ANALYSE SOCIO-ECONOMIQUE DE LA PRODUCTION DES RACINES
ET TUBERCULES DANS LA PROVINCE DE CANKUZO : cas de la commune
GISAGARA
0. INTODUCTION
L'économie burundaise est basée sur divers
secteurs : agriculture, commerce, industrie, tourisme.
Nul ne peut contester la contribution de l'agriculture au
développement socio-économique du pays en général
et des ménages en particulier. Elle est caractérisée par
une diversité des systèmes de production axés sur
l'élevage, la pêche, l'exploitation forestière, la culture
des plantes industrielles et vivrières.
L'intérêt porté à chacun de ces
systèmes est relatif d'une exploitation à l'autre. Cependant, les
cultures vivrières jouent un rôle socio-économique
important dans la grande partie des exploitations.
Elles sont constituées d'un grand groupe de plantes
(légumineuses, céréales, les amylacées). Tous ces
groupes de plantes assurent le maintien de l'équilibre alimentaire et
socio- économique des populations mais les plantes amylacées
parmi lesquelles les R&T offrent de multiples avantages. Les R&T sont
adaptés dans diverses zones agro-écologiques du pays. Ils
constituent la base de l'alimentation et source de revenus pour plusieurs
ménages. En plus, les R&T peuvent être de multiples usages.
Certains peuvent être consommés crus ou cuits, accompagnés
ou non, assaisonnés ou non car ils renferment de la fécule.
D'autres servent de matière première à l'industrie :
d'eux, on peut extraire de l'amidon textile, de biocarburant, etc. La
commercialisation des R&T est une activité qui passe entre plusieurs
personnes depuis le producteur jusqu'au consommateur. Ceci contribue à
occuper une grande partie de la population et à ajouter de la valeur
à chaque étape de la filière.
Au Burundi, les techniques de production, de transformation
sont restées archaïques ce qui occasionne d'énormes pertes.
Le commerce de R&T est aussi inorganisé et est toujours
informelle.
1. Question origine
Les plantes à R&T sont rencontrées dans
presque toutes les exploitations des ménages et les marchés de la
commune Gisagara. Quelle serait l'importance socio-économique de la
production des R&T pour les ménages et la commune Gisagara ?
2. Problématique de recherche
Durant plusieurs années, les R&T ont
été un puissant moteur de croissance de l'économie des
ménages ruraux et urbains. Ceci reflète leur importance
croissante en tant que culture de rente et aliment de base en milieux ruraux
et urbains. La culture ne cesse de s'étendre depuis les champs de
colline et dans les bas fonds humides et sont cultivés sans interruption
toute l'année. Les agriculteurs cherchent à planter de
variétés plus productives à travers différents
échanges de matériel de plantation : entre amis, voisins,
les marchés et les centres semenciers et vont même
s'approvisionner en Tanzanie voisine, etc.
Les produits alimentaires à base de R&T continuent
à dominer les chaînes de distribution à court et à
long terme. La taxe sur les R&T contribue à améliorer
l'état de finances de la commune Gisagara.
La production, la transformation et la commercialisation
fournissent des moyens de subsistance significatifs à plusieurs
ménages (producteurs, transformateurs, commerçants de gros et de
détail et transporteurs).
En dépit de tous ces avantages, peu de gens et
institutions leur accordent la place qu'ils méritent. Les
activités de production, transformation et de commercialisation sont
presque entièrement informelles, peu organisées et la
vulgarisation ne s'occupe pas beaucoup de la culture des R&T.
3. Objectifs de ce travail
Notre travail intitulé : ANALYSE
SOCIO-ECONOMIQUE DE LA PRODUCTION DES RACINES ET TUBERCULES
DANS LA PROVINCE DE CANKUZO :Cas de la commune GISAGARA a pour
but d'esquisser l'intérêt de la culture des Racines et Tubercules
à travers le fonctionnement des systèmes de production et de
stimuler tous les acteurs concernés à multiplier les efforts en
vue de promouvoir la production des R&T.
Le choix de la commune Gisagara pour la réalisation de
notre étude a été guidé par le fait qu'elle est
frontalière avec la Tanzanie avec une route nationale qui unit les deux
endroits. Cette route favorise l'échange de matériel
végétal et des produits issus des R&T et par
conséquent contribue d'une manière ou d'une autre à la vie
socio économique de la commune Gisagara.
4. Hypothèses de recherche
1. Les racines et tubercules couramment
cultivés dans la commune Gisagara occupent une place de choix dans
le système de culture;
2. Les R&T contribuent beaucoup dans les revenus
de ménages de la commune Gisagara ;
3. La vulgarisation ne parvient pas à
répondre aux besoins des exploitations de la commune
Gisagara ;
4. La plupart des travaux effectués en faveur
des R&T sont exécutés par les
femmes ;
5. Les R&T contribuent à améliorer
les finances de la commune.
5. Méthodologie de travail
Pour y parvenir, nous avons d'abord consulté les
données existantes dans certaines institutions et réalisé
une enquête (observations et interview).
6. Les principales articulations du travail
Le présent travail est subdivisé en deux
principales parties suivantes :
1. Analyse bibliographique qui donne la situation de
référence de la culture des R&T dans le monde en
général et au Burundi en particulier.
2. Etude pratique qui contient la présentation de la
zone d'étude et du cadre méthodologique de travail, la
présentation et la discussion des résultats et la conclusion et
les recommandations.
CHAP I : LES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLES
I.0. Introduction
Selon la FAO, un système de production agricole est la
représentation qui s'approche de la réalité dont nous
disposons sur la manière de penser et de décider des
agriculteurs.
Ce chapitre traite les différentes combinaisons
productives (productions animales ou/et végétales, les moyens de
production mis en oeuvre et la force de travail mobilisée), les aspects
socio - économiques au niveau des exploitations agricoles en mettant en
évidence les systèmes de production agricoles rencontrés
dans le monde en général et au Burundi en particulier, la place
occupée par les R&T au niveau de ces systèmes.
I.1. Les R&T dans les systèmes de production
I.1.1. Dans le monde
Au niveau mondial, la pomme de terre est la plus importante
culture parmi les R&T (production en 1998 : plus de 295 millions de
tonnes). Elle est suivie du manioc (plus de 158 millions de tonnes) et de la
patate douce (environ 129 millions de tonnes). En Afrique, en revanche, le
manioc vient au premier rang (production de 1998 : environ 90 millions
de tonnes), suivi par les ignames (environ 34 millions de tonnes), la pomme de
terre (environ 9 millions de tonnes), la patate douce (environ 8.5 millions de
tonnes) et les aracées (environ 6.5 millions de tonnes) (
www.fao.org).
I.1.2. En Afrique
En Afrique, il existe une grande diversité de
systèmes de production agricole. En Afrique subsaharienne dont fait
partie le Burundi, nous y rencontrons 15 systèmes de production repris
dans le tableau ci-dessous.
Système de production
|
Superficie
(% de la région)
|
Pop.Agric
(%de la région)
|
Principaux moyens
d'existence
|
Irrigué
|
1
|
2
|
Riz, coton, cultures maraîchères, cultures
pluviales, bovins, volailles
|
Cultures arboricoles
|
3
|
6
|
Cacao, café, palmier à huile,
hévéa, ignames, maïs, travaux non agricoles
|
Axé sur la forêt
|
11
|
7
|
Manioc, maïs, taro, haricot
|
Riz-arboriculture
|
1
|
2
|
Riz, banane, café, maïs, manioc, cultures
maraîchères, élevage, travaux non agricoles
|
Cultures pérennes des hauts
Plateaux
|
1
|
8
|
Banane, plantain, café, manioc, patate douce, haricots,
céréales, élevage, volaille, travaux non agricoles
|
Mixte tempéré des hauts plateaux
|
2
|
7
|
Blé, orge, tef, pois, lentilles, haricots, navette,
pomme de terre, moutons, élevage, volaille, travaux non agricoles
|
Cultures à racines et tubercules
|
11
|
11
|
Igname, manioc, cultures maraîchères, travaux non
agricoles
|
Mixte axé sur les céréales et les
Tubercules
|
13
|
15
|
Maïs, sorgho, mil, manioc, ignames, cultures
maraîchères, bovin
|
Mixte axé sur le maïs
|
10
|
15
|
Maïs, tabac, coton, bovins, chèvres, volailles,
travaux non agricoles
|
Association de grandes exploitations
Et petits exploitants
|
5
|
4
|
Maïs, légumineuses à grain, tournesol,
bovins, moutons, chèvres, montants envoyés par les proches
|
Agropastoral axé sur le mil/sorgho
|
8
|
8
|
Sorgho, mil, légumineuses à grain,
sésame, bovins, moutons, chèvres, volaille, travaux non
agricoles
|
Pastoral
|
14
|
7
|
Bovins, chameaux, moutons, chèvres, montants
envoyés par les proches
|
Dispersé (aride)
|
17
|
1
|
Maïs irrigué, cultures maraîchères,
palmiers dattiers, bovins, travaux non agricoles
|
Pêche côtière artisanale
|
2
|
3
|
Pêche maritime, noix de coco, noix d'anacardier, banane,
igname, fruits, chèvres, volaille, travaux non agricoles
|
Urbain
|
<1
|
3
|
Fruits, cultures maraîchères, produits laitiers,
bovins, chèvres, volaille, travaux non agricoles
|
Source : Données et expertise FAO
La popularité des R&T en Afrique s'explique entre
autre par le fait qu'elles s'insèrent particulièrement bien dans
le système culturaux traditionnels lesquels se caractérisent par
plusieurs cultures en association dans un même champ.
Les R&T sont généralement moins sensibles
aux ravageurs et maladies que les céréales et les
légumineuses. En cas d'attaque, il est extrêmement rare que l'on
est des pertes de R&T très sérieuses, voire totales .En ce
qui concerne les mauvaises herbes, certains R&T ont des avantages
compétitifs, comme la patate douce qui recouvre très vite le sol
de ses feuilles, ou le manioc, qui, en en état de développement
avancé, porte un feuillage dense, ou encore, les aracées qui ont
des feuilles particulièrement grandes et larges.
Le manioc, patate douce et les aracées supportent assez
bien la pauvreté de nombreux sols africains sans apport d'engrais
chimiques, ce qui est décisif pour les paysans, qui ne disposent pas de
moyens suffisants pour s'en procurer.
Parmi les pays africains produisant des quantités de
R&T significatives par rapport au niveau mondial, on peut citer par ordre
d'importance :
§ Le Nigeria : premier producteur mondial d'ignames
avec 24 millions de tonnes, de taro (4millions de tonnes environ),
deuxième producteur de patate douce en Afrique (plus de 1.5 millions de
tonnes).
§ La RDC qui produit environ 11 % du manioc mondial (17
millions de tonnes).
§ La Côte d'Ivoire, où 8 % de la production
d'ignames (près de 3millions de tonnes) sont récoltés
chaque année (
www.fao.org).
Dans le contexte national, beaucoup d'autres pays africains
dépendent des R&T de manière comparable à ces trois
grands producteurs. Il s'agit de : Angola, Bénin, Burundi,
Cameroun, les Comores, Gabon, Ghana, Guinée équatoriale,
Ethiopie, Kenya, Madagascar, Mozambique, RCA, Rwanda, Tanzanie et le Togo
(Oswald, 1995).
La production est en majorité assurée par les
petites exploitations paysannes visant à assurer leur propre
subsistance. On estime que plus de 80 % des R&T produites en Afrique sont
destinées à la consommation humaine (Bokanga et Djoussou,
1996).
L'importance économique des R&T s'explique entre
autre par le fait que leur transformation est fréquente et crée
des possibilités de création de revenus. En ce qui concerne le
manioc, les quantités transformées dépassent la
quantité consommée à l'état frais. Cependant, la
plupart la plupart des R&T sont transformés dans le secteur
informel.
I.1.3. Typologie des systèmes de production
rencontrés au Burundi
Malgré une relative diversité des
systèmes de production, la plupart des exploitations agricoles du
Burundi comprennent successivement et en s'éloignant de la maison
d'habitation une bananeraie autour du rugo, un ensembles de parcelles jointives
assolées et emblavées une ou deux fois par an en
céréales, légumineuses et les plantes à
R&T ; une parcelle de café établie souvent à
proximité de la maison, quelques parcelles, en général
plus éloignées où on sème du manioc et/ou patate
douce (parfois aussi de l'éleusine) ; des pâturages de
surfaces variables et dont le statut foncier peut être privé,
indivis entre les membres d'une même famille ou d'accès libre pour
tous les éleveurs d'une même colline.
Dans beaucoup d'exploitations agricoles, un élevage est
pratiqué permettant l'exploitation des pâturages et la mise en
place des transferts de fertilité au profit des parcelles
cultivées.
a) Système d'exploitation agricole
L'exploitation agricole est une unité économique
dans laquelle l'agriculteur pratique une combinaison de facteurs de production
(terre, travail, capital) en vue de tirer l'augmentation de son profit (DE
LAUWE, 1963).
Au Burundi, le système d'exploitation est
caractérisé par l'insertion des cultures vivrières telles
que les plantes à R&T, les légumineuses, les
céréales à l'intérieur des exploitations familiales
et une parcellisation des superficies de moins de un hectare en fonction des
cultures à installer.
Le Burundi connaît trois saisons culturales dont les
deux premières se réalisent sur collines et la troisième
dans les bas fonds humides.
Une spécificité se remarque en troisième
saison avec une moindre diversification des cultures dans le marais : plus
de haricot et du maïs et en légère proportion de
légumes, pomme de terre, colocase et de patate douce sur des buttes
surélevées dans les parcelles marécageuses.
Le système d'exploitation est caractérisé
par la complexité d'associations culturales constituées par de
mélanges de variétés avec de densités de semis ou
de plantation variables. L'association culturale rencontrée
privilégie les cultures moins sensibles aux aléas climatiques
telles que le bananier, la colocase, la patate douce et le manioc.
b) Systèmes culturaux
La longueur de la saison de pluies autorise la double culture
par an. Beaucoup de parcelles cultivées en céréales et
légumineuses sont emblavées deux fois par an, parfois même
trois en fonction de la zone agro-écologique (cas de l'IMBO). La patate
douce et la pomme de terre dont les cycles culturaux sont également
saisonniers (3-4 mois pour la pomme de terre et 4-6mois pour la patate douce)
sont souvent incluses dans ces rotations à deux cultures par an.
Dans les marais, l'accroissement des surfaces cultivées
par le drainage est parfois accompagné d'une multiplication des cycles
de culture. Après un cycle de haricot associé au maïs
pendant la saison sèche, on cultive parfois le riz, la patate douce, la
pomme de terre ou la colocase de décembre-janvier à juin juillet
complétant ainsi les deux cycles de culture.
c) Les R&T dans les systèmes de culture au
Burundi
Patate douce, colocase et manioc occupent une place de choix
dans les systèmes de cultures burundais. Cultivés en cultures
pures ou associées à d'autres cultures dans la même
parcelle, les R&T permettent de valoriser les sols les moins favorables ou
déjà dégradés par de nombreuses années de
mise en culture sans restitution organique ou apports minéraux ;
cultivés en association avec les céréales et/ou les
légumineuses (quelques boutures dispersées dans le champ),
manioc, patate douce et igname permettent d'accroître la
productivité (ou de maintenir) le rendement global (toutes les cultures
confondues) de la parcelle.
La patate douce et le manioc sont également
cultivés en ouverture et interviennent aussi en tête de
rotation.
La colocase, plante d'ombre, est souvent cultivée sous
les bananiers mais on la plante également en association avec les
céréales, les légumineuses et les autres plantes à
tubercules.
Le manioc et la colocase présentent des cycles de
culture plus longs (11mois pour la colocase et 18-36 mois pour le manioc),
moins saisonniers, peuvent surmonter sans encombre la saison sèche.
La récolte n'intervient pas au même moment que
celle des céréales ou légumineuses et peut être
étalée dans le temps. Les racines et tubercules se conservant
bien dans le sol, ce sont les cultures de soudure dont la récolte
disponible à tout moment confère à une exploitation une
relative sécurité alimentaire pendant les périodes
où les récoltes de grains ne sont pas encore disponibles ou
épuisées : ce sont des cultures anti-risques.
La souplesse du calendrier agricole de ces plantes facilite
leur insertion dans le calendrier de travail de l'exploitation agricole et une
meilleure répartition du travail tout au long de l'année. La
plantation des boutures peut être réalisée à tout
moment de la saison pluvieuse alors que les céréales et les
légumineuses exigent le respect d'un calendrier agricole précis.
Sarclages et récoltes sont le plus souvent à l'occasion d'autres
travaux réalisés sur les cultures associées ou en
fonction des besoins alimentaires de la famille (récolte).
CHAP II. IMPORTANCE SOCIO-ÉCONOMIQUE DES R&T
ET LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ
II.0. Introduction
Les R&T sont des cultures couramment rencontrés
dans plusieurs exploitations en raison de leur intérêt
alimentaire, de leur facilité de culture au niveau des investissements
et des revenus qu'ils rapportent. Il est nécessaire d'analyser leur
part dans la production vivrière globale et leur contribution à
la vie socio-économique et à la lutte contre la pauvreté
dans les ménages.
II.1. La part des R&T dans la production
vivrière globale
Les plantes à R&T sont des cultures alimentaires
particulièrement importantes pour les zones tropicales et subtropicales.
Bien qu'au niveau mondial viennent au deuxième rang des aliments de
base, avec une production totale annuelle d'environ 626 millions de tonnes
alors que la production des céréales atteint quelques 2054
millions de tonnes (FAO,1998), la situation en en Afrique est tout à
fait différente. Sur le continent africain, la production annuelle des
R&T (153 milles tonnes environ en 1998) dépasse celle des
céréales (environ 113 millions de tonnes). La part de l'Afrique
dans la production mondiale des céréales n'atteint pas même
5 %, alors que la part des R&T est supérieure à 17 % de la
production mondiale (Onwueme, 1978, et Onwueme et Sinha, 1991) . Toutefois, le
rendement moyen des R&T en Afrique n'est que de 57 % du rendement moyen
mondial (Bencini et Walston, 1991).
II. 2. Rôle socio-économique des
R&T
Les R&T contribuent à vie socio-économique
et la lutte contre la pauvreté des ménages et cela peut
être mené à trois niveaux d'impact précis :
l'amélioration de la sécurité alimentaire, la
création des revenus au travers les différentes activités
(production, transformation, commercialisation et consommation) et la promotion
de l'agro-industrie.
