B- POLITIQUE TOURISTIQUE
Selon l'Organisation Mondiale du
Tourisme (OMT), en 2015, le tourisme va être l'une des
activités économiques les plus rentables du monde, car en 2005,
les revenus du tourisme international donnent près de 19 milliards $ US
aux économies de la Caraïbe insulaire et son nombre d'emplois
passait de 400.000 en 1990 à 2,5 millions en 2001. Le tourisme est
devenu une activité primordiale dans la plupart des économies de
la région et ses recettes peuvent facilement couvrir plus de la
moitié du PIB, comme à Sainte-Lucie 64%, Antigua & Barbuda
74%, les Iles Vierges 82%, les Iles Turks & Caïcos 91% et ces revenus
connaissent des progressions significatives dans les nouvelles destinations
comme Cuba ils atteignent le niveau de 1 915 millions de $ US en 2004 contre
963 une décennie plus tôt et la République Dominicaine de
900 millions de $ US en 1990 à 3 180 en 2004. Haïti est le pays le
plus pauvre de l'hémisphère ouest et son économie n'a pas
une très grande capacité de production. Cette dernière
représente un obstacle majeur pour Haïti de prendre la voie de la
mondialisation. Cependant, elle doit intégrer coûte que
coûte la libération des marchés.
Haïti importe presque tout et elle exporte le
café, le coton, le cacao, la mangue
« madame francisque ». Le secteur secondaire ne
fonctionne pas trop bien avec une sous-traitance ayant du plomb dans l'aile.
Pour atténuer les pressions que le dollar américain fait sur la
gourde et arriver à équilibrer la balance des paiements du pays,
le pays doit développer son secteur tertiaire avec une bonne politique
tournée vers les services où les clients sont rois car pas mal
des pays de la ZLEA montent leur économie sur la vente des services
touristiques et en gagnent beaucoup.
Durant les périodes allant de 1949 à 1956,
Haïti a connu une expansion dans ce secteur. Ceci était dû
à l'Exposition du Bicentenaire de Port-au-Prince, qui a engendré
la construction de plusieurs hôtels plus ou moins décents et
l'aménagement de plages superbes sur les « Côtes des
Arcadins ». En outre, tout ceci a attiré beaucoup de
touristes étrangers et locaux.
a) Énumération des ressources
touristiques disponibles en Haïti
Haïti a une très grande
potentialité touristique. C'est pourquoi, nous allons essayer
d'énumérer quelques sites touristiques du pays :
Ø La Citadelle du Roi Henri CHRISTOPHE au
Cap-Haïtien ;
Ø Les Côtes haïtiennes pour le tourisme
balnéaire ;
Ø Le Carnaval haïtien ;
Ø L'artisanat haïtien ;
Ø La peinture haïtienne ;
Ø Le Musée Colonial Ogier FOMBRUN à
Montrouis ;
Ø Le Parc de la Visite ;
Ø La Cathédrale de Saint-Marc ;
Ø Les Chutes de Saut d'eau à Ville Bonheur qui
est un lieu de pèlerinage ;
Ø Les Maisons rurales haïtiennes ;
Ø Le Palais Sans-Souci à Milot ;
Ø Les Fortifications de Fort-Liberté ;
Ø La baie de Labadie au Cap-Haïtien ;
Ø Les Chutes de Bassin Bleu à Jacmel ;
Ø Marine naturelle se trouvant dans la zone de
Carénage et Pointe La Pomme ;
Ø Villages des Pécheurs se trouvant dans la zone
de Coridon et Anse-Rouge pour l'aménagement des restaurants
spécialisés en fruits de mer ;
Ø Conditions agréables dans des zones
comme : Jacmel ; Montrouis , Passe-Reine, Bassin-Magnan,
Terre-Neuve, Labadie, Les Cayes, etc. ;
Ø Les eaux Thermales de Sources Chaudes non loin des
Gonaïves ;
Ø Le Palais de 365 portes à Petite
Rivière de l'Artibonite ;
Ø La source et roche blanche à Saint - Louis du
Nord ;
Ø Les Temples de Vodou et des Cours Mystiques :
Souvenance, Soukri-Danache, Nan Badio, la Cour Trois Ponts, K-Georges.
b) Des sites historiques à
valoriser
Haïti est un pays colonial,
c'est-à-dire un pays qui a un passé historique important. Elle
est, en outre, la première nation nègre qui a pris naissance dans
le monde après des luttes acharnées contre les Français.
