CONCLUSION GENERALE :
L'assainissement des eaux usées fait partie aujourd'hui
des grands problèmes d'insalubrité que connaissent les pays
pauvres notamment ceux d'Afrique subsaharien.
A Thiès notamment à DVF, les eaux usées
domestiques qui concernent cette étude, souffrent de leur
évacuation adéquate. Elles sont déversées le plus
souvent dans la rue, faute d'un réseau et d'un raccordement suffisants,
du fait de la cherté de l'assainissement. A titre comparatif des
disparités énormes existent entre les localités,
Thiès dispose de 75km de linéaire, d'une STEP et d'une station de
pompage, là où Dakar bénéficie de 657 km de
linéaire, de 41 stations de pompage et de 2 STEP20.
Dans les pays sous développés, les
schémas d'assainissement sont définis sans tenir compte des plans
d'aménagement lorsque ces derniers existent. En effet, la ville de
Thiès se distingue par un étalement urbain sans
précédent avec la naissance de nombreux quartiers
périphériques localisés dans la Communauté Rurale
de Fandène. Cet étalement urbain au delà des conflits
fonciers qu'il entraine entre les deux collectivités, ne prend pas en
compte l'accès ou la couverture de ces nouveaux quartiers en
équipements destinés à la collecte des ordures à
l'assainissement des eaux usées.
A cela, il faut ajouter le faible niveau de vie des
populations qui ne permet pas l'accès facile à l'assainissement.
Ce qui réduit le taux de raccordement au réseau d'égouts
et par conséquent une sous-utilisation de la STEP qui ne fonctionne
aujourd'hui qu'au 1/10 de sa capacité nominale (3000m3/j),
d'où la mauvaise prise en charge des eaux usées domestiques.
Tel a été l'objet de notre étude faite
à DVF.
L'étude sur le sujet « approvisionnement en eau
potable et évacuation des eaux usées domestiques dans la ville de
Thiès : cas du quartier de DVF » avait pour objectif principal de
montrer :
+ le mode de gestion des eaux usées domestiques.
Dans ce cadre une étude a été menée
sur le terrain, dont les finalités étaient d'étudier :
> le niveau de vie des populations ;
> les modes d'approvisionnement en eau potable et les usages
;
> les modes d'évacuation des eaux usées
domestiques ;
20 Textes de base sur l'environnement au Sénégal
2eédition 2005 version 2.0
> les pratiques individuelles des populations et leur
perception des risques liés aux rejets intempestifs des eaux
usées dans l'espace public.
L'étude de ces questions résulte des enquêtes
qui ont été menées auprès des ménages et au
niveau des différentes structures responsables de cette question.
De l'analyse des résultats, les conclusions suivantes sont
retenues :
L'approvisionnement en eau potable dans la zone se fait de
manière régulière avec un taux d'accès en phase
avec les objectifs fixés dans les OMD en ce qui concerne
l'approvisionnement en eau potable des zones urbaines. Cependant, les
études ont montré une proportion de la population qui
s'approvisionne toujours à partir des bornes-fontaines. La
facilité de l'accès à l'eau potable dans la zone a
entrainé une multiplicité des usages domestiques, mais n'a pas
été accompagnée par la mise en place de réseaux
d'égouts suffisants.
La mauvaise évacuation des eaux usées
domestiques dans la zone est due au faible niveau de vie des populations (plus
de 50% ont un revenu mensuel inférieur à 100000f CFA), à
la cherté de la tarification de l'accès au réseau
d'égouts (les modalités n'ont pas tenu compte des aspects socio
économiques des populations et de la configuration de l'habitat
africain). Ce qui est à l'origine du faible taux de raccordement
à l'égout.
Concernant l'accès à l'assainissement et au
réseau d'égouts, les données ont montré que la
priorité est toujours accordée à l'approvisionnement en
eau potable alors que tout logement raccordé à l'eau potable doit
disposer d'un système d'évacuation adéquat des eaux
usées.
Les paramètres étudiés avec la grille
démographique ont montré que le niveau d'instruction assez bon ne
reflète pas les comportements inciviques observés dans la zone
avec les rejets fréquents d'eaux usées dans la rue. On pourrait
dire que la population est comme insensible à l'hygiène
collective.
La structure de l'habitat à travers le statut foncier,
les types de construction entre autres ont montré un léger
attrait à la modernité à DVF. Mais il convient de signaler
l'existence partielle de lotissements spontanés rendant difficile la
mise en place de canalisations pour le raccordement au réseau
d'égouts. La remarque faite à l'intérieur de l'habitat est
que dans la plupart des ménages africains notamment
sénégalais, pour des raisons d'ordre socio-culturel, les
toilettes sont derrière le logement, augmentant ainsi la
probabilité de non raccordement parce que leur distance par rapport
à la canalisation principale peut faire facilement 20m.
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![](Approvisionnement-en-eau-potable-et-evacuation-des-eaux-usees-domestiques-dans-la-ville-de-Thies111.png)
Babacar Diouf mémoire master II 2010/2011
![](Approvisionnement-en-eau-potable-et-evacuation-des-eaux-usees-domestiques-dans-la-ville-de-Thies112.png)
Deux systèmes d'assainissement sont observés
dans la zone : un système d'assainissement collectif de type
séparatif et un système de type individuel ou autonome. Ce
dernier est le plus représentatif avec 85,50% des ménages de la
zone.
Face à cette situation, les populations adoptent des
pratiques de survie qui génèrent parfois des comportements
nuisibles à la santé et à l'environnement.
En effet, les résultats obtenus avec les enquêtes
ont montré que les eaux usées mal évacuées peuvent
être à l'origine de beaucoup de maladies observées en
milieu urbain telles que le paludisme, le choléra, la diarrhée
etc., mais également ont des impacts sur l'environnement à
travers la pollution du sol et les odeurs méphitiques.
Les comportements des populations ont joué
également un grand rôle dans cette situation, les habitants
privilégient l'espace privé de leur concession au
détriment de l'espace public.
Les moyens limités affectés à ce secteur
d'assainissement urbain ne sont pas en reste. La plupart du matériel
utilisé est importé et coûte cher, ce qui va se
répercuter nécessairement sur les coûts d'accès.
Pour pallier cette situation, les populations estiment qu'il
faut passer nécessairement par des campagnes d'information,
d'éducation et de sensibilisation mais surtout adapter les frais de
raccordement au réseau d'égouts au niveau de vie des populations
si les autorités veulent vraiment apporter un changement dans la
situation.
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