II.2.1. Sécurité alimentaire
Définition : La
sécurité alimentaire a été définie par le
comité de la sécurité alimentaire mondiale (FAO)
comme : «l'accès matériel et économique aux
aliments, en tout temps et par tous les hommes». Cela implique que des
aliments devraient être disponibles toute l'année pour soutenir
l'énergie et la santé des ménages, et pour couvrir les
besoins nutritionnels. A la disponibilité des aliments doit s'ajouter la
capacité de chaque ménage à les acheter. Les produits
alimentaires doivent être offerts à des prix raisonnables pour les
pauvres.
Eu égard à l'importance des R&T pour
l'alimentation de la population, la promotion de leur production et des
opérations post-récoltes peut contribuer substantiellement
à l'amélioration de la sécurité et à
l'autosuffisance alimentaire. Le manioc par exemple fournit plus de calories
par unité de surface agricole que la plupart des autres cultures
vivrières et cela pour un coût inférieur à celui,
disons, des céréales. Comparé aux céréales
ou aux légumes secs traditionnels, le coût de production du manioc
n'est que 25 à 50 % (www.fao.org).
La patate douce qui s'accommode d'un large éventail de
conditions de sols et de climats n'échoue pratiquement jamais
complètement, fournit un autre exemple de tubercule très souple
en terme de production. Si elle occupe une place bien définie dans la
sécurité alimentaire burundaise en tant qu'aliment de
substitution en période de soudure, elle est loin d'épuiser son
potentiel de production. Si l'on considère l'apport
énergétique par hectare par jour, la patate douce est bien
supérieure à la plupart des cultures alimentaires de base, le
manioc compris (
www.fao.org).
Dans les ménages où la sécurité
alimentaire repose en premier lieu sur les céréales, les R&T
peuvent permettre une diversification de la production, ce qui
représente des avantages tels qu'une meilleure disponibilité
alimentaire tout au long de l'année et moins des pénuries pendant
la période de soudure. Ceci est d'une énorme importance face
à la stagnation, voire la baisse des rendements des
céréales,dans beaucoup d'endroits,ce phénomène
dû à la dégradation de la fertilité des sols.
II.2.2. Création des revenus
Les agriculteurs qui produisent
les R&T peuvent générer des bénéfices
en vendant une partie de leur récolte. Un autre potentiel énorme
de création de revenus réside dans la transformation des R&T
dans la mesure où elle ajoute de la valeur aux denrées.
Dans les villes et villages africains, beaucoup de gens,
surtout les femmes, vivent de la production des cossettes, de farine, de gari
et de nombreux autres aliments traditionnels à base des plantes à
R&T .Selon une enquête menée au Nigeria dans les années
80, les unités de transformation alimentaires fournissaient des emplois
de l'ensemble du secteur de la petite industrie (Oswald, 1995).
Il va de soi que le développement du marché des
produits de transformation va accroître ces revenus et soulager la
pauvreté des populations qui s'occupent des ces opérations
à chacune des étapes de la filière.
II.2.3. Usages industriels des R&T
Ce point montre les possibilités d'élargir
l'utilisation des plantes-racines dans l'agro-industrie. Le succès des
efforts déployés pour accroître la production de R&T et
promouvoir l'emploi dépend de la demande commerciale. Les agriculteurs
ne seront pas encouragés à produire un excédent
commercialisable si cela provoque un encombrement du marché et une
baisse des prix. Les responsables politiques devraient non seulement favoriser
des lignes d'action visant à accroître la consommation des R&T
comme aliments pour l'homme et les animaux, mais aussi apporter un appui aux
activités de recherche qui étendront leur utilisation. Il
faudrait mener des efforts pour lancer de nouvelles techniques faciles à
utiliser par les ruraux, afin de produire une gamme d'aliments
transformés à base de R&T. Cette stratégie
créera des emplois et relèvera les revenus en zones rurales. En
stimulant la demande, on encouragera les agriculteurs à produire plus de
R&T qui pourront être transformés en aliments pour les animaux
ou utilisés dans l'industrie.
Utilisation des R&T comme matière
première industrielles
Presque toutes les fécules produites dans le monde sont
extraites soit des céréales (maïs, blé, sorgho, riz)
soit des principales plantes-racines (manioc, pomme de terre, patate douce).
(
www.fao.org)
Si les fécules tirées de ces
divers végétaux varient légèrement dans leurs
propriétés physiques et chimiques, elles peuvent être
substituées l'une à l'autre pour toute une gamme d'emplois
finaux.
Les racines de manioc peuvent être transformées
en fécule commerciale pour l'emploi dans l'industrie alimentaire,
l'industrie textile et celle du papier. En tant que denrée alimentaire,
la fécule peut être hydrolysée par les acides et les
enzymes en dextrines et en sirops de glucose. La fécule extraite du taro
a été recommandée comme diluant dans l'industrie chimique
et pharmaceutique et comme agent porteur dans la fabrication des
cosmétiques.
La fermentation de la levure de l'extrait de fécule
hydrolysée de manioc ou d'autres végétaux donne un bon
rendement d'alcool éthylique absolu, qui peut servir de diluant
mélangé (jusqu'à 20 %) à des combustibles à
base de pétrole sans endommager le carburant des moteurs à
essence (
www.fao.org)
CHAPII. IMPORTANCE ALIMENTAIRE DES R&T
Les plantes-racines tiennent une grande importance dans
l'alimentation de populations importantes dans les pays tropicaux, car elles
sont consommées, dans le cas du manioc comme source principale de
calories, ou en complément de céréales. Le coût de
calories fournies par le manioc n'est que 25 à 50 % environ celui des
céréales et des légumes secs traditionnels produits
localement (Goering, 1979).
Dans la majorité des pays en développement, on
se nourrit principalement de féculents, qui comprennent
généralement quelques racines.
Les R&T ne sont pas consommés uniquement par les
adultes ; ce sont aussi des denrées importantes pour les enfants.
Ainsi, au Ghana et au Nigeria, les nourrissons passent souvent au moment du
sevrage, à un régime d'adulte composé de manioc ou de
plantain (Goering, 1979).
Tableau 1 : Contribution calorifique des R&T
par rapport à des céréales et légumineuses
sélectionnées en Afrique.
Culture
|
Production calorifique (en million de calories/ha
|
Manioc
|
8.2
|
Patate douce
|
7.4
|
Ignames
|
5.7
|
Taro
|
4.7
|
Maïs
|
3.2
|
Riz
|
3.2
|
Sorgho
|
2.4
|
Niébé
|
O.8
|
(Source : Mbahe, d'après Coursey et Booth,
1997)
Il est évident que la santé dépend d'une
alimentation suffisante et bien équilibrée. Les R&T peuvent
fournir aux grandes populations une source d'énergie primaire. Les
feuilles de manioc, de patate douce et des aracées apportent des
protéines, des vitamines et des sels minéraux nécessaires
pour maintenir le corps en bonne santé et accroître la
résistance aux maladies. Certains tubercules tels que le taro ont
même des vertus médecinales (Bell, A, F. Mazaud et O.Mück,
1999).
CHAPIII. CONTRAINTES ET ATOUTS LIES A LA FILIERE
RACINES ET TUBERCULES
III.0. Introduction
Plusieurs facteurs contraignent la production des R&T et
se situent à tous les niveaux de la filière. Ces facteurs peuvent
se situer au niveau agronomique, technologique après la récolte
ou au stade commercial et consommation et limitent énormément le
volume de production. Toutefois, des atouts existent pour assurer la promotion
de la culture des R&T.
III.1. Contraintes agronomiques
Il existe certaines contraintes de production qui freinent le
développement des R&T notamment :
o La non disponibilité des semences de qualité
en quantité suffisante et au moment opportun ;
o La faible productivité de certaines
variétés ;
o Les pratiques culturales rudimentaires ;
o Les maladies virales, fongiques et bactériennes
(mosaïque africaine du manioc, bactériose, anthracnose, pourriture
des racines, mildiou de la pomme de terre, Pythium, etc.) ;
o Les ravageurs (acariens verts, chenilles défoliantes,
vers gris, pucerons, etc.) ;
o Eloignement des lieux de production par rapport aux lieux
d'écoulement ;
o La production de petite quantité et non
standardisée ;
o Le manque de ressource des producteurs burundais surtout en
terres et en capitaux constitue le principal obstacle à une augmentation
de la production.
III.2. Contraintes technologiques
Les R&T sont des produits à très haute
périssabilité. Le problème de la durée de
conservation extrêmement courte des R&T est dû à leur
décomposition physiologique rapide sous le phénomène de
striure vasculaire causée par le processus enzymatique ; laquelle
se manifeste d'abord par des décolorations d'un brun bleuâtre le
long des faisceaux vasculaires pour s'étendre par la suite aux autres
tissus. Apparaissent ensuite des pourritures et un ramollissement des racines,
qui deviennent inutilisables.
L'autre problème est lié au retard de la
récolte des racines surtout pour le manioc pour lesquelles,
au-delà de la période optimale de la récolte, elles
commencent à se détériorer peu à peu en raison
d'une lignification altérant la qualité de l'amidon
accompagnée d'une décomposition de l'amidon.
Les équipements de transformation sont aussi
très rudimentaires et entraînent d'énormes pertes durant la
transformation. Cette activité est souvent perçue comme le
travail des femmes dans certaines sociétés.
III.3. Contraintes de commercialisation
Beaucoup de problèmes sont des conséquences
liées à la production à petite échelle. Avec son
surplus alimentaire petit et variable, l'agriculteur ne dispose qu'un petit
pouvoir de négociation. Et, par manque d'information sur le prix, sa
position vis-à-vis de l'acheteur (commerçants) est faible.
De l'autre côté, les commerçants
préfèrent compter sur un apport continu de produits.
L'irrégularité de la production des R&T rend difficile
l'établissement des marchés.
De plus, sur les marchés où les
commerçants conditionnent des achats en un plus grand volume, ce ne
sont que des camionnettes qui peuvent y arriver à cause des routes de
piètre qualité.
L'autre problème est une longue chaîne entre les
producteurs et les consommateurs.
III.4. Contraintes de consommation
Les R&T ne peuvent constituer la base d'une alimentation
équilibrée que s'ils sont associés à d'autres
aliments riches en protéines comme les graines oléagineuses
(arachides, tournesol, etc.), les légumes secs et le poisson. Les jeunes
enfants ont un petit estomac qui ne leur permet pas d'absorber des aliments
volumineux, comme les R&T, en quantités suffisantes pour couvrir
leurs besoins énergétiques.
A cause de la faible teneur en énergie des racines par
rapport aux céréales à l'état humide, on croit
souvent que les racines ne conviennent pas à la préparation
d'aliments pour nourrissons. En fait, il suffit d'augmenter leur teneur
énergétique en les faisant sécher. Les farines
composées préparées avec des racines et des
céréales pourraient servir à faire des mélanges
lactés pour bébés si on y ajoute des produits
appropriés (en ajoutant des céréales germées
(maltées) à de la farine de manioc, on augmente la densité
énergétique des bouillies préparées sur cette base,
en réduisant leur viscosité par l'action des enzymes
amylolytiques).
III.4. Atouts
Au niveau agronomique, une des préoccupations majeure
est de sélectionner les meilleures variétés à haut
rendement, résistantes aux bio-agresseurs et aptes aux transformations
semi industrielles et industrielles. A cela s'ajoute la nécessité
de développer pour le manioc les cultivars à faible teneur en
acide cyanhydrique.
Au niveau des technologies post récolte, un certain
nombre de techniques de transformation et de conservation ont été
développées par des acteurs et d'institutions de recherche (CNTA
par exemple). Ceci pourra améliorer la qualité, la valeur des
produits et alléger le travail de transformation souvent perçu
comme travail des femmes.
Au niveau commercial, il existe de nombreux marchés
urbains et ruraux où les R&T peuvent être facilement
écoulés. De plus, les exploitants peuvent s'organiser en
groupements de producteurs afin d'avoir le grand volume à
commercialiser, le pouvoir de négociation de prix et un capital
d'investissement.
Au niveau de la consommation, il existe des
procédés visant à produire pour le manioc de
variétés à faible teneur en acide cyanhydrique et
enrichies en protéines.
IIème PARTIE : ETUDE PRATIQUE
CHAPITRE IV. PRÉSENTATION DE LA ZONE
D'ÉTUDE, DU CADRE METHODOLOGIQUE, DES RESULTATS ET LEUR
INTERPRETATION
IV.0. Introduction
La présente étude établit la situation de
référence en matière de la production des R&T dans la
commune Gisagara. C'est une étude à visée descriptive et
analytique dont les résultats permettent d'avoir les indicateurs
socio-économiques des R&T chez les ménages et la commune
Gisagara.
Ces indicateurs sont trouvés sur base d'une
enquête auprès des ménages, au marché, dans la
comptabilité communale et auprès d'autres personnes ressources
(donnés secondaires).
L'objectif de ce chapitre est d'établir un bilan
diagnostic du rôle socio-économique des R&T dans la commune
Gisagara.
Les éléments constitutifs étudiés
et analysés dans ce chapitre sont :
1. la présentation de la zone d'étude qui donne
la délimitation géographique et administrative de l'entité
enquêtée
2. le cadre méthodologique de l'enquête qui donne
la façon dont l'enquête a été mené;.
3. l'analyse des résultats et leur
interprétation ; la conclusion et les recommandations tirées
des résultats obtenus.
IV.1. PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
IV.1.1. Description physique et démographique
La commune Gisagara est située à l'Est du pays
dans la province Cankuzo. Elle a une superficie estimée à 347,40
Km2 soit 17,68 % de la province (1 964,54 Km2) et 1,25%
du pays (27 834 Km2).Elle est délimitée au Nord
par la commune Mishiha, au Sud par la commune Cendajuru, à l'Est par la
République Unie de Tanzanie, à l'Ouest par la commune Cankuzo.
Selon le Décret N° 100/11 du 16 janvier 2009 portant publication
des résultats provisoires du troisième recensement
général de la population et de l'habitation du Burundi de 2008,
la commune Gisagara compte 55 351 habitants dont 26 622 de sexe masculin et 28
729 de sexe féminin et 11 516 ménages. La densité est
alors de 159 habitants par Km2.
IV.1.2.Organisation administrative
La commune Gisagara est subdivisée en 2 zones et 23
collines. La première zone Camazi compte 8 collines : Bumba,
Camazi, Gisoko, Mburi, Muzire, Nkoro, Rabiro et Ruramba. L'autre zone est
Gisagara avec 15 collines dont : Bunyerere, Gerero, Gisagara,
Gitanga, Gitwenge, Kagoma, Kibogoye, Kigati, Muhingamo, Murago, Musenyi, Nyuro,
Ramba, Rubabara, Rurengera
IV.1.3. Climat
La commune Gisagara s'étend sur deux régions
naturelles à savoir : région naturelle de Buyogoma dans
laquelle se trouve la zone Gisagara et ses collines et celle de Moso qui
comprend la zone Camazi et ses collines. Le climat est de type tropical
tempéré. Les températures dans les deux régions
varient entre 18 et 20° C et les précipitations moyennes varient de
1300 mm dans la partie Buyogoma et à 1100 mm dans le Moso.
IV.1.4. Relief et Hydrographie
Cette commune connaît un relief de type plateaux dans la
partie située dans le Buyogoma et relief marqué par des surfaces
plus faiblement ondulées dans la partie située dans le Moso.
La commune Gisagara n'est traversée par aucune
rivière. Pourtant, elle est pourvue de nombreuses sources et
rivières qui y prennent naissance. Le réseau hydrographique de la
commune Gisagara appartient aux bassins du Congo et du Nil.
IV.1.5. Sols
Les sols de la région de Buyogoma accusent une forte
tendance à l'acidité. Sur les pentes, les sols sont peu profonds
et exposés à l'érosion. Les sols de la région de
Moso sont sablo argileux et humides.
IV.1.6. Réseau routier
Le réseau routier est l'unique voie pour des
échanges commerciaux entre le milieu de production et les centres de
consommation. Toutefois, ces routes sont quasi-impraticables suite à
leur état de délabrement ce qui rend les échanges
médiocres. Il existe deux routes nationales, 4 routes communales, et 9
pistes d'une longueur de 151 km (PNUD, 2006).
IV.2. CADRE METHODOLOGIQUE
IV.2.1. Organisation de l'enquête
IV.2.1.1. Programme
Le programme a commencé par une pré
enquête de 3 jours en Novembre 2008. Cette pré enquête a
permis d'ajuster le questionnaire pour répondre au but fixé par
l'étude.
L'enquête proprement dite a été
effectuée en un seul passage dans une exploitation. La collecte des
données sur les prix a été faite en 6
répétitions à un mois d'intervalle pour en suivre
l'évolution.
IV.2.1.2. Collaboration avec les autorités
La DPAE et l'administration communale nous ont donné
l'accord et leur support a incité une collaboration franche de la part
des autorités de la base (encadreurs agricoles et chefs de colline).
Ces autorités à la base nous ont fourni des
renseignements primaires pour notre sondage et ils nous ont aidé dans la
sensibilisation des exploitants pour le travail qui était en cours.
IV.2.1.3. Matériel utilisé
Nous avions à notre disposition : la fiche
d'enquête, stylos et crayons, calculatrice pour quelques
opérations arithmétiques, sacoche pour transporter le
matériel et une parapluie parce que c'était la période
pluvieuse. Au marché, une balance a été utilisée
pour mesurer les quantités de R&T entassées sur terre.
IV.2.1.4. Méthodologie de la récolte des
données
a) Echantillonage
Nous avons utilisé la méthode
d'échantillonnage stratifié laquelle nous a permis de diviser la
commune en collines (les collines étant la première strate). De
ces collines nous avons choisi celles à enquêter en fonction de
leur accessibilité. Au total, 9 collines ont été
tirées soit 39 % La deuxième strate est constituée par
les exploitations. Pour chaque colline, nous avons tirés au hasard 10
exploitations.
b) Collecte des données
Certaines données ont été
récoltées par entrevue, d'autres par observation. Pour les
données recueillies par entrevue, nous nous sommes servi d'un
questionnaire semi- ouvert.
Le questionnaire étant fixé, nous nous sommes
rendu auprès des exploitants, quelques uns chez eux à leurs
domiciles, d'autres aux champs. Il s'agissait tout d'abord de nous
présenter et donner l'objectif de notre visite. Ces derniers
après avoir accordé avis favorable, c'était le
début de notre conversation.