Ainsi, pour arriver à bout des blancs, nos Pères fondateurs
étaient obligés de construire des forts pour se défendre
contre les attaques de l'ennemi. C'est pourquoi, ils nous ont
légué des hauts lieux historiques que nous devons mettre en
valeur dans une, politique touristique, par des monuments capables
d'attirer les touristes internationaux et nationaux en quête des
informations historiques sur notre belle histoire de peuple. Par exemple, nous
devons valoriser des sites tels que :
Ø La Ravine à Couleuvres ;
Ø La Cité de l'Empereur (Marchand
DESSALINES) ;
Ø Habitation de Toussaint LOUVERTURE à
Ennery ;
Ø Place de l'Indépendance des
Gonaïves ;
Ø Place de Boisrond TONNERE ou Place Bouteille des
Gonaïves ;
Ø Le Mémorial des Gonaïves ;
Ø Vertières au Cap-Haïtien ;
Ø Habitation K-Georges au Gonaïves lieu
d'arrestation de Toussaint LOUVERTURE ;
Ø La Maison de Claire Heureuse à Marchand
DESSALINES ;
Ø La Tombe de Claire Heureuse au Cimetière des
Gonaïves ;
Ø Pont Rouge à Port-au-Prince ;
Ø La Maison de Pauline BONAPARTE aux Sources
Chaudes ;
Ø Le Cimetière Ste - Anne où repose le
corps de l'Empereur Jean Jacques DESSALINES.
LES INFRASTRUCTURES INDISPENSABLES AU DEVELOPPEMENT
DU TOURISME HAÏTIEN
a) Les routes haïtiennes
Dans l'état actuel des routes
haïtiennes, aucune agence touristique sérieuse ne va encourager ses
clients à venir visiter Haïti malgré que le pays ait une
potentialité touristique extraordinaire qui pourrait les attirer. En
fait, il va sans dire que si les autorités du pays veulent
bénéficier de cette manne qui est en train de faire le bonheur de
beaucoup de pays de la l'Amérique et de la Caraïbe elles devraient
investir dans des infrastructures routières comme : l'asphaltage ou
le goudronnage de plusieurs kilomètres de routes nationales du pays qui
sont en piteux état actuellement, l' « adoquinage »
des rues des villes historiques, le bétonnage des routes secondaires
amenant à des sites historiques et ces routes doivent respecter toutes
les normes de la circulation avec des panneaux de signalisation, des lignes
blanches sur les chaussées ; des systèmes d'éclairage
doivent être installés sur les routes pour permettre une parfaite
visibilité des chauffeurs et enfin on doit planter au bord des routes
des panneaux indicatifs pour aider les touristes à bien s'orienter.
b) Énergie électrique
L'énergie électrique est l'une
des conditions indispensables au développement économique d'une
nation. Sans elle, le pays aura du mal à développer son secteur
touristique car aucun touriste, qu'il soit étranger ou un de nos
frères de la diaspora n'accepterait de poser ses pieds dans un pays
où le « black out » règne en
maître. Si les autorités haïtiennes voudraient faire du pays
une destination touristique intéressante susceptible d'attirer les
touristes d'horizon divers qui sont à la recherche du soleil, de la mer
et du plaisir elles devraient travailler à corps perdu pour doter le
pays de l'énergie électrique vingt quatre (24) heures par jour et
cette dernière va jouer un rôle de catalyseur au
développement de toutes les activités économiques du pays.
Pourtant le taux d'accès à l'électricité du pays
est estimé environ à 10% de la population et Haïti n'a
qu'une capacité électrique de 83 mégawatts et
tandis que celle de la République Dominicaine est de 400
mégawatts. Au fait, vu la montée du prix du baril du
pétrole sur le marché international, les autorités
responsables de la politique énergétique du pays devraient faire
des recherches sur les énergies renouvelables dans le but de trouver un
substitut à l'énergie électrique que nous utilisons
maintenant et qui pèse très lourd sur la balance des paiements du
pays. Par exemple, en Espagne les 50% de l'énergie électrique de
ce pays sont donnés par l'énergie éolienne soit environ
41,700 mégawatts d'électricité et cette
dernière diminue considérablement les risques de pollution
environnementale, en Norvège on fait usage de l'énergie osmotique
et en Hollande on est en train de faire de l'électricité avec de
bouse de vache (Voir Graphique # 37).
