2. Limites de la règle de McCallum dans
l'explication de la fonction de réaction de la BEAC
Les limites de cette règle s'étendent à deux
niveaux parmi lesquelles nous avons la limite institutionnelle et la limite
d'estimation du coefficient de réaction.
La première limite de la règle de McCallum dans
l'explication de la gestion monétaire en zone BEAC se trouve au niveau
institutionnel. En fait, la BEAC dans ses statuts précise qu'elle a pour
objectif principal le maintient de la stabilité des prix (l'inflation)
dans l'union. En outre, l'instrument utilisé par la BEAC depuis
longtemps et dont l'emploi s'est renforcé avec la mise sur pied du
marché monétaire en Juillet 1994 est le taux
d'intérêt directeur dont le principal est le TIAO. Ainsi, la
croissance monétaire constitue pour la BEAC un objectif
intermédiaire et ne saurait être utilisée comme instrument
pour cette institution. En outre, l'objectif de stabilité des prix ne
ressort pas de manière explicite dans la règle de McCallum il lui
est implicite.
La seconde limite se trouve dans la valeur du coefficient de
réaction estimé à partir de la règle de McCallum.
Ainsi, le coefficient de réaction trouvé pour la BEAC est
égal à 0,12
17Pour plus d'informations sur le rôle des
réserves obligatoires dans la politique monétaire de la BEAC,
voir les travaux de DONGUE portant sur « l'efficacité des
réserves obligatoires en tant qu'instrument de la politique
monétaire ». Il s'agit en fait de son mémoire de DEA
rédigé à la même période que nous.
et 0,18 selon les époques. Bien que ces valeurs soient
proches de celle trouvée par McCallum aux USA à savoir 0,25,
elles sont tout de même différentes. Ces écarts traduisent
le fait que cette règle de McCallum ne soit pas très bien
adaptée dans la représentation de la politique monétaire
de la BEAC. Surtout que dans la représentation graphique de cette
règle, et son rapprochement au taux de croissance monétaire
réel de la zone, nous avons noté une période au cours de
laquelle ces deux taux s'ajustaient moins bien.
Ces deux limites nous permettent de conclure sur l'insuffisance
de la règle de McCallum dans l'explication de la politique
monétaire de la BEAC.
Cette section est d'une importance capitale dans la mesure
où elle nous a permis de tester la robustesse de la règle de
McCallum dans l'explication de la politique monétaire de la BEAC. Il
ressort de cette estimation que la règle de McCallum appliquée au
cas de la BEAC nous permet de réconforter l'idée de l'utilisation
du taux de croissance monétaire comme objectif intermédiaire par
la BEAC. Cependant, en raison de l'utilisation par la BEAC du taux
d'intérêt directeur comme instrument de la politique
monétaire, en raison de l'objectif principal et explicite (ou
institutionnel) de stabilité des prix de l'institution et enfin en
raison du coefficient de réaction qui est différent de celui
trouvé par McCallum dans son application au cas des USA, nous pouvons
conclure sans ambages sur l'insuffisance de la règle de McCallum dans
l'explication de la politique monétaire de la BEAC.
Dans ce chapitre, il a été question de
présenter dans une première section la règle de McCallum.
Ainsi, il a été convenu que McCallum tout comme Taylor pour
inclure le niveau de l'activité dans la représentation de la
politique monétaire des banques centrales, a mis sur pied une
règle monétaire activiste qui a pour instrument le taux de
croissance monétaire (M1) et pour cible la production. La
significativité de cette règle est fonction de la mesure de la
masse monétaire retenue. Ainsi, cette règle est satisfaisante aux
USA avec M2 alors qu'en France elle l'est avec M1. Son application au cas de la
BEAC a fait l'objet de la deuxième section de ce chapitre. Le premier
résultat obtenu est qu'elle est significative pour la BEAC lorsqu'elle
est estimée à partir de M1. En outre, les différentes
interprétations ont permis d'arriver à la conclusion selon
laquelle la BEAC utilise le taux de croissance de M1 comme objectif
intermédiaire. Cependant, compte tenu des limites institutionnelles et
d'estimation des coefficients de réaction, détaillées plus
haut, il a été retenu que la règle de McCallum est
insuffisante pour traduire la politique monétaire de la BEAC. Raison
pour laquelle nous estimons dans le chapitre suivant une fonction de
réaction de la BEAC que nous érigerons dans la mesure du possible
en une règle monétaire de cette institution.
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