Les données relatives à la superficie des
parcelles occupées par certaines cultures ainsi que les données
de production de certaines plantes ont été données de
façon approximative en se fiant des propos recueillis auprès de
l'interviewé car la pause des carrés de rendement allait devenir
trop lente. La fiche de propriété est aussi introuvable pour
toutes les exploitations enquêtées. La production
considérée étant celle obtenue après une
année (toutes les saisons confondues).
Les données sur la commercialisation ont
été recueillies chez les petits vendeurs détaillants, les
intermédiaires et les grossistes. D'autres ont été
données par les services de comptabilité communale pour
apprécier la contribution des R&T au niveau des recettes
communales.
IV.2.1.5. Les données collectées
A ce niveau, nous avons analysé les
caractéristiques de l'exploitation agricole (caractéristiques du
ménage, indicateurs socio économiques de l'exploitation, les
spéculations agricoles de rente, la répartition du travail entre
les membres du ménage) ; le système de culture (cycles
culturaux des variétés cultivées, les associations
culturales et les cultures pures pratiquées, sources d'approvisionnement
en semences, les maladies et ravageurs des plantes en l'occurrence pour les
R&T, les rotations) ; les technologies post récolte (la
transformation et la conservation des produits à R&T) ; la
commercialisation pour voir les différentes formes de produits à
R&T , la fluctuation des prix dans l'année, répartition
des recettes issues des R&T ;la consommation pour constater la part
des R&T dans la ration journalière ou hebdomadaire et leur
contribution à résoudre les pénuries alimentaires.
Ces données nous ont aidé à savoir les
acteurs impliqués dans la culture des R&T, les atouts et contraintes
liés à la production, à la technologie post
récolte, à la commercialisation et à la consommation des
R&T.
IV.2.2. Traitement des données
Le dépouillement et le traitement des données
ont été fait à base du logiciel Excel.
IV.3. Fiabilité de nos résultats
Il existe deux types de sources d'erreurs : les erreurs
d'échantillonnage et les erreurs non imputables à
l'échantillonnage.
Le risque d'avoir des erreurs d'échantillonnage est
inévitable puisqu'elle est liée au fait qu'on a
enquêté un échantillon au lieu de la population
entière. Plus grand est le rapport entre la taille de
l'échantillon et celle de la population, moins importante est l'erreur
qu'on risque de commettre lors des extrapolations .Malheureusement, nous ne
disposons pas pour le cas de notre enquête d'une base de sondage
suffisamment fiable pour connaître effectivement ce rapport.
La taille de l'échantillon n'est pas une mesure
suffisante de sa qualité. Cependant, Ghiglione et Matalon (1978)
signalent d'une part qu'il y a presque toujours des biais dans la
réalisation d'un échantillon et d'autre part qu'un
échantillon parfaitement représentatif n'est pas toujours
souhaitable, car un tel échantillon peut rendre difficile la
vérification des relations ou des hypothèses. Par
conséquent, ils adoptent une notion globale de
représentativité, celle de l'adéquation de
l'échantillon aux buts poursuivis.
Dans ce sens, notre échantillon est
représentatif car il nous a permis de vérifier de nombreuses
hypothèses concernant les exploitations qui pratiquent la culture et en
même temps de collecter les données intéressant le
système de culture, la transformation, la commercialisation et la
consommation des R&T.
IV. 3. PRESENTATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS
IV.3.1.Caractéristiques du ménage
Le ménage est considéré comme une
communauté composée par un chef de ménage (homme ou
femme), les enfants et autres personnes (salariée ou pas) qui
résident de façon permanente dans une exploitation
Au cours de notre enquête, nous avons
étudié les caractéristiques du ménage à
savoir le chef d'exploitation car de lui dépendent toutes les
décisions qui engagent l'exploitation, le nombre de personnes qui
résident dans l'exploitation en vue d'établir la force de travail
disponible et affectée aux travaux agricoles. Les tableaux suivant
montrent les caractéristiques du ménage :
Tableau 4 : Nombre total de personnes dans les
exploitations enquêtées
Tranche d'âge
|
Sexe
|
Effectif
|
%
|
0 à 10
|
H
|
105
|
18,9
|
F
|
76
|
13,6
|
11 à 15
|
H
|
32
|
5,7
|
F
|
38
|
6,8
|
16 à 20
|
H
|
43
|
7,7
|
F
|
47
|
8,4
|
21 à 60
|
H
|
95
|
17,1
|
F
|
115
|
20,6
|
plus de 60
|
H
|
2
|
0,4
|
F
|
4
|
0,7
|
Total
|
|
557
|
100,0
|
Dans ce tableau, nous remarquons que l'effectif total de
l'échantillon est 557 personnes pour 90 exploitations
enquêtées avec un effectif moyen par exploitation de 6 personnes.
66.4 % ont un âge compris entre 11 et 60 ans. C'est dans cette tranche
d'âge que se situe la majorité des personnes actives si l'on tient
compte de coefficients d'efficacité proposés par le FAO.
IV.3.2. Estimation de la capacité de travail
familial théorique et de la capacité de travail
réellement disponible dans l'exploitation
Parmi les membres actifs dans l'exploitation, tout le monde
n'est pas affecté au travail agricole. La capacité de la famille
réellement disponible pour le travail agricole est variable en fonction
du type d'activités pour les membres du ménage. Il est
très difficile à estimer la capacité de la famille
réellement disponible pour le travail agricole car quelques membres
peuvent exercer d'autres activités en les associant au travail agricole
(exemple des élèves qui, au retour de l'école peuvent
aider les parents dans les champs pendant quelques heures). A ce point, nous
avons considéré ceux qui, dont l'occupation principale est le
travail dans les exploitations.
Le tableau 5 indique le nombre de personnes réellement
affectées au travail agricole de façon permanente et celles qui
ne le sont pas.
Tableau 5 : Estimation de la disponibilité
de membres du ménage au travail agricole
Catégorie de personnes
|
Effectif
|
%
|
affecté totalement au travail agricole
|
216
|
58,4
|
n'est pas affecté totalement au travail agricole
|
154
|
41,6
|
Total
|
370
|
100
|
En analysant ce tableau, nous constatons que l'effectif des
membres affecté de façon permanente au travail agricole est
très insuffisant pour augmenter la production agricole. Pour y parvenir,
les exploitations doivent recourir à l'utilisation de la main d'oeuvre
(salariée ou non)
IV.3.3. Indicateurs socio-économiques des
exploitations
Dans une exploitation, les membres du ménage sont
caractérisés par une diversification d'activités
susceptibles d'apporter un revenu au ménage. Le tableau 7 nous indique
l'activité principale du chef de ménage.
Tableau 6 : Occupation du chef de
ménage
Emploi
|
Effectif
|
%
|
agriculteurs
|
73
|
81,1
|
commerçants
|
10
|
11,1
|
enseignants
|
2
|
2,2
|
militaire
|
1
|
1,1
|
autres métiers
|
4
|
4,4
|
Total
|
90
|
100,0
|
L'activité principale du chef d'exploitation est sans
nulle doute l'agriculture associée quelque fois à
l'élevage (81.1 %). Nous remarquons néanmoins quelques cas
sporadiques de diversification d'activités principales : commerce
(11.1 %), enseignement (2.2 %), militaire (1.1 %) et autres métiers
(boucher, moniteur, infirmier vétérinaire, agronome de zone)
Tableau 7 : Niveau d'éducation du chef de
ménage
Niveau d'étude
|
Effectif
|
%
|
primaire
|
62
|
68,9
|
secondaire
|
8
|
8,9
|
yagamukama
|
3
|
3,3
|
non scolarisé
|
17
|
18,9
|
Total
|
90
|
100,0
|
Le niveau d'éducation du chef de ménage est soit
du primaire (68.9 %), soit du secondaire (8.9 %), soit du yagamukama (3.3 %).
Les exploitants enquêtés savent lire et écrire, ce qui
permet une ouverture à certaines innovations techniques au travers une
vulgarisation conscientisante.
Toutefois, il est remarquable qu'un nombre assez
élevé d'exploitants enquêtés soient des
illettrés (18.9 %), ce qui signifie que des efforts
d'alphabétisation assez importants sont à concentrer à
l'endroit de ces derniers par différents intervenants dans le secteur de
développement pour faciliter les actes de vulgarisation.
IV.3.4. Disponibilité des terres
Les exploitations des ménages enquêtés
sont relativement grandes. La superficie moyenne par exploitations (superficie
cultivée+jachère+boisement) est de 326.65 ares.
Tableau 8 : Superficie des exploitations (en
ares)
Superficie moyenne de l'exploitation
|
326,65
|
Superficie minimale de l'exploitation
|
5
|
Superficie maximale de l'exploitation
|
1065
|
En lisant ce tableau, nous remarquons qu'il y a un
écart considérable entre la superficie minimale et celle
maximale. Malgré ça, l'exploitant avec peu de terre à
cultiver a de la chance de trouver chez les grands propriétaires voisins
d'autres parcelles à cultiver soit par location, don, etc.
La distribution des fréquences suivante est
intéressante comme le montre ce tableau 9
Tableau 9: Distribution de fréquences des
superficies des exploitations
Superficie (en ares)
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
inférieur à 50
|
3
|
3,3
|
50 et 100
|
6
|
6,7
|
100-200
|
23
|
25,6
|
200-300
|
14
|
15,6
|
300-400
|
13
|
14,4
|
400-500
|
10
|
11,1
|
500-600
|
7
|
7,8
|
600-700
|
4
|
4,4
|
700-800
|
5
|
5,6
|
800-900
|
0
|
0,0
|
900-1000
|
0
|
0,0
|
plus de 1000
|
5
|
5,6
|
Total
|
90
|
100,0
|
Dans ce tableau, nous constatons que la plupart des
exploitations ont des superficies comprises entre 100 et 200 ares soit 25.6 %
de l'échantillon. Seulement, 3.3 % ont moins de 50 ares tandis que 5.6 %
ont plus de 1 000 ares. Le potentiel d'augmenter les productions sont possibles
mais reste limité par un facteur de statut foncier des
propriétés. Nous avons cherché à savoir le statut
de leurs propriétés et les résultats sont consignés
dans le tableau qui suit :
Tableau 10 : Statut foncier de
l'exploitation
Statut
|
effectif des exploitations
|
%
|
propre
|
89
|
98,89
|
propre et louée
|
29
|
32,22
|
loué
|
1
|
1,11
|
De ce tableau, nous remarquons que 98.89 % des exploitants
effectuent les activités de production dans leurs propres exploitations.
Ceci est lié à la tradition de l'héritage qui fait que les
fils d'un même parent se partagent la propriété de leur
père. Suite à la pression démographique croissante, les
propriétés s'amenuisent et les gens cherchent à
accroître les surfaces cultivables. Pour y parvenir, ils sont
obligés de louer soit pour une saison culturale, soit annuellement
moyennant une redevance au propriétaire. 32.22 % exploitent, en plus de
leurs exploitations, des parcelles louées. 1.11 % des exploitants
exploite seulement la parcelle louée. Ceci, parce qu'il n'est originaire
de la zone d'étude et est contraint de procéder à la
location de parcelle.
En louant les parcelles, les locataires n'y concentrent pas
les efforts d'investissement comme l'aménagement des exploitations
contre l'érosion ou leur fertilisation car la durée de location
peut porter sur une saison ou une année. Ceci est une cause de la
productivité faible de ces exploitations.
IV. 3.5. Spéculations agricoles dans les
exploitations de la commune Gisagara
Les principales cultures vivrières et industrielles
pratiquées dans la commune Gisagara sont les suivantes : haricot,
arachide du côté des plantes légumineuses ; le manioc,
patate douce, pomme de terre, colocase et une faible portion des ignames pour
les plantes à R&T, le maïs, le sorgho et l'éleusine
pour les céréales, le café pour les plantes industrielles
ainsi que la banane. Selon l'importance de chacun de ces groupes de plantes
quant au volume de production et de la valeur monétaire que rapportent
ces plantes, les enquêtés nous ont donné la classification
suivante :
Tableau 11 : Spéculations agricoles des
différentes exploitations enquêtées dans la
commune Gisagara
Spéculation agricole
|
nombre d'exploitations
|
%
|
R&T
|
21
|
23,33
|
Légumineuses
|
29
|
32,22
|
céréales
|
26
|
28,89
|
Cultures industrielles
|
10
|
11,11
|
Banane
|
4
|
4,44
|
Total
|
90
|
100,00
|
A travers ce tableau, il ressort que les légumineuses
occupent la première place de choix (32.22 %) suivi des
céréales (28.89 %) et en troisième lieu des R&T (23.33
%). Cela s'explique par le fait que certaines plantes à tubercules comme
l'igname, la colocase et la pomme de terre sont cultivées par
très peu de gens en raison du manque de matériel
végétal, le prix élevé au marché des
semences surtout pour la pomme de terre et le manioc menacé par la
mosaïque ces dernières années et même
jusqu'aujourd'hui.
Tableau 12: Les R&T considérés
de première importance dans les exploitations
Culture
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Manioc
|
17
|
81,0
|
Patate douce
|
3
|
14,3
|
Pomme de terre
|
1
|
4,8
|
Colocase
|
0
|
0,0
|
Igname
|
0
|
0,0
|
Total
|
21
|
100,0
|
A la lumière de ce tableau, nous remarquons que le
manioc vient en tête avec 81 %, suivi de la patate douce 14.3 % et de la
pomme de terre 4.8 %. Pour le manioc, en raison du faible coût de
bouture, de la multiplication assez rapide, de la facilité
d'échange, de son aptitude au stockage prolongé et du revenu
qu'il rapporte, le manioc se rencontre dans la plupart des exploitations et il
est surtout vendu. La patate douce est cultivée juste pour
l'autoconsommation mais une part non moins importante est vendue. Quant
à la pomme de terre, il est très difficile de trouver de
plançons dans la zone d'étude, ceux qui existent sont vendus
à un prix inaccessible à la majorité des agriculteurs et
préfèrent l'abandonner. Seulement, 12 exploitants ont
affirmé cultiver la pomme de terre et cela sur des superficies
très minces. Les autres tubercules (colocase et l'igname) sont quasi
inexistants. Nous les avons rencontrés autour du Rugo (pour la colocase)
et sur quelques tuteurs (pour l'igname) dispersés dans les champs. La
colocase est en voie de disparition à cause du champignon (Pythium
myriotylum dans les sols hydromorphes) et des nématodes.
IV.3.6. Estimation des superficies occupées par les
principales cultures vivrières
Les différentes spéculations agricoles affectent
aussi l'importance des superficies occupées par les principales cultures
vivrières que ce soit en culture pure ou en association. Le tableau
suivant donne la répartition des superficies occupées par les
principales cultures en pure, en culture principale ou selon que la culture est
considérée la première en association
Tableau 13 : Superficies moyennes (en ares)
occupées par les principales plantes cultivées par
exploitation
Type de culture
|
haricot
|
arachide
|
maïs
|
manioc
|
patate
douce
|
pomme
de terre
|
colocase
|
igname
|
pure
|
12,77
|
0,3
|
18,53
|
16,31
|
2,72
|
1,9
|
0,93
|
0
|
principale
|
9,7
|
26,95
|
84,79
|
6,38
|
2,97
|
0,88
|
1,02
|
0
|
1ère en association
|
42,19
|
42,33
|
47,97
|
28,91
|
0
|
0
|
4,14
|
0
|
En regardant ce tableau, nous voyons que les R&T
s'adaptent aussi bien que les légumineuses et les céréales
à la culture en pure ou en association à l'exception de l'igname
qui n'est cultivée ni en pure, ni en culture principale ou
considérée comme première en association. Mais nous
trouvons quelques pieds disséminés sporadiquement dans les
champs, autour des enclos. Nous constatons également que la superficie
moyenne par exploitation occupée par les R&T dans les
différentes variantes précitées est inférieure
à celle des céréales et légumineuses en raison des
facteurs cités précédemment.
Quant à l'importance des volumes de production, le
graphique suivant donne la répartition des différentes
spéculations
De ce graphique, nous remarquons que les R&T sont plus
productifs que les autres catégories de plantes. Ceci est dû au
fait que les R&T ont un rendement élevé malgré les
conditions de culture médiocres par rapport aux autres cultures qui
nécessitent des soins phytosanitaires particuliers comme la
fertilisation, les traitements phytosanitaires et les conditions climatiques
très favorables.
En fonction de la vente de différentes
spéculations agricoles, le graphique suivant en montre la
répartition.
A la lumière de ce graphique, il ressort que ce sont
les R&T qui sont plus vendus par rapport aux autres spéculations.
Ceci est conséquent du volume produit qui ne peut pas être tout
consommé dans les ménages, donc une partie doit être vendue
en échange d'autres biens. En plus, en analysant la part de la
production vendue, les R&T contribuent beaucoup à
l'amélioration de revenu des ménages.
IV.3.7. Estimation de la période de pointe au niveau
des travaux agricoles et les éléments influençant
Le caractère saisonnier du travail agricole contraint
les agriculteurs à rester inactifs pendant certaines périodes de
l'année alors qu'ils sont surchargés en période de pointe
de travail. Cela peut être dû à la période active du
calendrier agricole concentré dans un temps court.
Durant ces périodes de suremploi, quelques
ménages recourent à une main d'oeuvre salariée ou
gratuite. Si plusieurs cycles de cultures sont possibles la même
année et que les calendriers de cultures pratiquées ne sont pas
identiques, les périodes de sous emploi sont raccourcies et finissent
par disparaître, coincées qu'elles sont entre les époques
surchargées de travail (H. Cochet, 1993). Dans notre travail, nous avons
cherché à connaître les exploitations qui affichent les
périodes de pointe au niveau des travaux agricoles et qui utilisent la
main d'oeuvre dans ces périodes.
Tableau 14 : Répartition des exploitations
en fonction de la période de pointe au niveau du travail
agricole
Type d'exploitations
|
Nombre d'exploitations
|
%
|
Exploitations qui connaissent
la période de pointe au niveau du travail agricole dans
l'année
|
33
|
36,67
|
Exploitations qui ne connaissent pas la période de
pointe au niveau du
travail agricole dans l'année
|
57
|
63,33
|
Total
|
90
|
100,00
|
Partant de ce tableau, nous constatons que 36.67 % des
exploitations connaissent une période de suremploi au cours de
l'année. Nous avons cherché à connaître celles qui
utilisent une main d'oeuvre salariée et/ou gratuite et les
résultats sont consignés dans le tableau 15 :
Tableau 15: Utilisation de la main d'oeuvre
pendant la période de pointe au niveau des travaux
agricoles
Type d'exploitations
|
Nombre d'exploitations
|
%
|
Exploitations qui
utilisent la main d'oeuvre
pendant la période
de pointe
|
26
|
78,79
|
Exploitations qui n'utilisent
pas la main d'oeuvre
pendant la période
de pointe
|
7
|
21,21
|
Total
|
33
|
100,00
|
De ce tableau, il ressort que 78.79 % des exploitations
recourent à une main d'oeuvre tandis que 21.21 % restent dans le plein
emploi. Ceci est dû au fait que l'entraide est encore pratiquée
dans la commune Gisagara. L'utilisation de la main d'oeuvre salariée est
aussi pratiquée par plusieurs personnes mais à des degrés
différents.
