracité perçue du message.

En résumé, l'émetteur peut être volontaire ou involontaire, unique ou multiple et plus ou moins influent.

Le destinataire peut, comme l'émetteur, être une personne ou un objet : il est possible de recevoir une information d'un objet ou d'une machine, tout comme il est possible qu'un objet et une machine communiquent entre eux40, de la même manière, un humain peut communiquer avec une machine. Le destinataire peut être lui aussi unique ou multiple(dans de cas d'une communication de diffusion), et peut ne pas être en contact direct avec le message, c'est à dire le recevoir bien après sa production.

38 Ce schéma est inspiré de celui de Roman Jakobson, présent dans tous les livres scolaires, il décrit de manière simple les processus de communication.

39 L'émetteur est une instance théoriques puisque : il n'est pas forcément humain. Par exemple, une machine peut émettre un message. Autre exemple : dans le cas du langage vestimentaire, la manière dont une personne sera habillée nous communique des informations sur cette dernière. Cf. Précis de sémiotique générale, op. cité.

40 Lorsqu'une machine lit un code barre par exemple, on peut parler de communication entre un objet et une machine.

Le destinataire et l'émetteur sont inter-dépendants. Ainsi, l'émetteur adaptera son message en fonction du destinataire qu'il suppose avoir devant lui, adaptera son langage, voir utilisera un code différent. Le message sera également différent suivant que l'émetteur envisagera le destinataire comme une personne en particulier ou s'il s'adresse à toute personne dans la capacité de recevoir le message.

Le destinataire peut donc être un individu ou un objet, unique ou multiple, distinct ou plural, et a toujours une forte influence sur la forme du message, le canal et le code utilisés.

Connaître la nature du destinataire est donc la première chose à faire lorsque l'on veut transmettre un message : tous les autres facteurs de la communication doivent s'y adapter pour que le message soit retranscrit de la meilleure manière possible à commencer par le référent.

Le référent ou contexte est ce à propos de quoi on communique. Pour que l'émetteur et le destinataire se comprennent, ils doivent faire appelle aux mêmes référents. Par exemple, si l'émetteur parle d'une pomme, il fait appel à divers référents tels fruit, nourriture, rond, etc... Le destinataire pour qui la pomme fait appel aux mêmes référents visualisera la pomme de la même manière que l'émetteur. Si encore l'émetteur montrera une image de pomme, alors dans sa forme, elle fera référence au fruit, mais seulement si le destinataire reconnaît en l'image la référence de l'objet.

Il est essentiel de bien spécifier le contexte employé lors de la diffusion d'un message puisqu'il peut prendre une signification complètement différente suivant ce contexte. Par exemple le dessin d'une vache n'aura pas le même signification s'il se retrouve chez un boucher, sur un panneau de la route ou sur un abécédaire.

Le message en soi ne peut être considéré comme un facteur, mais plutôt comme à la fois le mobile de la communication et la somme des autres facteurs. Pour Jean-Marie Klinkenberg, « le message c'est au fond une portion de référent transformée par un code et dans lequel se noue l'interaction des partenaires de la communication, ce qui la rend transmissible par un canal »41.

On peut en tous cas distinguer six grandes fonctions au message.

1. La fonction émotive ou expressive, qui est centrée sur l'émetteur. Ce type de message met en évidence la condition de l'émetteur au moment où il le produit. Un cri de douleur ou le grésillement d'une ampoule sur le point de tomber en panne sont des exemples de messages à fonction expressive.

2. La fonction conative ou impérative est centrée sur le destinataire. Un message à fonction conative cherche à avoir une influence sur le destinataire, que ça soit en motivant une action de sa part, en cherchant à modifier ses actes ou ses connaissances. Une recette de cuisine, un ordre, ou un cours de géographie sont à fonction conative.

41 Voir Précis de sémiotique générale p. 53, op cité.

3. La fonction référentielle est centrée sur le référent. Le message est orienté vers le sujet. Un panneau « chutes de pierres » est par exemple référentiel. Cette fonction est vouée à diffusée une information objective.

4. La fonction phatique ou de contact est centrée sur le canal. Elle ne véhicule pas, à proprement parler, d'information. Elle vise soit à créer ou à conserver le contact entre l'émetteur et le destinataire. Le « Allo? » d'introduction dans une communication téléphonique est un message de ce type.

5. La fonction métasémiotique est centrée sur le code. C'est l'utilisation du langage pour parler du langage. Les définitions du dictionnaire sont un parfait exemple de métasémiotique.

6. La fonction poétique ou rhétorique est centrée sur le message luimême. C'est la manière dont le message est formulé qui compte. Un jeu de mot par exemple est un message à fonction poétique ou rhétorique. Cette fonction ne s'applique pas qu'à la langue. Un pas de danse par exemple a fonction poétique : il s'agit de détourner la fonction primaire du pas, aller d'un point A à un point B, pour transmettre un message.

