6.1.2 Les facteurs d'évolution de l'habitat
informel
Plusieurs facteurs expliquent la naissance et le
développement de l'habitat informel dans la capitale
nigérienne.
6.1.2.1 Les migrations intra-urbaines
Ces migrations concernent les mouvements des populations
établies à Niamey depuis plusieurs années et qui
finalement finissent par disposer de leurs propres parcelles dans le domaine
foncier coutumier. Il s'agit généralement des populations
habitant le centre ville ou les villages urbains comme Gamkallé, Goudel,
Saga dont les grandes familles détiennent l'essentiel du domaine foncier
à Niamey. Le premier mouvement d'ampleur considérable a
été enclenché en 1966 lorsque les populations de Saga ont
morcelé et vendu des terrains qu'ils ont lotis en imitant le plan en
damier de l'administration. Mieux, dans ce lotissement clandestin, il a
été prévu des réserves foncières
destinées à accueillir des infrastructures d'intérêt
général. De plus, les constructions étaient
réalisées nuitamment et il était interdit de construire en
paillotes. La forte mobilisation de la population de ce quartier autour de son
chef a permis de déjouer toutes les tentatives des autorités
municipales de les déguerpir. Finalement Talladjé situé
à l'Est de la ville sur la route de l'aéroport est reconnu comme
un quartier par les autorités qui craignaient que cet exemple ne fasse
jurisprudence au niveau des propriétaires coutumiers et des
Niaméens en quête de logement sans complication
administrative.
Face à cet exploit des habitants de Saga, les autres
propriétaires coutumiers ne sont pas restés en simples
spectateurs. Ils sont également entrés dans le jeu. C'est ainsi
que les propriétaires coutumiers de Goudel ont procédé au
morcellement de leurs champs atteints par le front de l'urbanisation au
Nord-Ouest de la ville. Leurs morcellements ont permis la création de
Koubia informel. Sur la rive droite, les propriétaires coutumiers de
Lamordé et de Kirkissoye ont aussi compris la leçon et se sont
montrés aussi entreprenants en morcelant une partie de l'espace sur
lequel s'étend leur droit coutumier en dépit du caractère
souvent contraignant du site. Cette zone est en effet inondable et
possède de nombreuses dépressions dans lesquelles stagnent les
eaux des pluies. Mais ni les squatters encore moins les propriétaires ne
semblent être inquiétés par cette contrainte. L'essentiel
pour les chefs de famille étant d'avoir à bon prix un terrain sur
lequel ils peuvent bâtir leurs maisons pour se loger et se mettre
à l'abri de la location qui constitue une hantise pour les
Niaméens. A travers ces lotissements
clandestins, c'est tout le territoire de la communauté
urbaine de Niamey qui est en proie à l'habitat informel qui ne fait que
prendre de l'ampleur au fil des ans.
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