IV.3.8. Estimation des exploitations dont la période
de pointe comporte les R&T
Certaines cultures ont un caractère saisonnier au point
de vue de leur cycle végétatif tandis que d'autres ont un
caractère annuel ou pluri annuel. Ceci affecte les exploitations au
niveau de la programmation des travaux champêtres. Au cours de notre
étude, il a été question de connaître les cultures
qui peuvent influencer le suremploi au niveau des travaux agricoles dans les
exploitations qui connaissent l'insuffisance de force de travail.
Tableau 16 : Répartition des exploitations
en fonction de la période de pointe au niveau des travaux pour les
R&T
Type d'exploitations
|
Nombre d'exploitations
|
%
|
Exploitations dont la période de pointe
comporte la culture des R&T
|
29
|
87,88
|
Exploitations dont la période de pointe
ne comporte pas la culture des R&T
|
4
|
12,12
|
Total
|
33
|
100
|
En regardant ce tableau, nous constatons que les R&T sont
présents dans 87.88 % des exploitations et constituent de
éléments qui procurent du travail presque toute l'année.
Cela est dû au caractère non saisonnier des R&T.
Selon les propos recueillis auprès des exploitants, les
R&T continuent à absorber la main d'oeuvre même durant les
périodes de sous-emploi et de comme le montre le calendrier cultural
ci-dessous.
Tableau 17 : Calendrier cultural des
R&T
Type de travail
|
période
|
labour
|
Août, septembre, octobre, novembre
|
plantation
|
octobre à avril
|
Sarclage et/ou buttage
|
toute l'année
|
récolte
|
toute l'année
|
La plupart des travaux pour les R&T sont
différables (Sarclage et/ou buttage et la récolte peuvent
être réalisés durant toute l'année tandis que le
labour et plantation sont exécutés d'août à avril).
Ces cultures ont une grande importance sociale et économique car elles
contribuent à éviter les périodes creuses et de
suremploi.
IV.3.9. Estimation de la durée des travaux pour les
R&T
La durée des travaux est un élément
très difficile à cerner pour la plupart des exploitants en raison
de la méconnaissance des superficies cultivées, de la
variabilité des sols (sa structure et texture, disposition de la
parcelle, sa couverture, etc.), du mode culture (en pure ou en association) et
de la culture en question. De plus, les exploitants vaquent à plusieurs
activités différentes pendant la même journée de
travail et ne savent pas combien de temps le travail a duré. Pour cette
raison, nous nous sommes contentés d'utiliser et de comparer les
données disponibles bien qu'elles se rapportent à quelques
R&T et autres groupes de plantes (céréales et
légumineuses).
Tableau 18: Temps des travaux des cultures
vivrières
culture
Opérations culturales
|
Patate douce
|
Pomme de terre
|
manioc
|
blé
|
haricot
|
Préparation du terrain et labour
|
200
|
200
|
110
|
75
|
65
|
Semis/plantation
|
75
|
80
|
35
|
10
|
20
|
Epandage engrais
|
-
|
20
|
-
|
-
|
10
|
1er sarclage
|
25
|
30
|
60
|
20
|
40
|
2è sarclage
|
-
|
-
|
50
|
-
|
40
|
Traitement phytosanitaire
|
|
|
|
2
|
2
|
Buttage ou autres entretiens
|
40
|
30
|
40
|
-
|
-
|
Récolte et conditionnement
|
50
|
95
|
100
|
169
|
85
|
Totaux
|
390
|
455
|
445
|
276
|
262
|
Source : SOMEBU : Etude sur les cultures
vivrières et en particulier sur le blé dans les zones
théicoles dans le cadre du 4ème F.E.D
De ce tableau, nous lisons que le manioc et la pomme de terre
nécessitent une grande quantité de main d'oeuvre. Alors que les
R&T sont présents dans presque toutes les exploitations que nous
avons enquêtées, nous constatons que ces cultures sont source de
revenu de ménages en occupant une grande quantité de main
d'oeuvre (en cas d'utilisation de la main d'oeuvre salariée).
IV.3.10. Déterminants de la productivité du
travail
Bien que la plupart des exploitations enquêtées
disposent d'un outillage rudimentaire et presque identique dans chacune d'entre
elle, nous observons de grands écarts de productivité que
celle-ci soit exprimée en quantités physiques ou en
équivalent monétaire. En effet, certains champs sont
situés près du domicile, d'autres un peu ou
éloignés. La nature et la couverture du sol influent aussi sur le
rendement du travail. Nous avons essayé de savoir les facteurs qui
peuvent influencer les différences de productivité du travail
pour les R&T et les réponses des enquêtés se joignent
sur trois facteurs dont l'outil de travail, état physique de la parcelle
et la situation de la parcelle par rapport au domicile.
En se situant sur l'outil de travail, le tableau 19 donne une
série d'outils disponibles dans les exploitations :
Tableau 19: Outils et équipements de
production des R&T
Activité
|
Outils
|
Equipements
|
préparation de terrain
|
houe, machette, serpe
|
-
|
préparation de bouture
|
machette, couteau
|
-
|
plantation
|
houe, machette, couteau
|
-
|
entretien
|
houe, machette
|
-
|
récolte&transport
|
houe, vans, sac
|
vélo
|
épluchage
|
couteau, machette, serpette
|
-
|
rouissage/fermentation
|
feuilles bananier, fût, paille, marmite
|
-
|
séchage
|
natte, bâche, paille, toiture de maison
|
-
|
pilage/mouture/tamisage
|
mortier&pilon, tamis ; moulin
|
-
|
ensachage
|
sac
|
-
|
conservation
|
seau, marmite, fût, grenier
|
-
|
(-) : absence d'équipement
A partir de ce tableau, nous voyons que l'outil ou
l'équipement de travail dont disposent les agriculteurs est très
rudimentaire pour accroître la productivité du travail. Les
agriculteurs doivent mettre plus de temps pour une activité comme le
montre le tableau ci-haut précédemment. Le seul moyen de
transport dont ils peuvent disposer est le vélo et cela pour peu des
exploitations. Le moyen le plus usité est le transport sur la
tête. Ceci est une entrave pour les exploitations qui ont de grandes
quantités de R&T à récolter et à transporter
sur de grande distance.
Sur l'état physique de la parcelle, le tableau 20
donne les différents types de sol occupés par les R&T pour
les exploitations enquêtées.
Tableau 20 : Types de sol occupés par les
R&T dans les exploitations enquêtées
Type de sol
|
Nombre d'exploitations
|
Sableux
|
62
|
Argileux
|
36
|
Limoneux
|
19
|
Sablo-argileux
|
5
|
Graveleux
|
8
|
Argilo-limoneux
|
10
|
Limono-argileux
|
2
|
A travers ce tableau, nous remarquons que la majorité
des exploitations (62) ont un sol sableux ce qui augmente la
productivité du travail si nous ignorons d'autres facteurs qui agissent
ensemble avec le travail pour avoir une production agricole. Mais une
exploitation peut posséder plusieurs parcelles avec des
caractéristiques du sol différentes.
Sur la couverture physique du sol, le tableau 21 donne les
différents types de couverture du sol des parcelles à R&T
Tableau 21 : Types de couverture de sol
rencontrés dans les parcelles des exploitations
enquêtées
Type de couverture
|
Nombre d'exploitations
|
%
|
Chiendent
|
85
|
94.4
|
Arbuste
|
39
|
43.3
|
Cailloux
|
12
|
13.3
|
bananier
|
51
|
56.7
|
Sans couverture
|
5
|
5.6
|
Nous constatons que beaucoup d'exploitations (94.4 %) ont des
parcelles pourvues en chiendent ce qui affecte défavorablement la
productivité du travail. Les gens mettent plus de temps à
extirper les racines de chiendent avec leur outil rudimentaire. La superficie
de terre à préparer devient par conséquent très
petite si l'on prend soin de bien préparer le sol. Or, la
majorité des exploitations consacrent la culture de R&T (manioc et
patate douce) aux champs en ouverture souvent pourvus de chiendent, d'arbustes
ou de cailloux.
Sur la localisation des parcelles, le tableau 22 montre la
localisation des parcelles occupées par les R&T
Tableau 22 : Localisation parcellaire des R&T
chez les exploitations enquêtées
Distance par rapport à l'habitation
|
Nombre d'exploitations
|
%
|
Près du rugo
|
89
|
98.9
|
De 1km à 5 km
|
25
|
27.8
|
Plus de 5 km
|
39
|
43.3
|
De ce tableau, nous remarquons que 98.9% des exploitations ont
des parcelles situées près du domicile. Ceci affecte
favorablement la productivité du travail car les exploitants arrivent
dans leurs parcelles sans être fatigués et mettent plus de temps
à travailler dans leurs exploitations par rapport à celles
éloignées de leurs domiciles.
Tableau 23 : Distribution du travail pour les
R&T dans les exploitations.
Activité
|
Sexe
|
Adulte
|
Enfant
|
Masculin
|
Féminin
|
Préparation du terrain
|
+
|
+
|
+
|
-
|
Choix de variétés
|
+
|
+
|
+
|
-
|
Choix des boutures/plançons
|
+
|
+
|
+
|
-
|
Préparation des boutures
|
+
|
+
|
+
|
-
|
Plantation
|
+
|
+
|
+
|
-
|
Fertilisation
|
+
|
+
|
+
|
-
|
Sarclage&buttage
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Récolte&transport
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Epluchage
|
-
|
+
|
+
|
+
|
Séchage
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Rouissage&fermentation
|
-
|
+
|
+
|
+
|
Pilage&mouture
|
-
|
+
|
+
|
+
|
Stockage
|
+
|
+
|
+
|
+
|
A travers ce tableau, nous remarquons que tous les travaux
exécutés pour les R&T sont effectués par les femmes
adultes. Les hommes et les enfants participent seulement à quelques
activités. Ceci est lié à la mentalité
traditionnelle de la société burundaise où certaines
tâches sont supposées être le travail de la femme
(pilage/mouture, rouissage/fermentation et parfois l'épluchage).
D'autres travaux exigent de la force et de la technique que les enfants n'ont
pas (préparation du terrain, choix de variétés et de
bouture ou plançons la plantation, ainsi que la fertilisation).
b
IV.3.11. Evaluation de la rémunération des
travaux pour les R&T
Dans les exploitations qui recourent à une main
d'oeuvre salariée quelque fois, nous avons cherché à
savoir la rémunération de certains travaux. Nous avons
trouvé qu'il existe deux sortes de rémunération : le
paiement de l'argent et le paiement de l'argent et nourriture. Aucune
exploitation ne paie pas de la nourriture.
Tableau 24 : Rémunération des
travaux pour R&T
Type de travail
|
Nombre d'heures prestées
|
Rémunération
|
Argent
|
Argent+Nourriture
|
Nourriture
|
préparation terrain
|
6
|
1600
|
1000
|
-
|
plantation
|
4
|
800
|
-
|
-
|
sarclage
|
6
|
1600
|
900
|
-
|
buttage
|
6
|
1600
|
800
|
-
|
récolte&conditionnement
|
6
|
1600
|
800
|
-
|
A partir de ce tableau, nous constatons le paiement de la main
d'oeuvre par l'argent est la plus courante par rapport aux autres modes de
paiement. Aucune main d'oeuvre ne préfère de la nourriture comme
rémunération. Le paiement combiné de l'argent et de la
nourriture est aussi calculé en fonction du coût de la nourriture.
Cela est peut être un indicateur du coût des produits alimentaire
dans cette localité en une période donnée.
IV.3.12. Evaluation de l'utilisation de la fumure organique
et/ou minérale
Nous avons remarqué que dans la zone d'étude, la
culture des R&T est d'une importance capitale sociale et économique.
Toutefois, l'intérêt porté à cette culture n'est pas
proportionnel à son utilité en dépit de ses multiples
avantages. En effet, la fertilisation de cette culture ne se fait pratiquement
pas. Nous avons constaté, selon les réponses des
enquêtés, qu'il existerait quelques cas de fertilisation
destinée à la culture de pomme de terre uniquement. Cette
fertilisation concerne surtout la fumure organique appliquée dans les
poquets au cours de la plantation. Faible est la proportion des gens qui
achètent la fumure minérale à appliquer pour les R&T.
Ces derniers ne profitent que la fumure appliquée aux autres plantes.
Le tableau 25 montre les effectifs des exploitants selon les
activités de fertilisation.
Tableau 25 : Effectif des exploitations selon les
activités de fertilisation
Fertilisation
|
Minérale
|
%
|
Organique
|
%
|
Destinée aux R&T
|
5
|
5,6
|
8
|
8,9
|
Destinée aux autres cultures mais profitable aux
R&T associés
|
37
|
41,1
|
57
|
63,3
|
Pas de fertilisation pour les R&T
|
48
|
53,3
|
25
|
27,8
|
Total
|
90
|
100,0
|
90
|
100,0
|
Nous remarquons que les R&T ne sont pas fertilisés
comme ils l'exigent pour leur production optimale. Seule 5.6 % des exploitants
appliquent la fumure minérale ou organique destinée aux R&T.
La grande part des exploitants enquêtés 63.3 % effectuent la
fertilisation organique destinée aux autres cultures mais profitables
pour les R&T pendant que 41.1 % utilisent la fumure minérale
destinée aux autres cultures mais profitable aux R&T
associés. Ainsi, 53.3 % n'appliquent pas de fumure minérale
profitable aux R&T au moment où 27.8 % n'appliquent pas de fumure
organique qui est partagée avec les R&T.
Dans notre zone d'étude, nous avons constaté que
les R&T se comportent bien dans les exploitations en possession du
bétail et situées près des habitations car les gens aiment
fertiliser aux alentours des rugo en raison du poids élevé de la
fumure de ferme. Nous tenons à signaler que pas mal des champs de
R&T se situent loin des habitations.
Notons également que les 5.6 % de fumure
minérale sont utilisés uniquement pour la pomme de terre à
laquelle ils apportent un grand soin. Ils affirment que les plançons
leur coûtent chers et qu'ils évitent de rendre vain leurs efforts.
Aussi, l'allure d'utilisation de la fumure organique dépend de la
possession du bétail par l'exploitant.
Le tableau 26 montre l'effectif du bétail dans les
exploitations enquêtées.
Tableau 26 : Types de bétail
rencontrés dans les exploitations
Type de bétail
|
Effectif des exploitations
|
%
|
Vaches
|
36
|
40
|
Chèvres
|
67
|
74,4
|
Moutons
|
6
|
6.7
|
Porcs
|
0
|
0
|
Volailles
|
62
|
68.9
|
lapins
|
64
|
71.1
|
De ce tableau, nous constatons que beaucoup d'exploitants ont
des chèvres et de lapins (respectivement 74.4 % et 71.1 %). Ces animaux
fournissent peu de fumure pour pouvoir fertiliser toutes les superficies
occupées par les R&T. En plus, nous avons constatés que les
exploitations possèdent peu de bétail si nous tenons compte des
effectifs comme le montre ce tableau.
Tableau 27 : Effectif moyen du type de
bétail par exploitation
Type de bétail
|
Effectif
|
Moyenne par exploitation
|
Vaches
|
113
|
1.3
|
Chèvres
|
350
|
3.9
|
Moutons
|
25
|
0.3
|
Porcs
|
0
|
0.0
|
Volailles
|
427
|
4.7
|
lapins
|
304
|
3.4
|
Il est remarquable que les activités d'élevage
soient peu pratiquées et diversifiées dans notre zone
d'étude vue la moyenne d'effectifs d'animaux par exploitation. La
volaille vient en tête avec une moyenne par exploitation de 4.7
têtes, suit les chèvres avec 3.9 têtes et en dernier lieu 0
tête pour les porcs. Ceci est une cause du manque de fumure organique
à appliquer dans les champs pour les différentes cultures
pratiquées y compris celle des R&T. La diminution des effectifs de
bétail et volaille est causée par la crise qu'a connue le Burundi
sans épargner la commune Gisagara aussi. Cependant, des projets de
repeuplement du cheptel sont à pied d'oeuvre dans la distribution des
vaches et chèvres (FAO, PRASAB, Solidarité) en vue d'augmenter la
fertilité des sols par le fumier.
IV.2. Système de culture
IV.2.1. Evaluation des variétés de R&T
présentes dans les exploitations
enquêtées.
Les R&T sont des cultures très riches en
variétés et sont facilement échangeables entre les voisins
et les amis. Ils repoussent après la récolte dans l'ancien champ
et donnent encore une récolte ce qui fait qu'il est difficile pour une
variété de disparaître si elle n'est pas
sérieusement attaquée par une maladie. Certains
enquêtés disent qu'ils préfèrent garder les pieds
malades jusqu'à ce qu'ils disparaissent d'eux-mêmes. Certaines
plantes à R&T peuvent donner de plusieurs productions par an en
raison de leur cycle cultural court. Ceci accroît par conséquent
la quantité de matériel de plantation. Donc, une
variété appréciée pour telle ou telle autre
qualité est susceptible de se répandre rapidement dans la
localité. C'est ainsi que nous avons rencontré une multitude de
variétés des R&T surtout pour le manioc et la patate douce.
D'autres cultures comme la pomme de terre, la colocase et l'igname accusent une
diversification faible de variétés et celles que nous avons
rencontrées manquent de nomenclature (pour les ignames et colocase)
Tableau 28: Variétés de manioc
rencontrées dans les exploitations
enquêtées
Nombre de variétés
|
variété
|
Effectif d'exploitations
|
% des exploitations
|
1
|
Rubona
|
38
|
42,2
|
2
|
Buryohe*
|
10
|
11,1
|
3
|
Rusura*
|
28
|
31,1
|
4
|
Muteshimari*
|
6
|
6,7
|
5
|
Yongwe
|
15
|
16,7
|
6
|
Mpfundo*
|
7
|
7,8
|
7
|
Kabwarara
|
2
|
2,2
|
8
|
Imihorya*
|
11
|
12,2
|
9
|
Kijambere*
|
33
|
36,7
|
10
|
Maguruyinkware
|
2
|
2,2
|
11
|
Bukarasi
|
3
|
3,3
|
12
|
Gasunu
|
6
|
2,2
|
13
|
Maguruyanzige
|
2
|
2,2
|
14
|
Bunwabwinkumi*
|
1
|
6,7
|
15
|
Kayitampunu
|
3
|
2,2
|
16
|
Nagisoma
|
2
|
1,1
|
17
|
Kigoma*
|
4
|
3,3
|
18
|
Kuzimukurahinda
|
4
|
2,2
|
19
|
Rumarangurube
|
1
|
4,4
|
* : variété douce
Au total, 19 variétés ont été
répertoriées avec la prédominance de la
variété Rubona (variété amère)
rencontrée dans 42.2 % des exploitations. Elle est suivie par les
variétés Kijambere et Rusura (variétés douces)
respectivement avec 36.7 % et 31.1 % des exploitations. Ceci est lié en
fait à la tolérance de ces variétés aux mauvaises
conditions édapho climatiques, à leurs cycles
végétatifs courts et à leur très haute aptitude de
croissance et de ramification. Notons que ces variétés sont
d'introduction récente et sont probablement d'origine tanzanienne selon
les enquêtés. D'autres variétés ont
été citées en faible pourcentage et sont très
anciennes dans la zone d'étude. Il n' y a pas eu renouvellement de ces
variétés et risquent la disparition si rien n'est fait.
Les variétés douces ne sont pas très
cultivées comme les variétés amères. Les
exploitants craignent qu'elles soient menacées par les vols.
Tableau 29 : Variétés de
patate douce rencontrées dans les exploitations
enquêtées
Nombre de variétés
|
Nom de la variété
|
Nombre d'exploitation
|
% des exploitations
|
1
|
narubere
|
11
|
12,2
|
2
|
nagisoma
|
44
|
48,9
|
3
|
naruganji
|
44
|
48,9
|
4
|
narwera
|
14
|
15,6
|
5
|
suguti
|
20
|
22,2
|
6
|
inconnue
|
1
|
1,1
|
7
|
namwumba
|
6
|
6,7
|
8
|
nagasagara
|
3
|
3,3
|
9
|
mutima
|
2
|
2,2
|
10
|
nsasagatebo
|
2
|
2,2
|
Au total, 10 variétés ont été
rencontrées dans les exploitations enquêtées. La
prédominance dans les exploitations revient aux variétés
Nagisoma et Naruganji avec 48.9 % pour chacune. Suguti est la deuxième
avec 22.2 %. Nagisoma et Naruganji sont anciennement cultivées dans la
zone d'étude et donnent de cordes très longues (pour Naruganji)
tandis que Suguti est très récente dans cette zone mais elle est
très recherchée pour la fermeté de la chair, son
goût sucré (très riche en féculent) et sa couleur
interne et sa culture gagne de plus en plus les superficies cultivables.
Nous avons constaté aussi qu'il existe des
variétés de patate douce inconnue dans la zone d'étude.
Une variété a été citée et n'a pas
trouvée son nom. Cela peut être lié à la
méconnaissance de variétés cultivées par les
exploitants.
Pour les autres plantes à R&T, nous avons
remarqué qu'elles ont peu de variétés : Seule la
variété Ndinamagara pour la pomme de terre (13.3 % des
exploitations), deux variétés (Ayera et Ayatukura) pour la
colocase dans 53.3 % des exploitations et une variété d'igname
dont le nom est inconnu ont été rencontrée dans 22.2 %
d'exploitations enquêtées. Cela est dû à la
rareté de plançons de pomme de terre. Ndinamagara est la seule
présente dans cette zone. Il paraît qu'elle est résistante
aux maladies (mildiou), ont affirmé les enquêtés.
IV.2.2. Evaluation du cycle cultural des différentes
variétés de R&T rencontrées dans la zone
d'étude
Le cycle cultural d'une variété est
compté depuis la germination jusqu'au stade de production de la graine
pour les plantes à reproduction sexuée, au stade de production de
racines ou tubercules propres à la consommation et à la
conservation pour les plantes à reproduction végétative y
compris les R&T. Or, la plupart des exploitants n'attendent pas cette
période de pleine maturité de R&T pour effectuer la
récolte. En période de manque de nourriture, ils se rabattent
à la récolte échelonnée ce qui complique de
préciser exactement le moment propice de la récolte, donc la fin
du cycle cultural selon les propos recueillis auprès de quelques
exploitants. D'autres surestiment la durée du cycle cultural car ils la
prolongent dans l'optique de conservation sur pieds. Au cours de notre
étude, nous avons tenté de connaître le cycle cultural pour
les R&T rencontré et les résultats nous ont donné de
renseignements sur le minimum, la moyenne et le maximum.
Tableau 30 : Cycle cultural de différentes
variétés de R&T
Durée du cycle
|
Manioc
|
Patate douce
|
Pomme de terre
|
colocase
|
Igname
|
Minimum
|
8
|
3
|
3
|
5
|
6
|
Maximum
|
36
|
6
|
6
|
12
|
12
|
Moyenne
|
22
|
4.5
|
3.5
|
9.6
|
10.8
|
En observant ce tableau, nous remarquons qu'il y a un grand
écart entre le cycle cultural minimum et le cycle cultural maximum pour
tous R&T. La moyenne est aussi très élevée par
rapport au cycle minimum. Elle est calculée en prenant la somme des
durées de cycle sur le nombre de répondants. Ces écarts
sont justifiés par la récolte échelonnée qui
commence très tôt après la tubérisation et par le
souci de prolonger la durée de conservation dans le champ car il y a
absence des infrastructures de stockage pour les R&T
récoltés. Mais le cycle moyen semble se situer à l'optimum
pour toutes les variétés de R&T. Cela montre que les
exploitants commencent à respecter les normes de la vulgarisation.
Enfin, la méconnaissance de la durée du cycle
cultural expose les exploitants aux pertes de récolte : en poids
(racines ou tubercules immatures), aux attaques par divers parasites de
blessure en cas de récolte sur pied (bactéries et champignons),
aux attaques de charançons en cas de récolte tardive (Cylas pour
la patate douce).
IV.2.3. Evaluation de l'intérêt des
associations culturales à R&T
Les associations culturales sont le résultat de la
pression démographique. Le caractère d'héritage qui fait
que les fils se partagent les petites étendues de leurs parents fait
que ces dernières deviennent exiguës. La population cherche alors
de diversifier la production sur des espaces réduits. L'autre raison
serait la pratique de cette méthode par l'ignorance. Les tableaux
suivants nous donne l'intérêt de l'association culturale, la
proportion des exploitants qui pratiquent l'association culturale, le nombre de
cultures en associations.
Tableau 31: Intérêt des associations
culturales
Raison
|
Effectif des cas
|
% des exploitations concernées
|
manque de terre
|
49
|
54
|
meilleurs résultats
|
9
|
10
|
tradition
|
15
|
17
|
utilisation efficace de m.o
|
11
|
12
|
minimisation de risque
|
10
|
11
|
maximisation de produits
|
4
|
4
|
gain d'espace
|
8
|
9
|
aucun
|
6
|
7
|
Trois grandes finalités poussent les exploitants
à s'intéresser aux associations culturales. Il s'agit notamment
du manque de terre (54 %), de la tradition (17 %), de l'utilisation efficace
de main d'oeuvre (12 %).
En effet, en associant plusieurs cultures sur une même
parcelle (plus de 97.8 %), les agriculteurs diminuent le risque de voir la
parcelle produire peu ou ne rien produire du tout (11 %) comme ça peut
être pour le cas de la monoculture (décimée par une maladie
par exemple). En associant 2 ou 3 cultures, il y a plus de chance qu'une
culture survive à cette éventualité. Par contre,
près de 16 % d'entre eux associent les cultures pour gagner de l'espace
et sans aucune explication de cela.
Tableau 32: Répartition des exploitations
selon qu'elles comportent les cultures associées et le
nombre de cultures en association
Type de culture
|
Monoculture
|
2 cultures
|
3 cultures
|
4 cultures
|
Total
|
%
|
Associé
|
0
|
34
|
44
|
10
|
88
|
97.8
|
Jamais associé
|
2
|
0
|
0
|
0
|
2
|
2.2
|
Total
|
2
|
34
|
44
|
10
|
90
|
100
|
%
|
2.2
|
37.8
|
48.9
|
11.1
|
100
|
-
|
De ce tableau, nous constatons que pour 90 exploitations
enquêtées, 97.8 % pratiquent l'association culturale tandis que
2.2 % pratiquent la monoculture. L'association culturale la plus courante est
celle à 3 cultures avec 48.9 %, celle la plus faible est à 4
cultures avec 11.1 %. Cela est dû aux diverses raisons
évoquées dans le tableau 31.
Dans les différentes associations pratiquées,
nous avons cherché celles qui comportent les R&T et les
résultats sont consignés dans le tableau 33.
Tableau 33: Associations comportant les R&T
dans les exploitations enquêtées
Type d'association
|
Effectif des cas
|
%
|
avec R&T
|
62
|
68,9
|
sans R&T
|
28
|
31,1
|
Total
|
90
|
100
|
A travers ce tableau, nous remarquons que les associations
avec les R&T sont plus présentes .68.9 % des exploitants affirment
associer les R&T avec les autres cultures tandis que 31.1 % des
associations ne comportent pas de R&T. Ceci est lié à la
souplesse des R&T de supporter l'association et des conditions
médiocres de sol tout en permettant d'accroître (ou de maintenir)
le rendement global (toutes les cultures confondues) de la parcelle
Parmi ces R&T, Nous avons également cherché
à savoir culture la plus utilisée en association. Les
résultats à ce sujet se trouvent dans le tableau 34.
Tableau 34: Proportion de Racine et Tubercule
dans les associations rencontrées.
Culture
|
Effectif des cas
|
%
|
Manioc
|
49
|
79,0
|
Patate douce
|
10
|
16,1
|
Pomme de terre
|
1
|
1,6
|
Colocase
|
9
|
14,5
|
Igname
|
1
|
1,6
|
Dans les 62 cas d'associations avec les R&T
rencontrés, le manioc, lui seul représente 79 % des cas, suivi de
la patate douce 16.1 % et de la colocase 14.5 % . Ceci étant, parce
que le manioc est très cultivé dans plusieurs exploitations et
les gens aiment planter quelques pieds, dispersés dans les champs.
Encore, comme il est pluriannuel, il est normal de le rencontrer dans les
champs en association avec les autres plantes saisonnières ou annuelles.
Pour les autres cultures, bien qu'elles dérivent de l'ancienne culture
sur les champs, nous les avons considérées comme des cultures
associées en fonction de leur densité de culture.
Pour la patate douce, il est très difficile d'extraire
tous les débris dans un champ ayant porté cette culture. Les
restes peuvent alors repousser et constituer une seconde culture et donner une
production. Or, la majorité des exploitations, après leur
ouverture, portent la patate douce en tête de rotation. L'habitude des
agricultures de ne pas détruire les repousses de l'ancienne culture fait
que cette dernière soit toujours présente dans le champ.
Pour ce qui est de la colocase, nous l'avons trouvée
dans les champs de case où elle est cultivée sous les bananiers.
La pomme de terre aime la monoculture et elle est rarement associée avec
les autres plantes dans notre zone d'étude. En plus, nous l'avons
rencontrée dans peu d'exploitations de même que l'igname.
IV.2.4. Les R&T dans la rotation culturale
La récolte des R&T exporte une grande
quantité d'éléments minéraux se trouvant dans le
sol. Il faut alors restituer au sol les éléments perdus. De plus,
la monoculture expose le champ à la pression de l'inoculum. Dans le cas
de notre étude, nous avons cherché à savoir si les
exploitants pratiquent la rotation des cultures, en particulier pour les
R&T et les raisons de cette rotation. Les réponses fournies à
ce sujet sont mentionnées dans les tableaux 35, 36.
Tableau 35: Proportion des exploitations qui
pratiquent la rotation culturale
Rotation culturale
|
Nombre d'exploitations
|
%
|
Oui
|
58
|
64.4
|
Non
|
32
|
35.6
|
Total
|
90
|
100
|
Dans ce tableau, nous constatons que 64.4 % des exploitations
pratiquent la rotation de cultures tandis que 35.6 % cultivent toujours les
mêmes cultures sur la même parcelle. Des efforts de vulgarisation
sont à intensifier à ces derniers pour qu'ils apprennent
l'intérêt de la rotation culturale.
Tableau 36: Intérêt de la rotation
culturale
Raisons
|
Effectif des cas
|
%
|
Restaurer la fertilité
|
33
|
56.9
|
Augmenter la
production
|
14
|
24.1
|
Bonne préparation du
sol
|
2
|
3.4
|
Réduire les maladies
|
9
|
15.5
|
Total
|
58
|
100
|
Pour les exploitations qui pratiquent la rotation, la raison
principale est de restaurer la fertilité du sol 56.9 %. Celle-ci se fait
en succédant les cultures différentes sur la même parcelle
et parfois par des jachères de courte durée (une année)
selon quelques exploitants. En pratiquant la rotation, ils espèrent
augmenter la production de la prochaine culture car toutes les cultures n'ont
pas les mêmes besoins nutritifs (24.1 %). Comme toutes les plantes n'ont
pas un même enracinement, ça leur permet de bien préparer
le sol (3.4 %). La rotation culturale permet de réduire la pression de
l'inoculum et par conséquent les maladies (15.5 %).
IV.2.5. Origines des semences de R&T
Les sources d'approvisionnement en semences sont multiples.
Elles peuvent provenir du marché, anciens champs, centres semenciers des
privés ou de l'Etat, des voisins. Les sources peuvent être
internes (au sein de la même région ou pays) ou externes (cas de
semences importées). Les différents échanges à
propos de semences sont liés à l'insuffisance de matériel
de plantation, à la nécessité d'introduire une nouvelle
variété ou à changer la variété tout court.
De tels échanges existent aussi dans la catégorie des plantes
à R&T. Au cours de notre étude, nous avons essayé de
sonder les sources d'approvisionnement du matériel de plantation pour
les R&T présentes dans les exploitations.
Tableau 37: Sources d'approvisionnement en
matériel de plantation de R&T
Source d'approvisionnement
|
Nombre d'exploitations
|
%
|
Ancien champ
|
65
|
72.2
|
Marché
|
1
|
1.1
|
Voisins
|
37
|
41.1
|
Centre semencier
|
7
|
7.8
|
Amis
|
19
|
21.1
|
Ailleurs
|
11
|
12.2
|
De ce tableau, nous constatons que la plupart du
matériel de plantation provient des anciens champs (72.2 %). Cela est
dû au fait que les exploitants ont l'habitude d'utiliser les semences
anciennes. Ils disent qu'ils ont la connaissance parfaite de leurs
variétés (qualité et défaut, aptitude agronomique
dans une région). L'autre source non moins importante est
l'échange du matériel entre les voisins (41.1 %) et entre les
amis (21.1 %). Cela est justifié par le rôle social des R&T
entre les exploitants. Celui qui n'a pas de matériel peut s'en procurer
gratuitement chez son voisin ou ami ce qui renforce la cohésion sociale.
Rares sont ceux qui s'approvisionnent au marché ou au centre semencier
qu'il appartienne aux privés au à l'Etat en raison du prix
élevé de ce matériel de plantation. Pourtant, c'est dans
les centres semenciers où on peut trouver du matériel de
plantation sain.
IV.2.6. Evaluation des besoins en matériel de
plantation de R&T
Le fait qu'un exploitant va chercher le matériel de
plantation ailleurs que son exploitation montre une insuffisance du
matériel de plantation préféré. Nous avons
cherché à savoir les exploitations qui en ont en suffisance et
d'autres qui en manquent.
Le tableau 38 nous donne l'effectif des exploitations selon la
suffisance ou l'insuffisance en matériel de plantation.
Tableau 38 : Répartition des exploitations
selon la suffisance ou l'insuffisance en matériel de
plantation
Estimation des besoins
en matériel de plantation
|
Effectif des exploitations
|
%
|
Suffisant
|
42
|
46.7
|
Insuffisant
|
48
|
53.3
|
Total
|
90
|
100.0
|
A travers ce tableau, nous remarquons que 53.3 % des
exploitants ont un manque criant de matériel de plantation tandis que
46.7 % des exploitants affirment avoir du matériel de plantation en
suffisance. Cela est lié à l'absence du renouvellement du
matériel de plantation suite aux maladies qui ont décimé
de vastes plantations (cas de la mosaïque du manioc), au manque d'intrants
comme la fumure pour la pomme de terre,à la rareté de centres
semenciers producteurs de semences améliorées ou
sélectionnées, aux semences chères et parfois non
disponibles (pour la pomme de terre), au manque d'encadrement agricole
suffisant, aux aléas climatiques (sécheresse prolongée),
au vol et aux ravages animaux en saison sèche. Mais les exploitants
affichent la réticence d'acheter les semences de bonne qualité et
préfèrent se ravitailler dans les anciens champs. Cela est
préjudiciable à la santé des plantes cultivées dans
la mesure où ces champs peuvent être malades et constituent dans
ce cas la source de propagation des maladies. Des efforts de vulgarisation
à l'utilisation de semences saines et de leur diffusion sont à
déployer dans cette zone.
IV.2.7. Evaluation de la nature de matériel de
plantation utilisé
Le matériel de plantation de R&T est
constitué par de plançons (pomme de terre), de boutures (manioc
et patate douce), de cormes (colocase) et de mini sets pour l'igname. Ce
matériel peut être local ou sélectionné. En partant
de la disponibilité du matériel de plantation, nous avons
cherché les exploitants qui utilisent les semences locales et/ou
sélectionnées ainsi que les cultures concernées.
Le tableau 39 nous donne les proportions de différents
exploitants en fonction de l'utilisation des semences locales et
sélectionnées de R&T.
Tableau 39 : Utilisation de semences locales
et/ou sélectionnées
Culture
|
Type de semence
|
Nombre d'exploitants
|
%
|
Manioc
|
Locale
|
76
|
97.4
|
Sélectionnée
|
2
|
2.6
|
Total
|
78
|
100.0
|
Patate douce
|
Locale
|
69
|
97.2
|
Sélectionnée
|
2
|
2.8
|
Total
|
71
|
100.0
|
Pomme de terre
|
Locale
|
8
|
47.1
|
Sélectionnée
|
9
|
52.9
|
Total
|
17
|
100.0
|
Colocase
|
Locale
|
40
|
100.0
|
Sélectionnée
|
0
|
0.0
|
Total
|
40
|
100.0
|
Igname
|
Locale
|
14
|
100.0
|
Sélectionnée
|
0
|
0.0
|
Total
|
14
|
100.0
|
Comme nous le remarquons sur le tableau 39, le taux
d'exploitants ayant utilisé les semences sélectionnées est
très petit : 2.6 % pour le manioc, 2.8 % pour la patate douce, 0 %
pour la colocase et l'igname. Seule l'utilisation de semences
sélectionnées de la pomme de terre connaît un
progrès soit 52.9 % des cas. Cela est dû aux raisons
évoquées dans le tableau 38.
IV.2.8. Principales maladies et ravageurs des R&T et
leurs moyens de lutte
Le manioc et la colocase sont menacés de disparition
dans ces jours suite aux maladies et ravageurs. Dans notre zone d'étude,
nous avons observé que la plupart des exploitations portent de pieds de
manioc, de patate douce, de colocase, de pomme de terre et des ignames malades
ce qui limite énormément la production escomptée. Les
principales maladies et ravageur signalés étant :
o pour le manioc : la mosaïque, la pourriture
racinaire, les taupes
o pour la patate douce : les chenilles
défoliantes, l'anthracnose, les charançons, les taupes
o pour la pomme de terre : le mildiou, le virus
d'enroulement, la bactériose, les vers gris et les grillons
o pour la colocase : le Pythium
o pour l'igname : les cloques des feuilles
Quant aux moyens de lutte, le tableau 40montre l'effectif des
exploitants selon les activités de lutte contre les principales maladies
et ravageurs des R&T rencontrés dans les exploitations
enquêtées.
Tableau 40 : Traitement contre les maladies et
ravageurs des R&T
Moyen de lutte
|
Nombre d'exploitants
|
%
|
Agronomique
|
20
|
22.2
|
Chimique
|
5
|
5.6
|
Mécanique
|
65
|
72.2
|
Intégrée
|
0
|
0
|
Total
|
90
|
100
|
Dans la commune Gisagara, nous avons remarqué que les
moyens de lutte contre les maladies et ravageurs ne sont pas appliqués
par les exploitants. Ils sous -estiment l'importance des attaques. Pour eux,
une maladie ne devient réellement un problème dans la mesure
où elle provoque la mort de la plante sauf pour le cas des taupes dont
les dégâts sont fort apparents au début de l'attaque. Le
moyen de lutte qui semble le plus utilisé est la lutte mécanique
avec 72.2 % qui consiste en la destruction mécanique des plants
attaqués et le piégeage des taupes.
L'autre problème est l'absence de pharmacies de
produits phytosanitaires dans la commune Gisagara.
Les autres moyens de lutte étant utilisés par
peu d'exploitants, la vulgarisation de ces derniers serait nécessaire
pour limiter les pertes de production causées par ces maladies et
ravageurs.
IV.3.Technologies post-récolte
Au contraire des céréales qui possèdent
par nature de bonnes propriétés de stockage, les plantes à
R&T font sans exception partie des cultures vivrières facilement
périssables. Cette périssabilité de produits issus de
R&T déprécie la qualité et la valeur marchande. La
transformation de ces produits vise donc la réduction des
problèmes liés à la conservation de longue durée,
la diversification des produits et sous produits et en définitive,
l'augmentation de la valeur ajoutée d'une production primaire en le
faisant passer à une étape supérieure du produit
transformé. Elle permet en outre de réduire les pertes
post-récolte.
Avant d'entreprendre les technologies post-récolte,
nous avons identifié les causes de pertes pré- et
post-récolte.
Tableau 41 : Identification et comparaison des
causes de pertes pré et post-récolte
Causes
|
Nombre de cas de perte pré-récolte
|
%
|
Nombre de cas
de perte post-récolte
|
%
|
Rats
|
2
|
2.0
|
6
|
17.6
|
Pourriture causée par les attaques fongiques,
bactériennes et décomposition physiologique
|
37
|
36.6
|
7
|
20.6
|
Vol
|
14
|
13.9
|
1
|
2.9
|
Coléoptères
|
13
|
12.9
|
20
|
58.8
|
Singes
|
3
|
3.0
|
0
|
0
|
Aléas climatiques
|
1
|
1.0
|
0
|
0
|
Bétail
|
18
|
17.8
|
0
|
0
|
Taupes
|
11
|
10.9
|
0
|
0
|
Récolte tardive
|
2
|
2.0
|
0
|
0
|
Total
|
101
|
100
|
34
|
100
|
De ce tableau, nous remarquons qu'au niveau
du stade pré-récolte, les pertes les plus importantes sont
causées par:
1. les champignons : ceci résulte d'un entretien
mal conduit. Ainsi, les opérations culturales qui risquent de blesser
les racines ou les tubercules telles que le sarclage et la récolte
échelonnée prédisposent les racines ou les tubercules aux
attaques fongiques ou bactériennes.
2. le vol : ceci résulte du manque de gardiennage
de champs, soit que cette activité est très onéreuse et
que le cycle végétatif est très long pour certaines
plantes à R&T (cas du manioc), soit que ce sont souvent les R&T
qui restent seuls dans les champs après la récolte des
céréales et légumineuses. Mais ici, nous ne pouvons pas
dire d'une pure perte car ce qui est volé n'est pas jeté mais est
utilisé ailleurs. Nous pouvons parler plutôt d'un transfert non
préféré.
3. les Coléoptères : ceux -ci attaquent
souvent les tubercules de patate douce récoltés tardivement et
peuvent conduire à la perte de tout le tubercule. Ces derniers sont
aussi signalés en stock (pour les produits secs comme les cossettes)
4. le bétail : en saison sèche, certains
éleveurs laissent le bétail errer et causent de ravages aux
plantes qui résistent à la sécheresse prolongée en
l'occurrence le manioc et la patate douce.
D'autres causes de dégâts sont de très
faible importance aux R&T dans les champs : taupes : 10.9 %,
singes : 3 %, rat : 2 %, récoltes tardives : 2 % et
sécheresse : 1 %
Au stade post-récolte, les dégâts les plus
importants sont dus aux Coléoptères 58.8 %. Cela est dû
à la baisse de la teneur en eau dans la racine et à la
température fraîche du milieu. L'attaque est signalée dans
les greniers ou autres équipement de stockage.
Les champignons et les bactéries : suite aux
blessures causées par la récolte des racines et tubercules,
l'activité respiratoire devient très élevée et
influence l'apparition des moisissures.
Les bactéries profitent les plaies où la
séparation de la racine ou tubercule a eu lieu ou de la mauvaise
manipulation. Les pertes ont été citées par 20.6 % des
exploitants.
Les rats sont cités par 17.6 % des exploitants comme
cause de perte de leur récolte dans le milieu de stockage.
Quant à la comparaison des causes de pertes pré-
et post-récolte, nous remarquons que les pertes
pré-récolte sont énormes. 101 cas ont été
cités par les exploitants contre 34 cas pour les pertes
post-récolte. Cela est justifié par le fait que les produits
à récolter passent une longue période avant d'être
récoltés et sont soumis à plusieurs influences du milieu
(biotiques et abiotiques).
IV.3.1. Evaluation des techniques de transformation et de
conservation
Pour réduire certaines pertes, les exploitants
procèdent à la transformation. Etant donné que les plantes
à racines et à tubercules ne constituent pas un groupe
homogène du point de vue de leurs propriétés de
transformation et de stockage, et qu'elles présentent de
différences, spécifiques au produit concerné, il est donc
indispensable d'utiliser des méthodes de transformation et de stockage
spéciales à chaque type de produit dérivé de
plantes à racines et tubercules, ce que confirme d'ailleurs
l'extrême diversité des systèmes de transformation et de
stockage traditionnels.
C'est ce qui nous a incité à savoir quelles sont
les plantes à racines et tubercules transformées, les
méthodes de transformation et de stockage utilisées, les
personnes impliquées dans la transformation et les problèmes
rencontrés dans la transformation et le stockage.
Tableau 42 : Racines et tubercules
transformés ainsi que les produits dérivés
rencontrés dans la zone de notre étude
Culture
|
Produit
transformé
|
Exploitation
concernée/90
|
%
|
Manioc
|
Ikivunde
|
55
|
61.1
|
Inyange
|
27
|
30
|
Total
|
|
82
|
91.1
|
Patate douce
|
-
|
0
|
0
|
Total
|
|
0
|
0
|
Pomme
de terre
|
-
|
0
|
0
|
Total
|
|
0
|
0
|
Colocase
|
-
|
0
|
0
|
Total
|
|
0
|
0
|
Igname
|
-
|
0
|
0
|
Total
|
|
0
|
0
|
De ce tableau, nous remarquons que les activités de
transformation ne sont pas très connues. Seul le manioc connaît la
transformation au sein des exploitations. 91.1% ont affirmé qu'elles
transforment le manioc. Toutefois, la transformation des racines de manioc se
limite à deux types de farine : Ikivunde à 61.1% et inyange
à 30%. La farine « Ikivunde » est très
transformée car la majorité de manioc utilisé est
très amère et nécessite les opérations visant
à éliminer l'acide cyanhydrique, toxique pour les humains et les
animaux. Aussi, elle est très recherchée pour sa qualité
marchande : sa couleur et son goût attirent les acheteurs. Mais
signalons ici que cette farine est chère par rapport à la farine
« inyange ».
Nous remarquons également l'absence de transformation
des tubercules à part la cuisson directe de tubercules
récoltés ce qui peut causer de pertes très
élevées en cas de récolte abondante et que les exploitants
ne peuvent pas les consommer ou les vendre. Ils sont contraints de les vendre
à bas prix ou de les distribuer gratuitement chez leurs amis ou
voisins.
Cela peut être une entrave au développement des
ces cultures. Il faut innover de technologies de transformation en vue de
diversifier et de donner de la valeur aux produits transformés.
IV.3.2. Méthodes de transformation de racines en
farine « ikivunde » ou
« inyange »
Selon l'interview menée avec les exploitants qui
transforment ces genres de farine, tous s'accordent sur le schéma
technologique. C'est ainsi que pour la farine « ikivunde »
les étapes sont les suivantes :
Etape
Durée
1. épluchage et pellage
variable selon la quantité
2. lavage
variable selon la quantité
3. fermentation
2-3jours
4. 1er pilage
variable selon la quantité
5. séchage
3-7jours (fonction de la durée
d'ensoleillement)
6. 2ème pilage + tamisage ou mouture
variable selon la quantité
Pour la farine « inyange », le
procédé est relativement simple et courte :
Epluchage et pelage séchage
pilage + tamisage ou mouture
IV.3.3. Produits et sous produits de la transformation des
R&T et leur utilité
Les plantes à racines et tubercules sont
cultivées pour des usages multiples. Les produits et les sous produits
sont utilisés d'une manière ou d'une autre selon leur
finalité. Les principaux produits étant la racine fraîche
et la farine et les sous produits sont les feuilles tendres et les
épluchures. Leur utilité varie suivant les ménages.
Le tableau 43 parle de différents produits et sous
produits et leur utilité dans les exploitations
enquêtées.
Tableau 43: Utilité des produits et sous
produits de plantes à R&T
Produits et
sous produits
Usages
|
Racine
ou tubercule
|
Farine
|
Feuilles
|
Epluchures
|
Alimentation humaine
|
+
|
+
|
+
|
-
|
Alimentation animale
|
+
|
+
|
+
|
-
|
Compostage
|
-
|
-
|
+
|
+
|
+ : produit ou sous produit utilisé
- : produit ou sous produit non utilisé
De ce tableau, nous constatons que les plantes à
racines et tubercules ont peu de produits et sous produits. La faible
diversification de produits et sous produits va de pair avec les usages
limités. Nous avons constaté que ces plantes à racines et
tubercules sont cultivées essentiellement pour leur alimentation sous
formes de racine ou tubercule cru ou cuit directement, et celles
transformées donnent la farine destinée à l'alimentation
humaine. La farine issue d'une transformation mal conduite est donnée
aux animaux sous forme de farine composée. Les feuilles tendres de
manioc, de pomme de terre et les pétioles de feuilles de colocase sont
aussi consommés comme accompagnement à la pâte de manioc.
Quant à l'alimentation animale, ce sont les feuilles de patate douce,
les épluchures de patate douce et de pomme de terre qui sont
utilisées. Les épluchures de manioc, de colocase et des ignames
sont jetées dans les compostières.
IV.3.4. Les personnes impliquées dans la
transformation
Concernant la répartition du travail dans la
chaîne de transformation, nous avons analysé la part de chacun des
membres du ménage.
Le tableau 44 montre la part de chacun des membres du
ménage dans la chaîne de transformation.
Tableau 44 : Répartition du travail dans
les étapes de transformation
Etape
|
Personnes impliquées
|
homme
|
femme
|
enfants
|
Epluchage
|
+
|
+
|
+
|
Lavage
|
-
|
+
|
+
|
Fermentation
|
-
|
+
|
+
|
1er Pilage
|
-
|
+
|
+
|
Séchage
|
-
|
+
|
+
|
2ème pilage +
tamisage ou
mouture
|
-
|
+
|
+
|
+ : participe
- : ne participe pas ou participe partiellement
A partir de ce tableau, nous remarquons que la transformation
fait intervenir toutes les catégories de personnes mais à
certaines étapes, des démarcations s'observent. Depuis
l'étape de lavage jusqu'au tamisage ou mouture, l'homme aide peu ou est
parfois absent tandis que la femme et les enfants sont toujours actifs. La
transformation étant une tâche longue et fastidieuse et utilisant
des équipements de transformation très modestes, il faut songer
à améliorer la technologie en vue d'alléger le travail de
la femme et des enfants.
V.3.5.Les problèmes de transformation
La transformation des R&T connaît une série
de problèmes de natures diverses. Au sein des exploitations qui
transforment les R&T, nous avons voulu savoir les problèmes qu'elles
rencontrent pendant la transformation. Ces problèmes sont trouvent
consignés dans le tableau 45.
Tableau 45 : Problèmes de
transformation
Problèmes de transformation
|
Nombre de cas/90
|
%
|
difficile à sécher en période
pluvieuse
|
7
|
7,8
|
pénibilité du travail
|
7
|
7,8
|
prix à la mouture élevé
|
10
|
11,1
|
pourriture en saison pluvieuse
|
2
|
2,2
|
outil moins performant
|
4
|
4,4
|
main d'oeuvre élevée
|
3
|
3,3
|
manque de temps
|
2
|
2,2
|
manque de technologie
|
1
|
1,1
|
manque d'eau pour fermenter
|
3
|
3,3
|
manque d'équipement de transformation
|
2
|
2,2
|
perte liée à la transformation, fatigue
|
1
|
1,1
|
équipement de séchage rare
|
1
|
1,1
|
mauvaise qualité en saison pluvieuse
|
1
|
1,1
|
rendement insuffisant
|
38
|
42,2
|
Total
|
82
|
91,1
|
A la lumière de ce tableau, nous constatons que le
problème le plus fréquent est le rendement insuffisant
après transformation (42.2%) résultant de l'utilisation des
équipements très rudimentaires. Le prix à la mouture plus
élevé est perçu comme problème par 11.1% des cas.
Cela est lié au prix du carburant des moulins qui est aussi
élevé et les possesseurs de ces moulins veulent gagner aussi un
bénéfice élevé. A ce prix à la mouture
élevé s'ajoutent les problèmes de pluie qui rendent le
séchage difficile (7.8% des cas) et la pénibilité du
travail (7.8% des cas) résultant de l'utilisation des outils moins
performants (4.4%) ce qui demande le recours à une main d'oeuvre
abondante en cas de quantité importante à transformer (3.3%) et
une grande quantité d'eau pour fermenter (3.3%).
Les autres problèmes sont perçus comme moins
fréquents selon le nombre de cas déclarés.
Son optimisation pourrait contribuer à augmenter
l'efficacité du travail, la productivité et les revenus et
améliorer les conditions de vie des populations rurales et urbaines.
Parmi les effets positifs d'une amélioration des denrées de
R&T, citons la prolongation de la durée de stockage,
réduction des coûts de transport des zones rurales vers les
centres urbains en raison de la réduction du poids en cas de produits
secs, meilleurs perspectives de commercialisation et amélioration de la
qualité de l'alimentation, stabilisation des fluctuations annuelles des
quantités disponibles sur le marché.
IV.3.6. Méthodes de conservation des R&T
Le fait que les R&T pourrissent très vite est l'une
de deux raisons principales de la transformation fréquente partout
où ils sont cultivés et consommés. La deuxième
raison est liée à la nécessité d'éliminer
les glucosides cyanogéniques. Pour augmenter la durée de
conservation, il faut réduire la teneur en eau par séchage (en
milieu traditionnel) et par torréfaction (en milieu moderne).
Les plantes à racines et tubercules font partie des
cultures vivrières facilement périssables (
http://www.fastonline.org). Leur
conservation pour une longue durée est très délicate et
exige des équipements modernes. Au cours de notre étude, nous
avons cherché à savoir les méthodes et équipements
de conservation utilisés par les exploitants enquêtés.
Le tableau 46 donne une série d'équipements et
méthode de conservation utilisés et rencontrés dans les
exploitations enquêtées.
Tableau 46 : Méthodes et
équipements de stockage
Equipement
|
Manioc
|
Pomme
de terre
|
Patate
douce
|
igname
|
Colocase
|
Total
|
%
|
farine
|
cossette
|
Racines
fraîches
|
panier
|
4
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4
|
1,4
|
seau
|
5
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
5
|
1,7
|
pot
|
12
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
12
|
4,2
|
sac
|
13
|
39
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
53
|
18,3
|
grenier
|
0
|
25
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
25
|
8,7
|
hangar
et étagère
|
0
|
0
|
0
|
7
|
0
|
0
|
0
|
7
|
2,4
|
terre
|
0
|
0
|
65
|
7
|
48
|
21
|
42
|
183
|
63,3
|
Total
|
34
|
64
|
65
|
14
|
49
|
21
|
42
|
289
|
100,0
|
De ce tableau, nous remarquons que la conservation en terre
est très utilisée (63.3 %) suivi de la conservation en sac (18.3
%). Ceci est justifié par le manque d'équipements de stockage et
l'ignorance des autres méthodes de conservation. C'est ainsi que
beaucoup d'exploitants préfèrent laisser les R&T matures en
terre ou sur le sol. Les sacs sont aussi utilisés pour la conservation
en proportion pas très grande car ils coûtent chers et en cas
d'une grande quantité à stocker, il ne serait pas facile de
trouver les sacs nécessaires. Les greniers qui étaient jadis
utilisés dans le stockage commencent à disparaître car il
n' y a plus à conserver en grande quantité et aussi par crainte
de voleurs car ils sont installés dehors. Les paniers, seaux et les pots
sont utilisés pour conserver de petites quantités. La
construction de hangar de stockage nécessite de moyens qui ne sont pas
accessibles toujours à l'exploitant.
IV.3.7. Les problèmes de conservation
La conservation des R&T connaît également un
certain nombre de problèmes si des mesures adéquates ne sont pas
prises pour préserver soit la quantité, soit la qualité. A
ce point, nous avons cherché à savoir les problèmes
inhérents à la conservation chez les exploitants
enquêtés. Les réponses sont mentionnées dans le
tableau 47
Tableau 47 : Problèmes de
conservation
Problèmes
|
Nombre de cas/90
|
%
|
Pourriture
|
36
|
40,0
|
Ravageurs de stock (Coléoptères et rats)
|
17
|
18,9
|
Germination en cas de stockage en terre et bourgeonnement en
cas de stockage dans le hangar sans étagère
|
18
|
20,0
|
De ce tableau, nous constatons que malgré les
différentes méthodes de conservation, des problèmes ne
manquent pas. 40 % des exploitants ont affirmé rencontrer les
problèmes de pourriture résultant de mauvaises conditions de
stockage (température, aération, éclairement insuffisant
du stock, etc.), 20 % des exploitants parlent de risque de germination sur
pieds en cas de stockage en terre en raison de l'absence de dormance (surtout
la patate douce), 18.9% parlent des attaques de ravageurs de stock (insectes et
rats).
IV.4. Commercialisation des R&T en commune
Gisagara
Le commerce des R&T est pratiqué soit par les
producteurs eux-mêmes, soit par les commerçants
(intermédiaires, détaillants et grossistes). A
chacun des opérateurs du commerce, tout le monde veut avoir son
bénéfice. D'après les vendeurs de R&T que nous avons
enquêtés, la vente de R&T est tributaire de plusieurs facteurs
dont les principaux sont les suivants :
§ La pauvreté de l'exploitant : en vue de la
satisfaction de ses besoins, l'exploitant est contraint de vendre une partie de
sa récolte quel qu'en soit le prix lui offert.
§ La saison : la saison sèche correspond
à une période de récolte de nombreuses plantes. Ceci
entraîne un grand flux de produits vivriers sur le marché et le
prix à payer devient petit. Tandis qu'en période pluvieuse il y a
rareté de produits vivriers. La vente est très bonne pour le
producteur.
§ La famine : en période de famine, le prix
de produits vivriers est très élevé.
La vente de R&T chez l'exploitant est soumise à des
difficultés tels que le manque d'information sur les prix, produits non
standardisés, mauvaise qualité, quantité minime, produits
très périssables, mêmes commerçants auxquels il vend
ses produits, le coût élevé de transport,
l'impraticabilité des routes, la localisation géographique etc.
Ceci affaiblit son pouvoir de négocier spécialement au moment de
la récolte.
De plus, le circuit de commercialisation est aussi
inorganisé : la vente a lieu soit au champ, au domicile, en cours
de route ou au marché.
La vente des R&T a lieu seulement pour les jours dits de
marché sauf pour le cas de vente au champ ou à domicile. En
commune Gisagara, les jours de marché sont mardi, mercredi, jeudi,
vendredi et dimanche. Les marchés principaux ont lieu mardi à
Nyuro, vendredi à Gasenyi et dimanche à Camazi. Ce sont ces trois
marchés qui nous intéressés à la collecte des
données de commercialisation.
IV.4.1. Lieu de vente des R&T
La vente a lieu soit au champ, au domicile, en cours de route,
au marché ou chez les établissements scolaires. Le tableau 49
montre les différents lieux de vente de R&T
Tableau 48 : Lieu de vente de
R&T
lieu de vente
|
nombre d'exploitants/90
|
%
|
marché
|
65
|
72,2
|
champ
|
14
|
15,6
|
domicile
|
11
|
12,2
|
en cours de route
|
5
|
5,6
|
école
|
5
|
5,6
|
De ce tableau, nous constatons que le marché est
fréquenté par 72.2 % des exploitants, 15.6 % des exploitants
effectuent la vente dans leurs champs, 12.2 % des exploitants vendent les
R&T à leurs domiciles tandis que d'autres exploitants vendent les
R&T en cours de route (5.6 %) ou au lycée Murore (5.6 %).
En vendant au marché, l'exploitant ou l'autre vendeur
est soumis à la structure du marché. Il est soit en situation de
monopole, oligopole ou en concurrence pure parfaite. L'une ou l'autre situation
peut avantager ou désavantager l'offreur. Il tente alors sa chance.
La vente au champ, au domicile ou en cours de route expose le
vendeur à offrir son produit à un prix différent de celui
pratiqué au marché en raison de l'absence de manque d'information
sur le prix et de sa situation de monopole bilatéral. Le prix est alors
fixé par consensus entre vendeur et acheteur.
La vente au champ, à domicile et en cours de route se
fait pour éviter la taxe communale. Notons que cette pratique fait
perdre des recettes au niveau des finances de la commune.
IV.4.2. Origine et caractéristiques des
vendeurs
L'origine du vendeur renseigne probablement l'origine du
produit vendu tandis que les caractéristiques du vendeur donnent
l'information de sa position sur la chaîne filiale. Le tableau 49 donne
les origines et caractéristiques des vendeurs rencontrés sur les
marchés enquêtés de la commune Gisagara.
Tableau 49 : Origine et caractéristiques
des vendeurs sur les trois marchés enquêté
|
|
%
|
Sexe
|
M
|
7
|
35
|
F
|
13
|
65
|
Total
|
20
|
100
|
Age
|
moins de 20
|
4
|
20
|
20-30
|
7
|
35
|
30-40
|
4
|
20
|
40-50
|
3
|
15
|
plus de 50
|
2
|
10
|
Total
|
20
|
100
|
Origine
|
Burundi
|
16
|
80
|
Tanzanie
|
4
|
20
|
Total
|
20
|
100
|
Niveau sur
la chaîne de
production
|
producteur
|
11
|
55
|
intermédiaire
|
5
|
25
|
détaillant
|
4
|
20
|
Total
|
20
|
100
|
De ce tableau, nous remarquons que :
o Au niveau du sexe, 65 % des vendeurs sont des femmes tandis
que 35 % sont des hommes. Cela est dû au fait que l'activité de
commercialisation est assurée en général par les femmes
car elle exige de la patience en attente des clients que les hommes n'en ont
pas.
o Au niveau de l'âge, la majorité de vendeurs ont
un âge situé entre 20 et 30 ans (35 % des cas) tandis que les
personnes âgées fréquentent moins le marché (10 %).
Cela s'explique par le fait que c'est dans la tranche d'âge comprise
entre 20 et 30 ans où se situe des personnes assez fortes pour
transporter les marchandises lourdes au marché situé quelque fois
à des distances plus ou moins longues. Les personnes âgées
vont au marché avec de quantités minimes de produits.
o Au niveau de l'origine, 80 % de vendeurs sont des burundais
tandis que 20 % sont des tanzaniens. Cela est dû au fait que les
personnes aiment vendre leur produit sur des marchés plus proches d'eux
étant donné que les produits à R&T (surtout frais)
sont très lourds et que les moyens de transport sont très
dérisoires dans la commune Gisagara. Néanmoins, la
présence des vendeurs tanzaniens sur les marchés burundais montre
le rôle social et économique joué par les R&T.
o Au niveau de la position du vendeur sur la chaîne de
production, 55 % des vendeurs sont des producteurs qui vendent les R&T
tirés directement de leurs exploitations tandis que 25 % sont des
intermédiaires et 20 % sont des détaillants. Cela montre que la
commercialisation est assurée par plusieurs catégories de
personnes et si une fois elle est mieux organisée, elle pourra jouer un
rôle socio-économique considérable pour différents
acteurs impliqués.
IV.4.3. Caractéristiques des produits à
R&T rencontrés sur les marchés enquêtés
Il existe une faible diversification de produits
rencontrés sur les marchés de la commune Gisagara. Seul le manioc
a une gamme de produits : la farine (inyange et ikivunde), les cossettes,
les racines fraîches et la pâte alimentaire. La pomme de terre, les
colocases, la patate douce sont vendus sous formes de tubercules frais. Nous
n'avons pas trouvé de l'igname sur tous les marchés. La faible
diversification de produits à R&T est imputable à l'absence
et ignorance de techniques de transformation dans la commune Gisagara.
L'innovation de ces techniques serait très importante non seulement
pour diversifier les produits mais aussi pour donner plus de la valeur à
ces produits.
IV.4.4. Organisation de la vente
Deux façons de vendre les R&T ont été
observées dans les marchés de la commune Gisagara : vente en gros
et vente en détail. La vente en détail est pratiquée par
les vendeurs de petit volume tandis que la vente en gros est pratiquée
par les vendeurs de gros volume.
Dans le marché, les vendeurs de R&T sont
alignés sur une partie en fonction de la forme du produit. Les racines
et tubercules frais occupent une partie distincte de farines. Ils sont vendus
ensemble avec les bananes, disposés en tas ou en paniers. L'utilisation
de la balance comme moyen d'estimer le prix n'est pas très
utilisé sauf pour le cas des cossettes achetées par les
intermédiaires, les collecteurs au service des grossistes. La
détermination du prix est fonction de la qualité, de la
quantité demandée par le client et de la quantité de ce
produit offerte en général sur le marché. Il n' y a pas
alors un prix commun pour tous les vendeurs. Le prix est aussi variable pendant
toute la journée. Les prix bas se remarquent à la fin de la
journée. Celui qui n'a pas terminé à écouler sa
marchandise, sous peur de rentrer avec et compte tenu de la faible durée
de conservation (pour les produits frais très périssables), il
est contraint de céder son produit à prix bas, ce qui
décourage trop les vendeurs de produits frais.
La taxe est fixée par le Ministère de
l'intérieur et ne varie pas selon le comptable communal de Gisagara,
mais les vendeurs disent qu'elle varie selon la quantité offerte par le
vendeur.
La standardisation de produits ainsi que la
réglementation de la vente peuvent contribuer à harmoniser le
système de commercialisation
IV.4.5. Evaluation des principaux acheteurs des produits
à R&T
Au marché, différents acheteurs se font
remarquer : paysans, commerçants, fonctionnaires, les personnes
ayant de restaurants, etc. Ils affluent vers divers produits alimentaires ou
autres. Au niveau des produits à R&T, l'histogramme ci-dessous donne
les proportions des principaux acheteurs.
En analysant cet histogramme, nous constatons que le principal
client des vendeurs de R&T est le paysan lui-même, suivi par les
commerçants respectivement 95.56 % et 20 % . Les autres acheteurs
se trouvent en proportions moindres : les fonctionnaires sont peu
nombreuses dans la commune Gisagara et ceux qui s'y trouvent sont aussi parfois
producteurs de R&T. Quant aux restaurants, nous avons constaté que
peu de restaurants cuisent les R&T.
IV.4.6. Part des R&T dans les restaurants de la zone
d'enquête
La zone d'enquête dispose de nombreux petits restaurants
surtout sur les centres de Camazi, Gasenyi et sur le long de la route nationale
21 qui relie Gisagara à la Tanzanie. D'autres se trouvent
éparpillés dans les collines. Sur les 3 marchés
enquêtés, nous avons dénombrés 30 petits restaurants
et 10 seulement ont fait objet d'enquête.
Le tableau suivant montre les différents produits cuits
dans les petits restaurants enquêtés
Tableau 50. Nombre de petits restaurants et
principaux produits vivriers rencontrés
Petits
restaurants
|
Manioc
|
Patate
douce
|
Banane
|
Pomme
de
terre
|
Colocase
|
igname
|
Haricot
|
Riz
|
1
|
+
|
-
|
+
|
-
|
-
|
-
|
+
|
+
|
2
|
-
|
-
|
+
|
-
|
-
|
-
|
+
|
+
|
3
|
+
|
-
|
+
|
-
|
-
|
-
|
+
|
-
|
4
|
+
|
-
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
5
|
-
|
-
|
+
|
-
|
-
|
-
|
+
|
+
|
6
|
+
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
+
|
-
|
7
|
-
|
-
|
+
|
-
|
+
|
-
|
+
|
+
|
8
|
-
|
-
|
+
|
-
|
-
|
-
|
+
|
+
|
9
|
-
|
-
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
10
|
+
|
-
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Total
|
5
|
0
|
5
|
3
|
1
|
0
|
10
|
8
|
+ : produit présent
- : produit absent
En lisant ce tableau, nous constatons que dans les petits
restaurants le haricot et le riz sont les produits les plus vendus. Le manioc
et la banane sont aussi présents dans 50 % des restaurants
enquêtés. Nous avons cherché à savoir pourquoi il
n'y a pas de patate douce et des ignames dans les restaurants mais les
cuisiniers nous ont affirmé que ces produits n'ont pas de preneurs dans
les restaurants.
IV.4.7. Evaluation de la période de pic et de pointe
de commercialisation des R&T
La commercialisation des produits vivriers tient compte des
principes de marché. Elle dépend de leur disponibilité
chez les producteurs ou dans les stocks des grossistes. Cela affecte aussi les
produits à R&T. En période d'abondance, les prix baissent
tandis qu'en période de pénurie, les prix montent. Mais en raison
du caractère de substitution des produits alimentaires, le comportement
des acheteurs accorde souvent la priorité aux denrées les moins
chères pour pouvoir acheter de quantités suffisantes à
nourrir les membres du ménage. C'est ainsi que la vente de R&T est
très intéressante pendant la période de pénurie des
autres denrées et qu'elle est défavorable en période
d'abondance des autres produits vivriers.
Au cours de notre enquête, nous avons cherché
à savoir la période propice et défavorable à la
vente des R&T et les réponses des enquêtés sont
transcrites dans le tableau 51.
Tableau 51. Période favorable et
défavorable à la vente des R&T
période
|
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Sept
|
Octobre
|
Novembre
|
Décembre
|
Favora
ble
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Défavo
rable
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
De ce tableau, nous remarquons que la période favorable
va d'octobre à février tandis que la période
défavorable va d'avril à août.
La période favorable correspond au moment où les
réserves en céréales commencent à s'épuiser
et que c'est pendant au début de cette période que le semis de
céréales et légumineuses pour la saison agricole A a lieu.
Les prix de légumineuses (haricot) et des céréales
(maïs) sur les marchés sont très élevés et les
gens préfèrent acheter les R&T souvent moins chers
comparés aux autres denrées alimentaires.
C'est dans cette période où le producteur
curieux pourra programmer la récolte de ces R&T car il y a hausse
des prix.
La période défavorable à la vente de
R&T correspond au moment de la période de récolte des autres
plantes vivrières comme le haricot et le maïs. En cette
période, les gens consomment diverses denrées l'une à la
place de l'autre. Les quantités sur les marchés sont très
élevées et les prix baissent.
Durant cette période, les producteurs de R&T
pourraient envisager des moyens de conservation de longue durée afin de
vendre leurs R&T à un prix intéressant.
Les mois de mars et septembre correspondent à une
période de transition. En mars, les ménages commencent à
avoir des récoltes de maïs et de patate douce, tandis qu'en
septembre, les greniers sont semi pleins et tendent vers l'épuisement
(le semis de la saison A pour les céréales et les
légumineuses).
IV.4.8. Evolution des prix sur les trois marchés
enquêtés
En analysant ces graphiques, nous remarquons que les prix
sont élevés au mois de janvier pour tous les produits à
R&T offerts sur les marché de Gasenyi et Nyuro et au mois de
février sur le marché de Camazi. Ils sont bas au mois de
novembre. Le marché de Gasenyi connaît les prix bas par rapport
aux autres marchés.
La montée des prix aux mois de janvier et
février est justifiée par la rareté des denrées
alimentaires y compris les R&T sur le marché. C'est la
période qui correspond avec le semis de la saison B pour le haricot et
les personnes doivent accroître la quantité de R&T dans la
ration en complément des moindres quantités ou pas de
légumineuses. En plus, les réserves sont presque
épuisées Il semble aussi que ce sont les R&T qui sont
abordables au marché eu égard des prix demandés aux autres
produits alimentaires.
La situation du mois de novembre est due aux réserves
des légumineuses et céréales encore disponibles dans les
stocks. Les produits secs (cossettes et farines) sont aussi faciles à
obtenir car ils auront été séchés durant la saison
sèche. Donc, durant novembre, il y a plus de chance de consommer les
autres produits autres que les R&T ; c'est pourquoi le prix est bas
comparé aux autres mois de notre enquête.
Les faibles prix de racines fraîches et cossettes
observés sur le marché de Gasenyi résultent du fait que
les vendeurs tanzaniens apportent souvent de grandes quantités de manioc
(racines fraîches et cossettes) car il est situé à la
frontière de Gisagara avec la Tanzanie.
L'amplitude des prix durant notre enquête n'est pas
très élevée, c'est ce qui explique l'importance des
R&T dans la sécurité alimentaire des ménages surtout
pour ceux qui disposent de revenus relativement faibles.
Signalons que notre enquête s'est passée durant
la période de pénurie alimentaire dans les ménages et aux
marchés (entre novembre et avril).
IV.4.9. Part des R&T dans les recettes
financières de la comptabilité de la commune Gisagara
Les R&T ont une part importante dans le relèvement
des finances de la commune Gisagara. Les taxes sur les produits
dérivés des R&T augmentent les recettes communales. Sur
chaque marché, il y a des percepteurs des taxes qui sont versées
chaque semaine à la comptabilité communale. Les taxes sont
perçues sur les produits secs (farines et cossettes), produits frais
(racines et tubercules frais) et sur les produits cuits (dans les
restaurants).
Contacté à ce sujet, le comptable communal nous
a donné les chiffres de l'année 2008 et les prévisions de
l'année 2009 qui sont consignés dans le tableau 52.
Tableau 52 : Part des R&T dans les recettes de la
commune Gisagara en 2008 et les prévisions en
2009
Année
|
Taxe sur
R&T
frais
|
Taxe
sur R&T
secs
|
Taxe sur
R&T
cuits
|
Total
sur
les R&T
|
Total
des recettes
|
%
|
2008
|
779200
|
524180
|
245400
|
1548780
|
27975600
|
5.54
|
Prévisions 2009
|
994600
|
760400
|
415000
|
2170000
|
35500000
|
6.11
|
Source : comptabilité communale (2009)
En lisant ce tableau, nous constatons que les R&T
contribuent, elles seules, 5.54 % pour l'année 2008 et les
prévisions de 2009 étaient portée à 6.11 % du total
des recettes communales. Bien que les proportions soient minimes par rapport
aux au total des recettes de la commune, de grandes quantités de
produits ne sont pas taxées ou les taxes n'arrivent pas dans la caisse
de la commune Gisagara suite aux fraudes. Un suivi et un contrôle
rigoureux sont à multiplier pour ces produits en vue de contribuer
effectivement au relèvement des recettes de la commune.
IV.4.10. Affectation du revenu issu de la vente des R&T
au niveau du ménage
Le revenu issu de la culture des R&T est orienté de
la façon suivante par ordre croissant :
1. entretien de relations familiales
2. loisirs
3. soins de santé
4. investissement en agriculture
5. scolarisation des enfants
6. habillement
7. autoconsommation
IV.4.11. La consommation des R&T dans la zone
d'enquête
Un des objectifs principaux de la production agricole est la
consommation. Les R&T tiennent une grande place dans l'alimentation humaine
en raison de leur source de calories peu coûteuses comparée aux
autres catégories de plantes (Goering, 1979). De plus, les R&T
comprennent une diversité de formes de consommation. Ils peuvent
être mangés crus, cuits, accompagnés ou non
assaisonnés ou non. Néanmoins, on accuse les R&T d'être
pauvres en protéines et en lipides. Sauf les feuilles de manioc
contiennent des quantités de protéines, de lipides et de
vitamines. La consommation des R&T a un caractère saisonnier en
fonction de la disponibilité ou de la rareté des autres produits
pouvant substituer les R&T. C'est ainsi qu'il existe des périodes de
forte consommation, de moyenne et faible consommation dans l'année, ont
affirmé les enquêtés.
Au cours de notre enquête, nous avons cherché
à savoir les différentes formes de consommation existantes dans
la commune Gisagara , la fréquence de consommation dans les menus
journaliers ainsi que les périodes de forte, moyenne et faible
consommation des R&T.
Le tableau 53 montre les différentes formes de
consommation rencontrées dans les ménages
enquêtés.
Tableau 53 : Forme de consommation des R&T
Forme de consommation
|
Nombre de ménages
|
%
|
Crue
|
12
|
13.33
|
Cuite
|
90
|
100
|
Accompagnée
|
90
|
100
|
Non accompagnée
|
33
|
36.66
|
Assaisonnée
|
90
|
100
|
Non assaisonnée
|
73
|
81.11
|
De ce tableau, nous constatons que la consommation des
R&T sous forme cuite, accompagnée et assaisonnée est connue
dans tous les ménages tandis que 13.33 % ; 36.66 % et 81.11 % des
ménages, en plus des R&T cuits et accompagnés, consomment
respectivement des R&T crues, non accompagnés et non
assaisonnés. La consommation de R&T crus concerne surtout le manioc
doux tandis que la consommation sans accompagnement et sans assaisonnement est
observée chez la patate douce. Cela est lié à la teneur
élevée en glucides des R&T qui leur confère un
goût sucré La forme cuite comprend la cuisson dans l'eau et le
grillage au four, les accompagnements sont surtout le haricot, le petit pois,
les feuilles de manioc ou de haricot et les légumes tandis qu'ils sont
assaisonnés au sel et huiles pour certains ménages qui ont des
moyens.
IV.4.12. Evaluation de la fréquence des R&T dans
les rations journalières et hebdomadaires
La fréquence de R&T dans les rations
journalières et hebdomadaires est tributaire de l'habitude alimentaire
des populations, de la disponibilité des R&T dans les exploitations
ou aux marchés (dépendant de la saison).
Les renseignements contenus dans le tableau ci-dessous
concernent la période d'abondance
Tableau 54: Fréquence des R&T dans les
menus quotidiens et hebdomadaires
Fréquence de
consommation /jour
|
Nombre de
ménages
|
%
|
Fréquence de
consommation /semaine
|
Nombre de
ménages
|
%
|
Une fois
|
41
|
45.6
|
1-2 jour
|
21
|
23.3
|
Deux fois
|
49
|
54.4
|
3-4 jours
|
67
|
74.5
|
Plus de deux fois
|
0
|
0
|
Tous les jours
|
2
|
2.2
|
Total
|
90
|
100
|
Total
|
90
|
100
|
En analysant ce tableau, nous remarquons que les R&T sont
présents dans les menus quotidiens 2 fois par jour par 54.4 % des
ménages et 3 à 4 jours par 74.5 % ménages. En
période d'abondance, les R&T coûtent peu d'argent parce que
les producteurs essaient de les écouler même à bas prix
pour éviter les pertes liées à leur inaptitude au stockage
prolongé. Les gens aiment aussi consommer les R&T parce qu'ils
demandent peu d'autres accompagnements ou assaisonnement et sont accessibles
même par ménages dits pauvres. C'est aussi un moyen de limiter
les pertes post-récolte.
IV.4.13. Evaluation de la période de forte, moyenne
et faible consommation
Les quantités de R&T consommées et leur
fréquence dans les rations des ménages dépendent des
saisons. Nous avons cherché à savoir le comportement de
consommateurs en fonction des saisons de l'année.
Le tableau 55 renseigne sur la période de forte,
moyenne et faible consommation des R&T dans les ménages
enquêtés.
Tableau 55 : Période de forte, moyenne et
faible consommation des R&T
Période de
consommation
|
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Septembre
|
Octobre
|
Novembre
|
Décembre
|
Forte
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Moyenne
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
faible
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
De ce tableau, nous constatons que la période de forte
consommation va de juin à septembre et de novembre à
février, la période de moyenne consommation s'établit
entre les mois de septembre et octobre tandis que la période de faible
consommation s'observe entre les mois de mars et mai.
Selon les réponses fournies par les
enquêtés, la période de forte consommation correspond au
moment où les R&T sont au stade de récolte dans la plupart
des exploitations (période qui va de juin à septembre pour les
champs de collines) et au moment où les autres plantes
(légumineuses et céréales) sont épuisées
(novembre à février). En plus, ce sont les R&T qui
coûteraient moins chers au marché durant la période de
soudure comparativement aux céréales ou aux
légumineuses.
La période de moyenne consommation correspond à
la transition entre l'abondance et la pénurie des autres produits
agricoles. Durant cette période, les réserves en grains de
céréales commencent à diminuer et c'est la période
de semis pour les légumineuses et céréales de la petite
saison de pluie (saison A).
La période de faible consommation coïncide avec le
début de la maturation de maïs, principal substituant de R&T
dans la zone d'enquête. En plus, il y a peu de R&T prêts
à être récoltés durant cette période mais des
récoltes sur pied peuvent être pratiquées surtout pour la
patate douce. Les prix des R&T sont aussi élevés à
cause de la pluie rendant le séchage difficile (pour le manioc).
IV.4.14. Suggestions pour augmenter la production des
R&T dans la commune Gisagara
Plusieurs paramètres interagissent pour obtenir une
production. Les suggestions émises par les exploitants
enquêtés en vue d'augmenter la production dépendent des
contraintes relatives à la faible production et l'intérêt
qu'ils manifestent à cette culture. Le tableau 56 renferme leurs
suggestions.
Tableau 56 : Suggestions des
enquêtés pour augmenter la production des R&T
Suggestions
|
Nombre d'exploitants
|
%
|
Disponibiliser les semences améliorées
|
32
|
35.56
|
Améliorer la technologie de transformation
|
14
|
15.56
|
Améliorer la gestion agronomique
|
5
|
5.56
|
Disponibiliser les variétés productives
|
24
|
26.67
|
Améliorer les moyens de transport
|
8
|
8.89
|
Promouvoir le marché
|
7
|
7.78
|
Total
|
90
|
100
|
De ce tableau, nous constatons que 35.56 % des exploitants
souhaitent avoir des semences améliorées. Ils ont
révélé que la plupart des variétés dont ils
disposent datent de longtemps et sont devenues improductives et sensibles aux
maladies. 26.67 % demandent la mise en place des variétés plus
productives. Ceci est conséquent de la faible production
résultant de l'utilisation des semences vieilles non productives. 15.56
% demandent que la technologie de transformation soit améliorée
en vue d'alléger le travail, de diversifier les produits et sous
produits et de permettre par conséquent une conservation
prolongée. Ceci contribuera à ajouter de la valeur à leur
produit. 8.89 % se plaignent de manque des moyens de transport et demandent
la réhabilitation des pistes pour faciliter l'utilisation des
vélos ou le recours à la camionnette en cas de bonne production.
7.78 % demandent la promotion du marché de R&T car ils manquent
l'écoulement de leur récolte très périssable. 5.56
% souhaitent améliorer la gestion agronomique des R&T en fertilisant
les champs et en sélectionnant les meilleures variétés
résistantes aux maladies et plus productives.
De toutes ces suggestions, il est important que la recherche,
les producteurs, les commerçants et l'administration se mettent ensemble
pour organiser la filière des R&T en vue d'aboutir à une
production satisfaisante.
IV.5. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
IV.5.1. CONCLUSION
Les plantes à racines et tubercules sont présentes
dans toutes les exploitations de la commune Gisagara. Elles occupent la
troisième place comme la première spéculation agricole
dans 23.33 % des exploitants enquêtés après les
légumineuses (32.22 %) et les céréales (28.89 %).
Comparé aux R&T dans leur ensemble, le manioc vient en
première position au niveau des spéculations avec 81 %, suivi
par la patate douce 14.3 % et la pomme de terre 4.8 %. La colocase et l'igname
ne sont pas considérées comme les premières
spéculations.
Bien que superficie occupée par les R&T soit
inférieure à celle des céréales ou
légumineuses, la production est largement supérieure. Le volume
de production des R&T représente 58 % du total des productions de
ces trois groupes de plantes.
Les R&T contribuent beaucoup à créer de
l'emploi toute l'année. Parmi les exploitations dont la période
de pointe au niveau des travaux agricoles comporte les R&T, 87.88 % des
exploitations recourent à la main d'oeuvre (salariée ou
gratuite). Le calendrier cultural des R&T s'étend sur toute
l'année, donc, pas de période de chômage.
La productivité du travail pour les R&T dépend
de plusieurs paramètres : outils et équipement dont
disposent les exploitants, la position de leurs champs par rapport à
leur domicile, la structure physique du terrain cultivé. Or, toutes les
exploitations disposent un outil et équipement très rudimentaire.
En plus, 43.3 % des champs à R&T se trouvent à plus de 5 km.
La plupart des terrains portant les R&T sont pourvus de chiendent (94.4 %),
d'arbustes (43.3 %) et de cailloux (13.3 %). Tous ces paramètres sont de
nature à limiter l'accroissement des surfaces à cultiver, la
transformation et la conservation de grandes quantités de R&T.
Il est à remarquer que tous les travaux sont
exécutés par les adultes (femmes et hommes) et les enfants aident
pour quelques travaux. La transformation est une activité
consacrée aux femmes alors que les hommes y participent peu ou pas du
tout.
La rémunération de la main d'oeuvre travaillant
pour les R&T est fonction des heures de travail par jour et du type de
rémunération :
-1600 F pour 6 h de travail sans nourriture et 1000 F pour 6 h de
travail avec nourriture pour la préparation du terrain ;
-800 F pour 4 h de travail sans nourriture pour la plantation
-1600 F pour 6 h de travail sans nourriture et 900 F pour 6h de
travail avec nourriture pour le sarclage
-1600 F pour 6 h de travail sans nourriture et 800 F pour 6 h de
travail avec nourriture pour le buttage, la récolte et le
conditionnement.
La fertilisation est une activité rarement
pratiquée pour les R&T. Seulement 5.6 % et 8.9 % des exploitations
reçoivent respectivement la fertilisation minérale ou organique
destinée à la pomme de terre, tandis que 41.1 % et 63.3 % des
exploitations reçoivent la fertilisation minérale ou organique
destinée aux autres cultures mais peuvent être profités par
les R&T avec lesquels elles sont associées. 53.3 % et 27.8 % des
exploitations n'appliquent jamais la fertilisation minérale ou
organique.
La carence de fumure organique résulte du manque de
cheptel. La moyenne de tête de bétail par exploitation (environ 1
vache par exploitation) est très petite vue l'importance de la
superficie à fertiliser (en moyenne 326.65 ares par exploitation).
Le système de culture est très extensif
caractérisé par l'association des cultures (97.8 % des
exploitations) et une diversification de variétés surtout pour le
manioc et la patate douce tandis que la pomme de terre, la colocase et l'igname
ont peu de variétés dans la zone de notre étude.
Toutefois, la pomme de terre se cultive beaucoup en monoculture. Nous l'avons
trouvée uniquement dans 1.6 % des cas. De même, nous rencontrons
aussi des parcelles de culture pure de manioc et de patate douce.
La rotation culturale est également pratiquée car,
selon les producteurs, elle permet d'accroître la fertilité des
sols (64.4 % des exploitations).
Le cycle cultural de différentes variétés de
R&T varie de 8 à 36 mois pour le manioc, 3 à 6 mois pour la
patate douce, 5 à 12 mois pour la colocase et 6 à 12 mois pour
l'igname. Cet écart entre les cycles (minimum et maximum) s'explique par
la récolte échelonnée qui commence très tôt
à cause de la pauvreté de certains ménages et le souci de
prolonger la durée de cycle en vue de la conservation sur pied pour les
ménages nantis. La durée du cycle cultural a une influence sur le
cycle de production. C'est ainsi que certaines plantes à R&T peuvent
donner une production deux ou trois fois par an (cas de certaines
variétés de patate douce et de pomme de terre).
Le matériel de plantation utilisé par les
producteurs provient généralement des anciens champs (72.2 %).
D'autres, dans de rares cas, s'approvisionnent au centre semencier (7.8 %). Il
en résulte que les semences utilisées sont presque toutes locales
surtout pour le manioc et la patate douce respectivement 97.4 % et 97.2 % en
raison de leur disponibilité et la connaissance qu'ils ont en elles.
Sauf la pomme de terre connaît une utilisation des semences
améliorées (52.9 %). Malgré cela, les producteurs
éprouvent toujours une insuffisance en matériel de plantation
(53.3 % des exploitations).
Les R&T sont sujets de plusieurs maladies et ravageurs. Dans
la commune Gisagara, plus particulièrement dans les exploitations
enquêtées, les moyens de lutte ne sont pas très connus. La
lutte mécanique semble le recours pour traiter les maladies et ravageurs
(72.2 %). L'utilisation des pesticides n'est pas courante. 5.6 % des
exploitants ont affirmé qu'ils utilisent les produits chimiques. Seuls
les producteurs de pomme de terre font des efforts pour lutter contre les
maladies.
Les pertes en champs sont principalement dues aux
prélèvements du bétail, aux maladies (pourriture) et au
vol et les pertes de stockage étant principalement dues aux
coléoptères et aux pourritures.
La transformation est une activité confiée surtout
aux femmes. Les techniques de transformation sont encore absentes. Seul le
manioc est transformé en deux sortes de farine « inyange et
ikivunde » et en pâte alimentaire très prisée par
les enfants. Les autres sont consommés à l'état naturel,
crus ou cuits. En raison de la faible technologie, les R&T donnent peu de
produits et sous produits. Leur usage se limite à l'alimentation humaine
et animale et au remplissage de compostières.
La commercialisation est une activité peu
organisée. La vente a lieu soit au champ, à domicile, en cours de
route, au marché et au lycée de Murore. La plupart des vendeurs
sont les producteurs eux-mêmes et leurs principaux clients sont les
paysans. Les produits à R&T rencontrés aux marchés
sont ceux issus de la transformation. La période favorable à la
commercialisation va d'octobre à février et la période
défavorable s'étend sur avril à août.
Les R&T contribuent à équilibrer les finances
de la commune Gisagara à 5.54 % en 2008 et les prévisions de 2009
étaient portées à 6.11 % pour les R&T.
La consommation des R&T est très fréquente dans
les ménages enquêtés. Elle se fait sous plusieurs
formes : crue, cuite, accompagnée ou non, assaisonnée ou
non. La période de forte consommation correspond avec la maturation des
R&T et la période de pénurie alimentaire. Elle s'étend
novembre à février et de juin à août.
IV.5.2. Recommandation
Nous ne pouvons pas affirmer avoir épuisé tous les
contours sur la culture des R&T. Toutefois, certains atouts et contraintes
ont été mis en exergue afin de mieux exploiter le potentiel des
R&T et d'en tirer profit. En nous étayant sur les conclusions
ci-haut, nous recommandons ce qui suit :
Aux producteurs :
· se rappeler que les R&T sont des cultures de soudure
et de rente afin de leur apporter les soins nécessaires pour
extérioriser leur potentiel de production ;
· améliorer la transformation dans le but de
diversifier les produits et d'ajouter enfin de la valeur aux produits ;
· valoriser la force de travail des hommes et de ne pas
considérer la transformation et la commercialisation comme l'affaire des
femmes ;
· s'organiser en association et créer les
systèmes de collecte afin d'avoir le poids au niveau de la fixation des
prix ;
· améliorer les outils et équipement de
production afin d'améliorer la productivité du travail.
Aux chercheurs :
· mettre en place des variétés
améliorées, résistantes aux maladies et aptes au stockage
prolongé ;
· disposer les produits phytosanitaires et les autres moyens
de lutte accessibles à la portée des agriculteurs ;
· mettre à la disposition des producteurs des
technologies post récolte en vue de limiter les pertes et de donner la
valeur à leurs produits.
Aux vulgarisateurs :
· suivre de près la gestion agronomique des plantes
à R&T comme ils le font pour les autres cultures de rentes ;
· vulgariser la fertilisation des R&T et la culture des
autres tubercules comme la pomme de terre ;
· dissuader la pratique de récolte
échelonnée en les montrant les conséquences qui en
découlent.
A l'administration :
· créer et mieux organiser la filière R&T
dans le pays
· réglementer le commerce des R&T afin de mieux
récolter les taxes sur leurs produits
· appuyer la recherche sur les R&T et la diffusion des
semences sélectionnées de R&T.
|