c) Eau potable
Sans l'eau potable dans les robinets des
réseaux d'eau du pays, nous allons avoir beaucoup de difficultés
pour élaborer un plan directeur tournant vers le tourisme. En outre,
l'eau potable est l'un des besoins les plus indispensables dans la vie de tout
individu car, sans l'usage de celle-ci, l'individu pourrait contracter des
maladies bactériennes. Ainsi, pour qu'Haïti développe son
secteur touristique, il est plus que nécessaire que les autorités
du pays responsables de la politique touristique haïtienne comprennent
qu'elles devraient consentir des dépenses énormes dans ce domaine
pour que le pays arrive à un véritable réseau d'eau
potable. Par ailleurs, selon les données du bulletin statistique de la
Banque de la République d'Haïti (BRH), l'eau traitée en
bouteilles de cinq (5) gallons pour la fin du premier trimestre de
l'année fiscale 2004 à 2005 est estimée en volume à
65.93 et est passée à 87.94 pour le début du
deuxième trimestre de la même année fiscale. Ceci nous
montre combien la demande pour l'eau potable est importante dans le pays.
d) Ports et aéroports
Dans l'état actuel de nos ports et
aéroports, comment saurait-on parler du développement touristique
en Haïti ? Est-ce un voeu pieux ou une volonté
réelle d'attirer les touristes de partout qui cherchent le plaisir, le
soleil, la mer et la culture ? Si c'est une volonté réelle,
c'est bien, mais il faut que nous montrions au monde entier que nous sommes
sérieux en construisant des ports et aéroports dans toutes nos
villes à potentialités touristiques comme : Jacmel,
Cap-Haïtien, Les Cayes, Gonaïves,
Môle Saint Nicolas, l'île de la
Gonâve, l'île à Vache, Mirebalais,
pour ne citer que celles-ci, respectant toutes les normes internationales dans
le domaine portuaire et aéroportuaire à la même dimension
que les aéroports de « Punta Gaña »
et de « Las Americas » en République
Dominicaine.
e) Chambres d'hôtels
Haïti est l'unique pays de la
région ayant moins de chambres d'hôtels standards. Avec une bonne
politique touristique très ambitieuse, l'État haïtien
devrait partir à la conquête des capitaux des investisseurs
directs étrangers qui s'intéressent beaucoup à l'expansion
du secteur touristique mondial à travers la construction des
chaînes hôtelières impeccables telles que :
Hilton, Club Med, Sheraton. Si le pays arrivait à
convaincre les patrons de ces grandes chaînes d'hôtels pour venir y
investir ses capitaux, ceci l'aiderait à augmenter évidemment sa
quantité de chambres d'hôtels. Avec une telle augmentation, nous
allons tenir dans ce secteur d'activités la concurrence avec les autres
pays de la région qui nous dépassent longtemps en nombre de
chambres d'hôtels standards.
f) e-Tourism (Tourisme
électronique)
À la fin du vingtième
(20ème) siècle et au début du vingt
unième (21ème), l'économie mondiale est
dominée par l'innovation de l'Internet. Partout, on parle de «
e-governement » c'est-à-dire le gouvernement
électronique. Dans ce travail, on parle de «
e-tourism », ce dernier signifie le tourisme
électronique. Les autorités touristiques du pays devraient
investir dans une campagne de valorisation du pays par le biais de l'Internet
pour refaire l'image du pays sur le plan international car les nouvelles
négatives que les presses internationales donnent quotidiennement sur
Haïti vont décourager les touristes à venir nous visiter et
à faire la promotion de notre riche culture tels que notre musique,
notre danse, notre tambour, notre artisanat, nos fêtes patronales et
notre histoire que nous pouvons vendre au monde entier. Haïti a une grande
situation d'insécurité, mais elle n'est pas le seul pays de la
région à avoir cette situation. Des pays comme : la
Jamaïque, le Brésil, la Colombie, la République Dominicaine
ont une grande insécurité, pourtant, en dépit de tout, ils
ont attiré beaucoup de touristes internationaux. Pourquoi ? Parce
qu'ils ont compris l'importance du « e-tourism
» dans un plan directeur de l'exploitation touristique.
Ainsi, si Haïti veut se repositionner sur la carte touristique
internationale, elle devrait s'inspirer de l'expérience de ces
pays-là.
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