2. Hypothèses:
Deux hypothèses, constituent les réponses
anticipées à cette question de recherche :
Hypothèse 1:
La perception sociale du malade et de la maladie est fortement
influencée par la valorisation de la médecine traditionnelle
à `'la maison de la feuille''.
Hypothèse 2:
La valorisation de la médecine traditionnelle favorise de
nouvelles pratiques thérapeutiques à «la maison de la
feuille''.
3 . Objectifs de recherche
A travers cette étude, nous dépasserons la vision
de la médecine traditionnelle comme réalité statique.
Spécifiquement il s'agira de :
Objectif 1 :
- Cerner la dynamique des perceptions sociales du malade et de
la maladie à travers la valorisation de la médecine
traditionnelle jà «la maison de la feuille''.
Objectif 2 :
- Montrer les règlements, la structuration, le
fonctionnement qui caractérisent l'hôpital traditionnel «la
maison de la feuille'' et leurs influences sur la nature de la médecine
traditionnelle qui y est exercée.
4. Cadre conceptuel
Ici, nous allons apporter un éclairage aux concepts
clés qui structurent cette étude. Pour ce faire, nous partirons
de la littérature pour ensuite donner le point de vue que nous avons
adopté.
- Médecine traditionnelle
Il existe une véritable confusion terminologique
à propos de la médecine traditionnelle. En effet, des notions
comme : pharmacopée, médecine douce, médecine naturelle,
phytothérapie, médecine parallèle sont utilisées
pour caractériser la médecine traditionnelle. Certains même
vont jusqu'à parler de « médecine primitive ou de
médecine archaïque». La plupart de ces terminologies ne
permettent pas une vision satisfaisante de la médecine
traditionnelle.
Parler de médecine ((primitive)) ou
((archaïque)) reviendrait à, cautionner une conception
évolutionniste qui déprécie la médecine
traditionnelle par rapport à la médecine moderne qui serait
supérieure.
En ce qui concerne les appellations : médecine douce,
médecine naturelle, phytothérapie, elles reflètent
chacune, un des aspects ou spécificité de la médecine
traditionnelle, mais aucune prise isolément, ne permet de définir
la tradithérapie dans son ensemble.
Ce sont donc des termes réducteurs. La
phytothérapie fait référence à cette dimension de
la médecine traditionnelle qui est relative au traitement des maladies
par les plantes mais occulte tous les autres aspects de la tradithérapie
; de même que les termes, médecine douce et médecine
naturelle se rapportent à cette spécificité des cures
traditionnelles consistant à employer des produits issus de
l'environnement naturel pour soigner, contrairement à la médecine
moderne qui utilise des produits de l'industrie chimique pour les soins de
santé.
Quant à la notion de médecine parallèle,
elle recouvre, toutes les pratiques médicales non conformes à la
médecine moderne. Il s'agit donc d'une notion ambiguë, car des
pratiques qui n'ont rien à voir avec la médecine traditionnelle
peuvent y être inclues.
La médecine traditionnelle ne doit donc pas être
caractérisée à travers des terminologies comme:
médecine douce, médecine naturelle, médecine <<
primitive>> ou << archaïque >>, médecine
parallèle, qui ne peuvent la définir.
Notons cependant qu'une des définitions les plus
répandues et certainement la plus acceptée de la médecine
traditionnelle, est celle donnée par les experts de l'OMS. Pour eux, la
médecine traditionnelle, c'est "l'ensemble des connaissances et
pratiques, explicables ou non, utilisées, pour diagnostiquer,
prévenir ou éliminer un déséquilibre physique,
mental ou social en s'appuyant exclusivement
sur l'expérience vécue et sur l'observation
transmise de génération en génération oralement ou
par écrit" (OMS,1976, p.3)
Cette définition de l'OMS nous semble conforme à
notre conception de la médecine traditionnelle, comme système
médical constitué par l'imbrication du social, du culturel et du
thérapeutique.
Cependant, il nous faut maintenant préciser les
différents indicateurs qui puissent nous permettre de comparer notre
type-idéal de médecine traditionnelle, avec la
tradithérapie telle que pratiquée dans le centre. Pour ce faire,
nous allons nous appuyer essentiellement sur les travaux de M. Fontaine et E.
De Rosny.
Fontaine, dans l'analyse de ce qu'il appelle la socio-culture
africaine, dégage six niveaux structurels correspondant chacun à
un sous-système de la médecine traditionnelle. Chacun de ces
niveaux nous semble pertinent pour constituer un indicateur susceptible de nous
permettre d'opérationnaliser notre vision de la médecine
traditionnelle.
La technologie : Ici, il faut dire qu'au "niveau
technologique, la médecine traditionnelle va être en harmonie et
en continuité avec l'environnement," (Fontaine, 1995, p.132).
L'économie : Il s'agit du mode de rétribution
des prestations médicales. Notons que, "le système traditionnel
met l'accent sur une rétribution qui valorise plus l'être que
l'avoir (reconnaissance, respect, activité souvent parallèle
à une activité de subsistance) " (Fontaine, 1995, p.133).
Le politique : Nous pouvons retenir que "dans le
système traditionnel, la notion de pouvoir concomitante au politique,
est inscrite dans un schéma de relations continues et directes. Ce
pouvoir du guérisseur s'appuie sur des forces et des procédures
qui communiquent avec l'univers de référence des chefs religieux
" (Fontaine, 1995, p.133). Pour mettre l'accent sur l'importance du pouvoir au
niveau de la médecine traditionnelle, certains vont jusqu'à
affirmer que les
guérisseurs "doivent leur prestige plus encore à un
pouvoir social qu'à un savoir " (De Rosny, 1992, p.31).
La parenté : C'est un indicateur qui permet de
percevoir la dimension sociale de la médecine traditionnelle, En effet,
"la médecine traditionnelle trouve dans le système de
parenté une valorisation du communautaire et du solidaire " (Fontaine,
1995, p.134). L'importance de la parenté est aussi
souligné par De Rosny (1992, p.31), qui montre que "la présence
de certaines personnes de la famille, on le devine, revêt une
signification capitale " pour la guérison du malade au niveau de la
tradithérapie.
La personne : Ici, nous retiendrons que "le système
traditionnel (de médecine) se fonde une approche psychosomatique du
malade. " (Fontaine, 1995, p.134). En médecine traditionnelle, "les
affections ne sont, de ce fait, que rarement traitées par la seule voie
pharmacologique, mais presque toujours par la voie psychothérapeutique"
(Sillans et Gollnhoffer, 1975, p.288).
Représentation du monde : La médecine
traditionnelle se fonde sur une représentation du monde, une philosophie
de la vie, de la mort, de la maladie qui se reflète au niveau des
traitements. Ainsi, au niveau de la cure "la médecine traditionnelle
cherche à rétablir un équilibre, une harmonie
perturbés par la maladie" (Fontaine, 1995, p.134).
En bref, la nature de la technologie utilisée, le mode
de rétribution des prestations sanitaires, la distribution du pouvoir
entre les divers acteurs du centre, mais aussi la place accordée
à la parenté dans les pratiques médicales, la conception
de la personne malade ainsi que les représentations de la maladie et de
la guérison nous servirons de repères pour appréhender la
valorisation de la médecine traditionnelle ce centre.
- Valorisation : Nous entendons par ce
concept, un processus visant à améliorer la valeur de quelque
chose (Larousse, 1991).Dans le cadre de ce
travail, cette chose est la médecine traditionnelle. La
valorisation de la médecine traditionnelle est donc ici un processus
d'amélioration de la médecine traditionnelle.
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