Mais ces fonctions ne doivent pas être considérées comme fixes et rigides : la frontière entre celles-ci est souvent confuses. La plupart du temps, le message transporte une information. Hors, véhiculer une information revient en quelque sorte à modifier les connaissances du destinataire, ce qui renvoie à la fonction conative.

On peut donc dire que plusieurs fonctions existent dans une communication.

La multiplicité des codes et des canaux de diffusion

Les deux autres facteurs importants de la communication sont le canal et le code. La diffusion sur support numérique implique de maîtriser ceux-ci de manière plus particulière et spécifique.

Le canal est le moyen physique par lequel le message est transmis. Le langage peut ainsi avoir divers canaux possible, oral, visuel, auditif... Ces canaux ont chacun leur typologie, et certains sont à privilégier par rapport à d'autres suivant le message qui doit être transmis.

Le canal est défini par trois facteurs :

· il dépend des stimuli, c'est à dire de la nature des ondes transmises (ondes sonores, électriques, lumineuses, etc...), et donc du support qui va permettre cette transmission (comme l'air qui est le support des ondes sonores).

· De la nature de l'appareil émetteur (la bouche, le corps, etc...)

· De la nature de l'appareil récepteur (les yeux, les oreilles, etc...) La puissance du canal dépend donc directement des capacité d'émission

mais aussi de réception, autrement dit de la vitesse et la faculté de traitement des stimulus.

Les canaux énumérés précédemment sont des canaux dits naturels, c'est à dire présents chez l'homme. Mais quand deux individus sont éloignés, il peuvent tout de même communiquer en utilisant des intermédiaires, c'est à dire des canaux artificiels de communication, comme le téléphone, le télégramme, ou l'ordinateur : ce sont des interfaces physiques. Ces canaux peuvent aussi servir à la conservation de l'information, autrement dit à la mémorisation (le livre est donc un canal de communication artificiel).

Certains canaux sont ainsi plus puissants que d'autres : par exemple, le canal auditif permet de traiter peu d'informations à la fois. La plupart du temps, la transmission par le son s'effectue de manière linéaire, une information après l'autre : elle dépend du temps. Le canal visuel, quant à lui, permet le traitement simultané d'un nombre important d'informations, il dépend de l'espace. Ecouter les informations à la radio et les lires dans un journal admettent des modalités de lectures totalement différentes : dans le premier cas il faut écouter toutes les informations avant d'atteindre celle qui nous intéresse, alors que dans le deuxième cas, on peut aller directement à l'information cette dernière.

Pour qu'un message soit émis correctement, il faut donc prendre en compte de la force du canal, mais aussi de la disponibilité des appareils qui vont recevoir le message et la viabilité du support de transmission. En cas de dysfonctionnement d'une des composantes du canal, les informations transitant le long du canal risquent d'être détériorées. Ces facteurs de dysfonctionnement se nomment le bruit. Dans le cas d'une transmission par le canal auditif, si des hauts-parleurs sont défectueux, alors il y a dysfonctionnement de l'appareil émetteur, si le message est émis dans un environnement bruyant, c'est un dysfonctionnement du support de transmission, et enfin si le destinataire est mal-entendant, alors il s'agit d'un dysfonctionnement de l'appareil récepteur.

Le code est un ensemble de règles permettant d'attribuer une signification particulière aux éléments du messages qui sont transmis. Autrement dit, le code permet de traduire les stimulus (les ondes transmises par le canal de la communication, vu plus haut) en éléments porteurs de sens, suivant une convention bien précise.

Si le canal définit comment le message sera transmit, alors le code définit comment il sera transmit.

Pour que la communication se fasse, émetteur et destinataire doivent disposer du même code. Dans les langages machine c'est le cas : pour que deux programmes puissent communiquer entre eux, ils doivent forcément disposer du même code. Mais entre humains, les codes utilisés ne sont pas forcément les mêmes, ils varient souvent d'une personne à l'autre, de la même manière que le référent.

Les exemples de codes sont aussi variés que le sont les exemples de langage : il y a le code de la route, le code pénal les codes gestuels, les codes

vestimentaires, les codes gestuels, le code du morse, etc...

Mais l'emploi du code et du canal dans la communication ne s'arrête pas à une relation simple et linéaire : ils s'entrelacent, co-existent, se répètent, le soutiennent et interagissent entre eux. Dans une conversation, il est fréquent de voir plusieurs codes co-exister, l'usage de la parole étant par exemple souvent appuyé par des gestes. De même, un dialogue peut utiliser à la fois des codes linguistiques et sociaux.

Le message est souvent diffusé plusieurs fois en même temps, avec différents codes et différents canaux, c'est ce qu'on appelle la redondance.

