I- PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS DE L'ETUDE
1.1. PROBLEMATIQUE
L'agriculture constitue une composante essentielle de
l'économie béninoise, de par sa contribution à la
création de richesse, aux recettes d'exportation, à l'emploi et
à la satisfaction des besoins alimentaires de la population. Alors, elle
est l'objet de multiples sollicitations, se traduisant par le
développement de nombreuses stratégies tant au niveau
régional, sous régional que national. les stratégies les
plus visibles ont été observées au niveau soit des
organisations intergouvernementales comme le Cadre Stratégique de
Sécurité Alimentaire adopté en 2000, soit des institutions
en charge de la coopération et de l'intégration régionale
à travers la politique agricole de l'UEMOA adoptée en 2001 ou la
politique agricole de la CEDEAO adoptée en 2005, ou encore au niveau
plus général au début des années 2000 où
l'amorçage d'une plus forte coordination des politiques et
stratégies de développement agricole, en lien avec
l'émergence du volet agricole du NEPAD et de la CEDEAO est une
réalité.
Conçu pour servir de cadre d'intervention aux
politiques et stratégies de développement de l'agriculture dans
l'ensemble des pays du continent, le Programme Détaillé de
Développement de l'Agriculture Africaine (PDDAA) est
crédité d'une réelle volonté de mise en oeuvre par
les chefs d'Etat africains qui ont pris l'engagement, à Maputo en 2003,
de consacrer 10% des budgets de fonctionnement de leur pays respectifs au
financement du secteur agricole. Parmi les quatre domaines d'intervention
majeurs ou piliers du PDDAA pour accélérer la croissance
agricole, une place de choix est faite au facteur capital humain à
travers le pilier n°4 qui envisage : d' «améliorer la
recherche agricole, la diffusion et l'adoption des technologies>>. Les
autres piliers non moins importants seront d'une grande efficacité et
d'efficience si le capital humain n'est pas occulté pour chaque
volet.
La politique agricole de la CEDEAO adopté en Janvier
2005 à Accra s'est vu assigné l'objectif central de : «
Contribuer de manière durable à la satisfaction des besoins
alimentaires, au développement économique et social et à
la réduction de la pauvreté dans les Etats membres >>,
prenant en compte la structure du secteur (diversité des systèmes
productifs et forte atomicité des exploitations au demeurant de petite
taille). La politique agricole s'inscrit dans la perspective d'une agriculture
moderne et durable fondée sur l'efficacité et l'efficience des
exploitations familiales et la promotion des entreprises agricoles
grâce à l'implication du secteur privé
productif et compétitif sur le marché intracommunautaire et sur
les marchés internationaux. Elle doit permettre d'assurer la
sécurité alimentaire et de procurer des revenus décents
à ses actifs. Trois axes majeurs d'intervention lui ont
été assignés: (i) l'accroissement de la
productivité et de la compétitivité de l'agriculture; (ii)
la mise en oeuvre d'un régime commercial intracommunautaire; (iii)
l'adaptation du régime commercial extérieur. Le souci de
converger ces différents accords avec les politiques nationaux de chacun
des pays a conduit à la formulation des programmes d'investissement
agricole tant au niveau national (PNIA), que régional (PRIA). Ces deux
programmes se veulent le creuset d'une synergie entre les trois niveaux de
politiques agricoles (continental, régional et national). Dans cette
perspective, la mise en oeuvre des PRIA et PNIA est structurée autour de
six axes majeurs dont : Le renforcement institutionnel, comprenant : (i)
l'intégration de l'approche genre ;(ii) l'appui à
l'amélioration des capacités de formulation des politiques et
stratégies agricoles et rurales; (iii) le financement durable de
l'Agriculture; (iv) la communication; (v) le renforcement des capacités
de pilotage et de coordination; (vi) le renforcement des capacités de
suivi et évaluation constituant l'axe n°6 est faisable s'il existe
une ressource humaine qualifiée. A partir d'une analyse approfondie du
rythme de croissance de l'économie, des tendances majeures du secteur
agricole en particulier, les PNIA et PRIA ont pour ambition de définir
les options et stratégies de développement indispensables
à l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le
Développement. De façon concrète, il s'agit de
définir les options de développement agricole qui permettent de
réduire de moitié l'incidence de la pauvreté au niveau
national et régional. Les PNIA et les PRIA visent à fournir une
traduction chiffrée des différentes options de
développement agricole que les pays ou la région devront mettre
en oeuvre pour obtenir un taux de croissance annuel du secteur agricole d'au
moins 6% pour envisager une réduction de moitié de la
pauvreté à l'horizon 2015. Dans le cadre des PNIA, les
États de la région devront s'engager à consacrer au moins
10% de leur budget national au financement d'actions destinées à
améliorer la productivité et la compétitivité du
secteur agricole.
Au niveau national, la concrétisation des actions
contenues dans les accords internationaux se manifestent à travers les
Orientations Stratégiques de Développement (OSD),
élaborées pour la période de 2006-2011. Les
différents DRSP devenus SCRP dans leur élaboration ont
accordés une grande importance à l'agriculture prise comme un
secteur prioritaire de l'Etat. Pour donner corps à ces orientations
stratégiques et priorités du gouvernement, le pays s'est
doté en
2008 d'un Plan Stratégique de Relance du Secteur
Agricole (PSRSA) de 2008 à 2015 qui a pour objectif global
l'amélioration des performances de l'agriculture béninoise pour
la rendre capable d'assurer la souveraineté alimentaire de la population
de contribuer à la croissance soutenue de l'économie et à
l'atteinte des OMD. Ces orientations ont leur source dans la Lettre de
Déclaration de Politique de Développement rural (LDPDR) en 1991
qui plaçait en premier loge la modernisation de l'agriculture comme
source de croissance durable, de création d'emplois et de revenus pour
les populations rurales.
Il est donc claire que les autorités au plus haut
niveau ont compris que pour que l'agriculture connaisse une croissance plus
rapide et plus réactive à de meilleures incitations au niveau des
prix, il est nécessaire d'investir dans les biens publics de base comme
les infrastructures de marché, la recherche, les institutions et les
services d'appui. Au Bénin comme dans la plupart des pays d'Afrique
sub-saharienne, ces investissements publics sont très faibles. Les
investissements dans ces biens publics de base souffrent d'inefficacité
et de répartition inéquitable des subventions. Il urge donc de
mettre en place des procédures budgétaires
améliorées et de les adapter à des stratégies
agricoles bien conçues. Il est aussi nécessaire de mieux informer
l'opinion publique et d'assurer la transparence en ce qui concerne
l'attribution des fonds et ses effets afin de pouvoir s'assurer un soutien
politique aux réformes budgétaires.
L'histoire nous renseigne que la croissance agricole a
préludé aux révolutions industrielles qu'a connues le
monde tempéré, depuis l'Angleterre au milieu du XVIIIème
siècle jusqu'au Japon à la fin du XIXème siècle.
Plus récemment, en Chine, en Inde et au Viêtnam, une croissance
agricole rapide a précédé le développement de
l'industrie. L'accroissement de la productivité agricole qui a
entraîné un surplus agricole (en partie taxé pour financer
le développement industriel) et permis une baisse des prix de
l'alimentation a été à la base des succès de la
transformation structurelle. Le paradoxe dans cette transformation est qu'une
croissance agricole plus forte était nécessaire pour stimuler la
croissance économique en général, ce qui a ensuite
causé le déclin de la part du secteur agricole dans le produit
intérieur brut (PIB).
Dans le monde globalisé d'aujourd'hui, que faut-il
faire pour que la croissance agricole perdure jusqu'au seuil où sa part
dans le PIB connaîtra son déclin, signe d'une croissance globale
soutenue. Quelles sont les mesures essentielles pour accélérer la
croissance agricole et lui permettre de remplir son rôle historique ?
Le but de l'analyse néo-classique de la croissance
n'étant pas d'expliquer les sources de la croissance, puisque celles-ci
sont considérées comme exogènes, mais de montrer sous
quelle condition l'économie pouvait converger vers son sentier de
croissance régulier, nous utilisons dans ce mémoire la nouvelle
théorie de la croissance économique.
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