Chapitre 2 : Problématique et
méthodologie de la recherche
2.1. Le Problème
L'économie béninoise est
caractérisée par les secteurs primaire (l'agriculture),
secondaire (l'industrie) et tertiaire (le commerce). Le pays est à
secteur agricole prépondérant (35 % du PIB), à secteur
secondaire embryonnaire (15% du PIB) et à secteur tertiaire
hypertrophié (50% du PIB) et mal organisé à dominance
informel (Montcho, 2010). L'agriculture est pratiquée sur le tiers
environ de la superficie nationale. Elle occupe environ 70% de la population
active, contribue pour près de 36% au PIB et fournit 88% des recettes
d'exportation (CeRPA, 2008). Le secteur agricole est donc l'un des secteurs
vitaux de l'économie béninoise.
Par ailleurs, le secteur agricole béninois est
caractérisé par la prédominance des petites exportations
agricoles. Ainsi le nombre d'exploitations agricoles existant aujourd'hui est
estimé à environ 550000 reparties sur huit zones
agro-écologiques (PSRSA, 2010). Selon la même source, environ 34%
de ces exploitations couvrent moins d'un hectare, 5% dans le Sud et 20% dans le
Nord couvrent plus 5 hectares. Mais l'agriculture demeure l'un des
principaux
moteurs de la croissance économique avec une
contribution moyenne à la croissance de 0,9% entre 2007-2009. Cette
performance du secteur agricole est liée entre autre à la mise en
place du programme d'urgence d'appui à la sécurité
alimentaire (PUASA) et à la distribution d'intrants spécifiques
pour la production vivrière (SCRP 2010). Malgré les multiples
efforts déployés par les autorités et les
différents partenaires au développement pour faire du
Bénin une économie agricole compétitive, le constat est
que le pays continue d'importer une bonne partie de sa consommation
alimentaire. Les résultats de ces efforts sont souvent en
deçà des attentes du monde rural car les priorités des ces
politiques agricoles découlent des diagnostics trop superficiels et des
critères de choix peu adaptés au développement des
populations. Cette faible performance de l'agriculture béninoise peut
s'expliquer encore par la non-maîtrise de l'eau, l'appauvrissement des
sols, les mauvaises pratiques culturales, les aléas climatiques, la
faible utilisation des engrais chimiques etc. Toute politique visant le
développement rural doit être adaptée à la
diversité régionale et locale du pays (Banque Mondiale, 2003).
En effet, l'agriculture béninoise est composée
des productions végétales, animales, halieutiques et
forestières. La production végétale est constituée
des cultures vivrières, de rentes et maraîchères. Les
principaux produits vivriers sont le maïs, le manioc, le sorgho, le mil,
l'igname ; le niébé et l'arachide. Ils permettent
généralement de couvrir les besoins alimentaires mais restent en
deçà des potentialités offertes par les conditions
écologiques du pays. Quant au maïs, il est à ce jour la
céréale la plus consommée au Bénin loin devant le
riz et le sorgho. Son importance pour la sécurité alimentaire
n'est donc plus à démontrer (PSRSA 2010). Selon les
données statistiques de la DPP du MAEP, le maïs vient au premier
rang des cultures vivrières et connait une évolution croissante
de 78% entre 1996 et 2008. Son utilisation multiple pour la fabrication des
farines et des provendes nécessite d'en garantir un solde vivrier
acceptable. En dépit des conditions favorables dont jouit cette culture,
force est de constater que la production du maïs connait une
évolution en dent de scie qui fait fluctuer son solde vivrier dans des
proportions parfois inquiétantes (avec une production de 652936 tonnes,
1005909 tonnes et 937238 tonnes respectivement en 2008, 2009 et 2010 selon les
données statistiques du MAEP).
En ce qui concerne les cultures de rente, la principale est le
coton qui a atteint une production record de 427000 tonnes durant la campagne
2004-2005 avant de retomber à 195000 tonnes en 2005-2006. Les divers
appuis du Gouvernement en faveur d'une relance de la filière, ont permis
d'amorcer une remontée de sa production à 268535 tonnes en 2008
pour chuter à 242475 tonnes en 2009. Les niveaux actuels de production
restent largement en deçà
de la capacité d'égrenage totale des usines
installées sur le plan national estimée à 600000 tonnes
(PSRSA, 2010). Contrairement au coton, la culture de l'ananas connait une
certaine émergence avec environ 140000 tonnes, 171330 tonnes et 216747
tonnes respectivement au cours des campagnes 2008, 2009 et 2010 (soit une
évolution de 22,37% entre 2008 et 2009 et de 26,50% entre 2009 et 2010).
L'ananas fait partie des premières filières faisant l'objet
d'exportation au Bénin (MAEP, 2010).
En effet, les conditions édaphiques et climatiques du
Sud Bénin sont propices à la culture de l'ananas et lui
confèrent de bonnes qualités organoleptiques qui donnent un label
à l'ananas béninois. Le niveau d'exportation de l'ananas est
encore très insuffisant face à la demande extérieure sans
cesse croissante. Mais les divers acteurs de la filière sont
confrontés à des difficultés d'organisation qui ne
favorisent pas la synergie indispensable pour une mise en marché
ordonnée vers l'Union Européenne qui est la principale
destination de l'ananas de l'Afrique de l'Ouest et du Centre (PSRSA, 2010).
Selon les données du MAEP, sur les 216747 tonnes d'ananas produites sur
le plan national 215491 tonnes (99,42%) sont produit dans le Département
de l'Atlantique.
La Commune d'Allada est l'une des localités du
Département de l'Atlantique où les cultures du maïs et
d'ananas occupent une place importante parmi les différentes
activités économiques. Notons que l'ananas est purement et
simplement une culture de rente tandis que le maïs est à la fois
une culture de rente et une culture alimentaire. Ces deux cultures participent
alors à l'atteinte des deux objectifs prioritaires
(sécurité alimentaire et revenus monétaires nets) des
ménages agricoles. Les producteurs ont donc intérêt
à produire ces deux spéculations à la fois afin d'assurer
leur sécurité alimentaire et améliorer leurs revenus.
Etant donné que les ressources productives disponibles au niveau des
producteurs sont limitées et que les producteurs sont dans le besoin de
produire des quantités importantes de ces produits, la production
conjointe de ces deux cultures pose le problème de compétition
dans l'utilisation de ces ressources. Cette concurrence peut être
expliquée à travers les difficultés que rencontrent les
producteurs dans la production conjointe de ces deux cultures en matière
de ressources disponibles. L'analyse comparée de la rentabilité
de la production de ces deux produits est en effets nécessaire afin de
mesurer leur part dans la réalisation des objectifs prioritaires des
producteurs, d'évaluer le degré de compétition de ces deux
cultures en ressources et de proposer des solutions permettant aux producteurs
de mieux faire face aux problèmes posés par cette concurrence. La
diversification des productions agricoles est aussi une raison d'être de
cette recherche car ce travail permettra aux producteurs d'assurer une
production conjointe optimale de ces deux cultures ce qui peut
les amener à atteindre leurs objectifs à moindre coût.
Afin de mieux cerner les charges liées à la
production de ces deux cultures, nous avons choisi dans notre étude
comme thème « Analyse comparée de la rentabilité de
la production du maïs et de l'ananas dans la commune d'Allada ».
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