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Analyse socio-économique de la production des plantes à  racine et tubercule en Province Cankuzo: cas de la commune Gisagara au Burundi

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par Jaffar RUSHIGAJE
Université du Burundi - institut supérieur d'agriculture - Ingénieur industriel en agriculture 2010
  

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IV.5. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

IV.5.1. CONCLUSION

Les plantes à racines et tubercules sont présentes dans toutes les exploitations de la commune Gisagara. Elles occupent la troisième place comme la première spéculation agricole dans 23.33 % des exploitants enquêtés après les légumineuses (32.22 %) et les céréales (28.89 %). Comparé aux R&T dans leur ensemble, le manioc vient en première position au niveau des spéculations avec 81 %, suivi par la patate douce 14.3 % et la pomme de terre 4.8 %. La colocase et l'igname ne sont pas considérées comme les premières spéculations.

Bien que superficie occupée par les R&T soit inférieure à celle des céréales ou légumineuses, la production est largement supérieure. Le volume de production des R&T représente 58 % du total des productions de ces trois groupes de plantes.

Les R&T contribuent beaucoup à créer de l'emploi toute l'année. Parmi les exploitations dont la période de pointe au niveau des travaux agricoles comporte les R&T, 87.88 % des exploitations recourent à la main d'oeuvre (salariée ou gratuite). Le calendrier cultural des R&T s'étend sur toute l'année, donc, pas de période de chômage.

La productivité du travail pour les R&T dépend de plusieurs paramètres : outils et équipement dont disposent les exploitants, la position de leurs champs par rapport à leur domicile, la structure physique du terrain cultivé. Or, toutes les exploitations disposent un outil et équipement très rudimentaire. En plus, 43.3 % des champs à R&T se trouvent à plus de 5 km. La plupart des terrains portant les R&T sont pourvus de chiendent (94.4 %), d'arbustes (43.3 %) et de cailloux (13.3 %). Tous ces paramètres sont de nature à limiter l'accroissement des surfaces à cultiver, la transformation et la conservation de grandes quantités de R&T.

Il est à remarquer que tous les travaux sont exécutés par les adultes (femmes et hommes) et les enfants aident pour quelques travaux. La transformation est une activité consacrée aux femmes alors que les hommes y participent peu ou pas du tout.

La rémunération de la main d'oeuvre travaillant pour les R&T est fonction des heures de travail par jour et du type de rémunération :

-1600 F pour 6 h de travail sans nourriture et 1000 F pour 6 h de travail avec nourriture pour la préparation du terrain ;

-800 F pour 4 h de travail sans nourriture pour la plantation

-1600 F pour 6 h de travail sans nourriture et 900 F pour 6h de travail avec nourriture pour le sarclage

-1600 F pour 6 h de travail sans nourriture et 800 F pour 6 h de travail avec nourriture pour le buttage, la récolte et le conditionnement.

La fertilisation est une activité rarement pratiquée pour les R&T. Seulement 5.6 % et 8.9 % des exploitations reçoivent respectivement la fertilisation minérale ou organique destinée à la pomme de terre, tandis que 41.1 % et 63.3 % des exploitations reçoivent la fertilisation minérale ou organique destinée aux autres cultures mais peuvent être profités par les R&T avec lesquels elles sont associées. 53.3 % et 27.8 % des exploitations n'appliquent jamais la fertilisation minérale ou organique.

La carence de fumure organique résulte du manque de cheptel. La moyenne de tête de bétail par exploitation (environ 1 vache par exploitation) est très petite vue l'importance de la superficie à fertiliser (en moyenne 326.65 ares par exploitation).

Le système de culture est très extensif caractérisé par l'association des cultures (97.8 % des exploitations) et une diversification de variétés surtout pour le manioc et la patate douce tandis que la pomme de terre, la colocase et l'igname ont peu de variétés dans la zone de notre étude. Toutefois, la pomme de terre se cultive beaucoup en monoculture. Nous l'avons trouvée uniquement dans 1.6 % des cas. De même, nous rencontrons aussi des parcelles de culture pure de manioc et de patate douce.

La rotation culturale est également pratiquée car, selon les producteurs, elle permet d'accroître la fertilité des sols (64.4 % des exploitations).

Le cycle cultural de différentes variétés de R&T varie de 8 à 36 mois pour le manioc, 3 à 6 mois pour la patate douce, 5 à 12 mois pour la colocase et 6 à 12 mois pour l'igname. Cet écart entre les cycles (minimum et maximum) s'explique par la récolte échelonnée qui commence très tôt à cause de la pauvreté de certains ménages et le souci de prolonger la durée de cycle en vue de la conservation sur pied pour les ménages nantis. La durée du cycle cultural a une influence sur le cycle de production. C'est ainsi que certaines plantes à R&T peuvent donner une production deux ou trois fois par an (cas de certaines variétés de patate douce et de pomme de terre).

Le matériel de plantation utilisé par les producteurs provient généralement des anciens champs (72.2 %). D'autres, dans de rares cas, s'approvisionnent au centre semencier (7.8 %). Il en résulte que les semences utilisées sont presque toutes locales surtout pour le manioc et la patate douce respectivement 97.4 % et 97.2 % en raison de leur disponibilité et la connaissance qu'ils ont en elles. Sauf la pomme de terre connaît une utilisation des semences améliorées (52.9 %). Malgré cela, les producteurs éprouvent toujours une insuffisance en matériel de plantation (53.3 % des exploitations).

Les R&T sont sujets de plusieurs maladies et ravageurs. Dans la commune Gisagara, plus particulièrement dans les exploitations enquêtées, les moyens de lutte ne sont pas très connus. La lutte mécanique semble le recours pour traiter les maladies et ravageurs (72.2 %). L'utilisation des pesticides n'est pas courante. 5.6 % des exploitants ont affirmé qu'ils utilisent les produits chimiques. Seuls les producteurs de pomme de terre font des efforts pour lutter contre les maladies.

Les pertes en champs sont principalement dues aux prélèvements du bétail, aux maladies (pourriture) et au vol et les pertes de stockage étant principalement dues aux coléoptères et aux pourritures.

La transformation est une activité confiée surtout aux femmes. Les techniques de transformation sont encore absentes. Seul le manioc est transformé en deux sortes de farine « inyange et ikivunde » et en pâte alimentaire très prisée par les enfants. Les autres sont consommés à l'état naturel, crus ou cuits. En raison de la faible technologie, les R&T donnent peu de produits et sous produits. Leur usage se limite à l'alimentation humaine et animale et au remplissage de compostières.

La commercialisation est une activité peu organisée. La vente a lieu soit au champ, à domicile, en cours de route, au marché et au lycée de Murore. La plupart des vendeurs sont les producteurs eux-mêmes et leurs principaux clients sont les paysans. Les produits à R&T rencontrés aux marchés sont ceux issus de la transformation. La période favorable à la commercialisation va d'octobre à février et la période défavorable s'étend sur avril à août.

Les R&T contribuent à équilibrer les finances de la commune Gisagara à 5.54 % en 2008 et les prévisions de 2009 étaient portées à 6.11 % pour les R&T.

La consommation des R&T est très fréquente dans les ménages enquêtés. Elle se fait sous plusieurs formes : crue, cuite, accompagnée ou non, assaisonnée ou non. La période de forte consommation correspond avec la maturation des R&T et la période de pénurie alimentaire. Elle s'étend novembre à février et de juin à août.

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