VI. DISCUSSION
VI.1. Commentaires et interprétations des
résultats obtenus :
Notre population était constituée de patients BPCO
présentant un stade avancé dans la maladie. En effet la
majorité des individus était classifiée BPCO
sévère sur l'échelle de GOLD. Sur 19 sujets, 8
étaient sous oxygénothérapie de longue durée, qui
est un facteur traduisant la gravité de la maladie. [24]
L'analyse des paramètres de tolérance à
l'effort nous a permis de retrouver une différence significative pour
les distances de marche entre un test avec le conteneur d'oxygène
liquide et un test sans (p<0,025), et une tendance significative pour les
dyspnées de fin d'effort (p=0,065). Nous avons trouvé une
différence de distance de marche de 28 mètres en moyenne. La
dyspnée était le facteur à l'origine de tous les
arrêts effectués par les patients, ce qui confirme le fait que
l'essoufflement à l'effort reste le facteur le plus limitant et le plus
dérangeant décrit par le patient BPCO en général
[9].
Dans notre étude, seule la différence de
distance de marche nous a permis de constater que le test avec le conteneur
portable est plus sollicitant qu'avec les bras libres, ce qui validait
notre première et principale hypothèse. Cependant nous nous
attendions à obtenir un résultat également significatif
pour la différence des saturations en oxygène, ce qui
n'était pas le cas. Ceci s'expliquerait par le fait que, en se fiant
à l'étude de M. Poulain [18], chaque individu est
susceptible de désaturer à l'effort ou pas, et/ou de monter leur
fréquence cardiaque de façon notable. Nombre de paramètres
comme l'état de fatigue, l'émotion, l'ambiance
atmosphérique, la prise d'un traitement broncho-dilatateur, le mode de
respiration à l'effort... auront un impact plus ou moins important sur
les variables respiratoires et cardio-vasculaires. Nous jugions superflu de
tester statistiquement les données de chaque individus. Il aurait
été toutefois envisageable d'effectuer un test de permutation sur
un échantillon de moins de 10 individus, qui se serait plus
rapproché du cas par cas.
D'autre part, nous n'avons pas retrouvé de
corrélation entre le degré de sévérité de la
BPCO et la distance parcourue sur les deux tests de marche.
VI.2. Critiques émises sur la
méthodologie employée :
Tout d'abord les 19 individus inclus dans notre étude
représentaient un effectif limité, qui nous avait poussé
à employer des tests statistiques non paramétriques, et qui ne
nous permettaient pas de constituer un échantillon suffisamment
représentatif de la pathologie respiratoire obstructive et de la
désadaptation systémique.
La variabilité interindividuelle du VEMS signifiait
l'hétérogénéité en terme de degré
d'obstruction des voies aériennes distales. En effet 3 degrés
d'obstruction différents sont représentés dans
l'échantillon, or nous savons que la gravité de l'obstruction est
fortement corrélée à la tolérance à
l'effort. [21]
Nous avons contrôlé la prise de broncho-dilatateurs
et inclus cette possibilité dans le protocole de l'étude, ce qui
nous permettait d'évaluer davantage l'incapacité d'origine
respiratoire. [11]
Nous avons également contrôlé si le patient
effectuait l'arrêt définitif avant les 30 dernières
secondes du test pour qu'il n'y ait aucun moyen de récupération
après l'évaluation finale de la dyspnée. Nous n'avons pas
retrouvé d'étude qui traite sur le temps de
récupération du sujet BPCO. 30 secondes était un temps que
nous avons choisi instinctivement et sans niveau de preuve.
La dyspnée demeure une sensation très subjective,
difficile à faire comprendre dans un premier temps, et difficile
à évaluer, sans omettre son importante variabilité d'un
jour à l'autre. De ces faits découlent des biais non
négligeables.
Les temps de repos entre les tests variaient entre 30 minutes et
1 heure, ce qui pouvait être un temps de récupération
insuffisant pour certains de nos sujets les plus sévères et pas
pour d'autres.
Nous avons laissé chaque patient au moins 5 minutes assis
sur une chaise avant chaque test, et mesuré la saturation et la
fréquence cardiaque de repos en position assise.
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