Il existe plusieurs types de redondance :

· l'intracodique, qui utilise plusieurs fois le même code.

· l'intercodique, lorsque des codes différents sont employés.

· celle utilisant le même canal.

· celles sur un canal différent.

Pour éviter qu'un message ne soit détérioré par du bruit, le message peut être répété sur d'autres canaux, en utilisant la redondance. Dans certains lieus par exemple, le feu du passage piéton est indiqué à la fois de manière visuelle et sonore. Pour autant, pour un non-voyant, il n'y a pas redondance puisque celui-ci ne peut apercevoir que l'information qui transite par le canal auditif.

Mais la redondance n'existe pas seulement pour palier eux éventuels problèmes de bruit. Elle est là aussi pour appuyer le message et le rendre plus évident. Certains objets par exemple communiquent leurs fonctions sur différents canaux simultanément, et avec des codes différents. C'est le cas des pièces de monnaie : on les reconnaît à la fois par le biais du canal visuel, dans la forme, la taille, la couleur, le dessin, et les indications écrites, puis par le canal sensoriel, dans la froideur du métal, les reliefs, le poids.

Le passage du code d'un canal à un autre impose une phase de transformation. Il ne faut pas oublier que la nature du canal impose un champ d'action imposé : on ne peut transmettre un son par le canal auditif. Le code doit donc être adapté. Cette adaptation se nomme le transcodage. Le transcodage permet d'adapter facilement un code aux variations qu'imposent le destinataire, ou encore de le cas où le canal deviendrait défectueux. Le cas de l'écriture en braille est un parfait exemple de transcodage : il s'agit en effet d'adapter l'écriture du canal visuel au canal du toucher. Le transcodage désigne aussi le fait de faire passer un message sur un canal artificiel, sur un ordinateur par exemple.

Le transcodage permet d'utiliser les canaux de manière optimale et de relever le niveau de redondance des énoncés. Cela signifie que pour faire passer un message, l'émetteur peut utiliser à volonté un canal plutôt qu'un autre. Un automobiliste par exemple, peut signaler sa présence aussi bien par un coup de phare que par un coup de klaxon.

Comme dans le cas de la pièce de monnaie, on observe aussi que le transcodage peut être utilisé pour passer d'un code à un autre code sur un

même canal. Pour en revenir aux canaux artificiels, le passage d'un code informatique à un autre est aussi une forme de transcodage.

Le transcodage permet également de transmettre un message avec un objectif différent : le passage de la transmission orale - qui permet seulement un échange entre des partenaires en contact - à l'écrit permet non seulement de mémoriser l'information, mais aussi de continuer à la transmettre même si l'émetteur du message n'est plus présent. L'imprimerie a justement permis d'augmenter les performances de cette technique, en la rendant encore plus rapide, plus efficace, et surtout plus accessible.

Le canal peut donc être employé de manière multiple pour transmettre un message, mais il peut aussi être employé dans les deux sens. La plupart du temps, la communication ne se limite pas à envoyer un message à un destinataire. L'orateur observe la réaction de son auditoire et adapte son discours en fonction de cette dernière. C'est ce qu'on appelle le feed-back. Cela signifie qu'au moment même où le destinataire reçoit un message il en transmet un autre, et a donc une influence indirecte sur la nature même du message.

Le signe

Pour communiquer un message, nous utilisons des signes. Le signe est le substitut d'un objet ou d'une chose, permettant de les désigner, de les manipuler en leur absence. Le signe est donc différent de la chose et n'a pas le mêmes propriétés : la différence entre une lampe et l'image d'une lampe est que cette dernière ne peut éclairer, l'image d'une poule ne peut pondre des oeufs, etc...

En conséquence, le signe induit une distance : c'est une représentation, une abstraction. Il peut se présenter sous la forme d'une une image, d'un mot, etc... Un chèque par exemple est un signe puisqu'il est le substitut de l'argent liquide qu'il représente. De la même manière, le billet de banque est un signe puisqu'il est le substitut des biens que l'on peut obtenir avec. Le signe est donc une instance immatérielle, abstraite, qui remplace des objets.

Le signe permet donc, de par sa nature, de communiquer sur des choses dont on a pas l'expérience directe. Une carte peut bien représenter des pays que l'on a jamais visité, tout comme une photographie d'ailleurs. Il est aussi possible d'utiliser des signes pour représenter des objets irréels, qu'il s'agisse de pensées, de sensations, ou bien de créatures imaginaires.

Le signe nous permet donc de manipuler plusieurs réalités différentes de la même manière, car c'est grâce à la substitution qu'il opère que l'on peut transmettre toutes sortes d'idées sur un même code et un même canal de communication.

