IV.5. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
IV.5.1. CONCLUSION
Les plantes à racines et tubercules sont présentes
dans toutes les exploitations de la commune Gisagara. Elles occupent la
troisième place comme la première spéculation agricole
dans 23.33 % des exploitants enquêtés après les
légumineuses (32.22 %) et les céréales (28.89 %).
Comparé aux R&T dans leur ensemble, le manioc vient en
première position au niveau des spéculations avec 81 %, suivi
par la patate douce 14.3 % et la pomme de terre 4.8 %. La colocase et l'igname
ne sont pas considérées comme les premières
spéculations.
Bien que superficie occupée par les R&T soit
inférieure à celle des céréales ou
légumineuses, la production est largement supérieure. Le volume
de production des R&T représente 58 % du total des productions de
ces trois groupes de plantes.
Les R&T contribuent beaucoup à créer de
l'emploi toute l'année. Parmi les exploitations dont la période
de pointe au niveau des travaux agricoles comporte les R&T, 87.88 % des
exploitations recourent à la main d'oeuvre (salariée ou
gratuite). Le calendrier cultural des R&T s'étend sur toute
l'année, donc, pas de période de chômage.
La productivité du travail pour les R&T dépend
de plusieurs paramètres : outils et équipement dont
disposent les exploitants, la position de leurs champs par rapport à
leur domicile, la structure physique du terrain cultivé. Or, toutes les
exploitations disposent un outil et équipement très rudimentaire.
En plus, 43.3 % des champs à R&T se trouvent à plus de 5 km.
La plupart des terrains portant les R&T sont pourvus de chiendent (94.4 %),
d'arbustes (43.3 %) et de cailloux (13.3 %). Tous ces paramètres sont de
nature à limiter l'accroissement des surfaces à cultiver, la
transformation et la conservation de grandes quantités de R&T.
Il est à remarquer que tous les travaux sont
exécutés par les adultes (femmes et hommes) et les enfants aident
pour quelques travaux. La transformation est une activité
consacrée aux femmes alors que les hommes y participent peu ou pas du
tout.
La rémunération de la main d'oeuvre travaillant
pour les R&T est fonction des heures de travail par jour et du type de
rémunération :
-1600 F pour 6 h de travail sans nourriture et 1000 F pour 6 h de
travail avec nourriture pour la préparation du terrain ;
-800 F pour 4 h de travail sans nourriture pour la plantation
-1600 F pour 6 h de travail sans nourriture et 900 F pour 6h de
travail avec nourriture pour le sarclage
-1600 F pour 6 h de travail sans nourriture et 800 F pour 6 h de
travail avec nourriture pour le buttage, la récolte et le
conditionnement.
La fertilisation est une activité rarement
pratiquée pour les R&T. Seulement 5.6 % et 8.9 % des exploitations
reçoivent respectivement la fertilisation minérale ou organique
destinée à la pomme de terre, tandis que 41.1 % et 63.3 % des
exploitations reçoivent la fertilisation minérale ou organique
destinée aux autres cultures mais peuvent être profités par
les R&T avec lesquels elles sont associées. 53.3 % et 27.8 % des
exploitations n'appliquent jamais la fertilisation minérale ou
organique.
La carence de fumure organique résulte du manque de
cheptel. La moyenne de tête de bétail par exploitation (environ 1
vache par exploitation) est très petite vue l'importance de la
superficie à fertiliser (en moyenne 326.65 ares par exploitation).
Le système de culture est très extensif
caractérisé par l'association des cultures (97.8 % des
exploitations) et une diversification de variétés surtout pour le
manioc et la patate douce tandis que la pomme de terre, la colocase et l'igname
ont peu de variétés dans la zone de notre étude.
Toutefois, la pomme de terre se cultive beaucoup en monoculture. Nous l'avons
trouvée uniquement dans 1.6 % des cas. De même, nous rencontrons
aussi des parcelles de culture pure de manioc et de patate douce.
La rotation culturale est également pratiquée car,
selon les producteurs, elle permet d'accroître la fertilité des
sols (64.4 % des exploitations).
Le cycle cultural de différentes variétés de
R&T varie de 8 à 36 mois pour le manioc, 3 à 6 mois pour la
patate douce, 5 à 12 mois pour la colocase et 6 à 12 mois pour
l'igname. Cet écart entre les cycles (minimum et maximum) s'explique par
la récolte échelonnée qui commence très tôt
à cause de la pauvreté de certains ménages et le souci de
prolonger la durée de cycle en vue de la conservation sur pied pour les
ménages nantis. La durée du cycle cultural a une influence sur le
cycle de production. C'est ainsi que certaines plantes à R&T peuvent
donner une production deux ou trois fois par an (cas de certaines
variétés de patate douce et de pomme de terre).
Le matériel de plantation utilisé par les
producteurs provient généralement des anciens champs (72.2 %).
D'autres, dans de rares cas, s'approvisionnent au centre semencier (7.8 %). Il
en résulte que les semences utilisées sont presque toutes locales
surtout pour le manioc et la patate douce respectivement 97.4 % et 97.2 % en
raison de leur disponibilité et la connaissance qu'ils ont en elles.
Sauf la pomme de terre connaît une utilisation des semences
améliorées (52.9 %). Malgré cela, les producteurs
éprouvent toujours une insuffisance en matériel de plantation
(53.3 % des exploitations).
Les R&T sont sujets de plusieurs maladies et ravageurs. Dans
la commune Gisagara, plus particulièrement dans les exploitations
enquêtées, les moyens de lutte ne sont pas très connus. La
lutte mécanique semble le recours pour traiter les maladies et ravageurs
(72.2 %). L'utilisation des pesticides n'est pas courante. 5.6 % des
exploitants ont affirmé qu'ils utilisent les produits chimiques. Seuls
les producteurs de pomme de terre font des efforts pour lutter contre les
maladies.
Les pertes en champs sont principalement dues aux
prélèvements du bétail, aux maladies (pourriture) et au
vol et les pertes de stockage étant principalement dues aux
coléoptères et aux pourritures.
La transformation est une activité confiée surtout
aux femmes. Les techniques de transformation sont encore absentes. Seul le
manioc est transformé en deux sortes de farine « inyange et
ikivunde » et en pâte alimentaire très prisée par
les enfants. Les autres sont consommés à l'état naturel,
crus ou cuits. En raison de la faible technologie, les R&T donnent peu de
produits et sous produits. Leur usage se limite à l'alimentation humaine
et animale et au remplissage de compostières.
La commercialisation est une activité peu
organisée. La vente a lieu soit au champ, à domicile, en cours de
route, au marché et au lycée de Murore. La plupart des vendeurs
sont les producteurs eux-mêmes et leurs principaux clients sont les
paysans. Les produits à R&T rencontrés aux marchés
sont ceux issus de la transformation. La période favorable à la
commercialisation va d'octobre à février et la période
défavorable s'étend sur avril à août.
Les R&T contribuent à équilibrer les finances
de la commune Gisagara à 5.54 % en 2008 et les prévisions de 2009
étaient portées à 6.11 % pour les R&T.
La consommation des R&T est très fréquente dans
les ménages enquêtés. Elle se fait sous plusieurs
formes : crue, cuite, accompagnée ou non, assaisonnée ou
non. La période de forte consommation correspond avec la maturation des
R&T et la période de pénurie alimentaire. Elle s'étend
novembre à février et de juin à août.
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