8. Modèle théorique d'analyse
Trois modèles théoriques d'analyse sont souvent
proposés afin de comprendre le rôle, la place de la
médecine traditionnelle dans la société africaine
actuelle, mais aussi, et surtout dans le but "d'interpréter les
résistances, oppositions, incompréhensions, rejets du
système de santé colonial à l'égard des
systèmes traditionnels de santé "(Fontaine, 1995, p.90). Il
s'agit de l'évolutionnisme, du diffusionnisme et du fonctionnalisme.
Le modèle évolutionniste se fonde sur une
théorie élaborée dans le cadre d'une philosophie de
l'histoire qui met l'accent sur le fait qu'une société doit
passer par différents stades de développement la conduisant au
«progrès». Dans cette perspective, on a souvent
"imaginé le modèle médical occidental,
entraîné dans sa démarche de progrès scientifique en
devenir d'un aboutissement jamais atteint"(Fontaine, 1995, p.90). A
l'époque coloniale, la médecine moderne, forte de la conviction
de sa supériorité, ne pouvait donc se compromettre en s'ouvrant
à d'autres pratiques historiquement situées en amont de sa propre
évolution, comme la tradithérapie était supposé
l'être. Le modèle évolutionniste a donc pendant longtemps
justifié "la primauté de la médecine occidentale, vers
laquelle tout autre pratique de santé devait tendre en se transformant
ou disparaître"(Fontaine, 1995, p.51). Dans cette perspective, la
médecine traditionnelle doit conquérir sa validité en
épousant les principes de la médecine moderne.
Sur le plan médical, le diffusionnisme poserait le
problème des processus mis en branle par la diffusion de « traits
culturels» dans le domaine des soins de la maladie. "Ce modèle va
inaugurer la problématique de l'acculturation"(Fontaine, 1995,
pp.91-92).
La valorisation va-t-elle entraîner une évolution
de la médecine traditionnelle dans l'hôpital traditionnel
«la maison de la feuille'', et aboutir à un
rapprochement étroit avec le modèle occidental de
la médecine ? Le point de vue diffusionniste, met l'accent sur les
processus de transformation par contact.
Une approche fonctionnaliste peut par exemple consister
à "chercher à comprendre les relations existant entre le
guérisseur et les autres éléments (pouvoir, savoir,
relations avec le malade, traitement ...) du système de santé et
d'expliciter la fonction de ces relations " (Fontaine, 1995, p.94).
L'approche fonctionnaliste permettrait aussi de se demander: quels
rapports nouveaux, la valorisation de la médecine traditionnelle,
introduit-elle entre les différents éléments composants le
système médical traditionnel ? La fonction du guérisseur
change-t-elle ou reste-t-elle identique dans le cadre de la valorisation ?
Cependant, dans le cadre de ce travail, l'analyse dynamiste de
Balandier nous semble plus appropriée pour éclairer les
problèmes que pose la valorisation de la médecine traditionnelle.
Elle a l'avantage d'intégrer les questions posées à la
fois par l'évolutionnisme, le diffusionnisme et le fonctionnalisme.
C'est pourquoi, elle sera retenue comme modèle théorique
d'analyse.
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