Mais pour faire le lien entre le signe et l'objet auquel il renvoie, il faut utiliser et connaître des codes. Les codes établissent les correspondances entre l'objet et son substitut : en confrontant le signe avec un objet déjà connu, autrement dit en établissant une comparaison, on peut se représenter le signe mentalement. C'est à dire faire le parallèle avec son équivalent en

tant qu'objet ou chose. Le code donne donc son statut au signe.

Pour comprendre à quoi un signe fait référence, il est donc nécessaire d'établir diverses comparaisons.

En faisant ce lien, nous établissons les réalités qui nous entourent. Le signe ne nous sert alors plus seulement de substitut : il sert aussi à nous représenter les choses dans leur ensemble, à structurer et catégoriser le monde. Les comparaisons nous permettent ainsi de déterminer des échelles sur lesquelles les signes vont ensuite se positionner : lorsque l'on parle de hauteur, on implique les notions de haut et de bas.

Pour expliquer ce phénomène, Umberto Ecco42 nous propose un exemple d la vie de tous les jours. Il s'agit d'un patient qui va voir un médecin. Ce patient explique qu'il souffre d'un « mal au ventre ». L'état « mal » suppose en lui-même qu'il existe un état « non mal » tout comme l'emploi du mot « ventre » suppose qu'on puisse « avoir mal » à autre chose.

Les échelles crées par le biais des signes nous servent à situer les diverses sollicitations qui nous viennent de notre entourage, et aussi de les retranscrire.

Sans ces échelles, il serait impossible de décrire ce qui nous entoure. Par exemple il est facile de savoir à quoi renvoie la couleur rouge, mais en soi, le rouge n'est qu'une longueur d'onde. C'est en attribuant un signe particulier (le mot « rouge ») à cette longueur d'onde qu'elle devient une couleur. L'emploi du signe « rouge » renvoie alors directement à sa correspondance dans la réalité. Dans la nature, de telles subdivisions n'existent pas. C'est par cette attribution que nous découpons la réalité en « unités discrètes ». Séparées les unes des autres, les unités sont plus faciles à distinguer et donc à désigner.

Les échelles sont communes à une culture, autrement dit, elles renvoient à des conventions collectives. Le signe « rouge » représentera la même chose pour quiconque utilisera ces mêmes conventions : elles sont donc nécessaires à la communication. On peut donc dire que le découpage de l'univers n'est pas arrêté : il dépend à la fois des connaissances, d'une culture, et des valeurs utilitaires définies par celles-ci43.

Il existe des conventions explicites, c'est à dire où la correspondance entre le signe et ce à quoi il renvoie est clairement et préalablement établi (comme c'est le cas pour le rouge). Et des conventions implicites, c'est à dire où les règles de correspondances ne sont pas écrites mais inscrites de manière inconsciente dans notre cerveau. Ce sont les habitudes qui forgent ces dernières. Par exemple, le chant du coq présuppose que le soleil est, ou est en train de se lever.

Les conventions explicites sont déterminées par ce que l'on appelle la

42 Cet exemple est tiré du livre d'Umberto Ecco, Le Signe, histoire et analyse d'un concept, paru pour la première fois en 1971, dans lequel il explique les nombreuses théories de la signification et du signe.

43 Par exemple, si le rouge a été défini comme une unité, c'est parce qu'à un moment donné, on a ressenti le besoin de le représenter.

« décision sémiotique »44. C'est cette décision qui fait que l'on attribue un signe à une signification, à un phénomène physique.

De même, une signification n'est établie qu'en fonction du contexte où le signe est présent. Par exemple, le feu rouge signifie qu'il faut s'arrêter mais uniquement pour une personne qui se tient au volant.

Ensuite, on peut distinguer plusieurs types de signes en fonction de leur motivation, c'est à dire en fonction de la modalité abordée pour retranscrire l'objet :

· Les indices sont des signes motivés par contiguïté. Il sont en quelque sorte une trace de l'objet, l'indication de son existence, son produit. Par exemple, la fumée est un indice de feu, l'odeur de nourriture indique un plat chaud...

· Les icônes sont des signes liés par discontinuité. Ils sont crées par mimétisme à l'objet, mais ne sont pas liés à celui-ci. Une photocopie, une carte, l'imitation d'un cri d'oiseau sont des icônes.

· Les symboles sont des signes arbitrairement crées par des découpages correspondants et non découpables. Exemple : le noir est un symbole du deuil, la balance symbolise la justice. Les symboles sont dépendants d'une culture donnée.

Le signe remplace donc le ou les objet(s) qui sont énoncés dans le message. L'assemblage (la syntagme45) des signe dans un contexte précis insuffle la signification à un message46. En langage, les signes sont des mots : le mot pomme est un substitut de la pomme et permet d'énoncer celleci dans le message : « j'ai mangé une pomme ». Le moyen le plus couramment utilisé pour transmettre une information est le texte.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery