2. Perspectives de recherche
Ce travail ne saurait être parfait. Raison pour
laquelle, compte tenu des différentes limites sus-cités, nous
améliorerons la qualité des résultats de nos prochains
travaux. Les perspectives tout comme les limites de ces travaux se trouvent
à deux niveaux.
Dans nos prochains travaux, nous comptons utiliser un
modèle VAR en vue de la représentation des différents
effets de la politique des taux de la BEAC sur l'ensemble des autres variables.
Aussi, l'introduction des variables binaires dans l'analyse telles les
communications du gouverneur de la BEAC, la dévaluation, la mise sur
pied du marché monétaire, etc. renforcera certainement la
robustesse de nos prochains travaux.
En outre, il est important de connaitre si la BEAC tient
compte des spécificités des pays membres dans la conduite de sa
politique monétaire. En d'autres termes, il sera question de savoir si
la BEAC fixe son taux directeur en tenant compte du poids individuel des pays
membres de la CEMAC ?
L'introduction de telles améliorations conduira
certainement à un modèle plus robuste que celui que nous
proposons maintenant.
Cette section a été d'une importance capitale.
Ceci dans la mesure où nous nous sommes attelés à
définir la fonction de réaction de réaction de la BEAC.
L'estimation des différentes fonctions de réactions à
l'aide du MVCE a permis de ressortir sur la période 1993 :1-2008 :4, que
la BEAC pour fixer son taux directeur, tient compte de quatre variables. Parmi
celles-ci nous avons, en position prépondérante la valeur
passée du taux directeur, en deuxième position nous avons le
différentiel de taux d'intérêt avec la France ou la BCE
selon l'époque, en troisième position vient l'écart
d'inflation et enfin, elle tient compte du différentiel d'inflation avec
la France. Le fait que l'inflation occupe le plus faible poids (exclu le
différentiel d'inflation) dans la prise de décision de la BEAC
est contraire à son objectif principal de stabilité des prix. La
non prise en compte d'un certain nombre de variables pourtant
économiquement pertinente a réduit la robustesse du modèle
proposé. Raison pour laquelle nos prochains travaux sur la politique
monétaire de la BEAC seront une aubaine pour leur introduction dans
notre modèle.
Ce chapitre qui a porté sur l'estimation de la fonction
de réaction de la BEAC nous a permis dans un premier temps de retracer
l'évolution de la gestion monétaire en zone BEAC. Ainsi, la
politique monétaire de la BEAC a connu une évolution
marquée par un tournant en 1990. Année pendant laquelle une vague
de mesures et d'évènements ont affecté la situation
monétaire et économique de la sous région. C'est donc en
cela que nous retenons les spécificités de la zone BEAC. Ces
spécificités nous ont conduit dans la détermination des
paramètres additionnels que nous avons introduits dans le modèle
de Taylor forward looking de base afin d'obtenir notre équation à
estimer. L'estimation de cette équation par le MVCE en vue de la
détermination de la fonction de réaction de réaction de la
BEAC a conduit à des résultats significatifs pour des variables
tels l'écart d'inflation, la valeur passée du taux directeur de
la BEAC et les différentiels d'inflation et de taux
d'intérêt avec la Banque de
France ou la BCE. L'output gap quand à lui n'est pas
pris en compte dans la fixation du taux directeur de la BEAC. La règle
que nous avons retenue pour la BEAC connait quelques limites surtout sur deux
plans majeurs. La méthode d'estimation est statistiquement moins robuste
que celle utilisée par Kamgna et al (2009) et il reste des variables qui
n'ont pas été introduites dans le modèle pour diverses
raisons alors que leur présence dans ce modèle a une
justification économique. La recherche d'une éventuelle prise en
compte des particularités des pays de la sous région par la BEAC
dans la conduite de sa politique monétaire, est comptée parmi
l'ensemble des éléments à introduire dans nos prochains
travaux pour rendre l'étude plus robuste.
L'objectif de cette partie était de déterminer
avec précision la fonction de réaction de la BEAC que nous
devrions dans la mesure du possible ériger en sa règle
monétaire. Raison pour laquelle nous nous sommes attelés dans un
premier temps à tester la robustesse de la règle de McCallum
surtout que celle de Taylor présentait des résultats non
significatifs. L'estimation de cette règle de McCallum a donné
des résultats significatifs avec un coefficient de réaction de la
BEAC à l'écart de production positif et plus élevé
pour la demi-période 1999 :1-2008 :4 (0,18) que pour la période
1993 :1-2008 :4 (0,12). Aussi, les meilleurs résultats ont
été obtenus avec la masse monétaire au sens stricte comme
instrument. Ces résultats ont permis de conclure que la BEAC suit bel et
bien un objectif de croissance monétaire qui lui est
intermédiaire. A cause de l'utilisation officielle du taux
d'intérêt par la BEAC comme instrument de la politique
monétaire et non la masse monétaire, l'estimation d'une fonction
de réaction avec pour instrument le taux directeur de la BEAC s'est
avérée nécessaire. Ayant complété la
règle forward looking de base de Taylor par des paramètres
additionnels, nous avons estimé une fonction de réaction pour la
BEAC. Les résultats de cette estimation ont montré qu'à
court terme la BEAC fixe son taux directeur en tenant compte rien que de quatre
paramètres parmi lesquels l'écart d'inflation, les
différentiels d'inflation et de taux avec la Banque de France ou la BCE
et la valeur passé du taux directeur de la BEAC. La non
significativité de la masse monétaire dans cette estimation a
été expliquée par la théorie quantitative de la
monnaie tout en concluant que son effet était inclus de manière
implicite dans celui de l'inflation. En outre, la BEAC utilise l'objectif de
croissance monétaire et non le taux d'intérêt pour soutenir
les politiques économiques générales
élaborées dans l'union. Ce que nous confirme bel et bien la
règle de McCallum testée au chapitre 3. Comme toute étude,
ce travail connait des limites tant pour ce qui est de la méthode
d'estimation utilisée que par la non prise en compte de certaines
variables économiquement pertinentes pour l'analyse d'un tel
phénomène. La poursuite de cette étude pourrait nous
conduire à nous poser la question de savoir si dans la conduite de sa
politique monétaire, la BEAC tient compte des spécificités
des pays ?
Cette étude s'inscrit dans la multitude des travaux
portant sur l'analyse des politiques monétaires menées par les
Banques Centrales tant dans les économies du Nord que dans celles du
Sud. Elle est plus précise en ce sens qu'elle cherche à ressortir
le type de politique monétaire (discrétionnaire ou règle
monétaire) suivi par les banques centrales aujourd'hui et
particulièrement celle suivi par la Banque des Etats de l'Afrique
Centrale. Son but est donc de retracer le comportement de la BEAC en termes de
gestion monétaire.
Afin d'analyser la politique monétaire de la BEAC, nous
nous sommes posés la question de savoir si la règle de Taylor est
la mieux adaptée pour décrire le comportement de la BEAC en
matière de politique monétaire ? Pour répondre à
cette question qui constitue notre problématique, nous l'avons
scindé en deux sous questions. Premièrement, nous avons
répondu à la question de savoir si la politique monétaire
de la BEAC est discrétionnaire ou si elle suit une règle
monétaire ? S'étant accordé sur le fait que la BEAC suit
une règle monétaire, nous nous sommes posés ensuite la
question de savoir laquelle ? Ce qui nous a conduits à la
détermination de la règle monétaire suivie par la BEAC.
Notre étude se divise en deux grandes parties dont la première
apporte la réponse à la question de la pertinence de la
règle de Taylor pour la BEAC. Et la seconde partie quant à elle
s'attèle à la détermination de la règle suivie par
la BEAC.
La première partie dont l'objectif était de
montrer que la règle est au coeur de la conduite de la politique
monétaire des Banques Centrales et particulièrement de celle de
la BEAC, a retenu notre attention pour plusieurs raisons. La discrétion
monétaire, de part le coût positif qu'elle entraine, entame la
réputation de la Banque Centrale auprès des agents
économiques (perte de transparence et de crédibilité). Ce
coût de la politique discrétionnaire va conduire à un
abandon de la discrétion monétaire au profit de la règle
monétaire. Cependant, le débat sur le type de règle qui
doit être retenu pour expliquer la politique monétaire conclut que
les règles activistes sont plus robustes que les règles
automatiques. En conclusion au débat règle d'instrument contre
règle de ciblage, il a été arrêté que les
règles d'objectif font appel à des règles d'instrument et
ceci de façon implicite. D'où l'adoption des règles
d'instrument surtout que celle de ciblage posent un problème de
transparence et de responsabilité de la part des autorités
monétaires. Ainsi, les règles activistes d'instrument
s'obtiennent par un programme d'optimisation d'une fonction de perte de la
Banque Centrale. Parmi les règles activistes d'instruments qui existent,
celle de Taylor a retenu notre attention et a fait l'objet d'une estimation
pour la BEAC. Règle activiste de politique monétaire en raison de
sa prise en compte de l'inflation et du niveau de l'activité, la
règle de Taylor a fait l'objet de nombreuses études tant dans les
pays développés que sous développés.
Considérant comme instrument le taux d'intérêt directeur de
la Banque Centrale, cette règle a connu un nombre important de critiques
qui ont conduit à une reformulation de cette règle. Malgré
tout, elle est restée la règle la plus usitée dans les
analyses de comportement des Banques Centrales en termes de conduite de
politique monétaire. Ceci à cause de son caractère
systématique et simple. Son estimation a donné des
résultats satisfaisants dans plusieurs pays tant
développés que sous développés. Cependant, son
estimation pour la BEAC par la Méthode Vectoriel à Correction
d'Erreur, a donné des résultats qui se rapprochent de ceux
d'Abuka et al (1998). Ainsi, le coefficient d'output gap obtenu est
significatif. Et celui rattaché à l'inflation, bien
qu'étant significatif est très faible. Les
estimations répétées nous informent de ce que les
variables qui permettent d'expliquer la fixation du TIAO par la BEAC se
trouvent dans le résidu. Raison pour laquelle il est urgent de prendre
en compte les spécificités de la CEMAC pour mieux construire une
règle pour la BEAC. Ceci suppose donc une prise en compte des arguments
additionnels afin d'obtenir la meilleure règle pour la BEAC. Ainsi, nous
avons estimé dans la deuxième partie la meilleure règle
monétaire de la BEAC. La deuxième partie quant à elle
avait pour objectif de déterminer avec précision la fonction de
réaction de la BEAC que nous devrions dans la mesure du possible
ériger en sa règle monétaire. Raison pour laquelle nous
nous sommes attelés dans un premier temps à tester la robustesse
de la règle de McCallum surtout que celle de Taylor présentait
des résultats insatisfaisants. L'estimation de cette règle de
McCallum a donné des résultats significatifs avec un coefficient
de réaction de la BEAC à l'écart de production positif et
plus élevé pour la demi-période 1999 :1-2008 :4 (0,18) que
pour la période 1993 :1-2008 :4 (0,12). Aussi, les meilleurs
résultats ont été obtenus avec la masse monétaire
au sens stricte comme instrument. Ces résultats ont permis de conclure
que la BEAC suit bel et bien un objectif de croissance monétaire qui lui
est intermédiaire. A cause de l'utilisation officielle du taux
d'intérêt par la BEAC comme instrument de la politique
monétaire et non la masse monétaire, l'estimation d'une fonction
de réaction avec pour instrument le taux directeur de la BEAC s'est
avérée nécessaire. Ayant complété la
règle forward looking de base de Taylor par des paramètres
additionnels, nous avons estimé à l'aide du MVCE une fonction de
réaction pour la BEAC. Les résultats de cette estimation ont
montré qu'à court terme la BEAC fixe son taux directeur en tenant
compte de quatre paramètres parmi lesquels l'écart d'inflation,
les différentiels d'inflation et de taux avec la Banque de France ou la
BCE et la valeur passé du taux directeur de la BEAC. La non
significativité de la masse monétaire dans cette estimation a
été expliquée par la théorie quantitative de la
monnaie tout en concluant que son effet est présent de manière
implicite dans celui de l'inflation. En outre, la BEAC utilise l'objectif de
croissance monétaire et non le taux d'intérêt pour soutenir
les politiques économiques générales
élaborées dans l'union. Ce que nous confirme bel et bien la
règle de McCallum testée au chapitre 3. Comme toute étude,
ce travail connait des limites tant pour ce qui est de la méthode
d'estimation utilisée que par la non prise en compte de certaines
variables économiquement pertinentes pour l'analyse d'un tel
phénomène. La poursuite de cette étude nous conduira
à la réponse de la question de savoir si dans la conduite de sa
politique monétaire, la BEAC tient compte des spécificités
des pays membres de la CEMAC ?
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